[RP] Tout fout l'camps à Fécamp.

Octobre 1463, Fécamp, Duché de Normandie. 56 âmes, pas une qui vive ...

La brunette promène en ville depuis la mise en cale sèche du navire.
Elle est habituée à ne pas voir grand monde. Elle est née dans un petit hameau à côté de Blois en Orléanais et on ne peut pas dire qu'il y ait foule au domaine de ses parents. Ni en ville d'ailleurs. Mais un peu quand même. Et puis un jour, elle a décidé de partir, direction Montpellier, rejoindre l'équipage du Black Bow. Un fois à bon port, elle n'a pas eu le temps de rencontrer beaucoup de gens, pas du tout même. Tout droit sur le pont sans perdre de temps.
A bord, ils étaient une dizaine. Elle sortait juste des jupons de sa mère, si je puis dire ainsi, et elle est timide, alors elle se fait discrète. Elle rencontre ses compagnons de flotte au compte goutte, ça lui laisse le temps de s’acclimater à son nouvel environnement et d'apprécier ceux qui, en théorie, devraient partager un bon bout de route avec elle.

Et vogue, vogue, la caraque , jusqu'à Bordeaux. Une petite pause à terre d'une dizaine de jours. La Capitale grouille de monde, de ruelles toutes aussi belles les unes que les autres, de monuments à visiter, d'étals à dévorer des yeux et de spécialité à s'en faire péter la panse. Une escale presque magique pour la jeune femme qu'est Narcysse.

Puis le Black Bow repart pour de nouvelles aventures. L'équipage a changé. Certains sont resté en Guyenne, d'autres sont monté à bord. Il ne reste plus grand monde du noyau de départ. Mais Narcysse elle s'en fout un peu. Même si c'est légèrement déroutant.Et de vagues en vagues, le puissant navire de guerre avance et fait escale dans les Flandres. Bruges, une petite ville très accueillante, vivotant malgré le froid qui s'installe et l'humidité du bord de mer régnante. Et le Capitaine décide de les emmener visiter Tournai. Une ballade à cheval, ça change du bateau. Tournai est plus grande et vraiment vivante. Elle y rencontre du monde et découvre la chaleur que les gens du nord ont dans le coeur. Retour à Bruges, deux nouveaux mousses pour le Black Bow et les amarres sont largués.

Après une bataille navale éprouvante et victorieuse, mais non sans dégâts, l'accostage se fait à Fécamp. Premiers pas en Normandie pour la brunette et le navire part en cale sèche pour quelques réparations. Ils devront travailler dur pour le remettre en état mais en usant allègrement d'huile de coude, elle s'imagine que ça va aller vite et qu'ils seront bientôt, de nouveau sur les eaux.

Un jour passe, deux jours, trois jours et ... personne. Les seuls qu'elle croise en ville sont ses compagnons d'équipage. Les habitants? Inexistants, invisibles, agoraphobes ... allez savoir. N'empêche qu'il n'y a personne. La vie Fécampoise est proche du néant. Et quand , en taverne, Sam lui annonce qu'il y en a au moins pour neuf jours de travaux sur le Black, elle a envie de pleurer.

- NEUF jours?! Mais on va dépérir d'ennui!

Et devant la mine désolé de son compagnon, elle essaye de relativiser. Elle se dit qu'elle va en profiter pour se muscler un peu, et les bras et l'esprit, en mangeant tout ce dont elle a besoin. Viande, poisson, légumes, fruits, lait, le régime parfait pour devenir forte, intelligente et charismatique. Et peut-être même qu'elle trouvera une paire de braies pas trop vilaine et confortable.
Quand elle revient du marché , elle retourne en taverne, le minois encore plus dépité.
Les étals sont aussi vides et tristes que les rues de la ville.

C'est là que Sam a une merveilleuse idée. Aller chercher la Boulasse.
La tavernier du "Bar à Raymond" essaye de suivre la cadence et aligne les verres de calvados au rythme des deux comparses.

Il faut savoir que Narcysse n'a jamais rencontré la très Sainte Boulasse. Une fois, à Blois, avant de partir, elle a bu trois chopes de bière et deux godets de cidre et elle a cru mourir pendant les trois jours qui ont suivi. Pour dire ...
Là , ils sont en Normandie et, ayant déjà goutté le cidre du coin qui est bien loin d'égaler celui de Bretagne que son ami Stat' lui a fait découvrir, ils s'attaquent à une autre spécialité régionale.
Le calvados, donc.
Il suffit de quelques verres pour que la Quartier Maître du Black Bow et son mousse commencent à être franchement torchés, n'ayons pas peur des mots.

- Ya au moins un truc de vivant dans cette cité mortelle! Ils ont foutu leurs vie en bouteille, pour ça qu'ils sortent plus d'chez eux!

Vous l'entendez la voix de la nénette ivre? Celle qui déraille comme un jeune homme en mue? Le bras levé, le verre en bout de main et hop! Dans le gosier le calva. De toutes façon ils n'ont que ça à faire ...

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Fécamp, Normandie

Thelian, après avoir durement travaillé sur le Black Bow, abattu en carène pour les travaux suite à l'âpre bataille navale qui nous vit vainqueur, arpentait aussi de son côté les bouges de front de mer et les tavernes à matelots, à la recherche de la nourriture la plus substantielle et meilleure marché possible : harengs, algues, rats... non pas les rats... pas aujourd'hui en tout cas.

Au détour d'une conversation avec un vieux pêcheur....
Mais pourquoi faut-il que les vieux pêcheurs veullent toujours me causer ? C'était pareil à Bruges ! Le premier me parlait sans arrêt de moules et de maïs frit !

Donc, au détour d'une conversation avec un vieux pêcheur....
Ce dernier lui apprend que son fils a pris la mer pour toute l'année avec ses amis et un groupe de basques à la recherche des terres à Bacalao, comprendre "le pays des morues", situées au nord-ouest, mais dont la localisation exacte est un secret bien gardé.

De discussions ichtyologiques à d'autres, Thelian lui raconte l'histoire légendaire d'un exocet géant - un poisson volant - qui porterait un navire sur son dos.
Rigolades !

Oh l'ami Thelian, y'aurait'y pas abusé du calva frelaté, des fois ?

Mais qu'est-ce que le calva ?

De l'or en bouteille assurément

Voyons voir cela...

Si les verres s’enchaînent et se ressemblent, la jeune quartier maître, elle, ne tardera pas à ne plus ressembler à rien à cette cadence.
Mais à quoi bon rester droite et présentable alors qu'il n'y a personne dans cette cité fantôme, se dit-elle en s'enfilant une énième rasade de calva'.

- Ouais! A quoi bon!

Un bruit de porte lui fait refaire surface et un sourire illumine sa frimousse en reconnaissant un de ses compagnons.
Allez savoir pourquoi mais c'est à lui que le vieux marin bancal du fond de la taverne vient taper la causette.
Ces histoires de légendes captivent l'esprit encalvadossé* de la brunette alors que le tavernier remplit machinalement les verres qui se vident.
Pour sur qu'il a trouvé une bonne équipe pour lui faire sa recette! C'est qu'il doit être heureux de voir de nouvelles têtes à son comptoir. Des têtes tout court en fait. Parce que, vous l'aurez compris, ça se bouscule pas au portillon à Fécamp.

- Méfiez vous, c'est costaud ce truc.

Les verres se lèvent à nouveau et la jeune Narcysse se demande combien elle arrivera à en encaisser avant de s'écrouler au sol comme une mouette à qui on aurait coupé les ailes en plein vol.

- Thelian!

Lourdement et maladroitement, elle pose une de ses petites mains fines et abîmées sur une épaule du brun en essayant de le regarder dans les yeux.
C'est pas dit qu'elle y arrive parce que bizarrement, la taverne s'est mise à tanguer comme s'ils étaient au mess du Black.

- Faut que j't'apprenne à lire!

Premier tutoiement. Il n'y a pas que la main qui est maladroite, c'est le petit bout de femme tout entier qui l'est. Mais pas encore assez pour tomber de son tabouret. Pas encore ...

* Verbe typiquement Normand que l'on pourrait traduire par "qui baigne dans le calvados".
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Apprendre à lire à quelqu'un quand on est imbibé de calva jusqu'à la moelle , c'est pas une bonne idée ...
Alors ils ont continué à boire, se racontant des histoires loufoques, Thelian chantant des chansons angloises sur la fin des moissons pour finalement décider d'aller dormir à bord du Black Bow.
Si vous avez suivi, le navire est en cale sèche pour des réparations. Il est ce qu'on appelle "abattu en carène". Ce qui signifie qu'il est couché sur le côté.
On peut alors facilement imaginer que dormir à bord n'est pas une mince affaire. Mais le calva aidant, ils ont réussi.
Après avoir bataillé pendant quelques longues minutes (heures? ) pour s'habituer à la nouvelle perspective que leurs offrait le Black, ils ont fini par retrouver le chemin du dortoir et leurs hamac respectifs. Ce qu'il y a de bien avec un hamac, c'est qu'il s'adapte à son environnement.
La nuit s'est donc déroulée sans encombres, les rêves peuplés d'exocets de toutes les couleurs rythmés par les ronflement profond de nos trois matelots.

Le réveil fût compliqué. La gueule de bois après une biture au calva, c'est violent.
La jeune Narcysse a passé sa journée à décuver entre la taverne et le chantier naval où elle a supervisé les travaux , ne pouvant rien faire d'autre de son corps plus lourd et plus lent qu'à l’accoutumée.

C'est le surlendemain , quand elle eût retrouvée tous ses esprit et ses capacité physique qu'elle assiste à la remise à l'eau du bâtiment, un sourire immense illuminant sa frimousse.
Ils vont pouvoir reprendre les flots. Quitter Fécamp et ses rues déserte, voguer vers un ailleurs un peu plus vivant et elle va pouvoir reprendre son quotidien de marin qu'elle aime temps.

- Capitaiiiiiine!!!!! Hurle-t-elle à sa recherche dans la ville.
Le Black est à l'eauuuuuu!!!!

Heureuse? Tellement!

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