Le grand jour était arrivé. Nan, pas son anniversaire. Nan, pas celui des vendanges. Pas celui du Beaujolais nouveau non plus. Mieux que ça !
Nan, pas le jour où on lui donnait les caves du Louvre.
Bon, à la réflexion, c'était un jour plutôt classique, mais pour une fois, elle avait fait un effort. Levée avant midi, les cheveux presque peignés, et la traditionnelle tenue de Grande Prêtresse trucmachinchosiste : robe rose vif, manches vertes, collier de bouchons, ceinture porte-chopines.
D'un pas guilleret, elle était partie d'Angoulême, Trax sur les talons jusqu'au palais de l'évêque. Oui, elle n'avait le droit de s'en servir que pour son université. Oui, d'accord. Mais bon, de grandes salles comme ça, franchement, c'était gâché de les laisser vides, fautes d'élèves, non ?
Alors quand on lui avait dit "Ô Grande Prêtresse révérée du plus haut des cieux que même le Grand Prêcheur ne t'arrive pas à la cheville tellement t'es montée sur le tonneau, peux-tu nous unir devant le Grand Machin ?", pensez bien, elle avait dit oui. Question d'égo. Et pis la perspective de tous se réunir pour se bourrer la gueule façon prière collective, ça avait d'la gueule, quelque chose de bien.
Pour l'heure, elle devait donc préparer la salle. Elle avait ouïe dire qu'il fallait des jolies couleurs et une belle décoration alors elle avait pris ça à cur et rempli 40 tonneaux.
Quand elle eut fini son 3ème, elle était fin prête à voir la déco.
Alors, qué qu'est-ce qué qu'on a ici ? Hmmm, un coin. Qué y'aime les coins, moi. Qué c'est fermé ma qué c'est oune ouberture sur el monde. Qué yé veux des coins dé partout. Qué yé vais faire oune labyrinthe avec les tonneaux, qué ça séra bien por la marche qu'elle est nuptiale.
Zig-zagant dans la salle vide, elle fit rouler les tonneaux, prélevant à chaque fois une petite dose, histoire de vérifier que "la gnôle soit pas bouchonnée".
Qué yé oune forme du tonnerre, moi, hein !! A la tienne, Grand Machin ! Bon, où qu'il est l'bénitier ? Bénitieeeeeeeeeeeeeerrrrr !!!
Elle se vautra par terre dans un grand bruit de bracelets en voulant aller chercher une coupe qu'elle avait piqué dans une salle où elle n'avait pas le droit de venir. Mais Makrel s'occupait de l'évêque, a priori tout allait bien.
Et hop, marche au sol ! Si si si si si, c'était volontaire ! J'vous l'dis.
Trax, son seul spectateur, la regardait la tête penchée, l'air las et compatissant. *là v'là encore par terre, elle finira par s'enterrer toute seule*
Mahaut réussit à se relever à la 7ème tentative.
HOURRAAAAAAAAAAA ! On fait la olaaaa !
Elle se revautra par terre. Elle décida qu'il était plus humain de rester là, en plein milieu du labyrinthe de tonneaux, en serrant bien fort contre elle le petit bénitier doré qu'elle avait rempli de mirabelle. Juste pour voir ce que ça donnait.
Traaaax ! Va à Ganmoulève, dire à Roka et Myrfille que c'est bon, chuis fin prête, là. J'm'en mais les varier !! SANTEEEEEEEEEEE !