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[RP] La solitude des jours de neige

Lucie

Le jour se lève à peine sur Pau mais, déjà, la tête de la province est debout, apprêtée, et occupée à compulser quelques dossiers qu’elle a rapporté dans ses appartements pour travailler la veille au soir. Ou tout au moins à essayer. Le conseil à peine formé connait déjà les dissensions et partagée entre la certitude que sa façon d’envisager l’avenir du Béarn est la plus juste et le désir de concorde, la Fleurie est infiniment soucieuse, ce qui se lit facilement à ses grands yeux verts soulignés de cernes aussi sombres que profondes.

A ceci s’ajoute, évidemment, la solitude abyssale qui la ronge peu à peu. Parce qu’elle est seule à crever, la belle. Oh, évidemment, il y a des soutiens sur lesquels elle peut compter dans son travail, mais il ne s’agit pas d’amis. Elle ne peut pas se montrer faible devant elle, elle ne peut pas dire qu’elle a peur. Et les seuls qu’elle voudrait auprès d’elle, les seuls qui pourraient la rassurer, l’ont pour toujours abandonné.

Et là, tout à coup, elle n’en peut plus de contenir sa peine. Se levant brusquement, faisant voler quelques vélins au passage, elle sort en courant vêtue d’une simple robe. Sur son passage, quelques-uns des gardes du château comtal se retournent, l’un d’eux tente même de l’empêcher de passer les lourdes portes de bois qui la séparent de la cour enneigée, mais Lucie est trop rapide et, d’un geste fluide, elle se dégage de son étreinte pour se lancer à la rencontre de l’air glacé, saturé de flocons immaculés.

Sans prendre garde au chemin qu’elle prend, la Fleurie poursuit sa course éperdue jusqu’à ce qu’un nid de poule caché par la couche blanche qui couvre le sol ne la fasse tomber et que, dans un cri, elle s’effondre au sol, sa tête heurtant violement un caillou sur laquelle son arcade sourcilière éclate, faisant jaillir un flot de sang qui teinte la pureté de la neige d’un pourpre funeste.

Bien consciente quoiqu'étourdie par l’éclat douloureux qui la foudroie, elle porte la main à sa tête pour tenter d’endiguer l’afflux vermeil.

Elle a froid.
Elle a mal.
Elle est seule.


Evidemment, ce RP est très, très ouvert aux interventions.

_________________
Dedain
Il est trop tôt pour certain, déjà trop tard pour d’autres, tandis qu’à mi-chemin l’on retrouve Dédain stagnant entre les deux, piétinant vaille que vaille au commencement d’une affaire, clôturant dans le même temps sans sentiment débordant un autre pan de son labeur infini.
Aussi marche-t-il présentement en direction du Castel de Pau, lieu central du Comté s’il en est, après s’être savamment laissé décrépir par le vent, le gel, la neige, et ce, durant toute une nuitée d’observation sur les remparts de la ville, nuitée au cours de laquelle il aura difficilement tenté, sans grande réussite, il faut le dire, de réchauffer ses pognes et ses petons d’enfant à l’aide d’un maigre brasero fumant des frimas de l’hiver.


Vérole…Peste soit de ce froid pire que le plus rocailleux des cœurs de pierre…


Alors, dénotant avec son flegme naturel et sa bonne retenue coutumière, il jure, le Deswaard, recroquevillé qu’il est pour lutter maigrement jusqu’à ce que ses pas le mènent en les bureaux de la Maréchaussée, d’où il a un rapport à remettre.
Il digresse, le Deswaard, le nez et les joues rougis des rigueurs matinales, l’esprit asséché de la moindre envie ou lubie joviale, les yeux caves d’apathie.
Il maudit aussi un peu, tandis que la seule perspective de bientôt retrouver son alcôve de Conseiller Comtal, et surtout, l’âtre vivifié qui y brûle déjà surement, lui redonne quelque courage.

Puisant dans ses dernières forces, fatigué, usé jusqu’à la moelle, l’Insondable franchit donc l’enceinte du château pour mieux continuer à patauger dans l’immaculé manteau blanc de la cour, pas encore défraichi par les aléas des affaires du Comté.
De là, il semble apercevoir une drôle de fleur germer à même le sol enneigé, fruit délicieux et inattendu de l’hiver, s’épanouissant en corolle douce-amère vers les cieux chargés, Royaume de Dieu.
Dédain rajuste ses prunelles d’obsidiennes d’un frottement de la dextre en un geste très enfantin ; il doute de ce qu’il voit, il met sur le compte de son épuisement et du Malin l’étalage d’une telle beauté mise en scène en guise de pied de nez au Divin.

S’approchant, car son chemin doit de toute façon le mener par là, et parce qu’il oublie entre-temps qu’un fuyant détour pourrait lui éviter tout ennui, le flamand bâtard laisse se révéler à sa conscience endormie la délicatesse du doux pastel, mêlée de bien étrange manière au carmin percutant et saccageur, tout ceci éclaté sur une toile d’éther cotonneux à souhait.
Tableau magnifique au possible, bien que dérangeant.
Car, si gît présentement une fleur perdue en cette saison ardue, ce n’est ni plus ni moins que la Reyne du bouquet.

Adoncques le jeune homme, sueur glacée naissant à la base de sa nuque au même rythme que l’angoisse se saisit de sa tripaille, se précipite-t-il aussitôt après ce constat alarmant vers le corps de la Grandeur, abîmé et souillé d’un liquide purpurin agressant. Là, il s’effondre de toute sa frêle masse à ses côtés, laissant quelques distances entre eux, paralysé qu’il est par ses propres phobies, tout en cherchant à capter son regard toujours si frais de menthe et d’eau.


Comtesse ?
...
Lucie ?
Mais que faites-vous donc ?


Sa voix, étonnamment, s’échauffe par quelques accents de colère alors que ses mains s’avancent dans le même temps dans l’optique d’apaiser comme il le peut cet être détrui. Elles font demi-tour à mi-chemin, fébriles, tétanisées, à l’idée d’accomplir une telle mission. Leur propriétaire s’arrête un instant pour mieux ravaler ses doutes et appréhensions, pour vainement tenter d’occulter les striures d’ivoire du passé, jusqu’à ce que ce même regard chlorophyllé lui laisse entendre raison et le ramène quelque peu au calme.

Je suis là, Lucie.

Prestement, donc, et non sans quelques maladroits mouvements, le deswaardien jeune homme retire son lourd mantel de sable qu’il viendra méticuleusement disposer sur la fine Grandeur afin que de la réchauffer quelque peu.
Pour elle, doucement.

Tout va bien se passer.
Et à la ronde, d’un cri.
A l’aide pour la Comtesse !
Haemmerle
Haemmerlé, qui se plaisait à ne rien faire, profitait de cette bonne matinée pour prendre son petit déjeuner tout en se promenant. Il faisait frais, voir même froid. Oui, disons le carrément, ça caillait sec ! Mais emmitouflé dans un bon gros mantel dérobé dans le débarras du bureau de la procure, les quelques pas dans la capitale devenaient largement abordable, pour tout frileux qu'il était. Une pomme à la main, il s'adonnait à ce plaisir solitaire de scruter tout les coins, histoire de découvrir un récit sympathique à déglutir le soir en taverne. Certes ces dernières n'étaient pas souvent rempli, mais y trouver de bon sujet de discussion permettait de tenir en haleine le passant et qui sait, lui donner envie de rester plus longtemps, boire un coup. Et finir la soirée avec un bon canon dans la gueule et plus si affinité.

Et quel ne fut pas sa surprise, alors qu'il s'apprêtait à se taper les quelques restes du trognon, un cri vint fendre l'air. Une voix connu, apprécié, non quand même pas. Une voix connu et quelques mots qui firent bondir le blondinet d'un coup. Le trognon balancé contre la fenêtre de la maison voisine, son sort restera inconnu, voila que le maire d'Orthez fonçait comme un dératé vers l'origine du bruit. Et c'est tout naturellement, non loin d'ici qu'il tomba nez à nez avec l'un de ses collègues conseillers qui trônait devant le corps inerte de la comtesse.

« Bordel, déjà morte ? »

Bien entendu, tout régnant méritait deux fin digne de ce nom. Le meurtre ou le suicide et la belle Lucie n'était sans doute pas encore assez avancé dans l'exercice de ses fonctions, ou désespérés de la vie pour s'ouvrir les veines ... Ou pas.

« P'tin, mais s'est passé quoi 'Dain ?!"
Dedain
Dédain, cette situation, autant vous dire que ça le bouleversait quand même un peu beaucoup. Aussi, là, stoïque, recroquevillé près de la blessée, il contemplait tant bien que mal le désastre ensanglanté de la figure comtale, essayant de jauger la gravité de la blessure qui ruisselait abondamment. Certes, non pas que la vue du carmin eut pu le déranger plus que cela, il en avait quelques habitudes indélicates et cuisantes de férocité, mais il y avait quelque chose qui semblait l’indisposer plus que de raison, sans qu’il ne sache lui-même mettre le doigt dessus. C’est qu’il est occupé surtout à son ouvrage passif d’analyse, entrecoupé parfois d’un coup d’œil rotatif afin de voir si l’aide tant attendue daigne enfin se présenter.
Et surtout, sous quelle forme.

Abattu, tout à fait impuissant, il commence à déraisonner, il lui semble qu’une éternité s’est écoulée, jusqu’à ce qu’une brise violente vienne glacer la sueur de sa nuque nouvellement découverte et provoque chez lui une forte crise de tremblement, ainsi vêtu uniquement d’une fine chemise. Cela aura eu le don de lui remettre du plomb dans la tête.
Aussi, quelqu’un se profile enfin à l’horizon.
Le Proc’ orthézien.
Autant vous dire que les lippes deswaardiennes se scellent et se pincent plus que jamais jusqu’à ce que l’individu soit enfin à portée de voix.


Déjà morte ?
Il répète dans souffle étouffé, le juvénile juge, comme s’il avait mal entendu, comme pour se confirmer à lui-même l’insubordination soulevée.

Non, assurément pas. Et bien peu sont ceux qui sauraient se satisfaire d’un tel résultat.
Et il confesse tout en se redressant quelque peu.
Je ne sais pas ce qui s’est passé.

Un agresseur peut être ? Non, Dédain, tu aurais du croiser quelqu’un occupé à s’enfuir et, si le but d’un tel malandrin avait été de malmener la Comtesse, il aurait nécessairement dûment veillé à l’achever. Donc non, ça ne peut pas être ça. Une conspiration ? Une tromperie ? Pourquoi ? Quel intérêt ? Il y en aurait un, c’est la Grandeur du Comté. Il cherche trop loin, le gamin, à croire que la bourrasque n’aura pas fait que le refroidir légèrement, mais lui aura carrément givré la pépite malmenée que représente sa douce cervelle.
Il s’écarte finalement, dans un aveu honteux de faiblesse, pas uniquement physique, cependant.


Il faut la ramener près d’un médicastre. Messire, vous pourriez la porter. Vous êtes plus épais que moi.

Si seulement ça ne tenait qu'à cela.
Et pris encore et encore d'un froid intense, il frissonne violemment.
Lucie

Commotionnée, l’éthérée jeune femme se perd bien volontiers dans la rêverie offerte par le violent choc qu’elle vient de subir. Oubliant tout de la bise mordante de ce mois et des douces attentions du juge pourtant apprécié, elle se croit revenue à l’automne et à l’incommensurable bonheur d’une soirée durant laquelle, perdue entre les bras du Soleil, elle avait parlé (un peu), embrassé sa bouche et ses joues couvertes de barbe blonde (beaucoup) et cru à un monde dans lequel elle ne serait plus jamais malheureuse (passionnément). Elle était si parfaitement comblée à ce moment là que, même si elle avait parfaitement conscience de l’absence maladive de constance du blond, elle n’aurait pas pu croire que seulement quelques semaines plus tard elle se retrouverait à terre, couverte de neige et de sang, entourée de son pôle justice plutôt que de la tendresse de l’homme.

Rappelée à la réalité par la douleur lancinante qui bat ses tempes, la comtesse tente tant bien que mal de reprendre pied. Battant des cils, elle regarde tour à tour le juge et le procureur. Difficile de faire plus différents. Là où Dédain est calme, modeste, fiable, sérieux et doux, Haemmerlé est impulsif, vantard, grande gueule et désinvolte. Malgré tout, elle les apprécie tous les deux même si, dans le cas de l’orthézien, sa sympathie se teinte de frustration tant il peut être agaçant.


    - Ne me tuez pas trop vite. Je ne suis pas si facile que ça à abattre. chuchote-t-elle pour Haemmerlé, incapable de parler plus fort.

Tournant les yeux vers Dédain, elle tente un sourire rassurant. Étrange spectacle que celui d’une jolie fille au visage ensanglanté et au regard brumeux qui, malgré tout, sourit.

    - Ce n’est pas grave. Je vais bien… Un point ou deux et c’est fini, affirme-t-elle avec la volonté de ne pas passer pour une faible femme, cessant de se presser l’arcade sourcilière pour dévoiler une blessure qui saigne déjà un peu moins abondamment et n’est, somme toute, pas particulièrement large.

Frémissant, sans qu’on sache si c’est de froid ou d’effroi, lorsqu’on évoque l’idée de la porter, la belle s’agite légèrement et, ne se souvenant guère du dégoût du Deswaard pour le contact humain, elle s’accroche à son bras, tâchant sa chemise de carmin.

    - Je ne veux pas, fait-elle dans un souffle glacé, avant de se tourner vers l’orthézien parce que, il faut l’admettre, si il est hors de question qu’on la soulève de terre, elle se sent trop faible pour marcher sans béquille humaine. Aidez-moi à me relever, voulez-vous ?

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Dedain
Il est étonnant comme il suffit de peu de chose pour que le monde bascule. Rien, rien qu’une petite graine qui s’intercale dans la machinerie géante de la vie pour que les rouages s’enrayent et laissent entrapercevoir les restes de folie passagère.

Pour le jeune Deswaard, si inébranlable, si immuablement de glace et d’airain, il suffit d’une chose simple, d’un léger contact qui se veut somme toute chaleureux, d’un effleurement passager, d’une salutation trop appuyée sur la chair, pour que, là où d’aucuns se contentent simplement d’accueillir la gentille attention d’un sourire poli, lui, il fonde comme neige au soleil, il contemple effaré le ciel s’abattre sur sa médiocre personne, il laisse ses remparts érigés si hauts s’effondrer plus bas que terre, il ressente enfin les meurtrissures de mille morts marquer par le fer l’échine et briser si commodément ses intestins fragiles.

Automatiquement, la sénestre laissée libre se fraye un chemin jusqu’à la nuque à peine protégée par la chemise du gamin, comme pour y trouver refuge, tandis qu’il décroche son attention du sourire si purement ensanglanté de la Grandeur pour observer quelque temps cette main délicate et délicatement tachée posée là où elle ne devrait pas être.
Les lippes s’entrouvrent, les pupilles s’écarquillent, l’air ne trouve plus son chemin jusqu’en les poumons du blondin.
Il voudrait pleurer, se rouler en boule, vomir, crever.
Il est faible, Dédain, et ça, il ne peut pas le contrôler.


Ne me faites pas de mal…S’il vous plait.


Le chiot esseulé geint d’une voix aphone, oubliant le froid, la blessure de la Fleur écarlate, et, transpirant, tremblant, il trouve la force de rejeter violemment cette attache malvenue d’un large geste du bras qui le fait s’écrouler à moitié dans la neige.
Dédain est tombé bien bas.
--Une_boule_de_neige
Pendant ce temps, la pauvre neige sur laquelle s'était laissé tomber la Comtesse gémissait de douleur. L'exaltation des premiers jours et des prémisses du froid avait bien vite disparu, laissant sa place à la tristesse et la solitude de tous les amis fondant comme neige au soleil.
La boule de neige n'était plus aussi forte qu'autrefois, ses forces disparaissaient, s'évaporaient devant les rayons discrets de l'Astre trônant dans le firmament. Elle se sentait partir, couvant l'imperfection du terrain qui se cachait sous elle, dans un souffle, l'amas de neige, essayait de reprendre ses esprits afin de lutter jusqu'à sa mort quand...


PAAAAAFFFF!

Un poids incommensurable s'en vint lui offrir la pointe du pied comme seul cortège pour son départ.
Elle se mourait, puis, la boule entendit des paroles, des cris. C'était sans doute de l'aide:


Sauvez moi, je vous en prie, je vous en conjure! Sauvez moi!


Elle les entendait s'agenouiller, prendre soin du Vil Agresseur. Mais personne ne la sauvait, elle, craquant et fondant.
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