Della
- ...Une grande tablée garnie de mets et de boissons à s'en faire péter la panse...
Ils sont venus, ils sont tous là, ils n'avaient pas tellement le choix.
Hommes, femmes et enfants ont été conviés, l'on faisait bombance aujourd'hui parce qu'elle en avait envie ! Elle avait eu envie de réunir tout le monde, la compagnie entière, ceux qui s'aiment et ceux qui se supportent à peine, ceux qui sont de la famille au sens large, au sens que la Renarde donne à ce mot "famille" c'est à dire celles et ceux qu'elle aime, qu'elle apprécié et en qui elle a confiance. La Saint Noël était passée inaperçue cette année et le manque s'était fait sentir au fond des entrailles dellesques. Malgré tous ses efforts, les souvenirs des Noël précédents étaient revenus, surtout celui de l'année passée...Alors, pour ne pas sombrer à nouveau dans la mélancolie tant redoutée, elle avait invité ses compagnons à cette table.
Ils avaient mangé, ils avaient bu, elle était un peu ivre, elle aimait cette sensation de bien-être que lui procurait le vin lorsqu'elle en buvait juste un petit peu trop. Alors, elle riait, elle souriait de bonheur en regardant tour à tour ses comparses, qu'il soit enfant ou grand-père, elle les aimait, elle aurait tout fait pour eux, tout donné aussi, marquée qu'elle était par la Vie et ses pièges.
Là se trouvaient ses deux trésors, ses fils. L'un en pleine forme et l'autre encore si faible mais vivant.
Là, il y avait ses vassaux, ces gens qu'elle était si fière de connaître.
Là, Maryah...tellement différente d'elle et tellement semblable dans ce qui faisait d'elles des femmes. Maryah à qui elle se confiait de plus en plus...
Là, Desneval, un ours rencontré au hasard de ce voyage, au caractère imprévisible sur lequel on peut compter. Tout ce qu'elle apprécie.
Et puis là...son neveu. Le dernier cueilli sur le chemin, ce garnement qui a englouti des dizaines de Tibiscuits cachés dans la mairie d'Espalion et qu'elle ne pouvait pas laisser tout seul...Sans doute le plus turbulent de tous mais tellement craquant quand il fait des mamours à son lapin hérité d'Angélyque...
Tavernier ! Ca manque de vin !
La voix s'est fait entendre, le tavernier est arrivé avec des cruches de vin qu'il a déposées devant les convives avec des gestes un peu trop pédants pour le statut de l'auberge, l'homme comptant déjà dans sa tête les écus qui passeront bientôt de la bourse de la Renarde Noire à la sienne. Il a bien vu que la femme était riche et qu'elle ne regardait pas à la dépense, il sait que ce genre de personnes exige d'être très bien servies et il le fera parce qu'il a le sens des affaires, elle lui demanderait la lune, il tenterait d'en couper un morceau.
Della a rempli son verre et elle a levé le bras.
Mes amis, buvons à notre périple !
Elle a souri à tous et puis, après une gorgée qu'elle a dégusté avec plaisir, elle a repris : Nous irons à Paris. Quelques secondes...juste le temps que certains se repassent le film...Nous y fêterons l'Epiphanie, tous ensemble comme aujourd'hui et plus encore parce que je vous invite à y convier qui vous voudrez !
Ca, c'est l'étape numéro un.
La suite...ou plutôt l'avant...
Regard qui se pose sur Torvar, petit sourire du genre qui fait craquer...
Torvar, j'aimerais que vous m'accompagniez à la cérémonie dintronisation de la Curia qui aura lieu au Palais du Louvre. Encore une petite pause, juste pour que le Cosaque ait le temps de reprendre peut-être une gorgée de son tord boyau...Il faudra pour cela que nous fassions quelques achats...pour nous vêtir et paraître comme il se doit. Avez-vous noté, lecteurs, avec quelle habilité la Renarde s'est placée elle aussi dans l'arène, histoire de ne pas asséner un trop coup à son vassal en lui disant : "Il te faut des fringues dignes de ce nom".
Le regard a ensuite bifurqué vers Maryah et Desnaval : Vous nous accompagnerez, évidemment. Evidemment.
Puis, à Maryah, sans lui laisser le temps de riposter :
Maryah, chère amie, nous nous installerons dans mes anciens appartements du Louvre. Euh oui...pourvu que les gardes les laissent entrer...
A Nous, mes Amis ! Et à la France ! Un autre verre, parce que tout cela, ça s'arrose.
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