Afficher le menu
Information and comments (0)
<<   <   1, 2, 3, 4, 5   >   >>

[RP]Une disparition inquiétante...

Rick
Rick était en train de réfléchir à comment écoper l’eau de manière définitive lorsqu’une phrase de Kory le sortit de sa torpeur.

Tu n’as pas perdu l’amour de leur mère ! Sors-toi ça du crâne ! Tant que tu ne l’auras pas retrouvé et qu’elle ne t’aura rien dit en face tu n’as rien perdu ! Avec toi tout est un comble, tu fais l’inverse de ce que tu penses et souhaites, tu as tellement peur de mal faire que tu réfléchis trop… T’es comme moi au final.

Sa sœur avait raison. En fait, c’était ça le truc. Il avait peur de tellement mal faire qu’il cherchait toujours comment bien faire et à trop réfléchir à des tactiques, on étouffe toute spontanéité qui fait son charme. Où était passé le jeune homme qui puisait dans le regard de sa muse, l’encre de ses poèmes ? Il lui suffisait de la regarder pour que la plume cours sur le papier. Il s’en était bien aperçu que depuis quelques temps, il ne lui écrivait plus. Et pourtant, ce n’était ni par flegme ni par manque d’amour, mais plus par peur de ne pas toucher la cible en plein cœur.

Tu as raison, Kory… A vouloir trop bien faire, j’ai perdu ma spontanéité. Et il faut avouer que c’est dommage… Nous sommes pareils, tu as raison.

Rick sourit à sa sœur qui fit une remarque plus que troublante sur leur famille.

Pourquoi un de La Serna se doit-il de souffrir ? Pourquoi est-ce que tous à notre façon on est mauvais ?

Était-ce donc là, leur destin ? Se devait-il de souffrir sans vraiment connaître l’amour ? Si tel était le cas, le venin paternel était beaucoup plus distillé qu’il ne paraissait. En fait, il ne s’agissait pas seulement d’avoir des envies démesurées mais il suffisait aussi de mal faire ce que l’on entreprenait. La clé de la boîte de Pandore était donc désormais entre leurs mains. Leur père avait tout simplement franchi le pas en voulant s’en emparer et la garder pour lui, ne voyant pas que petit à petit, il se laissait manger par cette boîte. Mais grâce à Kory et à lui, leur petit duo avait trouvé le secret et cela allait leur permettre de l’enterrer de manière définitive. Il fallait qu’il le dise à sa sœur. Ainsi, plus jamais cette boîte ne leur ferait du mal.

Ch’tite sœur, mais oui, c’est ça… C’est la clé du coffre…

Rick sourit en voyant sa sœur le regarder de cette manière. Forcément, elle ne pouvait pas comprendre de quel coffre, il parlait, vu qu’il avait eu le raisonnement interne à ses pensées. Et elle au moins, ne lisait pas dans les pensées des autres. Aristote ne lui avait pas encore fait un tel don. Ca se saurait sinon….

Ce que je veux dire, c’est qu’un de la Serna ne souffre pas par héritage ou par hérédité mais plutôt parce qu’il est un chiot tout fou qui ne sait pas comment faire pour se faire aimer par ses nouveaux maîtres. Regarde si je souffre c’est que je veux toujours trop bien faire avec Tia ou pour la mairie de Montbrisson, si j’ai autant souffert de me faire éjecter ainsi, c’est que j’ai voulu trop bien faire pour le village. Je ne me suis jamais aperçu que j’avais dépassé la limite du raisonnable et que j’étais en train de glisser dans une pente quasi impossible à remonter. Mais grâce à toi, je viens de comprendre ce qui nous arrive. La seule solution pour un membre de notre famille, c’est d’être solidaire et de s’entraider. Je crois que nous devrions prévenir toutes les personnes de notre famille.

Rick s’apercevait que leur père avait franchi la fin de la descente, parce que justement avec ses frères et sœurs, il ne se parlait quasiment pas. Les ponts avaient été coupés et la main n’avait pas été tendue. Avec de l’aide de sa famille, Alejandro n’aurait jamais été ce qu’il avait été et l’enfance du jeune homme non plus. Peut-être même qu’il aurait grandit avec Kory. Cela laissait assez rêveur en fait. Mais du coup, sa vie n’aurait pas été la même.

Que crois-tu qu’il se serait passé Kory, si notre père avait eu quelqu’un pour lui tendre la main ?

Après avoir discuté d’un hypothétique passé, sa sœur continua son travail de remontée de son frère.

Tes enfants sont fiers de toi, là n'est pas la question ! Tu es un père formidable ! Garde ça en tête !

Rick remercia sa sœur de l’encourager ainsi. Cela lui faisait un bien fou, même s’il aurait voulu que ce soit Tia qui lui dise cela. Peut-être lui dirait-elle, plus tard… Le jeune homme voulut se lever pour aider Kory à coller les avis de recherche dans tout le village, mais cette dernière lui ordonna de rester ici et lui rappela qu’il ne pouvait pas se jeter aux pieds de son épouse

Se jeter à ses pieds ? Euh vu ton triste état, vaut mieux pas. Je te remercie de vouloir m'aider, tu es trop faible pour porter des affiches ! Tu vas t'effondrer par terre et je devrai encore te soigner ! Tu as besoin de repos, reste ici ! Ecris donc à tes enfants ! Ils seront heureux d'avoir des nouvelles de leur père ! Tes histoires doivent leurs manquer !

Une fois encore, Kory avait raison. Il avait pendant un court instant, oublié qu’il n’avait pas dormi depuis plusieurs jours. Il entamait sa troisième journée avec des nuits presque blanches. Il avait presque oublié son poignet cassé et sa tenue de pirate. En plus, elle lui proposait d’écrire à Georges et aux jumelles. Là encore, elle avait raison. Entre sa retraite inopinée au couvent et leur disparition à son retour, il ne les avait pas vus depuis une dizaine de jours. Un vrai manque… Il se refusait de penser à eux, tant qu’il n’aurait pas retrouvé leur mère car il les savait en sécurité à Cournon. En plus, il avait préparé une histoire à leur raconter, lorsqu’il était au monastère. Une histoire un peu magique, une histoire surnaturelle mais tellement jolie. Il espérait qu’elle leur plairait. Il l’avait presque oublié qu’il l’avait écrite là-bas.

Tu as raison, ch’tite sœur, une nouvelle fois. Je vais donc leur écrire et leur dire que je serais bientôt de retour avec….

Rick hésita un instant, puis se souvenant des paroles de sa sœur, il la regarda droit dans les yeux, lui sourit et dit d’un air totalement convaincu

… avec leur maman.

Kory s’était levée et lui avait tendu parchemins et plume pour qu’il écrive.

Ecris ! J'envoie les affiches !

Rick prit le premier des parchemins et sourit, la plume dans la bouche. Qu’allait-il pouvoir dire à ses enfants ? Il ne regarda pas vraiment ce que faisait sa sœur qui fila porter les affiches un peu partout. Le jeune homme sourit en pensant à ses enfants.

Citation:
Mon grand Georges, mes petites Aliénor et Patience,

J’espère que vous vous amusez bien avec vos cousins et vos cousines et que vous n’ennuyez pas trop Mathilde. Avec votre maman, nous sommes à Montbrisson, pour aider Tante Kory qui vous embrasse très fort. Dans quelques jours, nous serons de retour et nous viendrons vous rechercher pour retourner chez vous.

Vous me manquez mes trois anges et j’ai hâte de vous serrer dans mes bras et vous embrasser et de vous raconter de nouvelles histoires.

Votre Papa


Rick prit la feuille et la plia. Il la confierait tout à l’heure à Kory, au cas où elle ait un autre parchemin à envoyer à Cournon. Il prit un autre parchemin et tenta d’écrire un poème à Tia. Il écrivit trois ou quatre vers, avant de repenser à ce que sa sœur venait de lui dire. Il devait lui le dire, les yeux dans les yeux. Or, s’il commençait à écrire et s’il l’apprenait, il perdrait à nouveau sa spontanéité. Et ça, il ne le voulait pas. Son absence de spontanéité lui valait déjà d’être dans cette situation, donc il ne fallait pas écrire. Il déchira donc le parchemin, au moment même où sa sœur revint. Elle se posa dans un fauteuil et le regarda.

Kory, j’ai écrit un petit mot à mes enfants. Je vais sortir pour envoyer la lettre à Cournon. As-tu d’autres choses à envoyer là-bas, tant que j’y suis ?

Rick sourit à sa sœur, la rassura sur son absence et sur son retour rapide, puis sortit pour envoyer le courrier là-bas. Il en profita pour regarder vers le lac, en se demandant où se trouvait son épouse. Il était absent depuis un certain temps, humant l’air ambiant. Un petit tour pour se détendre dans les rues environnantes, espérant croiser Tia dans les rues, même s’il savait que c’était perdu d’avance. Un peu partout, on pouvait voir l’avis de recherche établi par la maréchaussée. Beths avait vraiment fait les choses comme il faut. Si avec ça, son épouse n’était pas retrouvée, ce serait vraiment un manque de chance.

A son retour, devant la maison de Kory, quelque chose l’intrigua. Il n’avait pas fait attention tout à l’heure, mais un parchemin était affiché sur la porte. Le jeune homme doutait que sa sœur ait affiché un avis de recherche devant sa porte. Quoique d’un autre côté, maintenant que le visage de Montbrisson avait changé, plus personne parmi les nouveaux villageois ne connaissait Kory, ni même Tia ou lui-même. Et pourtant, tous les trois avaient été bourgmestres du village. Si ce n’était pas malheureux cela. En mettant l’avis de recherche sur la porte, cela permettrait sûrement aux éventuels indics de savoir à quel endroit, il pouvait donner les renseignements. Le jeune homme se dit qu’il aurait peut-être dû faire mettre sur l’avis, une récompense pour tout renseignement. Une moue apparue alors sur le visage de l’homme qui se dit que si tel avait été le cas, il y aurait eu des malhonnêtes pour les mettre sur une fausse piste. Et multiplier les fausses pistes ne serait pas une avance. Il s’approcha de la porte et fut étonné de voir que ce n’était pas un avis de recherche. Le pire c’est que sur le devant du parchemin, il y avait son nom à lui.


Citation:
Pour Rick,
De la part d'une Ombre
,

Rick arracha d’une main fébrile le parchemin. Il se demandait qui avait pu mettre cela. Il regarda à droite et à gauche pour savoir si le messager était encore dans le coin. Il commença à lire le parchemin.

Citation:
Il parait que vous avez égaré votre épouse.
Il se pourrait que cela soit moi qui la retienne.
Sur une pelouse.
Peut-être se pourrait-il qu'elle te revienne.

Une demande te seras faite.
L'honorer tu devras le sept.
Une sorte de rançon.
Ne t'en fais pas pour tes colombes et ton garçon.

A merveille ils se portent.
Ce vélin tu as trouvé sur une porte.
Une promesse tu devras faire.
Sinon tu risques de perdre l'affaire.

Plus jamais tu devras.
Surprotéger ta dame.
Ou tu périras.
Car s'éteindra à jamais la flamme.

Ta dame t'aime.
Mais confinée.
Elle perd toute sa clarté.
Alors si tu l’aimes

Seul tu devras venir.
Au lac.
J’espère que t’as la niaque.
Entre tes mains est ton devenir.

Promet lui.
A jamais.

Une Ombre.


Rick n’en crut pas ses yeux. Qui était cette ombre qui avait autant de renseignements sur lui et sur elle ? Qui savait qu’il l’appelait sa Pelouse et ses enfants, ange et colombes ? Il fallait en avoir le cœur net et pour cela, il fallait demander l’avis à Kory, qui après tout, était maréchale d’investigation. Il entra donc dans la petite maison et trouva sa sœur encore dans le fauteuil, somnolente…

Kory ! Regarde ce que je viens de trouver sur ta porte… Lis donc ce parchemin et dis-moi ce que tu en penses…. C’est tout de même hallucinant tous les renseignements qu’il a sur moi… Tu ne trouves pas…

Rick avait les poings qui se fermaient d’une rage non dissimulée. En fait, Tia était retenue contre son gré et ne l’avait donc pas quitté. Il ne s’aperçut même pas qu’il n’avait pas encore tendu le parchemin à sa sœur et qu’il était en train de le froisser.

Qui est-il pour se permettre de faire cela ?
_________________
Tiadriel
[Vraiment désolée pour le retard. Des évènements indépendants de ma volonté.]

[Montbrison, 29 mai 1457]

Elle but tranquillement sa tisane, ça l'aida à ne pas s'endormir sur la table. Elle le regardait coucher les mots sur le parchemin. Elle avait un peu de mal à lire à l'envers. Elle attendit donc sagement qu'il finisse pour pouvoir lire.
Il lui tendit et elle prit le papier, curieuse de voir ce qu'il y était inscrit. C'était vraiment très bien écrit. Elle ne lui connaissait pas ce côté poète. Elle le découvrait un peu plus à chaque rencontre.

Il finit sa tisane avant de l'embrasser et de la laisser. Tiadriel lui promit de se reposer après son départ. Elle rangea la pièce avant de s'allonger sur le lit. Elle était tellement épuisée qu'elle s'endormit à peine ses paupières closes. Un sommeil lourd, sans rêves.

Quand il revint, il lui sembla avoir fermé les yeux seulement quelques minutes auparavant. Les cheveux en bataille, elle les avait lissé prestement sans grand résultat. Ils avaient besoin d'un bon coup de brosse.
Elle le remercia pour le pigeon, contente de savoir que ses enfants auraient bientôt de ses nouvelles. Elle lui rendit grâce pour la nourriture. Elle pouvait tenir un moment avec autant de victuailles.
Ils discutèrent de tout et de rien. Tellement de souvenirs à évoquer. Les bons, comme les moins bons. Il était plus facile d'en rire aujourd'hui qu'autrefois. Il resta un moment avant de s'éclipser de nouveau.

Elle prit un repas rapide avant de retourner se reposer. Elle pensait avoir dormi tout son saoul mais se trompait. La nuit passa rapidement et elle ne se réveilla qu'au petit matin, un ray de lumière lui chatouillant le visage.
Elle mit un petit moment à se rappeler ce qu'elle faisait dans cet environnement inconnu. Elle se leva et s'étira longuement. Elle se sentait bien reposée. Au moins, elle avait écouté et tenu sa promesse.

Elle chauffa l'eau de la veille pour pouvoir faire un brin de toilette. Elle se changea ensuite et se brossa longuement les cheveux. Elle les avait sacrément emmêlés pendant son sommeil. Elle finit par réussir à enlever tous les noeuds et les tressa sur la nuque.
Un petit déjeuner calma son estomac qui criait famine. Elle fit tranquillement la vaisselle, puis s'assit un moment, se demandant comment elle occuperait sa journée. Elle ne voulait penser à rien. Surtout pas à ce qu'elle était en train de faire. Elle opta donc pour un nettoyage de printemps de son logis temporaire, mais tout en restant discrète. Il ne fallait pas que quelqu'un puisse deviner sa présence.

Quand il revint la voir la nuit suivante, tout était propre. Ils passèrent une partie de la nuit à discuter. C'était à se demander s'ils trouveraient le temps de tout se dire. Ils n'étaient jamais à court de discussion. Tout et rien. Du sujet le plus important au plus insignifiant. De vraies pies !

Tiadriel finit par inverser son cycle. Elle dormait le jour et vivait la nuit. Elle trouva le temps de confectionner des habits plus légers pour l'été. Les enfants grandissaient et ne rentreraient bientôt plus dans les leurs.
Ses visites, elle les attendait avec impatience...


[Montbrison, 5 Juin 1457]

La date fatidique approchait à grand pas. Elle était un peu plus anxieuse chaque jour qui passait. Elle ne savait pas vraiment comment finirait cette histoire et ça l'angoissait un chouya.

"Chère amie ! C’est fait !
Le parchemin est sur la porte !
Plus qu’à attendre le sept !
Au bord du lac !"


Merci beaucoup !
Je t'avoue que ça me fait un peu peur, même si j'ai très envie d'y être.


Les traits cependant détendus, elle le laissa l'observer, en faisant autant.

"As-tu bien dormi ?
Cette pause te convient-elle ?
Manques-tu de quelque chose ?"


Oui, j'ai bien dormi, merci. Je me suis bien reposée depuis que je suis là.
Cette pause m'a permis de faire un break, de me poser les bonnes questions.
Une remise à plat de ma vie, de mes souhaits, de ce que j'attends de l'avenir. J'en avais besoin.
J'y vois beaucoup plus clair aujourd'hui ! Et tout ça, grâce à toi. Je crois que je ne pourrai jamais assez te remercier pour tout ce que tu as fait pour moi !
Et non, je ne manque de rien. J'ai vraiment tout ce dont j'ai besoin.
Merci.


Elle lui sourit.

Et toi ? Tu m'as l'air fatigué ! Tu es sûr que tout va bien ?
_________________
--Kory
Korydwen a écrit:
Montbrison, 9 chemin du Bord du Lac

Les yeux fixés sur un frère en train d'écrire une missive, le voir écrire ainsi, c'était magnifique, il redevenait lui, même si la missive semblait courte, il prenait le chemin de Rick le poète, il avait eu un moment d'égarement, sa famille était là cependant pour le remettre dans le droit chemin, c'est à ce moment là que Korydwen songea à Foulke, le parrain de Rick si souffrant, il lui aurait été d'une grande aide si il s'était trouvé ici, il l'aurait aidé à remettre Rick dans le droit chemin. Elle le vit déchirer un parchemin, elle lui sourit et l'écouta briser le silence.

Kory, j’ai écrit un petit mot à mes enfants. Je vais sortir pour envoyer la lettre à Cournon. As-tu d’autres choses à envoyer là-bas, tant que j’y suis ?

Ils seront contents tes enfants Rick, ils n'attendaient que ça ! Et quand tu rentreras tu passeras du temps avec eux...

Il lui proposa d'envoyer quelque chose à Cournon, elle n'en avait pas besoin, des missives étaient partis un peu plus tôt et ses enfants avaient été prévenu du petit problème qui retenait leur mère, ils devaient s'amuser avec leurs cousins et Matthis devait certainement recruter Georges pour sa future armée... Korydwen sourit et laissa son frère faire. Il n'y avait plus grand chose qu'elle pouvait faire de toute façon à part attendre. Rick semblait aller mieux, c'était ce qui comptait, elle se demandait tout de même comment tout cela se terminerait...

Sauf qu'il mettait du temps, bien trop de temps... Ce n'était pas normal du tout qu'il en prenne autant, qu'est-ce qu'il avait pu trouvé au passage, une muse, il avait peut-être retrouvé sa muse, ou alors il avait fait une bêtise. La deuxième hypothèse était sans doute fausse, il était bien, il ne serait pas retourné à la falaise tout de même. Il finit par revenir un parchemin dans les mains, elle releva la tête et le fixa avec ses yeux de merlan fris.


Kory ! Regarde ce que je viens de trouver sur ta porte… Lis donc ce parchemin et dis-moi ce que tu en penses…. C’est tout de même hallucinant tous les renseignements qu’il a sur moi… Tu ne trouves pas…

Elle le regardait s'agiter, pas qu'elle s'en fichait mais à ce stade de fatigue, elle avait du mal à capté et partait plus facilement dans des rêveries. Elle s'attendait à ce qu'il lui tende le parchemin, mais il le tenait toujours dans sa main.

Euh oui... si tu le dis... Mais si tu me...

Pas le temps de finir sa phrase qu'il enchaînait à nouveau...

Qui est-il pour se permettre de faire cela ?

Elle le fixa alors qu'il froissait le parchemin, il allait devenir illisible si il continuait.

C'est l'pape !

Non bon trêve de plaisanterie, si tu me donnais le parchemin ça serait plus simple pour moi. Je peux lire sur les lèvres, je peux lire des mots écrit à l'envers, mais je ne sais pas encore lire à travers un parchemin.


Le voyant pas décidé à lui donner le parchemin, elle l'attrapa et le défroissa sur ses genoux en le repassant avec ses mains. Puis elle le lu. Fronçant les sourcils par endroit, elle connaissait cette écriture...

Hum, tu veux savoir qui c'est ? A mon avis le plus grand ou la plus grande confidente de Tia... Sauf que je ne sais pas qui c'est. Par contre vu la forme, lui ou elle aussi veut certainement que tu fasses renaître le poète en toi. Les rimes sont un peu maladroite, la personne ne doit pas être franchement bien douée pour ça... Pour moi il n'y a rien d'hallucinant. Tiadriel ne semble pas en danger à lire ce parchemin, d'autant plus si elle peut écrire à vos enfants... Donc je pense sur un coup monter d'un ou d'une ami(e) à Tia qui l'a vu souffrir et lui à proposer ça.

Korydwen le regardait en souriant, elle n'était pas certaine de son raisonnement, mais elle se doutait que finalement, ce n'était pas si grave que cela, surtout que des méchants à Montbrisson il n'y en avait pas.

Il faut que tu ailles au lac le 7 mais tout seul, sans moi, pour prouver à cette personne que tu es un homme et un vrai.

Korydwen lui sourit, il fallait donc maintenant attendre le 7...
--Lombre.


[Montbrison, le 5 Juin]

Debout, les mains sur le dossier de la chaise, l’ombre attendait des réponses à ses questions.
La journée avait été longue, très longue, la nuit promettait de l’être, le plus difficile étant de quitter le lieu où l’ombre séjournait sans éveiller l’attention des occupants.
Un jeu d’enfant pour certain !
Un jeu épuisant pour l’ombre !
Ne pas se trahir était le maître mot, mais l’étau se resserrait étroitement.
Comment réagirait le Rick, le 7 juillet au lac.
L’ombre savait bien ce qu’elle risquait, mais pas peur.


Merci beaucoup !
Je t'avoue que ça me fait un peu peur, même si j'ai très envie d'y être.


- « Moi aussi j’ai peur. Seul Dieu sait comment ton époux va réagir en me voyant.
Qui nous dit qu’il va pas me découper sur place ?
Ah mais nan, l’est curé ton époux, ‘fin l’est diacre nan ?
Il peut pas se battre, j’suis sauvée alors ! »


L’ombre relâcha un court instant le dos de la chaise pour se frotter les mains, comment avait-elle pu oublier ce détail, qui pourrait paraître si insignifiant et pourtant…
Allait-il se battre avec un truc de diacre, ou p’tre bein l’envoyer à confesse.
Quoi qu'il en soit, l’ombre n’avait envie que d’une seule chose, arriver à la fin et surtout pouvoir dormir.


Reposant ses mains sur le dossier de la chaise, nerveuse.

Oui, j'ai bien dormi, merci. Je me suis bien reposée depuis que je suis là.
Cette pause m'a permis de faire un break, de me poser les bonnes questions.
Une remise à plat de ma vie, de mes souhaits, de ce que j'attends de l'avenir. J'en avais besoin.
J'y vois beaucoup plus clair aujourd'hui ! Et tout ça, grâce à toi. Je crois que je ne pourrai jamais assez te remercier pour tout ce que tu as fait pour moi !
Et non, je ne manque de rien. J'ai vraiment tout ce dont j'ai besoin.
Merci.


- « J’en suis heureuse pour toi, en espérant que cela soit de même pour ton époux.
Sinon je me chargerai personnellement de venir lui botter le popotin avec mes grosses bottes de cuir ! »


L’ombre se détendait doucement, ce n’était pas évident quand on la connaissait bien…

Et toi ? Tu m'as l'air fatigué ! Tu es sûr que tout va bien ?

-« Moi ? » Dit l’Ombre en lâchant le dossier de la chaise et en s’asseyant, par fatigue et puis elle n’avait pas Tiadnappé Tia.

-« Fatiguée ?
Non !
Bien sur que non !
Je suis en pleine forme !
On ne peut pas être plus en forme ! »


Voyant que la crédibilité lui manquait cruellement, l’ombre ne put qu’abdiquer.

« J’avoue…
Je suis à bout !
Je ne pensais sérieusement pas que cela serait si difficile.
Quand on en avait parlé c’était si… Drôle ?
Mais là, ça ne l’est plus du tout.
Je ne dors plus…
Je suis pris entre deux feux.
Je mène deux vies.
Une le jour, une la nuit.
Constamment faire attention…
Alors si ton époux ne fait pas d’effort, j’irai l’égorger de mes propres mains… »


L’ombre arborait un mauvais sourire, les traits tirés par une fatigue, de plus en plus visible.
Qu’elle cachait la journée comme travail de nuit.
Elle avait du mal.
Les jours se profilaient toujours pareil, tirailler entre deux.
Elle rendait visite à Tiadriel et discutait de tout et de rien, lui racontant beaucoup de choses...


[Le 7 Juin 1457]

Le jour J était arrivé, l’ombre alla chercher Tiadriel.

- « Chère amie, il est l’heure ! »

L’ombre attendait Tiadriel avant de l’emmener au lac, pour voir si l’époux serait de la partie ou non.
Rick
Montbrison, 9 chemin du Bord du Lac - 5 juin 1457

Rick était toujours en train de s’agiter avec son parchemin, sans vraiment le tendre à Kory. Il ne lui laissait pas en placer une jusqu’à ce qu’elle réponde à sa question sur qui était l’ombre.

C'est l'pape !

Le jeune diacre la regarda bizarrement oubliant de lui donner le parchemin. Était-elle sérieuse ? Pendant un quart de seconde, il se demanda ce que viendrait faire sa Sainteté Eugene à Montbrisson et surtout pourquoi il aurait pu faire enlever l’épouse d’un diacre chapelain. Il s’apprêta à parler lorsqu’elle le devança, lui coupant la parole, et inversant les rôles.

Non bon trêve de plaisanterie, si tu me donnais le parchemin ça serait plus simple pour moi. Je peux lire sur les lèvres, je peux lire des mots écrit à l'envers, mais je ne sais pas encore lire à travers un parchemin.

Rick avait du mal à comprendre ce que sa sœur lui disait, encore choqué par la plaisanterie sur l’ombre, qu’il n’avait pas encore fait le geste envers elle pour lui tendre le parchemin. Plus prompte que lui, elle lui arracha des mains et se mit à le défroisser sur ses genoux. Il la vit froncer des sourcils. Il la regardait faire, se demandant ce que l’œil aguerri de la maréchale de Montbrisson trouverait comme indice. Il était nerveux, se demandant si elle avait une piste avec ce début d’erreur de la part du Tiadnappeur. Et enfin, elle prit la parole

Hum, tu veux savoir qui c'est ? A mon avis le plus grand ou la plus grande confidente de Tia... Sauf que je ne sais pas qui c'est. Par contre vu la forme, lui ou elle aussi veut certainement que tu fasses renaître le poète en toi. Les rimes sont un peu maladroites, la personne ne doit pas être franchement bien douée pour ça... Pour moi il n'y a rien d'hallucinant. Tiadriel ne semble pas en danger à lire ce parchemin, d'autant plus si elle peut écrire à vos enfants... Donc je pense sur un coup monter d'un ou d'une ami(e) à Tia qui l'a vu souffrir et lui à proposer ça.

Rick était étonné d’entendre à nouveau ses mots dans la bouche de Kory. Quelqu’un qui avait vu souffrir Tia. Certes, il avait rendu malheureux son épouse mais de là à utiliser le mot souffrir, c’était un peu beaucoup quand même. Mais ce n’est pas cela qui fit le plus réagir le jeune homme. C’était plutôt le fait que Tia avait un ou une confidente, à qui elle racontait tout. Il avait beau chercher, il ne voyait pas qui cela pouvait-il être. Azdrine, son grand maître à l’ordre du Saint Esprit ? Non cela ne pouvait pas être cela, car il le savait en voyage ou à Montpensier. Cela l’étonnerait qu’il soit venu jusqu’à Montbrisson pour enlever Tia, alors qu’il avait la possibilité de le faire sur place. Rick regarda sa sœur, tout en se demandant si ce n’était pas elle, tout compte fait, la confidente de Tia. Il secoua la tête et commença à faire les cent pas. Certes Kory n’avait pas attrapé la fibre poétique de leur mère, mais tout de même. Elle avait vraiment pris peur à chaque fois et avait vraiment fait les recherches pour retrouver Tia. Donc suspect à enlever à nouveau. Le jeune homme se mit à sourire à ce moment-là, en se disant que si toutes les enquêtes étaient ainsi, cela pouvait être amusant la maréchaussée. Et pour la première fois, depuis qu’il avait parlé avec Beths, il voyait un côté amusant à la chose. Et pourtant Aristote seul sait à quel point, il pouvait avoir du mal avec ce grand organisme qui lui volait le peu de temps de son épouse. Il se retourna vers sa sœur et lui dit.

As-tu une idée sur le mystérieux individu ? En travaillant à la maréchaussée, peut-être que tu as vu cette écriture ou peut-être a-t-il laissé un indice que je ne vois pas.

Il avait du mal à savoir ce qu’il devait faire maintenant. Attendre n’était pas sa spécialité, Kory le savait bien. Mais pourtant, elle lui conseilla de se montrer Patient et d’attendre jusqu’à la date fatidique du 7.

Il faut que tu ailles au lac le 7 mais tout seul, sans moi, pour prouver à cette personne que tu es un homme et un vrai.

Attendre !!! Lui montrer que je suis un homme ? Un vrai ? Tu veux dire qu’il faut que je lui lance un gant et que je me batte en duel contre lui, pour l’honneur de ma dame ?

Rick se mit à réfléchir. Certes, il avait été forgeron et en tant que tel, il savait manier une épée. Mais de là, à savoir se battre en duel, il n’était pas sûr. D’ailleurs, si l’ami ou confident de son épouse était un maître d’armes, le jeune homme pourrait passer de vie à trépas. Est-ce que Tia et Kory se rendaient compte qu’il n’était pas prêt à se battre en duel ? Il se tourna vers sa sœur.

Kory, par contre, il me faut bien un témoin pour un duel à l’épée non ? Et si j’y vais seul, qui aurais-je comme témoin ?

Sur le coup, le jeune homme avait plus dans l’esprit le mot duel, qu’il ne pensait plus à qui se trouvait face à lui et surtout qu’elle était la quête du combat. S’il avait eu les idées claires et limpides, il se serait rendu compte que la belle Tia ne laisserait pas embrocher son mari sous ses yeux, sans rien faire. Peut-être pas pour lui-même mais au moins vis-à-vis de leurs enfants. A ce moment-là, il oublia même qu’il était diacre et que de ce simple fait, il n’avait pas le droit de porter une arme et surtout blesser un autre homme.

Peut-être que je devrais lui proposer un duel poétique, non ?

Rick sourit à sa sœur. Comme elle, il avait remarqué que l’ombre avait quelques difficultés pour les rimes, même si elle avait fait de jolies tournures de phrases. Tia était une grande amatrice de poèmes et de vers et il ne serait pas difficile pour lui, de reprendre sa plume et de faire renaître le poète en lui, contre une ombre moins entraînée que lui, à ce genre de joutes littéraires. Son épouse ne pourrait qu’apprécier ce genre de tournoi pour ses jolis yeux. Le jeune homme était à la fois excité et anxieux par l’approche du rendez-vous. Il savait que tout se jouerait dans un jour et demi. Que de ce rendez-vous dépendrait son mariage et surtout la continuité de son bonheur. Il était prêt à faire de grands efforts dans ce sens. Mais d’un autre côté, il se posait de nombreuses questions sur cette ombre mystérieuse qui connaissait tant de choses sur eux. Qui pouvait-elle être ? L’épiait-elle en ce moment même à Montbrisson pour faire un rapport à Tia ? Ou était-elle l’amant de son épouse ? Une nouvelle fois, le jeune homme secoua la tête. Il ne pouvait s’imaginer, Tia, qui était la droiture même, en train de tromper son mari avec la première ombre venue, dès la première ombre sur leur mariage. Rien que de penser à cela, le jeune homme venait de comprendre l’origine du mystérieux individu. Une ombre planait sur leur mariage tout comme cet individu avait un œil sur Tia, depuis… Il s’arrêta dans sa réflexion, se demandant d’ailleurs depuis quand, cela durait ce manège. Que de questions se bousculaient dans sa tête. Il avait beau essayer de réfléchir mais le sommeil se faisait ressentir cruellement. Depuis combien de temps n’avait-il pas passé une bonne nuit ? Et Kory depuis combien de temps ? Il fallait remédier à cela et très rapidement. Il se retourna donc vers sa sœur et lui dit.

Kory, j’ai réfléchit et je pense que je dois me présenter sous mon meilleur jour devant Tia. Je vais donc récupérer tout le sommeil qui me manque et tu vas faire de même. Puis, je ferais une grande toilette dans le lac et je réparerais mes braies de manière à ce que l’accroc que tu as été obligé de faire, ne se voie pas trop.

Rick se mit à gratter un peu son poignet, car la douleur commençait à le lancer un peu.

Tu crois qu’il faut que je garde cela pour la rencontre ? Ne dois-je pas plutôt mettre mon bras en écharpe ?
_________________
--Kory
Korydwen a écrit:
Montbrison, 9 chemin du Bord du Lac

Que cette situation devenait pénible, que cette histoire devenait pénible, qu'elle en avait marre, la prochaine fois peut-être réfléchirait-elle un peu plus avant d'entreprendre quelque chose. Elle regardait son frère et plus elle l'écoutait plus elle avait envie de se taper la tête contre l'mur. Comment il avait pu en arriver là, elle se laissa tomber dans le fauteuil, le visage entre ses mains, il y avait eu des moments difficiles avec son époux, mais jamais de la sorte. Chacun est différent... Mais tout de même.

As-tu une idée sur le mystérieux individu ? En travaillant à la maréchaussée, peut-être que tu as vu cette écriture ou peut-être a-t-il laissé un indice que je ne vois pas.

Est-ce réellement important de le savoir ? Tiadriel n'est pas en danger, quelqu'un en danger aurait-il eu la possibilité d'écrire une missive... Sans marque de pression dessus ?

Elle connaissait cette écriture, elle savait peut-être mieux que quiconque qui se cachait derrière cette mystérieuse ombre, certainement pour ça qu'elle n'était pas aussi énervée que son frère... Mais elle ne dirait rien, laissant à cette ombre la possibilité de se dévoiler. Elle ne se doutait pas à ce moment là qu'elle aurait des problèmes d'enlèvements en Poitou, cela ferait parti du charme de son voyage de le découvrir.

Mais elle n'était pas au bout de ses peines, ainsi les hommes étaient des êtres légèrement stupides sur les bords, pourquoi à chaque fois que l'on demandait à un homme de montrer qu'il était un homme, il voulait se conduire en sauvage et taper tout ce qui pouvait bouger.

Attendre !!! Lui montrer que je suis un homme ? Un vrai ? Tu veux dire qu’il faut que je lui lance un gant et que je me batte en duel contre lui, pour l’honneur de ma dame ?

Et voilà... T'es bien un homme, finalement tu n'as plus rien à prouver, encore un qui pense à se battre. Vous n'savez faire que ça vous battre ? Un duel... D'abord tu ne peux pas, d'une part t'es diacre ! Et d'autre part t'es pas noble ! Donc oublie...

Elle regardait son frère, il fallait qu'il comprenne... Espérons que cette histoire lui serve de leçon, mais était-ce gagner ? Elle verrait bien, mais elle avait fait tout ce qu'elle pouvait pour l'aider au maximum et ne recommencerait certainement pas de sitôt, bien trop fatigant, il fallait le surveiller, il était pire qu'un enfant par moment, mais elle aussi avait fait des bêtises. Elle se tenait toujours le visage en réfléchissant. Il avait continué, mais il devait y aller seul, tout seul comme un grand.

Un duel... Un duel... Une bagarre... Ne crois-tu pas que tu risques plus de faire peur à ton épouse qu'autre chose ? Il est vrai que finalement voir l'homme que l'on aime se battre pour nous peut-être agréable mais...

Oui, il y avait un "mais" et ce "mais" Kory ne l'aimait pas du tout, elle savait très bien comment pouvait finir un combat à l'épée, après tout, n'avait elle pas avec l'aide de médicastre cautérisé le ventre de son époux ? Elle ne se voyait pas faire de même avec Rick, surtout que son ventre avait déjà été attaqué par un taureau.

Hum je doute de tes capacités à manier une épée et avec ton poignet cassé... Et ton ventre déjà assez endommagé...

Comprendrait-il ? Elle ne tenait pas à enterrer son frère maintenant, il était bien trop jeune et Tiadriel ne pouvait se retrouver seule pour élever trois mouflets.

Peut-être que je devrais lui proposer un duel poétique, non ?

Peut-être devrais-tu arrêter de trop réfléchir et voir le moment venu.

Elle se leva pour se servir un grand verre d'eau fraîche qu'elle but d'une traite.

Tu sais... La spontanéité et l'improvisation... C'est peut-être mieux.

Elle en avait marre de polémiquer avec son frère, ce n'était pas en préparant des choses à l'avance qu'il passerait pour quelqu'un de naturel et ce n'est pas de cette façon qu'il récupérerait son épouse. L'ombre faisait bien les choses, Korydwen le savait fort bien... A nouveau dans le fauteuil, ses doigts rebondissant sur les accoudoirs, elle commençait à perdre patience... Et la patience elle en avait, sauf quand on en abusait un peu beaucoup.

Kory, j’ai réfléchit et je pense que je dois me présenter sous mon meilleur jour devant Tia. Je vais donc récupérer tout le sommeil qui me manque et tu vas faire de même. Puis, je ferais une grande toilette dans le lac et je réparerais mes braies de manière à ce que l’accroc que tu as été obligé de faire, ne se voie pas trop.

Et je fais ce que je veux... Je suis adulte tu sais. Tu peux prendre une paire de braies à Al...

Il ne le verrait pas de toute façon Al, elle avait encore beaucoup de chose à faire et ne voulait pas perdre plus de temps, le reste des choses qu'elle ne pouvait pas faire parce qu'elle était occupée à chercher Tia, alors que finalement, elle n'avait peut-être pas besoin de réellement la chercher. Mais bon, des fois, elle était beaucoup trop gentille, des fois, elle aidait bien trop volontairement. Et puis cette fois, elle ne se doutait pas et était bien à des années lumières que son frère la remercierait grandement, en lui faisant remarquer qu'elle allait grossir, parce qu'elle était noble et qu'elle ne pouvait donc pas travailler... M'enfin ça il aurait des problèmes en temps voulu.

Tu crois qu’il faut que je garde cela pour la rencontre ? Ne dois-je pas plutôt mettre mon bras en écharpe ?

C'est toi le médecin pas moi. Apprends à savoir ce que tu veux réellement au lieu de toujours t'appuyer sur un avis extérieur.

Elle lui sourit, et attrapa son livre, cherchant la page pour trouver comment faire un plâtre, cela semblait nécessaire pour son pauvre poignet, elle venait de trouver.

Reste encore un peu, je dois hum te faire un truc.

Elle posa le livre à la bonne page, fouilla dans son armoire pour en sortir un grand morceau de tissu qu'elle posa sur la table, bien à plat, elle se dirigea ensuite vers son stock de plante et en sortit un pot de Consoude, elle commença à faire une pâte avec et l'étala sur le linge propre, elle retira ensuite ce qu'elle avait mis sur le poignet de son frère et le remplaça par le linge.

Evite de trop bouger ton poignet, ça devrait se solidifier dans la nuit...

Elle le laissa monter dans la chambre des enfants, bein ouais y a que deux chambres à Montbrisson, la sienne et celle des droits mouflets. Elle resta un moment à réfléchir avant de monter se coucher ou pas. Elle se réveilla de bonne heure, à vrai dire, elle n'avait pas trop dormi une fois de plus, elle angoissait. Mais elle avait beaucoup de travail accumulé, c'est pourquoi, elle partit de bon matin, le laissant tout seul.

/SPAN>
Citation:
Je suis partie travailler, j'ai vraiment vraiment trop de dossiers en retard.
Kory.


Un petit mot rapidement et la voilà partie.


Rick
Montbrisson, 9 chemin du bord du Lac

Rick était maintenant couché sur le lit dans la chambre des enfants. Et avant de s’endormir, il se remémora les derniers événements de la soirée. Une fois encore, sa sœur lui avait ouvert les yeux. Il n’était pas noble et il était diacre, soit deux raisons suffisantes pour ne pas se battre en duel. D’ailleurs, Kory ne semblait pas confiante en ses talents de duelliste. Pourtant, elle aurait dû se souvenir, que lorsqu’il était en colère, il pouvait faire des choses extraordinaires. N’avait-il pas réussi à tuer cette ourse qui l’avait privé de sa nourrice ? Il serait sûrement capable de tuer cette ombre si Tia était en danger. Il en serait capable si Aristote n’était pas au-dessus de lui, à le regarder. Et d’ailleurs, à bien y penser, c’était la seule chose sur laquelle il ne pourrait transgresser. Autant, il pourrait se passer du fait qu’il soit simple gueux, à risquer la prison, autant il ne pourrait transgresser les fondements du Livre des Vertus.

Le jeune homme se frotta légèrement le dessus du poignet. Le plâtre que Kory venait de lui faire, commencer à le gratter. Il savait, en tant que médicastre, qu’il ne devait pas le toucher. Aussi, avant que le sommeil ne le gagne vraiment, il préféra à nouveau repenser à ce que venait de lui dire sa sœur. Elle lui avait dit qu’il fallait qu’il arrête de penser à ce rendez-vous, mais ce conseil avisé était plus facile à donner qu’à faire. Comment réagirait la baronne si c’est Al qui était aux mains d’une Ombre ? Peut-être pire que lui, car elle était capable du meilleur comme du moins bon, pour celui qu’elle aimait. Ne l’avait-il pas vu lors du voyage pour récupérer Loup ? Il sourit en repensant à cela. Au final, elle avait raison, il n’était vraiment pas différent l’un de l’autre. Mais à y repenser, il fallait avouer que le meilleur conseil de Kory était celui d’improviser et de rester naturel. N’était-il pas ainsi avant leur mariage surprenant Tia, au gré de son inspiration ? En fait, il suffirait d’attendre de voir à quoi ressemblait cette Ombre, pour voir comment réagir avec Tia et comment faire comprendre à son épouse qu’il pouvait changer, juste par amour pour lui. Si la jeune femme n’était pas prisonnière de cette personne, il serait peut-être plus difficile de la faire revenir. Car elle pouvait être têtue quand elle avait quelque chose dans la tête, mais c’est aussi pour cela qu’il l’aimait. Il savait que demain, il faudrait qu’il laisse parler son cœur et si Tia avait encore des sentiments pour lui, alors seul leur cœur serait les avocats de leur mariage. Le jeune homme étouffa un bâillement en se demandant si Kory pourrait enfin se reposer. Il l’avait mis à rude tension, pendant ses quelques jours.

La nuit du jeune homme fut plutôt agitée. Il avait beau ne pas vouloir penser à ce qui allait se dérouler au lac, mais il faut dire qu’il est difficile de faire le vide dans son esprit. Parfois, il voyait une Ombre kidnapper Tia et éclater d’un rire sadique. Il voyait aussi son épouse partir en lui disant qu’il ne reverrait pas leurs enfants et que c’était bien fait. Rick bougeait énormément dans son sommeil, des perles de sueur se formaient sur son front, pendant qu’il secouait la tête à droite et à gauche. Le jeune homme se leva en criant un Non très fort. Puis assis sur le lit, il mit sa main sur son visage et soupira. Il se leva pour regarder par la fenêtre. La nuit était pleine et de là, où il était, il pouvait voir la Lune, en forme de croissant. Il restait de nombreuses heures avant le rendez-vous. Il marcha de long en large, en regardant vers le ciel. Puis, il se dit qu’une petite prière pour Aristote ne serait pas mal venue. Aussi se mit-il à genoux devant le lit et pria pour que tout se déroule le mieux du monde, le lendemain. Après sa séance de prière, le jeune homme se recoucha et le sommeil le regagna rapidement. Le reste de la nuit fut sans rêves et réparatrice.

Le lendemain matin, le jeune homme se leva de bonne heure et commença à faire sa toilette. Un rasage de très près pour ne pas montrer un visage fatigué et sali à son épouse. Puis, regardant ses braies et se souvenant que sa sœur lui avait proposé une paire de son beau-frère, il se demanda ce qu’il devait faire. Il avait promis de faire des efforts avec Tia, mais il ne pouvait pas cacher à son épouse que sa disparition l’avait énormément inquiété et qu’il y avait eu des conséquences sur cela. Il ne pourrait enlever le plâtre durci, fait par sa sœur, aussi se décida-t-il à garder ses braies, aux jambes raccourcies par lui-même. Elles arrivaient maintenant juste au dessus des genoux. Le jeune homme descendit doucement pour ne pas réveiller Kory et fut assez surpris de trouver un mot de sa part. Elle était déjà partie. Avait-elle dormi au moins ? Le jeune homme soupira et ferma la porte de la maison de sa sœur. Il devait maintenant se rendre en direction du lac, où son avenir allait se jouer.


Le Lac de Montbrisson

L’avantage de la maison de Kory, c’est qu’elle se trouvait à côté du lac de Montbrisson. Du coup, le voyage du jeune homme se trouva fort court. Il se demanda de quel côté, Tia et son ravisseur arriveraient. Viendraient-ils en barque, du côté de l’ancienne maison de Tante Emeline ? Ou plutôt à pied ? Le jeune homme se décida à s’allonger sur l’herbe bordant le lac et une herbe dans la bouche, il se mit à regarder les nuages. Son poignet cassé sur son torse, l’autre bras derrière la tête, il se mit à admirer le ballet blanc dans le ciel bleu.
_________________
Tiadriel
[Montbrison, 5 Juin 1457]

- « Moi aussi j’ai peur. Seul Dieu sait comment ton époux va réagir en me voyant.
Qui nous dit qu’il va pas me découper sur place ?
Ah mais nan, l’est curé ton époux, ‘fin l’est diacre nan ?
Il peut pas se battre, j’suis sauvée alors ! »


Même si leurs angoisses respectives ne se situaient pas sur un niveau identique, cela rassura un peu Tiadriel de le savoir inquiet. A cet instant, ils n'en menaient pas très larges tous les deux... Mais, il était vrai qu'en tant que diacre, Rick ne lèverait pas les armes contre lui et c'était plutôt rassurant.
Tiadriel sourit en le voyant se frotter les mains. Mais il restait nerveux. Et ça, elle le comprenait amplement.


- « J’en suis heureuse pour toi, en espérant que cela soit de même pour ton époux.
Sinon je me chargerai personnellement de venir lui botter le popotin avec mes grosses bottes de cuir ! »


Elle jeta un oeil sur les bottes en question, avant d'éclater de rire, imaginant sans difficulté la scène. Cela lui fit du bien, l'atmosphère en sembla moins électrique.

-« Fatiguée ?
Non !
Bien sur que non !
Je suis en pleine forme !
On ne peut pas être plus en forme ! »


Oui ! A d'autres ! Il n'était pas très convainquant sur ce coup-là. Et puis, elle n'avait qu'à regarder sa tête. Une sale tête de quelqu'un qui manque de repos, de quelqu'un de surmené. Et tout ça, en partie par sa faute à elle... Elle n'eut pas besoin d'insister pour qu'il se décide enfin à lui dire la vérité et quelle vérité !

« J’avoue…
Je suis à bout !
Je ne pensais sérieusement pas que cela serait si difficile.
Quand on en avait parlé c’était si… Drôle ?
Mais là, ça ne l’est plus du tout.
Je ne dors plus…
Je suis pris entre deux feux.
Je mène deux vies.
Une le jour, une la nuit.
Constamment faire attention…
Alors si ton époux ne fait pas d’effort, j’irai l’égorger de mes propres mains… »


Oui... Drôle... Je suis vraiment désolée de t'avoir imposé une épreuve pareille. Une attention permanente a du mettre tes nerfs à rude épreuve...
Pardon !


Elle fit une petite pause avant d'ajouter...

Mais d'après ce que tu m'as dit, je ne pense pas que tu auras besoin de l'égorger. Et puis, je ne voudrais pas que tu ailles te salir les mains pour moi !
Je suis sûre qu'il ne nous décevra ni l'un, ni l'autre.


Elle le serra fort dans ses bras avant de le relâcher. Sa façon à elle de le remercier pour tout ce qu'il avait fait, pour tout ce qu'il faisait pour elle, pour eux.

[Montbrison, 7 Juin 1457]

Le grand jour était arrivé. Elle s'était levée de bonne heure, ou plutôt n'avait pas réussi à fermer l'oeil. Du moins, c'est ce qu'elle croyait. Elle avait fait quelques micro-sommeils toute la nuit. Cependant, elle ne se sentit pas fatiguée pour autant.
Elle avait fait une toilette minutieuse avant de s'habiller et de discipliner sa longue chevelure. Elle ne voulait pas laisser de détails au hasard. Après tout, elle n'avait pas été retenue ici contre son gré, nul besoin de le faire croire pas une tenue crasseuse et des cheveux en bataille.
Elle avait ensuite attendu, patientant plus ou moins, faisant les cent pas pour tenter de se calmer un peu. Nerveuse, la boule au ventre. D'ailleurs la nourriture n'avait pas voulu passer et elle avait rendu les armes.

Quand elle entendit discrètement frapper à la porte, elle se précipita et lui ouvrit. Elle lui sourit timidement.


- « Chère amie, il est l’heure ! »

Elle déglutit doucement.

Je suis prête, nous pouvons y aller !

Elle referma la porte derrière eux, regardant une dernière fois cette maison qui l'avait accueillie pendant ces quelques jours. Puis, elle lui emboîta le pas et ils se dirigèrent ensemble vers le lac.
_________________
--Lombre.


[Montbrison, le 7 Juin]

L'ombre laissa Tiadriel se préparer. L'époux se serait certainement tout aussi bien préparé.
Si ce n'était pas le cas, si l'ombre avait fait tout cela pour rien, elle lui hurlerait dans les oreilles.
Il était temps, Tiadriel était prête, l'ombre sourit, la porte se ferma derrière eux.
Elles discutèrent doucement de tout et de rien, imaginant les réactions que pourrait avoir l'époux.
L'air frais du lac en ce printemps plutôt ensolleilé, cela promettait un bel été.
L'ombre avançait doucement, cachée sous sa capuche, les premiers pêcheurs se rendaient au lac.
Elle se demandait si l'époux serait là. Elle aurait du mieux espionner pour savoir où il se dirigerait.
L'ombre marcha un petit moment dans l'herbe haute et recouverte de fine goutte de rosée.
L'ombre entrainait Tiadriel autour du lac, cherchant la personne avec qui elle avait rendez-vous.

Elle trébucha sur quelque chose au sol.


-"Aaaaaaah ! Fichue racine !"

Mais ce n'était pas dur comme une racine, c'était plutôt moelleux.
Etrange sensation, remettant sa capuche en place, espérant ne pas avoir été démasquée.
Elle se releva, passa ses mains sur sa tenue et regarda au sol, tournant la tête.
Un homme était là, allongé un bout d'herbe dans la bouche.


-"Euh pardon m'sire !"

Elle avait camouflé sa voix, elle avait bien remarqué que c'était l'époux.

-"Je suis bien tombée, j'ai l'impression.
Vous êtes l'homme que je cherche.
Vous êtes l'époux, de la dame que j'ai sauvé."


Et l'ombre de le regarder d'en haut, bientôt elle ferait tomber sa capuche et la surprise risquait d'être de taille.

-"Avez vous deviné qui je suis ?"

Qu'il était difficile de cacher sa voix, sans trop se faire remarquer.
L'ombre porta ses mains à sa capuche, l'empoigna avec vigueur.


-"Vous risquez d'être bien surpris.
Peut-être m'avez-vous pris pour un amant."


Faire durer le suspens, retirant légèrement sa capuche, dévoilant une chevelure noire.

-"Si tel était le cas, vous vous êtes fourvoyé."

Remettant sa capuche en place, l'ombre regarda l'homme en souriant.
Il risquait de craquer, mais point grave...


-"Je crois qu'il vous faudra faire plus attention à votre entourage.
Parce que vous me connaissez.
J'ai passé les derniers jours en votre compagnie.
Je vous ai suivi."


Comprendrait-il ?
Trouverait-il ?
L'ombre tentait de cacher son trouble et se demandait bien comment il le prendrait.
Elle laissa un temps mort, Tiadriel était à ses côtés, l'époux avait du le voir.


-"Rick.
Je ne vous ferai pas de grand discours.
On vous en a déjà fait.
Je le sais.
Et de vous voir ici !
Seul !
Me fait dire que vous êtes conscient et que faire des progrès vous souhaitez."


L'ombre retira sa capuche laissant apparaître son vrai visage.
S'en serait-il douté ? Pour ceux qui la connaissaient un peu.
Ils savaient qu'elle était capable du meilleur comme du pire.
Que jamais elle ne laissait tomber les gens qu'elle aimait.
Elle ne bougea pas, elle attendait.
Espérant avoir réussi ce qui au début paraissait impossible.
Ce couple qui ne se comprenait plus...

Alors avait-elle réussi ?
Pouvait-elle s'en aller, le coeur léger ?
Fini les cachoteries...
Rick
Lac de Montbrisson - 7 juin 1457 : Une rencontre des plus choquantes...

Rick paressait dans l’herbe au bord du lac, cherchant des formes parmi les nuages, afin de ne pas avoir à penser à ce qui allait se passer dans un petit laps de temps. Et soudain, un coup de pied sur lui et une exclamation inattendue

Aaaaaaah ! Fichue racine !"

Le jeune homme avait les yeux fermés et les ouvra d’un coup, voyant un individu remettre une cape sur sa tête tout en s’excusant.

-"Euh pardon m'sire !"

Rick fronça les sourcils en entendant la voix. C’était étrange, elle lui rappelait quelqu’un. Une personne encapuchonnée se pourrait-il que ce soit…. L’ombre ? Cette personne le regardait maintenant de haut et fit encore entendre sa voix camouflée mais tellement familière aux oreilles du jeune homme.

-"Je suis bien tombée, j'ai l'impression.
Vous êtes l'homme que je cherche.
Vous êtes l'époux, de la dame que j'ai sauvé."


Le jeune homme fronça les sourcils et se redressa d’un coup pour mieux voir la personne se trouvant devant lui. Puis, il la vit et il ne put s’empêcher d’esquisser un sourire. Elle était là, magnifique, ses longs cheveux bien coiffés. A croire que Kory avait raison, et qu’elle n’était pas retenue contre son gré. Rick avait répondu par l’affirmative, d’un signe de tête, n’arrivant pas à prononcer le moindre mot. Que venait-elle de dire, cette personne énigmatique ? Sauvée ? Mais Tia n’était pas en danger. Enfin, il le croyait ou plutôt il l’espérait. Aurait-il failli à ses engagements matrimoniaux en ne portant pas assistance à son épouse en danger ? Il commençait à prendre peur, tout en cherchant qui pouvait être cette personne. Il connaissait cette voix, il en était de plus en plus sûr, mais il n’arrivait pas à mettre un visage dessus. Il n’y aurait pas eu Tia, il se serait sûrement précipité vers cette personne pour la forcer à dévoiler son visage. Mais, il savait qu’il était en train de jouer son dernier va-tout et qu’il ne pouvait pas se permettre certaines choses. Sa sœur lui avait dit, la veille au soir, conduit toi comme un homme… N’était-il pas en train justement de se conduire comme un homme, mais un homme réfléchit à ce moment-là ?

-"Avez vous deviné qui je suis ?"

Le jeune homme commençait à prendre peur car cette voix était loin de lui être inconnu. Mais il ne voulait pas non plus se tromper. D’ailleurs, il avait tellement imaginé de scénarios possibles sur l’identité de cette personne que maintenant, il ne préférait plus émettre d’hypothèse. La seule chose dont il était sûr, c’est que c’était une femme. D’ailleurs, cette dernière continuait son numéro, jouant avec lui, comme un chat joue avec une souris. En plus, Rick était toujours assis dans l’herbe, laissant la supériorité momentanée au Tiadnappeur. Elle portait désormais ses mains à sa capuche et commença à laisser tomber le voile tout en continuant à discuter.

L'ombre porta ses mains à sa capuche, l'empoigna avec vigueur. Elle commençait sérieusement à l’agacer à jouer avec ses nerfs et sa patience. A croire que Tia lui avait dit que l’un de ses points faibles était l’impatience. Le jeune homme ferma les yeux et inspira fortement pour tenter de calmer la colère qui montait en lui. D’une part, elle lui avait volé Tia, elle lui avait peut-être même monté la tête contre lui. Elle l’avait inquiété pendant des jours et des jours. A cause d’elle, il avait mis le duché sans dessus dessous et maintenant, cerise sur le gâteau, elle jouait avec lui et sa patience. Il fallait qu’Aristote vienne l’aider dans cette épreuve, sinon il risquait de gâcher sa dernière chance avec Tia. Léviathan, prince de la Colère n’était pas loin d’être en lui et il ne fallait surtout pas.


-"Vous risquez d'être bien surpris. Peut-être m'avez-vous pris pour un amant."

Nouveau froncement de sourcils face à l’évocation de ce sujet. Où avait-elle été cherchée cela ? A qui en avait-il parlé ? Arf ce sacré Alzy qui une fois de plus ne lui permettait pas de se souvenir de ce détail. Si au moins, il arrivait à se voir dire cela à la personne face à lui, enfin il saurait qui se cache derrière cette tenue de camouflage et alors là, il aurait un coup d’avance sur son adversaire. Et voilà que maintenant, elle laissait dévoiler une longue chevelure noire. Une chevelure noire comme celle de…. Non ce n’était pas possible. Cela ne pouvait pas être elle. Elle ne devait pas être devant lui, elle lui avait dit. Et pourtant ses cheveux, Rick les reconnaissait, il en était sûr.

-"Si tel était le cas, vous vous êtes fourvoyé."

Rick porta une main à sa bouche, ne voulant pas croire à la vérité qui petit à petit était en train de percer dans son esprit embrumé.

-"Je crois qu'il vous faudra faire plus attention à votre entourage.
Parce que vous me connaissez.
J'ai passé les derniers jours en votre compagnie.
Je vous ai suivi."


NOOON… C’est pas possible…

Rick.
Je ne vous ferai pas de grand discours.
On vous en a déjà fait.
Je le sais.
Et de vous voir ici !
Seul !
Me fait dire que vous êtes conscient et que faire des progrès vous souhaitez."


Et pourtant, maintenant il était presque sûr de la personne qui se trouvait devant lui. Et même si à cet instant précis, elle le vouvoyait, il savait déjà qui se cachait derrière ce masque, au moment même où elle montra enfin son visage. A la place de la capuche, se trouvait maintenant le visage de sa sœur, Kory. Le jeune homme encore assis dans l’herbe, tenta de reculer, comme pour croire à un cauchemar éveillé. Avec l’appui de ses deux mains, il tenta de reculer plus vite, oubliant une fraction de seconde, son poignet cassé. Poignet qui le rappela sévèrement à l’ordre, laissant échapper un grognement au jeune homme et une horrible grimace. Il sentait terriblement trahi d’un coup. Kory avait joué double jeu dans l’histoire. Mais qu’avait-elle donc cherché à lui faire comprendre à ce moment-là ? Elle avait essayé de lui faire ouvrir les yeux, pendant les quelques jours passés en tête à tête. Elle avait essayé de lui faire comprendre la position de Tia, ses sentiments et son ressenti. Elle était femme et elle comprenait cela, contrairement à lui. Le jeune homme se leva d’un bond et s’avança devant le lac, songeur. Il était pris entre deux feux. D’un côté, il avait le cœur brisé de s’être confié à sa sœur, ainsi, lui faisant partager sa peine et ses doutes et de l’autre, savoir qu’elle savait depuis le début où était son épouse, sans lui dire. C’était horrible comme sensation. Et puis de l’autre côté, il avait fauté et Aristote lui donner pénitence à sa manière, Kory était seulement l’arme de son repentir. D’un côté, c’était son cœur de frère et d’homme qui était meurtri terriblement. Il se sentait tellement trahi. Il devrait lui en vouloir pour ce qu’elle venait de faire. Mais de l’autre côté, il y avait Aristote. Il était diacre et représentant religieux. Il devait pardonner. C’était son rôle. Il ne pouvait pas dire cela lors des offices qu’il faisait sans montrer le bon exemple. Parfois, il se demandait pourquoi il était devenu diacre, car c’était un rôle beaucoup trop difficile pour le cœur d’un homme.

Rick faisait les cent pas devant le lac, ne s’occupant plus de son épouse et de sa sœur, cachée dans l’ombre. Quand il y repensait tout de même à cela. Il se souvenait du moment, où il avait trouvé le parchemin sur la porte et où il l’avait montré à Kory. Elle semblait tellement impatiente de le lire, que jamais au grand jamais, il aurait pu croire que c’était elle, celle qui avait Tiadnappé son épouse. Et tant de petits détails qui auraient pu lui mettre la puce à l’oreille dans d’autres circonstances. Mais là, encore une fois, il n’avait pas voulu voir plus loin que le bout de son nez. Et pourtant…. D’un autre côté, à y réfléchir de manière plus sereine, Kory avait été un vrai médiateur dans le couple. Si elle avait fait la même chose, avec Tia qu’avec lui, sa pelouse connaissait peut-être maintenant aussi le fond de son cœur. Et à bien y réfléchir, elle avait dû mener une double vie, pendant ces quelques jours. Le jour avec lui, la nuit avec elle. Comment avait-elle fait pour ne pas craquer ? Le jeune homme regarda dans leur direction pour voir ce qu’il se passait. Elles étaient proches l’une de l’autre, mais il n’aurait pu dire si elles se parlaient ou pas.

Et puis, Rick se mit à repenser à hier soir et à la colère de Kory, quand à son projet de duel. Elle avait trouvé des arguments totalement convaincants pour l’empêcher de se battre comme un homme, comme elle disait. Elle savait déjà que c’est parce qu’elle était son adversaire énigmatique et qu’elle était plus rompue que lui aux exercices des armes. Certes, il savait se battre à l’épée, mais cela remontait à tellement longtemps, ces exercices imposés par leur père, pour être un homme un vrai. Il avait été tellement longtemps, un homme, un vrai, que pour cacher cette partie masculine et ne pas voir ressurgir Alejandro, il avait préféré calquer sa manière de faire, sur le côté poétique d’Aliénor mère. Sa sœur était vraiment folle et c’est pour cela qu’il l’aimait après tout. Il se mit à rire tout seul, face à ce qu’elle venait d’accomplir. Il ne savait pas de quoi demain serait fait, mais il savait une chose, c’est que Kory aurait tout fait pour que Tia et lui soient à nouveau réunis. Et pour cela, rien que pour cela, il ne pouvait pas lui en vouloir. Alors après tout, il allait mettre de côté, son orgueil masculin, mal placé et il allait tenter de récupérer son épouse.

C’est donc d’un pas décidé qu’il se dirigea vers le duo de femmes et qu’il commença à parler à sa sœur. Ce qu’il avait à lui dire, durerait moins longtemps que ce qu’il avait à dire à sa pelouse adorée.


Kory, tu voulais que je me comporte comme un homme, aujourd’hui, lorsque je serais devant l’Ombre et Tia. Et bien, je vais être obligé de te décevoir, ch’tite sœur. En effet, si je me comportais tout de suite, comme un homme, je devrais t’en vouloir pour ce que tu as fait. Les hommes ont l’orgueil souvent mal placés et je t’avouerais que sans une profonde réflexion et une grande introspection, j’ai été terriblement meurtri de découvrir l’identité de celui ou plutôt celle qui avait fait le pseudo-enlèvement de Tia. Je me suis senti humilié et trahi…

Le jeune homme laissa un blanc dans la conversation, afin de ménager lui aussi, la chèvre et le chou.

Cependant, Kory. Si je regarde plus loin que mon orgueil mal placé et bafoué, je comprends ce que tu viens de faire. Je vois derrière toi, l’action aristotélicienne. Et le diacre que je suis, ne peut pas, ne pas pardonner ce genre de choses.

Rick prit la main de l’ombre et lui sourit.

Alors merci, ch’tite sœur, pour tout ce que tu as tenté de faire pour moi… pour nous.

Le jeune homme regarda sa femme de côté et sourit aussi. Oh certes, la victoire n’était pas encore prête à être chantée mais Kory avait déblayé le terrain et il ne restait plus qu’à Rick à faire en sorte qu’elle soit au bout de la ligne. Il voyait, désormais, la tribune de sa Dame et il ne restait plus qu’à aller lui faire la cour et redevenir le troubadour qui sommeillait en lui. Il ne lui restait plus qu’à faire renaître la flamme dans les yeux de Tia. Rick fit un bisou sur la joue de sa sœur puis il se tourna vers Tia. Il posa un genou à terre et regarda sa belle droit dans les yeux avant de lui dire.

Oh ma belle demoiselle
Oh ma douce et tendre Tiadriel
Me laisseras-tu me faire pardonner
Accepteras-tu encore de te laisser conter
Des vers magnifiques puisés au fond de tes yeux ?
Accepteras-tu de pouvoir redire nous deux ?
Oh Tia, ma douce et bien-aimée
Me laisseras-tu une chance de nous expliquer
Et tenter de remettre à plat
Tout ce qui ne va pas


Rick attendait maintenant que son épouse prenne la parole et lui donne son accord pour qu’il puisse ou non reprendre sa cour. Il espérait qu’elle lui dirait ce qui ne va pas, même si Kory avait déjà fait beaucoup dans ce sens, et lui avait déjà ouvert les yeux.
_________________
--Kory
Korydwen a écrit:
Dire qu’elle n’était pas angoissée serait mentir. Korydwen à ce moment n’était pas très à l’aise, elle connaissait son frère, elle savait qu’il était rancuniers, elle verrait bien comment cela tournerait. En espérant que cela ne soit pas si terrible que ça. Avait-elle seulement conscience de ses actes ? Oui, comme toujours… Elle assumerait de toute façon et qui à part eux trois étaient au courant. Bon en excluant les sorciers et autres voyants bien entendu. Mais pour l’heure, elle le voyait faire les cent pas.

Une main sur le pommeau de son épée pendant que l’autre dénouait le nœud de la cape pour s’en séparer et mieux agir si besoin il y avait. Elle ne savait pas comment il allait réagir, l’adrénaline montait. Elle avait chaud, mais elle ne disait rien, qu’avait-elle à lui dire de toute façon ? Pas grand-chose, c’était à son tour maintenant, elle en souriait d’avance… Dans l’histoire, elle avait vu la préparation des deux côtés, elle avait autant discuté avec Tiadriel que Rick, elle avait avec plus ou moins de sous entendu, fait comprendre à chacun d’eux le problème de l’autre, jouer le médiateur mystère était bien plus compliqué qu’elle ne l’avait imaginé.


Kory, tu voulais que je me comporte comme un homme, aujourd’hui, lorsque je serais devant l’Ombre et Tia. Et bien, je vais être obligé de te décevoir, ch’tite sœur. En effet, si je me comportais tout de suite, comme un homme, je devrais t’en vouloir pour ce que tu as fait. Les hommes ont l’orgueil souvent mal placés et je t’avouerais que sans une profonde réflexion et une grande introspection, j’ai été terriblement meurtri de découvrir l’identité de celui ou plutôt celle qui avait fait le pseudo-enlèvement de Tia. Je me suis senti humilié et trahi…

Me décevoir ? Non au contraire… Tu aurais pu te jeter sur moi et m’étrangler, du moins c’est qu’aurait certainement fait Althiof si quelqu’un avait tenté de m’enlever à lui… Tu peux m’en vouloir, cela ne me gênerait pas et serait plutôt normal… Ce que j’ai fait ? Il faut du cran… Je suis pas sure que beaucoup aurait tenté d’en arriver là pour sauver le couple de son frère ou de sa sœur. Je ne fais pas dans la profonde réflexion et la grande introspection. J’agis avec mon cœur, avec ma verve qui plus d’une fois m’ont fait défaut. Je réfléchis après avoir agi. C’est mauvais je sais. Mais aurai-je fait une meilleure sœur en te laissant sombrer ? Je ne crois pas. Te laisser couler et ressembler à notre père… Ca aurait été pire. Meurtri ? Tu peux l’être aussi. Humilié, jamais je ne t’ai humilié en discutant avec Tia, jamais… Je ne lui ai rien dit sur tes bêtises… Trahi ? C’est dommage d’en arriver là. Mais crois-moi j’ai tout essayé avant de me lancer dans cette histoire pour t’ouvrir les yeux. Rien jusqu’au jour d’aujourd’hui n’avait fonctionné… Alors j’ai tapé fort, j’ai tapé là où ça fait mal et dans la douleur, j’ai pas mal réussi.

Si tu as été blessé, sache que ma situation n’était pas mieux, te voir souffrir alors que je savais tout était pour moi, la pire des tortures, plusieurs fois j’ai eu envie de te cracher le morceau, de te réconforter, que tu ne t’inquiètes plus. Mais est-ce que cela aurait eu le même effet. J’ai été forte… Pour toi, pour vous deux…

Sa main se desserra de son épée, elle le regardait le fixait, si ça avait été dur pour lui, ça l’avait été tout autant pour elle, ne plus dormir, faire semblant, mentir à tout le monde, mener tout le monde en bateau pour sauver un couple, elle en avait fait des choses la Kory, le plus surprenant c’est qu’avec son grain de folie, elle était capable de beaucoup. Du meilleur comme du pire, sans jamais vraiment regretter ses gestes. Ainsi était-elle, juste Kory, un doux mélange plutôt explosif, très imaginative, toujours une idée derrière la tête…

Cependant, Kory. Si je regarde plus loin que mon orgueil mal placé et bafoué, je comprends ce que tu viens de faire. Je vois derrière toi, l’action aristotélicienne. Et le diacre que je suis, ne peut pas, ne pas pardonner ce genre de choses.

Ton orgueil mal placé et bafoué… Certainement, mais parfois, certaines choses sont à mettre de côté… L’action aristolécienne. Amen Christos et Aristote sont de nouveau mes amis… Que j’ai ton pardon ou non, ça n’aurait rien changé à l’amour fraternel que je te porte… Je ne suis pas de ceux qui abandonnent leur famille pour un homme ou une femme… Et ce que je t’ai déjà dit pendant les recherches… J’en ai été jusqu’à presque perdre mon travail de maréchale et douanière pour toi, j’ai mis ma famille de côté pendant ces nombreux jours…


Korydwen fixait son frère, il voyait le « mal » qu’elle avait fait, mais il oubliait le nombre de choses qu’elle avait fait aussi, pas comme si elle n’avait rien tenté et qu’elle l’avait regardé se morfondre. Elle l’avait fait réagir, c’est tout ce qu’elle avait cherché et depuis un petit moment d’ailleurs.

Elle le regardait, ses yeux ne se baissaient pas…


Alors merci, ch’tite sœur, pour tout ce que tu as tenté de faire pour moi… pour nous.

A ton service !

Elle plia son buste et tendit son bras devant pour lui faire un salut plutôt magistral à la Kory quoi. Elle se redressa et le regarda.

Un grain de folie pour trois de bravoure. Ca me va bien non ?

Elle les regarda en souriant, finalement libéré d’un lourd poids, elle pourrait vivre normalement, ne plus faire attention à ce qu’elle disait, faisait et surtout dormir, beaucoup dormir. Elle espérait ne plus avoir à faire ce genre de chose.

Faudrait peut-être que vous préveniez tout le monde que tu as retrouvé Tia, Rick. Pis tu peux leurs dire la vérité, je m’en fiche moi ! J’ai fait mon travail ! Enfin si on peut appeler ça un travail… Puissiez-vous vous retrouver et surtout… Redevenir le couple que vous étiez, ne vous déchirez pas…

Mais alors qu’elle allait demander l’autorisation de se retirer, elle vit son frère poser un genou à terre après lui avoir fait un bisou, légèrement gênée, elle plia son bras et se gratta le dos.

Euh… Ahem pardon….

Elle se tut, et le laissa faire et une fois qu’il eut fini, elle les regarda discrètement.

Hum bon, je vais vous laisser hein !

Korydwen agita sa main et s’apprêta à partir.
Tiadriel
[Montbrison, le 7 Juin]

Elle discutait doucement avec son ami, parlant des différentes réactions que pourraient avoir Rick sans réussir à savoir laquelle serait la plus proche de la réalité. Elle le suivait autour du lac quand tout à coup, il disparut ! Surprise, elle baissa les yeux et se rendit compte qu'il avait glissé sur l'objet de leurs recherches : son époux ! Ce dernier était allongé nonchalamment dans l'herbe, une herbe dans la bouche, les yeux fermés.
Finalement, il n'avait pas l'air si inquiet que ça...
Un peu vexée, elle décida de se concentrer sur son pseudo-ravisseur, plutôt sauveur pour l'occasion. Elle prit le temps de respirer calmement pour retrouver ses esprits. Elle faisait sûrement fausse route et la première impression ne devait certainement pas être la bonne. Mais elle n'en démordit point. La sale gamine parfois ! Pfff !

Il jouait avec son époux, de manière très habile et Tiadriel sourit. Le jeu du chat et de la souris allait prendre fin, la réaction tant attendue et à la fois tant redoutée tomberait !
Le moment fatidique. La capuche tomba. Cascade de mèches brunes ! Eh oui ! Elle avait bien trompé son monde pendant tout ce temps. Tiadriel était fière de l'avoir pour belle-soeur et amie. Elle avait sacrifié une partie de sa vie, plusieurs jours durant, pour les aider. Des amis comme elle, ils se comptaient généralement sur les doigts d'une main !

Elle attendit l'explosion de colère... qui ne vint pas. Seul un non d'abord, suivit peu après par un... grognement ? Bizarre comme réaction. Vraiment très bizarre. Elle se décida alors à le regarder et à l'examiner d'un peu plus près. Il faisait un peu peine à voir, elle dut bien se l'avouer. Bien qu'il fut rasé de près, ses braies avaient tristes mines et puis... Ses yeux verts tombèrent sur son poignet ! Il était blessé ? Et à première vue, ça avait l'air assez sérieux car il ne portait pas qu'un simple bandage. Que s'était-il donc passé pour qu'il finisse dans un état pareil ? Elle ne le savait point. A aucun moment Kory ne lui en avait parlé.

Il se mit alors à faire les cent pas. C'était un peu comme si le jury se retirait pour délibérer et décider du verdict. Mais après tout, Kory n'avait fait que les aider. Elle lui avait offert la pause dont elle avait besoin pour ne pas détester son époux, pour continuer à voir en lui l'homme qu'elle aimait et le père de ses enfants. Elle lui avait redonné l'oxygène qui lui manquait tant avant cet intermède. Elle en était là de ses pensées quand un rire éclata. Tournant la tête dans la direction qu'il indiquait, elle se rendit compte que c'était son époux qui riait ainsi... Il virait fou ? Elle était dubitative, si bien que quand il revint d'un pas décidé, elle était à deux doigts de prendre ses jambes à son cou. Elle resta cependant sur place, car il s'adressa d'abord à Kory.

Elle l'observa discrètement pendant qu'il parlait à sa soeur. Il... Oui, il... Elle refusa d'y penser et se concentra sur la pointe de ses chausses, écoutant la conversation. Il avait fait des bêtises ? Du genre : "je me pète un bras" ??? Et Kory avait failli perdre son emploi à la Prévôté ? Et personne ne lui avait rien dit ? Les infos filtrées... Ça avait du bon... et du moins bon...


Un grain de folie pour trois de bravoure. Ca me va bien non ?

Elle laissa échapper un rire. Ça lui allait à la perfection même. C'était tout elle. Et c'est comme ça qu'elle l'appréciait et qu'elle l'aimait.

Faudrait peut-être que vous préveniez tout le monde que tu as retrouvé Tia, Rick. Pis tu peux leurs dire la vérité, je m’en fiche moi ! J’ai fait mon travail ! Enfin si on peut appeler ça un travail… Puissiez-vous vous retrouver et surtout… Redevenir le couple que vous étiez, ne vous déchirez pas…

Oui, je suis sûre qu'il le fera le plus tôt possible.
En tout cas, encore merci pour tout ce que tu as fait pour moi, pour nous. Je ne pourrai jamais assez te remercier pour ce magnifique cadeau !


Son époux déposa un bisou sur la joue de sa soeur avant de s'agenouiller devant elle. Elle plongea ses yeux dans les siens et se sentit légèrement rougir dès les premiers vers. Elle se rendit compte alors que le côté poète et spontané de son époux lui avait bien manqué.
A la fin des vers, elle n'avait plus d'yeux que pour l'homme qu'elle avait épousé. C'est alors que sa belle-soeur se rappela à eux. Elle l'aurait presque oublié ce qui n'était pas très gentil pour elle.


Hum bon, je vais vous laisser hein !

Tiadriel connaissait bien cette sensation de se sentir subitement de trop, à tenir la chandelle... Ce n'était pas des plus agréables.
Kory agita la main et s'apprêta à partir. Elle sourit à son époux et se jeta sur Kory pour la serrer très fort dans ses bras. Elle se retint quand même de l'étouffer pour ne pas encourir les foudres de son parrain. Elle déposa un baiser sonore sur sa joue et finit par la relâcher.


Reposes-toi, tu l'as plus que amplement mérité !

Avec tout ça, elle n'avait pas encore répondu à Rick... Pas facile aujourd'hui pour elle ! Elle en aurait presque perdu le nord. Qu'avait-il dit déjà ? Lui laisser une chance ? Oui, oui, il était venu. Elle pouvait au moins faire ça.
Elle s'approcha de nouveau de son époux.


Oui, je te donne ta chance ! Si tu m'expliques ce qui est arrivé à ton poignet !

Il ne fallait pas non plus qu'il croit que ça passerait tout seul !
_________________
Rick
A genoux devant Tia, il ne put s’empêcher de remarquer le rouge qui venait d’éclairer ses joues. Ce petit peu de couleur, lui redonna un brin d’espoir. Si la jeune femme arrivait encore à réagir à ses vers, tout n’était pas perdu. Et à bien y réfléchir, qu’avait dit Tia, aux paroles de Kory ? Qu’elle le remerciait pour ce merveilleux cadeau ? Le cœur de Rick se gonfla d’espoir. Tia acceptait de parler avec lui et surtout elle trouvait que c’était un cadeau. Quoi qu’à bien y réfléchir c’était peut-être bien ses « vacances » qui étaient un présent merveilleux. Qu’importe après tout… Sa sœur commençait à se sentir de trop et Tia, après avoir sourit à son époux, se précipita sur elle pour la serrer dans ses bras et la remercier. Rick profita de ce petit interlude pour repenser aux propos de Kory. Elle lui avait redit tout ce qu’elle avait fait pour le couple et il faut bien avouer qu’elle avait raison. C’était une sœur extraordinaire ! Une personne sur qui on pouvait compter à tous les coups ! Certes, elle lui en avait voulu et le jeune homme lui en avait voulu sur le coup, mais parfois un petit mensonge pour un cadeau plus merveilleux n’était-il pas des plus agréables ? Quand il repensait au fait qu’elle lui avait même fait un semblant de révérence… Trois grains de bravoure pour un de folie, c’était vraiment la définition de Kory. D’ailleurs si elle n’avait pas de devise à Mirefleurs, il pourrait lui suggérer celle-ci. Même Tia en avait rit. Elle semblait si détendue, cela faisait plaisir à voir. Sa sœur avait raison quand elle disait qu’il faudrait peut-être prévenir tout le monde maintenant pour que cessent les recherches. Mais, au fond de lui, Rick, en faux calme qu’il était, ne voulait pas vendre la peau de l’ourse avant de l’avoir tuée. D’ailleurs, il était bien placé pour savoir à quel point il est difficile de tuer un ours. Certes Tia n’en était pas une bien au contraire, mais tout de même.

Alors que Kory était maintenant sur le point de partir, le jeune homme sortit de sa rêverie pour lui dire au-revoir. Un peu trop ému pour sortir une vraie phrase, il forma avec ses lèvres un


Merci ch’tite sœur pour tout ce que tu as fait pour nous ! Je t’aime !

Le jeune homme regarda sa sœur partir en lui envoyant un bisou et la saluant de son poignet cassé. Tia était maintenant de retour à ses côtés et Rick lui adressa un sourire pour la remercier. Le jeune homme avait eu peur un instant, lorsque la jeune femme était partie retrouver Kory, qu’il avait tout perdu. Mais elle était de retour et c’était ce qui comptait.

Oui, je te donne ta chance ! Si tu m'expliques ce qui est arrivé à ton poignet !

Le jeune homme s’assit à même l’herbe et fit un geste envers Tia pour qu’elle en fasse de même. Rick soupira un instant afin de retrouver le fil de l’histoire qui venait de se dérouler ainsi. Il regarda sa jolie pelouse droit dans les yeux

Tia, j’ai cru que je t’avais perdu
Je pensais que tu avais disparue
Que tu étais partie à tout jamais, ou même enlevée
J’ai cru que jamais mon cœur n’allait résister

Pour toi, j’ai remué tout le duché
Je voulais savoir où tu étais passée
Beths puis Kory, dans les douanes, ont remarqué ton arrivée
Il n’en a pas fallu plus pour me décider

Tout le village de Montbrisson j’ai fouillé
Et je me suis même rendu à la prévôté
Ce qui a entraîné le courroux Bethsale
Et presque la fin de carrière de Kory en maréchale


Rick regarda sa femme, les yeux légèrement humides en repensant à cela. Il tendit la main en sa direction pour se sentir plus proche d’elle. Puis, il reprit la fin de l’histoire.

Nous avons fait publier des avis de disparition
Espérant te retrouver au plus vite
J’ai cru que j’allais perdre la raison
Tellement perdu par ta fuite

Et puis j’ai repensé à l’annonce de naissance pour Georges
Et là je ne sentais plus du tout ma gorge
De nuit, je me suis précipité vers la falaise
Mais le chagrin a rendu ma progression mal à l’aise

J’ai donc chuté lourdement
Et la douleur au poignet s’est fait sentir immédiatement
Mais je n’en avais cure
Car celle dans mon cœur était plus dure


Le jeune homme sourit à son épouse tendrement. Il avait préféré lui dire en vers ce qui s’était passé, en se disant que c’était peut-être la meilleure chose pour la faire revenir.

Tia, j’ai bien compris le message que tu m’as fait passer. J’ai compris mon erreur, grâce à Kory. Tu sais, c’est vraiment une sœur formidable et je dois bien avouer que si elle n’avait pas fait ce qu’elle a fait auparavant, j’aurais pu, j’aurais dû lui en vouloir. Mais j’avais des torts…

Le jeune homme regarda à nouveau son épouse et fronça les sourcils.

Mais je ne suis pas le seul d’ailleurs. Pourquoi ne m’as-tu pas dit en face ce genre de choses ? Pourquoi as-tu choisi de partir pendant ma retraite ? Ne pensais-tu pas au mal que cela allait me faire ? Si tu savais tous les scénarios que j’ai imaginé dans mon esprit trop imaginatif… Je sais que parfois je vais trop loin, mais je suis prêt à me racheter et à te prouver que l’homme qui t’a fait tourner la tête, dans l’atelier de tisserand est toujours là. Il est prêt à rejaillir et n’attend qu’un signe, un geste de ta part.

Il était prêt à lui faire tout plein de promesses mais avant cela, il fallait qu’il sache. Il fallait qu’ils mettent tout à plat. C’Est-ce qu’il avait demandé à son épouse. Kory lui avait dit pendant ces quelques jours, qu’il fallait parler, qu’il fallait extérioriser ce qu’il avait sur le cœur. Et, ce n’est qu’en le lui disant, que Rick pourrait se rassurer.

Je sais que parfois je vais trop loin, mais je suis prêt à me racheter et à te prouver que l’homme qui t’a fait tourner la tête, dans l’atelier de tisserand est toujours là. Il est prêt à rejaillir et n’attend qu’un signe, un geste de ta part.
_________________
--Kory
Korydwen a écrit:
Montbrisson, bord du lac.

Fallait vraiment être givrée dans sa tête pour faire pareille chose, mais finalement avec Korydwen rien n'était plus surprenant que cela. Bon, cela tournait un peu trop guimauve pour elle, pis fallait dire que tenir la chandelle ne lui rappelait pas forcément des bons souvenirs... Rick saurait à quoi elle pensait, à une soirée en taverne avec des gens qui se léchaient, enfin "embrassaient" en continue. Elle le regarda, enfin Rick cela n'était pas comme cela, sinon, elle lui aurait donné un coup de pied, tout de même, fallait pas arriver jusqu'au mauvais exemple de la famille. Elle naviguait de bras en bras, se rendant un peu compte du tas de mensonges, ou plutôt de l'énormité d'un seul mensonge. Après elle faisait la morale à son fils pour qu'il n'en fasse pas, c'était beau, du très beau.

Arriva un moment encore plus embarrassant qu'autre chose, elle avait fait soit, mais pour elle ce n'était pas si merveilleux que cela, surtout quand on élargissait le tout, on voyait bien qu'elle avait légèrement menti à la prévôté, un tout petit peu, presque rien... Entraînant plusieurs personnes dans ce mensonge, combien avaient écris pour aider Rick ? Là elle ne se sentit pas bien du tout, tirant sur le col de son chemisier subitement trop serré, elle avait chaud.


Oui, je suis sûre qu'il le fera le plus tôt possible.
En tout cas, encore merci pour tout ce que tu as fait pour moi, pour nous. Je ne pourrai jamais assez te remercier pour ce magnifique cadeau !


De rien et un simple merci fera l'affaire... Maintenant, Rick ne peut plus faire d'erreur sous peine d'avoir une épouse et une soeur pour le ramener sur terre. Je n'hésiterai pas à lui botter les fesses avec mes grosses bottes de maréchale !

Les regardant en éclatant de rire, elle allait se reculer pour partir, mais Tiadriel l'étouffant presque au passage, Korydwen avait une terrible envie de rire, comme toujours d'ailleurs. Elle laissa Tia finir et commença à faire semblant de tituber et lui répondit avec une voix imitation "je viens de me faire étrangler"

Merci de me donner l'autorisation de dormir.

Elle arrêta son manège et éclata de rire en les regardant tous les deux, elle allait tourner les talons lorsque...

Merci ch’tite sœur pour tout ce que tu as fait pour nous ! Je t’aime !

Si elle n'avait pas été près du tronc d'arbre elle serait tombée par terre sur Auguste. Elle le regarda et sourit, notant cela dans le coin de sa tête, alors ainsi il l'avait dit c'était la première fois.

Euh... De rien... Tu m'aimes... ? Pas que j'en doutais, mais tu m'envoies tellement de gentillesse...

Kory, il faut que tu répondes que toi aussi, allez vas-y ! C'est pas bien compliqué ! Bein si croyez quoi ! Ca va casser un mythe quand même ! Rhalala, qu'est-ce que c'est compliqué et surtout qu'est-ce qu'elle est tête de mule la Kory, de quel côté de sa famille cela venait, elle n'en savait strictement rien.

Moi 'ssi j't'aime. Mais euh le crie pas sur tous les toits hein...

Cette fois pouvait-elle réellement partir ? En plus elle lui donnait une nouvelle chance, la suite au prochain épisode, elle regarda Tia et Rick.

Au fait, la maison l'est encore libre ce soir... 'Fin j'dis ça, j'dis rien !

Kory ramassa sa cape et partit en courant, vers de nouvelles aventures ? Oh oui, l'aventure de la dame qui dort la nuit et reprend une vie normale le jour ! Sa maison n'était pas loin, elle pourrait enfin souffler, mais cela faisait bizarre quand même, plusieurs jours non stop et là s'arrêter, il fallait trouver une nouvelle occupation et rapidement, comme préparer son voyage de noce par exemple, cela serait une bonne idée oui...
Rick
Rick sourit en entendant les propos de sa soeur. Selon elle, on lui donnait enfin l'autorisation de dormir. Ce qui n'était pas tellement faux après tout. Entre courir de Tia à Rick et de Rick à Tia et écouter l'une et rassurer l'autre, la jeune noble n'avait pas eu le droit à vraiment se reposer. Elle allait pouvoir enfin le faire. Elle semblait avoir été agréablement surprise par le fait qu'il lui dise qu'il l'aimait. Certes, le jeune homme était plutôt avare de ce genre de démonstrations avec sa soeur, mais pourtant, elle était très importante pour lui. Vivre trop loin d'elle, lui serait désormais impossible.

Moi 'ssi j't'aime. Mais euh le crie pas sur tous les toits hein...

Rick sourit à ses propos. Finalement, ils n'étaient pas si différents l'un de l'autre, car Kory ne lui avait jamais dit qu'elle l'aimait non plus. Son sourire s'étira encore plus, lorsqu'elle leur dit

Au fait, la maison l'est encore libre ce soir... 'Fin j'dis ça, j'dis rien !

Sa soeur pensait vraiment à tout. Rick lui envoya un baiser pour la remercier de tout ce qu'elle avait fait et regarda sa femme pour connaître sa réponse.
_________________
See the RP information <<   <   1, 2, 3, 4, 5   >   >>
Copyright © JDWorks, Corbeaunoir & Elissa Ka | Update notes | Support us | 2008 - 2024
Special thanks to our amazing translators : Dunpeal (EN, PT), Eriti (IT), Azureus (FI)