Selenic
- Le rendez-vous avait été donné pendant le procès: La blonde n'avait rien trouvé de mieux que d'ennuyer le pauvre accusé qui ne parvenait pas à se défaire d'elle jusqu'à lui faire un sourire de plus enjoué : Viens, rejoins-moi à la fin de ton procès, je te promets que tu ne le regretteras pas. Il était jeune et elle possédait bien une décennie de plus que lui. Et alors? Ce n'était qu'un détail dans la vie. L'important était ce que nous étions dans notre petite tête. Les heures s'étaient écoulées et le procès avait du être clos depuis un bon nombre de temps. Devant une taverne, un peu aux abords de la ville, le Chevalier observait le ciel qui semblait encore assez clément pour la saison. Tranquillement, avec une patience qui lui était propre, elle attendait un peu devant le perron pour voir si l'individu masculin allait répondre à son invitation. Sincèrement, elle n'arrivait pas à diagnostiquer si oui ou non, il allait venir: Une partie d'elle votait pour "oui" alors que l'autre pensait " non".
Finalement, alors que ses mains blanchissaient par le froid, elle passa la porte pour aller s'installer près d'une fenêtre comme à son habitude. Les manières ne se perdaient pas encore moins les habitudes. Commandant un verre, écharpe et gants furent très rapidement ôtés, se gardant emmitouflée quelques minutes encore dans un vêtement chaud avant d'aussi s'en séparer. La taverne était vide, et c'était bien pour ça qu'elle l'avait choisie, cette auberge. Attirant une seconde chaise à elle, elle prit soin d'allonger ses jambes dessus, les tenant croisées. Quitte à être seule, autant bien être mise. Le regard des autres? Elle s'en moquait comme de sa première paire de poulaine. Blondie avait mis un point d'honneur d'être à l'heure, au point d'être un peu en avance. Une sale habitude que c'était. On lui avait toujours appris qu'il fallait savoir faire attendre les hommes et encore plus les jeunes hommes. Cela leur était frustrant lui avait-on dit quand elle n'avait encore que seize années.
Pourtant, là, c'était elle qui tremblait d'une impatience infantile. C'en était même horripilant. Savoir se contrôler était la base de toute chose et de toute action: Maitrise parfaite de soi-même. Sinon comment rendre les autres fous sans le devenir? Pour s'occuper, Sélène sortit un jeu de cartes pour patiemment les étaler en petite colonnes: S'occuper par un petit jeu de solitaire ne lui ferait pas de mal. C'était toujours mieux qu'un bouquin dont elle connaissait les moindres lignes beaucoup mieux que la Bible. Le problème des livres étaient que leurs histoires n'étaient jamais aussi bien que celles de la vraie vie alors quand il fallait le lire en grec ou en latin. Leurs auteurs étaient aussi lourds que les professeurs bretons ou que les bretons tout simplement. Ne le saviez-vous pas? Sel détestait les bretons et, il fallait croire que ce n'était pas près de changer.
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