Yris Cest les bras remplis de victuailles, accompagnée dun page du castel qui lui, était chargé de couvertures, quelle revint près de Coligny avec un grand sourire. Elle avait obtenu lautorisation bien que certains troubles étaient intervenus au couronnement du Duc.
Elle posa les sacs de nourritures, les couvertures et renvoya le page.
- Le chevalier Dacien qui ma permis de taccompagner. Lui dit elle en lui déposant un baiser.
Any, la petite hermine sortie du cou dYris pour aller sembrouiller avec Ronce. Celle ci jaspait encore plus, lhermine faisait des bonds.
- Ronce ! coucher ! dun ton sec et fort, la petite chienne alla se coucher aux pieds de Coligny la queue entre les pattes. Elle prit lhermine par le cou et la plaça dans sa besace,
- toi aussi coucher ! Non mais on ne sentend plus ici ! tout le petit monde, chacune de leur côté était calmée.
Celui qui quittait son cadre de vie habituel et partait en voyage se livrait aux dangers dun monde incertain. Yris navait pas lhabitude quant à elle de partir dans de grandes expéditions. La dernière quelle avait faite, cétait celle qui lavait emmené de Bretagne en Franche comté.
Ce voyage, la tracassait tout autant que Coligny.
Parmi les dangers directement liés au chemin, figurent sans aucun doute les cours deau quils allaient traverser à pieds, les ponts étaient rares et de solidité incertaine, les poutres usées par les intempéries. Les mauvaises routes rendaient le voyage plus difficile et surtout plus dangereux en raison des trous ou des pierres sur la chaussée. Un voyageur inattentif pouvait se fouler ou se casser le pied, les chevaux pouvaient trébucher ou bien les roues des chariots se briser. Le voyageur pouvait également se perdre sur son chemin Ségarer dans une région inconnue pouvait mettre la vie du voyageur en danger Un moment dinattention et le voyageur prenait le mauvais chemin au risque de sa vie. Plus que létat des routes, le manque de sécurité représentait le plus grave problème pour les voyageurs. Le brigandage représentait pour le voyageur une menace
La saison hivernale pouvait aussi être un danger. La neige, des températures glaciales rendaient le voyage difficile. Mais ce que craignait le plus le voyageur cétait la maladie et la Mort.
Quat aux travaux des champs et des cochons, des annonces avaient été déposées en mairie.
Les deux chaumières étaient fermées.
Un voyage pas comme les autres commençait, laventure les attendait
Yris Sauvagement. Ce mot lui faisait peur. Elle connaissait trop bien en effet ce que cela signifiait. Mais elle savait aussi quil nétait pas comme eux. Il avait été jusquà présent avec elle prévenant, peut-être même se retenait il, et que ce voyage allait enfin montrer son vrai visage, son vrai caractère. Avoir du plaisir avec un homme très actif, voire dominateur ne faisait pas delle une femme soumise. En acceptant quil aille plus loin, elle permit que son coté animal se réveille.
Ce nétait pas de la violence entre eux. La violence est toujours alimentée par un sentiment dimpuissance ou de toute-puissance, où lautre est soit vécu comme un ennemi quil faut détruire, soit réduit à un objet que lon peut utiliser à sa guise.
Là cest plutôt de lagressivité, montrant la puissance personnelle. Comme une nourriture, pour salimenter lhomme doit agresser laliment, il le mord, il le mâche afin de prendre les substances nécessaires à la croissance.
Elle admit cette agressivité qui était vitale chez lui nécessaire à la satisfaction de ses besoins dans le respect du cadre de leur relation. Elle ne dit aucun mot, en le laissant faire elle lautorisa parce quil lui avait demandé, et quils étaient tous les deux dans le respect et la complicité.
Et lorsquil l'insert... le son rauque de ses gémissements lanime au plus haut point quelle en enfonça ses ongles dans son dos. Cétait comme si leur corps avaient été affamés et quils pouvaient enfin se nourrir à profusion
Les nuits étaient très froides, mais leur corps étaient bouillants et pour ne pas avoir froid ils passèrent la nuit non sous la charrette mais près du feu.
Au petit matin, il fallait reprendre la route. La petite charrette se retrouva devant le Rhin. Ce fleuve était d'approche difficile, non par l'effet de son propre courant, mais à cause des fondrières qui, de part et d'autre; s'étendaient à plusieurs lieues de distance. Ainsi s'expliquait la grande importance stratégique des lieux de passage facile où l'eau du Rhin se resserre. La petite chienne avait été mise dans la charrette, la petite hermine dans le cou dYris, Col tirant la mule. Il lui avait mis sur les yeux une étoffe afin que celle-ci nait peur du courant. Yris était aux rênes.
Ils avaient pris un passage du fleuve où leau était à hauteur mi-cuisses. Le courant était fort dû aux pluies automnales. Une erreur et la charrette tomberait dans le fleuve. Le passage était très difficile, la chienne qui jaspait, Yris qui hurlait incitant la mule à avancer, Col qui tapait sur larrière train de la mule pour la faire avancer. La charrette bascula, les rochers ne facilitant le passage déchaussant la cheville de bois qui maintenait la roue sur son essieu et la cassèrent.
Une fois le fleuve traversé, ils sarrêtèrent ; ils avaient réussi ils étaient tous les cinq vivants, la chienne, lhermine, la mule et eux deux.
Les dégâts sur la charrette allaient prendre une journée, mais cela nallait pas les retarder dans leur voyage.
- Regarde, le village est à côté.
En effet, le clocher de léglise dOffenburg se dessinait au loin.
- Il doit bien y avoir un charpentier pour nous aider et peut être une auberge pourra nous accueillir.
La fatigue commençait à se lire sur leur visage.
Yris Elle navait plus dit un seul mot depuis quil était parti chercher un charpentier. Oui cest ca File, vas te calmer ! avait-elle marmonné Elle avait sorti tous les sacs et les avait emmenés à lauberge où elle avait demandé une chambre.
Au fond delle, elle était très colère. Bien quelle avait appris que la colère était mauvaise amie. Elle navait pas mangé de la journée et navait toujours pas faim quand il revint.
Elle lobserva jeter ses vêtements trempés au sol et fronça les sourcils.
Quand il sexcusa, elle posa le coude sur la table et la main sur la bouche, une jambe tremblante de nervosité.
Elle le regarda manger et garda le silence. Quand il lui demanda si elle lui en voulait elle marqua la pause et le regarda droit dans les yeux.
- Tu gardes les godiches, niaises et autres gourdasses pour les princesses et autres nobles de France ! de lEmpire ! doù que tu veux ! mais pas envers moi ! dun ton sec et calme.
- je connais les dangers de ce voyage et si jai accepté de taccompagner ce nest pas pour mentendre me faire insulter ni me faire vendre sur un marché comme une vulgaire esclave. Maintenant tu vois là tes vêtements au sol ? Pointa du doigt, le linge souillé, ne compte pas sur moi pour le ramasser et le faire sécher. Tu tes débrouillé jusquà aujourdhui.
Elle se leva de la table, puis ajouta
- et si je ten veux ? Non, je ne suis même pas fâchée. Il y a des plaies invisibles qui ne cicatrisent pas, tant pour moi que pour toi, en le regardant avec toute sa tendresse.
Elle prit la soupière froide et lemmena vers laubergiste lui demanda de la soupe bien chaude quelle ramena à la table. Elle en versa une louche dans lassiette devant elle et celle de Col quil avait repoussé.
- Tiens, de la soupe chaude, ça nous réchauffera. Et
Jai demandé une chambre pour cette nuit aussi, ca te va ?
En espérant que lidée de dormir dans un lit ne leffraie pas plus.
Yris Les difficultés font partie de la vie, et se retrouver à nouveau devant ce fleuve était une fois de plus un obstacle pour eux avec la neige qui tombait en abondance.
Deux choix soffraient à elle, soit elle restait là comme le lui conseillait Col, à le voir affronter la traversée seul et elle, rester là immobile sous la neige, ou traverser avec lui en tirant la mule avec lui cette fois ci chacun dun côté, mais ensemble. Dune façon ou dune autres elle prendrait froid à rester immobile et à être mouillée par la neige ou par leau. Elle nétait pas du genre à se montrer vulnérable. Elle lui avait déjà montré auparavant.
La neige tombait de plus en plus fort. Il fallait prendre vite une décision. Elle ne voulait pas le voir partir traverser seul et si
Elle le regarda dans les yeux en lui prenant le bras
- *Je suis si inquiète, tu me fais trembler tout le temps. Tu ne peux savoir à quel point, pour toi ce que je ferais. Je me jette dans tes bras que jadore, je tappartiens. Serre-moi fort contre ton cur, et dis-toi que rien au monde ne compte pour moi que toi, je te le jure sur ma voix, ma vie, mes yeux. jaimerais passer toute ma vie auprès de toi. Tu es si merveilleux et je tadmire tant*. Alors je ten supplie laisse-moi traverser avec toi. Si tu te mouilles, je me mouille, si tu traverses je traverse, et si tu tom
je taide à tirer cette mule et cette charrette.
Lui laissait- elle le choix ? Surement pas. Elle descendit donc de la charrette et attrapa un coté des rênes de la mule.
A deux, et ensemble, lun avec lautre, ils traversèrent cette eau vive glacée, la neige leur flagellait le visage comme des petits coups de fouet.
Dans la charrette, ni la chienne, ni lhermine ne bougèrent. Elles savaient dans ces moments, là il ne fallait pas bouger bien que la charrette remua vivement.
Ils étaient trempés tous les deux, ils avaient froid tous les deux, mais à deux ils traversèrent jusquà lautre rive.
Ils continuèrent un peu plus loin sur le chemin et trouvèrent un endroit sous un rocher pour prendre abri. Un feu était allumé avec quelques branchages trouvés sous la neige. Ils se changèrent vite pour ne pas attraper plus froid et se blottir tous les deux près du feu. Elle grelottait, mais était heureuse, heureuse de cette aventure, heureuse de ce voyage, heureuse dêtre à ses côtés.
La dispute de la veille était oubliée, le câlin du matin elle avait adoré, et cette traversée, ils lavaient affrontée à deux.
Elle se blottit davantage contre lui, lui déposa un baiser, puis deux... puis trois...
- Tu ne peux pas timaginer combien je tai
Elle ne finit pas sa phrase de peur de le rendre mal à l'aise. Le froid était saisissant, la neige tombait calmement à gros flocons, le feu crépitait, elle se blottit d'avantage contre lui, laissant cet instant éternel...
* extrait Lettre Edit Piaf à Marcel Cerman