Killijo_de_denere
- Messire, ils vous attendent, faites vite.
- Fais-les patienter, j'arrive.
Il est à son écritoire, debout, tournant en rond comme un coq enfermé sans poule. Pourtant, en fait de poules, il en a plus que son compte, mais celle qui occupe ses pensées est à la fois loin et proche. Elle est bailli, il la croise parfois, de loin, la regardant marcher, sourire aux gens et leur répondre avec la gentillesse qui l'avait séduit. Il erre souvent tard dans la nuit dans la bibliothèque, quand ses activités cachées le lui permettent.
La servante repasse la tête, même si elle sait déjà ce qu'il va lui répondre. Elle le connaît, elle n'insistera pas plus car elle a bien vu son air préoccupé. Les autres attendront. Il a la plume en main, peut être qu'il va enfin se décider à franchir le pas comme il le lui a confié lors de son dernier bain. Elle s'éclipse discrètement et laisse son maître franchir ce pas qu'il redoute.
Il se rassied et commence à écrire d'un air crispé. Il commence à gratter le brouillon en écrivant Liz, je crois qu'il est temps de prendre une décision. Mais les images affluent à son esprit, ses larmes, la blancheur de son teint lorsqu'elle l'avait vu, ce désespoir qu'elle contenait tout comme la colère et la déception. Il ne l'a que trop déçue. Le chemin qu'il a pris ne peut que la mener à plus de tristesse encore. Sa mère le reniera et s'il est découvert, ce sera la corde à coup sûr, puisqu'il n'est plus noble. Pour elle. Et voilà que maintenant, il préfère la libérer plutôt que de salir son nom qu'il ne lui a même pas donné puisqu'elle le portait déjà. Il se ravise un peu et commence une nouvelle ligne à son brouillon.
"Mon ange,
Je sais que je ne suis pas un bon mari et que tu as toutes les raisons de m'en vouloir. Je n'ai aucune excuse, et je commence à me demander si je ne gâche pas ta vie et si je ne devrais pas plutôt te rendre ta liberté. Tu es jeune, belle et intelligente, tu n'as pas à perdre ton temps avec moi."
Ca, c'est fait. C'est lâche, il pourrait le lui dire en face, aller la voir dans ce moulin où elle passe le temps qu'il lui reste lorsqu'elle ne tient pas ses livres de comptes. Mais il sait qu'il cèdera, il ne pourra point lui tenir cette bonne résolution qu'il veut pour elle. Elle le comprendra plus tard. Alors, il préfère la rassurer néanmoins, tandis que le diable qui l'agitait toujours pointe une petite parole pernicieuse à son oreille.
Pense à la petite servante que tu arranges parfois, tu vas pouvoir l'arranger avec ses copines, sans même avoir à te cacher maintenant, profite, mon grand !
Mais le mari a repris le dessus, il continue en se justifiant. Il veut la quitter, certes, mais pas sur cette mauvaise impression, alors il la rassure :
"Cela ne remet en aucun cas en cause mes sentiments pour toi et sache qu'aucune femme ne me retient loin de toi. Enfin pas comme tu penses.
J'ai été bloqué au lit durant un moment car le manque de nourriture m'a rendu malade. La vie que je mène actuellement ne me permet point de toujours me nourrir décemment, mais point là n'est le sujet de cette lettre."
Et j'étais seul - la plupart du temps - dans ce lit. Pas ma faute si la petite brunette est venue me rejoindre. Elle m'a montré que je recouvrais mes forces, la coquine. Et le lendemain... Avec la petite Rousse, bref !
"J'ai appris par Alois que mon champs est vendu. Si ta charge te le permet et que tu le veux encore, nous pouvons aller chercher le coffre pour que j'achète une propriété dans cette ville qui te plaît."
Bon, tu la quittes ou pas ? Faut savoir ! Enfin en même temps, tu peux rester marié, elle a la tête assez solide pour la paire de cornes que tu vas lui fabriquer.
- Messiiiiiiiiiiiiiiiire !
- Hep, le coq, tu t'actives, pas qu'ça à faire, bordel !
- Renard, t'es en train de vider ma cave en m'attendant, alors picole pour patienter, ça te mettra de meilleure humeur !
Il termine sa lettre par
"Je me tiendrais prêt à partir dès demain soir si tu le souhaites.
Avec tout mon amour,"
- Ben quoi alors, tu veux qu'elle reprenne sa liberté mais tu veux l'emmener en voyage ? Faut savoir ! A moins que tu veuilles y goûter une dernière fois. C'vrai qu'elle est bien bonne, la petite. Elle mérite qu'on...
Il prend sa veste et descend dans l'auberge qu'il a louée sous couvert d'un autre nom. Il l'occupe seul, elle est à l'orée d'un bois, connue des seuls habitués qui viennent y chercher autre chose que du bon vin, mais ils peuvent se réunir en toute tranquillité sans être dérangés. A toute heure. Demain, il verra ce qu'elle a décidé.
Le vert a été changé en olive. Le vert est une couleur censoriale et comme je l'utilise pour démarquer mes interventions. {19}
_________________
Chez moi
- Fais-les patienter, j'arrive.
Il est à son écritoire, debout, tournant en rond comme un coq enfermé sans poule. Pourtant, en fait de poules, il en a plus que son compte, mais celle qui occupe ses pensées est à la fois loin et proche. Elle est bailli, il la croise parfois, de loin, la regardant marcher, sourire aux gens et leur répondre avec la gentillesse qui l'avait séduit. Il erre souvent tard dans la nuit dans la bibliothèque, quand ses activités cachées le lui permettent.
La servante repasse la tête, même si elle sait déjà ce qu'il va lui répondre. Elle le connaît, elle n'insistera pas plus car elle a bien vu son air préoccupé. Les autres attendront. Il a la plume en main, peut être qu'il va enfin se décider à franchir le pas comme il le lui a confié lors de son dernier bain. Elle s'éclipse discrètement et laisse son maître franchir ce pas qu'il redoute.
Il se rassied et commence à écrire d'un air crispé. Il commence à gratter le brouillon en écrivant Liz, je crois qu'il est temps de prendre une décision. Mais les images affluent à son esprit, ses larmes, la blancheur de son teint lorsqu'elle l'avait vu, ce désespoir qu'elle contenait tout comme la colère et la déception. Il ne l'a que trop déçue. Le chemin qu'il a pris ne peut que la mener à plus de tristesse encore. Sa mère le reniera et s'il est découvert, ce sera la corde à coup sûr, puisqu'il n'est plus noble. Pour elle. Et voilà que maintenant, il préfère la libérer plutôt que de salir son nom qu'il ne lui a même pas donné puisqu'elle le portait déjà. Il se ravise un peu et commence une nouvelle ligne à son brouillon.
"Mon ange,
Je sais que je ne suis pas un bon mari et que tu as toutes les raisons de m'en vouloir. Je n'ai aucune excuse, et je commence à me demander si je ne gâche pas ta vie et si je ne devrais pas plutôt te rendre ta liberté. Tu es jeune, belle et intelligente, tu n'as pas à perdre ton temps avec moi."
Ca, c'est fait. C'est lâche, il pourrait le lui dire en face, aller la voir dans ce moulin où elle passe le temps qu'il lui reste lorsqu'elle ne tient pas ses livres de comptes. Mais il sait qu'il cèdera, il ne pourra point lui tenir cette bonne résolution qu'il veut pour elle. Elle le comprendra plus tard. Alors, il préfère la rassurer néanmoins, tandis que le diable qui l'agitait toujours pointe une petite parole pernicieuse à son oreille.
Pense à la petite servante que tu arranges parfois, tu vas pouvoir l'arranger avec ses copines, sans même avoir à te cacher maintenant, profite, mon grand !
Mais le mari a repris le dessus, il continue en se justifiant. Il veut la quitter, certes, mais pas sur cette mauvaise impression, alors il la rassure :
"Cela ne remet en aucun cas en cause mes sentiments pour toi et sache qu'aucune femme ne me retient loin de toi. Enfin pas comme tu penses.
J'ai été bloqué au lit durant un moment car le manque de nourriture m'a rendu malade. La vie que je mène actuellement ne me permet point de toujours me nourrir décemment, mais point là n'est le sujet de cette lettre."
Et j'étais seul - la plupart du temps - dans ce lit. Pas ma faute si la petite brunette est venue me rejoindre. Elle m'a montré que je recouvrais mes forces, la coquine. Et le lendemain... Avec la petite Rousse, bref !
"J'ai appris par Alois que mon champs est vendu. Si ta charge te le permet et que tu le veux encore, nous pouvons aller chercher le coffre pour que j'achète une propriété dans cette ville qui te plaît."
Bon, tu la quittes ou pas ? Faut savoir ! Enfin en même temps, tu peux rester marié, elle a la tête assez solide pour la paire de cornes que tu vas lui fabriquer.
- Messiiiiiiiiiiiiiiiire !
- Hep, le coq, tu t'actives, pas qu'ça à faire, bordel !
- Renard, t'es en train de vider ma cave en m'attendant, alors picole pour patienter, ça te mettra de meilleure humeur !
Il termine sa lettre par
"Je me tiendrais prêt à partir dès demain soir si tu le souhaites.
Avec tout mon amour,"
- Ben quoi alors, tu veux qu'elle reprenne sa liberté mais tu veux l'emmener en voyage ? Faut savoir ! A moins que tu veuilles y goûter une dernière fois. C'vrai qu'elle est bien bonne, la petite. Elle mérite qu'on...
Il prend sa veste et descend dans l'auberge qu'il a louée sous couvert d'un autre nom. Il l'occupe seul, elle est à l'orée d'un bois, connue des seuls habitués qui viennent y chercher autre chose que du bon vin, mais ils peuvent se réunir en toute tranquillité sans être dérangés. A toute heure. Demain, il verra ce qu'elle a décidé.
Le vert a été changé en olive. Le vert est une couleur censoriale et comme je l'utilise pour démarquer mes interventions. {19}
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Chez moi