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[rp] Le Chasseur de Dragon et son Étoile.

Dacien_de_chenot


Ils furent réveillés au point du jour, excités par la journée qui, ils en avaient l'intime certitude, serait riche en découvertes. Toutefois, rien ne leur semblait plus essentiel que la tendresse qu'ils s'échangeaient chaque jour dés le premier regard, aussi restèrent-ils encore un long moment enlacés avant de se lever pour partager un hâtif repas.
Après en avoir rapidement discuté, ils estimèrent préférable de ne pas démonter immédiatement leur campement dans le cas où ils devraient rester sur place un jour de plus, puis se mirent en marche afin d'inspecter les alentours jusqu'à parvenir à une clairière où se dressait un calvaire de pierre et une petite chapelle nichée sous la protection de vénérables sapins.

Le Ténébreux sourit lorsqu'Elektra releva le nom que portait la chapelle et, en effet, comment ne pas y lire un signe prometteur.
La minuscule bâtisse ne comportait qu'une petite ouverture hormis la porte aussi, bien qu'en plein jour, elle était plongée dans une pénombre reposante qui, de l'avis du lorrain, n'allait toutefois pas faciliter leurs recherches. Munis d'un flambeau chacun, l'un à dextre, l'autre à senestre, ils entreprirent une exploration minutieuse des lieux. Les murs de pierres claires n'étaient réchauffés d'aucun tableau, ni tenture et s'il y en avait eu un jour, ils avaient depuis longtemps disparus. Le long des deux murs, à environ une aune du sol, courait un banc de pierre, et, tout au fond, face à la porte d'entrée et éclairé par l'unique fenêtre en ogive, un autel de bois vermoulu résistait encore aux outrages du temps. Malgré l'exploration attentive qu'il menait, il ne voyait rien qui put les mettre sur la piste de la vouivre jusqu'à ce qu'il entendit Elektra s'exclamer. Il s'approcha alors de ce qui semblait avoir attiré l'attention de sa fiancée et lut de concert :

*Du rocher du roi des serpents trouve le trésor, mais n'en prend que l'or qui ouvrira la porte de la foi.*

Le Ténébreux fronça les sourcils en proie à une intense réflexion.

- Il semblerait en effet que cette énigme soit liée à nos recherches. A n'en pas douter, le roi des serpents est une métaphore pour désigner notre wiwre.


Tout excité d'être à nouveau relancés dans leur recherche et certain qu'ils étaient non seulement sur la bonne piste mais sans doute tout prêts d'atteindre le but de leur quête, il déposa un baiser sur les lèvres de sa belle avant de poursuivre son analyse.

- Le rocher... là aussi cela semble assez clair, il va nous falloir trouver un rocher ou un promontoire qui s'apparente de près ou de loin à la vouivre. Peut être une vouivre y est gravée... nous comprendrons lorsque nous serons devant le bon rocher.

Il ne doutait nullement de leur capacité à déchiffrer un à un mystères et énigmes qui barraient leur chemin car, si individuellement ils étaient loin d'être bêtes, réunis leurs capacités semblaient prendre une tournure exponentielle. Il ne revint pas sur le terme de trésor, suffisamment clair à ses yeux pour qu'il passe rapidement afin de s'interroger plus longuement sur la seconde partie de la phrase.

- N'en prend que l'or... l'or n'est peut être là aussi qu'une métaphore, poursuivit-il en souriant et en glissant sa main dans les boucles blondes de sa compagne, n'est ce pas pour moi le plus précieux des trésors ?

- J'avoue que la fin me laisse perplexe. L'or qui ouvrira la porte de la foi... Une clef d'or peut être ? qui ouvrirait mais quoi diantre !!!

Il restait perplexe.

- Il y avait un livre saint dont j'ai oublié le nom et qui parlait des croisés qui avaient ouvert les portes de la foi en Phénicie, ces terres lointaines par delà les mers non loin de Tamerlan... Ce pourrait-il qu'il y ait un lien ? Cela me semble bien improbable...

Il sortit un bout de charbon taillé et un vélin de sa besace et recopia minutieusement la phrase sybilline avant de quitter la chapelle.

- Sortons, amour, je ne pense pas que nous en apprenions davantage icelieu.


Main dans la main, ils poursuivirent leur marche sur un chemin sinueux qui grimpait allégrement le long du Mont Beuvray, serpentant sous la frondaison d'épineux jusqu'à arriver au sommet qui s'ouvrit soudain dégagé leur offrant une vue imprenable et comme le couronnant, un rocher attendait. Celui de la vouivre, ils en étaient convaincus sans même se concerter.

- Creuser ?

Il lui lança un regard amusé.

- Vu la taille de ce rocher, si nous ne trouvons pas avant une indication de l'endroit approximatif de là où il faut creuser, je crains, mon ange que nous n'y passions jusqu'au 1er juillet !

C'était entre eux un jeu d'évoquer à tout bout de champ cette date qu'ils avaient retenu pour leur mariage.

- Essayons de contourner ce rocher. Peut-être trouverons-nous un indice en déblayant la neige.

La neige n'allait pas aider leur recherche d'autant qu'ils n'avaient prévu qu'une pioche comme tout outil. Ils allaient devoir faire avec les moyens du bord. Muni de sa dague, le Ténébreux coupa deux longues branches de sapin.

- Heureusement que la neige est fraiche, cela devrait nous suffire pour faire office de balais.

Il en tendit une à Elektra et entreprit de déblayer le blanc manteau. Ils mirent tant d'ardeur à la tâche, qu'il ne leur fallut que peu de temps pour venir à bout de la couche de neige. Parfois, par le plus malencontreux des hasards, une pelletée s'envolait vers Elektra qui aussitôt ripostait. Le jeu aurait pu mal se terminer s'ils n'avaient eu à cœur d'avancer dans leur quête. Lorsque la neige fut enfin déblayée, ils entreprirent d'observer minutieusement le rocher et son pourtour. Une première observation ne donna rien de bien probant, nulle aspérité de la roche ne semblait renfermer de
secret, pourtant ils étaient certains de se trouver devant le bon rocher, le doute n'était pas permis, nul autre alentour ne correspondait à leur recherche. Non ! La réponse était forcément là, sous leurs yeux. Le Ténébreux grattait la mousse qui s'accrochait à la roche lorsque, sous ses doigts, il sentit une aspérité aux contours moins tranchants. Il souffla sur la pierre pour en dégager la terre laissée par la mousse et fronça les sourcils à la vue de ce qu'il avait sous les yeux.

- Amour ! Venez voir ça !


Ce qu'il lui montrait était une flèche maladroitement gravée dans la pierre et qui indiquait clairement une direction. L'embout pointait vers le sol et s'inclinait légèrement vers l'Ouest où le regard du Ténébreux vint se perdre. Il s'écarta du rocher et chercha au sol afin d'essayer de trouver une nouvelle indication quand soudain une pierre plate attira son regard. A demi recouverte de terre, elle aurait pu paraitre anodine à qui ne cherchait pas d'indice mais ce qui l'interpela fut que cette pierre de schiste ne pouvait se trouver là naturellement, il fallait y lire patte humaine. Intrigué, il vint chercher confirmation qu'Elektra avait fait la même analyse et tous deux s'accroupirent devant la pierre qu'il dégagea rapidement avant de la soulever. Rien dessous. Il allait falloir creuser cette fois. Le premier coup de pioche s'enfonça dans la terre durcie par le gel, il prenait toutefois de grandes précautions ne sachant pas ce qu'ils cherchaient et retenait ses coups. A un peu moins d'un pied de profondeur, il entendit un craquement et retira sa pioche pour finir de dégager à la main un petit coffre de bois.

Son état indiquait qu'il avait longtemps séjourné sous terre. Le retirant précautionneusement il le dépose près d'Elektra.

- A vous l'honneur mon ange.


Elle ouvrit le coffret et déroula le morceau de tissu décoloré qu'il contenait lorsqu'une clef dorée bien que ternie s'offrit à leurs yeux ébahis.

La tête de cette clef était un entrelacs d'arabesques représentant indubitablement un dragon. Le cœur du Ténébreux fit un bond dans sa poitrine et une fois encore, sa compagne semblait aussi excitée que lui par cette nouvelle découverte.

- Que peut bien ouvrir cette clef à votre avis ? Et surtout.... où trouver ce qu'elle ouvre !

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E_d_acoma_de_chenot
Leurs cerveaux ne faisaient qu'un, comme leur âme, comme tout ce qu'ils partageaient d'ailleurs. Et cette énigme était un défi à leur intelligence commune. Après quelques minutes d'effort, et quelques boules de neige étrangement envolées, la pierre de la vouivre fut entièrement dévoilée à leurs yeux.

Tandis que la jeune femme réchauffait tant bien que mal ses mains en soufflant dessus, son Ange, totalement pris dans l'excitation de la quête, n'eut de cesse un seul instant jusqu'à ce qu'il s'exclame, plus qu'enthousiaste.


- Amour ! Venez voir ça !

Aussitôt, Elektra se précipita et s'accroupit à ses cotés. Elle n'osait pas parler trop fort, un peu comme si elle avait peur que leur secret n'attire toute une foule de voleurs.

Vous croyez ... C'est le trésor ? Soulevez là, mon cœur.

Malheureusement, les trésors ne se trouvent pas aussi facilement. Dacien employa alors les grands moyens, autrement dit une pioche. Sa fiancée plissait le nez à chaque coup porté, de peur que le trésor si ancien ne soit réduit en poussière, mais c'est avec une méticulosité toute particulière qu'il l'arracha à sa gangue de terre gelée.

- A vous l'honneur mon ange.

Un large sourire s'afficha sur ses lèvres, mais c'est les mains tremblantes qu'elle ouvrit le coffret. Trop petit pour contenir un trésor digne de ce nom en quantité, mais nul doute qu'il allait les surprendre. Défaisant le linge vieilli mais encore intact, ses doigts fins tinrent après quelques secondes une clé toute en or devant leurs regards ronds et leurs bouches bées.

Seigneur ... Mais je n'en sais trop rien. "La porte de la foi". J'imagine que ca ouvre un bâtiment religieux ou un réceptacle religieux qui renferme quelque chose qui est important pour notre quête.

- Et surtout.... où trouver ce qu'elle ouvre !

Ca, c'était bien le plus difficile. Où aller à présent ?
Elle lui tendit la clé pour qu'il l'examine plus attentivement, peut-être que quelque chose le frapperait plus qu'elle. Pendant ce temps, elle reprit le linge et le déroula entièrement, en prenant bien soin de ne pas tirer dessus afin de ne pas le déchirer. Le moindre mouvement un peu vif pouvait le faire tomber en poussière, et ca aurait été bien dommage.
Elle fronça les sourcils et s'accroupit au dessus de la pierre plate que Dacien avait abandonné un peu plus loin. Posant le tissu bien à plat dessus, elle recula un peu sa tête, la pencha à droite, puis à gauche, fit tourner la pierre d'un quart de tour. Non, décidément ce n'était pas son imagination, quelque chose avait été dessiné sur le tissu. Malheureusement avec le temps, les couleurs s'étaient estompées, rendant difficile l'interprétation de ce qui y était représenté.


Mon cœur ... je crois ... Regardez, on dirait ... un drapeau ... ou un blason.

Elle le regarda s'approcher et tourna encore légèrement la pierre sur elle-même. Dans quel sens ceci pouvait-il bien se lire .... Un instant, son esprit fut détourné de la forme à demi-effacée, attiré comme un aimant par la proximité du Ténébreux. La jeune femme lui déroba à son tour un baiser, c'était un besoin vital qu'il fallait combler absolument. Rien ne pouvait prendre le pas sur ce besoin, et la quête fut reléguée au second plan pour quelques minutes, le temps d'une caresse du bout de ses doigts froids sur une joue chaude, couverte d'une barbe de quelques jours, et de partager un baiser amoureux.

Elektra se releva, le laissant à ses réflexions, et commença à marcher, de long en large, puis en rond autour de la pierre de la vouivre, y laissant trainer sa main, comme si elle pouvait lui donner un indice, un conseil. Puis sans un mot, elle allongea le pas vers leurs besaces, qu'ils avaient laissé sur une pierre, à l'abri de l'humidité de la neige. Elle plongea la main dedans et en ressortit le vieux grimoire.


Peut-être que je peux trouver un détail qui nous aidera dans le grimoire.

Assise sur un rondin, elle commença à tourner les feuilles, lentement, essayant de repérer un mot ou un dessin, puis finalement de plus en plus vite, et de plus en plus désespérée de trouver quoi que ce soit.

Puis ce fut l'exclamation, d'une même voix, d'un même cœur, en écho l'un de l'autre comme toujours.


L'Auvergne !!
- L'Auvergne !!

Elle se précipita vers lui, tapotant frénétiquement du doigt sur le vieux manuscrit.Le petit sigle en entête du texte avait exactement la même forme, ce ne pouvait pas être une simple coïncidence.

Il y a une légende !! C'est en Auvergne ! J'en suis quasiment sure !

C'était reparti ! Bon, il faudrait vérifier tout cela au campement, faire des recoupements, réfléchir et ne pas s'emballer trop vite, mais de toute évidence, ils avaient percé le secret de la pierre de la vouivre.
L'Auvergne, ce n'était pas la porte à coté, mais ils n'allaient pas s'arrêter en si bon chemin. Ils n'auraient de repos que lorsqu'ils auraient mis la main sur ce fameux dragon.
Le retour au campement fut un mélange de rires et de cris, de course et de bataille de boules de neige. Éreintés, la soirée ne s'éternisera pas, hâte qu'ils auront de s'endormir à nouveau dans les bras l'un de l'autre.

Au petit jour, il faut plier le campement, tout ranger et repartir de nouveau vers un nouvel indice. Mais après un petit déjeuner copieux, le couple prend le temps de faire une mise au point de leurs indices, et surtout de lire l'histoire qui pourra éclairer leur chemin.
Dans les bras de son presque époux, le dos collé à son torse, et le grimoire posé sur ses genoux repliés, Elektra se mit à faire la lecture.




Les deux parties du mont de la Chauds ont reçu leur nom de deux dévots personnages qui s'y étaient retirés : Saint Victor avait un ermitage sur l'un, Sainte Madeleine sur l'autre, et chacun d'eux y a une chapelle bâtie en son honneur. De leur dévote retraite, les deux anachorètes pouvaient se voir ; mais le vide les empêchait de communiquer ensemble. Cependant Madeleine désirait beaucoup consulter Victor sur les choses divines; enfin elle l'obtint du ciel, et y parvint par un miracle, suivant la tradition.

Un jour, la sainte s'avance sur le bord de sa montagne, son chapelet à la main, et après avoir appelé Victor, le lui jette en l'air. A l'instant même, le chapelet s'étend miraculeusement, il se prolonge d'une montagne à l'autre dans toute sa longueur et forme un pont qui les joint toutes deux par leur sommet. Alors l'anachorète et sa sainte voisine s'approchent pour faire leur pieux colloque. Enfin, toutes les fois que Madeleine voulait demander à Victor quelque conseil, elle employait le même moyen. Mais pour éviter toute occasion de scandale et de chute, elle ne se permettait point d'aller jusque chez lui, ni ne l'autorisait à venir chez elle : tous deux s'arrêtaient à mi-chemin sur le pont, et pendant leur entretien, ils restaient ainsi exposés aux regards et par conséquent à l'admiration des gens du voisinage.


Elle s'arrêta de lire, n'y comprenant rien. Et si son instinct la trompait cette fois ci ?

Mon cœur ... Ou est le rapport avec le dragon cette fois ?

Avait-ils d'autres options ? Le mieux était sans doute d'aller voir sur place. Si ils se fourvoyaient, ils reprendraient alors chaque mot de cette nouvelle énigme pour en extraire tous ses secrets.
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Dacien_de_chenot



Il avait fallu se rendre à la raison : un voyage en Auvergne par cette saison n'eut pas été des plus judicieux non seulement à cause des risques mais aussi pour la raison simple que, par les rigueurs de l'hiver, les gens vivaient cloitrés et qu'il serait donc d'autant plus difficile de rencontrer des villageois susceptibles de les renseigner.
De cœur navré, ils convinrent donc de renoncer pour un temps à cette quête. Pourtant, souvent, dans les mois qui suivirent, ne fut-il pas rare de voir la tête blonde et la brune, penchées de concert sur de vieux grimoires à la recherche d'indices tandis que le Ténébreux psalmodiait comme une litanie capable de les éclairer :

*Du rocher du roi des serpents trouve le trésor, mais n'en prend que l'or qui ouvrira la porte de la foi.*


Mais la phrase gardait tout son mystère car, s'ils avaient trouvé le rocher et la clef d'or sensée ouvrir les portes de la foi, il était bien indiqué : "n'en prend que l'or qui ouvrira la porte"... ce qui laissait supposer, puisqu'ils n'avaient rien trouvé d'autre que le coffret abritant la clef et un oriflamme blasonné aux couleurs de l'Auvergne, que le trésor, si trésor il y avait eu, avait disparu.
Fallait-il croire que quelqu'un était passé avant eux ? Mais dans ce cas pourquoi n'avoir pas pris la clef ?
A moins que le gardien du trésor n'ait décidé de le cacher ailleurs afin d'en assurer la préservation, laissant toutefois la clef qui y conduirait ?
Autant de questions qui tournaient en boucle dans leur esprit soumis à rude épreuve par l'inactivité.
Toutefois, ils en étaient certains, le blason auvergnat ne laissait aucun doute possible : c'est là-bas qu'ils trouveraient les réponses, en Auvergne.

Le printemps apporta son lot de missions et recula d'autant leur voyage, puis il y eut les préparatifs de leur mariage qui leur fit quelque peu oublier le trésor de la vouivre.
L'été arriva enfin et s'annonça torride cette année là mais rien n'aurait su les faire renoncer à leur projet. Ils décidèrent de voyager léger mais toutefois bien armés, n'ajoutant à leurs fontes que quelques outils et cartes, puis, après avoir confié Alexander à la garde de Coligny, les deux époux prirent-ils enfin la route.

Leur périple devait les conduire à Massiac, un hameau à quelques lieues au Sud de Clermont d'Auvergne en passant par la Franche Comté et la Bourgogne. Le voyage serait long : pas moins de 120 lieues séparaient les deux villes et le Ténébreux estima qu'il leur faudrait une quinzaine de jours s'ils voulaient préserver leur monture.
Ils avaient le temps. La chaleur de l'été semblait avoir calmé les plus belliqueux, hormis une bande de réformés que quelques coups de trique feraient rentrer bien vite dans les rangs sans qu'il n'y eut besoin de l'armée ; rien en somme qui puisse ruiner leurs projets.

Aux heures les plus chaudes, ils trouvaient refuge dans les sous-bois, près d'un ruisseau qui leur offrait son onde fraiche où ils aimaient se baigner et quelques truites qu'ils s'amusaient à attraper à la main, et faisaient griller à même leur feu de camp.
Cet été-là, la forêt retentit de leurs rires et de leurs soupirs lorsque, la nuit venue, les étoiles éclairaient l'étreinte des amants.

Vint enfin le jour où ils parvinrent au terme de leur voyage.
Fallait-il encore une fois y lire un signe ? On était le 22 juillet 1464, jour de la Sainte Madeleine !
Le village était en liesse et après les processions la foire battait son plein. Une foule colorée se pressait autour des bateleurs qui haranguaient les passants en leur promettant fortune et les escroquaient de quelques deniers avec leur tours de cartes. D'autres s'agglutinaient près des stands de ravitaillements, gaufres, échaudées, mais aussi cochons de lait ruisselants de graisse au-dessus de brasiers rougeoyants.
Et ce n'étaient que rires et sons de fifres dans une joyeuse cacophonie qui les amusa tout en leur faisant regretter le calme des bois tant le contraste était saisissant.

Les deux cavaliers mirent pied à terre. Quelques écus furent dépensés en biscuits tandis que le Ténébreux arrêta un jeune garçon au visage grêlé de tâches de son.

- Un denier pour toi si tu nous indique où trouver le curé. Deux si tu nous y conduits.


- Adissiatz. Sai pa dat-yi ! El cura est al estanquet de ségur ! Dipoutsin nu abans qué ne sia briac ! *

Et le petit rouquin les entraina dans sa course jusqu'à la taverne du village qu'il indiqua de l'index avant de tendre sa main où le chevalier déposa les deux deniers promis.

- Je n'ai strictement rien compris ! Ce parlé d'Oc est assez déroutant. Espérons que le curé entende la langue d’oïl ou le latin.

Il attacha leurs montures à un anneau forgé pris dans la pierre et poussa la porte de la taverne. L'établissement présentait le contraste habituel d'une pièce qui parut encore plus sombre en ce jour de grand soleil.
Il balaya la salle du regard afin de repérer l'homme d'église et l'indiqua à sa moitié d'un signe de tête.

- Il est là, si quelqu'un peut nous renseigner, c'est bien lui. Il saura nous indiquer ces deux chapelles qui se font face.




Le Ténébreux commanda un pichet de bière fraiche et trois godets et tous deux avancèrent vers la table du prêtre.

- Bonjour mon père, accepteriez-vous de partager ce pichet avec deux voyageurs ?

Il leur répondit dans la même langue :

- Prenez place, mes enfants. Avec grand plaisir ! C'est la foire qui vous amène ?



* - Vous n'êtes pas d'ici vous ! Le curé est à l'auberge, pardi ! Dépêchez-vous avant qu'il soit saoul !

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E_d_acoma_de_chenot
La Nature reprenait facilement ses droits sur les Humains. L'hiver s'annonçait des plus violent, la neige ne faisait que se renforcer, la bise vous glaçait le sang dans les joues à peine le cache-col en dévoilait une infime partie. Et la quête les envoyait vers les montagnes du Centre du Royaume de France. L'Auvergne leur causerait bien plus de soucis qu'elle ne leur apporterait de plaisirs, aussi les deux aventuriers décidèrent de remettre leur expédition aux beaux jours. Si personne n'avait réussi à résoudre cette énigme, c'était peut être justement parce que la Nature voulait en préserver jalousement le secret.

Mais ils n'étaient pas de ceux qui abandonnaient facilement, tout ceci n'était que partie remise. Ils profiteraient de ces quelques mois pour étudier en profondeur tous les objets qu'ils avaient récoltés, peut-être même en profiteraient ils pour rédiger une nouvelle sur cette quête. Ils passèrent en tous cas de longues heures dans les bibliothèques à dénicher tout ce qui pouvait leur être utile.

Un évènement majeur, et tellement attendu, décala un peu leur nouveau départ pour la quête : leur mariage. Le couple était officiellement devenu Messire et Dame de Chenot. Et c'est tout à leur bonheur, qu'ils reprirent la direction, un beau matin estival, de l'Auvergne verte et fraiche.


Ces forets sont magnifiques, mon Ange !

Les campements se succédaient, ils ne s'installaient dans une auberge que lorsque le besoin de ravitaillement et d'informations se faisait sentir. Ils préféraient de loin se retrouver tous les deux autour d'un feu, et dormir blottis l'un contre l'autre sous les étoiles. Leur amour était parfait, leurs corps comme leurs âmes en parfaite harmonie, ils n'étaient qu'un.

22 juillet. Ils arrivèrent a Massiac, en pleine foire. Des saltimbanques jonglaient avec des balles de tissu, d'autres avec des torches, et les enfants comme les plus grands s'extasiaient devant leurs prodiges. Des musiciens avaient formé un petit attroupement et leurs spectateurs tapaient des mains. Les voleurs à la tire faisaient toujours fortune les jours de foire, il fallait être très prudent.
Dacien fit l'acquisition d'une variété de biscuits, tandis que Elektra dépensa une poignée d'écus pour des fruits frais. Elle se laissa même tenter, avec une facilite déconcertante il est vrai, par l'achat de quelques sachets de pâtes de fruits, spécialité auvergnate.

Ils suivirent leur petit guide improvisé. Si quelqu'un devait connaitre la légende des deux Saints, ca ne pouvait être qu'un homme d'église. Au dessus du village, se dressait une montagne scindée en deux moitiés ou l'on distinguait nettement deux bâtiments. Mais avant de grimper jusque là haut, nos aventuriers voulaient plus de renseignements.


Bonjour mon Père, et merci.

Elektra laissa son époux verser le vin dans les verres et prit la parole.

Non point la foire, même si elle semble pleine de vie et de surprise. Ce qui nous amène, c'est Sainte Madeleine ...

Oh ! Voulez vous que je vous conte son histoire ?

Hum ... Nous l'avons lue, à vrai dire.

Elle regarda le curé vider son verre d'une traite avant de poursuivre.

Les deux bâtiments que l'on voit sur les monts qui surplombent le village, ce sont bien les lieux ou cela s'est produit ?

Il hocha vivement la tete.

Oui ! La Chapelle de Sainte Madeleine ! Bien sur ! Il ne faut que quelques heures pour monter là haut. Vous la trouverez facilement, c'est la plus grosse des deux bâtisses.

Elektra tripota machinalement le tissu qui renfermait la clé qu'ils avaient découvert, et qui alourdissait sa poche. Elle choisit de ne rien dire. Si elle ouvrait quelque chose, peu de gens devaient être au courant, et il n'était sans doute pas souhaitable qu'un homme d'église se l'approprie, cela anéantirait tous leurs espoirs de découvrir la Vouivre mythique qu'ils poursuivaient.

Elle bu un peu de son verre et fit signe à Dacien de resservir largement le saint homme, qui avait une descente vertigineuse. Puisqu'il était coutumier de l'ivresse, ils l'aideraient en échange de quelques informations.


Est ce que vous savez si il y a une légende autour d'un Dragon dans la région ?

Un Dragon ? Ma foi, non. Je n'ai jamais entendu parler de cela. Et cela fait bien cinquante ans que je vis dans la paroisse !

Il vida de nouveau son verre, en éructant.

Ici, nous avons le Miracle ! Et c'est ce jour que nous le fêtons !

Puis il ajouta, jovial, en tendant son verre.

A Sainte Madeleine !

Ils levèrent leur verre mais burent plus modérément que le vieil homme.

Le Miracle ? Ah oui ... le chapelet dont elle a fait un pont.


Il fallait sans doute y voir une image mais le curé se signa, prenant la chose au premier degré et au pied de la lettre.

Ils finirent par le remercier, de quelques chopines supplémentaires, et quittèrent l'auberge non sans avoir réservé la chambre numéro huit, au cas ou.

Apres quelques heures de marche, les chevaux portant le matériel, ils arrivèrent enfin sur les hauteurs. Massiac en dessous était tout petit. Au loin, l'on pouvait distinguer d'autres villages, des rivières, les cultures entre les parcelles de foret.
La Chapelle semblait les attendre depuis la nuit des temps et ils se regardèrent un instant avant de se diriger vers elle.




La grille n'était pas fermée à clé. Elektra la poussa et ils entrèrent dans la fraicheur du lieu saint. La jeune femme poussa un léger soupir de satisfaction.



Bien ... Ne reste plus qu'à savoir ce qu'ouvre cette clé.

Elle la sortit de sa poche et la mira sous toutes les coutures, comme elle l'avait fait de nombreuses fois durant toutes ces semaines d'attente. Il ne fallait rien déranger dans la chapelle, mais le besoin de chercher était plus fort que tout, et la jeune femme commença à fouiller. Que pouvait ils chercher ? Un coffret ? Un livre ferme à clé ? Il y avait peu de meubles et tous avaient du être ouverts, nettoyés, vidés, rangés. Ce devait être quelque chose de bien caché, que personne n'avait encore trouvé. Mais ou .... et quoi ....

Apres une bonne demi heure à tourner dans le chœur, elle se glissa dans la partie plus proprement dite chapelle ou des bancs attendaient sagement les âmes pieuses. Ses mains glissaient sur les murs, cherchant à détecter la moindre faille, fissure, différence dans la pierre, mais en vain.
Elle se retourna brusquement et regarda son Ange en plissant légèrement les yeux.


Reculez ... juste d'un pas ... là !!

Elle s'approcha un peu.

Avancez ... Reculez ... humm ... Vous avez entendu ? Sous la pression de votre pas, la dalle fait un étrange bruit.

Son regard clair se porta sur le pied de son Amour puis, avec un sourire malicieux, elle releva le nez et vint voler un baiser sur ses lèvres.
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