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[RP] Hostel de Chaalis

June
Pour lui, si cet enfant était mort, c'était le destin. Et pouvait-on déjà appeler cela un enfant ? Il ne devait être qu'à peine formé, une sorte de concentré d'humanoïde à peine identifiable. Et puis, cet enfant était-il vraiment le sien ? Si elle couchait avec lui à tout va, pourquoi ne ferait-elle pas avec d'autres ? Mais tout ça, il s'abstint cette fois de le balancer à voix haute, vu la réaction qu'elle avait eue. Après tout, lui n'avait jamais vécu tout ça. Tous ses enfants n'avaient jamais été désirés. Ils étaient arrivés comme ça, alors ils avaient compté pour lui. Mais s'ils n'étaient pas arrivés, jamais il ne l'aurait regretté. C'était le destin, tout simplement. C'était ainsi, c'était écrit quelque part, et on ne pouvait le deviner à l'avance, ni le corriger. Nathan était le fils d'une femme qui l'avait séduit pour remplir son palmarès, et qui était tombée enceinte par hasard. Depuis qu'elle s'était aperçu de la présence de l'enfant en elle, elle avait exécré June jusqu'au plus haut point, alors que lui avait développé pour elle un amour sans limites. Nathan n'était pas désiré, mais pourtant, c'était son fils, et rien ne pourrait changer cela. Wyllas était le fils d'une putain, une putain pas comme les autres, que June avait espéré sortir de la rue, en vain. Orian, le fils d'une femme dont June était tombé éperdument amoureux ; mais, là encore, il s'était retrouvé face à un mur, sauf quelques fois, ingrédients d'un enfant né et élevé en secret. Clovis était le fruit d'une soirée arrosée avec l'épouse d'un de ses meilleurs amis. Ainsi, si lui-même avait été un enfant désiré, il ne savait pas ce qu'était qu'être père d'un enfant qu'il désirait. Aussi, il prenait la vie comme elle venait, et c'était bien comme ça.

Un long silence se tint après que Rosalinde lui ait balancé tout ça à la gueule.


"Comment pouvez-vous oser m'accuser de me foutre de cela, alors que vous-même exprimiez il y a quelque moment seulement votre joie après avoir découvert que vous étiez en train de perdre cet enfant."

Eh oui, il avait refait le chemin des choses dans sa tête. Elle n'était pas bien, l'avait quitté un moment pour se diriger vers un endroit où elle serait seule. Et était revenue tout sourire ou presque, sûrement après avoir découvert qu'elle perdait cette chose qui la hantait. Quelle hypocrisie. Si lui n'avait pas exprimé grand-chose à l'évocation de la mort du fœtus, elle s'était carrément réjoui. Mais il eut pitié. D'elle. De lui-même. Et de cet enfant qui était peut-être le leur, qu'importe. Il n'était plus de ce monde sans y avoir réellement habité.

Il soupira, et alla s'asseoir sur le lit, à côté d'elle.


"Excusez-moi. Mes paroles ont dépassé ma pensée. J'ai horreur des confidences. Je n'aime pas paraître faible. Être sentimental, c'est une sorte de faiblesse."

Il posa doucement ses doigts sur les boucles rousses. Il n'avait pas dit que c'était logique, mais c'était comme ça qu'il fallait le voir. Un homme doit être impartial, dur, fort. Les enfants, les machins de bonnes femmes et les ragots ne doivent en rien l'affecter. Du moins, en théorie. Peut-être, d'ailleurs, n'était-ce là pas la bonne. Il inspira longuement.

"J'ai eu beaucoup d'enfants. Aucun n'était désiré par ses deux parents. De moi, parce que je n'étais même pas au courant de leur existence. De leur mère, parce qu'au final, c'était arrivé comme ça. Ou alors, pour certaines, elles voyaient ce petit comme un fardeau, une marque d'une histoire dont elles n'auraient peut-être pas aimé se rappeler. Peut-être même qu'elles auraient apprécié le fait de m'oublier. Mais c'est ainsi. Ils sont là. Je les aime depuis qu'ils sont arrivés au monde. J'ai toujours voulu être un bon père.

Pour eux, j'ai bâti une forteresse, pour qu'ils soient à l'abri. Je leur ai trouvé un foyer chaud et de quoi manger chaque soir alors que je me privais moi-même de ce que je pouvait leur donner de mieux. J'ai essayé de les faire devenir des gens biens. J'ai voulu qu'aucun ne soit à l'écart des autres, alors j'étais là pour chacun. J'ai essayé d'être un père aimant et aimé. C'était compliqué, alors j'ai essayé de leur donner tout ce qu'ils pouvaient désirer. C'était difficile, alors j'ai essayé de faire de mon mieux. J'ai raté, mais je veux pas qu'on dise que je suis sans coeur, parce que c'est pas vrai."
*

Un silence. Qui s'éternisa un long moment. Il laissa les boucles tranquilles et tourna le dos à Rosalinde. Il joint ses mains entre ses jambes, parce qu'il ne se sentait pas avoir le droit de la toucher davantage.

"Je ne vous demande pas de me pardonner pour ce que j'ai dit. Vous avez raison. Le Très-Haut avait sûrement fait ce choix pour l'épargner de quelque chose. D'avoir un père raté, peut-être."

Il essuya rageusement ses joues avec la manche de sa chemise. Ses yeux bleu glace étaient soudainement un peu plus foncés, et il regardait ses pieds nus avec application. Il avait déclamé tout cela d'une voix monocorde, comme s'il acceptait très bien ce qu'il était. C'était comme ça. C'était ainsi.

C'était le destin.


* Inspiré de ce moment (à regarder jusqu'à la fin) et à lire avec la même intensité. ;)

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Rosalinde
Bon, en un bref point, elle avait été méchante. Plus qu'elle le voulait, sans doute plus qu'il le méritait. Et la volée en retour, elle ne tarda pas à se la prendre bien dans la tronche : Elle avait été contente. Oui. C'était monstrueux sans doute, mais c'était ainsi. Elle avait eu le temps de tourner et retourner la question dans sa tête, depuis qu'elle avait découvert que ses règles n'arrivaient pas à l'heure. Et objectivement, elle s'était fait une raison : Il valait mieux que ce bébé ne naisse pas. Une foule de bonnes raisons avaient appuyé sa théorie. Tout d'abord, il y avait la légère incertitude au niveau de sa paternité. Les chances qu'il soit de June étaient plus que majoritaires, mais sur le tard, la dame de Foulletorte s'était un peu trop laissée aller à des vapeurs éthyliques, et avait un peu trop bien fêté son arrivée en Champagne. Mais il n'y avait pas que cela. Quelle vie pour un bâtard ? Même si le monde semblait plus tolérant aujourd'hui à leur égard, restait le regard sévère de nombreuses personnes. Les insultes. Le mépris. Peut-être était-ce égoïste, mais elle n'avait supporté l'idée que son enfant porte autant qu'elle le poids de sa faute. Alors elle avait prié, oui, prié et jeûné, pour que Dieu lui pardonne, ou du moins qu'il ne fasse pas subir cela à son petit. Et Dieu avait entendu. Mais à côté de la raison, il y avait le cœur. Et c'était bien lui qui posait problème.

Tout cela, elle aurait aimé lui dire, après sa première saillie. Mais elle resta muette, incapable de formuler tout ce chamboulement qui avait lieu dans sa tête, coupable aussi de ce dont il l'avait accusée, s'être réjouie, elle ne pouvait le nier, mais à présent que le moment de surprise était passé, elle s'en repentait amèrement. Car quoi qu'il advienne son enfant était mort dans son sein qu'elle imaginait devenu aride, ce ventre incapable de conserver la vie qui s'y était nichée par deux fois depuis la naissance de Madeleine. Alors sans rien dire elle le laissa continuer ses explications, ses excuses aussi. Elle rouvrit les yeux quand il glissa ses doigts dans ses cheveux, à la fois écoutant et écrasant les larmes qui venaient rouler par intermittence le long de son nez. Il avait donc fallu qu'elle soit méchante pour briser la coquille. Révéler au jour une expérience qui faisait tant écho à la sienne. Elle en resta coite, alors qu'il se détournait d'elle. Et il lui asséna le coup de grâce. Celui qui la fit sortir de son immobilisme comme de son mutisme. Lentement elle se redressa, et vint se blottir dans le dos de June, puisque c'était ce qu'il lui présentait, l'enserrant de ses bras. Elle ferma un instant les yeux.


- Pardon. J'ai parlé sans savoir. La colère... C'est plus facile de rejeter la faute sur les autres.

Elle renifla, parce que c'était soit ça, soit morver sur la chemise de June.

- Vous n'êtes pas un père raté. Ou alors je suis une mère ratée. Tout ce que vous avez dit, je l'ai fait aussi. Mais la vérité, c'est que... J'en veux aux hommes, en général, parce que... Les deux... J'ai deux enfants, et aucun d'eux n'a de père. Alors que nous étions mariés. Un bâtard... Il n'avait aucune chance. Et porter mes péchés à ma place... Je... Non.

Et elle resta plantée là, incapable d'aligner deux mots de plus.
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June
Ca n'était jamais facile de parler de soi. D'avouer ses fautes, ses rancœurs. Et surtout, de dévoiler tout cela à soi-même, alors qu'on le tenait dans un coin, dans un placard de notre tête fermé à clé et la clé jetée par-dessus bord. Mais parfois, on est obligé de l'ouvrir de nouveau, et voilà. Voilà un June assis sur un lit et, accrochée comme une moule à son rocher, une Rosalinde qui l'enserre de ses bras fins. Il tourna légèrement la tête, comme pour montrer qu'il sentait sa présence, et qu'il l'appréciait. Les deux personnages avaient ce soir là, fait craquer un peu de leur carapace pour la partager avec l'autre. Fallait-il y voir un signe de quelque chose ? Peut-être simplement était-ce là un point commun : une carapace fissurée. Il laissa le temps au silence de s'installer, juste après qu'elle eut terminé. Que devait-il dire de plus ? Fallait-il réagir à ce qu'elle venait à son tour de lui avouer ? Il posa ses mains sur celle de Rosalinde, croisa ses doigts avec les siens. Il l'avait écoutée attentivement, sans un mouvement. Comment un homme pouvait-il prétendre à pouvoir la guérir de son ressentiment face à toute la caste masculine ?

"Je puis vous assurer que tous les hommes ne sont pas tels que ceux que vous décrivez. Je suis désolé qu'il vous soit arrivé cela. Sincèrement. Si je pouvais y faire quelque chose, croyez bien que je le ferais."

Il parlait à la rousse tout en s'adressant au parquet. Il avait mis du temps à comprendre pourquoi ses enfants lui en voulaient. Il avait mis du temps à chercher des pansements aux blessures profondes que le manque d'un père avait pu faire en leur âme. Et à présent, c'était bien trop tard pour se faire pardonner. Un nouvel enfant aurait-il été différent des autres ? La question ne se posait plus. Il se retourna lentement, se défaisant de l'étreinte de la rousse et se mit de façon à pouvoir croiser son regard. Il l'observa. Elle avait pleuré. Lui aussi, un peu, et espérait que ça ne se voit pas trop. Et si ça se voyait, il pria pour qu'elle n'en parle pas. Il reprit ses mains dans ses doigts, alors qu'il posait ses yeux au regard triste dans les siens.

"Que voulez-vous, à présent... ? Que voulez-vous faire ? Vous savez comme moi que si nous continuons à nous voir, au fil du temps peut-être qu'un autre bâtard s'amènera en vous. Ou peut-être pas. Je ne souhaite pas décider à votre place, même si cela me concerne aussi."

Il baissa le regard, observa les mains entrelacées comme si c'était là la seule chose qu'il avait droit de regarder. Il serra un peu plus les doigts de Rosalinde.

"Mais sachez que si cela devait arriver... Je ne suis pas homme à fuir mes responsabilités."

Qu'est-ce que cela voulait dire ? A elle de l'interpréter comme elle le voulait.
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Rosalinde
Tous les hommes n'étaient pas comme ça... Oui... Blablabla. La vérité, c'est qu'elle avait toujours été attirée par les salauds, cette race qui s'échine à vous faire croire que, et qui finalement vous jette en oubliant tout, et surtout qu'ils ont dit vous aimer. Elle soupira, parce que non, effectivement, il ne pouvait rien y faire. Le passé était passé. Elle avait bien tenté une nouvelle approche, qui avait été de laisser d'autres choisir ceux qui auraient été mieux pour elle, mais ces derniers longs mois de solitude lui avaient prouvé que cette tactique n'avait absolument rien d'efficace. Et puis June était arrivé, comme un cheveu dans la soupe, et avait fait voler en éclats toutes ses belles promesses d'abstinence et de respectabilité. Maintenant il se tenait face à elle, main dans la main et les yeux dans les yeux, et lui demandait ce qu'elle voulait faire. God. C'était une sacrée question.

La logique voudrait qu'ils en restent là. Après tout, June avait raison. Une nouvelle grossesse pouvait se reproduire à tout moment, et rien n'assurait qu'elle ne serait pas menée à terme, cette fois, d'autant qu'elle se refusait désormais à employer les méthodes auxquelles elle avait eu recours dans sa jeunesse. Immoral. Trop risqué. Peut-être bien tournait-elle bigote, ainsi qu'Aimbaud le lui avait dit. Mais face à la logique se trouvaient les sentiments, et brusquement évoquer l'idée de ne plus revoir le Sidjéno lui créa un petit pincement au cœur. Elle le considéra quelques instants en silence. Ne pas fuir ses responsabilités... Vaste promesse. Qu'ils faisaient tous, au demeurant, avant de se retrouver confrontés à la tornade de sentiments contradictoires que pouvait être une Rosalinde ravagée par les hormones. Savait-il seulement à quoi il s'engageait ? Savait-il seulement à quoi elle attendait qu'il s'engage ? Peut-être pas. Alors, de but en blanc, elle demanda :


- Vous m'épouseriez ?

Le mariage. Elle y avait pensé. Épouser le premier venu, persuadée que June la renverrait sur les roses, afin que l'enfant naisse légitime. Et puis non. Seule elle avait élevé les deux premiers, seule elle aurait élevé le troisième. Et puis voilà.
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June
Elle ne semblait pas croire en ces belles paroles que tous les hommes qu'elle avait fréquentés avaient du lui sortir. Soit. Mais le Sidjéno était un homme d'honneur, et s'il pouvait être le plus grand salaud de la Terre, il était hors de question de mettre en défaut sa parole ou son honneur. Et ce qu'il disait là n'étaient pas des paroles en l'air. S'il promettait, il respectait.

Il s'attendait à ce qu'elle lui annonce que leurs petites virées étaient terminées. Finies, les visites à Chaalis. Si c'était ce qu'elle voulait, alors ce serait ainsi. Après tout, ce n'était pas lui qui prenait le risque de se faire engrosser par un amant, de quel droit pouvait-il prendre la décision seul de continuer de se fréquenter ? Mais non. Elle semblait être finalement attachée à lui, un peu. Elle le regardait, comme si elle était en train de ce décider, là, à l'instant même. Il se mit alors à penser qu'elle pourrait vouloir continuer de le voir, et qu'elle préférait prendre le risque de lui pondre un nouvel enfant illégitime plutôt que de le perdre. Si loufoque qu'était cette pensée, elle lui fit chaud au coeur. Il ne voulait pas avouer à la rouquine qu'il commençait sérieusement à tenir à elle. Si elle le chassait, ce n'était qu'une épreuve de plus, c'était vrai, mais si elle lui disait de rester, alors il serait sûrement un homme très heureux. Mais il y avait une chose à laquelle il ne s'était pas attendu.


"Vous m'épouseriez ?"

Il releva le regard vers elle, la sonda de ses yeux bleus. Elle semblait on ne peut plus sérieuse. Alors, il fallait l'être également.

"Je m'y engage. Je promets. Je promets de vous épouser si vous le désirez aussi. Si un enfant naît de notre union, il sera légitime.

C'était ainsi. S'il promettait, il respectait.
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Rosalinde
Eh bien. Au moins, il ne gambergea pas pendant mille ans. Il promit. Alors ils pourraient continuer à se voir. Un peu désemparée par la soudaineté de ce changement de situation, et de tout ce qu'il pouvait bien sous-entendre, elle se mit à rire doucement. C'était toujours un peu nerveux, de toute façon elle ne pourrait se calmer avant un moment tant elle était passée par toutes les émotions possibles et imaginables en l'espace d'une heure. Elle riait donc, et rougissait un peu. Ce n'étaient guère des façons de se faire épouser, ça. Et le voudrait-elle vraiment quand le moment serait venu ? Seul l'avenir le dirait. Mais là, présentement, elle était simplement heureuse qu'il ne se soit pas défilé, et peut-être n'était-ce même pas une promesse en l'air.

Après quoi, relevant la tête, elle vint simplement cueillir un baiser sur ses lèvres. C'était un serment, il fallait le sceller comme il se devait, après tout. Et puis comme cela lui plaisait bien, elle en reprit un, puis deux, en continuant d'ignorer la douleur qui venait de son ventre. C'était plus facile quand elle avait de si grandes choses sur lesquelles se concentrer. Elle sourit, et ajouta, taquine :


- Et je veux choisir le prénom.

Eh quoi ? Godeliève, c'était tout à fait charmant et délicieusement rétro !
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June
C'était la première fois que ça lui faisait ça. Une femme semblait heureuse, ou du moins pas effrayée à l'idée d'épouser June Sidjéno. Était-elle inconscience, ou simplement naïve ? Ou peut-être qu'elle était plus forte que les autres. En tout cas, il fallait la garder, celle-là. Elle se mit à rire doucement et vint sceller l'accord par un baiser, puis d'autres, volés au grand blond qui était resté là à la regarder. D'ailleurs, à l'observer d'un peu plus près, elle rosissait comme une jeune pucelle à qui l'on propose d'être son cavalier pour le bal de la capitale. Il s'amusa de ce fait. Et de cette promesse cocasse qu'ils s'étaient faite.

"Je promets aussi de vous faire une vraie demande en mariage, un peu plus classe qu'une réconciliation en pleurs après une dispute, si ça doit arriver."

Il sourit doucement. Ca faisait beaucoup de promesses, mais lui-même trouvait ça bien pourave comme souvenir à raconter à leurs petits-enfants au coin du feu dans un futur lointain. Alors il fallait assurer le coup. Elle parla du prénom.

"D'accord. Mais il portera le nom Sidjéno."

Ce qui n'était peut-être pas un si bon plan, si l'enfant portait un prénom à coucher dehors. Clitorine Sidjéno, par exemple. Bon, sur le coup ça a l'air joli. Mais c'est quand même un peu chelou. Grand dieu, qu'avait-il promis là ? Pauvre gosse.

"Et vous aussi."

Il sourit en coin, amusé. Ce n'était bien sûr qu'optionnel ; si elle voulait garder son patronyme, qu'elle le garde ! Tant qu'elle revendiquait avec fierté le fait de coucher et de prendre son pied avec le plus grand et le plus beau des Sidjéno, ça lui allait, à lui.
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Rosalinde
Elle se mit à rire de plus belle quand il parla de la demander en mariage. C'était un comble... Le seul mariage qu'elle prévoyait plus ou moins de faire par intérêt (de fait, on ne pouvait pas encore parler d'amour) serait donc le premier pour lequel le futur époux mettrait un peu les formes.

- C'est drôle... On ne m'a jamais demandée en mariage, en fait.

La première fois, c'était elle qui avait demandé, et cela avait été la pire idée de sa vie ; et la seconde, elle avait pratiquement été convoquée en la chapelle du Louvre, et cette fois encore elle aurait mieux fait de s'abstenir. Une constante néanmoins, elle s'était toujours mariée enceinte. La preuve qu'aucun homme ne l'avait assez aimée pour l'épouser sans qu'il n'y ait la menace de laisser un bâtard par derrière ? La question ne faisait guère débat dans l'esprit de Rosa, et elle ne s'en ouvrit pas plus avant à June... Elle avait suffisamment ressassé les vieilles rancunes pour aujourd'hui.

D'ailleurs, le blond n'attendit pas pour évoquer un nouveau point... Auquel elle n'avait pas pensé. Aïe. Oui. Le bébé devrait porter son nom, et elle aussi, accessoirement. Sidjéno. Teu. Ça avait tout de même foutrement moins de classe que Wolback-Carrann. Mais il faudrait apprendre à composer avec, et si ce n'était pas très beau, au moins, elle n'aurait pas honte de le porter, genre pas comme si cela avait été Sparte ou... Ou Sparte, en fait, il n'y avait aucun autre nom qu'elle ne pouvait imaginer porter avec autant d'horreur. Ces gens là étaient une honte pour quiconque se prétendait noble.


- Rosalinde Sidjéno. Ce n'est pas si laid.

Bon. Il était vrai qu'elle aurait pu s'appeler Amahir, mais à vrai dire le seul morveux de Lexhor qu'elle aurait consenti à épouser un jour était Kéridil, et ce dernier était mort depuis belle lurette. Sidjéno irait très bien.

Elle sourit, et tapotant le matelas à côté d'elle, l'invita d'un signe de tête à venir se blottir sous les couvertures. Après quoi elle y glissa ses propres jambes, tant pis si le déshabillage n'était pas complet, et attendit que monsieur prenne place pour se blottir contre lui.

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June
Au moins, l'évocation d'une possible future demande en mariage avait l'air de l'amuser. Peut-être que toute cette histoire ne serait finalement pas si désagréable. Et coup de surprise, elle lui avoua que jamais personne ne l'avait demandée en mariage. Mais elle lui donnait l'impression de ne pas vouloir en parler davantage et il ne chercha pas à la forcer à se confier ; tous deux en avaient assez dit pour la soirée. Il sourit tout de même à l'évocation de sa dernière promesse.

"Hé bien, comme ça, ça nous fera une première fois à partager tous les deux."

A défaut d'une première relation amoureuse, d'une première fois sous les draps ou d'un premier enfant, ce qu'on fait en général dans un couple, quoi. S'ils pouvaient parler de couple, car rien n'était engagé, malgré le baiser scellant la promesse. Si l'enfant ne se pointait jamais, on n'entendrait jamais parler de l'union entre le blond et la rousse. Quant au nom, elle avait pris la chose très sérieusement, et envisageait tout à fait de porter le patronyme des Loups. Il était étonné qu'elle soit si encline à accepter alors qu'il savait qu'elle était fière de porter le sien. Il était surtout étonné qu'elle semblait très sérieusement envisager tout ce qui allait avec le mariage, et donc le mariage en lui-même. Sans lui laisser le temps de réagir, elle l'invita à la rejoindre dans le lit. Il finit de retirer sa chemise - car elle lui avait déchiré le dos avant de terminer, pour rappel - et ses braies, sous lesquelles il avait mis une culotte courte confortable qui allait jusqu'à mi-cuisses, puis il se colla à elle. Avant toute chose, il éteint la lumière. Ils étaient bien fatigués tous les deux après toutes ces péripéties.

Il l'embrassa longuement sur le front, puis sur le nez, les joues et les lèvres. Il passa ses bras autour d'elle et la câlina. C'est qu'il en avait besoin, et encore plus depuis qu'il avait osé lui ouvrir un peu plus son coeur. Puis, le sommeil les gagna peu à peu, et il s'endormit doucement dans les bras de la rousse.

Demain sera un autre jour.

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June
Ce n'était pas demain, mais c'était bien un autre jour.

L'après-midi touchait doucement à sa fin. En ce fin d'année, le soleil descendait bien plus vite que d'habitude pour laisser la place à la nuit. Il préférait quitter l'Hôtel Saint Paul un peu plus tôt que d'habitude pour rentrer chez lui ; il prenait avec lui de quoi dessiner s'il y avait besoin afin de pouvoir travailler à l'appartement. Il rassembla d'ailleurs ce qu'il devait emporter pour la soirée, enferma ça dans un dossier et rangea le reste avant de partir. Il se dirigea vers la sortie de l'Hérauderie et s'engagea sur la route qui le menait à son domicile. En pleine marche, il s'arrêta alors qu'il passait devant la rue qui menait à l'Hôtel de Chaalis. Depuis cette dernière nuit qu'ils avaient passé ensemble, il n'avait pas eu le temps de revenir la visiter, et ils ne s'étaient pas croisés non plus. D'habitude, de toute façon, elle lui faisait parvenir une invitation. Mais à y réfléchir, avait-il besoin d'une invitation maintenant qu'ils étaient plus qu'intimement liés ? Même si ce lien n'était pas réellement établi, la promesse était faite et bien faite.

Il changea donc de direction et se rendit chez Rosalinde, son dossier sous le bras. Il frappa à la porte, et la borgnesse l'accueillit avec son habituelle tête aimable. Était-ce là l'accueil du moindre visiteur qui se présentait, ou lui présentait-elle un accueil personnalisé ? Dans les deux cas, il lui fit un sourire insolent et lui colla dans les bras son mantel et son dossier, en précisant que celui-ci devrait être considéré comme plus précieux que les pupilles de ses yeux. Enfin, la pupille de son oeil. Haha.

Après cette blague géniale que lui seul trouva drôle - ben quoi, elle n'a pas d'humour la morue, aussi -, il alla frapper à la porte de la pièce qu'on lui avait indiquée pour retrouver la rousse. En attendant qu'elle vienne lui ouvrir, il réarrangea sa chevelure et prit son air habituel, c'est à dire tout à fait désirable et sexy. Ou presque.

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Rosalinde
Un autre jour oui. Et beaucoup d'eau avait coulé sous les ponts de la Seine. Bon, surtout parce qu'il avait plu sans discontinuer la veille. Mais toujours est-il que notre héroïne avait fait quelques découvertes hautement intéressantes à propos de son amant et peut-être un jour époux, inch'allah. C'était justement à cause de ces découvertes qu'elle n'avait pas daigné donner de nouvelles ; elle boudait, comme elle savait si bien le faire, jusqu'à ce qu'elle décide qu'elle en avait assez.

Ce moment n'était pas manifestement pas encore arrivé. Assise dans sa chambre, devant un feu crépitant, et les pieds négligemment posés sur le siège d'en face, elle était très occupée, cassette sur les genoux, à compter très précisément les 567 écus qu'allait lui coûter cette nouvelle tapisserie qu'elle comptait installer dans l'antichambre, pour en remplacer une dont les couleurs avaient passé. Lorsqu'on toqua à la porte de sa chambre, elle ne prit même pas la peine de relever la tête, pensant qu'il s'agissait de Cathau qui venait encore l'importuner avec ses histoires de poulet qui aurait été chapardé directement dans le panier de la cuisinière revenant du marché.


- Entrez !

La porte s'ouvrit, mais point de domestique à l'horizon. Relevant la tête, elle eut la surprise d'apercevoir June dans l'encadrement. Que venait-il faire ? Elle ne l'avait pas invité ! Peut-être parce qu'il se demandait pourquoi elle ne l'invitait pas. Ah, le fourbe ! Il n'était pas Normand !

- Tiens. Bonsoir, monsieur le Berrichon.

Elle avait prononcé ce mot comme s'il s'agissait de la pire de trahisons, et pour elle cela relevait un peu de cela. Épouser un Berrichon ! Cette race qu'elle détestait pour sa félonie à la couronne. Quelle disgrâce !
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June
Entrez, qu'on lui disait. Alors il se lança. Même pas on venait lui ouvrir ! Il était tellement habitué à venir et habituel aux yeux des servants qu'il était presque chez lui et circulait comme dans un moulin. Ce n'était pas pour lui déplaire, mais ça allait bien vite. La maîtresse de maison avait-elle divulgué leur promesse d'union ? Impossible. Elle avait sûrement bien honte d'avouer à la borgnesse qu'elle allait peut-être se marier et avoir descendance avec les goujat qui l'emmerdait à chaque fois qu'il se pointait. Enfin, elle s'en remettrait bien un jour. Il entra donc en souriant, et se retrouva face à une Rosalinde qui ne semblait pas du tout s'attendre à sa venue. Bon, elle n'avais pas d'homme dans son plumard, c'était déjà ça, mais elle faisait une tête du genre qu'elle se demandait ce qu'il pouvait bien foutre là. Bonsoir, qu'elle lui dit. C'est vrai qu'on était le soir. Habitué à être ce qu'il était, c'est à dire un Berrichon cent pour sang pur sang - ou presque, mais on va pas raconter toute l'histoire familiale... Vous saviez qu'il y avait aussi de l’Égyptien dans le sang du blond ? Ca fera l'objet d'une prochaine aventure, c'est promis - et jamais il n'aurait imaginé que la rousse le pensait Normand, bien qu'il soit grand et blond. Mais loin de là le sang viking, il était un béda né à Saint-Aignan en plein dans le pays du Berry et il en était plutôt fier.

"Bonsoir bonsoir !"

Tout joyeux d'être là et de la retrouver, il sourit et alla la retrouver. Il déposa un baiser sur son front et resta debout, puisqu'elle avait les pieds posés sur le deuxième fauteuil.
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Rosalinde
Bon. Soit il n'avait pas compris son allusion, soit il se foutait de sa gueule. Les deux hypothèses se tenaient, à vrai dire, car c'est bien connu, le Berrichon est bête et méchant. Et cinglé, car il fallait être bien fol pour quitter le giron du royaume pour suivre les lubies d'une poignée d'emmerdeurs patentés qui tenaient la place depuis des années déjà.

Oui, la Wolback avait des opinions bien arrêtées.

Et une furieuse envie de percer l'abcès.


- Non mais vous auriez pu me le dire ! Berrichon ! Eh puis quoi encore ? Fallait-il que je couche avec un Angevin, ou pire, un Sparte, sans que l'on ne m'en informe ?!

Allez hop, tout le monde dans le même panier.

- Qu'est-ce que vous venez faire à la hérauderie royale, d'abord ?!

Sous le coup de l'énervement, elle se redressa brusquement, ce qui fit tomber la cassette de ses genoux, et toutes les pièces se répandirent joyeusement au sol ; certaines même eurent l'impudence d'aller rouler sous les meubles. Elle lâcha un juron bien senti, puis s'agenouilla pour commencer à rattraper les dégâts, tout en dardant des yeux furieux vers le Sidjéno. Parce que bien entendu, tout était de sa faute.
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June
Il la regarda s'énerver d'un coup, alors que pour une fois il n'avait encore rien fait pour ; enfin, c'est ce qu'il croyait. Quoi, "Berrichon" ? Il la regarda avec un air stupéfait. A vrai dire, il ne comprenait pas grand-chose. Surtout, il ne comprenait pas deux points : qu'elle ne sache pas, depuis le temps, qu'il était berrichon. C'était affiché partout - surtout dans les rapports de douane et de police, d'ailleurs - qu'il l'était. Il avait d'ailleurs sur l'épaule une cicatrice d'un marquage au fer rouge gentiment adjugé par la Couronne de France, datant d'une époque où il était Maire et voulait protéger ses administrés de la vague sanglante des soldats royalistes commandés par Nebisa de Malemort. Et le deuxième point qu'il avait du mal à capter, c'était qu'elle s'énerve autant. S'il avait été rouergat, breton, provençal, aurait-ce été la même ? Et donc, forcément, la question de sa fonction même. Un Héraut Royal Berrichon. Un sacré paradoxe.

Il laissa passer un silence, tandis qu'elle ramassait ses écus. Il se pencha, l'aida à tout ramasser et remit les pièces récoltées dans la cassette. Il prit la peine de s'installer dans le fauteuil et la regarda sans mot dire. Puis, après une profonde inspiration, il s'adressa à elle.


"Bien sûr que je suis Berrichon. Vous devez être la seule de ce Royaume à le savoir."

Ce qui n'était pas loin d'être vrai. Si le blond avait beaucoup voyagé, il s'était toujours identifié comme un enfant du Berry. Il se demanda s'il aurait du apporter un curriculum vitae lors de leur première partie de jambes en l'air.

"Mais je ne savais pas que c'était un critère, chez vous. J'imagine que vos ex-maris qui vous ont lâchement abandonnée devaient du coup être des bretons, des angevins, des impériaux... Sûrement pas des gens très bien, sûrement pas de très bons royalistes. Surtout pas des parias comme moi."

Bon, déjà, ça c'était fait. Car le Berrichon avait de la dignité et de l'honneur, lui. Il lui adressa un léger sourire railleur.

"Quant à ma fonction de Héraut d'Armes Royal ès Généalogie, comme toute personne assez douée pour le passer, je me suis présenté à l'examen d'entrée et je l'ai obtenu. Et avec beaucoup de talent, sans vouloir me vanter. Et puisque je suis Héraut d'Armes Royal, mon allégeance est à la Couronne de France. Mais vous devez savoir cela, vous qui êtes chevaucheuse et donc qui connaissez parfaitement les Loys Héraldiques de ce Royaume."

Il continua de la regarder. Il espéra secrètement qu'elle se trouve elle-même bien idiote d'avoir pu douter de lui sur quoi que ce soit.
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Rosalinde
Et comment aurait-elle pu le savoir ? Elle n'avait jamais été mettre son nez dans les rapports de police, et s'imaginait que Cussy-les-Forges et Paris suffisaient en terme de nombre de résidences au Berrichon-qu'elle-pensait-Normand. Pourquoi Normand d'ailleurs ? D'où avait-elle été sortir ça ? En cette minute précise, elle ne se l'expliquait guère, et à vrai dire cela ressemblait plutôt au cadet de ses soucis. D'autant qu'il n'avait pas tort sur un point : Elle était bien la seule à ne pas le savoir. Aussi, prononcer son nom devant Lexhor et Lynette avait été une grossière erreur, puisqu'elle avait pris cette révélation en pleine face alors qu'elle ne s'y attendait pas.

En parlant de s'en prendre en pleine face, d'ailleurs... Il n'y alla pas de main morte. Et le tacle sur l'ancien mari "royaliste" lui resta en travers de la gorge. Tout comme celui sur le serment du héraut. Parce que oui, bon, elle avait peut-être un peu occulté ce détail. Et cela la rassura un peu. Peut-être même beaucoup. Elle grogna quelques trucs incompréhensibles, avant de relever les yeux vers lui.


- Ce que je dis, c'est que vous auriez du me le dire. Héraut royal ou pas, peut-être que vous avez une certaine... Eh bien... Sensibilité indépendantiste. Et oui, j'étais peut-être la seule personne du royaume à ne pas le savoir, mais ça ne change rien.

Elle ramassa encore quelques pièces, et continua.

- Je déteste les indépendantistes. Surtout qu'ils se servent de ce prétexte pour venir piller les châteaux voisins quand ils s'emmerdent, vu que personne ne fait attention à eux. Et si vous êtes Berrichon, cela veut dire que toute votre famille l'est aussi. Si tout le monde est fidèle à la France... C'est très bien. Mais est-ce que je peux vouloir épouser quelqu'un dont je vais détester la famille, et dont la famille me détestera sûrement pour la raison inverse ?

Elle n'avait jamais été confrontée à ce cas de figure, à vrai dire. Quand tu ne peux pas sentir la belle-famille. Finn n'en avait pas, du tout, et la presque mère adoptive de Nicolas l'avait tellement bien acceptée qu'elle était aujourd'hui sa suzeraine et meilleure amie. Le champ des possibles était donc très restreint.
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