[le 24 au matin, Le Mans]Il fait beau, ça change. La journée commence bien, réveillée par un rayon de soleil, la Gorron s'étire comme la chienne qui dort au pied de son lit. Aujourd'hui il va rentrer, ils vont se voir et la frustration va disparaître, oui, c'est une bonne journée qui commence. Tout d'abord un brin de toilette, puis le choix de la tenue. Important la tenue ! Son choix se porte une robe simple en coton avec un châle en laine parce que quand même, les matinées se font fraîches. Une robe sans trop de chichis ou de froufrous. Une robe, facile à soulever et le cas échéant, facile à déchirer. Ensuite, il faut nourrir la chienne qui piaffe d'impatience, comme chaque matin. Et pour finir le rituel du matin, une seule et unique pâte de fruits. Ce matin, dans la boite en argent serti d'un lapis lazuli et d'ivoire pour former le blason de Gorron, elle en avait choisi une à la figue, c'était de saison. Enfin, la vicomtesse ouvre la porte de la chambre qu'elle occupe dans l'auberge des Lisreux.
Douze jours qu'elle était sortie de retraite et la vie avait prit une tournure inattendue. Elle qui pensait s'ennuyer, elle se retrouvé avec une liste et un amant. Et comme il devait être dans le coin, avant même de s'inquiéter des nouvelles du jour, la brune chercha le jeune homme. A gauche, à droite, dans tout l'étage, aucune trace de lui. Peut être au rez de chaussée. Dans l'escalier, la chienne descend plus vite, la dépasse et la vicomtesse manque de tomber de tout son long.
KESTAL ! BORDEL MAIS FAIS ATTENTION !Pas plus d'Alan en bas que de plume sur un caillou, ça commence à être inquiétant. Dehors peut être ? Passant par la porte de derrière pour éviter le brouhaha qui se fait entendre dans la salle publique, chienne et vicomtesse se retrouvent à l'extérieur. Une seconde, le cervelet bien léger de la mainoise se demande pourquoi il y a autant de bruit de si bon matin et puis, devant le spectacle que lui offre le panorama, l'éclair miraculeux de lucidité se fait.
Et merde. Manquait plus qu'eux.
Étrangement, la panique reste loin. L'état de choc, surement. La brune siffla sa chienne et toutes les deux rebroussèrent chemin pour se retrouver à nouveau dans la chambre, le nécessaire à écriture prêt à l'emploi. Une heure durant, elle ne cessa d'écrire pour essayer de régler certains problèmes administratifs qu'engendrait le poutrage intempestif d'une lance qui revenait tranquillement d'Alençon. Une fois sa tache achevée, elle prit la décision d'aller dans la salle commune de l'auberge et y retrouva Sofy et son fils. Forcément, les discussions ne pouvaient tourner qu'autour des événements récents. Et une idée fut lancée. Enfin au début, la brune et son cervelet rabougrit pensèrent que c'était une idée en l'air, presque une boutade. Mais non, c'était un conseil. Et en y réfléchissant bien, ce n'était pas un si mauvais conseil.
De retour à l'étage et devant son bureau, la Gorron s'attela à l'écriture d'une lettre qui lui vaudrait sans aucune beaucoup d'ennuis. De la part des angevins à ne pas douter qui n'étaient pas là pour faire du tourisme et de la part de la couronne ensuite qui ne supportait pas bien qu'on se passe de sa collaboration. Mais après tout, si ce elle, qui ? Si ce n'est maintenant, quand ? Restait un soucis et pas des moindres. A qui envoyer la missive ? Après plus d'un an d'exil, le nom de la personne à la tête de l'Anjou lui était totalement inconnu et c'était pas le moment de faire une bourde. Faudrait pas en plus de leur certitude, leur donner la preuve du crétinisme congénital des mainois. Et puisque Finam avait écrit, c'est lui qui recevrait la réponse. Comme d'habitude, une servante s'en assurera en lui remettant le pli en mains propres.
De nous, Erraa de la Huchaudière, Vicomtesse de Gorron et de Vibraye
A vous, Finam de Montmorency
Salut,
Je me doute bien que vous n'avez pas forcément envie de lire les mots d'une idiote de mainoise mais j'espère quand même que vous prendrez le temps de lire ceux ci.
Peut être suis je trop optimiste sur votre volonté de croire à mes paroles mais s'il y a une personne en Maine qui ne considère pas les angevins comme des brutes épaisses et des débiles consanguins, c'est bien moi. Pour preuve, j'ai failli épouser l'un des votre il y a quelques années en la personne de Théophraste de Pentihèvre, le fils de Tiss et d'Aurélien. Et si je n'ai pas été jusqu'à l'autel c'est uniquement du fait qu'il a disparu avant.
Et si cela ne vous convainc pas, j'oserais vous rappeler qu'il y a eu un précédent avec Fifounijoli.
Tout cela pour vous dire que j'aimerai vous inviter, vous et toutes autre personne qui sera prête à dialoguer avec moi à discuter autour d'un verre de l'alcool de votre choix afin de trouver une issue pas trop défavorable aux mainois.
Bisou Bien à vous
Elle est restée très calme jusqu'ici. Mais là, faut bien avouer qu'elle est un peu moins.
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