[Archive] D'un coq et ses poulettes en deuil

Une belle chanteuse Rousse qui est passée dans son lit... Oui, mais encore ? Des Rousses, il en avait connu, il les adore. Qui sont passées dans son lit, oui, bien sûr, c'est la base chez lui. Mais, 16 ans plus tôt... Il doit déjà creuser plus dans ses souvenirs. L'Aloïs n'est pas là pour l'aider à remettre un nom sur la chanteuse ni même un visage... Pourtant... Il est vrai qu'elles ressemblent à... Mais comment s'appelait-elle déjà ? Il a repris la main de Liz machinalement, la caressant du pouce, cherchant toujours de qui le valet peut bien parler quand la jeune Rousse, la danseuse intervient. Il l'écoute et là... Oui, il se souvient.

Shauna... L'Irlandaise. Bien sûr qu'il s'en souvient maintenant. Il était tout jeune seigneur des Rosiers, il lui avait fait visiter sa roseraie et l'y avait aimée. Ici et ailleurs. Ils avaient visité tout le domaine, elle s'était donnée à lui dans cette roseraie pour la première fois. Il avait apprécié les moments passés avec elle, elle était charmante, surtout quand sa chevelure bougeait sur elle tandis qu'il... Que de souvenirs de jeunesse avec elle. Ainsi, elle ne l'avait point oublié. Elle était partie avec la troupe et il n'avait plus eu de nouvelles. Il lui avait donné ce blason en effet en lui disant que si elle avait besoin, elle n'avait qu'à le contacter et il l'aiderait. Mais plus rien. Et aujourd'hui... Ces deux filles, son portrait craché. Il regarda la jeune fille qui repartait. Il se leva et la rattrapa par le bras, il lui dit dans un murmure

Si, il semblerait bien que je le sois. L'âge, le blason... Tout concorde. Shauna est le nom de votre mère, si je ne me trompe ?

Il prit le poignet de la jeune fille et le serra fortement pour lui faire comprendre qu'elle ne le piquerait point si facilement. Encore moins un endroit aussi sensible et utilisé de sa personne. Il lui répondit
sur le même ton

Je ne suis point responsable de cette mélancolie. Elle était dans une troupe et sur place pour un temps déterminé. Elle ne m'a jamais donné de nouvelles et m'a encore moins parlé de votre naissance. En quoi suis-je responsable de cette jeune fille qui vivait dans les souvenirs ?

Sa jumelle qui semblait moins revancharde, mais tout aussi cinglante intervint. Lorsqu'il entendit le nom de la poignardeuse, il comprit. Tandis qu'elle tenta de faire sortir sa soeur de l'auberge, il leur dit simplement.

En passant, si elle ne vous l'avait point dit, je m'appelle Killijo. Je crois que votre prénom a étrangement la même racine que le mien. Faites ce que vous voulez, mais bon sang ne saurait mentir. Gardez votre liberté qui est si cher à nos coeurs, vous comme moi. Sachez simplement que ma porte vous sera toujours ouverte.

Il retourna s'asseoir sans s'occuper du chien qui grognait sans rien faire. Il voulait juste impressionner et défendre sa maîtresse. Rien de dangereux pour lui. Il prit la main de sa fille. Elle n'avait point besoin de ce type de nouvelle, mais comme elle lui dirait plus tard, il doit assumer ses erreurs. Erreur du choix d'une vie de libertin ? Conséquences de cette vie. Il baisa doucement la main de sa poulette dorée. Un regard pour lui signifier que c'était une conséquence de la vie de son père, celle qu'elle ne connaissait que trop bien. Mais elle restait sa poulette dorée et il ne la laisserait point pour autant. La vie d'un libertin peut être compliquée. Celle d'un père n'est jamais terminée.