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[RP] Hostel de Chaalis

Rosalinde
Comme d'habitude, elle l'entendit arriver de loin, mais ne bougea un cil que lorsque le Sidjéno poussa la porte de l'antichambre. Il était habillé avec un soin manifeste. Elle ne l'était pas. Engoncée dans sa robe de deuil, trépas de la reine oblige, elle semblait n'avoir porté aucun effort à sa coiffure puisque ses cheveux étaient simplement retenus par un lien de soie qui, à l'origine, devait sans doute être une jarretière, et ses doigts étaient tout tachés d'encre. Comme prise au dépourvu, elle se leva brutalement, le calame encore entre les doigts, et renversa par la même occasion le petit pot de sable qui lui servait à faire sécher son encre.

Mais elle ne s'en préoccupa pas le moins du monde, et vint maladroitement tendre sa dextre au blond, qui la baisa fort courtoisement. Elle rougit, baissa les yeux, les releva ensuite vers lui, et se maudit d'avoir tant repoussé le moment de préparer cette entrevue qu'au final elle n'avait rien prévu du tout.


- Je... Euh... Non.

Seigneur. Le charisme d'une huître dans le corps d'une souillon. Il allait regretter amèrement la fraîche et pimpante Rosalinde qu'il avait connu avant le départ à la guerre. Petite claque intérieure, elle se secoua et reprit, un peu plus assurée :

- Comment allez-vous ? Et quelles sont les nouvelles depuis tout ce temps ?

Tentant d'être discrète, elle reposa son calame au coin de sa table de travail, et esquissa un sourire qui se voulait aimable. Mais peine perdu, l'instrument roula au sol dans un bruit mat, et elle en tressaillit, tant sa nervosité était grande.

Une tisane au millepertuis. Elle aurait du prendre une tisane au millepertuis. Voilà.

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June
Il eut un sourire amusé lorsqu'il vit la rousse tressaillir et s'agiter d'un air nerveux. Ces deux mois passés l'un sans l'autre avaient-ils changé quelque chose à leur relation ? Contrairement à la dernière fois, elle ne semblait pas avoir pris soin d'elle, comme s'il la surprenait dans son bureau en train de travailler. Pourtant, elle l'avait bel et bien invité. Étrange. Elle ne semblait pas dans son assiette. Son attitude d'animal effrayé conforta le grand blond dans la pensée qu'elle n'allait pas bien. Il posa ses yeux bleus sur elle et lui sourit d'un air rassurant.

"Je vais bien, merci. C'est plutôt à vous qu'il faut demander cela. Moi, j'ai passé deux mois au chaud à l'Hôtel Saint Paul."

Tandis qu'elle faisait semblant d'écouter sa réponse - oui, il savait observer -, elle fit tomber son outil et elle sursauta. Il la regarda d'un air calme.

"Allez, racontez. Qu'est-ce qu'il y a ?"
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Rosalinde
- Ce qu'il y a ? Mais ri...

Elle stoppa net sa phrase. Bouche ouverte, en mode attrape-mouches. Une seconde. Deux secondes. A la troisième, elle recula de deux pas. Non, elle n'avait pas rêvé. C'était bien... Ou affabulait-elle ? N'était-ce qu'un mirage ? Juste une illusion, comme dirait le type qui passe en boucle sur RTL2 ? Il fallait qu'elle en aie le cœur net.

- Je reviens. Faites comme chez vous !

Et sans plus attendre, elle le planta là pour aller s'enfermer dans sa chambre. Moment glamour entre tous, ne lisez pas si vous ne voulez pas percer les secrets de la nature féminine, la Wolback se retrouva sans plus de manières à relever ses jupes, et passer un doigt le long de sa cuisse, là où elle avait senti un discret chatouillis quelques instants plus tôt. Puis de retirer son doigt, et de constater. Du sang.

Enfin.

Le miracle s'était produit.

Un peu sonnée, elle n'eut que le temps de tomber assise sur son lit et de rester là, un peu hagarde, avant de sombrer dans un long rire nerveux. C'était fini. Enceinte ou pas enceinte, Dieu avait fait son œuvre, ses prières avaient porté leurs fruits. Et son soulagement était immense. Était-elle heureuse pour autant ? Ça, c'était un autre débat, il y aurait sans doute toujours une part d'elle qui regretterait un potentiel enfant, la maternité avait été une sorte de révélation pour Rosa, et il lui arrivait souvent de regretter de n'avoir eu plus d'enfants à tenir en ses bras.

Mais elle ne pouvait rester ainsi prostrée. Tout d'abord parce que, quand même, c'était une sacrée bonne nouvelle, et dès que possible elle se rendrait à Notre-Dame pour rendre au Seigneur la monnaie de sa pièce. Et puis parce qu'elle avait un invité dans la pièce attenante. Fouillant une malle, elle en extirpa son attirail à menstrues et l'enfila dare-dare, histoire de ne pas en plus gâter sa chemise. Puis elle prit tout de même le temps de se laver les mains, se recoiffa un peu, et se pinça les joues.

Les prochaines heures allaient être longues et douloureuses, elle le savait pour l'avoir déjà vécu une fois. Mais à cœur vaillant, rien d'impossible, comme dirait Jacques ! Retournant à l'antichambre, sourire aux lèvres, elle trottina vers June, et prise d'une impulsion aussi soudaine qu'incontrôlée, l'enserra de ses bras pour l'enlacer, posant sa tête contre son torse.


- Je suis si heureuse de vous voir !

Et elle se remit à rire. Tellement heureuse en effet, que juste après cela, elle éclata en sanglots nerveux.

Jackpot, June !

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June
Voilà qu'elle s'apprêtait enfin à se confier quand, soudain, elle partit comme si quelque chose venait de la piquer. Elle se précipita jusque dans sa chambre, plantant là un grand blond avec un air interdit imprimé sur le visage. Il leva un sourcil, et c'est bien tout ce qu'il put faire. Faites comme chez vous, ben tiens. Vu comme elle l'avait planté, il n'allait pas faire autre chose que rester là. Si elle le laissait trop longtemps, ptête même qu'il allait prendre racine. Mais voilà qu'elle revenait, après un moment qui lui parut interminable.

Il partait d'un principe qui se vérifiait chaque fois : les femmes étaient des êtres étranges. Et avec les bêtes bizarres, moins on en sait, mieux on se porte. N'ayant aucune envie de braquer Rosalinde, et n'ayant aucune envie d'y risquer sa vie - on ne sait jamais, imaginez que ce soit un extraterrestre, ou un être reptilien -, il choisit de lui sourire simplement, content de ce nouvel accueil, de cette nouvelle facette de la rousse qu'il préférait largement. Bon, sauf qu'elle se mit à pleurer après s'être jetée dans ses bras. Gardant un air stupéfait, June ne trouva rien de mieux que de lui tapoter le dos pour la réconforter du mieux qu'il pouvait. Il passa ses longs doigts dans les boucles des cheveux et soupira.


"Moi aussi, je suis heureux de vous revoir."

Un instant passa, histoire qu'elle trempe sa chemise fraîchement repassée. Snif.

"Vous voulez que je reste avec vous, ce soir ?"

Histoire d'entamer une conversation.
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Rosalinde
Bon. Il fallait bien l'admettre, tout ceci était un peu ridicule. Elle s'en rendait bien compte, mais ne parvenait à tarir le flot de larmes qui suintait de ses glandes lacrymales. Enfin, elle n'y parvint pas avant quelques minutes. Jusqu'à ce qu'il lui demande si elle voulait qu'il reste ce soir. Bonne question. Elle n'avait plus rien à lui dire, puisque, eh bien, la Nature s'était chargée de lui enlever son grand sujet de préoccupation. Pourtant elle n'aurait pas été contre une présence réconfortante. A tenter.

- Je... Eh bien, oui, pourquoi pas, mais enfin...

Elle renifla un bon coup, et s'essuya les yeux du revers de la manche, faute de mouchoirs.

- Il faut que vous sachiez que je suis...

En train de perdre votre peut-être bébé ?

- ... indisposée.

Langue de bois, quand tu nous tiens. Pire qu'une séance de questions au gouvernement.

- Alors... Je vais avoir mal, et je vais juste avoir envie de rester vautrée dans mon lit, feu dans la cheminée, à me gaver de pâtes de coing ou de dragées. Mais euh... Si ça vous va comme programme...

Elle sourit, un peu piteusement.
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June
La question semblait lui avoir freiné un peu son envie de pleurer. Tant mieux, ça lui éviterait de ruiner définitivement sa chemise dont il était déjà en train de faire le deuil. Enfin. Qu'est-ce qu'il ne fallait pas faire pour baiser, hein ! Haha. Cette pensée le fit sourire. Non, il n'était pas comme ça. Enfin, un peu, comme tous les hommes. Mais pas tout le temps. Surtout pas maintenant qu'elle lui expliquait qu'elle était en pleine période menstruelle et que s'imaginer ce qui se pouvait passer dans sa culotte le fit très légèrement grimacer. Ah, il en avait fait des choses dans sa vie : il avait accouché la femme de son père. Il avait aussi accouché chacune des femmes qui lui avait donné un enfant, sauf la toute première. Autant dire que la médecine en-dessous du ventre et au-dessus des genoux, ça le connaissait. Mais les règles, franchement, c'était dégueulasse. Et s'il faisait les sorties de placenta aussi bien que les têtes de veaux - la médecine et la cuisine, ses deux passions (après les courtisanes et la liqueur de poire de Sancerre) -, il n'avait vraiment pas envie de voir ça.

"Indisposée, hein. Bah, tant que vous êtes disposée à m'accepter auprès de vous..." A condition de ne pas me mettre une seule goutte de ce sang louche sur la tronche... "Je n'y vois pas d'inconvénient. Après tout, moi je viens surtout pour vous, pour être avec vous ; le reste... C'est du bonus."

Il aurait bien suggéré qu'il y avait d'autres moyens de s'envoyer en l'air et qu'elle pouvait toujours lui dégorger le poireau si le coeur lui en disait, mais elle semblait encore un peu fébrile psychologiquement pour qu'il tente la blague, alors il se contenta de lui sourire et de caresser doucement sa joue pour y sécher les larmes.

"En plus, j'adore ça les pâtes de coing."

June était vraiment un homme parfait.
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Rosalinde
La réponse de June l'étonna autant qu'elle la ravit. Il faudrait vraiment qu'elle passe par toute la palette des sentiments dans l'heure, puisqu'elle se mit à rougir, gênée. Après quoi elle se dit que vraiment, elle devait être bien laide, rouge comme une pomme rouge (ben ouais, les tomates c'est pas pour tout de suite et les yeux tout bouffis de larmes. Alors après qu'il eut passé son doigt sur sa joue, la Wolback de rentrer la tête dans les épaules, et de se cacher le visage à l'aide de ses mains. Il ne fallait pas qu'il voie la catastrophe.

- Vous pouvez rester si vous ne me regardez pas ! qu'elle lui fait, toujours planquée derrière son paravent de fortune.

Et de préciser :


- Je dois avoir une mine affreuse. Et après deux mois d'absence... Non, vous ne pouvez décemment pas voir cela !

Chassez le naturel, hein...

Ce devaient être les hormones. Ou le choc. Elle passait ainsi du coq à l'âne alors que son esprit était obnubilé par sa récente découverte. Et s'en voulait de jouer ainsi les coquettes, ou même de recevoir June, quand elle aurait du être à genoux sur le dallage glacé de Notre-Dame. Mais elle écarta un peu les doigts pour mieux le regarder, et se persuada que le Très-Haut savait combien elle était reconnaissante (sinon à quoi ça sert d'être omniscient, hein ?!), et que les orphelins de l'Hôtel-Dieu pourraient bien attendre le lendemain matin avant d'empocher un bon petit pactole.

Surtout qu'ils n'allaient pas pêcher. Et donc, eh bien...


- Que voulez-vous faire ?

Parce que bon, ils n'avaient jamais fait grand chose d'autre tous les deux.
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June
Elle levait ses yeux bouffis vers lui tandis qu'il lui assurait être là par plaisir de la voir. Elle ressemblait à un crapaud rougeaud qu'on avait pas envie d'embrasser, même si c'était pour le voir se transformer en princesse. Mais bon, il savait à quoi ressemblait la princesse ; le jeu en valait la chandelle. Mais alors qu'il allait se pencher pour lui déposer un baiser sur le front, voilà qu'elle se cachait derrière ses mains pour cacher sa face amphibienne. Rester sans la regarder ? Comme dans Thé ou Café ? Norf, impossible, voyons. Se voulant rassurant, il prit les poignets de Rosalinde dans ses mains, sans chercher à la dévoiler.

"Allons, allons... Vous êtes tout le temps belle, voyons. En douteriez-vous ? Ce serait mauvaise fortune que de rester là avec vous sans pouvoir vous admirer, sans pouvoir plonger mon regard dans vos beaux yeux."

Il sourit, même si elle ne pouvait pas forcément voir l'expression de son visage, avec ses doigts devant les yeux. Mais quand même, c'était important d'agrémenter ça d'un sourire. Ca faisait plus vrai. D'ailleurs, c'était vrai. En voilà la question fatidique : qu'est-ce qu'on va faire si on baise pas ? (traduction par June). Que faire ? Elle n'avait pas l'air encline à partir dans le sesque, alors il fallait trouver autre chose. Lire un bouquin ? Manger ? Lui faire un massage de la voûte plantaire ? Lui faire essayer toute sa garde-robe et lui demander un défiler pour lui dire qu'elle portait vraiment tout bien ? Aller se faire la servante ?

"Hé bien... Vous aviez proposé de faire du feu dans la cheminée, de se vautrer dans le lit et de manger des pâtes de coing et des dragées. Si ça vous va, ça me va très bien aussi. Et puis, même si je sais que d'habitude cela ne nous réussit pas, on pourrait peut-être discuter. N'avez qu'à me demander ce que vous voulez."

Il retira cette fois les mains du visage de Rosalinde et lui sourit doucement.

"Tant que je suis avec vous, tout me va. Je peux vous embrasser, ou ça aussi on a pas le droit ?"

Et sans attendre la réponse, il se pencha pour joindre ses lèvres à celle de la rouquine.
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Rosalinde
Tout le temps belle ? Hum hum. Il en faisait des caisses, là. Elle le savait, mais s'en foutait un peu, parce que son égo tenait chez elle une place assez prépondérante, et que le voir brossé ainsi lui procurait une intense satisfaction. Comme le programme qu'il proposait, même s'il fallait bien reconnaître qu'il n'avait rien inventé, et que tout le mérite lui revenait à elle, si pleine de grâce et de bonnes idées. La seule chose qui lui déplut (un peu), en fait, ce fut quand il la força à ôter les mains de son visage. Mais bon. C'était pour la bonne cause. Et elle ne s'en formalisa pas outre mesure, puisque toute son attention avait été distraite par sa dernière phrase. Et peut-être même que son petit cœur avait fait un peu boum-boum.

- Vous êtes impossible, June Sidjéno.

Et si fait, elle répondit à son baiser, passant même ses bras — désormais libérés de leur occupation première — autour de son cou. Et puis quand leur étreinte se brisa, elle resta un instant le front appuyé contre le sien, les yeux fermés. Paumée, ça on peut le dire, entre le bébé qui n'était plus et le blond qui se mettait à donner dans les sentiments. Et que faire ? Lui dire ? Pas lui dire ?

Elle décida de remettre ce choix à plus tard. Lui prenant les mains, elle l'entraîna vers sa chambre, et après avoir refermé la porte derrière eux, fila remettre une buche dans le feu qui menaçait de s'éteindre, avant de se tourner à nouveau vers le pseudo-Normand.


- Là, normalement, on se met en chemise.

Un sourire un peu malicieux vint poindre sur ses lèvres, alors qu'elle virait ses poulaines en deux-deux, déjà prête à passer à la suite.
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June
A côté de tout cela, il espérait secrètement que passer en mode "sans jambes en l'air" allait vraiment lui plaire. Parce que s'il commençait à se faire chier en ces moments où il fallait plutôt parler verre de lait et pâtes de fruits plutôt que tout ce qui peut se faire comme position et comme endroits pour prendre son pied, il allait falloir compter les jours dans le calendrier et faire celui qui n'était pas là une semaine sur quatre. Enfin, la soirée était loin d'être terminée, et ils n'étaient même pas encore dans la chambre pour aller se mettre au chaud dans le plumard. Voilà qu'elle les y emmenait, justement. Et qu'elle se mettait à le mater avec un sourire polisson.

Il leva un sourcil, amusé.


"M'enfin, c'est un défilé que vous voulez ?"

Il rit, emballé par l'idée. Il se dirigea vers la porte et enleva ses chausses, puis ses bas en les laissant à l'intérieur des chaussures, placées juste à côté de l'entrée de la chambre. Puis, il se retourna, et enleva le foulard de ses cheveux façon L'Oréal, parce qu'il le valait bien. Il déboutonna les premiers liens de sa chemise, un par un, sans la quitter des yeux et en agrémentant tout ça d'un air provocateur. Il vint finalement se rapprocher de la rouquine et pose ses mains sur les hanches de la femelle.

"Vous ne voudriez pas me déshabiller ? C'est bien plus sexy quand c'est vous qui le faites."

Il savait qu'il n'y aurait pas de suite à une quelconque excitation première. Au pire, si ça le grattait de trop, il demanderait la route jusqu'aux latrines pour aller tranquillement s'oublier, ou choperait une servante au passage pour se soulager. Dur d'être un homme, quand même.
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Rosalinde
- Non non ! Mais la règle veut qu'on se mette au lit de la manière la plus confortable qui soit.

Le temps qu'il ôte ses chausses et ses bas, et qu'il aille soigneusement les ranger à côté de la porte comme le petit maniaque qu'il était, elle avait eu le temps de délacer sa cotte... Sans pour autant procéder plus avant dans le déshabillage, lui était venue l'atroce idée que, peut-être, son chainse aurait pu être taché de sang. Elle le regarda donc se prendre pour une égérie cosmétique, puis une effeuilleuse professionnelle, bras croisé, son petit sourire toujours vissé aux lèvres.

Mais il s'approche, et propose. Le sourire de Rosa s'aiguisa, et au lieu de cela elle se hissa sur la pointe des pieds pour l'embrasser doucement, et en profita pour glisser ses mains dans son dos. Il demandait, alors... Qu'il ne vienne pas se plaindre ensuite s'il devait s'en mordre les doigts. Les doigts de la rousse étaient froids, elle n'en avait cure, et sous la chemise les promena le long de la colonne vertébrale de June, puis redescendit vers ses hanches.

Vous pensiez que tout allait bien se passer ? Eh bien que nenni. C'est à l'instant précis où ses mains rencontraient l'os iliaque, elle fut brise d'une intense douleur, comme une crampe, qui lui fit perdre momentanément le contrôle de sa personne. Ses ongles s'enfoncèrent dans la peau du Sidjéno, tandis que son visage se déformait en un rictus de souffrance, et que sur le coup elle laissait échapper un espèce de piaillement. Cela dura quelques secondes, avant qu'elle ne lâche prise. Et, piteusement, releva la tête vers lui.


- Désolée...

C'était encore assez vif, aussi se recula-t-elle, dans le cas où cela repartirait de plus belle.

- Je... J'espère que je ne vous ai pas fait mal.
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June
Le temps qu'il se déchausse et qu'il revienne, elle avait délacé elle-même sa robe ; norf, même pas il allait pouvoir la mettre à nu. Dommage, ce serait pour une prochaine fois. Elle le prend dans ses bras lorsqu'il s'approche, et voilà que c'est son tour à elle de venir caresser ses lèvres des siennes. Il remonta ses mains et les posa sur les joues de la rouquine, tandis qu'elle glissait les siennes sous le tissu blanc de la chemise. La fraîcheur de sa peau le fit doucement frissonner ; il trouvait cela agréable. Il avait toujours aimé le froid, plus que le chaud. Et lui grattouiller le dos lui faisait un bien fou : il aurait été un chien pouilleux dans une autre vie que ça ne l'étonnerait même pas. Mais revenons dans cette vie de grand blond. Il ferma les yeux afin de se concentrer sur son ressenti des caresses qu'elle lui administrait alors qu'elle descendait vers ses hanches. Et il ne fut pas déçu du voyage : une crise de douleur la prit soudainement, et il s'unit avec elle son cri, comme une jouissance partagée. Sauf que ça n'avait rien de plaisant : elle lui avait tellement pincé la peau avec ses ongles qu'elle avait du lui faire des trous assez grands pour y accrocher toutes les clés de l'Hôtel Saint Paul. Pratique, mais pas super glamour, il fallait le reconnaître.

Il grimaça de douleur et garda une moue sur le visage un moment durant, le temps que le mauvais souvenir parte pour être remplacé par les yeux désolés de Rosalinde qui s'étaient levés vers lui. Elle en profita pour se reculer afin de prévenir d'éventuelles répliques du séisme. Il toussota.


"Non, ça va, ça va. Rien de grave. Je crois que vous m'avez déplacé la moitié du bassin au passage et pété les tympans avec votre ultrason, mais à part ça, ça a l'air d'aller..."

Il sourit d'un air malicieux. C'était tout pardonné. Elle avait du vraiment souffrir pour pouvoir lui infliger cela.

"Par contre, je ne suis pas une donzelle mais j'ai quelques notions sur la science des femelles, et je ne savais pas que les douleurs menstruelles étaient aussi insupportables. C'est bien la première fois que je vois ça."

Et soudain, une idée.

"Dites, on finit de se désaper, et ensuite je vous fais un massage aux pierres chaudes sur le ventre, si ça peut vous soulager ?"

Bienvenue chez Yves Rocher.
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Rosalinde
De pâle, elle passa à écarlate. L'avait-il si facilement démasquée ? Il n'avait pas tort, cela dit, mais jamais elle n'aurait parié sur le fait qu'un homme qui n'était pas médecin ait su différencier les douleurs des règles de celles qui n'y étaient pas dues. Bon. Eh bien, ne restait donc plus qu'une chose à faire : passer à la casserole. Cela l'ennuyait grandement, car ce n'était pas le moment qu'elle aurait choisi pour cela. Elle n'était pas prête. Elle n'avait pas réfléchi à ce qu'elle allait lui dire. Mais d'un autre côté, puisque c'était lui qui amenait la conversation...

- Je...

Juste en même temps, il sortit son histoire de massage. Aux pierres chaudes ?! Qu'est-ce que c'était encore que cette bizarrerie ? Pourquoi diable irait-elle se foutre des satanés cailloux sur le ventre ? Elle le regarda un instant comme s'il venait de lui proposer d'aller danser la macarena à poil devant l'entrée du Louvre, avant de décliner poliment.

- Merci, mais non merci.

Des pierres chaudes... Mama. Elle avait donc failli se faire engrosser par un potentiel cinglé. Qui voulait lui frotter le ventre avec des pierres. Las ! Non, plutôt, elle alla s'asseoir au bord du lit avant même d'avoir ôté sa robe, et se prit le visage dans les mains un instant. C'était le moment... De commencer avec des reproches.

- Vous auriez dû me dire que vous étiez médecin ou quelque chose comme cela.

Si elle l'avait su, elle ne l'aurait jamais autorisé à rester, s'entend.

- Mais soit, vous avez gagné. Ce ne sont pas mes sangs habituels. Je ne les ai pas eu depuis... Longtemps.

Le temps que son annonce fasse effet, elle reprit :

- Je pense être en train de perdre un enfant. Votre enfant, très probablement.

Elle se mordit la lèvre, et s'abima dans la contemplation du mur qui lui faisait face, n'osant pas encore relever les yeux vers le Sidjéno.
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June
Bon. Il avait bien conscience d'être passé pour un gros faisan avec sa caillasse. Sauf que c'était un vieux pouilleux solitaire qui lui avait appris ça quand il était parti en voyage dans les grandes profondeurs de la France (Oui, la Creuse), et si ça lui avait filé un troupeau de poux au passage, ça lui avait aussi appris que c'était du genre agréable et plutôt revigorant. Et sympa pour les endroits où ça fait mal.

"Nan, mais laissez tomber, c'est un truc moderne de toute façon, les pierres..."

Bref, là n'était plus la question. Elle ne savait pas ce qu'elle loupait ! Il chercha une manière de lui dire que c'était elle la grosse dinde qui refusait les trucs modernes qui l'auraient probablement soulagée, quand elle lui avoua la raison de ses violentes douleurs. Elle s'était dirigée vers le lit, et ne le regardait plus. Médecin, lui ? N'importe quoi ! Il avait des notions grâce à sa mère, avait suivi des études à l'université, mais était bien loin d'être un soigneur aguerri. Il savait préparer quelques décoctions et était devenu, avec l'expérience et le fil de la vie, une bonne sage-femme, mais son talent n'était que poussière à côté de celui de sa soeur qui lui refilait quelques tuyaux de temps en temps. Mais il n'eut pas le temps de rétorquer que déjà elle continuait. Pas ses sangs habituels ? Pas eus depuis longtemps ? Bon, il était un peu à l'ouest, mais il avait compris le principe. Pas de sang = grossesse, en général. Et voilà pourquoi les douleurs. Il resta silencieux un court moment, la chemise débraillée, les braies un peu descendues - baggy style - et la regarda.

"Alors, déjà, j'suis pas médecin. J'ai accouché les mères de mes enfants parce qu'il fallait bien que quelqu'un s'y mette et il n'y avait que moi. J'sais juste faire la potion contre la toux sèche, la tisane qui réduit la douleur et le pansement de plantes sur une plaie infectée. J'y connais rien aux menstruations mais pour avoir fréquenté quelques-unes de vos comparses, je savais simplement que ce n'était pas tant douloureux."

Donc non, il ne l'était pas. Juste un peu curieux, et un peu instruit sur le sujet.

"Quant à ce que vous perdez, y avait-il besoin d'en faire un tel drame ? Vous pouviez me le dire, hein. Que voulez-vous que je vous fasse ? Vous aviez peur que je vous fasse avorter à la barbare ? Qu'on vous oblige à m'épouser pour le légitimer, s'il était resté en vous et en bonne santé ?"

Il leva les yeux au ciel.

"Ah, les femmes. Toujours en train de dramatiser les choses."

Il se dirigea vers elle et lui proposa sa main.

"Bon, allez. Levez-vous. Avez-vous encore mal ? Peut-être faudrait-il vous faire couler un bain chaud pour vous soulager, ou vous emmener aux latrines. Je ne vais pas vous laisser comme ça."
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Rosalinde
Mais qu'est-ce qu'elle s'en fichait qu'il ne soit pas médecin ! Elle était simplement furieuse de ne pas avoir pu le tromper, donner l'illusion que tout allait bien et garder son secret pour elle, voilà tout. Fallait-il que la moitié de la France soit au courant qu'elle avait engendré un bâtard ? Bon, d'accord, elle avait songé à lui dire, après tout il était l'un des premier concernés, mais voilà, elle aurait aimé choisir le temps et le moment ; surtout pas au milieu d'une vague de douleur, donc.

La suite de l'intervention de June ne la déçut pas non plus. Et si elle avait jusque là du mal à faire le clair dans la confusion de sentiments qui régnait en elle, le Sidjéno eut au moins pour mérite de clarifier le tout. Alors qu'elle tournait lentement le regard vers lui, son visage affichait une expression d'incompréhension mêlé d'un dégoût qui allait crescendo au fur et à mesure qu'il avançait dans son discours. Là, clairement, il venait de manquer royalement une occasion de fermer sa tronche. L'avantage est que Rosa en retrouva un peu de sa superbe. Eh, autant voir le verre à moitié plein.


- N'avez-vous donc pas de cœur ? Est-ce que rien ne vous émeut, pas même la mort de ce qui aurait pu être votre enfant, tant que cela ne touche pas directement votre petite personne ?

Bien entendu, elle ignora la main tendue, et ramena ses jambes pliées sur le matelas, pour se dresser sur ses bras tendus en direction du grand blond. Et avec non sans ironie, elle lança :

- Il semble que le Très Haut, dans Son infinie miséricorde, ait décidé d'épargner à ce pauvre enfant d'être dénué de tout soupçon d'amour paternel.

Et sur ce, elle se coucha en position fœtale, fermant les yeux pour mieux contenir de nouvelles larmes.

Un drame. Pfeu.

Elle lui en foutrait, des drames.

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