Eripsoe
Il ne sut dire, lorsqu'il se leva, combien de temps avait passé depuis qu'il s'était assis. S'il s'était écouté, il serait resté dans son fauteuil, à boire et à ruminer, jusqu'à sombrer dans ce sommeil alcoolique qui ne repose pas, qui ne soulage pas, mais qui occupe, finalement, l'esprit...
Mais il avait manifesté l'envie de participer au cours et il se devait, de par sa fonction, de ne pas faire faux bond à la jeune femme qui faisait vivre au mieux l'Institution dont il avait la charge. On appelait ça politesse. Ou respect. Les deux avaient du sens dans la situation présente.
S'approchant du seul miroir auquel il avait concédé le droit de résider, il inspecta son visage aux traits tirés et ses yeux rougis par les larmes. Cela ne serait pas du plus bel effet, mais il mettrait cela sur le compte de la fatigue et du travail. Il se recoiffa, cependant, réajusta sa tenue, prit sa canne et sortit du bureau d'un pas lent et mesuré.
Sans dire un mot, se contentant de saluer d'un hochement de tête, il traversa les couloirs comme une ombre, silencieuse, froide. Nul doute que vu le thème du cours, il allait plomber l'ambiance. Il gardait ses forces pour là-bas, faire illusion. Mais elle saurait, elle verrait, elle comprendrait...
Enfin il arriva devant la salle et avant d'entrer, composa un sourire adapté. Pas trop joyeux, il en serait crispé et peu naturel. Un sourire mêlant un peu de chaleur et un peu de joie. Adaptant sa démarche aussi. Sa posture. Bombant légèrement le torse. Juste assez pour induire l'idée inconsciente qu'il était prêt à en découdre au besoin. Et il entra.
Il y avait du monde, déjà, qu'il salua respectueusement. S'approchant du professeur qui donnait alors les consignes. Sa canne dans sa senestre, sa dextre libre et la paume tournée vers le ciel, il s'adressa à elle:
Demat Dona. Pardonnez mon retard, le travail, vous le savez, ne me laisse que trop peu de répit.
Mais quand il s'agit de feu, je trouve toujours un peu de cette matière précieuse qu'on appelle le temps.
_________________
Mais il avait manifesté l'envie de participer au cours et il se devait, de par sa fonction, de ne pas faire faux bond à la jeune femme qui faisait vivre au mieux l'Institution dont il avait la charge. On appelait ça politesse. Ou respect. Les deux avaient du sens dans la situation présente.
S'approchant du seul miroir auquel il avait concédé le droit de résider, il inspecta son visage aux traits tirés et ses yeux rougis par les larmes. Cela ne serait pas du plus bel effet, mais il mettrait cela sur le compte de la fatigue et du travail. Il se recoiffa, cependant, réajusta sa tenue, prit sa canne et sortit du bureau d'un pas lent et mesuré.
Sans dire un mot, se contentant de saluer d'un hochement de tête, il traversa les couloirs comme une ombre, silencieuse, froide. Nul doute que vu le thème du cours, il allait plomber l'ambiance. Il gardait ses forces pour là-bas, faire illusion. Mais elle saurait, elle verrait, elle comprendrait...
Enfin il arriva devant la salle et avant d'entrer, composa un sourire adapté. Pas trop joyeux, il en serait crispé et peu naturel. Un sourire mêlant un peu de chaleur et un peu de joie. Adaptant sa démarche aussi. Sa posture. Bombant légèrement le torse. Juste assez pour induire l'idée inconsciente qu'il était prêt à en découdre au besoin. Et il entra.
Il y avait du monde, déjà, qu'il salua respectueusement. S'approchant du professeur qui donnait alors les consignes. Sa canne dans sa senestre, sa dextre libre et la paume tournée vers le ciel, il s'adressa à elle:
Demat Dona. Pardonnez mon retard, le travail, vous le savez, ne me laisse que trop peu de répit.
Mais quand il s'agit de feu, je trouve toujours un peu de cette matière précieuse qu'on appelle le temps.
_________________