killijo_de_denere
- Killijo_de_denere a écrit:
- Après leur entrevue à Saumur, Killi ne sait plus que faire. Il sait une seule chose, il ne peut se passer d'elle. Quoiqu'il se passe. Le contact de sa main, sa douceur, ses invitations à rester auprès d'elle et à découvrir sa ville... Elle ne le déteste pas. Malgré tout. Et pourtant. Lui aurait-il pardonné le moindre écart ? Il ne le sait même pas lui-même. Sans compter le reste... Il est parti à Fougères pour régler une affaire urgente, a-t-il dit à Tayla et à Lulu. En vérité, c'était aussi pour valider sa présence sur une liste politique à sa demande. Il ne peut rien lui refuser. Ils ont travaillé ensemble, alors qu'ils étaient séparés. La première fois ? La deuxième ? Il ne sait plus, mais il se rappelle bien qu'ils avaient formé une bonne équipe. Il ne peut rester ainsi. Elle a besoin de lui en Bretagne. Son cur est à l'Anjou, mais son amour est en Bretagne. Il ne déménagera point de KP. Pas cette fois-ci. Il y restera le temps qu'elle aura besoin de lui. Toute la vie, espère-t-il ? Il ne sait. Retour à KP, il y attend Lulu, il règle quelques petites affaires à son QG. Elle devrait arriver prochainement, le Tro poura commencer. Il la revue en taverne, elle lui a demandé dêtre prudent en mission et de ne point se faire blesser. Il nest point au conseil, il ne le souhaitait point, de toute manière, mais il pourra toujours faire le MA pour elle et en profiter pour aller glaner quelques renseignements à droite à gauche durant ses voyages.
Il a repris contact avec le chef de Paris. Lui rendre compte des derniers évènements et les derniers rapports de l'enquête qu'il mène sur une longue durée. Les renseignements obtenus, les informations recensées. Tout est répertorié. Tout peut avoir son importance. Rien n'est négligé. Attendu qu'il n'a pas été élu sur la liste, attendu qu'elle n'aura point besoin de lui dans l'immédiat et attendu que, de toute manière, il ne peut se comporter envers elle comme il le voudrait, il préfère partir au loin. Fuir ? Il utilisera un autre terme comme des priorités différentes. Envie de se laisser aller sous les mains vengeresses d'un brigand ? Certainement. Oublier cette douleur qui l'étreint et ce désir de la serrer dans ses bras et d'effacer sa douleur et toutes ses larmes à force de baisers. Il n'a su la rendre heureuse. Il est en purgatoire, il fonce vers l'enfer. Même si leurs relations sont bien meilleures depuis qu'ils sont revenus en Bretagne. Elle est libre maintenant, il n'a plus rien à dire. Il ne peut supporter ces hommes qui veulent la courtiser comme des chiens autour d'un os à moelle. Il n'occupe point le moulin. Le bâtiment prend la poussière. La Titine est repartie aux Rosiers. Il n'a plus besoin de ses services actuellement. Il vit dans la forêt, à la taverne où il a établi son QG. Les jours se suivent et se ressemblent. Sauf ce jour
"- Qu'est-ce que vous avez encore fait les deux artistes ?
- On y peut rien, cap'taine ! On a juste suivi le plan
- Comment vous l'avez lu ce plan ?
- Ben comme ça
- Il est à l'envers, abruti !
- Ah ? Ben j'avais pas vu
- Mais où est-ce que vous êtes allés ?
- Ben par là !
- Nord, Sud, Est, Ouest ?
- euh... Par les 4, non ?"
Killijo se frotte le front d'un air exaspéré. Où les a-t-on dégotés ces deux-là ? Il ne peut y croire... Ses jointures craquent à entendre les deux idiots parler. Il les regarde froidement.
- Connaissez le cachot ?
- Euh... Cache-pot ?
- Fais pas l'con...
- Ben quoi, pourquoi qu'y veut des fleurs, l'chef ?
- Arrête...
Bam ! Il a les cervicales remises en place avant qu'Aloïs n'ait eu le temps de réagir. Il est fou... Chercher l'coq en ce moment, c'est signer son arrêt de mort. Il est à fleur de peau en ce moment et vu qu'il ne touche plus une femme, c'est pire que d'habitude, la pression reste. Il faudrait qu'il arrive à trouver une rousse bien délurée qui lui dégorgerait un peu l'poireau mais c'est devenu une denrée rare. Pourtant, c'est pas les candidates qui manquent. Du coup, il se dévoue... C'est son valet après tout, il lui doit bien ça. Il regarde l'idiot qui n'a toujours par compris pourquoi il a pris sa baffe.
- Sors
Killijo regarde Aloïs furieux. Voilà, c'est lui qui va prendre.
- Dans quel taudis t'as trouvé un abruti pareil ? Je t'ai dit qu'on ne fait pas du social ici ! Les idiots sont pour les listes politiques qui cherchent des noms. Tu peux le leur envoyer, il ne dépareillera point. Pas ici, tu m'entends ! Pas d'temps à perdre ! Mission importante ! Informations !
Aloïs n'entend plus il marmonne dans sa barbe. Il le laisse terminer seul. Il lui sert un verre de vin, ça lui fera du bien de boire un coup, mais même ça il n'en veut plus. Il ne pensait pas le retrouver encore dans un état pareil depuis la mort de sa brigande. Faut qu'il reprenne du poil de la bête ou il est mort le coq. Il boit son calice jusqu'à la lie, encaissant la soufflante par son maître jusqu'à ce qu'il sorte en claquant la porte. Il va en forêt inspecter les hommes. Ils ont intérêt à lui montrer qu'ils ont progressé. Ou ils vont tous prendre, en ligne. Et c'est pas beau à voir. Il prend la plume et envoie un rapport a Paris avec une demande de mission. Partir lui fera le plus grand bien. Il s'occupera de l'intendance pendant ce temps.
A Paris
A Paris, Killijo reçoit les informations précises concernant la mission. L'adresse, le nom de la donzelle à confesser. Les informations à obtenir ? Le maximum possible. Ils lui font confiance pour cela. Il saura récupérer les informations nécessaires. Point de risques inutiles. Les besoins sont précis, les consignes sont indiquées à l'oral et devront être appliquées à la lettre.Il n'est pas à son coup d'essai. La chevauchée a été rapide. Intrépide (IIIè du nom) a été épatant. Ils ont tout avalé d'une traite ou presque. Il va pouvoir se reposer et se rafraîchir avant d'y aller. Il faut qu'il ait l'air de résider ici. Il a une chambre dans une église, près d'un presbytère de l'un des conjurés. Ils se connaissent. Ils ont déjà uvré ensemble. L'affaire sera certainement rapidement menée. Tout va dépendre de la demande de la donzelle. Il s'est mis à sa disposition. Jour et nuit. Lorsqu'elle le veut. Il peut même prendre chambre à côté de la sienne si elle le souhaite, pour mieux la servir. Il a été prévenu par certains de ses contacts sur place qu'il a été entendu que le coq reprenait de l'ouvrage en confession. Certains n'en sont pas vraiment ravis, car ils craignent pour la pureté de leurs filles. Il sait que malgré son mariage et sa vie d'homme rangé, cette réputation lui reste. Il pourra aussi en profiter en cas de besoin. Garder sa couverture intacte. Officiellement rangé. Officieusement Ce quil se passe sous les draps de lalcôve reste sous les draps de lalcôve. De toute manière, vu que tout est fini maintenant, il peut accepter ce type de mission sans sourciller. Même si... Il est trop tard pour regretter. Il le sait. Avancer, envers et contre tout. Une fois installé, Killi revêt sa tenue, flambant neuve, car elle n'a que peu servi. Surtout pour ce type de cliente, il doit être impeccable, elle n'est habituée qu'au plus beau. Elle vit entre le Louvre et sa demeure à Paris. Elle ne connaît point la rue, hormis de la vue d'un carrosse. Le cocher ne prend que les plus belles rues pour se rendre là où elle doit aller, sa couturière, les salons... Et encore, souvent, ce sont les autres qui viennent à elle, comme aujourd'hui pour Killi. Il a pris un bain, il est rasé de près, ses cheveux ont été brossés, tirés vers l'arrière, tenus par un ruban. Il monte dans le carrosse pour rencontrer la donzelle.
Le salon où il est introduit a été peint fraîchement. Les meubles sont refaits à neuf, le tissu des fauteuils et canapés brille par son lissé. Il reste debout, admirant un tableau de la belle. On lui avait dit qu'elle était fort jolie, mais à ce point... Elle est un appel au péché, cette enfant... A peine 14 ans, elle est déjà magnifique. Il comprend l'homme qui l'a prise pour maîtresse. Tout à faire et en même temps, cette peau... Il reste songeur devant le tableau lorsqu'il entend celle qui a posé pour lui donner vie entrer.
- Messire de Dénéré, je suis forte aise que vous soyiez venu si vite.
Elle lui tend les mains qu'il attrape vivement pour les embrasser. Elle est encore plus belle en naturel que sur ce tableau. Il n'en croit point ses yeux. Aristote... Quand je décide de me comporter correctement, voilà que tu m'envoie cette jeune fille qui... Couché... Gné pa potib... Jeunette, marié, dangereux...
- Il n'est plus marié, elle ne veut plus !
- Oui, mais dans son coeur et sa TETE, oui
- Ben pas plus bas, 'gade-moi ça comme c'est tendu... Y pense à des choses... Et pas qu'un peu ![color]
- Silence ![/color][color][color]
Elle s'assied délicatement sur un des fauteuils et lui tend la main pour lui indiquer de venir à ses côtés.
"- Entrons dans le vif du sujet, mon cher Coq, j'ai entendu parler de vos méthodes
- Je ne les utilise point en permanence, ma chère, je puis aussi...
- Tututututut ! Pourquoi croyez-vous que je vous ai choisi vous ?"
Il n'a pas le temps de répondre qu'elle est assise sur ses genoux et passe les bras autour de son cou. Déjà ? Oh bon dieu... Aristote....
- Ne vous inquiétez pas, je n'irais pas plus loin, mon amant est un homme très jaloux. Et la porte est fermée à clé
Elle lui fait une petite mine boudeuse.
- C'est dommage d'ailleurs, votre réputation vous précède même si vous vous êtes marié, coquinou.
Elle pose la tête sur son épaule.
- Vous savez, j'ai été très vilaine en pensant à vous. On m'a fait un portrait de vous et j'ai beaucoup pensé à vous quand j'étais avec mon amant.
Il lui sourit et la serre contre lui. Certaines missions sont passionnantes. Vraiment. Il ne sait s'il doit les maudire ou les remercier. Eux aussi ont dû entendre parler de ses problèmes personnels. Rien ne leur échappe. Il la serre contre lui et écoute ses minauderies avec patience. Il lui faudra un peu de temps pour gagner sa confiance.
- Couché ! Couché ! Dépêche-toi !
- Je le contrôle pu, t'as vu ce petit lot ? Comment tu veux...
- Couché ! Allez ! Dépêche-toi
- Oui, mais bon... Ses petits seins contre lui, là, r'garde comme c'est mignon tout ça
- Ferme-la, couché !
Quelques jours plus tard
Killi a réussi à obtenir des informations intéressantes dont il fait état dans un rapport codé, donné à un garçon de cuisine qui fait les livraisons chaque matin. Jour après jour, il arrive à extraire l'une ou l'autre, à force de ruse et de question bien orientée. Ce jour, elle est assise sur ses genoux, comme à son habitude. Elle joue, elle bavasse, elle glisse sa main dans sa chemise pour caresser sa poitrine car elle aime les hommes tout doux. Elle s'est rapprochée pour lui quémander un baiser, s'oubliant dans les bras du coq quand une servante arrive et crie, surprise de les interrompre. Il la regarde, l'air mauvais, lui signifiant qu'elle a tout intérêt à protéger sa maîtresse. La gamine est paniquée.
- Je ne voulais pas, c'est parce que... Enfin, vous comprenez !
Elle arpente la pièce, inquiète.
- Et s'il l'apprend ?
Il s'est mis debout pour aller chercher la servante et lui faire tenir sa langue. Elle pourrait faire clapoter la mission, cette gourde en plus. Il va lui prendre les mains pour la rassurer.
- Tout ira bien ma douce, je m'en charge.
Le soir, il sort des appartements de la belle sans avoir trouvé la gamine. Il est sorti pour aller en taverne, se dérouiller les jambes quelques heures pendant que la donzelle dort. Il ne restera point longtemps, juste le temps d'aller retrouver une ou deux catins à qui il va parler. Officiellement, pour leurs services, officieusement, pour vérifier si la mission doit perdurer ou pas. Il n'a point atteint la taverne qu'en passant dans une ruelle un peu plus sombre, il reçoit un coup sur la tête, puis dans le ventre et... Liz... Il lui avait promis... Il s'effondre, ayant perdu connaissance.
Quelques jours plus tard
Le corps inanimé de Killi est ramené à KP. A son moulin. Il vaut mieux qu'il soit soigné là plutôt qu'à la taverne dans le bois. Certes le QG serait plus discret, mais Aloïs sait que sa dame ne lui pardonnerait point de ne pas avoir été prévenue. Il ne pouvait partir ainsi, connaissant la dangerosité potentielle de sa mission. Aloïs hoche la tête tristement. Il le savait, mais il l'a fait quand même. Depuis qu'ils ont rompu, il prend bien plus de risques qu'avant encore. Comme si plus rien ne comptait. Il le regarde, inquiet, caressant son front. Celui qu'il sert depuis tout petit. Il ne peut le perdre. Que fera-t-il sans lui ? Ils étaient plusieurs, tout s'est passé très vite. Ils lui ont planté un couteau dans l'abdomen, et les autres l'ont frappé avec des bâtons. Il a su empêcher que l'autre ne frappe à nouveau, mais l'état de la blessure... Il ne sait le dire. S'en sortira-t-il cette fois ?
- Dame Liz ! Il faut la prévenir !
Il fonce au bureau de tribun de la dame. Il arrive à la porte et l'ouvre en grand, essoufflé, rouge de sa course, et encore, le pire reste à faire.
- Dame, l'maît', pas bien... Dans son moulin... Blessé... Paris...
Il pose ses deux mains sur ses jambes pour se reprendre. Et peut être aussi pour chercher comment il va lui annoncer dans quel état est son coq. Il ne peut pas lui dire comme ça, mais bon, quand elle va le voir... Sa blessure est rouverte, il a encore perdu du sang. Les autres sont occupés à le changer. Il espère que ça au moins ne sera plus visible. Ah oui, merdoume... La lettre... Ben voilà... Il va la lui donner... Il lui tend.
[/color][/color]- Citation :
- Ma nymphe, Soldate,
J'ai été contacté par Paris, pour un rapport habituel. Ils ont besoin de mes services. Point ceux auxquels tu penses. Je ne sais combien de temps je serais parti, mais je ne pourrais te donner de nouvelles. Sache que s'il devait m'arriver quelque chose, tout est arrangé pour toi. Même si je ne suis plus officiellement Seigneur des Rosiers, le domaine, notre maison familiale te restera. Le reste de mes biens aussi. Le notaire te donnera toute la liste et les papiers nécessaires. Mais je tai promis dêtre prudent et je ne loublie point.
Je n'ai point été un bon mari pour toi, mais sache que je ne regrette rien et que j'ai été heureux de te mener à l'autel et de faire de toi ma dame de Dénéré. L'unique pour moi. Je te garde ma grande affection malgré tout et sache que je serais toujours là pour toi. Si je reviens intact. N'oublie jamais que tu fus celle qui me combla sur tous les plans. Celle pour qui je raccrochais ma vie de libertin sans contrainte parce qu'il avait trouvé celle qui lui donna cette famille à laquelle il aspirait avec ses filles.
Je ne regrette qu'une chose, c'est de n'avoir pu te donner un fils. Notre héritier qui aurait porté fièrement notre nom et à qui tu aurais appris à être plus sage que son père.
Sois heureuse et ne m'oublie point,
Ton Killi
Il la laisse lire et la regarde. Elle venait darriver au QG avec le prénom de Liz dessus.
-L'est pas en bon état... L'a voulu confesser la maîtresse d'un haut placé, mais l'est jaloux. L'a pas aimé. Pourtant, y l'a pas touchée. Y touche pu... Eunuque. Pas possib', le reconnais point.
Il la regarde, cherchant dans ses yeux une réponse, même s'il la connaît. Ce qui est fait est fait. Alea jactance de l'est.*
- Vous emmène ? Cherché médicastre, herbes, pansements... Faut attendre, qu'il a dit... Et prier.
Il lui tend le bras.
- Vais vous emmener et j'vas aller prier. Fort.
Son ton n'est guère encourageant, mais comment lui expliquer que son mari est mourant et que le médicastre lui a dit qu'il supporterait à peine le voyage ? Il ne l'a ramené que pour qu'elle puisse lui dire adieu. Il a envoyé des hommes chercher une guérisseuse qui a déjà fait des miracles lautre fois en espérant que cette fois-ci aussi... Il l'a assez entendue vociférer contre les médicastres qui prenaient du sang aux malades. Il n'a point laissé le médecin faire. Personne ne lui a retiré quoique ce soit. Mais il est quand même blanc comme un linge. Il est inquiet. Il attend que la dame arrive et l'emmène au moulin pour qu'elle voit l'étendue des dégâts. Au moins, elle sait maintenant.
* Ou Alea Jacta Est pour les latinistes, bien sûr[/color][/color]
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