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[RP] La taverne du coq

Killijo_de_denere
Killi avait réussi à se faire la malle. Il courait, sentant le vent dans ses cheveux, libre, enfin libre, se précipitant vers une vie qui ne serait plus rythmée par la prière, les offrandes à Aristote et à ses saints. Les seins qu'il veut honorer se trouvent quelque part, à plusieurs endroits, ils pourraient se retrouver dans la même pièce s'il le voulait. Leurs propriétaires, pour certaines, n'était point farouches et aimaient à expérimenter des nouvelles manières de découvrir leur corps. C'est qu'il les confessait ensuite, le Killi. Il faut toujours parfaire le travail, c'est son père qui le lui a appris. Plusieurs fois par semaine, parce qu'elles avaient beaucoup à raconter.

Sur la route, il oubliait ce pour quoi il revenait sur Vannes et même ce qu'il devait y faire. Une seule chose importait à son projet. Les 7 péchés capitaux. Un par un, à la file, il voulait tous les visiter, seul ou accompagné, peu importe. Encore et toujours. L’Orgueil, il l'a toujours, c'est un Dénéré, fils du célébrissime Poulet, on ne peut pas ne pas être fier d'être d'une si illustre ligée. L’Avarice... Il pourrait la combiner à l'Envie, quand il voyait ces moines gras se goinfrer de pain au miel et autres douceurs qu'ils faisaient glisser avec du vin sous ses yeux en prétextant qu'il était en pénitence et qu'il ne pouvait être récompensé. Enfin pas encore, mais après 14 semaines, il avait au moins le droit à une petite coupette. Ce qui le mit en colère, et continue encore. Il aurait bien fait ravaler à un moine ou l'autre ses paroles moralisatrices alors qu'ils n'en respectaient aucune. Mais pour le moment, toutes ses pensées sont orientées vers cet endroit que le valet qui avait contribué à sa fuite lui a vanté.

Depuis quelques semaines, il lui a acheté une taverne, un bel endroit, où les meilleures boissons étaient servies. Il envisageait même d'y mener plusieurs activités, les repas, les boissons, le jeu et si affinités, la détente auprès d'une dame de bonne compagnie. Ainsi il pourra apprécier plus encore la luxure, la gourmandise, parce qu'il ne faut pas se limiter à une seule femme quand on peut en avoir tant qu'on ne sait plus les compter ? Il arrivait enfin aux alentours de Vannes où se trouvait sa nouvelle échoppe d'un genre particulier. De celles que les nobles ne fréquentent que cachés sous une cape, la nuit. Le prête-nom qui l'avait ouverte lui assurait un beau revenu. Son nom restait intact, mais le corps... Transpirait de la joie de revenir dans les bras de son amie. Il entra dans la taverne, où la tenancière l'accueillit à bras ouverts. Elle le connaissait déjà, puisqu'il était un de ses habitués à une époque un peu plus lointaine, à Paris. Il l'embrassa dans le cou, lui tenant la taille qu'il caressait d'un pouce.

Tu es magnifique, ma jolie, et tu m'as manqué

Les troubadours jouaient des musiques assez lancinantes Elle l'entraîna dans une danse dont elle avait le secret. Killi se laissa mener par les paroles de la belle qui lui susurait des mots doux à l'oreille, attisant sa joie de la retrouver. Il se laissait emporter par la fougue de ces retrouvailles. Ne plus travailler, ne plus rien faire, la paresse serait au rezndez-vous. Dernier péché et non des moindres. Il comptait passer quelques jours dans les lieux pour se remettre, puis il repartirait à Vannes pour une vie plus réglée. Il redeviendrait père et diacre. Mais demain était un autre jour.
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Chez moi
Killijo_de_denere
Plusieurs jours avaient passé depuis que Killi avait laissé la jolie Ninon pour quelques heures avait-il dit. Mais finalement, il était parti à Rieux chercher sa fille, puis il était allé à La Rochelle, Rieux, Vannes, la maison qu'il louait... Il entra dans la taverne où les troubadours jouaient une musique entraînante. A peine la porte s'était fermée qu'il entendit

- Ah, le voilà le coq prodigue !

Les troubadours s'arrêtèrent de jouer d'un coup, les buveurs qui riaient se turent, certains vidaient leur chope, laissaient une pièce sur la table et s'esquivaient.

Killi s'approcha de la tavernière en lui souriant d'un air enjôleur.


- Ma Ninette, tu sais bien ce que c'est, les voyages, les imprévus, les affaires...

Il lui prit les mains pour les embrasser avec douceur, mais elle les lui déroba.

- Et cette rousse avec qui tu t'affiches partout ? Hum ? C'est qui celle-là ? Je croyais que t'aimais les brunes ?

Elle se tenait devant lui, les mains sur les hanches, un air de défi, demandant des explications, fâchée d'avoir été abandonnée si longtemps et plus encore de savoir que c'était pour une autre.

- 15 jours que je t'attends ! 15 jours que tu d'vais r'venir ici pour qu'j'm'occupe d'toi ! Qu'est-ce tu foutais ? Hum ? Des promesses, toujours des promesses ! T'étais chez toi avec elle, hein ?

Killi regardait la femme en trouvant que cette couleur rouge qui lui montait aux joues lui seyait fort, et une femme en colère n'en était que plus ardente à lui demander de se faire pardonner de ses incartades. Elle levait à peine le menton pour lui parler, étant elle-même assez grande. Elle s'esquivait au fur et à mesure de ses approches pour qu'il l'enlace, sachant qu'il arriverait bien à lui faire oublier sa colère. Il était coutumier du fait. Il sortit un colifichet de sa besace en lui montrant.


- Regarde, je t'ai ramené un petit souvenir du Poitou, il mettra tes yeux en val...

Il esquiva une cruche qu'elle venait de lui lancer, qui alla s'écraser au sol pas loin d'un visiteur qui ouvrait la porte discrètement. La taverne se vidait proportionnellement à la colère de la tavernière qui augmentait.

- Et ta fiancée ? Hum ? Si elle apprend ça ? Qu'est c'qu'elle va dire d'tout ça ? Passer pour un couple avec la Rousse !

Le regard du coq se durcit. Le colifichet craqua sous la pression de ses doigts. Les spectateurs qui restaient pour assister à la scène commençaient à se lever pour s'esquiver.

- Sortez. Tous.

La tavernière elle-même aurait voulu s'esquiver, mais elle savait qu'elle allait bientôt être condamnée. Il se rapprochait d'elle dangereusement, elle se ratatinait sur elle-même, sachant que dans sa colère, elle avait eu LA parole de trop. La porte avait claqué, fermée sur le dernier client. Les filles restaient à l'étage, espérant qu'il ne les avait point entendues.


- Ne parle jamais de ma fiancée. Tu m'entends ? Jamais. Si j'apprends qu'elle a eu vent de cette histoire, je te tiendrais pour responsable. D'accord ?
- Mais Killi... Je n'ai pas...
- Tu ne m'es rien. Je ne t'ai rien promis.
- Je sais Killi, je suis désolée
- Je n'aurais pas dû t'amener ici. Tu serais restée à Eauze dans les étuves, tu ne me parlerais point ainsi.

La femme était maintenant à genoux, les larmes coulaient abondamment.

- Non ! Pas ça Killi ! S'il te plaît ! Je ne recommencerais pas !
Il lui avait tourné le dos, repartant à grands pas vers la porte.
- Killi ! Je vais me faire pardonner ! Je me tairais !
- Tu feras mieux. Tu es garante de ce qui pourrait se raconter à mon propos. Si j'entends parler de cette aventure avec la dame Rousse, je te tiendrais pour responsable.
- Tu... Tu ne restes pas ?
- Je n'ai plus rien à faire ici. Je repasserais faire les comptes des recettes. Dans une semaine. Tiens les livres à jour.
Elle resta un moment à genoux, les mains jointes en signe de prière. Elle avait tout gâché. Restait à espérer qu'il oublierait. Sinon... Eauze l'attendait. Mais elle n'irait point.

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Chez moi
Killijo_de_denere
Sache que je ....

Plus rien n'allait dans la vie de Killi. Il n'en pouvait plus, il n'en voulait plus. N'en jetez plus, la coupe est pleine ! Une violente envie de partir, loin. N'importe où mais ailleurs. Ne plus s'occuper de cette famille, ne plus entendre des nouvelles annonces de mariage, des femmes qui lui reprochaient de ne point s'occuper d'elle, de celles qui voulaient qu'il s'en occupe plus... Peut être chez les moines finalement, le calme, la prière, la chaste... quoi ? Nan, il n'était point désespéré à ce point. Il lui fallait juste prendre du recul. Beaucoup, mais loin de tout cela. Partir ? Ciana lui avait dit que la fuite ne résoudrait rien. Mais pourtant... Il pourrait aller à Angers voir Fibi, ils pourraient rouler dans les tonneaux, pleins comme des vaches pleines, à ne penser qu'à boire. Ou il pourrait aussi tout simplement aller ailleurs. Où personne ne le connaît, personne pour attendre quelque chose de lui, personne pour lui reprocher quoi que ce soit.

Il était allé machinalement vers la taverne où il était à peine passé ces dernières semaines. Après la séance de comptes où il avait bien remis les choses au point avec Ninon puis le recrutement de quelques filles pour la taverne des compagnons, il prenait des nouvelles de loin en loin par l'intermédiaire d'Aloïs. Il avait trop à faire ailleurs. La visite de Fibi, les amusements avec Kiki, les retrouvailles avec Annelyse... Il avait brisé le baton qu'il tenait en marchant pour se rendre à l'auberge. Le courrier de Kiki qui avait fui sans même lui en parler, le courrier de Dae qui se mariait... Tant de rage en lui. Ces foutus mariages. A quoi bon ? Pourquoi s'engager avec une seule personne ? Pour avoir tout son univers effondré du jour au lendemain ? Pour avoir envie de tout jeter ? Le bâton était encore cassé en plus de morceaux, comme s'il était responsable de toute sa douleur. Annelyse, Daeneryss... Sa fille était maintenant mariée. Sa fille aînée était chez les moines. L'une allait partir vivre dans le Sud, l'autre était enfermée à cause d'un chagrin d'amour. Que lui restait-il ? Rien.

Il entra dans l'auberge où les têtes féminines se tournèrent. Dès qu'un client arrivait, elles venaient l'accueillir, le cajôler. Ici, seule Ninon osa approcher. Il avait sa tête des très mauvais jours. Elle lui prit le bras et l'entraîna vers sa chambre. Point de parole, point de questions. Il ferait d'elle ce qu'il voudrait, puis il repartirait. Il se laissa mener comme un animal dans la chambre, docile, sans âme. Il s'assit sur le lit et lui tendit la lettre. Celle de Dae. La plus inattendue. Celle de Kiki, il n'attendait qu'une confirmation de son départ, puisque l'autre le lui avait dit avec un air de victoire de celui qui sait. Les reproches qui lui étaient faits... Elle ne lui avait rien dit à lui, elle était partie comme une voleuse, sans un mot, sans rien. Il repensait à ce qu'elle y avait couché. La partie la plus virulante était celle où elle lui parlait de le consoler.


Citation:
Vous m'aviez demandé de vous rejoindre pour que je puisse vous consoler, vous épauler, mais je n'ai pu que remarquer que vous n'aviez point besoin de ma compassion, d'autres personnes sont là pour s'en charger, je ne suis point jalouse, n'allez point non plus vous méprendre, je suis juste blessé par votre comportement et votre ignorance, je ne suis point un jouet qu'on prend quand on a envie de s'amuser, je ne suis point un objet qu'on laisse de côté quand on a trouvé mieux, je suis fâchée, en colère....


Pourquoi devait-il s'excuser d'avoir du réconfort sans le demander ? Pourquoi devait-il s'excuser d'avoir des amies qui se préoccupaient de lui ? Décidément, il ne comprenait rien aux femmes. Sa fille qui se mariait au premier venu sans lui en parler, sans même le faire dans les règles, Kiki qui partait parce qu'elle était en colère... Dae qui se mariait... Il prit Ninon dans ses bras, se réfugiant dans son cou. Elle lui caressa le dos doucement, avec tendresse. Elle l'aimait ce coq, même si elle savait qu'elle ne pourrait point briser la carapace qu'il avait forgée. Celle-ci s'épaississait à mesure des femmes qu'il laissait entrer dans sa vie. Les quelques chanceuses qu'il avait laissées arriver jusqu'à son coeur l'avaient piétiné. Comme cette Rousse du nord. Elle se souvenait. Elle l'aurait bien accompagné lorsqu'il la reverrait. Pour la faire souffrir comme elle faisait souffrir son coq maintenant. Elle restait contre lui, attendant qu'il parle. Elle relut la lettre

Citation:
Killijo,

Sans doute cette lettre te surprendra-t-elle. J'en suis presque sûre d'ailleurs...
Comme tu peux le voir, mon courrier est accompagné d'une invitation. Prends le temps d'y réfléchir veux-tu ? Je sais que ça peut paraître étonnant, mais ce serait sans doute l'occasion de nous revoir. Au moins une fois.

J'espère que tu te portes bien.
Prends soin de toi.

Daeneryss.


A quoi l'invitait donc cette catin du Nord ? A son mariage certainement, pour qu'il ait cette tête. Qu'avaient-elles donc toutes avec le mariage en ce moment ? Des maris qui leur juraient fidélité et qu'elle retrouvait dans son auberge avec ses filles... Quelle vaste blague. Il l'avait allongée sur le lit et commençait à délacer son corset. Il avait posé la tête sur sa poitrine et s'endormait. Elle lui caressa la tête tendrement.
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Chez moi
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