Quelques jours plus tard
Elle lui manque... Bien plus qu'il ne veut le reconnaître, mais il lui a promis l'éloignement pour qu'elle puisse se retrouver, il tient cette foutue promesse qu'il aurait mieux faire de ne jamais faire. C'qu'on est bête quand on discute avec sa femme et qu'on veut se faire pardonner ! Elle lui aurait demandé la lune ce soir-là qu'il aurait trouvé le moyen d'aller lui décrocher. Pourquoi elle et pourquoi pas une autre ? Et pourquoi pas ? Elle le voulait, elle le lui montrait assez. Fut un temps où dès la première nuit à son moulin, elle aurait pensé à son pucelage comme un souvenir perdu. Bon, le lendemain peut-être, vu comme il était fait. Il est un trophée, même aujourd'hui. La petite Aldegonde le lui avait bien montré, elle aussi. Elle l'a payé cher, mais on ne joue pas avec les boules du coq, c'est connu. Sauf s'il l'autorise, mais c'est une autre affaire.
Il a fait construire en quatrième vitesse une barque. Nommée Liz de Dénéré. Il l'a peaufinée lui-même, avec patience, en y incrustant quelques petits conforts en métal, issus de sa forge. Il a eu le temps, puisqu'il ne travaillait plus au duché ! Il a même déserté l'université pour ne point la voir. Mais elle est toujours présente, qui dans une taverne où il voit sa blondeur à travers la fenêtre, qui au marché, où il la voit sourire aux marchands. Et aujourd'hui... C'est le grand jour ! Il a pris un bain, s'est fait étriller le dos - par un homme - au point qu'il est encore un peu rouge, coiffer, habiller en tenue correcte. Que veut-elle dire par là ?
Et sa trêve ? A quoi correspond-elle ? A leur éloignement ? A leur trêve de mariage ? Sur le papier, ils le sont toujours, mais s'il peut rester quelques minutes avec elle seul à seul, il va pouvoir lui montrer qu'il faut aussi la pratique. Et c'est en forgeant qu'on devient forgeron. Et le forgeron, ici, il a la forge à bloc. Surtout s'il la voit nue. Elle aime à se baigner nue, mais s'ils vont au bord du lac, il est hors de question pour lui de tolérer que le premier pelé venu ne voit son épouse dans le plus simple appareil. Ou il ne sera plus vivant pour s'en vanter.
Tout le matériel est prêt, une canne, du fil, une épuisette qu'un de ses serviteurs a terminée hier... Pêcher, quelle idée ! Pourquoi ne pas aller dans les bois, c'est tout de même plus confortable pour les moments intimes, alors que sur une barque... Ils auraient pu chevaucher ensemble, elle l'aurait chevauché comme elle le fait si bien, mais...
- Ce qu'elle va prendre si elle fait une trêve complète !
- Ne crois-tu pas qu'il faut aussi parler d'amour entretenu ?
- Ah ben il va l'aimer comme il faut, à grands coups de butoir
- Avec tendresse ?
- Il y pensera à la troisième salve. Faut pas l'laisser sans rien comme ça
- Il tient son engagement, et il le lui prouve
- Y va bientôt pu pouvoir marcher tellement elles sont pleines !
- pffff
- Bah quoi ? Il lui demande pas son avis, un gadin et hop ! Fin de la trève, et hop !
- Dégage...
Elle aime l'eau. Bien trop à son goût, lui qui l'apprécie de loin, sur un bateau bien solide. En parlant d'eau... Il va chercher quelques bouteilles de vin qu'il va caler dans un coin de la barque. De l'Angevin uniquement. Le reste est de la pisse de baudet.
- En avant ! La dame de Dénéré nous attend !
Les valets portent l'ensemble, la barque, le panier, un petit paquet qu'il a fait préparer pour elle. Ils arrivent bien vite au bord du lac, sur l'embarcadère, puisque Killi leur a donné un rythme assez rapidement pour essouffler un coureur de marathon.
---- à Liz ---
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Il avait tenu parole et l'avait laissée prendre un peu de repos et de recul après qu'elle ait rendu les clé du castel et laissé derriere elle les soucis de la charge ducale. Elle avait profité de ces belles journees de printemps à se balader avec son ami Robin avant que celui ci ne parte lui meme en voyage.
Elle ne connaissait pas encore la date de son départ à elle mais elle commencait à se sentir un peu mieux. La perspective de prendre la route l'avait toujours excitée et réjouie et là elle partait avec quelqu'un qui comptait beaucoup pour elle afin d'aller voir une autre personne chère au coeur de Bahia.
Le jour de la trêve était arrivé vite sans qu'elle ne s'en rende compte mais appréciait l'idee de passer la journee avec Killi. Malgré ce qui les séparait en ces moments il avait su rester là à ses cotés l'entourant d'attention d'amour .... car oui elle le savait bien il était fou d'elle bien qu'il ne sache pas tenir ses attributs d'homme en museliere lorsqu'un joli fessier passait ..... leur problème était là ...
Une entente parfaite au lit de meme qu'en esprit mais la fidélité était le point de brisure du couple.... Elle y songeait bien plus qu'elle n'osait l'avouer mais là elle allait simplement savourer sa journee. Une petite surprise attendait son prince charmant du jour car si lui aimait les clins d'oeil en verbes ... elle allait lui en donner un en vêtement ....
Elle lisse les plis de sa robe .... blanche ... comme la pureté des sentiments et le coté solennel de l'engagement mais aussi ... une copie identique à la rouge qu'il aime tant et qui le pousse au péché de chair ....
Boucles blondes bien en place elle est prête à affronter son regard qu'elle espère ... comment dire ... béat ....
Il lui a fait envoyé une calèche et lorsque le domestique frappe à sa porte elle sort de suite ne voulant pas le faire attendre.
Devant l'effet produit sur ce dernier elle sourit se delectant par avance de sa petite mise en scène diabolique il faut bien l'avouer car demander à un coq de museler ses ardeurs et se pavaner devant lui en incarnant la tentation .... elle y allait fort mais elle l'assumait.
Arrivé sur les lieux elle aperçoit Alois qui s'occupe du cheval de Killi et sans demander rien s'empresse d'aller le rejoindre afin de le saluer... Ce brave Alois ....
- Alois !! Je suis contente de te voir !! Je m'inquiétais de ne plus avoir de tes nouvelles depuis que tu étais venu me preter main forte l'autre jour.
Elle lui dépose une bise affectueuse sur la joue et file sans attendre plus de réponse vers le lieu de pique-nique et pêche de la journée.
Killi est là qui regarde le lac l'air pensif . Elle s'avance sans chercher à taire sa présence et l'appelle ...
- Bonjour Killi ... je vois que tu as respecté la consigne ... tenue correcte exigee ... que penses tu de la mienne ?
Elle le laisse se retourner et attend de lire dans son regard sa réaction.
---- à Killi -----
Lorsqu'il se retourne, Killi a les yeux écarquillés et la bouche ouverte à se décrocher la mâchoire. Il met un genou à terre et attrape les mains de sa douce pour les baiser.
Mon ange... Ce n'est point une tenue correcte... Si je ne t'avais déjà épousée, je crois que je le ferais de suite. Tu es magnifique.
Il la dévore des yeux en se relevant et lui demande
Il me semble qu'elle ressemble à une autre robe rouge que j'apprécie tout autant si ce n'est plus, ou je me trompe ?
Il la prend tendrement dans ses bras et lui glisse à l'oreille
J'espère que tu n'as fixé aucune limite a ta trêve car tout de suite, ce ne sont point des pensées d'un complice avec qui pique-niquer qui me viennent à l'esprit.
Il la penche vers l'arrière dans un mouvement souple et lui vole un baiser dans le cou.
Il me semble que je devais avoir récompense pour mon dernier jour de travail à ton service.
Puis un autre sur le côté gauche, en prenant son temps de lui déguster le cou plus longuement en remontant vers son oreille.
Et voilà la deuxième...
En la relevant doucement, il lui sourit.
Pour le reste... Te voir heureuse me récompense largement ma chérie.
Il lui prend les deux mains et recule d'un pas vers l'arrière pour la regarder.
Tu es magnifique, c'est un fait, mais tu as l'air bien reposée aussi. Mais cette tenue... Elle n'est point adaptée à une promenade en barque, ma douce... Je t'aurais emmenée au bal avec si bel habit. Ou au castel, que sais-je... Je ne mérite point si belle tenue pour une simple promenade.
Il lui tend le bras pour marcher avec elle le long de la berge.
Alors, comment se passe ta vie de jeune retraitée ?
----- à Liz ---
L'effet est plus que concluant lorsqu'elle voit les étoiles s'allumer dans son regard et déjà ses mains qui l'attrapent et sa bouche qui l'embrasse avec douceur. Elle ne lui parlera pas des "limites" de la trêves en question afin de ne pas assombrir ce qui s'annonce être une belle après midi. Certes la blessure n'est pas oubliée ... le sera t-elle jamais .... mais pour l'heure elle veut se sentir bien et qu'il comprenne vraiment ce qu'il est en train de perdre.
Sa tenue n'est pas innocente et pour cause, elle est consciente de son pouvoir de séduction sur lui et de l'attrait de ses atouts sur les hormones mâles de son Coq .... La provocation est vile mais nécessaire pour la cause qu'elle veut défendre. Elle est la seule qui doit compter à ses yeux et qu'il doit honorer si il veut la récupérer et la garder un jour.
Elle le laisse l'admirer tout à son aise main dans la main et lui sourit heureuse oui de le voir se tenir car elle le testait évidemment en apparaissant ainsi vêtue devant lui. Il a visiblement pris sur lui mais a résisté à la tentation de la dévêtir de suite là et de la coucher sur l'herbe ce qui .... n'aurait pas été désagréable si elle doit être honnête avec elle même.
Sourire aux lèvres, elle prend son bras afin de faire quelques pas à ses cotés tout en bavardant comme de vieux amis ...
- La jeune retraitée va bien même si tu t'en doute on ne décroche pas facilement .... j'ai du aider à la formation de ma remplaçante qui la pauvre s'est trouvée parachutée a ce poste sans rien y connaitre.
Elle pose sa tête sur son épaule tandis que son bras se loge autour de sa taille. Des petites choses qu'elle aime encore avoir et sentir ne serait ce que le temps d'un bel après midi printanier.
----- à Killi ----
Il lattire contre lui dans un geste familier. Il est heureux de la retrouver, sa femme, sa complice. Il sourit en lembrassant sur la tête.
- On maurait raconté linverse que je naurais point voulu le croire... Ils réussissent encore à te faire aller au castel alors... Eh bien si tu as besoin et si tu veux aider ta remplaçante, dis-lui que ton mari... Ton Killi, enfin, tu as compris, se tient à sa disposition le temps nécessaire. Je viendrais travailler pour elle.
Tout en continuant à marcher, il appuie légèrement sur sa taille où il a posé la main.
- Limplication sera néanmoins très différente, car les attraits de la bailli auront bien changé...
Il se moque et lui taquine le nez.
- Je serais obligé de supporter ce vieux grincheux, à moins que je ne soudoie le valet qui attribue les bureaux de men trouver un disponible et de mapporter, durant mon travail, les parchemins et le vin nécessaire.
Il expire doucement et continue plus bas.
- Par contre, je ne promets point de rester le temps complet du mandat... Ce sera... le temps que tu seras présente mon ange, après, je ne promets rien. Il faudra quelle réussisse à trouver dautres fonctionnaires qui se rendent disponibles pour le duché.
Il surveille que sa robe ne soit point tâchée et relève à larrière les jupons, voyant quils arrivent dans une zone assez boueuse, qui na point encore séché de la dernière pluie tombée. Il lentraîne pour un demi-tour, protégeant ainsi sa belle tenue. Ils marchent doucement, il la serre toujours contre lui, préférant ne point aborder le sujet de son voyage. Il ne veut point gâcher cette journée qui se présente à eux et préfère profiter de sa présence et de leur moment de détente commun.
- Sais-tu que mon moulin prend à nouveau la poussière ? Je passe mon temps au castel... Et lorsque je veux étudier, le moulin ne tourne point non plus. Enfin, pour le peu de cours que jai réussi à prendre ces derniers temps... Nai-je point droit à une compensation, ma bailli retraitée ?
Il sarrête devant la barque et se présente devant elle, lui tenant les mains. Il lui sourit avec un air taquin et se penche pour lui déposer un tendre bisou dans le cou.
- Rassure-toi, ce nest quune avance...
Il la prend doucement dans ses bras pour la porter, alors que la barque est déjà dans l'eau, prête à être utilisée. Les valets attendent de l'avancer plus loin dans le lac.
Il ne faudrait point abîmer cette si jolie robe, mon ange.
Il l'installe comme une personne précieuse et veille à ce qu'elle soit bien à l'aise avant de monter lui-même. Il intime à ses valets de pousser la barque, tenant les rames en l'air pour partir.
---- à Liz ---
A les voir se promener ainsi tendrement enlacés, les ignorants de leur situation pourrait croire à la représentation du bonheur de couple.
Complicité .. rire .. tendresse ...
Et pourtant .... Ils ne sont pas dupes ni l'un ni l'autre et savent pertinemment que le mal qui les ronge est toujours là.
Donnant le change ils évoquent leurs soucis quotidiens, lui avec ses hommes et elle avec le castel.
Elle sait qu'il n'est resté que pour elle, uniquement pour l'aider dans sa tache mais qu'il n'en aurait plus le cur ou l'envie une fois quelle aura prit la route.
Liz sourit lorsqu'elle l'entend dire que les attraits de la nouvelle Bailli ne lui conviennent point et se dit "tant mieux" au fond d'elle même sans l'exprimer à haute voix ; il aurait été trop content et aurait pu imaginer qu'elle lui pardonnait ses frasques alors qu'il n'en était rien même si leur rapprochement était bien réel lui.
- Merci encore pour l'implication dont tu as fait preuve et de ta fidélité envers le Duché que je représentais....
Elle met bien l'accent sur le mot fidélité car elle sait qu'il l'a en horreur surtout en ce moment, mais elle se serre contre lui voulant lui montrer son affection.
Il prend soin d'elle, est plus prévenant que n'importe qui envers elle. Il lui tient sa robe la couvre de baisers qui la font chavirer chaque fois un peu plus mais elle tient bon .... La barque est là, et c'est comme une jeune mariée qu'il la porte pour l'y installer avec une extrême délicatesse qui lémeut. Elle sait les efforts qu'il fait au quotidien ...
Les valets poussent la barque qui séloigne de la berge, emportant un Killi tout sourire et une Liz perdue dans le tumulte de sentiments contradictoires.
Elle laisse sa main caresser la surface de l'eau tandis qu'elle sent son regard posé sur elle. Un coup dil à la dérobée lui confirme qu'il la dévore des yeux. La jeune femme ne peut alors que lui rendre un sourire radieux et une idée germe alors dans son esprit.
Sans le lâcher de ses prunelles vertes alors qu'il est occupé à ramer et à maintenir lembarcation, elle dénoué les liens qui retiennent son corsage puis très lentement fait glisser sa robe en douceur pour ne pas chavirer de suite .... Il est béat... sans voix devant le spectacle et continue comme un automate à ramer.
La nymphe lui fait face dans le plus simple appareil et soudain sans crier gare.... plonge dans l'eau cristalline du lac. Elle allait lui donner de quoi réfléchir durant son absence à ce qu'il risquait de perdre à jamais par ses dernières bêtises.
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