Rosalinde
Comme d'habitude, elle l'entendit arriver de loin, mais ne bougea un cil que lorsque le Sidjéno poussa la porte de l'antichambre. Il était habillé avec un soin manifeste. Elle ne l'était pas. Engoncée dans sa robe de deuil, trépas de la reine oblige, elle semblait n'avoir porté aucun effort à sa coiffure puisque ses cheveux étaient simplement retenus par un lien de soie qui, à l'origine, devait sans doute être une jarretière, et ses doigts étaient tout tachés d'encre. Comme prise au dépourvu, elle se leva brutalement, le calame encore entre les doigts, et renversa par la même occasion le petit pot de sable qui lui servait à faire sécher son encre.
Mais elle ne s'en préoccupa pas le moins du monde, et vint maladroitement tendre sa dextre au blond, qui la baisa fort courtoisement. Elle rougit, baissa les yeux, les releva ensuite vers lui, et se maudit d'avoir tant repoussé le moment de préparer cette entrevue qu'au final elle n'avait rien prévu du tout.
- Je... Euh... Non.
Seigneur. Le charisme d'une huître dans le corps d'une souillon. Il allait regretter amèrement la fraîche et pimpante Rosalinde qu'il avait connu avant le départ à la guerre. Petite claque intérieure, elle se secoua et reprit, un peu plus assurée :
- Comment allez-vous ? Et quelles sont les nouvelles depuis tout ce temps ?
Tentant d'être discrète, elle reposa son calame au coin de sa table de travail, et esquissa un sourire qui se voulait aimable. Mais peine perdu, l'instrument roula au sol dans un bruit mat, et elle en tressaillit, tant sa nervosité était grande.
Une tisane au millepertuis. Elle aurait du prendre une tisane au millepertuis. Voilà.
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Mais elle ne s'en préoccupa pas le moins du monde, et vint maladroitement tendre sa dextre au blond, qui la baisa fort courtoisement. Elle rougit, baissa les yeux, les releva ensuite vers lui, et se maudit d'avoir tant repoussé le moment de préparer cette entrevue qu'au final elle n'avait rien prévu du tout.
- Je... Euh... Non.
Seigneur. Le charisme d'une huître dans le corps d'une souillon. Il allait regretter amèrement la fraîche et pimpante Rosalinde qu'il avait connu avant le départ à la guerre. Petite claque intérieure, elle se secoua et reprit, un peu plus assurée :
- Comment allez-vous ? Et quelles sont les nouvelles depuis tout ce temps ?
Tentant d'être discrète, elle reposa son calame au coin de sa table de travail, et esquissa un sourire qui se voulait aimable. Mais peine perdu, l'instrument roula au sol dans un bruit mat, et elle en tressaillit, tant sa nervosité était grande.
Une tisane au millepertuis. Elle aurait du prendre une tisane au millepertuis. Voilà.
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