Afficher le menu
Information and comments (0)
<<   <   1, 2   >>

La folle chevauchée - Octobre 1463

Coligny.
Les soirées avant son départ pour Dole avaient été pleines de rebondissements. Il y avait eu l'enterrement du mal passé et puis cette nuit si particulière qu'il avait du mal à oublier. Une bien belle jeune femme avait accepté de le retrouver sous sa charrette. Il revoyait son sourire et n'arrivait plus à effacer la sensation incroyable qu'il avait eu de la tenir entre ses bras. Une seule nuit et cela avait changé sa vie. Il n'arrivait plus à penser à autre chose. Il lui écrivait même des petits mots. Lui qui détestait tenir une plume. Il lui préférait de loin la dague ou l'épée.

Il apprenait bien des choses sur cette jeune femme et soudain la quitter lui faisait quelque chose. Il devait bien se l'avouer. Même Ronce la cherchait le soir autour du feu de camp et tournait en rond sous la charrette se demandant surement pourquoi il manquait.

- Bon, tu viens te coucher Ronce. Arrête de bouger, tu m'empêches de dormir.

Il avait fini par la prendre dans ses bras mais elle puait l'humidité. Allez savoir où elle avait encore traîné ses pattes.

Et le lendemain fut comme les autres soirs. Il allait seul sous sa couverture et n'allait même pas voir ses compagnes de route au feu de camp. Kerjstin devait le trouver bien sauvage. Bon, il l'était un peu, mais là tout de même...

Il retrouva un peu son sourire. Disons plutôt une mine plus réjouie, parce que Coligny ne souriait pas beaucoup. Mais donc, il allait mieux quand ils reprirent le chemin du retour. Plus que quelques jours le séparaient ce cette femme qui l'avait un peu envoûté. Il se demandait bien souvent quel avenir ils auraient. Il était tellement solitaire, brutal, ignorant parfois, sachant tout juste écrire et lire, traînant derrière lui une pile de cadavres et des années de mauvaises vies. Qu'est ce qu'elle pouvait bien lui trouver ? Son visage était émincé, triste, balafré et le reste de son corps portait quelques stigmates de combats de guerre ou de bagarres dans des rues sombres derrière des tavernes.

Il se remémorait le dernier baiser qu'il lui avait donné, juste avant de partir. Un baiser pour ne pas l'oublier. Combien de temps la garderait il en mémoire ? Combien de jours avant qu'il ne se dise qu'il ne lui devait rien et qu'il reprendrait le chemin d'une taverne pour y trouver une fille de la nuit après avoir bu plus que de raison ? S'il était l'homme de confiance de Dacien de Chenot, il n'en était pas moins un personnage cédant à de nombreux vices. Par chance, il avait pour mission de ramener une amie de Dacien à bon port. Il évitait donc les lieux malfamés des villes dans lesquelles ils séjournaient. Ainsi, il se préservait un peu pour cette belle femme qu'il retrouverait sous peu.
Kjerstin.
Elle était restée longtemps assise sur le lit, contemplant la chambre qu’elle avait partagée avec sa jumelle à Dole.
Elle s’était remémoré leurs rires en grimpant quatre à quatre l’escalier, leurs chuchotements jusque tard dans la nuit. Elles étaient alors si jeunes, si naïves, si innocentes.

La chambre était restée telle qu’elles l’avaient laissée en partant, les deux vieilles poupées de chiffons qui ne les avaient jamais quittées toute leur enfance trônant sur le lit. Elles les avaient laissées là, arguant de leur état de grandes, d’adultes, de sergents d’armes.
Kjerstin, malgré elle, tendit la main vers la sienne, seule possession qui n’avait pas encore rejoint la charrette, avant de se raviser et de prendre celle d’Adelheid, laissant sa chère poupée aux bons soins de sa soeur. Elle comprendrait le message, du moins elle l’espérait.
Puis elle avait refermé doucement la porte et redescendu la volée de marches, lentement.

Coligny attendait près des écuries. Il n’y eut pas de grand discours, elle se contenta d’un simple

Nous repartons ce soir, comme prévu…

Il lui sembla voir passer l’ombre furtive d’un sourire sur le visage de l’homme de main avant qu’il ne réponde d’un laconique

Bien

Les lieues défilèrent, mornes. Elle s’était murée dans le silence épais qui les accompagnait elle aussi, habituée désormais à cette froide solitude, tombée sur ses épaules des mois auparavant et qui semblait l’envelopper tel un manteau trop grand. Quitter la Franche-Comté avait été facile, retrouver le goût de vivre le serait moins.

Un soir, à la chaleur du feu, ils avaient parlé un peu, à demi-mot, Ronce couchée entre eux dressant les oreilles lorsque son nom était prononcé. La petite chienne était attachante et ne perdait pas une occasion de se rouler dans la couverture de Kjerstin, qui loin de s’en offusquer s’était contentée d’y placer des brins de menthe pour faire fuir d’éventuelles puces.

Ils avaient fini par passer la frontière enfin et rejoindre Epinal où Liam les attendait. Il ne restait plus que deux longues journées avant l’arrivée à Nancy.
Deux journées avant de pouvoir enfin poser ses malles et s’installer. Un endroit à elle, un endroit pour guérir, elle avait promis.

_________________
Yris
Elle était arrivée à Epinal et avait rejoint le petit groupe, destination finale Nancy.

Il y avait eu cette nuit serrée dans ses bras, il y avait eu ses correspondances et ce soir-là il y avait eu ce baiser. Un baiser d’un « au revoir », d’un « je reviens très vite », un baiser pour « ne pas s’oublier ».

Elle avait décidé de ne pas l’effacer ce baiser jusqu’à son retour. Une semaine sans boire, ni tisane ni mirabelle et encore moins du chouchen. Elle refusa avec délicatesse toutes les boissons que l’on pouvait lui offrir. Jour Après jour, elle se déshydratait. Mais peu importe, elle ne l’oublierait pas. Le soir venu, toute seule dans sa chambre, elle relut toutes ses lettres, plusieurs fois dans la nuit, jusqu’à ce que le soleil pointe ses premières lueurs.

Un contre temps. Ne pouvant pas attendre pour la revoir, Il lui avait donné rendez-vous secrètement à Vaudemont.

En journée avec le peu de sommeil, elle était d’humeur mal lunée et était un peu sur la défensive, essayant tout de même d’être des plus agréables. Mais lorsque quelques choses lui déplaisaient, elle s’agaça très vite prenant même certains propos pour de la méchanceté.
Comme ce soir-là, justement où elle apprit que il ne serait pas là vendredi mais samedi. Mais ça, elle le savait déjà. Mais ne dit rien.
Elle prit cela pour de la provocation, et inventa une histoire à dormir debout. Elle devait aller au marché avec Kjerstin et essaya de montrer bonne figure comme si elle s’en fichait. Mais pourquoi ce mensonge ?

Elle ne dit rien.

La flamme de ses yeux s'est allumée, le soir où leurs lèvres se sont touchées. Aujourd'hui le destin leur appartient. A eux seuls de savoir prendre le même chemin.

Elle quitta Nancy pour Vaudemont. Sans rien dire, dans le plus grand secret.

_________________
Coligny.
C'était entouré de quelques belles femmes que Coligny prit la route d'Epinal pour Dole. Le groupe avait perdu quelques personnes. Une robe avait attiré l'une d'elle sur un marché que l'homme de main ne trouvait pas différent des autres. Mais les femmes voyaient dans les tissus colorés des choses qu'il ne percevait pas. Une robe était une robe. Que trouvait Kryotos de si beau ? Allez savoir. Elle décida donc de rester à Luxeuil.

La route se poursuivit ainsi avec Kerjstin. Une épopée calme et sans heurt. La jeune femme sembla même encore plus silencieuse lors du retour. A croire qu'elle avait laissé une partie de sa vie à Dôle. Coligny comprenait son silence. Il avait tant de fois laissé des parties de vie quelque part dans bien des royaumes ou empires. Ainsi, il restait silencieux, ce qui était une seconde nature chez lui. Il lui souriait de temps en temps mais sans plus.

Une petite pause à Epinal pour prendre ses écus et pour que Liam rejoigne leur groupe et il réalisait qu'il manquerait son rendez-vous avec Yris. Il prit aussitôt sa plume pour lui envoyer un mot pour qu'elle le retrouve à Vaudemont. Ils eurent ainsi une nouvelle nuit ensemble. La seconde. Aussi platonique que la première. Que lui arrivait il ? Il ne pouvait se résoudre à la toucher. Il avait le désir profond de la préserver. D'aller doucement. De ne rien précipiter. Pourtant, toutes les femmes qu'il traînait sous sa charrette ne venaient que dans un but précis. Et jamais il n'avait dit non. Pas qu'il refusait quoique ce soit à sa belle Yris, mais il ne voulait pas poser ses mains d'homme de main, rustre et sauvage.

Bien de questions le tourmentaient et une seule personne pourrait y répondre. Son meilleur ami. Celui qui l'avait sorti de son monde pour en faire son protecteur à jamais. Dacien de Chenot. Ainsi, il trouverait un moment où il pourrait lui parler de ses ressentis. Il saurait lui expliquer ce qui n'allait pas et l'aiguiller vers le bon chemin.
Yris
Il n'était pas là, elle n'était pas loin. Mais ils n’allaient surtout pas le manquer ce rendez-vous. Il faut garder l'espérance de ces matins où tout commence, où tout recommence.

Elle l’avait rejoint pour la seconde fois sous la charrette, sans trop savoir ce qu’elle allait faire vraiment.

Elle avait eu pourtant des nuits avec des hommes, des nuits sans promesses, sans lendemain depuis qu’elle était sortie de sa captivité. Une sorte de vengeance vis-à-vis des hommes qui l’avaient fait souffrir ? Qui l’avaient abandonné ?

Avec lui, elle était différente. Elle voulait prendre le temps. Le temps de le connaitre, de l’apprivoiser. Le temps de se faire connaître, elle se savait impulsive, avec un certain caractère qui pouvait surprendre. Mais elle pressentait qu’avec lui, elle serait apaisée.
Quand elle se retrouva dans ses bras pour la seconde fois, ce n’était pas ce désir charnel qu’elle ressentait comme auparavant, non mais bien de protection, de sincérité, d’humour, oui il la faisait rire.

Finalement elle recherchait des choses simples, un homme indépendant, fort et libre bien qu’il soit le protecteur du Chevalier Dacien.
Avec Coligny, elle serait protégée et plus personne ne pourrait lui faire du mal.


Durant son absence, Yris ne buvait plus. Yris ne se lavait plus, Yris ne riait plus en avait dit le Chevalier Dacien à Coligny. Yris se laissait-elle mourir ? Surement pas, Yris voulait vivre. Mais Yris ne voulait pas l’oublier. Et se blottir dans ses bras, un baiser déposé chassèrent toutes ses peurs.

De retour à Nancy avec lui, le changement se voyait.

Un amour naissant c'est comme un premier roman dont on joue tendrement les personnages. On ne sait jamais S'il est triste ou gai. Mais on voudrait vite en ouvrir toutes les pages. Et ce nouveau roman s'ouvre à Nancy.

_________________
See the RP information <<   <   1, 2   >>
Copyright © JDWorks, Corbeaunoir & Elissa Ka | Update notes | Support us | 2008 - 2024
Special thanks to our amazing translators : Dunpeal (EN, PT), Eriti (IT), Azureus (FI)