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[RP] Zephyr, encore lui.

Simeon.charles
Toulouse décembre 1463.


Au-dessus des toits de la ville s’élevait une fumée blanchâtre qui signalait que le feu chauffait les foyers. Siméon à sa fenêtre s’était perdu dans ses pensées et se remémorait l’Artois et la Suisse quand la neige tombait drue sur les paysages. Toulouse était encore épargnée par cette neige, mais le vent d’autan gelait sur place les pauvres ères n’ayant pas trouvé refuge pour la nuit. Ce vent qui rendait fou, sifflait et gémissait pour annoncer son passage mortel.

Le vieux chevalier revint à lui et lâcha la lettre qu’il tenait en main. On venait de lui annoncer sa nomination à la tête de la capitale de son pagus et déjà les soucis arrivaient. Il n’avait pas candidaté par plaisir, mais par devoir. Ce devoir-là, il comptait bien le mener du mieux possible et c’est pourquoi il s’était levé avant le soleil.

Le lourd manteau en fourrure avait été passé. Il n’était pas à la dernière mode, mais il tenait chaud et renforçait la carrure de l’ancien routier. Il irait vérifier le marché, car à cette heure, les braves travailleurs commençaient à s’installer et à payer le prévôt des marchands. L’odeur des poissons commençait à envahir le marché alors que le soleil qui commençait à pointer son nez faisait luire les pavés. C’est au détour d’un stand de drapier, que l’œil droit vert vif se plissa comme pour mieux épier
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Maxine.
La misère vagabondait aussi sur le marché. Drapée dans une cape de fortune, couverte de trous, et charriant mille miasmes, elle avançait sa carcasse frêle d'un bout à l'autre du marché, si mince et si fragile que le vent et les badauds la tordaient. A l'intérieur de ce corps malmené et malade, les idées fusaient. Principalement des regrets de n'avoir pas su prévoir le mauvais temps, et d'être désormais tellement mal en point que voler pour manger devenait complexe. Le chat avait une patte boiteuse, la queue tordue, et quelques poils en moins ; bref, elle n'avait pas fière allure.
Depuis quelques jours, elle était même malade, elle toussait beaucoup et gras, sortant de l'humeur jaune et sale de sa poitrine rapiécée ; on eût dit le bruit d'un crissement métallique, ou le cri d'agonie d'un petit mammifère étouffé, quand elle parlait. C'était très désagréable, autant pour elle que pour les autres.
Depuis une heure qu'elle tournait et tournait pour choper quelques pièces dans une poche ou un bout de pain qu'on aurait laissé traîner, Maxine n'arrivait plus à rien. Elle avait tellement froid que ses doigts ne bougeaient plus, probablement gelés depuis la veille, où elle avait croupi contre le mur d'une taverne et où ils avaient pris cette teinte violacée, sans vie. Elle avait tellement faim qu'elle en avait ressenti une crampe violente sous les côtes, comme un coup de poignard.

Il fallait manger, ou il fallait mourir.

Finalement, avisant un étal un peu moins surveillé que les autres, ou peut être était-ce la fatigue qui la rendait plus naïve, elle en vola une miche de pain. Le pécule camouflé sous sa manche, elle fila tête basse entre les promeneurs avant qu'une main forte lui chope les hanches en braillant.


TOI LA ! Reste-ici ! Voleuse ! AU VOL ! VO-LEU-SE !

Maxine n'eût pas la force de se débattre : elle aurait tordu son dos à résister contre la poigne du boulanger, à moins que ça ne soit son fils. En un autre temps, elle aurait pu le trouver beau, les joues bien remplies, recouvertes d'un duvet roux épais et dru, comme un personnage de conte. Les mêmes poils couleur de feu l'empoignaient à la taille, un peu comme s'ils voulaient danser. D'ailleurs, la mendiante tournait et tournait dans tous les sens, cherchant à se dégager jusqu'à ce qu'il l'agrippe par la tignasse, la jetant à terre au milieu de l'attroupement qui se formait autour d'eux.

Sa-le vo-leu-se. Tu sais ce qu'on fait aux voleurs par ici ? On va te montrer tiens !

Au bord du malaise, les yeux de Maxine faiblissaient. Elle voyait déjà flou, perdant conscience de la gravité (jamais atteinte !) de la situation pour une voleuse. Elle avait déjà entendu parler des vagabonds de ce genre de problématiques, se solvant parfois par la perte d'un membre ou d'un autre. L'un dans l'autre, elle envisageait très probablement que ça soit la fin, qu'on la pende, ou l'ampute, et si ce n'était la vengeance qui l'achevait, ce serait

La barbe rousse que tu t'payes mon gars ! Incroyable. Par chez moi les roux, on les tond, question de principe.

Il lui en foutu une, l'arcade péta, et sur sa joue droite coula une giclée rouge dégueulasse jusque sur le sol pavé.
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Simeon.charles
C’était à peine croyable. La petite voleuse de Maxine était là, sous ses yeux. Malmenée, torturée par le froid, la faim et le boulanger, elle était là devant lui. Il ne l’avait pas revue depuis….. la Bourgogne. Il ne l’avait pas revue depuis cette maudite soirée où il la perdit, incapable de s’excuser, incapable de la retenir. Lui, qui avait livré bataille aux quatre coins de l’Europe s’était montré incapable de venir à bout d’une jeune femme énervée. Il l’avait regardée bêtement s’évanouir dans la nuit.

Un nouveau coup claqua et du sang macula le visage de la petite. Il fit un pas en avant et oubliant sa position de maire il tonna comme il avait l’habitude de le faire sur le champ de bataille :
Baste !

Les poings se crispèrent, la bâtard d’Artois était, « croc à l’air », prêt à en découdre. Mais la réalité lui rappela vite ses devoirs et malgré un regard des plus noirs, il se détendit et tenta de reprendre une attitude plus détachée. La « petite » avait volé et la défendre serait une erreur, à moins que…

Baste l’ami. Point de sentence sans procès. Pas de procès sans autorité.

Il se pencha en avant et tenta de saisir le petit chat sauvage par le poignet afin de la relever. Il continua en même temps de tisser sa toile.

Les prisons sont pleines et tant qu’on n’aura pas meurtri tous ces mauvais gens on ne pourra régler son compte à la voleuse. Et croyez-moi l’ami, ne pas lui régler son compte c’est s’assurer qu’elle reviendra chaparder. Et personne n’a envie de voir cela. Je vous propose, comme première autorité de la ville et seigneur de la bastille au nord de la ville, de me porter accableur contre cette mauvaise graine. Je la ferai pendre. Nous irons chercher un magistrat dans une ville voisine et nous lui laisserons le soin de prendre un avocat pour que son procès ne soit pas caduc. En attendant je la cloître à l’hôtel de ville.

Le plan pouvait marcher, mais restait à voir si la jeune captive jouerait le jeu…
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Maxine.
Le sang était un voile rouge qui floutait toute la scène. Par dessous, Maxine ne voyait que les rictus des observateurs, et les menaces de coups de son tortionnaire. Elle était trop fatiguée pour saisir les subtilités de la discussion que menait Siméon, et d'ailleurs elle ne l'avait pas reconnu, croyant seulement reconnaître une voix lointainement connue. Ils s'étaient quittés il y avait si longtemps, et de si mauvaise façon qu'elle n'aurait jamais pensé à lui dans ce rôle.
Vaguement, elle comprit qu'il était question de la pendre, et d'une certaine façon, endolorie et malade comme elle l'était dans son corps entier, elle était d'accord. Mieux valait mourir vite et publiquement, que dans un fossé, l'agonie douce du froid et de la fièvre. On chanterait peut être une chanson salace sur la roublarde brune qu'on avait pendu au début de l'hiver, et qui s'était cassée aussi bruyamment qu'une brindille qu'on coupe en deux.


Minute papillon.

Le boulanger avait ployé son poignet dans une position pas très catholique : courbé en deux vers l'arrière, comme un origami de doigts et d'ongles, qui avait craqué et pris une forme en dos de fourchette. Alors lorsque Siméon le serra, même avec la grande douceur dont il était capable, la douleur fut si vive qu'elle lui ouvrit grand les yeux, lui laissant quelques secondes d'une incroyable conscience et présence d'esprit, avant de la faire s'évanouir.

Ciel, fit-elle, faut-il donc souffrir de vous voir à la fin ?

Et elle sombra, la miche plongeant vers le sol, enfonçant sa mie encore chaude dans les rigoles dégueulasses des pavés, qui charriaient tout ce qu'on avait jeté. Elle même, perdant conscience, planta ses deux genoux aux pieds de la foule, et se laissa partir.
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Simeon.charles
Putain… ils l’avaient bien amochée et voilà qu’elle perdait conscience. Le craquement des os avait agressé les oreilles de Siméon. Il connaissait ce bruit, généralement tant que ce n’était pas lui qui émettait ce son, celui-ci ne le gênait pas. Mais là, venant d’elle, son visage le trahit et afficha une moue inquiète. Il allait devoir trouver un médecin et vite si la petite voulait garder ce qui était il y a peu encore une main douce sur laquelle on aurait voulu poser un baiser. Le boulanger paierait le prix fort pour cela. Simeon, bien qu’il souriait hypocrite à celui-ci, imaginait mille douleurs à lui faire subir avant de le faire cuire dans son four.

Faites la porter en charrette ! Je ne compte ni la porter, ni la traîner jusqu’à la bourgmestrie.

Il empoigna Maxine par le col et la laissa glisser au sol doucement. L’envie de débiter en tranches cette saucisse de Toulouse qu’était le rouquin lui traversa une nouvelle fois l’esprit. Mais il se contenta de beugler encore une fois.

La charrette ! BORDEL ! Je ne vais pas passer ma journée ici pour un bout de pain volé !

Le vendeur de vin fut le plus prompt à répondre au bourgmestre en apportant sa propre charrette vide. A deux ils hissèrent la jeune voleuse dessus, le marchand sans ménagement, Siméon en prenant garde. Sans doute que quelques badauds un peu plus observateurs auraient compris le stratagème, mais le Saint Just n’en avait que faire. Leur parole contre la sienne, lui noble et officier aurait le dernier mot. C’est lorsqu’il fut lui aussi dans la charrette qu’il se permit de répondre à sa jeune amie.

Oui, souffrez que je m’occupe de vous.
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Maxine.
Elle se réveilla, chahutée par la houle d'une charrette en branle. La tête heureusement tournée du coté sain, laissant sécher au froid les sourcils explosés, et leur plaie suintante. Elle en garderait une cicatrice, si tant est que le temps qui lui restait soit compatible avec une cicatrisation... De sa main valide, elle tapota le bord des yeux pour en vérifier leur atteinte, puis rassurée, s'attarda à la palpation du reste de son visage ; les pommettes n'avaient rien pris, les dents non plus. Et les cheveux, quoique malmenés, n'avaient arraché ni scalp ni poux. Quelle chance ! Elle ricana, bien malgré elle. Puis, tournant le chef du côté de son bourreau, qu'elle distinguait bien mal, il lui sembla reconnaître

Siméon, te v'la ! Incroyable comme t'es encore vivant, aussi vieux que t'es. J'aurais point


Crue, elle l'était, comme toujours. Mais elle usait de parcimonie car trop parler la faisait tousser, et bouger réveillait la douleur de son poignet. Elle se redressa en jouant des épaules et se drapant avec le peu de dignité qui lui restait autour d'une simili-cape, qui avait servi, à l'odeur, à une famille de chien avant elle. D'ailleurs y restaient encore quelques


'Puce t'a piqué, gros ? T'crois pas que j'peux m'pendre seule, faut que tu m'aides pour y arriver ? T'inquiète pas va, j'comprends qu'à tes beaux habits t'es encore du beau monde, c'est toi l'bourreau du coin ? J'te rassure je serai pas bien lourde à hisser et peut être bien Elle toussa Peut être bien que j'aurais claqué

Avant de dire le reste, elle fut prise d'une nouvelle quinte qui la fit trembler de tout son long. Quelques cheveux à la naissance du front et de la nuque, collaient à sa peau, pleins de sueur. Quand elle les essuya, elle se tartina de la crasse autour du nez, renifla, et secoua les épaules, comme un chien. Sa voix ressemblait un peu à un groupe de paysans marchant sur un tapis de noix, les cassant sous le pied les unes après les autres. On comprenait mal à la voir comment elle avait pu un jour usurper des identités et voler du beau

Monde de merd'. Cette fois-ci j'ai mis les mains en plein dedans on dirait.

Ce disant, elle redressa le poignet vers le ciel, jaugeant ce qu'il restait de ses doigts, et peinant à s'imaginer un trépas indolore.

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Simeon.charles
Le regard se faisait toujours sévère, rivé sur la jeune fille. S’ils avaient été seuls, il aurait examiné de plus près les blessures et lui aurait nettoyé le visage. D’un geste doux, presque paternel, il lui aurait caressé le visage pour la rassurer, pour la soulager. Mais il ne faisait rien et seule la fumée blanchâtre s’échappant de sa bouche dans le froid hivernal trahissait la vie en lui. Ce n’était pas la première fois qu’elle se mettait dans le pétrin, il le savait. Il espérait seulement que cette fois serait la dernière et qu’elle s’en tirerait avec un minimum de casse.

Alors que la charrette le bringuebalait dans tout sens, lui faisant presque regretter de voir les rue de Toulouse pavées, il restait, cahin caha, stoïque et dur comme les murailles de Carcassonne. Sous prétexte de ne pas vouloir affoler la population qui croiserait au petit matin une mourante il rabattit la bâche, qui habituellement servait à couvrir la cargaison, sur elle. La réalité était bien moins méchante, il espérait juste que ça lui éviterait de mourir de froid avant d’attendre la bâtisse.


Tais-toi donc ! Economise tes forces. Tu vas devoir en répondre… Et surtout m’écouter si tu veux être sauvée.

La mairie était enfin là, il allait pouvoir enfin être maitre du destin de sa petite protégée. D’un geste impérieux il la fit monter dans un bureau par la garde. Puis, à la bonne de service à la mairie, il demanda à ce qu’on lui monte une couverture épaisse et une soupe chaude. Afin qu’il soit bien à son aise pour interroger la captive et préparer son procès.

Une fois le tout livré dans le bureau il referma la porte.


Bon sang ! Qu’as-tu fait !

Et de jeter la couverture à ses pieds et de tirer vers elle le petit guéridon sur lequel fumait la soupe.

Bon sang…
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Maxine.
Je sais, fit la petite en cherchant la chaleur sous la couverture. J'aurais du pas 'm'faire choper, mais j'avais tellement faim.

Elle aurait bien ajouté qu'elle n'a rien mangé depuis des jours, qu'une vermine première, humaine, lui a volé son pécule et qu'elle s'est retrouvée à la rue, à mendier, et que la misère ayant contaminé d'autres qu'elle, elle a dû se battre pour en voler plus qu'eux, et que le froid ne jouait pas en sa faveur. Elle aurait pu dire qu'elle n'était plus qu'une épave et qu'elle avait tenté ce vol comme on tente de s'envoler, jouant le tout pour le tout, mais elle avait encore, d'une façon complètement incompréhensible, un semblant d'orgueil qui l'empêchait de se dévoiler. Elle botta en

'Touche moi pas. J'ai eu que qu'est c'que j'mérite. C'est de sort de tous les pouilleux, tu sais pas c'que c'est qu'être pauv'.

Elle cacha son nez rougi sous les couvertures, honteuse. Consciente de la détresse et de la pitié que dégageait un corps endolori, sale, puant, sec et glacé jusque dans ses os. En naissant noble elle aurait pu être jolie, et si sous sa chemise trainait autre chose qu'un sac de côtes flottantes et deux tranches de chair, si l'on avait pu y trouver du gras elle aurait même pu être belle, mais la destinée avait paré le front de cette enfant de rien d'autre que de l'éclat d'angoisse et de stupeur qui pare les yeux des démunis. La promptitude à être saisi par le hasard et fauché par la mort au premier hiver, au premier rapt, au premier procès. Comme un jeu de cartes mauvais qu'on se préparerait à abattre ; ainsi elle se tenait, avachie, n'attendant de l'avenir que les quelques secondes suffisantes à boire un bol de bouillon.


Vacherie qu'il est lourd ! peina t'elle en le portant d'une main valide, et d'une autre moins. Faut toujours que tu compliques les choses.

Puis, après quelques secondes suffisantes à faire tomber les masques.

Je ne veux pas de ta pitié. Ramène moi au froid où gisent ceux de mon espèce.

Et elle planta dans les siens deux yeux-éclairs, piquant et plein de vie, vestige de celle qu'elle avait été ; ceux-là même qui faisaient d'elle une moins-que-rien.
Solide jusqu'à la casse.

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Simeon.charles
Les yeux dans les yeux, nul ne vacillant.

Le vol n’est pas la solution à tous tes problèmes. Ton verbe méchant et accusateur n’est pas la réponse à toutes les questions. Te remettre dans la rue m’est impossible. Si je le fais, tu es morte et je ne le veux pas. Alors tu vas t’asseoir et m’écouter.

Il n’attendit pas qu’elle s’exécute, de toute manière qu’elle le fasse aurait été des plus surprenant. La petite était plus cabocharde qu’un savoyard fraichement descendu de son col enneigé. Il tira le tissu qui lui servait parfois de cache nez et le posa sur la petite table. Sa main replongea dans sa poche…

Tu vas aller en procès. Je vais m’arranger pour que la ville perde son procès et que tu t’en sortes donc sans autre souci que ta main et ton visage tuméfié. Il va falloir cependant que tu apprennes à me faire confiance, à m’obéir, au moins le temps du procès. Libre à toi ensuite de retourner vivre sans feu ni lieu… Ou de rester ici, la tête haute. J’ai voulu te garder une fois, tu m’en as fait payer le prix fort. Je ne te forcerai plus la main. Mais le temps que le procès trouve un dénouement satisfaisant pour toi, tu vas m’obéir au doigt et à l’œil. Tu ne parles que si je le souhaite. Tu respires que si je t’y autorise.
Maintenant sache que moi aussi j’ai connu la grande misère et que je ne suis pas né avec une cuillère en or dans la bouche. J’ai ce que j’ai pris. Visiblement, je suis plus doué que toi à ce jeu.


Puis tel un cerf défiant un rival, il rapprocha son visage tout contre le sien, le regard implacable toujours planté dans les yeux pétillants.

Sa main ressortit de la poche et déposa trois belles pièces luisantes à côté de l'étoffe.

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Maxine.
Je meurs si je veux ! je parle si je veux ! je resp...

Elle faillit cracher ses poumons, toussa, toussa, maugréant un intelligible reproche. Visiblement, elle respirait, mal, mais comme il lui plaisait. Après quelques secondes, tentant de reprendre un souffle qui lui manquait, elle tourna vers lui des yeux piquants.

..Si j'veux. Je t'emmerde bien royalement, J't'ai rien demandé, et t'm'colles encore, j'croyais que c'était clair pourtant : ni dieu ni maître ni protecteur pervers qui croit sûrement pécho une 'rognasse de plus. J'suis point à protéger, l'chevalier !

Et puis, finissant sa phrase dans une nouvelle quinte de toux, elle lorgna avidement les pièces quelques instants.

C'est quoi ça ? L'prix d'ma soumission ? Tu crois vraiment qu'j'vaux que TROIS PUTAIN DE PIECES ? Moi aussi je peux être riche et grosse comme toi. C'est juste un...
Elle toussa. Un passage très rapide dans la rue qui va s'finir bientôt. J'vais m'retourner. J'vais gagner des sous. Autrement qu'en chialant dans la main d'un gars comme toi. T'crois quoi, qu'ta pitié m'fait du bien ? La seule chose qui m'plait...

Elle se remit à tousser sans plus finir. Charcutée de l'intérieur par ce mal qui la rendait fiévreuse et folle dans l'insoumission.

C'ma liberté. J'suis point à vendre, m'sieur Siméon. Et si j'l'étais, le prix pour c'lui qui m'a foutu un peu là d'dans s'rait au dessus de tes moyens. D'ailleurs, j'me casse !

Dans son élan, elle se redressa en s'appuyant de tout son poids contre son poignet mort. Elle gueula, s'écroula à nouveau, assise.

'Fin j'me casse quand j'veux, j'veux dire.

Elle chopa les pièces.

Et j'prends ça pour m'dédommager de l'horreur qu'te voir m'procure.
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Simeon.charles
Mais quel plaisir de te retrouver dans toute ta splendeur ! Cependant tu dois savoir une chose importante, de nous deux celui qui souffre le plus de la présence de l’autre c’est moi. Sans doute une demie-livre de poussière coagulée à ta morve te bouche les naseaux mais tu empestes la vieille charogne. T’es plus sale que les truies du vieux Gaston, aussi sympathique qu’une vipère en furie.
Vraiment…. Tu ne vaut pas plus de 50 deniers. C’est d’ailleurs le prix que je ferai payer à tous les péquenots du coin qui voudront te grimper sur le ventre ou sur le dos, ça dépendra de leurs envies, si tu continues à m’agacer de la sorte. Ainsi je serais encore plus riche, je pourrais être encore plus gros, tu pourras me détester encore plus et toi tu auras vraiment touché le fond du panier. Puisque visiblement c’est ce que tu aimes le plus faire.
Alors oui, tu seras libre…. Libre de pleurer à chaque fois que des mains encore plus crasseuses que les tiennes viendront te découvrir afin de te chevaucher sans pitié. Libre de recevoir en plein visage le mollard d’un de tes « amants » déçu de ta prestation. Libre de crever à petits feux entre deux passes…
Tu passeras tellement de temps couchée à te faire bourrer que tu ne sauras même plus ce qu’est être debout.
Enfin… il faudra avant cela que je fasse venir deux gardes pour qu’ils te lavent à grande eau, car dans ton état… je pense que même un bouc ne voudrait pas de toi. Si tu ne me crois pas on peut toujours essayer.


Lui laissant quelques secondes pour analyser la situation qu’il lui proposait, il profita pour s’asseoir à son bureau.

Par contre, les pièces n’étaient pas pour toi. Elles étaient pour le médecin… Mais visiblement tu préfères dépérir riche et seule plutôt que vivre bien et en bonne santé. Si tu sors, rappelles moi de te donner deux autres belles pièces. Tu en auras besoin pour payer à Caron la traversée du Styx.

Il posa deux autres pièces sur le bureau devant lui.

Tiens elles sont là. La porte est ouverte. Prends le risque de me courroucer. Vas-y, prends le…

Il releva le visage sur elle.

Ou, une put*in de fois dans ta vie, fais-moi confiance et arrête de me les briser.

Voilà, le cadre était reposé.
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Maxine.
Silence.
Silence.
Tremblement des mains, des épaules, qu'elle tente de maîtriser sans résultat.
Échec.
Silence.
Tremblements.
Le chef s'anime, le menton hoquète, laissant s'échapper un soupir criard, comme un sanglot. La gamine cache ses yeux vers le sol et quand elle les redresse, on dirait deux entailles dans la roche, glaciales et inanimées.


Ne. me. parle. plus. JAMAIS. de prostitution.

Elle maintient le tremblement de ses mains en les serrant l'une contre l'autre, comme si la douleur n'existait plus, ni celle de son poignet, ni celle de ses ongles crasseux s'enfonçant dans la chair de sa paume, traçant des sillons qui disparaissent après quelques minutes. Ne restait plus qu'une dernière souffrance qu'on ne savait d'où provenir.


JA-MAIS ! JA-MAIS ! QUI es tu pour parler de ça, qu'est ce que tu y connais, tu n'es qu'un sale mâle, TU NE SAIS RIEN, JE PEUX TE TUER SI JE VEUX ! LAISSE MOI ! LAISSE MOI ! Tu me DEGOUTES !

Elle cracha ses insultes avec tout son coeur, toute sa hargne, puis se relevant envoya le guéridon choir sur le sol d'un coup de pied, hors d'elle.


C'est TOI la charogne Siméon ! Tes mots font de toi un homme plus sale que moi, et aucun bain n'y fera jamais rien.

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Simeon.charles
Et au bâtard de faire un bond de sa chaise sur le côté pour éviter de se retrouver avec de la soupe plein la gueule alors que le guéridon allait saluer le sol. Elle allait vraiment finir par avoir raison de ses nerfs, pourtant d’acier. Enfin, il la guidait enfin dans la direction qu’il préférait, à savoir la négociation.

Oui je suis un immonde bâtard capable des pires saloperies. Je peux aussi être un parfait inconnu ne s'occupant de sa petite personne. Et je peux être un ami loyal. Ton comportement vis à vis de moi fera ce que je serai face à toi.

Il s’approcha face à elle et tenta d’ouvrir une discussion plus calme s’appuyant sur les premières disputes. A la manière des marchands, il tendit la main dans sa direction afin qu’elle accepte l’accord qu’il allait lui proposer.

J’accepte de ne plus te parler de ça et je te présenterai très sincèrement mes excuses, si tu acceptes de cesser de m’agresser de tes propos sans arrêt. Je ne suis pas là pour te pourrir la vie. Je voulais uniquement te proposer mon aide et faire en sorte que tu puisses partir sur tes deux pieds sans autres pépins. Si tu acceptes, nous pourrons repartir sur de bonnes bases. On commencera par faire venir un médecin, je te ferai monter de l’eau chaude et du savon pour que tu puisses te laver. Tu pourras te reposer au chaud et demain nous verrons comment te sortir de là.

Le chevalier tendit un peu plus sa main. Ce geste était pour lui lourd de sens, puisque si les marchands l’utilisaient à la fin des accords passés, la poignée de main était geste de la chevalerie que l’on utilisait pour montrer une volonté pacifique.

Je ne te demande pas la mer à boire, juste d’être moins belliqueuse à mon égard. Je peux t’aider si tu le souhaites, je peux te laisser te débrouiller seule si tu préfères. Mais je ne peux pas te laisser partir maintenant…
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Maxine.
A la place de la sédition, elle choisit de construire entre eux deux une forteresse invisible, contre laquelle il pourrait à sa guise venir se heurter sans qu'elle ne soit atteinte ; elle était passée maître dans l'art de la dissimulation.

Tu crois qu'ça s'marchande, ça ? Qu'en me menaçant de me fout' dehors, ou en m'amadouant avec tes mots doux, gentil Siméon, je vais avoir soudainement confiance en toi et me laisser faire ?


Elle marqua un temps de silence ponctué par un éternuement ou deux, puis avisant tour à tour sa main pleine de sang, et son poignet déformé, puis lui-même, elle annonça la sentence :


Je reste.
Mais pas parce que je préfère être avec toi que dehors, simplement parce que je n'ai pas le choix.
Quant à ce que tu viens de me dire...
Son ton devint glacial. Je t'interdis de jamais me reparler comme ça, et si tu oses le faire, ami loyal ou pas, aie confiance Siméon, je couperai une partie de toi qui te manquera beaucoup.

Ce disant elle s'était approchée de lui, à grand renfort de gestes brusques et de pas lourds, ne cherchant nullement à cacher ses intentions belliqueuses ; d'ailleurs, s'il avait noté à quel point ses gestes agrémentaient ses paroles, il aurait su quel geste contrer.

T'entends, cher ami, fit-elle en repoussant violemment la main qu'il lui tendait. T'entends, c'que j'dis ? Si tu m'touches encore, avec des mots ou des mains, avec des insultes ou des clients, que j't'aime ou pas j't'en coupe, c'est clair ?

La clarté limpide était détenue dans la paume de sa main, farouchement serrée contre son entre-jambe. Elle avait grandi, elle avait vieilli, elle avait osé ; la subtilité d'une caresse légère était à des années lumières de la carapace sans tendresse et bourrée d'audace qu'elle embrassait par dessus le linge de son pantalon. Elle redressa le nez une minime seconde, dans un rictus mi-enfantin, mi-pervers, puis cracha dans sa main comme pour la laver. La saleté de sa paume ne partait même plus dans les crevasses à la naissance de ses doigts.

J'veux pas voir de médecin, y f'ra rien de plus à ma main que je ne saurais me faire moi même. Maintenant laisse moi.


Le ton de sa voix mourut à proximité de son menton, charriant une odeur âcre de soupe, mélangée à celle de sa salive, et de la fumée de la veille. Comme une ultime façon de le narguer, elle lui puait à la gueule.
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Simeon.charles
Il la regarda faire, interdit. Son œil vert se porta d’abord sur cette main aventureuse, sur cette bouche provocante qui lui déversait un flot continue de menaces, pour terminer en croisant le regard de la jeune voleuse. De marbre il resta, notamment une certaine partie de son anatomie. Il croyait la tenir par la provocation, hélas il se rendit vite compte que c’était lui qui était pris dans la toile. Il tenta, sans doute vainement de masquer l’accélération de son rythme cardiaque.

Cela ne se marchande pas, mais je ne sais comment te prendre. Tu n’auras cependant pas besoin d’amputer quoique ce soit.

Il posa cependant un doigt sur les lèvres de la jeune femme afin de lui faire comprendre qu’il n’avait plus envie de parler. Non, il avait bel et bien envie de lui offrir quelques tendresses, mais cette envie était aussi partagée par celle de lui retourner une gifle monumentale. L’insolence se paierait, il ne savait comment mais elle paierait. La provocation aussi d’ailleurs, mais pour l’heure il ne savait plus comment s’y prendre. Alors tel un duelliste reculant de quelques pas pour reprendre son souffle et ses esprits, il fit un pas, puis deux, en arrière.

Je te laisse un moment, je me fais porter de l’eau chaude et du savon pour me laver les mains. Tu pourras l’utiliser avant moi pendant que je vais reprendre les livres de compte. Ne quitte pas la chambre, les gardes t’arrêteront et je ne pourrais rien pour toi. Nous discuterons de ce que tu feras sans moi après. Puisque tu le veux ainsi.

Il lui tourna le dos comme s’il allait la laisser, espérant qu’elle le retienne un peu.

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