Peste soit de ce navire !
La gamine ne souhaite plus qu'une chose : ne jamais avoir mis les pieds sur ce bateau. Elle râle, ronchonne, son regard se biaise souvent vers le garde. Impassible, muet, il semble presque une statue de sel.
Dis m'ssire, j'peux m'asseoir ? Un regard dédaigneux qui semble vouloir dire non, il n'ouvre pas la bouche et reste droit comme un i. Elle rêve de lui écraser le pied de son talon, elle pourrait courir jusqu'à la porte, et fuir ... Mais fuir jusqu'où ? Sur ce maudit bateau, elle n'irait pas loin, et elle causerait encore plus de souci à sa sur.
Soudain la porte s'ouvre, la dame qui semble commander les soldats revient et jette un regard perçant à la petite.
Vous, rejoignez les hommes sur le pont, suivez les ordres des lieutenants. Toi, tu viens avec moi, et pas d'entourloupe, tu es prévenue ! D'un hochement de tête, après que le garde soit parti presque en courant, Justine suit la dame. Dans sa caboche, les mots se bousculent, comment faire comprendre qu'elle ne voulait pas à mal. Et puis, elle a encore faim ! Et soif, terriblement soif.
Dame... C'est pas que j'voulais faire du mal ... Dame, j'voulais rejoindre ma sur, vous comprenez et ...Un léger mouvement du chevalier, la main levée en signe de silence, et la jeune fille s'interrompit dans ses excuses embrouillées. Sa pensée suivante fut qu'elle n'allait sans doute pas apprécier du tout sa punition, mais puisqu'il fallait en passer par là ...
Une lourde porte fut poussée au cur du navire, Justine se souvenait être entrée ici, les cuisines, mais elle n'avait rien trouvé à manger. Le chevalier reprit la parole.
Je veux que tu restes ici pour le moment. N'en sors sous aucun prétexte, c'est bien compris ? Si je te vois à l'extérieur, je te passe par le fil de ma propre épée ! Justine, effrayée par ces mots, la regarda s'éloigner vers la porte.
Quand le cuisinier sera de retour, il te donnera des ordres, tu feras le travail qu'il te dira de faire.La porte claqua derriere elle, laissant la jeune fille tétanisée. Elle alla s'asseoir sur une chaise basse et replia ses genoux sous son menton. Son estomac gargouilla avec force et elle retint difficilement les larmes qui montaient à ses yeux.