Aurchide_de_castelvielz
Ce matin là, deux rangées de charmes bordaient le chemin de deux cavaliers cataclopant tout en percussions. De taille moyenne, les coryacées dans leur manteau d'or entremêlaient leurs hauts rameaux au dessus de la tête des deux acolytes. Toit de branchages en voûte postillonnant lumière et quelques feuilles dorées sur leurs cheveux telle une augure. En l'essence, sous le nimbe, ce n'était que deux potes qui revenaient d'une guerre où ils étaient volontaires aux côtés de son altesse Actarius. Puis vint ce parchemin d'une dénommée Jujoss évoquant un Maine toujours occupé par l'Anjou, et vint avec, le temps de partir vers de nouvelle aventures tant que la trêve avec l'Empire perdure.
Eux? Ils sont indéfectibles amis, unis par une Amitié consolidée par mille et un riens et un gros tout. Faiseurs de rêves, défaiseurs de réalités, liés tout autant par de nobles valeurs malgré leurs dadas aux antipodes. S'il aimait les bordels, les fûts, et la castagne, elle avait les ovaires gelées à en oublier qu'elle était une femme, mais le ciboulot était constamment foisonnant d'idées pour deux.Puis par temps de paix elle s'adonnait à la finesse, la subtilité, le verbe, les mots d'esprit, l'humour raffiné, la haute gastronomie. Ce qui ne l'empêchait pas paradoxalement d'être souvent échevelée, habillée sobrement, les vêtements tâchés, bouffant jusqu'aux criquets grillés quand elle était affamée, usant de saillies sans que ses joues ne se fardent d'un voile de fausse pudeur. En loccurrence là, habillée de braies sombres et d'un gambison d'homme épais couvert de poussière, de bottes montantes. Son visage était frais, l'allure altière, elle croustillait comme une miche de pain aux figues, conviait le lard, et le fromage, le cidre clair et les chansons entonnées par des voix hilares. Zénitude chevaleresque.
S'il y'avait eu une résistance mainoise à leur arrivée ou un conseil révolté, ils auraient proposé comme à Troyes leur bras armé ou se seraient joints à une révolte. Mais le Maine, atteint d'une absence hu-Maine sévère, allait vite cracher sous leur pas un silence gluant qui féconderait le plus stérile des imaginaires. Dans la vie il y'avait les chemins droits nus qui nécessitaient des armées et des masses d'hommes cruellement manquants en ce lieu, et il y'avait les petits chemins bucoliques, des nefs où l'on évoluait tout en beauté, baignés de lumière palpitante entre bronze et ambre aux confins de la voûte, les invitant à joindre l'utile à l'agréable. C'est ainsi que l'idée est née, a crû, enflé, grondé au fur et à mesure que le château étranglait dans ses bras gris leurs yeux exorbités.
La Pomme hésitait légèrement devant l'idée pressante qui la taraudait : Pourquoi ne pas espionner de l'intérieur?. Fort heureusement le château avait ce pouvoir d'aspirer au fond de son orbite ses dernières hésitations.
Sans crier gare, le regard bleu et trouble se fit clair à présent, elle tourna son visage vers son compagnon joufflu, lui lança d'une voix cristalline qui cisailla le silence comme celle d'un dieu clamant "Soit"
- -Tu seras sa Grasse Lopé ou tu ne seras pas.
C'est connu" les bons comtes font les bons amis"*. Par cette promesse laconique commençait l'histoire abracadabrantesque d'une Aventure pas comme les autres. Un vélin clairsemé de mensonges-que la guerre justifierait allègrement et pour lesquels elle irait se confesser sans rougir- sera envoyé par messager vers l'antre angevine depuis leur auberge.
A vous, occupants de ce lieu.
Nous ne sommes que deux pèlerins de la paix, qui venions flâner par les derniers soirs dété près de ce beau château. Mon ami n'obéissant quaux cycles de la lune, il en a la lune pleine, un peu trop pleine à en déborder de ses braies. Mais voilà je suis riche, il mest cher, et il chérit la gravette frivole.
Sauf quà trop conter fleurette, il nest pas très habile. Dès quil sort un anneau, la coquette senfuit. Il vit depuis comme une taupe recluse loin des belles femmes luminophiles. Comment ferait-il pour les mener au déduit des femelles pâmées si je ne lui redorais pas son blason.
Le rêve de sa vie, serait de visser son auguste fondement sur un trône comtal. Jai ouï dire que ce château était vide, et jaimerais savoir sil était possible de le louer un jour et une nuit.
Vous comprendrez, quil pourra se pavaner comme un tortillon devant la ravissante Annélide.
Considérez que cest un caprice dune nantie, ny voyez quintérêt mutuel.
Dîtes moi votre prix je vous prie.
_________________
Merci à jd Aimbaud pour la bannière Kdo