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[Archive] Et si tu faisais mon boulot à ma place ?

killijo_de_denere
Killi doit préparer la cérémonie pour Meleann. Il n’aime point célébrer des cérémonies, que ce soit des baptêmes ou pire, des mariages. Leur demander s’ils vont être fidèles, n’aimer qu’une personne et toutes ces fadaises... Faire semblant d’y croire lui-même. Il fuit tout ce simulacre depuis longtemps. Sauf que... Meleann le sait. Elle lui a demandé de le célébrer, il veut faire en sorte que tout soit parfait pour elle, même s’il sait déjà qu’elle trouvera à y redire. Il devra aussi la prévenir que lors de la préparation de la cérémonie avec la dame Else, il faudra éviter le sujet de sa grossesse, du père et d’autres petits sujets comme leur rencontre. Pour une fois, il n’est en rien responsable de sa grossesse, hormis peut-être le fait de ne point avoir pris le temps de lui montrer les plantes qui évitent ce type de problème. A la deuxième fois, il a fait de cette mixture sa boisson nationale des Rosiers, à l’époque où il y vivait encore. Maintenant... Elle est devenue la boisson de la maison de Vannes. Entre autres. Discrétion oblige. Surtout si ces prochains temps, sa cadette revient. Il pousse doucement la porte de l’église qu’il ouvre avec un grincement léger.

Il va se faufiler dans la nef, se faisant le plus discret possible, voyant que la diaconesse est occupée avec ses ouailles. Elle doit certainement leur faire un prêche. En a-t-il déjà fait un ? A son souvenir, non. Ce devait peut être avoir lieu durant le séminaire, mais étant donné que personne n’avait eu le courage de terminer avec lui pour divergence d’opinions entre autres, il avait décidé que ça ne servait à rien et qu’il excellait bien plus dans les confessions. Pour ne point déranger l’assemblée, il reste debout contre un pilier, attendant qu’elle termine. Il sourit en voyant Else se débattre avec les vieux du village, tels de vieilles commères en quête de ragots. Il n’a jamais entendu parler de cette parabole. Il reste l’écouter, tel un enfant à qui l’on raconte une histoire, comme à l’époque où Mamounette restait près d’eux lorsqu’ils étaient malades pour leur raconter des histoires. Il attend patiemment son heure, pensant avoir compris la mystérieuse Else, femme de foi.

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- Dites...
- Mhm ?
- Si je lévite, moi aussi, après ma mort...

Gêne dans la voix vieille. Un second ancêtre éclate d'un rire qui résonne jusque dans la nef - car la porte s'en est ouverte un peu plus, à un moment du récit, pour laisser entrer Dénéré. Kermorial ne s'est pas interrompue, cependant. N'a pris acte de la présence nouvelle que d'un regard appuyé. Sans doute cela vaut-il politesse, dans son univers de silences.
Bref : commence à y avoir foule, dans la sacristie.


- Trop gros, persifle le troisième vieillard. Eliaz, le page adolescent, planque un rire derrière sa paume. Qu'importe. Ce n'est pas ce qui turlupine le premier vieux.

- ... si je lévite, moi aussi... j'veux dire... c'est p't'êt' pas réglementaire... J'sais bien, ma Sœur... Mais vous pensez qu'ce s'rait possib', de m'laisser m'envoler ?

Kermorial n'en croit pas ses oreilles - suppose-t-on, peut-être à tort, car la drôle de demande n'a pas perturbé ses traits. Le sourcil ne ploie pas. Les lèvres ne se pincent pas. Sérieux ? ou délicatesse ? Après un silence, elle répond :

- Vous savez combien les miracles sont rares. Quant à la lévitation...

... c'est un signe de possession. C'est écrit dans l'hagiographie, presque texto, elle s'en souvient - sinon de la formule exacte. Blondie connaît son dogme, si peu versée soit-elle dans la démonologie.
Elle sait aussi que si Dwywai n'avait pas décollé dans les airs, à ce moment de son histoire, elle aurait sans doute fini dans une boîte six pieds sous terre. Et là, pour la résurrection... elle pouvait toujours se brosser.


- Vaste sujet, vieux rêve des hommes... nous en rediscuterons. Suite de l'histoire un autre jour, aussi.
- Mais... commence à protester Eliaz, comprenant qu'il n'aura pas aujourd'hui la réponse à sa question d'origine. Kermorial est rompue à l'art de décevoir les attentes des curieux :
- Va préparer tes affaires, nous ferons demain le trajet vers Nantes. Messieurs... Bonne journée.

Quelques politesses plus tard, trois vioques et un adolescent traînent les pieds sur le parvis, qui sous le poids de l'âge, qui plombé par l'agacement. Dans la sacristie, restent Kermorial et son visiteur impromptu. Regard scrutateur.

- Le baptême de votre amie ?

La dernière fois qu'ils ont causé, c'est le sujet qu'ils ont abordé. Et Kermorial a donné à Dénéré ce conseil suivant : personnaliser la pastorale, sans se douter que le diacre ne l'égalait pas tout à fait en ferveur. Sans vraiment se poser la question, non plus. Elle sait déjà que c'est un drôle de diacre.
Sait-elle ?

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- Va préparer tes affaires, nous ferons demain le trajet vers Nantes. Messieurs... Bonne journée.

Killi écoutait la femme d'église parler. Si elle n'avait point été si sérieuse... Il lui aurait bien demandé de le confesser et de lui donner une pénitence qu'elle exécuterait elle-même. Quelle poigne, quelle femme... Tandis qu'il se projetait dans des pensées qu'il ne révèlerait point à Aristote lui-même, il fut interrompu par des yeux qui le regardaient avec une insistance dérangeante.




Il se redressa, frottant sa chemise avec un air d'enfant coupable, un peu gêné de ces yeux auxquels il se demandait s'il était possible de cacher quelque chose. Il se racla la gorge rapidement, peu habitué à se laisser impressionner par une femme.

- Demat, dame Else ! Euh... Oui, je viens pour préparer la cérémonie si vous le voulez bien.

Regardant alentours, il vit que les vieux étaient partis et que son valet semblait parti préparer les malles.

- Enfin... Si vous avez le temps, bien sûr

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- Bien sûr.

Confirmation... de sa confiance en la bonne volonté Dénéré, ou du trou qu'elle vient de percer dans son emploi du temps ? Les deux, mon Frère.

Au fond de la pièce, un vaste et sombre meuble dévore un pan de mur. On le devine chargé d'ouvrages, de parchemins et de mille autre choses accumulées au fil des ans. De poussière aussi, donc. Quoique de l'extérieur, il présente une face plutôt proprette. Sur une étagère, une série de gros volumes renferme les principaux livres du dogme ; ici et là, des hagiographies ajoutées depuis, ou qui manquaient à la vénérable collection. Kermorial y dirige les yeux, soulageant ainsi son hôte - mais il y a fort à parier qu'elle ne se rendait pas compte du trouble provoqué.


- Saint Patern vous est ouverte, bien entendu, si vous le désirez. Il suffira d'écrire à Nantes, mais je doute qu'il vous le refuse. Dites-moi plutôt : avez-vous un texte en tête, ou... ?

Les tranches alignées ne sont jamais qu'un support au regard. En vérité, ce sont ses souvenirs qu'elle feuillette déjà, en attente des mots qui la dirigeront. Vers un extrait du dogme, d'abord. Vers, surtout, la meilleure façon de prêter main forte au diacre rouillé.

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[Dans la sacristie]




Il regarde l'immense meuble qui l'impressionne. A-t-elle donc lu tout ça ? Comment a-t-elle pu accumuler un tel fratras de choses inutiles ? Il prie intérieurement Aristote, ses saints (pas ses seins) et qui voudra l'entendre qu'elle ne va pas le charger d'un de ces énormes pavés à se briser le pied s'il tombe dessus pour le guide dans son rôle. Pourquoi pas une simple confession ? A l'ancienne, dans son fauteuil. Une petite punition, plus ou moins longue selon la liste des péchés, et l'affaire est réglé avec un bon verre de vin. Mais non... Il a accepté. De quoi parle-t-elle ? D'un texte ? Il la regarde, un peu ahuri et lui demande étourdiement.

Un texte ? Pour quoi faire ?

Puis Nantes... Ah oui, confirmer qu'il est bien reconnu diacre pour officier à la cérémonie, ça pourrait être bien en effet. Il regarde toujours les énormes tranches qui le menacent et lui répond évasivement.

Je n'ai point encore fait les démarches pour être reconnu diacre ici, il me semble que vous officiez très bien et je ne voudrais point vous voler la vedette.

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Non ? Le sourcil ecclésiastique dessine une courbe perplexe.

- Je pensais que vous voudriez baptiser votre amie à Saint Patern. D'où le texte, et... le reste. Mais il n'y a pas d'obligation, bien évidemment. Quoi qu'il en soit, diacre ici ou ailleurs, pas de raison qu'on ne vous reconnaisse pas. L'autorisation d'officier hors sa paroisse, juste, est soumise à l'accord du responsable du diocèse.

L'évêque, donc. Droit canon. Oui, elle lit ça, aussi. Tarée...

L'étonnement Dénéré, au moins, l'aura coupée dans son élan. Elle planifiait déjà le sacrement comme elle les organise elle-même ; la voici ramenée tout à coup à la réalité des autres, d'un autre. Pssst ! Il y a du monde. Son attention se reporte donc sur l'hôte gêné, et sa paume se tend vers un siège, dans une invite.

Saisira, saisira pas.

En tout cas, on efface, on recommence.


- Reprenons. En quoi puis-je vous être utile ?

Allez, avoue, mon gars. Y'a combien de temps, au juste, que tu n'as pas administré un sacrement ? Ça se compte en années ou en siècles ? Peu à peu, la diaconesse commence à percevoir l'étendue de ce que, sans hésitation, quoiqu'en son for intérieur, elle appellera : un beau désastre.

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Il s’assied. Comment lui expliquer son cas ? Ecoute ma cocotte, j’exerce encore en tant que diacre, je confesse les catins, les rejetées de la société et je leur donne un peu d’écoute, d’attention et plus parfois. Mais non, si une fille me dit qu’elle aime les femmes, je ne la convaincs pas d’arrêter, je l’accompagne rejoindre son amante et parfois même, je participe. Je suis comme ça, un homme généreux. Vos dogmes, vos frustrations, vous pouvez vous les mettre où je pense, l’homme est fait pour aimer et profiter de la vie, non pour prier et se flageller parce qu’il a regardé la femme d’un autre. Conneries que tout ça. Elle aussi elle a crié son nom, parfois dans de drôles de positions. Et alors ? Le mari ne le sait pas ? Toujours comme ça, mais au moins, il n’a pas à tuer son voisin pour l’honneur.




Ben tu vas tout faire, ma jolie ? Du début à la fin, parce que moi, ça fait tellement longtemps que j’ai abandonné tout ça que j’ai même oublié comment on accueille une ouaille. On l’embrasse pas dans le cou ? Dommage, il y a des nuques très jolies à apprécier. Et la poitrine... Ah ça... Il a vu de tout, des petits, des gros, de ceux qu’on ne tient pas à une main. Lesquels préfère-t-il ? Ah, dans les ouailles ? Ben... Toutes. Chacune a son charme. Un baptême ? Si tu savais pourquoi j’ai accepté pour elle... Elle a trop bien retenu mes leçons, elle n’a point bu cette tisane qu’elle ne connaissait point, et voilà... Elle fera comme moi, un enfant illégitime, ou plusieurs peut-être parce qu’elle se laissera abuser. Est-ce qu’on peut inclure cette leçon dans la pastorale ? Commandement de Killi, chaque matin boira la tisane qui empêche les conceptions. Ah, il faut croître et se multiplier ? Demandes à Annelyse. Elle va t’expliquer la vie et que c’est pas bien tout ça. Pas si tu n’es pas marié à la dame, enchaîné, attaché et que tu ne dois voir qu’elle. Horreur et damnation. Illusion. Tout ceci passe très vite dans sa tête. Il est assis sur le fauteuil et se rapproche, les coudes sur les cuisses.

Dites-moi, comment peut-on la préparer à ce mariage ? J’aurais voulu une belle cérémonie pour elle, voilà pourquoi je préfère faire appel à une personne aguerrie à la chose comme vous.

Oui, une professionnelle. Sa spécialité à lui, c’est le service après-vente. Lapsus. Il n’entend parler que de mariage autour de lui en ce moment. Au point qu’il pourrait en attraper une allergie. Il la regarde et lui demande, toujours dans son idée de préparation d’une cérémonie dont il a tout oublié. Normal, il n’en a célébré qu’une, quelques années auparavant, pour sa sœur.

Voyez, un beau texte sur l’entrée dans la vie Aristotélicienne et toutes ces fad... toutes ces hum ! Auriez-vous un peu de vin ?

Reprends-toi mon gars ! Vas pas parler de fadaises à cette fille qui transpire le dogme de partout où elle peut ! T’as oublié les célébrations, mais tu connais bien les principes, surtout pour expliquer comment les contourner. Eh bien là, tu fais l’inverse. Pas compliqué. Un mauvais moment à passer, après, tu pourras aller lui faire sa fête en même temps que la pastorale.

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L'écart de langage n'aura pas échappé à la diaconesse, quoiqu'elle ne le relève pas. Derrière une porte, elle déniche une bouteille de vin nantais.

- On ne prépare pas quelqu'un au mariage comme on le prépare au baptême.

Rouge, le liquide versé dans la coupe. Fut-elle préparée, elle-même ? Au baptême, sans doute, et toute sa vie ; au mariage ? il faut croire que non. L'idée même lui déplaît. Lui déplut toujours. Kermorial, qu'on se le dise, n'appartiendra jamais à un homme. Liberté.

- Pour peu qu'on puisse l'y préparer.

Le constat est sobre, mais sans appel. Elle tend le verre à son hôte.

- On prépare difficilement les gens à la vie. Tout au plus, on les amène à se demander ce qu'ils veulent faire. Et, si possible, pourquoi ils veulent le faire. Ensuite... nous sommes ce que nous sommes.

Délestée de la boisson, l'ecclésiastique croise les mains dans son giron, et gagne la fenêtre. Pour méditer ? Non pas. Pour épargner, plutôt, à son hôte secret un regard scrutateur qui le pourrait gêner. Désormais, les rouages sont en marche. Pour décoder l'absente, bien sûr, puisque c'est le biais ; mais surtout, surtout, pour élucider le visiteur. Parce que ça crève les yeux : il n'est pas juste rouillé, le clerc. Il est complètement paumé.

Alors, suivre le cours de la discussion, comme si de rien n'était, et tendre l'oreille, pour ne rien perdre de ce qu'il dit vraiment.


- Nombreux sont ceux qui ne veulent le baptême que pour se marier. Un genre d'étape. Est-ce son cas ?

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Mariage ? Pourquoi mariage ? Non, elle n'a point besoin de se marier, sa précieuse. Que sera-t-il alors ? Son amant ? Quoique... Ce serait point la première fois, mais la voir liée à un autre homme... Il regarde le vin qui coule dans la coupe, songeur.

Il n'y a point à la préparer à un mariage. Elle veut se faire uniquement baptiser. Elle le fait par...

Pourquoi le faisait-elle au fait ? Il n'en avait pas la moindre idée. Elle lui avait parlé de protéger l'âme de l'enfant qu'elle portait, peut être voulait-elle aussi être protégée par la même occasion. L'épreuve qu'elle avait déjà subie... Elle devait vouloir s'en remettre au Très-Haut. Il l'écoute, se demandant si elle par énigme ou autre... préparer à la vie, on est ce qu'on est... En tout cas, elle a une de ces descentes... Il la regarde faire sans un mot, buvant son verre aussi, moins rapidement. S'il boit, il pourrait perdre le contrôle. Ce n'est peut être pas le moment des grandes révélations. Revenons à nos moutons, pourquoi veut-elle se faire baptiser. Et surtout, pourquoi a-t-il accepté ? Parce qu'il ne sait rien lui refuser ?

Je crois qu'elle veut rentrer dans la grande famille Aristotélicienne


Oui, c'est la réponse bateau, et alors ? Il n'a rien trouvé d'autre pour l'instant. Que lui dire ? Que la foi l'habite ? Que le Très-Haut l'a touchée ? Pour l'instant, c'est lui qui l'a touchée dernièrement, il l'a aussi... profondément touchée, et il n'a point vu une once de religion en elle. Elle a peur, tout simplement, et il ferait tout pour la rassurer. Même la baptiser alors qu'il n'a jamais célébré qu'un baptême depuis qu'il est diacre. Bon, mon gars, va falloir trouver mieux, elle n'a pas l'air de trop y croire, la blonde.

Il n'est point question de mariage ici, je vous rassure, ma douce amie ne veut que se faire baptiser. Elle ne m'a point parlé d'autre projet ultérieur à ce propos.

Une pause. Etait-ce elle ou lui qu'il voulait rassurer ? La question ne sera point élucidée.

Ma spécialité est plutôt de passer après les méfaits du mariage, voyez-vous ?

Petit rire. D'ailleurs, comment pourrait-elle se marier ? L'autre l'est déjà. Il ne sait ce qu'elle va raconter à propos de cet enfant à naître. Il se voit mal la préparer à un mariage quelquonque, lui parler de fidélité, d'un seul homme à vie, tout ça... Pendant qu'il la savoure dans un fauteuil ou dans un autre endroit incongru ? Non... Elle n'est point faite pour le mariage, sa précieuse. Pas plus qu'il n'est fait pour la baptiser, mais c'est précisément la raison pour laquelle il se trouve ici.

D'ailleurs, le mariage est-il une étape ou une fin en soi ?

Il la regarde, toujours installé dans son fauteuil, le verre à la main. Presque vide.

Commençons déjà par la baptiser, nous verrons s'il lui pousse d'autres folies. Elle est assez coutumière du fait. J'ai tenté de la protéger, mais elle n'en fait qu'à sa tête.

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Frémissement à l'angle du sourcil. Ne vient-il pas d'évoquer un mariage ? Kermorial ne doute pas de son ouïe. Ne soulèvera pas ce point, cependnat, préférant classer le lapsus dans un coin de son crâne, à l'adresse des « ça pourrait servir ». Elle écoute, plutôt, n'offrant à son hôte qu'un trois-quart-dos parfaitement inoffensif. Au dernier mot seulement, elle se retourne.

- Une folie, en somme.

D'accusation, point. On en entend de si belles, sur la foi... on ne s'étonne plus de rien. Du reste, curieuse ecclésiastique ? ou simplement lucide ? la diaconesse n'est pas loin de penser qu'un bon nombre d'actes en sont, dans la pratique.

- Même les gens qui agissent... ont coutume d'agir sous le coup d'une lubie ont des raisons de le faire. Les idées subites ne viennent pas de rien. Mariage compris. Baptême, en l'occurrence. Quelqu'événement l'aura amenée à... faire son entrée dans la famille aristotélicienne.

« Et avec un peu de bol », n'ajoute-t-elle pas, « tu sais exactement de quoi il s'agit ». On n'apprend pas à un vieux singe à faire la grimace : Kermorial botte en touche au moins aussi souvent que Dénéré, et peut-être davantage. Et puis... on ne trahit pas les confidences d'une ouaille, n'est-ce pas ? Encore moins d'une amie.

- Certains se représentent déjà ce que c'est qu'un lien à Dieu. D'autres... pas bien. On parle... en fonction de ça. En fonction d'eux. De leurs souhaits, de leurs doutes... C'est difficile de dire, dans l'absolu, que tel ou tel sujet convient, que tel ou tel texte serait approprié pour un baptême. Des textes parlant du baptême, il y en a... Mais on n'a aucune raison de s'y cantonner. Et ils ne conviennent pas toujours. Le baptême de Publia, c'est très spécifique. Et la visite d'Aristote au peuple d'Urhaï, c'est particulier. Un peu compliqué à utiliser. Vous voyez ?

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killijo_de_denere
[Dans la sacristie]

Point de réponse sur les raisons de son entrée dans la famille Aristotélicienne. Il ne dira rien sur sa douce amie, son état et le reste. Déjà parce que la confession le regarde lui et lui seul, ensuite parce qu'elle y apprendrait certainement des choses ou des pratiques dont elle n'avait jamais entendu parler et... est-ce nécessaire de continuer ? Il la regarde, pensant à sa mère, elle a aussi ces méthodes avec lui, tenter de lui tirer les vers du nez en douceur, mais avec elle, un petit sourire ou un câlin à la manière "tu es la meilleure maman du monde" détend vite l'atmosphère. Souvent... Avec Elisabeth, que faire... Il pourrait lui en expliquer des liens qu'ils ont, il pourrait même en créer avec elle, la blondinette, tout château a ses failles. Mais soit, là n'est pas la question, la visite d'Aristote au peuple de quoi ? Non, il ne voit rien, il n'a pas compris. Une grosse envie de lui dire, à tes souhaits, blondinette. Bon, cette partie à trois, on la commence quand ? Parce qu'après tout, c'est l'objet de ma visite. Tu t'occupes de lui raconter deux ou trois choses, je m'occupe de l'éduquer sur le reste et... Elle est baptisée, elle est contente, elle me remercie à sa manière, j'ai déjà beaucoup d'idées sur les pratiques diverses et variées du remerciement. Tout ceci passe très vite dans sa tête, il attrape son verre... Vide, damned, il aurait pu reprendre un peu contenance en ne pensant plus à un moment au milieu de deux blondes. Pourtant... Non ! Pas le moment mon gars ! Choisis un texte dans ce qu'elle a dit et comme ça, tu pourras t'en sortir, et trouve un moyen de la faire s'occuper de cette partie. Les femmes aiment qu'on ait besoin de leur aide.

Eh bien... Ma chère, il me semble ne point avoir étudié ces textes en détail, en effet. Voudriez-vous vous occuper d'un choix et de l'expliquer à mon amie pendant sa préparation ?

Il lui coule un regard enjôleur.

Vous êtes beaucoup plus expérimentée que moi en la matière.

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- À n'en pas douter.

Vous aussi, vous trouvez que le fond de l'air se rafraîchit ?

Pour flatter Kermorial, il faut se lever tôt. Impossible ? Non. Les cordes existent, comme chez tout un chacun, qu'il suffirait de faire vibrer... mais mieux gardées que la moyenne, sous un entrelacs d'autre faisceaux attentifs, nerveux, toujours prompts à lancer l'alerte. Les patelins s'y sont toujours pris les pieds. Les paresseux encore plus. Ne parlons même pas des intéressés.


- Avez-vous écouté le moindre mot, Dénéré ?

Ou tâchez-vous seulement de vous débarrasser d'une tâche gonflante ? Instantanément, le soupçon se change en certitude amère. Dieu sait les raisons qui ont amené ce zigoto-ci au diaconat ; la conviction, en tout cas, n'en fait pas partie. Kermorial le scrute longuement.

- Aviez-vous seulement l'intention d'écouter le moindre mot.

Le ton contredit la syntaxe, et ne laisse pas grand doute sur la réponse anticipée. Du reste, le destinataire du reproche n'a pas le temps d'y rétorquer, qu'elle poursuit déjà :

- Si la question intéresse réellement votre amie, envoyez-la vers moi, voilà tout. Je ne vais pas m'amuser à choisir un texte au hasard. Je ne peux même pas. Ça n'a pas le moindre sens.

L'ecclésiastique se détourne et, d'un revers de main, congédie son visiteur sans plus de cérémonies. Oui, il est noble. Oui, il est homme. Oui, il est riche. Oui, oui, oui, il est tout cela, et bien plus encore. Et non, il n'en échappera pas pour autant au traitement commun. Cet aprèm, elle a messe ; pas de temps à perdre avec les enfantillages d'un confrère qui cherche juste à refiler le boulot.

- Le Livre n'est pas un coffret de fadaises à broder pour faire joli. Quand vous aurez envie qu'on vous explique ça, revenez me voir.

Il fallait bien que ça ressorte. Déjà, une petite clef tourne dans la serrure d'un battant du grand meuble : derrière, un chandelier lustré. Les messes à Saint Patern ne sont pas très fleuries, mais rien n'y manque de l'essentiel symbolique.

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[Dans la sacristie - suite et fin]




Killi encaisse l'attaque. Elle est fâchée, la blonde.Pourtant, il a déployé tout son charme, mais ça n'a pas marché... Il faudra qu'il revoit sa méthode, le coq. Il la laisse s'énerver, il faut bien que les mauvaises humeurs s'évacuent.

Il se lève et la toise alors qu'elle prépare le nécessaire pour la messe.


Fort bien. Je pensais que les collègues aident ceux qui sont dans le besoin, mais apparemment, cela n'est point valable pour tout le monde.

Loin d'avoir envie de se reprendre une fournée de nouveaux reproches ou pire, de morale, il se drape dans sa dignité et part sans autre mot.

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