Afficher le menu
Information and comments (0)
<<   1, 2   >   >>

Info:
Unfortunately no additional information has been added for this RP.

La folle chevauchée - Octobre 1463

Dacien_de_chenot


La rumeur enfla peu après vêpres, se répandant rapidement sur le camp et aussitôt relayée par les puissantes cloches de la cathédrale champenoise. "Les français ont signé", "C'est la trêve"...
Ainsi donc en ce 18ème jour d'octobre 1463, après des mois de combats, et des jours et des nuits de négociations, l'Empire et le Royaume de France semblaient être parvenus à un accord.
Depuis la veille, ils étaient suspendus à la plume de la dauphine de France qui, pour une raison qu'ils ignoreraient sans doute et que l'Histoire ne reviendrait pas, avait, une fois de plus retardé la signature de l'accord leur faisant craindre une nouvelle volte face des français.
La poitrine du Ténébreux se souleva lorsqu'il posa la main sur l'épaule de Coligny.

- Enfin ! Cette fois nous y sommes!

Un regard suffit à son homme de confiance qui, au fil des années était devenu son plus fidèle ami pour comprendre que les ordres qu'il venait de recevoir allaient changer.
Car, cette trêve tant espérée n'était pas la paix et moultes problèmes allaient encore devoir être traités dont celui qui leur tenait indubitablement le plus à cœur : le devenir de la Lorraine depuis des mois colonisée par une bande de traîne-misère et de réformés qui avaient cru aisé en faire une seconde Genève. Cela avait été sans compter les Lorrains qui s'étaient sentis spoliés de leur identité et avaient opposé une résistance farouche. Mais le prix à payer avait été lourd et le climat lorrain loin de la douceur de vivre.

- Prépare toi au départ. Je te préviendrai après tenue du Conseil.


Lorsqu'il entra sous la tente, seule Elektra était là. Ses traits tirés témoignaient à eux seuls des heures passées à l'État Major Impérial en longs conciliabules, stériles pour la plupart, tant on y passait du temps à louvoyer plus qu'à naviguer.
Il suspendit le geste de sa dextre qui cherchait son épaule dans ce besoin qui lui était devenu naturel de la réconforter et laissa retomber son bras.
Non...
Il savait la distance nécessaire et s'y accrochait comme il savait que désormais il résisterait à ce désir dévorant de la serrer contre lui. Il se détourna, le poing étreignant le vide. Son regard se posa sur un plateau, et plus pour retrouver une contenance que par envie, il emplit deux verres.

- Quand partons-nous ?


Avait-elle deviné le geste ? Elle n'en laissa rien paraître.

Il ne leur fallut que peu de temps pour décider de la suite, et tandis qu'à Reims résonnaient déjà les échos de la liesse populaire, ses ordres en poche, le maistre d'armes quitta la tente.
Ils avaient convenu de traverser la Bourgogne jusqu'en Savoie. La route serait rapide et plus sure que celle qui passait plus à l'Est et où Carmin tentait encore en vain un coup de panache du côté de la Franche Comté.

Il fit mander Kjerstin et lui confia sa première mission d'Ecuyer.

- Demain dés prime, vous ferez démonter le camp au plus vite et vous regrouperez les Lames. Nous partirons aux premières heures de la nuit. Assurez-vous que nos montures aient été bien soignées et trouvez-nous deux ou trois charettes pour transporter nos vivres. Prenez quelques sergents pour vous aider.


Les ordres claquaient comme oriflammes au vent tandis qu'en son regard s'épuisaient les derniers reflets du feu de camp.

_________________
Elektra.
Lorsque la nouvelle tant attendue tomba, ce fut un soulagement pour les impériaux, sans nul doute aussi pour une grande partie des français. La guerre n'était pas finie, loin de là, mais LEUR bataille allait commencer. Et celle-ci leur tenait particulièrement à cœur.

Depuis les derniers échanges avec son frère ainé, Elektra avait fini de perdre le peu de sommeil que ses courtes nuits lui offraient encore. La Lorraine lui était arrachée avec force, on la déracinait comme si cela n'avait aucune importance, et tout cela au nom d'une vengeance ridicule.

Peut-être serait-ce l'ultime combat qu'elle mènerait, mais elle irait jusqu'au bout.

Perdue dans ses réflexions, teintées à la fois d'exaltation et de peur, la jeune femme ne perçu pas le mouvement du pan de la toile de tente qui s'ouvrait et se refermait. Elle décela cependant sa présence et se retourna vers lui. Envahie par cette sensation, ce sentiment qui l'imprégnait toujours lorsqu'il apparaissait face à elle.
Il lui manquait, ils avaient perdu quelque chose en chemin, et plus d'une fois elle avait envie de tendre la main vers son reflet, juste pour voir, juste pour le toucher. Mais elle faisait semblant, il fallait faire "comme si", bien qu'elle doutait de pouvoir duper son intuition.
Elle lui sourit, parce que ca elle ne pouvait pas le retenir en le voyant, et quand elle croisa son regard, elle vit disparaitre l'ombre fugitive de l'intention qu'il venait d'avoir. C'était si difficile de tenir debout, de se forcer à marcher, souvent elle ressentait cette envie de baisser les bras, mais la question de Dacien la ramena à la seule chose à laquelle elle s'accrochait depuis toujours : son travail.

L'EMI avait donné son aval, il ne restait qu'à prévoir les jours à venir. Un route qu'ils connaissaient bien, des Lames qui étaient prêtes pour l'aventure, et cette envie qu'ils avaient tous les deux de retrouver la Lorraine. Pendant de longues minutes, ils se penchèrent ensemble sur la carte.
Les yeux brillants, Elektra hocha la tête quand il récapitula. Il savait lui redonner l'enthousiasme quand elle doutait d'elle-même, tout comme cette confiance qu'il avait fait germer en elle, même si, lorsqu'il s'éloignait, le manque de lumière venait racornir inévitablement les jeunes pousses.

Sept ! Ils étaient sept Lames. Coligny n'en était pas vraiment une, mais depuis le temps qu'il les suivait, il était considéré tout comme. Malheureusement, au moment du départ de Reims, un vent de tempête inopiné retint la moitié de la troupe sur place. Une journée de perdue ! Le Grand Maitre rageait intérieurement. Le sort s'acharnait encore contre elle, il n'y avait rien à faire ! Le petit groupe prit la route sitôt la tempête finie et pu rejoindre Dacien à Argonne.

L'alcool aidant, la soirée fut de celles qui détendent, chose qui lui était de plus en plus étrangère en public. Elle préférait de loin passer ses soirées seule avec lui, même si elle savait que c'était assez égoïste de sa part.
L'écuyer Kjerstin, bien que comtoise, s'était jointe à la troupe qui descendait sur la Savoie, et ce soir là, elle fut la cible du terrible duo. Pourtant, malgré les fous rires, derrière se cachait une véritable raison à la discussion. Mais comme tout, elle viendrait en son temps.

_________________
Kjerstin.
Lorsqu’un page, mis en joie par la signature de la trêve, vint la prévenir que Dacien voulait la voir, elle posa sa plume avec un soupir.

Le moment était mal choisi, elle peinait à trouver les mots qui réconfortent, à trouver que dire quand justement il n’y a rien à dire, qu’il faut juste attendre et prier le Très-Haut. On leur rebattait les oreilles avec la Lorraine disait sa soeur aînée sortie de ses gonds, inquiète pour le sort de sa chère Franche-Comté. Les armées de soudards emmenées par le Carmin y continuaient leur exactions, massacrant vaches et population avec le même morbide entrain, prétendant que les impériaux faisaient de même en Champagne.

Si Kjerstin n’avait pas cet amour viscéral de la Comté -peut-être parce qu’elle avait été élevée ailleurs, au gré des déplacements de ses parents-, son cœur n’en était pas moins lourd de recevoir de mauvaises nouvelles, de lire dans ses courriers que des gens qui lui étaient chers ou leurs proches étaient entre la vie et la mort. Elle comprenait la réaction de sa sœur, impuissante, à garder une ville pratiquement déserte quand son comté, sa ville souffrait. Mais les ordres… étaient les ordres.

Elle se leva pour aller le rejoindre. Là, à coup sûr, il la convoquait pour une affaire de tarte. Mais il en serait pour ses frais cette fois-ci. Comme le lui avait si bien dit le Sergent Yris en aparté, on s’engageait dans l’Ordre avec le vœu de devenir chevalier et non commis de cuisine.
Du moins, pour la plupart avait-elle pensé.

Étonnement, il ne fut point question de dessert, mais de lever le camp.
Rien de bien complexe, depuis des mois qu’ils étaient sur les routes, ils étaient tous rôdés à ces tâches de montage et démontage.
L’immuable ballet se mit en place avant même que l’aube ne pointe, chacun rejoignant qui les rangs des armées, qui une lance isolée pour une mission différente.

Elle partait en Savoie quant à elle. Elle avait hésité avant d’accepter, une seconde, le temps de soupeser les tenants et les aboutissants, puis considéré l’affaire comme une opportunité. Celle de mener un test.
Les décisions viendraient ensuite.

_________________
Yris
Lorsque la nouvelle fut tombée, les ordres avaient été donnés de démonter le camp. Et comme tout sergent , elle participait également à la tache le cœur léger mais l'esprit torturé.

Depuis plusieurs jours elle réfléchissait à un éventuel départ de Doles. Rien ne la retenait dans cette ville ou si peu. Ses pigeons ne faisant aucun retour, aucune nouvelle, pourquoi donc rester. "C’est à toi de choisir et de vivre ta vie." : cette phrase résonnait sans cesse dans sa tête. De toute façon elle rêvait de devenir chevalier et donc pour elle que ce soit à Dole ou ailleurs ce serait l' Empire.

Et lorsque que le Grand Maître et le Chevalier Dacien lui demandèrent qu'elle les suive jusqu'en Savoie , elle n'hésita pas une seconde.

Elle aurait dû déjà faire ce voyage il y a quelques années. Si lui il l'avait oubliée, la considérée peut être même morte , elle , elle y pensait jour et nuit. Et ce voyage réveillait en elle les souvenirs mais quelle garda pour elle en secret.

La voilà sur les routes, elle allait enfin découvrir cette Savoie si chère à son frère.

_________________
Dacien_de_chenot


Les nuits étaient très fraiches comme en témoignaient les volutes de fumée blanchâtre qui s’élevaient des toits des villages que la lance traversait le plus souvent à la nuit, entre chien et loup. Au fracas des chevaux ne répondait que le silence. Ce froid qui s’insinuait à la faveur d’un coup de vent par les plis des vêtement. , vous glaçait le sang jusqu’aux entrailles…
Les yeux fixés sur la crinière de son destrier, le Maistre d'Armes était songeur. Les questions martelaient son esprit sur la suite qu'il allait devoir donner à sa vie.
Sans doute y pensa t'il trop en cette nuit qui devait les conduire à la frontière de la Savoie et que par un fâcheux coup du sort ils se retrouvèrent en Dauphiné.
Une journée entière de perdue quand le temps leur faisait déjà si cruellement défaut ! Il se serait battu pour cette négligence.
On décida de monter un camp de fortune. Coligny monterait la garde tandis que le sergent Yris s'occuperait de trouver de quoi satisfaire leurs estomacs affamés et si le chevreuil qu'elle rapporta de sa chasse se révéla des plus indigestes ils finirent malgré tout par s'endormir jusqu'aux premières lueurs de l'aube.
Il fallut donc remonter vers Mâcon et bifurquer en direction de Bourg où ils s'arrêtèrent quelques heures afin de laisser reposer leurs montures.

Quatorze jours !
Il ne leur restait que 14 jours pour gagner la Lorraine.
Le soir venu, carte posée devant eux, ils vérifièrent une fois de plus que dix jours suffiraient.
Reki fut aussitôt informé de la chose. Résistant du premier jour, il était sans doute celui qui espérait le plus ardemment l'arrivée d'un soutien.
Après en avoir longuement discuté, ils convinrent qu'ils s'installeraient à Nancy.
Le Maistre d'Armes profita aussi de l'étape pour acheter tout ce que la ville proposait d'armes. Enfin, aux dernières heures du jour, ils reprirent leur route.
Elle passerait par Belley.

_________________
Dacien_de_chenot


Il y avait eu Belley.
Il lui avait parlé d'un beau navire qui viendrait bientôt s'amarrer au port et leur imagination les avait entrainés vers des contrées lointaines aux saveurs d'épices.
Il y avait eu Chambéry.
Et la rencontre avec un conseiller ducal qui lui avait remis les clefs d'un atelier de sculpteur. Déjà il l'imaginait pétrissant l'argile, faisant naitre sous ses doigts de voluptueuses formes et de sensuels arrondis. Il avait aimé ce choix admirant cette femme qui maniait l'épée aussi bien qu'elle pouvait faire naitre mille frissons à la simple pression de ses doigts.
La capitale se révéla quelque peu animée mais il n'eut pas le plaisir d'y croiser son père, quant à sa sœur elle les évita consciencieusement. Ils y firent toutefois connaissance de sa charmante vassale, Sève de Rouen avec laquelle ils eurent plaisir à parler de la Lorraine.
Lizzie ne s'était pas montrée à Belley de la journée. Ils convinrent de poursuivre le voyage jusqu'à Annecy. Elle les attendrait à Chambéry où ils devaient repasser pour déposer quelques affaires.
Il y avait eu Annecy.
Depuis la veille, l'écuyer Kjerstin semblait souffrir d'une fièvre pernicieuse qui gagna une bonne partie de la lance.
Sitôt parvenu au village le maistre d'armes s'empressa d'aller quérir une essence curative capable de soigner cette nouvelle maladie estimant qu'il valait mieux prévoir de quoi guérir la troupe. Elektra fut la première atteinte et donc la première à pouvoir profiter du breuvage verdâtre concocter par le docteur Modimir. Les vertus de l'essence ne tardèrent pas à faire effet qu'elle se sentit très vite mieux tandis que le Ténébreux commençait à ressentir les premiers effets de la Tarraconensis Malum. Hélas une seule essence avait été préparée et, on l'a vu, ce fut le Grand Maistre qui en avait profité.
Ne restait plus qu'à espérer que Modimir pourrait les recevoir en consultation et qu'il aurait un stock de remède.
Un autre problème les attendait à Annecy.
Vider leur propriété se révéla plus complexe qu'ils ne l'auraient cru possible. Durant ces longs mois de guerre, leur silos s'étaient gorgés de grain compliquant le déménagement. De nouveaux courriers partirent, cette fois en direction de la mairie tandis qu'ils profitaient de quelques heures de repos .

_________________
Elektra.
Savoie ... ou bien ?

Non ! Même pas en rêve qu'elle foutrait une cagoule sur sa tête ! Et pourtant ...

Ce fut le bonnet de Noël qui fit office de "coiffe" face au conseiller ducal. Le premier qui rit s'en mange une ! En plus, pour des frais de dossiers et l'autorisation d'ouvrir son échoppe sculptrice/masseuse, il lui avait ponctionné 1500 écus. Le coup avait été rude pour l'Économe.

Traverser la Savoie avait été aussi monotone qu'elle se l'imaginait. Ou presque. Sa présence, son rire, ses attentions, leurs esprits qui fonctionnaient sans cesse et en complète adéquation ; tout cela rendait ses journées aussi exaltantes qu'une chevauchée au cœur d'une bataille.

A Bourg, elle avait croisé la jeune femme qui semblait partager la vie de son frère cadet, Terrance, mais lui, elle ne l'avait pas vu. Pourtant, elle aurait apprécié de lui parler de vive voix. Ces quelques lettres qu'ils s'échangeaient parfois n'étaient guère suffisantes pour animer le lien familial censé les unir. Et Dieu savait qu'elle avait besoin d'unité familiale en ce moment.

A Belley, le forgeron qu'elle avait mandater pour une dizaine d'épées avait malheureusement du s'absenter. Les chevaliers avaient décidé de laisser les armes à la forge, elles seraient en sécurité de toute façon. On ne vit pas trace de celle qui était censée rejoindre le groupe, et Elektra en fut quelque part soulagée.

A Chambéry, ils purent enfin décharger une partie de leur attirail et le répartir entre leurs appartements respectifs. Entre travail et plaisir, il n'y avait qu'une très infime limite qu'ils franchissaient souvent avec allégresse. Même si le froid de l'hiver avait déjà envahi la Savoie, le soleil qui brillait sur eux les enveloppait d'une agréable chaleur.

Il restait un dernier virage à effectuer. Annecy. En vider complètement leurs propriétés, et tout ramener à Chambéry. Dès le matin, ils s'attelèrent au déménagement, avec le sourire, les yeux brillant de cet avenir qui les attendait en Lorraine et qui se rapprochait un peu plus chaque jour.

_________________
Yris
La Savoie , la voilà enfin. Après la chasse dont elle avait ramené un jeune chevreuil qui faisait bien ces 10 kg de viande mais qui avait été gâchée par la cuisson, parce que le ragout ça va qu'un temps, une tournée offerte à Belley qui avait fini par faire dire qu'ils ne boiraient que du lait. Certes elle était une empoisonneuse mais une empoisonneuse par ses baisers et non dans ses actes de bienveillance.

Arrivée aujourd'hui à Annecy . Ouff dira t-elle. Est- ce l'épuisement du voyage ? la viande , le verre ou la pleine lune ? Nul ne le sait , n'empêche qu'elle avait passée une très mauvaise nuit et que ce matin la douleur irradiait tout son organisme et était donc de très mauvaise humeur ce qui la rendait encore plus désagréable et chiante que d'habitude.

Une vraie gamine qui ne voulait savoir où ils passeraient, quel serait le chemin qu'ils emprunteraient. Elle voulut le savoir , c'était vital pour elle voir même viscérale, une question de vie ou de mort. Certes elle n'eut pas la réponse attendue mais pour avoir la sérénité et pour elle aille dormir un peu , elle reçut un bonnet rouge qu'elle rangea vite et un petit caillou ca peut toujours servir un tit caillou.

Donc aujourd'hui, elle n'était pas bien du tout, elle ne pouvait pas acheter de potion parce qu'elle ne savait pas ce qu'elle avait comme maladie. Est-ce la dernière trouvée ?

Elle irait voir le médecin et encore si il veut bien la recevoir.
De plus le chargement se faisant de plus en plus lourd , elle n'avait pas la force de tirer comme un mulet. Arrivera -t-elle ce soir à prendre la route ? Demain est un autre jour.

_________________
Dacien_de_chenot


Enfin un dernier regard sur la Savoie tandis qu'au Castel les masques étaient tombés et que les vrais visages s'étaient dévoilés.
Hé quoi ? Un canasson devient rarement destrier et la noblesse d'un homme se jugeait dans ses actes.
Le Ténébreux n'en tirait nul dépit car au final la vomissure ne pouvait qu'entacher celui qui la verbalisait. L'absent. L'absent qui ne revenait ventre à terre que lorsque sa "possession" semblait lui échapper. Pitoyable essai ! Où était-là la noblesse de l'homme qui dans tout ça ne voyait qu'une défaite quand il fallait lire un amour qui n'avait cessé de croitre jour après jour, prenant racines profondes dans le quotidien.
La pitié se lut dans le regard véronèse du chevalier qui soupira longuement, penché sur son livre, un œil sur son manuel de navigation, un autre sur celle qui lisait près de lui. Ils profitaient tous deux de quelques heures de halte pour poursuivre leurs études et de l'inattention parfois de leur professeur pour quelques gestes tendres.
Une page s'était tournée. Définitivement.
Quand Longefoy aime Aime et quand Aime le lui rend bien au grand dam de quelques fâcheux il y avait fort à parier que leur amour durerait jusqu'à leur dernier souffle.

Il se pencha sur sa compagne pour glisser à son oreille :

- Et si nous sortions un moment ? Nous pourrions emprunter ces livres pour réviser ce soir. Qu'en pensez-vous ?


Déjà il avait rabattu la couverture du sien.

- Nous pourrions essayer de voir notre suzeraine. Dieu seul sait quand nous en aurons à nouveau l'occasion.

Ce soir, ils reprendraient la route. En marche vers leur destin commun.

_________________
Elektra.
A nouveau Chambéry. C'était leur dernière escale en Savoie. La matinée avait été courte : charger, décharger, trier, recharger. Enfin, ils étaient prêts. Aucun regret, ce qui l'attachait aujourd'hui à la Savoie ne se perdait pas, le reste était sans intérêt.
Elle avait rendu la clé de sa chambre qu'elle louait à l'année à l'Abreuvoir Moussant d'Annecy. Cette chambre avait été son chez-elle pendant quatre années mais aujourd'hui, elle n'en avait plus besoin. Elle retrouvait le chemin de sa terre natale où une nouvelle page de son existence allait s'écrire.

Pour le moment, elle était penchée sur une autre nouveauté : connaissances militaires de base. Ce qui en soit était relativement très barbant. Souvent son regard se relevait et venait se perdre sur le Ténébreux, de regarder sa main tourner la page, son sourcil se hausser à la lecture d'une ligne qui l'interpellait, jusqu'à la petite veine qui venait marquer le tempo de son pouls sous la peau de son cou. Tout était prétexte à la distraction. Mais quand lui-même relevait les yeux sur elle, elle rebaissait rapidement le regard sur le livre avec un sourire de petite fille espiègle.


- Et si nous sortions un moment ? Nous pourrions emprunter ces livres pour réviser ce soir. Qu'en pensez-vous ?

Cette fois-ci, Elektra le regarda franchement avec un large sourire.

- Nous pourrions essayer de voir notre suzeraine. Dieu seul sait quand nous en aurons à nouveau l'occasion.

Le livre se referma, claquant un peu trop fort pour le silence de la bibliothèque.

Allons ! Au moins, elle est plus amusante que ces livres d'étude !

L'érudition était en marche. Bientôt, ils formeraient une armée. Bientôt, l'ODL déploierait sa force comme un aigle déploie ses ailes. Ces projets qui lui tenaient à cœur se mettaient en place peu à peu. Glissant son bras sous celui de Dacien, ils refermèrent la porte de la bibliothèque pour reprendre leur pia pia pia habituel.
_________________
Dacien_de_chenot


A la Samain, les barrières des champs étaient démontées et jetées dans les fossés, les bêtes du voisin étaient déplacées dans un autre pré, les enfants faisaient des plaisanteries, les chats noirs rodaient.
On allumait alors le feu sacré, pour honorer Been, le dieu du Soleil, et chasser les mauvais esprits. De ce feu, chaque foyer recevrait une braise qui lui permettrait de ranimer un feu nouveau en sa demeure, feu qui perdurerait jusqu'au prochain automne et d'année en année, jusqu'à la fin des temps.
Le feu... Idée des plus plaisantes...

Ce soir-là, ils avaient établi le camp non loin de la capitale comtoise. Pour une fois, la Lorraine et la Bretagne étaient réunies autour d’un feu de joie pour fêter cette nouvelle année, ce passage entre deux saisons, entre deux mondes.
Le Ténébreux se réjouissait particulièrement de passer ce moment auprès d'Elektra, moment durant lequel il était permis à chacun de se débarrasser de ce qui l'entravait, de ses "branches mortes".
Sous la férule de la bretonne Yris, devenue impériale, le rituel serait respecté à la lettre. Et, tandis qu'au castel certains s’amusaient cherchant de quoi s’occuper, chose que le ténébreux prenait avec philosophie, comme il l'eut fait d'un caprice d'enfant qui aurait essayé d'attirer l'attention dans une dernière tentative désespérée, chacun autour du feu enterra cette nuit-là quelque chose qui symbolisait ce dont il voulait se débarrasser.

Même l'homme de l'ombre était sorti du bois pour se plier au rituel. Depuis quelques jours, il n'était pas rare de voir Coligny les rejoindre autour du feu et s'ils n'en avaient rien dit, un regard entendu d'Elektra avait fini par lui faire comprendre que son garde du corps goutait la présence d'une certaine Lame.
La Lorraine se profilait sous les meilleurs auspices.

_________________
Coligny.
Etait-ce cette trêve ? Ou alors d'avoir combattu toutes ces semaines aux côtés des Lames ? Quoi qu'il en soit, Coligny sortait effectivement du bois et se montrait de plus en plus souvent. Dans son habit sombre, il avançait vers la lumière, d'un pas sure, épée sur le côté, dague à la ceinture, son long manteau flottant derrière lui.

Une forme de rite breton était en cours. Une jeune femme en donnait les règles et non loin Dacien et Elektra. Sans un mot, il regarda le couple et fit un signe de tête entendu au Grand Maître et s'installait sur un tronc renversé. Puis il salua tout le monde, tapant sur sa cuisse pour faire venir Ronce, sa petite chienne, qui vint de suite se coucher à son pied.

A son tour, il enterra quelque chose dont il voulait se débarrasser et il fit un petit sourire en regardant une Lame qui avait quelque chose de différent des autres.


- Heureux de vous revoir Elektra, fit il en souriant à Dacien qui avait retrouvé sa joie de vivre.

Puis, lentement, il se mit à parler et même à plaisanter. L'ambiance était à la fête, l'emportant dans un tourbillon qu'il ne connaissait que rarement, préférant rester sur ses gardes comme le protecteur qu'il était. Mais son ami ne risquait rien ici. Ce feu de camp était loin de leurs ennemis et il ne voyait autour des flammes que des amis.
Yris
Une nuit où les morts coexistent avec les vivants. Cette époque qui annonce la fin des récoltes, l’arrivée du froid et la fameuse nuit où le dieu de la mort permettait aux morts de vivre le temps de quelques heures avec les vivants.

Elle arriva près du feu de camp avec un fagot de bois mort. Elle, qui vivait jusqu’à présent dans un royaume de solitude, ne pouvait plus contenir cette tempête à l’intérieur d’elle. Cette nuit -là il lui fallait enterrer ses souffrances. Elle expliqua la symbolique du bois mort.


- Ce moment hors du temps est un seuil entre l'ancienne et la nouvelle année. Il nous permet de nous débarrasser de ce qui nous entrave, de nos "branches mortes". Nous pouvons enterrer quelque chose qui symbolise ce dont nous voulons nous débarrasser ou bien faire le deuil. En retournant à la Terre, nos "branches mortes" retournent ainsi dans le grand cycle de la vie. Aujourd'hui "Faire le deuil" est souvent présenté comme une résignation fataliste, un renoncement ou une volonté délibérée d'oublier un évènement douloureux.

Elle distribua à chacun une branche. Puis creusa un trou de ses mains. Tous autour du feu firent comme elle.

En mettant ce morceau de branche dans la terre, elle allait y mettre toute sa mélancolie, adieu Mael30.. Adieu Merwen … adieu Gui et Eliotte … adieu sa Bretagne….
Chacun a son tour firent de même, permettant à chacun de faire le deuil de leur propre histoire.

Cette nuit-là, un regard, un sourire se posa sur elle.

Sa tristesse et sa culpabilité se transformèrent en tempête. Ne pas à avoir à mentir à présent.. Elle décida de tout envoyer paître Elle se moqua des conséquences que cela portera. Elle se dirigera vers Dole cette nuit-là pour y faire le grand ménage. … Laisse la fureur de la tempête… . Vous avez froid ? je m’en fous… Libérée ... Délivrée


explication : https://youtu.be/2jo5u0TBpJM?t=389

_________________
Kjerstin.
La nuit de Samain, Kjerstin avait enterré sa branche morte elle aussi.
La lente métamophose commencée des mois plus tôt en Savoie s’achevait ainsi, tout comme le malaise qu’elle ressentait depuis des jours.

Elle en avait parlé un peu.
Elle avait cherché à y voir clair en parlant à certains.
Tous avait répondu de la même manière, il fallait suivre son cœur.
De belles paroles qui ne lui avaient servi à rien.
Elle avait écrit dans un carnet.
Elle avait écrit des lettres.
Elle avait gribouillé des coches.
Elle en était toujours au même point.

Puis il y avait eu Saint-Claude et son amie Ellea. Elles avaient parlé de toutes sortes de choses, avant que Kjerstin ne finisse par se confier.

Son amie l’avait regardée par-dessus sa tasse de tisane avant de répondre doucement.

Parfois… il faut arrêter de mettre soi-même des bâtons dans les roues de sa charrette…
Ou d’essayer de s’enfermer dans sa propre cage et d’en jeter la clé...
*

Quelques heures plus tard, la lance avait quitté Saint-Claude et sa décision était prise. Elle s’en irait en Lorraine.

Le soir de Samain, en ramenant la terre sur son morceau de branche morte, ce furent ces fameux bâtons qu’elle enterra.


*avec l'autorisation de JD Ellea

_________________
Dacien_de_chenot


Et puis il y avait eu la Lorraine enfin !
La lance y arriva au complet en début de semaine et il fut décidé d'une halte de quelques jours. Le temps de laisser reposer hommes et bêtes.
Ils y attendraient Yris qui venait de réussir à se défaire de ses champs sis à Dole.
Dans un premier temps ils louèrent une chambre qui leur permettrait de s'établir en Lorraine afin de pouvoir voter.
Durant ces quelques jours, il ne fut pas rare de croiser le couple à la bibliothèque, où ils passaient un temps considérable à la même table, mains nouées, le nez dans des ouvrages poussiéreux.
Le soir, ils retrouvaient les Lames autour d'un verre avant de disparaitre bras dessus bras dessous, toujours à la recherche d'une solitude dont ils avaient besoin pour se retrouver et refaire le monde.
Mais au bout de quelques jours, ils durent se résigner à quitter Epinal pour se diriger vers la capitale lorraine où une élection municipale requérait leurs voix.
Le sergent Yris les ayant rejoints, il n'y avait plus aucune raison de différer la fin du voyage.
La lance se scinda à nouveau. D'un côté, Coligny, qui escorterait l’Écuyer Kjerstin vers Dole, accompagné de Kryotos et d'Adelheid ; il mènerait l'autre en direction de Nancy après une halte à Vaudemont où ils devaient retrouver leur amie Ysabeau, ainsi que Brunehilde qui était enfin sortie d'une retraite religieuse.
La jeune femme l'avait immédiatement contacté sitôt les portes passées. Ils convinrent de se voir à la nuit.
Le Ténébreux vérifia le chargement des charrettes après les derniers achats de farine et de bois qui alimenteraient la boulangerie d'Elektra. Tout semblait en ordre pour un départ le soir même.
Vaudemont était un éperon rocheux protégé par d'épais remparts, la route sinueuse qui y menait mis les chevaux à rude épreuve. Les cailloux roulaient sous leur pas, menaçant de les précipiter dans le vide.
Les Lames durent parfois démonter afin d'assurer les chevaux et les charrettes mais au petit jour, ils passèrent les portes de la ville sans avoir de perte à déplorer.
Aussitôt, le Maistre d'Armes se laissa entrainer vers la maréchaussée où le résultat des élections était tombé. La Loyale avait été largement plébiscitée par le peuple au grand dam des indépendantistes qui recevaient là une bonne déculottée.
Les quatre sièges octroyés leur donnait une marge de manœuvre appréciable si on y ajoutait les deux obtenus par la liste amie L.A.I. qui portait Ysabeau au Conseil ducal ainsi que Caoimhim de Dombasle, un homme qu'il ne connaissait pas mais dont on lui avait dit grand bien.
Et tandis qu'à Dijon Ardarin s'agitait, Amédée plantait ses jalons en Savoie pour tenter de miser enfin sur le bon canasson qu'il pourrait couronner.

_________________
See the RP information <<   1, 2   >   >>
Copyright © JDWorks, Corbeaunoir & Elissa Ka | Update notes | Support us | 2008 - 2024
Special thanks to our amazing translators : Dunpeal (EN, PT), Eriti (IT), Azureus (FI)