Vera.
- [ Hé Sacristine vous descendez de la Marche]
-Pourquoi faire ?
-Je ne sais pas. Vous descendez.
-Pourquoi faire?
- Pour voir Limoges.
- Vous ne laissez pas mon maréchal prendre congé.
- Ahlalalala La guérétoise descendez!
-Pourquoi faire?
-Je sais pas. Il y a Geoffrey qu'a un nouveau jouet.
- Qui c'est Geoffrey?
- C'est de Festigny ? Quelque chose comme Tourville au final on ne sait pas ce que c'est hinhin. Sacristine vous descendez?
- Pourquoi faire?
- Je ne sais pas. Vous marier?
- Il y a une nouvelle version du livre des Vertus qui passe dans la boîte à troubadour, c'est dessiné par le maître Lahire.Il n'y aura pas de rediffusion, la TNT n'existe pas encore.
-gné? Allez-y descendez là. Vous verrez ça plus tard. A Tulle il y a le vieux Râleur notoire Raspoutine et sa barbichette. On dirait Christos sauf il a pas sa longue chevelure. Même que Griffes ou Geoffrey il a des auréoles plein sous les bras à force d'enchaîner les procès! Hinhin. Venez voir des prophètes véridiques !
- Je ne peux pas descendre de la Marche sans mon maréchal.
- SACRISTINE SI VOUS NE DESCENDEZ PAS JE VAIS VOUS MARIER A VOTRE MARÉCHAL VOUS N'ALLEZ RIEN COMPRENDRE A LA VIE!!!
Un rêve louche dans une auberge vide à Tulle. C'est le fruit de l'imagination éthylique. Chassez donc le naturel, il revient au galop. Il suffit d'être sevré , de carburer pendant six mois à l'eau chaude et de squatter la taverne municipale de cette ville morte en solo. D'une comtesse bourrée qui laisse de la liberté à son imagination. La caboche en mode sécheresse était imbibée et je faisais ce rêve curieux. Où j'étais en bas, plantée devant un escalier et que je ne sais pas pour quelle raison , la Tourville était perchée sur un balcon. De loin on pouvait s'imaginer un Roméo qui chantait sa sérénade à la Juliette. Sauf que de près c'était moi qui causait un jargon plutôt futuriste avec une Cyrianna qui se faisait désirer du haut de son étage.
L'interprétation est plutôt simple j'étais au Limousin et elle était à la Marche. Ce que j'étais en train de faire c'était une tentative d'invitation. A croire que les dernières nouvelles fraîches de Guéret m'avaient inspirées. Tulle la moribonde était en train de jouer avec mes nerfs comme le maire qui jouait à cache cache avec moi. Je m'étais donc rabattue à pioncer en taverne , bercée par Morphée et par des images qui fleurent la science fiction.
Le réveil se fait en sursaut. L'impression d'avoir réellement vécu cet échange avec l'Occitane. L'idée fixe de marier le monde est de retour. Moi qui croyais que la lubie s'était enterrée , elle était à nouveau là. Le seul responsable de cette rechute était le maire de la ville de Tulle. L'Individu avait trouvé le sacré moyen de me sortir de ma tour comtale de Limoges. Je squattais depuis quelques jours l'auberge du Pigeon bourré avec pour seule compagnie une bouteille ou plusieurs. Quelques fantômes du passé qui venaient me rendre visite. Un Léonidas qui semble être bien vivant, un Lanfeust qui me rappelle les doux souvenirs d'une vie animée à Limoges avec l'amie définitivement perdue : Shigella ma Délicieuse.
J'attendais inexorablement la sortie du bourgmestre qui préférait visiblement l'ombre de son bureau que celui des tavernes. Tulle me permettait de renouer avec le mode ermite. La réflexion, l'ivresse et la naissance de nouveaux projets. Le ménage d'été avait été fait et j'avais envie de passer à une nouvelle page. Une page bénite et puisque mon rêve pointait du doigt la Sacristine autant la secouer pour de vrai.
- PIOTR! Mon vélin et mes plus belles plumes , je veux écrire. Qu'on réveille les morts et les vivants, je me sens requinquée là. Je veux PROVOQUER ! Je veux agiter le destin de quelqu'un ou quelques uns. Soyons fous, soyons joueurs.
En règle générale lorsque le blondin me voit dans cet état, il prend quelques mètres de distance. Il m'observe de loin avec un air plutôt perplexe. La main caressant son nez et sa bouche comme pour échapper à une odeur qu'est la mienne. Le parfum de l'ivresse et de la nana qui vient juste de se réveiller. En gros ça ne fleure pas la rose. Je suis assez réceptive à ces moments là, j'agite les mains en l'air.
- Hum avec tout ceci, un verre d'eau chaude avec d'la menthe si possible euh enfin bref quelque chose de frais humpf.
Quelques minutes plus tard, une tasse à la main, de l'autre une plume et devant mes mirettes un parchemin à compléter, avec une vingtaine d'autres parchemins. Les représentants municipaux , ceux de l'église, et puis des caves aussi, ceux de l'armée et les maréchaux, les couronnés et les va-nu-pieds. L'heure était grave il fallait faire descendre la mirabelle de son prunier.
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