Eloin Tandis que les premiers oeuvriers qu'elle avait engagé sur ses propres deniers avaient débuté le déblayage des décombres de l'église, l'abbesse avait regagné le presbytère qui, par chance, avait été épargné par les flammes, bien que voisin de quelques toises seulement de l'édifice religieux.
Retrouvant avec plaisir sa chaire à haut dossier positionnée devant la fenestre, pour bénéficier au maximum de la lumière du jour, l'évesque s'attabla devant son écritoire, trempa sa plume dans son encrier et rédigea une lettre à destination du maire.
Citation:Sénher Maire,
Je m'en viens à vous afin d'avoir de menus renseignements sur l'échoppe de charpentier que je viens d'acheter, suivant ainsi les besoins du village, d'après l'affiche municipale.
Est-il des articles dont le village aurait besoin en particulier ? J'ai remarqué une grande échelle en vente sur le marché, je suppose donc que cet outil n'est pour l'instant point une priorité.
Je vous remercie par avance de vos conseils, ils seront fort utiles pour les oeuvriers que j'engage en cette échoppe, puisque je n'ai plus assez de force, ni de temps, pour m'occuper moy-mesme de son exploitation.
Pieusement,
Eloin Bellecour,
Abbesse de Bourganeuf & Evesque de Limoges.
Naguère, elle avait eu une mercerie, puys une boucherie, et enfin une boulangerie. Mais l'univers du charpentier luy était totalement inconnu, et elle ne souhaitait point faire fabriquer des outils qui resteraient invendus.
Un instant plus tard, elle sortait du presbytère la lettre à la main, pour s'en aller la déposer à la mairie. En revenant, elle irait surement faire un tour au jardin presbytéral, entretenir les fleurs et récolter les plantes parvenues à maturité serait une bonne occupation pour ce jour._________________
Illustrations Religieuses
Eloin Le calme du presbytère luy seyait tant et si bien qu'elle ne le quittait plus guère que quelques jours par moys, pour assurer des pastorales de groupes et y recevoir ceux qui souhaitaient l'encontrer pour discuter de divers sujets.
Une grande part de son temps était donc consacrée à répondre aux missives qui ne manquaient point de luy estre remises plusieurs foys par semaines, voire mesme plus souvent.
Ce matin-là, elle répondit donc à une demande de baptesme d'un jeune couple souhaitant par la suite estre unis de sa main, les invitant à rejoindre la séance de pastorale qui avait débuté quelques temps auparavant au palais épiscopal. Puys une jeune femme, fraîchement installée au seing du diocèse, se renseignait sur la possibilité de suivre des études théologiques pour ensuite, certainement, servir le Tout-Puissant. Icelle avait été conviée à venir la voir en son bureau, ainsi elles pourraient discuter aisément de l'avenir de celle qui serait peut-estre une futur clerc de son diocèse.
Enfin, elle avait pris la plume pour prendre des nouvelles de la diaconesse de Ventadour, absente de l'église depuys plusieurs moys, alors que des paroissiens l'avaient croisée dans les rues du village encore récemment. L'évesque avait donc écrit à soeur Aurore, pour luy mander si elle comptait reprendre son diaconat prestement, ou s'il luy fallait luy chercher un(e) remplaçant(e).
Alors qu'elle s'apprêtait à aller déposer le tout au relais courrier, un messager luy porta la réponse du maire. L'abbesse s'en retourna donc à son écritoire, s'appliqua à rédiger ce qu'elle avait à dire au chef du village, et repartit distribuer son courrier.
Citation:Sénher Maire,
Je vous remercie de vostre sollicitude en ce qui concerne l'Eglise et le malheur qui s'est abattu sur le pieux édifice. J'ai engagé des oeuvriers qui s'activent à en déblayer les gravats, et j'espère pouvoir engager un maistre bâtisseur prestement, afin d'entamer l'élévation d'une nouvelle maison dédiée au Tout-Puissant.
J'ai donc donné consigne aux oeuvriers de mon atelier de produire un sceau non cerclé, pour commencer. A quel prix me faudrait-il le vendre ? D'ailleurs, existe-t-il en Bourganeuf une grille des prix à respecter ? J'avoue ne point le savoir, et, à moins que ma vue ne me fasse défaut, je n'ai point remarqué d'affiche idoine sur les panneaux d'affichage du village.
Pieusement,
Eloin Bellecour,
Abbesse de Bourganeuf & Evesque de Limoges.
Eloin La journée était pluvieuse, la plupart des oeuvriers restaient donc au presbytère, jouant à divers jeux de dés ou de pions, tels le tric-trac ou les échecs. Certains s'étaient aventurés en taverne, mais le plus grand nombre avait préféré rester au sec, si bien que le presbytère n'était qu'un ensemble de bruits bien masculins.
Recluse au fond du corridor de l'étage, dans la chambre qui était la sienne, l'abbesse s'appliquait à répondre aux quelques lettres reçues ces derniers jours. Celle de la comtesse de Turenne fut la dernière de la pile, et luy tira un soupir las. La politique, elle avait naguère donné, pour ne récolter que d'amers débats entre partis divergents, et critiques plus ou moins sérieuses entre stands interposés lors des élections.
Des années durant, elle avait mis sa vie familiale de côté, suivant les amys ou connaissances qui l'invitaient à rejoindre leur faction et leurs idéaux. Pour récolter bien plus de critiques que de paroles positives, et un simple médaillon censé représenter une appartenance à un quelconque ordre de mérite qui n'avait d'autre vocation que faire joli face à la toute puissante noblesse...
Certains y trouvaient leur raison de vivre, pour sa part ce n'était plus le cas depuys qu'elle avait voué son existence à servir le Très-Haut. Et elle ne regrettait aucunement son choix, elle avait trouvé la sérénité et la paix en devenant abbesse, puys évesque. En bref, elle avait trouvé un sens à sa vie, une vie placée sous le service de l'Eternel, sans avoir à choisir entre tel ou tel meneur d'hommes. Une vie de liberté, en somme...
Citation:Vostre Grandeur,
Je comprends fort bien vostre situation, et vous souhaite de trouver la personne qui vous manque, car ce ne sera point moy.
La politique fut partie intégrante de mon existence des années durant, mais je fis promesse au Tout-Puissant, le jour où je luy ais donné ma vie, de ne jamais plus mesler religion et politique.
Adoncques, je me tiens à cette promesse, et ma vie ne s'en porte que mieux.
Avec toutes mes excuses,
Eloin Bellecour
Ainsi fut expédiée la réponse à la comtesse de Turenne, avant qu'une brève prière ne soit adressée au Très-Haut pour la réussite de l'entreprise lancée par la bru de feue Nebisa._________________
Illustrations Religieuses
Eloin L'artisan qu'elle entretenait dans l'atelier de charpentier depuys le début de l'automne ayant commencé à travailler sur les nouveaux meubles et objets disponibles, l'abbesse et luy étudiaient, au fur et à mesure des créations, le prix de vente des objets réalisés.
Des échos parvenaient à la moniale grasce à un marchand ambulant encontré la veille au marché, parlant de matières premières à un prix inabordable, et de meubles aux prix allant de pair. Il n'était point dans le but de l'abbesse de s'aligner sur les lubies de ces artisans-là, bien au contraire. Aussi avait-elle décidé, en accord avec son charpentier, de vendre les meubles confectionnés à un prix raisonnable. Et pour ce qui était des matières premières comme le bois, s'il luy fallait embaucher un villageois pour estre sûre de ne point avoir à acheter les stères à un prix fou, elle n'hésiterait point à le faire !
C'est ainsi que, avant d'aller dire la messe, la cistercienne nota les prix de deux meubles dans le carnet qui ne la quittait jamais, tout comme son missel. D'autres prix viendraient s'ajouter au fur et à mesure que son charpentier avancerait dans les nouveaux meubles, à condition de trouver les fournitures produites par d'autres artisans...
Citation:- Tabouret rustique : 25 écus l'unité
- Table rustique : 60 écus l'unité
- Portrait du comte Raymond Barre : 45 écus l'unité
Maki Le vieux pèlerin qu'était Maki avait quitté son abri aux aurores afin d'aller au marché acheter quelques subsistances. La vieille, il était passé par l'église du bourg, ce n'était pas la plus grande, ni la plus faste qu'il avait vu lors de ses voyages à travers les pays, celle-ci était à taille humaine, sans trop d'artifices, cela lui plaisait. Sur les grandes portes de celle-ci, avait été écrit qu'on recherchait un curé... Depuis pas mal de temps avait-il pensé, le parchemin était décrépi et on parvenait à peine à lire ce qui était écrit dessus..
Après un temps de réflexion, sourit, et alla s'assoir sur les marches du parvis...
- Il est peut-être temps d'en finir avec les sentiers, les auberges cramoisies.. Un peu de calme et de repos me ferait du bien... dit-il en soupirant Ceci est un signe.. poursuivit-il doucement
Maki perdu dans ses pensées, ses souvenirs, attendait que quelqu'un arrive dans les parages et puisse le renseigner sur cette affaire...
Maki Maki sourit, se leva et hocha la tête. Lui même, oui, heureux de faire vostre connoissance!, tout en s'inclinant A vrai dire, je vous attendais afin de vous donner plus de renseignements sur ma personne
Maki Maki s'installa sur la chaise la plus proche de lui, et répondu de suite par l'affirmative. L'hôte servit alors le vin dans deux calices, Maki le prit et le leva..
A vostre santé et gloire au Très-Haut!
Après une bonne gorgée, Maki poursuivit, Je suis vostre serviteur, par quoi voulez-vous donc commencer noble Evesque?