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Fugue du petit duc

Le.couillu
Il ne se le fit pas dire deux fois et sitôt que Coligny l'eut lâché, Le Couillu disparut dans une ruelle sans demander son reste.
Le tueur pensait avoir à faire à une catin égaré par ce nom de puterelle dont le couillu qualifiait toutes les femmes. Mais peu lui importait, elle serait surement morte avant la fin du jour. Coligny semblait vouloir faire le ménage afin que nulle trace ne puisse remonter jusqu'à eux.
Le Couillu ne chercha pas à comprendre pourquoi il l'épargnait et déguerpit. Le soir même il quittait la bonne ville de Dié.
Plus personne n'entendit parler de lui.
Dacien_de_chenot
Dacien



Il avait mal partout. La position dans laquelle Coligny l'avait laissé était des plus inconfortables. Il se tortilla pour tenter de soulager la tension de ses épaules, ce simple effort l'épuisa. A cet instant, et bien qu'il ne regretta pas son escapade, il aurait donné cher pour être à Luserne. Il s'appliqua à respirer profondément tout en essayant de réfléchir à sa situation qui, il faut bien le dire, n'était pas des meilleures.
Il devait à tout prix tenter d'échapper à cet homme. Oui mais voilà :

1) Il était presque nu
2) Il n'avait plus de monture
3) Sa bourse était restée dans ses fontes
4) Il ignorait où il se trouvait
5) Il n'avait plus vivres
6) Même s'il sentait que la fièvre était tombée, il ressentait encore une immense fatigue
7) L'Ombre veillait
8) Quelqu'un de plus dangereux encore voulait sa mort, et il ignorait qui.

Avouez que ça fait beaucoup d'obstacles à surmonter même quand on est plein de courage et de détermination. Il décida qu'au final, l'Ombre était peut-être sa meilleure option de survie. Après tout, s'il ne l'avait pas encore occis c'est qu'il devait avoir un plan plus lucratif. En lui glissant que sa famille était riche, il lui avait probablement inspiré l'idée d'une demande de rançon ce qui devrait le maintenir en vie le temps qu'il trouve une faille dans la surveillance pour s'enfuir et poursuivre sa route jusqu'à la Méditerranée.
Il en était là de ses réflexions lorsque le pas des chevaux lui indiqua que l'Ombre était de retour. Il fut surpris d'en ressentir du soulagement. Après tout, il aurait pu tout aussi bien décider de l'abandonner là. Ce constat le réconforta, ainsi que l'annonce concernant Flamme.
Entre l'enfant et le tueur s'établissait peu à peu un rapport étrange où l'enfant finissait par prendre le dessus sans qu'aucun des deux n'en ait conscience.

Lorsqu'il fut délivré de ses liens, il prit le temps de frictionner longuement ses poignets avant d’obtempérer aux ordres de son ravisseur. Qui était cet homme ? Du coin de l’œil il ne le lâchait pas, épiant le moindre de ses gestes.
Il repassa sa liste dans sa tête et constata que finalement sa situation s'améliorait.
Citation:

1) Il était presque nu NON
2) Il n'avait plus de monture NON
3) Sa bourse était restée dans ses fontes NON
4) Il ignorait où il se trouvait
5) Il n'avait plus vivres
6) Même s'il sentait que la fièvre était tombée, il ressentait encore une immense fatigue
7) L'Ombre veillait
8) Quelqu'un de plus dangereux encore voulait sa mort, et il ignorait qui.


Il se rhabilla, tournant pudiquement le dos à l'Ombre.
Quitter la grotte lui convenait. Flamme était un poney fringuant, peut être trouverait-il dans ce départ l'occasion de fausser compagnie à son ravisseur. Il tenta pourtant une question qui pourrait éclairer le point 4 de son questionnement.

- Puis-je savoir où nous allons ?

Il lui parlait sans crainte comme s'il avait eu à faire à un protecteur posant sur l'homme sombre ses mirettes dorées, plein d'une assurance et d'une confiance dont il n'avait nullement conscience.

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Coligny.
Rôdé au long voyage avec ou sans compagnie, Coligny ne prêta pas attention au gamin qui lui tournait le dos pour s'habiller. Il était afféré à préparer les montures en chargeant ses affaires et en leur donnant de l'eau avant le départ. Tout ça, devant l'entrée de la grotte pour empêcher le mioche de filer à l'angloise.

De temps à autre, il sentait le regard de ce gamin sur lui. Il devait s'en poser des questions et il ignorait que le jeune Col s'en posait aussi et qu'il avait pris une décision. Il ne le tuerait pas. Il avait l'argent, les autres étaient morts et il ne se voyait pas assassiner un gamin. S'il le faisait, il serait pire que son "père". Et ça, c'était inconcevable pour lui.

Une fois que tout fut prêt, il monta à cheval et tendit les rennes du poney à Dacien. Ce dernier le regardait droit dans les yeux et ne semblait pas le craindre le moins du monde à croire qu'il lisait dans ses pensées et savait déjà qu'il ne lui ferait aucun mal. Ses petites billes étaient vives et intelligentes. Un sacré petit personnage que ce De Chenot. En le regardant, il se demandait ce qu'il deviendrait une fois adulte. L'épargner et il sauverait peut-être des vies, ou alors ferait il de grandes choses ?


- Monte sur ta monture, lui dit il d'un ton rude pour cacher sa jeunesse. Je vais t'éloigner de cette ville. Ceux qui voulaient te tuer sont morts. Je m'en suis débarrassé. Ne va pas croire que je l'ai fait pour toi, rétorqua t'il d'un ton mauvais. Il me fallait supprimer tous ceux capables de faire un lien entre toi et moi. Tiens, une gourde et des provisions. Mange un peu en route. On s'arrêtera dès qu'on sera sorti de ce bois.

Il passa une longe au harnais du poney et l'attacha à sa selle. Ils mirent quelques heures pour sortir du bois. Coligny avait évité les coins où ils pourraient croiser des bûcherons et les chemins empruntés par les fermiers pour rejoindre le marché de la ville. Les détours étaient encombrés d'arbres morts et de branches brisées, rendant le déplacement difficile. De temps en temps, il regardait l'enfant qui était un excellent cavalier. Meilleur que lui, qui avait appris à monter seul et qui manquait de technique et de tenue. Dans un endroit plus dégagé, il tira sur la longe pour le faire venir à sa hauteur.


- Tu es bon cavalier. On va s'arrêter après cette clairière.

Il fit comme il dit, posant pied à terre, il attrapa le petit Duc par la taille pour le faire descendre et le fit asseoir sur le sol. Il lui ligota les mains dans le dos et s'installa pour manger un morceau. Accroupit avec le petit en face de lui et il se frotta le visage. La fatigue le gagnait. Il n'avait pas dormi de la nuit et avait quelques nuits de beuveries antérieures qui l'avaient tenu éveillé. Sa garde en était émoussée. En mâchouillant son bout de viande, il regardait un bataillon de fourmis s'attaquer à une sauterelle morte.

Qu'allait il faire de lui ? Il savait déjà qu'il ne le tuerait pas. Mais il devait aussi s'assurer qu'une fois libre, il ne le dénoncerait pas. Déjà, il ne lui donnerait pas son prénom. Une description physique serait plus difficile à retrouver qu'une identité. Il pouvait aussi partir pour l'Est ou l'Ouest et personne ne le retrouverait. Une fois dans sa famille, il ne le chercherait plus. Ou alors... il avait une bien meilleure idée qui le mettrait à l'abri d'éventuels ennuis futurs. Il releva le visage et lui fit un sourire en coin. Il déplia son long corps et essuya la lame de sa dague sur ses braies. Il passa derrière Dacien et tira sur ses mains :


- Je vais te rac....

Il ne put terminer sa phrase.
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Quand il tremble, c'est de froid
Elektra.
Justine

Attendez ! Vous venez pour déclarer la disparition d'un poney ?

Le maréchal en chef Joubert regardait la jeune femme face à lui. Il ne savait si ses mouvements désordonnés étaient dus à une excitation quelconque, une grand frayeur, ou un état naturel.

Asseyez vous et reprenez plus calmement.

L'homme fit un signe et une jeune recrue de la maréchaussée poussa une chaise derrière la jeune femme qui s'y laissa choir.

Un enfant. C'est un enfant qui a disparu ! Mais j'ai vu son poney et un homme et mon petit chevalier n'était pas avec eux. Et je suis certaine de n'avoir jamais vu cet homme, il ne fait pas partie de la mesnie de la famille.

Quelle famille ? Et vous, qui êtes vous ?

Tout cela épuisait Justine qui trouvait jute que tout le monde perdait du temps pour rien alors que son petit ange était surement en danger.

La famille de Chenot, Ducs de Savoie, une famille TRÈS importante.

Elle accentua le mot, espérant être prise au sérieux.

Et moi je suis la gouvernante de l'enfant. Dacien, il s'appelle Dacien de Chenot.

L'homme prit une plume et nota ces informations, puis il écrivit une courte missive qu'il donna à un de ses hommes.

Donnez ca à la prévôté, je veux qu'ils me donnent des informations sur cette famille.

Non mais ! Elle ne le croyait pas ! La prenait-il pour une menteuse ??
Elle se dressa sur ses pieds, renversant sa chaise au sol.

Nous perdons du temps ! Il est en danger, je le sais ! Il faut les rattraper tout de suite !
Lorsque j'ai vu le poney avec l'homme, je l'ai suivi jusqu'à la sortie de la ville et il se dirigeait ensuite vers le bois. Ils sont surement caches là bas ! Allons y !


Au vu de ces nouvelles données, l'homme se leva et appela d'une voix forte.

Le Borgne ! Prenez deux hommes et rejoignez moi aux écuries ! Nous allons ratisser le bois !
Damoiselle, vous devriez rentrer à l'...


NON ! Je viens avec vous ! Il aura besoin de moi, il est peut-être blessé, et je suis la seule à pouvoir l'identifier ! Vous n'avez pas le choix !

Et de fait, elle ne leur laissa pas le choix. Heureusement, le maitre et le sénéchal lui avaient laissé sa monture, qui s'était rétablie de sa blessure à la patte.

Quelques heures plus tard.

La foret était grande, trop quand on cherchait une cachette. Les quatre hommes s'étaient séparés en deux groupes, Justine suivait le maréchal Joubert. Le Borgne et un acolyte suivaient les chemins tracés par les forestiers, tandis que Joubert et l'autre homme, flanqués de Justine, avaient contourné en jetant de fréquents coups d'œil. En vain. La jeune femme désespérait et commençait à croire que le pauvre enfant était mort et enterré quelque part sous ces tapis de feuilles mortes.

Lorsque les deux groupes se rejoignirent, Joubert se gratta le menton et secoua la tête. Ce devait être un signe de réflexion, car soudain il s'exclama.

Allons voir la clairière au Vieux Moine, il est rare que les gens s'y promènent en cette saison, peut-être qu'ils y sont planqués.

Ce furent quelques échos de voix qui les alertèrent. Il y avait bien des gens, restait à savoir qui. Les chevaux furent attachés à des branches et ils progressèrent lentement à pieds, aussi silencieusement que possible.

Joubert attrapa Justine par un bras et la colla contre lui. Écartant une touffe de branchages morts, il indiqua les deux personnes assises par terre.

Reconnaissez vous l'enfant ?

La jeune femme retint un cri. C'était bien lui !

Oui ... c'est mon petit chevalier ... Oh ! Merci mon Dieu ! Il est en vie.
Je reconnais l'homme aussi, c'est bien lui qui a pris le poney ...


L'homme l'interrompit d'un petit mouvement sec. Ce que les femmes pouvaient être bavardes. Un oui eut été suffisant.

Restez ici.
C'est un ordre !
cru-t-il bon de préciser.

Justine rongea son frein mais obéit malgré tout. Le maréchal en chef Joubert n'était plus de première jeunesse, il était légèrement ventru et son visage retrouvait par moment un air poupon. Le Borgne semblait menaçant, et les deux autres étaient relativement jeunes et en bonne sante. Elle espéra qu'ils savaient ce qu'ils faisaient et surtout que Dacien ne serait pas blessé.

Les quatre hommes bondirent des fourrés et entourèrent rapidement l'homme, arme au poing, alors que Joubert l'interpellait.

Vous ! Debout ! Pas un geste malvenu ou vous êtes mort !
Je suis le maréchal en chef Joubert. Vous êtes en état d'arrestation pour enlèvement d'enfant .... et vol de poney ....


Oui, dans le doute, il valait mieux tout préciser.
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Dacien_de_chenot
Dacien

L'Ombre ne répondit pas à sa question. Toutefois à force recoupements, il en vint à penser qu'ils devaient se trouver quelque part entre Dié et Embrun. Il essaya de visualiser la carte, Dié et un peu à l'Est Embrun, s'il fonçait plein Sud il y aurait le Marquisat de Provence et le port de Marseille. Il baissa la tête pour dissimuler un sourire satisfait : finalement cet interlude ne lui aurait pas fait perdre trop de temps et il profitait maintenant d'une escorte. L'affaire se présentait plutôt bien même si pour l'heure il était prisonnier.
Le jeune garçon posa son front sur le chanfrein de sa monture, caressant l'encolure de l'alezan.

- Merci...


Le merci s'adressait à l'Ombre mais il le prononça pudiquement, le nez plongé dans la crinière de Flamme avant de sauter joyeusement en selle.
Ainsi donc cet homme venait de tuer ceux qui en voulaient à sa vie... Ses yeux se froncèrent sous une intense réflexion. L'Ombre venait de faire pour lui ce que personne n'avait jamais fait. Bien qu'il se défende d'avoir agi pour le bien du gamin, il a malgré tout tué pour lui, et le petit duc ne retient que ça : cet homme a du sang sur les mains pour avoir voulu me protéger. Quelles que soient ses motivations premières.
Sans un mot il reçoit la gourde et les quelques vivres qu'il se hâte de faire disparaitre dans ses fontes avant de talonner Flamme.
L'Ombre a attaché une longe qui lui interdit pour l'instant toute tentative de fuite, aussi profite t'il simplement de la chevauchée le regard fixé sur les épaules de son ravisseur.
Dans sa poche il a toujours la pierre trouvée dans la grotte. Il pourrait peut-être la lui jeter à la tête ? Oui mais s'il ne l'assomme pas il est mort ! D'autant qu'il lui faudra ensuit
se rapprocher pour défaire la longe... Mauvaise idée. Il doit se résoudre à attendre le moment opportun.
Une tension dans la corde impose à Flamme de remonter à hauteur de l'homme qui semble vouloir faire un brin de causette.
Et là, le compliment de l'Ombre le cueille plein cœur ! Personne jamais ne lui a dit qu'il était bon cavalier. Il reste interdit, la bouche ouverte comme une carpe devant un vermisseau.

- Je monte depuis longtemps tu sais... Un jour, je serai chevalier.

Et soudain, il a envie de tout lui raconter, de sa fuite un jour à Sion, de son amour inconsidéré pour les cheveux roux, de sa fugue pour aller retrouver ses parents en Alexandrie.
Durant un bref instant, il se sent moins seul.
Enfin, après quelques heures, l'Ombre décide d'une pause. L'Ombre semble tenir éveiller par la seule force de sa volonté. S'il s'endort, il en profitera pour lui fausser compagnie.
Mais voilà qu'à nouveau, comme s'il avait pu lire dans ses pensées les plus profondes, le sombre attache ses mains. Perdu dans ses pensées l'homme s'est tu un long moment.
A quoi peut-il songer ?
Le petit duc donnerait cher pour en savoir davantage sur cet homme dont le mystère l'intrigue. Quand brusquement il le voit se lever, dague à la main.
Un sursaut d'angoisse, et l'enfant panique avant de comprendre que l'Ombre est juste en train de couper ses liens dont il le libère.
C'est alors que tout se précipite.
Comme dans un mauvais rêve, il voit 4 hommes se jeter sur son ravisseur.

- Mais laissez-le !!! Laissez-le tranquille !!!

Il ne saurait dire pourquoi à ce moment là, la rage . Il comprend juste qu'il ne veut pas qu'on fasse le moindre mal à cet homme qu'il croit abattu.
Mais il voit la lueur dans les yeux de l'Ombre. La partie n'est pas terminée... non... pas encore !
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Coligny.
Ainsi, le petit Duc Dacien de Chenot voulait devenir chevalier. Dans ses pensées, cela l'avait fait sourire. Il était déterminé dans ses propos et rien ne viendrait se mettre sur sa route pour l'empêcher de faire ce qu'il voulait. Enfin, rien ou presque. Parce que quelque part, quelqu'un avait commandité sa mort et Coligny ne se faisait pas d'illusions. Les deux personnes qu'il avait tuées, n'étaient pas celles à la tête de ce complot. Le petit risquerait encore de se faire tuer. Une ou des personnes complotaient pour se débarrasser de lui. La noblesse avait bien des ennemis de par leur fortune et leur pouvoir. Il préféra pourtant ne pas le lui dire. A quoi bon ? Leur route se séparerait bientôt et avec ce qui était arrivé, il aurait une garde rapprochée bien plus efficace et triée sur le volet.

Pourtant, en cette fin de matinée, Col ignorait que son avenir se jouait. Il avait commis deux erreurs. La première, il avait perdu sa vigilance par le manque de sommeil et la seconde, il était trop dans ses pensées au lieu de regarder autour de lui, comme il l'avait toujours fait. Voilà pourquoi il n'avait rien vu venir et que tout se précipitait autour de lui au point qu'il en perdait le fil.

Quatre hommes l'entouraient et le menaçaient. Dacien criait de le laisser partir alors que déjà Col fonçait sur ses agresseurs. Il reçut des coups et en donna, mais surtout chercha à rejoindre sa monture. Pas moyen d'y parvenir. Il fut plaqué au sol par le plus gros des maréchaux et tiré en arrière par les pieds. Dans un retournement qui lui coûta une violente torsion des jambes, il en libéra une et frappa celui qui le tenait, le faisant valser dans des branches. Il se crut à l'abri et à quatre pattes, en se levant en même temps, il arriva à sa monture, s'apprêtant à grimper dessus.

Le retournement par l'épaule fut violent et il fut propulsé à terre. A cet instant, il regrettait de n'avoir que quinze ans et de manquer de force et de jugeote. Sa dague était restée près du jeune de Chenot qui criait pour qu'on le laisse tranquille. Mais il était trop tard. A quatre contre un, il ne faisait pas le poids. Les hommes, le maintenaient à genou et déjà l'un deux lui ficelait les mains dans le dos. Le gros lard était furieux et il regardait ses bras égratignés par les ronces. Il vint sur lui dans une colère noire et leva sa cravache :


- Prend ça, saligaud de ravisseur, tueur d'enfants.... et le cuir lui zébra le front, l'oeil et une partie du haut de la joue, lui mettant le visage en sang.

La suite sortait tout droit d'une des plus belles histoires de chevalerie.
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Quand il tremble, c'est de froid
Dacien_de_chenot
Dacien



L'Ombre se battit bien mais qu'aurait-il pu faire à un contre quatre !
Le visage du petit duc s'était durci, ses cris n'avaient pas été entendus. Il chercha comment aider l'homme qui continuait à mener un combat perdu d'avance. Sa main se referma sur la pierre tranchante, arme dérisoire mais qu'il projeta avec force dans le tas. Un cri de douleur lui apprit qu'il avait fait mouche mais l'issue de la rixe n'en fut pas modifiée pour autant.
Il vit l'Ombre tomber.
Réfléchis !
Il se força au calme bien que son cœur tambourine dans sa poitrine.
Réfléchis !
Il avançait vers le groupe formé quand son pied heurta la dague que l'Ombre avait lâchée en tranchant ses liens au moment de l'attaque.
Cette fois, ils allaient voir ce qu'ils allaient voir !
Pas un instant il ne songea que ces hommes étaient là pour le sauver de son ravisseur. Pour lui, ils représentaient les agresseurs, ceux qui venaient contrarier ses plans et s'en prendre à l'homme qui s'était occupé de lui comme personne avant lui. Alors, lorsqu'il vit le chef maréchal cravacher l'Ombre, le petit duc vit rouge et n'écoutant que son sens de l'honneur, il fonça tête baissée dans la première bedaine à sa portée. Profitant de l'instant de stupeur, il put glisser la dague entre les mains du prisonnier tout en écrasant le pied d'un autre maréchal.

- Laches ! Laissez-le tranquille ! Il m'a sauvé la vie ! Mais allez-vous entendre à la fin !!!!


Poings serrés il distribuait des volées de coups qui, si elles n'étaient pas très efficaces eurent l'avantage de créer une diversion de courte durée car l'effet de surprise passé, l'un des maréchaux saisit son bras pour arrêter le fauve qu'il était devenu. Ne lui restait plus que ses pieds dont il continua à user comme un beau diable atteignant ici un tibia, là une cheville.

- Lachez-moi ! Mais lachez-moi donc !


Il continuait de se démener, pour que l'attention des maréchaux se focalise sur lui, essayant de les entrainer un peu à l'écart de l'Ombre faisant en sorte qu'en se tortillant ils les obligent à lui tourner le dos. Il espérait ainsi offrir à l'Ombre le temps de trancher ses liens et de se sauver.
C'est alors, qu'il vit apparaitre Justine. La surprise fut telle qu'il s'immobilisa sur le champ et baissa la tête comme un enfant pris en faute.

- Ju... Justine ?

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Coligny.
D'un seul coup, le petit fonça sur les hommes de presque trois fois sa taille, tête baissée et rentrait dans le lard du gros "cravacheur". Au passage, il avait ramassé la dague de Coligny et la lui glissait dans les mains.

Le tueur n'en revenait pas. Ce petit bout de rien était un vrai bagarreur et risquait sa vie pour sauver la sienne. La sienne. Celle d'un rien du tout. D'un mauvais homme qui avait décidé de ne pas le tuer quelques heures seulement avant cette intervention. Il sauvait ce sale type qui avait accepté 500 écus pour lui ôter la vie. Il en restait un instant sans bouger, à le regarder se battre comme un beau diable, tapant des pieds et des poings.

Soudain, il sortit de son admiration pour ce petit bout d'homme qui se conduisait déjà comme un chevalier et coupa ses liens, se levant d'un bond en projetant ses adversaires au passage. Il ne demanda pas son reste et sauta sur sa monture, coupant sa longe d'un coup de dague. Il la talonna et elle fit un bond en avant, s'éloignant rapidement du camp sous le nez des maréchaux. Mais il s'arrête et se tourne sur sa monture pour saluer une dernière fois ce petit Duc bien courageux.


- Coligny, petit Duc. Je m'appelle Coligny.
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Quand il tremble, c'est de froid
Dacien_de_chenot
Dacien




Du coin de l’œil il a vu l'Ombre se détacher et s'enfuir, bousculant les quatre lourdauds qui du coup l'ont lâché. Il en profite pour se rapprocher de Justine car c'est bien elle ; il se demande bien comment c'est possible mais les explications viendront plus tard, d'ailleurs il sait qu'on va bien lui en réclamer à lui aussi... Mais, même si les reproches doivent pleuvoir, il sait que pour l'heure c'est auprès de Justine qu'il trouvera protection. Surtout qu'il a surpris les regards furibonds du chef des maréchaux.

- Oups ! Je crois qu'il s'est un peu enfui... et d'ajouter très vite : mais il n'avait rien fait ! Juste me prendre pour me soigner !

Il va devoir se montrer plus convaincant, il le sait,mais il ne peut mentir, un chevalier ne ment pas !
Coligny.... Il s'appelle Coligny... Jamais il n'oubliera ce nom.

Il s'accroche à la main de justine.

- Je suis fatigué...

Et c'est pure vérité. La fièvre est remontée sous l'effet de l'agitation, et le visage est blême.

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Elektra.
Justine

Les mains jointes, à s'en faire craquer les articulations, Justine regarde la progression de l'arrestation. Son regard revient toujours sur le petit garçon. Tant qu'il ne bouge pas, il ne risque rien, se répète-t-elle pour se convaincre que tout se déroule bien.

Mais quand il se dresse sur ses pieds, la jeune femme agrippe la première branche devant elle. Elle l'écarte prête à bondir, espérant encore que Dacien recule, ou fuit, ou aille se cacher derrière un fourré. Envers et contre tout, il avance vers les hommes qui se battent, pour se lancer dans la mêlée et là, la gouvernante ne peut retenir ni le cri de frayeur, ni le saut à travers branchages et feuilles mortes.

Dacien !!!

Il se fige et la regarde, dans ses yeux l'étonnement de la voir ici.

- Ju... Justine ?

Oh ! Le ciel soit loué ! Mais que faire à présent ? Comment l'extirper de cette échauffourée ? Elle n'a que le temps de comprendre que le voleur se fait la belle, et voit l'enfant venir à elle. Dans un même mouvement, elle le rejoint et le serre contre ses jupes.

- Oups ! Je crois qu'il s'est un peu enfui... mais il n'avait rien fait ! Juste me prendre pour me soigner !

La petite main aux longs doigts caresse les cheveux du petit garçon.

Ça n'a pas d'importance, mon petit chevalier, vous êtes sain et sauf, c'est tout ce qui compte. Oh ! Comme je me suis fait du souci. Vous m'avez causé la plus grande frayeur du monde, et à tout le monde aussi !

Elle se penche et pose un baiser sur ses cheveux, le serrant un peu plus fort encore contre elle.

- Je suis fatigué...

Sa main dans la sienne est glacée mais quand elle pose l'autre main sur son front, il est brulant de fièvre. Et à son teint blafard, ses yeux vitreux, elle voit bien qu'il est au plus mal.
C'est à ce moment que le maréchal en chef Joubert s'approche à grands pas, la vesture de travers et le front barré d'un pli soucieux.

Damoiselle ! Je dois interroger cet enfant ! Il sait où est la planque du scélérat !

Ah mais que nenni messire !! Il est très malade, regardez le, il tient à peine sur ses jambes, la fièvre le ronge, il va perdre conscience ! Nous rentrons et je vais le soigner, il vous parlera plus tard !

Elle n'était pas bien grande, mais elle avait en elle ce caractère forgé au soleil de sa Corse natale. Et là bas, les femmes avaient toute autorité lorsqu'il s'agissait des affaires de femmes, maison, enfants, et tout ce qui ne regardait pas les hommes. Elle ne s'en laisserait pas conter et d'un pas décidé, tout en gardant Dacien à ses cotés, elle alla chercher le poney qu'elle emmena derrière les premiers arbres, où étaient cachés leurs chevaux. Rattachant le morceau de longe derrière sa selle, elle y fit grimper le petit garçon.

Faites attention, mon petit ange, tenez vous bien.

Puis elle grimpa elle-même sur sa monture et jeta un coup d'œil aux hommes qui fouillaient les environs. Elle n'avait pas de temps à perdre. Avec ou sans eux, elle se mit en route pour rejoindre la ville de Dié.
De retour à son auberge, qui n'était pas celle où le garçon avait trouvé refuge en arrivant seul, elle l'installa dans le lit de sa chambre et s'évertua à faire tomber la fièvre, le baignant pendant un long moment de compresses froides et lui faisant boire une tisane tiède de simples. Elle le veilla jusqu'à ce qu'il sorte enfin de son sommeil réparateur.
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Dacien_de_chenot
Dacien



Bercé par le pas de la monture, il ne tarda pas à s'endormir couché sur l'encolure de Flamme. Les derniers événements avaient eu raison de sa détermination et le petit corps épuisé avait cessé de résister. Justine... Sa dernière pensée consciente fut pour sa gouvernante avant de sombrer une fois de plus dans les méandres de la fièvre.

Lorsqu'il reprit pied plusieurs heures plus tard, il était allongé dans un lit. Il ne reconnut pas l'endroit mais la présence de Justine le rassura. Il prit la main de la jeune fille et la serra dans la sienne.

- Justine ?

Sans doute l'avait-elle veillé toute la nuit qu'elle s'était endormie, la tête négligemment reposée sur son poing fermé. Il savait qu'il allait maintenant devoir s'expliquer et même s'il comptait sur l'indulgence de sa gouvernante il doutait de s'en sortir aussi facilement. Sa fièvre étant enfin retombée, il se sentait bien et avait même faim. Un timide soleil hivernal traversait les carreaux et il s'amusa un instant à observer la poussière qui tourbillonnait dans ses rais.

- Justine ?


Elle semblait dormir profondément. Précautionneusement, il lâcha sa main et se glissa hors du lit. Pliés avec soin, il retrouva ses vêtements posés sur le dos d'une chaise. Il s'habilla à la hâte et enfila ses bottes. Un instant il hésita sur la conduite à tenir. Descendre seul pour aller chercher de quoi se restaurer ou attendre que Justine ne s'éveille ? Hier, il se souvenait qu'elle lui avait dit avoir eu grand peur, et il ne voulait pas ajouter à ses tourments. Aussi, s'approcha t-il de la jeune fille et posa sa main sur son épaule.

- Justine ?

Elle bougea et sa tête glissa sur le côté ce qui eut pour effet de la rappeler à la réalité du sourire posé sur elle.

- J'ai grand faim Justine. Si nous descendions manger ? Je te raconterai tout.


Miel, confitures, miche de pain et beurre frais, de quoi satisfaire l'appétit du petit duc qui mordait à pleines dents dans un solide petit déjeuner. La bouche pleine il commença son récit au risque d'avaler de travers.

- Tu le chais... che chui parti pour aller chercher mes parents qui manquent à Daphnée.


Il avala un grand verre de lait et d'un revers de main essuya sa bouche faisant disparaitre la moustache laiteuse avant de poursuivre son récit sans omettre le moindre détail jusqu'à son arrivée à Dié.

- Après je suis tombé malade à cause de la pluie et là... je ne sais plus ! Ce que je sais, c'est que l'Omb... Coligny est venu me prendre et s'est occupé de moi. Il dit que quelqu'un a payé pour me faire mourir. Et il veut savoir qui pour me sauver.

Le discours devenait confus par manque de précisions dont il ne disposait pas. Restait un détail à régler qui à ses yeux constituait l'essentiel.

- Dis.... Tu vas me laisser partir ?


Si la réponse était négative, ce à quoi il s'attendait, il doutait cette fois de pouvoir échapper à la vigilance de Justine. Sa quête alors aurait été vaine et diminués ses espoirs d'être un jour un grand chevalier.

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Elektra.
Justine

Elle même proche de tomber malade, la jeune femme avait fini par sombrer dans un profond sommeil au petit matin. Sa résistance avait lâché prise malgré qu'elle voulait garder les yeux ouverts sur le petit chevalier. La pesanteur avait eu raison de ses paupières trop lourdes.

Son sommeil était peuplé de rêves dans lesquels régnait un grand fouillis. La mort de sa sœur ainée, sa vie chez les de Chenot, la vie de l'ainé qui se trouvait entre ses mains ...

-Justine ?

Elle mit un moment à comprendre que la petite voix qui l'appelait ne venait pas de ses rêves, mais bien de l'extérieur. Ouvrant les yeux, le sourire de Dacien lui en arracha un aussitôt.

- J'ai grand faim Justine. Si nous descendions manger ? Je te raconterai tout.

S'étirant, elle se releva et plaça un gros châle de laine sur ses propres épaules, avant de resserrer le col de la veste du jeune garçon. Elle ne se retiendrait pas, elle l'envelopperait dans une couverture pour être sure qu'il n'ait pas froid.

Vous êtes sur que vous vous sentez mieux ? Vous ne devez pas vous énerver, sinon la fièvre reviendra ...

Elle posa machinalement la main sur son front mais déjà son petit chevalier l'entrainait dans les escaliers. Ils se posèrent à une table qui fut aussitôt recouverte d'un petit déjeuner de roi. Elle aussi avait faim après toute cette angoisse et elle mangea avec autant d'appétit que lui, l'écoutant raconter ses péripéties entre deux bouchées.

- Dis.... Tu vas me laisser partir ?

La cuillère en bois qu'elle portait à sa bouche s'arrêta à mi-chemin.

Je ne peux pas, vous le savez Dacien. Et vous ne devriez pas faire confiance à des étrangers. Ce jeune homme m'a tout l'air d'être dangereux.

Posant la cuillère dans le bol de lait, un détail la chiffonna.

"Il dit que quelqu'un a payé pour me faire mourir. Et il veut savoir qui pour me sauver. "


Comment ca quelqu'un veut votre mort ? Mais .. Comment est-ce possible ?

Quelqu'un en voudrait assez au couple ducal pour s'en prendre à leur premier né ? Tout était possible et à vrai dire, la réussite de cette famille pouvait créer bien des jalousies.

Il faut que nous rentrions en Savoie.

Elle posa sa main sur celle du garçon et lui sourit tendrement.

Vous ne pouvez pas rejoindre vos parents, mon petit ange, ils sont bien trop loin, bien plus loin que vous ne pouvez imaginer. Si loin que ces endroits sont à peine répertoriés sur les cartes habituelles.

Nous devons rentrer. Daphnée se fait du souci pour vous, vous savez comme elle est possessive. Et tout le monde est inquiet.
Mais ... Pourquoi cet homme veut vous sauver ? Qui est il ?


Cela l'intriguait. Quelle relation pouvait-il bien avoir avec les de Chenot ? Avec cette mort programmée du petit garçon innocent ? Il y avait beaucoup de questions et malheureusement, Justine n'avait aucune réponse.
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Coligny.
Fuir avait été sa seule motivation dès l'instant où Col avait senti la lame de sa dague contre ses paumes, intelligemment glisser dans ses mains par le petit De Chenot. Depuis, les maréchaux ne l'avaient pas lâché et il avait dû faire de nombreux détours pour s'en débarrasser. Enfin, il arrivait à sa grotte dont il camoufla l'entrée par des branches épaisses. Un dernier coup d'oeil à l'extérieur et il put soufflé, s'appuyant contre la paroi humide, fatigué par cette course poursuite. Il porta une main à son visage sur lequel le sang s'était coagulé. La plaie lui faisait un mal de chien. Son oeil droit était noyé par le sang et il priait pour ne pas le perdre.

Ses esprits et son souffle repris, il retira la selle de son cheval et sortit de l'eau et déchira un morceau de tissus pour se confectionner un pansement tel que les pirates en portant, en travers du visage. Il mouilla abondamment la plaie, la lavant le plus possible et posa le pansement de fortune par dessus. Il s'occupa ensuite de sa monture et préféra ne pas faire de feu. Il s'enroula dans la couverture et s'endormit presque aussitôt. Personne ne le chercherait en pleine nuit de peur de se perdre dans le bois. Il pouvait donc se reposer tant qu'il se réveillerait au petit matin. Et c'est ce qu'il fit. Sa tête lui tambourinait et il avait une belle marque bleue noire qui zébrait son visage mais il était encore en vie et ne pendait pas au bout d'une corde. C'était déjà une bonne chose.

Alors qu'il déchirait un bout de pain moins frais que la veille, il revoyait le petit Duc qui était allongé en face de lui, la veille. Ils avaient dû le ramener à Diè. Pas la meilleure idée de la terre. Le danger n'était pas écarté pour ce petit bout d'homme. Même si Col avait tué deux des protagonistes, il se doutait que quelqu'un de plus importants avait commandité un tel meurtre. On ne tue pas le fils d'une famille aussi riche si on est qu'un simple. Ainsi, un grand de ce monde voulait le voir mort. Il était tenté de voir comment Dacien allait, s'il était reparti, et si une garde le protégeait, ce dont il doutait vu que seule une femme était avec les maréchaux.

Tout en préparant ses affaires, Coligny se répétait qu'il ferait mieux de quitter cet endroit et vite, mais tout le ramenait à s'assurer que le petit Duc allait bien. Il lui avait sauvé la vie. Ce n'était pas rien. C'était le premier geste de bonté qu'un humain avait eu à son égard depuis des années.


- Mon bon cheval, on va faire un tour en ville.


C'était décidé. Il devait en avoir le coeur net et puis, il avait un autre souci à régler et cet enfant qui voulait devenir chevalier et né de bonne famille pourrait certainement l'aider à le résoudre. Du moins, il l'espérait.

Ainsi, il se retrouvait au coeur de Diè et avait facilement évité les maréchaux trop endormis pour faire attention à lui. Il s'était glissé derrière un chariot de légumes qu'un paysan allait vendre au marché et était entré en ville facilement. Heureusement, il n'y avait pas trop d'auberges. Il les fit une par une jusqu'à trouver Flamme. Un sourire illumina son visage lui rappelant qu'il avait mal. Un regard dans la rue lui confirma qu'il était bien là. Le gros maréchal était près de la porte. Il passerait par celle de derrière. Empoignant un tonneau, le chapeau enfoncé sur la tête, un foulard autour de la bouche pour se cacher le plus possible, il entra en grognant :

- Je le pose où...

Et une main tendue lui indiqua les cuisines. Il allait monter dans les chambres quand il vit le petit Duc à table avec la femme. D'emblée, il avança jusque lui et prit place à table, posant sa dague sur la table.

- Ne craignait rien madame, je ne vous veux aucun mal. Je ne serais pas long.

Il fit un clin d'oeil à Dacien. Il ne dit rien sur le fait qu'il était venu vérifier si tout allait bien.

- Dacien, je me demandais si tu pourrais laver ce qui pèse sur moi auprès de la maréchaussée. Ils ont déjà prévu la corde pour me pendre et il serait dommage que je termine ainsi.

Il ne croyait pas vraiment que le petit Duc aurait assez d'influence mais après l'avoir vu se battre pour l'aider, il le croyait capable de tout.
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Quand il tremble, c'est de froid
Dacien_de_chenot
Dacien



La tartine resta en l'air et il soupira avant de la reposer au bord de son assiette. Il se doutait bien de la réponse de Justine, comment aurait-elle pu le laisser partir quand la raison voulait qu'elle le ramène au bercail. Il baissa la tête et joua un instant avec son pain.
Comment lui expliquer ce qu'il avait encore du mal à comprendre lui-même. Ces derniers jours resteraient à jamais dans sa mémoire comme les plus riches qu'il n'ait jamais vécu. Et jusqu'à la fin de sa vie, il ne cesserait de chercher à combler cette soif d'aventures. Ce vent de liberté qu'il avait ressenti l’amènerait à quitter les châteaux familiaux et à vivre autrement.

- La Savoie... oui...

L'idée de retrouver les leçons de Maistre Haironthe et le quotidien lui arracha une grimace. Il allait se sentir à l'étroit dans ce grand château de Luserne. Machinalement il répondit aux questions de Justine.

- Je ne sais pas pourquoi il veut me sauver. Ni qui il est vraiment. Je sais juste qu'il s'est occupé de moi, qu'il m'a soigné et nourri.

Mensonge par omission N° 17 : il évita soigneusement de parler des liens et de l'intention première de Coligny qui était de l'occire proprement. Inconsciemment il savait pourvoir faire confiance à cet homme, un lien s'était tissé entre eux, l'enfant solitaire et l'homme seul. Il espérait vivement qu'il avait réussi à fausser compagnie à la maréchaussée.
Il laissa son regard parcourir la taverne, comme pour graver dans sa mémoire jusqu'au moindre souvenir de son escape et c'est là qu'il le vit. Cette silhouette c'était... L'homme avait beau avoir dissimulé son visage, Dacien le reconnut aussitôt. Il le vit approcher et prendre place à leur table.

- Coligny ! Tu leur as échappé !


Il regardait l'homme avec une admiration qu'il ne cherchait pas à dissimuler et un plaisir non feint. Ainsi donc, Coligny était revenu quémander son aide. Cet homme qu'avec ses yeux d'enfant il voyait comme un héros protecteur avait besoin de lui. Un sourire éclaira son visage.

- Coligny... Justine veut que nous rentrions en Savoie. Mais les routes ne sont pas très sures. Vous pourriez peut-être nous faire escorte ?

Son regard se porta sur sa gouvernante.

- Il peut me protéger et s'il fait partie de la mesnie, la maréchaussée ne pourra rien contre lui, ça prouvera qu'il n'en voulait pas à ma vie.

Il avait grandi le petit duc et avait pris une assurance peu commune à un enfant de cet âge. Il ne se posait pas la question de savoir si cet engagement aurait l'aval de Coligny. Pour l'heure, il n'était question que d'une escorte jusqu'en Savoie.


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Elektra.
Justine

- Ne craignait rien madame, je ne vous veux aucun mal. Je ne serais pas long.

L'ombre qu'il avait jeté sur leur table, puis la dague qui avait fait un petit bruit métallique reconnaissable, avaient fait tressaillir Justine.
Aucun mal ? Pourtant son apparition laissait présager un danger. Il les avait cherchés et il les avait trouvés. Ils n'étaient certainement pas en sécurité. Le regard de la gouvernante scruta son petit chevalier.

Ce n'est qu'un jeune garçon, que pourrait-il ...

Mais déjà Dacien avait lancé une idée. C'était simpliste mais pour un enfant de son age, ca dénotait déjà d'un grand sens du raisonnement et de l'organisation.

- Il peut me protéger et s'il fait partie de la mesnie, la maréchaussée ne pourra rien contre lui, ça prouvera qu'il n'en voulait pas à ma vie.

Elle se pencha vers lui et baissa le ton.

Mais voyons ... Il a peut-être tué des gens, il est peut-être recherché pour d'autres crimes. Que dira l'entourage de vos parents si vous introduisez un gibier de potence dans votre famille ?

Le regard du petit noble était sur de lui, et Justine comprit que rien ne le ferait renoncer à sauver l'homme qui les regardait tergiverser sans un mot. Il y avait encore beaucoup de questions qui venaient à l'esprit de la petite jeune femme, mais finalement, l'important n'était-il pas que Dacien rentre en sécurité en Savoie ?

Tres bien ... Je vais laisser un mot pour le Maistre Haironthe. L'aubergiste lui donnera lorsqu'il repassera ici pour me chercher. Je lui dirais que je vous ai trouvé et ramené chez vous. Je ne dirais rien pour ...

Elle désigna l'homme du regard. Elle ne voulait avoir aucun lien avec cette décision, après tout, ici, le petit de Chenot était le maitre. Et même si elle l'aimait beaucoup son petit chevalier, elle devait aussi écouter ce qu'il avait à dire, il pouvait en aller de sa place de gouvernante. Place, auprès des enfants, qu'elle ne voulait perdre pour rien au monde.
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