Narcysse
Elle est comme une colombe qui s'est égarée... Elle est comme un narcisse agité du vent... Elle ressemble à une fleur d'argent
Oscar Wilde
Oscar Wilde
- Narcysse, 16 ans.
Elle est partie depuis presque un mois de Blois, sa ville natale. Le départ fut fougueux et malgré bien des obstacles , elle est arrivée saine et sauve à Montpellier.
Le Black Bow l'attendait. Puissant et imposant, à l'image de son Capitaine, ses grandes voiles n'attendaient que la levée d'ancre pour claquer au gré du vent.
Ce navire de guerre est sa nouvelle demeure depuis le jour où elle en a foulé la passerelle de ses petites chausses blanches.
Elle avait promis d'écrire souvent à sa famille ... Mais la vie sur un bateau aussi grand ne laisse pas beaucoup le temps pour le faire. Et quand elle l'a, elle ne pense pas à écrire.
Elle n'a donné de ses nouvelles qu'à Statere. Un des premiers qu'elle a rencontré quand elle a quitté le domaine familial de Vineuil.
Quand elle y réfléchi, Stat' c'est finalement le seul qu'elle peut qualifier d'ami sur terre.
Elle lui a tout de suite fait confiance. Il a été gentil avec elle. Et quand elle lui a parlé de son envie de voyager, il n' a pas rit du fait de son jeune âge et de sa naïveté. Non, il l'a encouragé et conseillé.
Et ça, pour la petite fleur qu'est Narcysse, ça vaut tout l'or du monde.
Après une escale dans une ville tout tout tout en bas de la carte, une ville où les gens parlent une langue bien étrange dont elle n'a pas compris un seul mot et dont elle serait incapable de prononcer le nom sans fourcher, la voilà de nouveau à bord.
L'équipage est au complet, l'ancre est de nouveau levée, le Black Bow repart en mer pour de nouvelles aventures.
Ecrire depuis son hamac n'est pas chose aisée. Déjà, réussir à y dormir serait un grand pas dans sa vie de mousse inexpérimentée.
C'est donc au mess qu'elle s'installe pour commencer son journal et, éventuellement, rédiger une lettre que toute sa bien aimée famille doit attendre avec impatience.
Elle imagine très bien sa chère mère morte d'inquiétude. Certainement s'est-elle rongé les ongles jusqu'au coude de ne pas recevoir de nouvelle de sa toute petite fille.
Son petit frère, lui, doit surement leurs en faire voir de toutes les couleurs à se cacher pendant des jours dans le bois du domaine , faute de savoir ce que sa sur devient.
Son père ... égal à lui même? Il doit être le seul qui garde la tête froide en rassurant le reste de la tribu. Bien sur, tout au fond de lui, il doit se faire un sang d'encre. Mais avant qu'il ne le laisse paraître, elle aura écrit.
Citation:
- Mon journal de bord, Onzième jour daoût 1463
Par où commencer? Que dire?
La vie à terre ne me manque pas. Je ne pensais pas m'y faire si rapidement. Nous avons fait une escale à Alcacér do Sal: Reino de Portugal, Condado de Lisboa ( Royaume du Portugal , comté de Lisbone. ). c'est tout en bas de la carte. Le plus bas qu'il soit connu. Ils parlent une langue étrange ... Je n'ai strictement rien compris de tout ce qu'on a pu me raconter en taverne. Je sais juste que bonjour se dit "Oi" et santé se dit "Saúde" (pour la prononciation, on repassera).
J'ai donc voulu en profiter pour me ravitailler un peu. Nous somme évidemment nourri à bord - et très bien même!Dona Paquita fait merveilleusement bien la cuisine.- mais je trouve toujours pratique d'avoir un peu de réserve avec soi, sait-on jamais.
Sauf qu'au marché, ils parlent la même langue que partout dans ce comté : le Português (prononcer "porrrtouguèsss). C'est rigolo comme langue. Je l'ai trouvé "rebondissante". Mais incompréhensible.
Vas donc faire du commerce quand ton interlocuteur te comprends aussi mal que toi tu le comprends ... J'y ai passé laprès midi complète! Pour quoi? Dix miches de pains et quelques épis de maïs ...
Pour se faire une vague idée de la complexité de l'échange : épis de maïs = Orelhas de milho . N'est ce pas? M'enfin bon, j'y suis arrivée. Même si j'ai eu du pain de seigle alors que j'en voulais au pavot ... C'est pas bien grave. J'ai du pain.
Et nous revoilà à bord. direction Bordeaux puis tout en haut de la carte.
C'est marrant la vie en mer. Étrange mais marrant. Enfin ... C'est dur. Il faut donner de sa sueur et les nuits sont courtes mais j'aime bien.
Malgré que je n'ai pas encore véritablement trouvé ma place. Il faut à tous prix que j'arrive à vaincre ma timidité qui me pousse à passer mes pauses dans mon coin...
J'ai quand même sympathisé avec l'équipage mais pas tous en même temps sinon je tétanise ...
Je l'ai aime bien, tous.
Il faut juste que j'arrive à aller plus vers eux. Surtout qu'ils sont vraiment tous géniaux. Je n'ai aucune raison de rester dans mon coin.
Le Phil dit que ça viendra avec le temps. Et que la meilleur des solution pour vaincre la timidité c'est de foncer vers les gens et d'ouvrir sa bouche tout le temps ... Je suis pas encore convaincu de la technique mais pourquoi pas. J'essaierais un jour , peut-être. Si j'y arrive.