Cyclopede
Grilles du château ducal
Et si tout ça ne menait au final qu'à pas grand chose d'autre qu'un échange stérile ? C'était bien ce qui martelait les sinus frontaux du pauvre colosse, alors qu'il se tenait devant l'entrée de ce qui était le lieu du pouvoir angevin. Une montagne, fut-elle faite de chair et de cur, avait du mal à imaginer que la rencontre faite aussi fortuitement que celle d'un duc dans un bouge fut réellement réelle. Mais il se souvenait encore des mots échangés, et il fallait l'avouer, il s'en souviendrait longtemps, après que les nobles putains et les nobles étrons ruraux aient finis de pourrir en terre.
Alors, fort de cette rencontre inattendue qui fendit un peu les certitudes de la marmule porchère, Cyclopède avait finalement pris la route pour le château, avec au bout d'une corde, sa dernière truie. Il avait, dans son vocabulaire peu maitre de la langue, qui lui était pourtant maternelle, parlé d'une truitelle. Le mot lui était doux à l'oreille. et comme la douceur, chez ce gentil rustre, était le fondement de toute chose, il n'avait pas cherché plus loin. Le malheur de la très jeune bestiole, outre d'être la matière première idéale pour satisfaire la noblesse du coin, était sa cécité. Comme quoi... Mais le Duc lui-même l'avait dit : point besoin de voir pour renifler les truffes, où elles sont ! Comme le Saint Infirme avait raison ! Et les truffes, on pouvait les lever rien qu'à l'odeur, dans ce coin de terre, se disait Cyclopède, en n'essayant même plus de masquer son sourire de satisfaction.
Donc, un porcelet femelle aveugle au bout d'une corde, et un colosse de chair à l'autre bout, voilà ce qui était planté, devant la herse. La voix forte du géant tonna un peu, comme un orage d'été, malgré la volonté de se faire humble.
Hola, la garde. J'ai ici un présent pour sa Seigneurie. Il est au courant, mais j'préfère annoncer la couleur. La truite ici présente est désignée pour servir en truffrerie, et plus si affinité, mais là... J'sais pas les gouts personnels du Duc, sinon qu'il imagine aussi bien que toi et moi !
La pauvre bestiole, légèrement fatiguée d'avoir été trainée des faubourgs d'Angers à cette grande porte, reniflait comme un prélat pontifical le soir, après l'apérol. Elle collait son maigre flanc contre le mollet massif du porche, en tremblant tant de trouille que dexcitation. L'index épais du charretier lui gratta le front, pour l'apaiser.
Griotte, ma pauv' fille, te voilà rendue. Si la dentelle suprême est pas malhonnête, tu devrais pas finir en boudin... ou pire, violentée physiquement. Mais il m'a fait bon effet,e t c'est donc sans scrupule que tu vas finir à son service. rend toi compte... Gambader pour choper des truffes ! C'est pas l'pied ?
"Grouik " fut la seule réponse de la jeune truie aveugle. Le porcher lui même ne savait pas trop comment le prendre. UN remerciement ? Une malédiction ? Une simple mal diction ? en fait, il s'en frottait le membre central, parce que le Duc avait, de manière tacite, acceptait qu'il devint, lui, le porcher ducal. IL patienta donc en regardant le garde, qu'il prenne la relève.
Et si tout ça ne menait au final qu'à pas grand chose d'autre qu'un échange stérile ? C'était bien ce qui martelait les sinus frontaux du pauvre colosse, alors qu'il se tenait devant l'entrée de ce qui était le lieu du pouvoir angevin. Une montagne, fut-elle faite de chair et de cur, avait du mal à imaginer que la rencontre faite aussi fortuitement que celle d'un duc dans un bouge fut réellement réelle. Mais il se souvenait encore des mots échangés, et il fallait l'avouer, il s'en souviendrait longtemps, après que les nobles putains et les nobles étrons ruraux aient finis de pourrir en terre.
Alors, fort de cette rencontre inattendue qui fendit un peu les certitudes de la marmule porchère, Cyclopède avait finalement pris la route pour le château, avec au bout d'une corde, sa dernière truie. Il avait, dans son vocabulaire peu maitre de la langue, qui lui était pourtant maternelle, parlé d'une truitelle. Le mot lui était doux à l'oreille. et comme la douceur, chez ce gentil rustre, était le fondement de toute chose, il n'avait pas cherché plus loin. Le malheur de la très jeune bestiole, outre d'être la matière première idéale pour satisfaire la noblesse du coin, était sa cécité. Comme quoi... Mais le Duc lui-même l'avait dit : point besoin de voir pour renifler les truffes, où elles sont ! Comme le Saint Infirme avait raison ! Et les truffes, on pouvait les lever rien qu'à l'odeur, dans ce coin de terre, se disait Cyclopède, en n'essayant même plus de masquer son sourire de satisfaction.
Donc, un porcelet femelle aveugle au bout d'une corde, et un colosse de chair à l'autre bout, voilà ce qui était planté, devant la herse. La voix forte du géant tonna un peu, comme un orage d'été, malgré la volonté de se faire humble.
Hola, la garde. J'ai ici un présent pour sa Seigneurie. Il est au courant, mais j'préfère annoncer la couleur. La truite ici présente est désignée pour servir en truffrerie, et plus si affinité, mais là... J'sais pas les gouts personnels du Duc, sinon qu'il imagine aussi bien que toi et moi !
La pauvre bestiole, légèrement fatiguée d'avoir été trainée des faubourgs d'Angers à cette grande porte, reniflait comme un prélat pontifical le soir, après l'apérol. Elle collait son maigre flanc contre le mollet massif du porche, en tremblant tant de trouille que dexcitation. L'index épais du charretier lui gratta le front, pour l'apaiser.
Griotte, ma pauv' fille, te voilà rendue. Si la dentelle suprême est pas malhonnête, tu devrais pas finir en boudin... ou pire, violentée physiquement. Mais il m'a fait bon effet,e t c'est donc sans scrupule que tu vas finir à son service. rend toi compte... Gambader pour choper des truffes ! C'est pas l'pied ?
"Grouik " fut la seule réponse de la jeune truie aveugle. Le porcher lui même ne savait pas trop comment le prendre. UN remerciement ? Une malédiction ? Une simple mal diction ? en fait, il s'en frottait le membre central, parce que le Duc avait, de manière tacite, acceptait qu'il devint, lui, le porcher ducal. IL patienta donc en regardant le garde, qu'il prenne la relève.