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[RP] Cerièra's Place, 1 Boulasse St

Ceriera
La nuit avait été longue. Ou courte, cela dépend de si l'on considère l'éveil, ou le sommeil. La raison en était parmi les meilleures au monde : l'arrivée de deux nouveaux demi-blonds fuxéens, mais Cerièra s'était tout de même autorisée une sieste salutaire.

À peine tirée des bras de Morphée, elle savourait une petite menthe agrémentée de miel quand elle entendit Antoynette frapper et l'appeler. *Ah oui, c'est vrai ! Le glaçage !*

Elle alla vite ouvrir à son amie et sa petite, même le cheveux défait, peu importe… on est entre filles, la brune est décontractée, elles ne lui en tiendraient pas rigueur.


Entrez entrez !

Elle mit vite du lait à chauffer pour Olympe – il fallait bien à boire avec le goûter. La table était encombrée du le bâton qu'elle trafiquait ce matin, de liens de cuir, de quelques plumes… elles boiraient donc du lait au miel à la boulangerie. Le lait chaud à la main, elle les invita à la suivre dans le couloir menant à l'échoppe, qui commençait à se remplir de jolis pains dorés et moelleux. La petite serait préposée à goûter et donner son avis, elle lui tendit donc un petit bout de chaque.

Tiens Olympe, dis-moi si tu les trouves bons !


Évidemment le glaçage amènerait un plus, et il faudrait certainement goûter à nouveau après l'opération pour mesurer son apport. Faisons les choses sérieusement !

Après avoir servi le lait au miel, elle releva ses cheveux et les fixa avec la jolie pique en corne sortie de l'atelier de Bomacip, avant de demander à son amie :

Comment nous y prenons-nous ? Que nous faut-il ?
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Antoynette
La qualité de l'accueil n'était plus à prouver dans la ville de Foix. Chez Cerièra, ça ne faisait exception. Sans affoler Antoynette cette avalanche de gâteaux avalée par Olympe ces derniers jours l'inquiétait un peu.

Encore! Mais elle va grossir.

Ca ne lui ferait pas de mal, à vrai dire. Sans avoir la peau sur les os, la petite rousse n'était quand même pas bien grosse. La jeune femme sourit et répondit à Cerièra:

Il faut simplement du sucre glace et deux cuillerées d'eau. Un saladier et un fouet pour mélanger, et une poche à douille pour décorer.

Faire le mélange fut facile. Tenir le fouet de sa main gauche en coinçant le saladier entre son bras et son ventre pour fouetter le tout restait à la porte de l'estropiée. C'était la suite qui était plus complexe. La poche se tenait à deux mains. Elle sourit à Cerièra:

A ton tour. Il faut faire le contour des sujets et ensuite, au gré de ton imagination, tu décores l'intérieur.

Antoynette se souvenait du dessin d'Alexandre que Cerièra lui avait montré. Nul doute que ses talents allaient ressorit sur la montagne de gâteaux qu'elle avait préparés.
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Ceriera
– Il faut simplement du sucre glace et deux cuillerées d'eau.

L'eau, facile… le sucre glace ? *Pourvu qu'il m'en reste !*
Cerièra fouilla les rangements de la boulangerie, trouvant sans mal les ustensiles, mais seulement un petit fond de sucre glace.


Je vais en faire d'autre ! Ne bouge pas ! *Expression stupide : où veux-tu qu'elle aille ?*

Cerièra partit à la cuisine chercher mortier et pilon : pas le temps, ni la quantité, d'aller faire les yeux doux à la meunière. Elle irait à l'huile de coude.
Revenant à l'échoppe elle vit Antoynette déjà affairée à battre le tout. Elle observa donc son geste, somme toute simple mais assuré, tout en s'occupant, elle, de faire une rallonge de sucre.

… et Olympe ? Oh, elle avait de quoi faire. Son avis serait requis, elle était sommée de goûter sérieusement.


– A ton tour. Il faut faire le contour des sujets et ensuite, au gré de ton imagination, tu décores l'intérieur.

Ça semble si simpe ! Pourquoi n'ai-je pas essayé plus tôt ?

Parce qu'elle était boulangère, pas pâtissière. Et que jusque-là elle faisait surtout des recettes salées.

Ça n'est peut-être pas bien original, mais Cerièra dessina bon nombre de cœurs et d'étoiles. Parce que ce sont des formes simples, et qu'elle débutait dans l'art de la poche à douille. Parce que ça fait plaisir aux enfants. Parce que les grands, même s'ils ne l'avoueront jamais, pas même sous la torture, adorent les cœurs et les étoiles aussi.

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Ceriera
Le pain, c'est bon. Un peu de lecture pour le voyage et…
Cerièra passe en revue ses affaires pour ce voyage… un mois, des contrées inconnues… aura-t-elle le pied marin ? Aura-t-elle tous les laisser-passer à temps ? Normalement oui mais…
… la châtaigne de Max, on ne sait jamais ! Son groupe et elle ne craindraient a priori rien, mais embarquer la châtaigne la faisait rire. Comme pour la médaille de Saint Grégoire offerte par Nanie pour protéger sa route, on n'a jamais assez de grigris.

La veille avait été occupée à arracher les semis de l'un de ses potagers, pour y mettre du maïs. Deux nouveaux fuxéeens, c'est l'occasion unique de le vendre, et depuis le temps qu'elle avait besoin de liquidités et déposé son annonce…
Réformer le potager en champ de maïs pour Sowelo qui se destinait à l'élevage, et à la boucherie. Avec une ristourne.

Maintenant, Bomacip et elle faisaient leurs bagages. Elle ne comprenait toujours pas très bien ce qui l'amenait à rejoindre Saint Illinda participer à l'agrandissement, mis à part la promesse d'un tonneau d'ambrée, mais soit.


Tu as tout ce qu'il te faut ? Prêt ?

Partir quand d'autres arrivent, voilà qui tombait mal, mais ainsi étaient prévues les choses, et aller voir ailleurs si elle y était lui ferait le plus grand bien.

Et puis mettre les pieds sur un bateau…

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Ceriera
Se poser, enfin !
Une journée sous l'égide de la fiole voyageuse… la nave deviendrait réalité, le rêve collectif prenait corps.
Une autre remplie de Très-Haut… une messe, et… une question surprenante, mais à laquelle elle avait accordé le plus grand soin dans sa réponse.
Enfin une journée pour elle, dans sa maison… à défaire ses bagages, chose qui avait trop traîné, et… à s'accorder enfin le tête-à-tête avec elle-même qu'elle fuyait depuis des mois.
Tout avait été si vite dans cette constante
fuite en avant : toujours sur les routes : Pyrénées, puis Clermont d'Auvergne, puis la «Loire»… ou quand elle était ici, toujours du monde : la Saint-Noël, des soirées, des états seconds… La journée ? Du travail à s'en assommer. Tout pour ne pas penser, tout pour ne pas risquer de regarder en elle-même.


« Ranger sa maison, c'est ranger sa vie. »


D'abord sa besace. Elle la retourna pour en vider le contenu sur sa table. Le fatras devant lequel elle se trouvait maintenant lui tira un long soupir.

Allez, courage. Tu es une grande fille. Une moue… Mouais… il paraît.

Classer par thème : les plumes, le vélin, l'encre, d'un côté. Plusieurs carnets : «Belrupt ~ Navigation» et «Belrupt ~ Diplomatie» iraient rejoindre le matériel d'écriture, voués à retourner dans son sac. Un autre carnet, «
l'autre carnet», celui des portraits, qu'elle ne voulait plus ouvrir. Elle le mit de côté pour l'instant, se demandant si Alvira, qui en avait un second, avait fait son choix.
Quelques notes de cours…
Astronomie, à ranger ! Bureau ou bibliothèque, c'est selon, elle verrait.

Sa
médaille de baptême… C'est étrange, la veille elle avait évoqué son baptême à ses amis, étonnés que la foi ne lui fut pas facile, à la brune. Enfin, la foi, si, mais l'institution… Elle se remémora avec le sourire celui qui était venue la secouer pour la baptiser. Henriques… il était gentil lui. Que devenait-il ? Elle n'avait pas eu de nouvelles depuis sa retraite, sinon par Asphodelle : lui aussi avait fini par rejoindre l'Église de France. Aujourd'hui, cette médaille romaine était à ranger au rayon des souvenirs.

Les mitaines offertes par le drôle de type croisé en taverne ?
Ça n'est plus de saison, le printemps revient. Puis elle blêmit en retombant sur la lettre. Elle ne résista pas à la relire, et les larmes qui commençaient à couler sur ses joues lui confirmèrent que c'était une mauvaise idée. Elle la glissa vite dans le carnet de portraits, c'était encore là qu'elle serait le mieux. Le poème de Sandino lui fit retrouver le sourire. Même si lié aux événements, l'intention qu'il portait lui faisait chaud au cœur. Elle le déposa avec tout de même, en attendant.

La pipe en bois que Bomacip lui avait faite alors qu'elle avait rendue la sienne à Manga. Depuis combien de temps n'avait-elle pas touché à cette herbe bleue qui apaise les tourments ? Des semaines. Elle réserva donc la pipe et le sachet d'herbe associé : ils resteraient à la maison, uniquement pour le plaisir. Plus besoin de s'embrumer.

Deux mouchoirs… celui en soie de Lady, qui l'avait recueillie au Domaine et
séché ses larmes avant de rejoindre les autres à Clermont. Elle le lui rendrait. Puis, celui plus modeste d'Antoynette, mais dont l'adorable broderie de cerises rendait ce cadeau cher à Cerièra, qui savait bien les efforts que l'estropiée avait du faire pour venir à bout des fils. Tous deux retourneraient dans le sac, mais celui d'Antoynette y ferait un interminable séjour.

Le sablier, pour surveiller la cuisson du pain quand elle lançait une fournée et rejoignait ses amis en taverne : elle n'allait pas poireauter près du four tout de même ! Pourquoi l'avait-elle embarqué en voyage ? Bonne question. Sans doute qu'entre les étoiles et le sablier, elle avait une idée à peu près précise de l'heure.

Les futilités, enfin ! L'
Aker Fassi trouvé à Montpellier, sur l'étal d'un de ceux qui ramenaient en bateau les produits d'orient. Sa touche personnelle, à Cerièra, qui lui fait les lèvres coquelicot. Ça n'est pas qu'une image : c'en est, du coquelicot. Et il fallait bien une touche de rouge pour égayer cette pâlichonne. Un grand sourire à la vue de la pique à cheveux et du peigne en corne sortis de l'atelier de Bomacip. Le peigne retournerait dans le sac, elle prit la pique, la mis dans sa bouche en attendant d'enrouler ses cheveux, puis maintint le chignon d’une main, rattrapant la pique de l'autre pour fixer le tout. Ça ne ressemblait pas à grand chose, fait dans la hâte, mais ce serait plus pratique pour la suite de ne pas avoir les cheveux dans les yeux. Elle aurait du faire ça plus tôt.

Allez, chaque chose à sa place !

Le poème de Sandino, et quelques cours, dans le bureau. Les mitaines, dans le coffre. Puis elle se dirigea vers les étagère avec le carnet de portraits, qui était voué à être rangé parmi les livres, non-loin du
portrait d'Alexandre qui cachait le dos* de certains ouvrages. Le champain était posé sur une étagère plus bas : il devait être tout sec à force ! Elle ouvrit le chiffon qui le protégeait de la poussière : en effet, il l'était. Il faudrait en faire un pain perdu avant de l'expérimenter.

Puis son regard se posa sur
la médaille de sa mère, que Poma lui avait rendue avant les fêtes, en lui disant «C'est toi la Vidal». Elle la garda en main un moment, la regarda… selon la vieille Ferrimontaise, ce symbole venait de son père, qui avait perdu la sienne. Peu importait, c'était tout ce qui lui restait de ses parents, de ses racines. La Vidal…
Elle se remémora cette soirée où, assise en tailleur dans un fauteuil d'un des salons d'Alexandre – un des salons, oui… elle s'était sentait mal à l'aise chez lui, habituée elle à davantage de simplicité – elle griffonnait pour se chercher une signature, exercice auquel le chancelier avait invitée la nouvelle ambassadrice.
Elle lui avait confié son nom, qu'elle n'avait jusque-là dit à personne, tant elle l'avait délaissé depuis de nombreuses années, le chagrin de ses parents étant trop fort pour le porter. Un retour dans le village se son enfance, Bomacip et Poma retrouvés, trop de convergences : il était temps qu'elle se réapproprie ses racines. Bon gré mal gré, elle était «la fille Vidal», comme disait Bomacip.
La griotte fit donc un échange de bijoux. Elle posa la médaille d'Aristote près du portrait du blond, voilà qui ferait un mini-mausolée parfait, et passa celle de sa mère autour de son cou. Elle resta un moment la main sur la médaille, sur sa poitrine, envahie par un drôle de sentiment, qui finit par la porter, et dessiner un sourire serein sur son visage.

Bon, la malle !

Parce qu'il fallait finir de ranger, tout de même ! Elle déballa
la jolie robe achetée à Embrun : quelle histoire ça aussi ! Pour la première robe de couturier qu'elle s'offrait, il avait fallu qu'elle tombe sur l'atelier détenu par l'inquisiteur, pour passer à l'interrogatoire à son tour… si loin de Foix !
Hum… la pièce qui lui servait à entreposer tout et rien était dans un désordre absolu. Elle passa un moment à brasser tout ce méli-mélo avant de trouver une place à la robe, digne d'elle. Voilà… garde-robe, hihihi ! Il fallait bien commencer quelque part.

Ça faisait bien longtemps que sa maison n'avait pas été si claire, rangée… un brin de ménage plus tard, elle s'y sentait enfin bien, et regardait, satisfaite, le résultat. Elle arriverait à s'y sentir bien même sans Bomacip pour la choyer, tel un père de substitution. Inutile de le rappeler de Sainte-Illinda au secours, donc. La sérénité, la vraie…

Il faudra que je pense à inviter, quand mes foldingues préférées seront rentrées…

«Inviter». Un drôle de concept pour celle qui vivait dans sa bulle, et la partageait difficilement. Mais il manquait une touche finale.
Et si je mettais un bouquet sur la table, de ces fleurs que vendent les fleuristes ambulants en ce moment ?
Oui, elle ferait ça. Ce serait joli. Et puis elle remercierait, aussi, ainsi, au passage. La gratitude, c'est don dada à la brune. Ça rend heureux, la gratitude.



[C'est clairement le post qui me sert à moi, d’«extension de fiche perso». Pour ceux qui auraient lu malgré tout : navrée de vous avoir infligé ça !]
* [arte] Là où il y a le titre, sur la reliure, c'est «le dos». «La tranche», comme son nom l'indique… c'est là où passe le massicot. Schlack ! [/arte]

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Sandino
...Les coups répétés sur la porte n'ont rien changé, Ceriera est absente et rien ne laisse supposer qu'elle est sortie pour rendre des visites ou faire son marché. Bien au contraire pense le vieux gitan après avoir fait le tour de la maisonnée. Toutes les ouvertures sont barricadées, et sur le seuil d'entrée, la présence de feuilles mortes que le vent a délogé de leur cachette pour les pousser jusqu'à là, prouve que personne n'est entré dans la maison depuis quelques jours.

Voilà un bon moment que la Kumpania et Cerise doivent se retrouver, cependant les engagements des uns et des autres conjugués aux aléas de l'existence ont fait qu'ils se loupent régulièrement.

Qu'à cela ne tienne s'est dit Sandino après avoir acquis la certitude qu'ils ne vont pas voir leur amie cette fois encore. D'un revers de ses bottes qu'il a aménagé en poche où il range un tas de choses utiles, il extrait un bout de parchemin maintes fois gratté et une mine de plomb.

Laisser trace de leur passage, c'est le moins qu'il puisse faire. Connaissant le goût de Ceriera pour les mots, c'est sous la forme d'une poésie que le vieux gitan a décidé de signaler leur passage. Laborieusement il retranscrit ce que sa mémoire a bien voulu lui céder.






Le gardien des marais

En surface un trouble parcourt le marécage
Puis de guerre lasse
Meurt arrivé aux lèvres du bocage

Dans la vase à quelques brasses
Mélangés aux eaux basses
Demeurent des gisants sans âges
Lestés de leurs sombres héritages
et de l’éternelle menace
D’ombres venues d’un passé sans visage.

A la croisée des soirs
Il passe sans un regard
Le gardien des marais
Nimbé d’un brouillard
Qui s’égraine comme un chapelet


Au loin…
là bas dans la lagune
Des cœurs sorciers
Voilés comme pierre de Lune
Sondent l’écume de leurs pensées
Et ne trouvent qu’amertume
A leurs âmes désenchantées.

En surface,
Un frisson ride le marécage
Une fièvre fugace
Un éclair d’éternité
Qui voit des profondeurs sortir coiffé d’audace
Le gardien de nos marais
Celui qui remue l’eau grasse
de ses deux mains sans jamais renoncer
A briser la nasse
Des lendemains annoncés…


Le bonjour de la Kumpania !!

Sandino


Satisfait d'avoir retrouvé la totalité du texte sans trop d'efforts, Sandino le glisse sous la porte, regarde une dernière fois la maison puis s'en va.
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Bomacip
Las. Le vieil homme était las des travaux d'agrandissement du prieuré en abbaye, qui n'en finissaient pas de ne pas avancer. Il offrait volontiers ses bras et son aide à qui en voulait, mais la lamentable coordination du contremaître et des ouvriers avaient eu raison de son enthousiasme. Tant pis pour le fût de bière à ramener à Cerièra. Il gageait qu'elle ne lui en voudrait pas de ce renoncement, la petite avait d'autres choses en tête, et Bomacip s'en réjouissait. Au moins ne broyait-elle pas du noir.

Il revint chez elle, à Foix, sachant pertinemment qu'il ne l'y trouverait pas. Mais il ferait un peu de ménage, à commencer par ces feuilles mortes devant la porte. Si en rentrant, elle pouvait trouver une maison accueillante, voilà qui serait une bonne chose. Il ne pouvait s'empêcher, faute de nouvelles, de demeurer un peu inquiet pour elle. Paternaliste ? Sans doute un peu, mais avec discrétion, sans jamais le lui faire ressentir de trop. Il savait très bien que ça la braquerait.

Ouvrant la porte, il trouva un poème, qu'il déposa bien en vue sur le bureau de la fille Vidal. Il y joint un mot lui signalant son passage, avant de sonder l'état de la maison. Il fut ravi de constater qu'elle avait laissé les choses en ordre. La maison respirait la sérénité, sans doute la brune était davantage apaisée que ces derniers mois.

Seul un bouquet fané sur la table attira son attention. Il jeta les fleurs, vida l'eau, mais se disant qu'il ne pouvait pas lui laisser un vase vide, il prit un des vélins en vrac dans les affaires de la petite. Il le découpa, le plia, jusqu'à avoir une jolie fleur à remettre dans le vase. Il ne savait pas quand elle reviendrait, et les fleurs de vélin ne fanent pas.

Il retournerait vite dans sa montagne, son atelier avait assez attendu le retour des beaux jours. La lumière commençait à durer plus tard dans la journée, il se remettrait au travail. Peut-être les deux petites repasseraient le voir ? Elles avaient amené tant de vie dans sa boutique, la dernière fois…

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Artiste du noir et du blanc.
Antoynette
Tiens, le pas de la porte de la maison de Cerièra était propre. Elle était rentrée? Et elle ne lui avait rien dit?
Antoynette s'en voulut immédiatement d'avoir eu cette pensée. Après tout, elle ne lui avait pas écrit non plus. Ou si peu. Pour dire quoi, de toute façon? Toujours la même chose? Mais au moins aurait-elle pu prendre de ses nouvelles. Elle se disait son amie, mais elle ne le lui montrait pas beaucoup.

Olympe était à la garderie, et elle-même revenait du verger. Elle rêvait d'un bon bain, mais ça attendrait. Cerièra lui manquait beaucoup, et elle ne résista pas: elle posa son panier à ses pieds, et frappa trois coups à la porte.

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Bomacip
Le vieux pyrénéen avait déjà la main sur la poignée de la porte quand il entendit frapper trois coups. Autant dire qu'il put ouvrir immédiatement, ce qui ne manquerait pas certainement de surprendre la visiteuse. Il fit un grand sourire à sa vue : si Cerièra lui manquait, s'il n'avait pas vu «la petite» Aryanna depuis longtemps, cette visite-là lui réchaufferait le cœur.

Antoynette ! Quelle bonne surprise ! J'étais sur le départ, mais entrez, entrez… la petite Olympe n'est pas avec vous ?

D'un mouvement du bras il l'invita à passer le pas de la porte.

Mais ça n'est pas moi que vous veniez voir n'est-ce pas ? Je n'ai pas de nouvelles de Cerièra depuis quelques semaines, peut-être en avez-vous de plus récentes ? Elle devait aller à Cahors, je sais, mais depuis… rien ! Mais vous savez ce que l'on dit n'est-ce pas ? «Pas de nouvelles, bonnes nouvelles !»

Il prit le panier d'Antoynette pour le rentrer, tout en lui demandant :
Je vous sers quelque chose à boire ? Puis, amusé : C'est que je connais la maison, à force !
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Artiste du noir et du blanc.
Antoynette
Pour être surprise, Antoynette fut surprise. Elle était un peu dans la lune et sursauta quand la porte s'ouvrit plus vite qu'elle ne s'y attendait. Un sourire éclaira néanmoins le visage de la frêle jeune femme.

Oh, Bomacip! Les travaux sont finis?

Il y avait tout de même une chose à laquelle elle avait du mal à s'habituer, c'était qu'on la vouvoie. Elle rougit un peu et répondit au vieil homme.

Olympe est à la garderie. Je revenais du verger et j'ai vu que c'était balayé. J'ai été curieuse. Je me disais bien que c'était un peu tôt pour le retour de Cerièra. Je suis surprise, mais je suis contente de vous revoir moi aussi.

Elle entra comme il le lui proposa. Si les journées rallongeaient, elle n'en restaient pas moins fraîches.

Je veux bien quelque chose de chaud. Mais... faudrait pas que ça manque quand elle va rentrer.
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Bomacip
Avant tout bavargade, anticiper… l'eau ne chaufferait pas toute seule, alors Bomacip alla en mettre sur le feu, tout en mettant son «invitée» à l'aise :

Installez-vous Antoynette !

Il fallait relancer le feu qu'il avait laissé s'éteindre doucement, ne pensant pas rester.

Les travaux, il sont loin d'être finis ! Quand ça n'est pas le contremaître qui est introuvable, ce sont les consignes qui sont contradictoires, ou les plans qui sont contestés. Ils ne sont pas près de l'avoir leur abbaye !
J'en ai eu assez. Je suis revenu dans le comté pour la baptême de la petite…
mais peut-être Antoynette ne savait pas qui il appelait ainsi … Aryanna ! Et je préfère être par ici.
Ceci dit, mes montagnes m'attendent, je vais les rejoindre très vite. Je passais juste m'assurer que Cerièra trouverait une maison en ordre en rentrant. Que ça lui fasse un souci de moins.

Mais ne vous en faites pas, si je vous fais une tisane, ça n'est pas quelques feuilles qui lui manqueront. Je suis certain qu'elle en aura ramassé beaucoup d'autres.


Il amena plusieurs pots sur la table, chacun contenant des feuilles différentes, mais sans précisions. Il sourit à Antoynette : Elle doit bien s'y retrouver je suppose. Prenez ce qui vous fait envie. Il amena un pot de miel avec.
C'est tout ce qu'il y a. C'est bien normal, c'est tout ce qui se conserve. Un regard vers la pièce : Il y a bien ce pain tout sec sur l'étagère, là, mais elle m'a dit de n'y toucher sous aucun prétexte. Moi j'aurais donné ça aux poules, je ne comprends pas pourquoi elle le garde.
Vous voulez que j'aille chercher du pain à la boulangerie ? Elle a bien quelques confitures pour aller avec.
D'aller vérifier ses dires en cuisine : Ah oui, et là c'est étiqueté ! Cerièra LXIII, de la cerise de l'an dernier, ça vous tente ?

Mais je bavarde, je bavarde, comment allez-vous Antoynette ? Votre séjour au Prieuré s'est bien passé ?
Jamais il n'avouerait ni à Cerièra ni à son amie qu'il avait été s'engager dans les travaux pour garder un œil sur la pèlerine fuxéenne. Jamais.
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Artiste du noir et du blanc.
Antoynette
Antoynette acquiesçait de la tête en écoutant le vieil homme parler de l'organisation branquignole du Prieuré, et en le regardant s'affairer. Ça ne l'étonnait guère que ça traîne: les religieux ne sont pas des faits pour être ouvriers. Alors décider des plans...

Elle sourit quand il lui expliqua qu'Aryanna était "la petite". S'il considérait cette femme comme telle, alors elle-même devait lui faire l'impression d'une gamine. La brune se sentit rougir un peu à cette idée. Choisir sa tisane lui apporta une diversion bienvenue. Elle fit également honneur au pot de miel entamé.


Merci. Pour le pain, ne vous dérangez pas. J'ai ce qu'il faut à la maison.

Willyam la fournissait régulièrement. Elle n'était pas en peine.

Et puis, si je mange trop maintenant, je n'aurai plus faim ce soir. Comment pourrais-je obliger Olympe à finir son assiette si je n'applique pas moi-même ce que je lui ordonne?

Son sourire s’effaça un peu lorsque vint la question fatidique à laquelle elle ne s'attendait pas.

Mon séjour au Prieuré? ... ma foi, j'ai au moins ramené la bière.

Elle soupira un peu.

Ellya reste Ellya. Je lui ai donné un mouchoir, et j'ai écrit une fois depuis mon retour. Je n'ai pas de réponse. J'ai encore du écrire un truc qui l'a contrariée. Mais j'ai beau retourner le problème dans tous les sens, je ne vois pas quoi.

La jeune estropiée haussa les épaules et baissa les yeux sur sa tasse encore vide.

Je m'en fiche.

C'était faux, mais ce n'était pas vraiment un mensonge. Elle essayait réellement de s'en persuader.
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Bomacip
Bomacip reposa la confiture, lui n'y tenait pas particulièrement, et ne tarderait pas à reprendre la route vers ses montagnes. La journée commençait déjà à être bien avancée, sans doute cheminerait-il de nuit, mais il accordait encore quelques minutes à Antoynette.

Il écouta donc la jeune pèlerine lui évoquer son passage à Sainte-Illinda, et perçut la déception dans sa voix. Un peu mal à l'aise pour lui dire quoi que ce soit, tant il ne connaissait pas la «Mère» ou Sœur, il tenta un :


Elle reviendra vers vous quand ce sera son moment.

Il lui avait évoqué son manque de nouvelles de Cerièra, elle n'avait rien dit… n'en avait-elle pas davantage que lui ? Mais qu'arrivait-il à la ferrimontaine ? Le regard dans le vide un instant, il but une gorgée de tisane avant de retrouver ses esprits et de finir, trop curieux, par demander directement à Antoynette :

Vous n'avez pas de nouvelles de Cerièra, vous ?


Peut-être aurait-il de la chance…
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Artiste du noir et du blanc.
Antoynette
Antoynette hocha la tête sans répondre au sujet de soeur Ellya. La cistercienne lui manquait. Mais elle ne l'avouerait plus jamais. Si elle préférait couper les ponts, libre à elle. Revenir à Cerièra lui tira un sourire. Oh qu'elle lui manquait aussi!

Non, je n'ai pas de nouvelles depuis qu'elle m'a écrit d'Albi.

Antoynette hésitait à dire ce qu'elle savait. Elle ignorait ce que Cerièra avait pu confier à Bomacip. Puis elle se ravisa en réalisant qu'il devait quand même en savoir plus qu'elle. Il était son ami de longue date. Et sans doute même plus que ça.

Elle allait rencontrer quelqu'un qu'elle apprécie beaucoup, alors elle remontait sur Clermont. Mais... elle sera de retour bientôt: elle se présente aux Comtales.

Elle ponctua d'un sourire ce qui ne devait pas être une révélation pour le vieil homme: il avait bien dû s'en apercevoir aussi. Elle termina sa tisane et se leva.

Je vous remercie, mais je ne vais pas abuser de votre temps. Et Olympe doit se demander ce que je fabrique.

Elle sourit, et prit congé de Bomacip. Elle aussi, elle l'aimait bien.
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Ceriera
Eμπιστοσύνη…*



Dimècres, lo 6 d'abril**

Fin d'après-midi ensoleillée à Foix. Cerièra rentrait du Central, ses bottes à la main. Elle venait de passer un long moment calme avec Aryanna, toutes les deux à scruter le ciel, assises sur le rebord de la fenêtre, une chope à la main. Un de ces moments qu'elles avaient rarement, en tête-à-tête, où elles pouvaient se laisser aller à quelques confidences. Deux cœurs perdus au point que les paroles de l'une résonnaient aux paroles de l'autre, à quelques détails près.

Cerièra avait à un moment de la discussion envoyé valser ses bottes. Toute déstabilisée qu'elle était en ce moment, elle avait besoin de marcher pieds nus, de sentir la terre sous ses pieds. Se reconnecter au monde, pour que cesse cette impression d'en être étrangère. La douceur de ce début de printemps le lui permettait, alors elle avait savouré la moindre sensation : d'abord le plancher du Central, dont elle avait fait le tour en riant sa chope à la main, si heureuse d'avoir les orteils en liberté. Puis les cailloux, la terre battue, jusqu'à l'herbe devant chez elle. Un tour de poignée lui fit retrouver le plancher.

Deux jours qu'elle était rentrée à Foix et la brune s'ennuyait. Non qu'elle manquait d'occupations : entre les cours, le pain à faire, les amis à retrouver, les longs bavardages jusqu'à pas d'heure… et le Conseil qui l'attendait, elle n'avait pas le temps de s'ennuyer au sens propre. Mais une certaine lassitude faisait suite à son enthousiasme des jours précédents. Elle vit dans le coin de la pièce cette mandoline qui était apparue dans sa vie inopinément. Elle avait vite retrouvé les gestes pour en jouer, après quelques hésitations, et avait commencé à improviser un air dessus, toute inspirée qu'elle était d'un souvenir auvergnat qui l'avait laissée espérer.

Mais les jours passaient, et cette inspiration à peine retrouvée se délitait peu à peu. Elle ouvrit son sac, saisit le calepin dans lequel elle avait retranscrit sa mélodie, et essaya de la rejouer. Avec un peu de chance, sa ritournelle la remettrait dans son état d'esprit d'alors. À croire que l'appétit vient en mangeant… au bout de quelques minutes, elle était un peu soulagée de son étau émotionnel, et son esprit commençait à s'éclaircir.

Note après note, il était un peu avec elle. *Préfèrerait-il savoir qu'il te met en peine, ou savoir que tu lui fais confiance ?* La réponse était dans la question. Même si ne pas avoir de ses nouvelles la tracassait, au moins savait-elle qu'il n'avait pas eu de problème en route, sinon Daysi le lui aurait dit dans sa lettre. Il serait bientôt chez lui, et sans doute qu'une fois posé il penserait à elle. *Confiance… pars du principe que ce qu'il a dit, il le fera.* Il paraît que c'est la base, et que sans cela rien ne tient.

Résolue à arrêter de s'en faire jusqu'à nouvel ordre, elle alla dans le poulailler, au fond de son potager, piquer quelques œufs à Bashi et Bouzouk avant qu'elles aillent se coucher. Il fallait bien qu'elle pense à se nourrir un peu, de temps à autre… elle mangerait en relisant le poème de Sandino, plus réceptive qu'elle serait aux vers qu'elle ne l'était à son retour.



* Confiance
** Mercredi 6 avril

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