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[RP]Malemort's Legacy

Blanche_de_malemort
A la nuit tombée, durant les joutes de Clichy.

C'est une fait reconnu, au sein de toute société humaine organisé que certains principes se révèlent universels et échappant à toute notion de volonté humaine. Ainsi, il suffit qu'un corps soit immergé dans son bain pour qu'un pigeon urgent se pose sur le bord de la fenêtre. Ou encore, une Dame ne sera jamais satisfaite de sa toilette, dés qu'elle croisera une autre Dame qu'elle jugera mieux vêtue qu'elle. Un homme homme, dés lors qu'on l'averti en vaudra deux, cependant, un cul de jatte averti ne vaudra jamais un homme entier. Dans la continuité, une Princesse ayant promit de se coucher tôt, pour paraitre fraiche et radieuse le lendemain matin, après s'être tournée et retournée dans son lit finira par choisir de marcher sous les étoiles dans l'espoir que l'air de la nuit guidera Morphée jusqu'à elle.

Sans réveiller ses suivantes qui ronflaient sereinement dans leurs tentes respectives, la Princesse s'était levée et habillée seule, emmitouflant ses épaules sous une lourde cape bordée de la plus douce des fourrures, de l'hermine, sa préférée. Son livre de prières sous le bras, parce qu'une jeune femme avisée ne sort jamais sans de quoi se protéger et que la parole Divine est une protection fort commode, ne serait ce que pour assommer un ennemi inconnu la silhouette gracile de l’Altesse Royale erre sur le campement, passant devant les tentes silencieuses, ou pas selon les activités qu'elle devine s'y dérouler, devant les feux de camps agonisant ou les gardes, pour la plus part endormis. Cheminant en silence, elle s'éloigne peu à peu du camp, allant jusqu'à gagner l'orée du bois avant de finir par s'installer sur un rocher plat, dans une clairière isolée pour admirer le ciel plein d'étoiles et la lune en croissant qui lui rappelle ses armes, les plus belles et élégantes qui soient, celle de la Maison Royale de Malemort figurant sur la cape qui l'enveloppe.

Le calme de la nuit qui incite au repos ne semble, toutefois, pas l'endormir. Trop de pensées, trop d'aspirations nouvelles naissent dans son esprit, trop de bouleversements ces derniers temps et d'interrogations sur ce que l'avenir lui réservera alors qu'il semble recéler plus d'inconnus qu'elle n'avait jamais put l'imaginer. Si, dans la journée, elle coules des heures de félicité en compagnie du plus charmant des Prince, le soir, son esprit prend le relais et lui impose trop de questions et d'interrogation. Ce soir là ne fera pas exception à la règle et le chant solitaire d'une chouette hululant dans la nuit n'est rien en comparaison de la ronde chantante qui tourne dans sa tête depuis l'épisode de leur fugue éperdue et de la taverne. En l'absence d'un confesseur à proximité, c'est dans sa pieuse lecture qu'elle espère trouver la réponse à ses doutes et la Paix de l'esprit, à la lueur de la déité tutélaire des Malemort, la Princesse ouvre donc son livre et commence à déchiffrer d'autres mots que "Philippe" dans les lignes de son ouvrage... avant de se rendre compte de son erreur. En fait de son livre d'heures, dans la pénombre de sa tente, c'est avec l'antique traité sur les simple, dont on disait qu'Agrippine en était l'occulte auteur, qu'elle était sortie. Tant pis pour Aristote, la Princesse devrait se rabattre sur l'étude de l'aconit. L'objet actuel de ses travaux et base des dernières décoctions qu'elle tâchait d'élaborer. Bien entendu, l'élaboration de substances mélangeant diverses variétés de simples et autres éléments toxique, afin de créer des produits aux capacités spécifiques n'était pas un passe temps dont elle avait l'habitude de faire étalage, cependant, la broderie l'ennuyait terriblement et, pour se défendre, il fallait être capable de blesser, pour protéger, il fallait savoir attaquer et pour guérir, être capable de tuer. De toute façon, elle n'avait encore jamais eut à utiliser ses drogues sur un sujet l'ayant mérité, en dehors de son neveu qui ne s'en tirait qu'à très bon compte et sans même savoir la punition dont il avait été l'objet, ce qui rendait la Némésis de Malemort plus que satisfaite. Mais, un jour, peut être, aurait-elle besoin de châtier plus durement. Et elle tenait à être prête, le moment venu... par conséquent, dénicher ce manuel s'était avéré un défi intéressant et sa lecture, appuyée de notes qu'elle prenait en préparation de futures expérimentations, un loisir fort peu commun mais bel et bien intéressant. Quelques heures de lecture sous la lune lui permettait certainement d'avancer sur l'élaboration de l’élixir sur lequel elle buttait depuis un bon mois.

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June
Dernière nuit avant le départ. Car c'était décidé, June allait repartir.
Ce jour-là, il avait perdu la partie contre sa suzeraine, la Duchesse Margot de Rivien Malzac d'Euphor - encore un nom à rallonge -, et il n'était pas homme à aimer le spectacle sans y participer, alors le paquetage était prêt. Plus qu'à le hisser sur les chevaux et à replier la tente à l'aube, et le départ serait fait au petit matin, juste avant le réveil des autres jouteurs. Ainsi, tout cela passerait discrètement, et on ne lui en voudrait pas de repartir un peu plus tôt que les autres ; au pire, il avait toujours une bonne excuse en stock. Restait qu'entre ce soir et le lendemain matin, le sommeil aurait du prendre sa place habituelle, et voilà que le grand blond se retournait encore et toujours sur sa couche. Au bout d'un moment, son impatience et lui en eurent bien assez de faire des tours et il se leva, maugréant que Morphée et son cycle lunaire pourraient bien aller se faire voir chez les grecs. Il s'habilla de façon simple, et décida de sortir sans faire de bruit, ne voulant pas déranger ses deux chevaux qui eux, dormaient comme des loirs. Maudites créatures au sommeil trop facile. Il manquait à ce point de dormir qu'il en devenait jaloux des équidés qui presque ronflaient tellement ils étaient paisibles.

Bah, tant pis. Il quitta le campement à pas de loups, une expression bien choisie pour un Sidjéno, et il se dirigea vers la clairière visitée quelques jours plus tôt lors d'une promenade. Elle avait l'air calme, apaisante, parfaite pour ce moment où il avait besoin de se calmer. Il s'installe dans l'ombre, assis, le dos contre un tronc et les jambes allongées. Il caresse l'herbe et les feuilles tombées de sa main gauche et s'affaire à sombrer dans des pensées qui lui plaisent bien. Peut-être que le calme au naturel sera plus soporifique.
Mais c'était sans compter une nouvelle présence, venue si près de la sienne qu'il se demanda même si elle ne l'avait pas vu. Mais non. Il tourna la tête vers l'entrée de l'individu. La femme, car il semblait que c'était une femme, s'installa à quelques mètres de sa cachette derrière l'arbre et sortit son bouquin comme si elle était dans son parc personnel. Dans l'obscurité, même si la lune éclairait un peu la clairière, il ne distinguait rien d'autre que sa silhouette. June, toujours amateur de discussion :


"Salut, vous habitez chez vos parents ?"

Sans compter sur le fait que c'était probablement un gros laideron en quête de fusion avec la nature, il n'avait que cette connerie-là à dire. En même temps, que dire d'autre à cette heure-là.
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Blanche_de_malemort
N'ayant put s’empêcher de tressaillir à la voix qui s’élève, au cœur de l'obscurité, la Princesse se retient de laisser échapper un "Aristote, c'est toi qui me parle ?", tout d'abord parce qu'elle n'imagine pas une seule seconde qu'Il puisse s'adresser à elle et aussi parce que si tel était le cas, il serait peut vraisemblable qu'Il l'interpelle de la sorte. La preuve étant faites qu'elle n'était pas en communication avec un envoyé du Très Haut, qui lui donnait pour mission de bouter les félons hors de France ou tout autre quête rebutante et fastidieuse qui la conduirait à finir brûler vive un jour de méchoui à Rouen, la Princesse Royale apaise son émoi en cherchant à percer l'obscurité qui l'entoure pour identifier la source physique du trouble sonore l'ayant arrachée à sa solitude supposée.


Depuis leur décès, chez eux est devenu moi, c'est plus simple pour le courrier.... mais qui va là ?


La question était idiote, elle prit conscience dés l'instant ou elle la posait. Qu'on lui réponde "Robert", "Baudoin" ou "Henri-Brice", cela ne changerait pas grand chose et elle passerait, quoi qu'il arrive pour une idiote. Une idiote qui se promène seule, la nuit, dans les bois, pour lire sous les étoiles. Sans même un garde ou, à défaut, un gourdin. C'est bien les gourdins, simple d'utilisation, pratique à transporter et fortement dissuasif. Pour le coup, en cas de danger, la Princesse ne pourrait compter que sur sa capacité à fuir -et courir dans les bois, dans le noir, avec une charmante paire de mules en chevreau aux pieds, c'était pas gagné- ou le fait d'appeler à l'aide -et là encore, malgré une paire de poumons conséquente, le fait que tout le campement soit endormi ne laissait rien présager de bon... Sans attendre, pour ne pas perdre la face et parce qu'elle ne voulait pas laisser à l'autre la possibilité de décider par quel coté venir l'égorger, elle enchaine.


Les vôtres ne vous ont jamais dit qu'il était fort impoli de surprendre une dame ?
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June
Apparemment, sa présence l'avait surprise. Bon, fallait souligner en même temps que les belettes et les sangliers qui pouvaient se promener dans le coin, peu parlaient la langue française. Et peu parlaient tout court, déjà. Bref. Il se releva doucement pour éviter de l'effrayer, au cas où elle serait armée et qu'elle déciderait de lui sauter dessus pour l'égorger. L'air pas plus dérangé que ça de venir l'importuner, il fit quelques pas dans sa direction, sans lui accorder un seul regard directement - il la surveillait quand même du coin de l’œil, sait-on jamais ! -, s'intéressant à frotter sa manche sur laquelle s'était accrochée quelques insecte nocturnes.

"Ah ça, c'est sûr que pour le courrier, ça facilite..."

Une banalité de plus. Mais encore une fois, que voulez-vous qu'il raconte ? Qui va là, qu'elle demande, la donzelle. C'était étrange, il avait déjà entendu cette voix quelque part, et son inconscient lui soufflait qu'elle n'était pas dans un souvenir des plus agréables. Mh... Étrange. Bon, il fallait quand même répondre à la question, au moins par bienséance.

"Euh... June. Et vous ? Quant à l'impolitesse, je vous ferais remarquer que j'étais là avant vous. Alors je vous retourne la question, vous m'avez sorti de ma sieste avec le bruissement des pages de votre bouquin, là."

Il désigna d'un mouvement du menton le livre qu'elle avait avec elle.
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Blanche_de_malemort
Amusée, la Princesse prend note, dans sa mémoire, de ce magnifique exemple de la mauvaise foi masculine tandis qu'elle lève ses yeux vers le ciel comme pour prendre la lune à témoin. Un pauvre manuel d'herboristerie qui causerait tant de bruit ? Au point de troubler le sommeil ? Et puis, quand on veut dormir, on s'installe dans un lit, sinon c'est inconvenant de reprocher à un tiers innocent la moindre once de culpabilité.


June ? Comme dans "June Sibello" ? Vous êtes un proche de Messire Kye non ? Le prétendant de ma soeur ! Nous nous sommes rencontré en taverne, il y a quelques temps !


Il lui semblait avoir croisé, un soir, en taverne, la dicte personne... Il y a plusieurs mois, sa mémoire lui envoyant des souvenirs embrumés d'une discussion et d'une personne assez sombre, peut être même caustique, ce qui avait fort divertit la Princesse. Quoi qu'il en soit, il ne s'agissait pas d'un inconnu, Blanche était rassurée sur ce point, un ami d'Elisa ne pouvait être un danger. Et la mauvaise foi n'avait jamais tué personne.


Ne savez vous pas qu'il convient de signaler sa présence afin de ne pas causer un trop fort émoi de surprise à une Dame ? J'aurais pu défaillir, si j'avais été d'une sensibilité exacerbée !


On peut se demander comment Blanche peut avoir cette capacité à occulter ce qui la dérange. A ignorer les menaces qu'elle rencontre, les offenses quand on lui en fait ou les injures.... La chose est simple, selon elle, si bien qu'elle n'a pas du tout perçu, lors de leur première rencontre l'ironie perçante du Seigneur berrichon, tout comme elle ignore tout des origines de cette dernière. En cet instant, Blanche est juste réjouie de rencontrer un visage connu et se montre accueillante et courtoise, comme toujours.


Mais je vous pardonne, venez donc vous assoir ! Puisque le sommeil vous fuit, tout comme il m'évite, nous pouvons en profiter et faire plus ample connaissance !
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June
Analyse de la réponse... Clic cloug paf tac badaboum. V'là ce que ça fait, dans la tête du blond, lorsque les engrenages remarchent d'un coup après avoir galéré un instant. Un proche de messire Kye, qui est le prétendant de sa sœur. Alors, d'une, messire Kye, c'est qui, déjà ? Ah oui, le paternel. Il avait tellement l'habitude qu'on lui dise "l'aut' con" qu'il mit quelques secondes à se rappeler du patronyme de son père. Son père, donc, qui est le prétendant d'une femme. Bien connue des services de CRS (Club de Renseignements des Sidjéno), c'est Elisa de Malemort. Elisa de Malemort, la sœur de... Ben, d'une Malemort. Et des Malemort, il n'en connaissait pas trente-six, bien que vu la famille ça aurait pu. Celle-là n'était pas Mélusine, elle avait l'air bien trop aimable au premier abord. Ce n'était pas Mélissandre non plus, pas assez boudinée. Restait...

"Blanche, c'est vous ? Mon Dieu. Je crois que j'aurais préféré tomber sur... Ben j'sais pas, en fait. Mais pas sur vous."

Déçu, il ne fit même pas attention au reproche et soupira. Il choisit de s'asseoir lui aussi, puisque c'est proposé si gentiment, et s'installe sur un bout de tronc d'arbre pas trop pourave. Il la regarde et l'écoute. Grand Dieu, faire plus ample connaissance... Elle est dingue, celle-là ! Mais soit.

"Profitons-en, alors. Vous n'arrivez pas à dormir ? Moi non plus ! Dingue, ça. J'sais pas si c'est le cycle lunaire ou ché pas quoi, mais c'est chiant."
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Blanche_de_malemort
Une Princesse ne dit pas "c'est chiant", tout d'abord parce qu'une Princesse s'exprime par image, à grand renfort de tournures élaborées, de phrases raffinées dans la construction désarticulée illustrera la rythmique gracieuse de son esprit éduqué. Ainsi, une Princesse ne dira pas "il faut chaud" mais "quelle journée particulièrement digne des flèches d'Hélios". Pour le "c'est chiant", il conviendra de mettre en lumière la pénibilité d'une nuit sans sommeil, d'une nuit privée de sa raison d'être et de la difficulté d'occuper son temps en cette période. Mais, pour ne pas ajouter à l'écho du Sidjeno, la Princesse se contente de hocher la tête.


Il est vrai que je n'ai que rarement l'heur de profiter de l'astre lunaire pour me promener. Cette nuit semble faire exception à la règle. Elle m'offre, nonobstant cette insomnie, le plaisir de votre compagnie, Messire June.


Car, pour Blanche, cela ne pouvait qu'être un plaisir de retrouver un parent par alliance, ce qu'ils étaient puisqu'Elisa et Kye finiraient bien pas se marier un jour ou l'autre. Et puis leur précédente rencontre avait été fort brève et la jeune femme ne connaissait pas grand chose du Seigneur Berrichon. Il convenait donc de réparer ce manquement et de songer à se faire de lui un allié dans le dessein de hâter l’avènement des épousailles !


Avez vous croisé ma soeur et Messire Kye dernièrement ? Je crois pouvoir assurer qu'ils auront la grâce de s'unir avant la fin de l'année. Ne serait ce pas merveilleux ? Bien sur, les noces devront avoir lieux à Maintenon, ce sera charmant, j'en suis persuadée !


Etait ce sa propre situation qui la changeait en organisatrice de mariage féroce ? Blanche aimait à songer "jupons de tulle", "corsage brodé", "colombes" et "troubadours entonnant des cantiques"...Elle était trop jeune pour se souvenir du dernier mariage ayant eut lieux dans la famille, Elisa se devait donc de faire la joie de toute le monde en acceptant de s'unir à nouveau.
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June
Trop de mots en langage soutenu pour June. Ben quoi, fallait le comprendre ! Il se coltinait les pécores berrichons à longueur de journée, alors quand il tombait sur une représentante de l'espèce proute-proute, il lui fallait un bon instant pour s'adapter. Il était vrai qu'elle avait un rang à tenir, et qu'une Princesse qui cause comme un charretier, ça fait moyen. Bon, d'accord. Mais même la nuit, elle ne se lâchait pas ? Au moins un petit peu ? Quelle mauvaise éducation. Voilà comment on crée des êtres frustrés !

"Astre lunaire ou pas, c'est toujours sympa de se balader la nuit. Il fait frais, on entend bien la nature tout en profitant d'un certain calme, d'un presque silence agréable. Enfin, je trouve ! Enfin, si ça vous fait plaisir que je sois là, ça me fait plaisir d'être là aussi."

Il n'avait rien trouvé de mieux à dire. Bon, il détestait les Malemort, c'était un fait. Surtout la daronne, cette morue dégingandée, cette mauvaise gourgandine, cette sale puterelle, cette vilaine coureuse de remparts, cette gueuse, cette maudite ribaude, cette royale orchidoclaste ! Pendant qu'il continuait de remplir la liste d'insultes à l'attention de feu Nebisa dans sa tête, Blanche continuait de causer ; et quand il se mit à la réécouter, il eut un haut le coeur et faillit rendre son dîner. L'union d'Elisa et Kye ?!

"Euh, non, euh, pas dernièrement, disons. S'unir, euh, vous croyez ? Avec une telle différence d'âge ? En plus ce n'est qu'un roturier, voyons. Une Duchesse qui s'unit à un roturier ! En plus, après avoir déjà eu un enfant ensemble, un bâtard. Quelle hérésie, hahaha."

C'était là - et pour l'instant - la version polie de "Mais vous êtes complètement folle ma pauvre fille ! N'importe quoi ! S'unir à une Malemort, mais quelle connerie, quelle infamie, quelle..." Bref, c'était la version diplomatique.
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Blanche_de_malemort
Bien loin de pouvoir se figurer les pensées du Héraut à ses cotés, la Malemort repousse d'un geste de la main les objections qu'il lui formule. Tout ceci n'a pas d'importance, Elisa pourrait épouser un ménestrel dés lors qu'il fait son bonheur. Certaines familles cherchent à accroitre leur renommée, leur fortune ou leurs quartiers de noblesse par le mariage et d'autres, comme la sienne, n'ont nul besoin de ces artifices. En vérité, le seul obstacle à cette union venait de la mariée, enfin préposée au rôle de mariée. Ce que Blanche ne s'expliquait pas, tant son opinion sur les bénéfices qu'offrait l'union matrimoniale était forte. Peut être parce qu'elle n'avait jamais été épousée, ceci dit. Quoi qu'il en soit, soucieuse de ne pas se montrer impolie, elle finit par rompre le silence de sa réflexion.


Vous êtes fort urbain et je vous remercie de votre courtoisie. Mais, rassurez vous, votre maison ne saurait être indigne d'une union avec la mienne. Si ma soeur juge que Messire Kye a les qualités de coeur nécessaire pour qu'il soit son compagnon, nous ne pouvons que recevoir à bras ouverts celui qu'elle chérit . Et puis, si le bois dont était fait les véritables Altesses servaient à nos couronnes, je ne sais si les nobiliaires seraient aussi vastes et tant de fronts, couronnés. Mais brisons là, je suis persuadée qu'Elisa se rangera à nos vues, un jour ou l'autre !


Oui, oui : "nos", il était évident pour l'Altesse Royale que le "nos " s'imposait, comment aurait il put en être autrement ? Ce qu'elle voulait, Blanche avait pour habitude de l'avoir, non pas parce qu'elle était une Princesse, la chose tendait à devenir sinon commune, du moins répandue, mais parce qu'elle ne formulait jamais que des attentes raisonnables et légitimes. Bien sur, le fait d'être la plus riche héritière, indépendante et sans aucune autorité familiale autre que la sienne à qui obéir, cela pouvait aider... un peu.


Mais, dites moi, par quelle facétie du destin, un berrichon arrive-t-il à servir la couronne de France en tant que Héraut ? J'imagine que cela vous vaut quelques inimitiés sur place. Si votre personne venait à être menacée, n'hésitez pas à me le faire savoir, les Malemort ne peuvent supporter l'iniquité et vous êtes presque déjà de la famille, vous aider sera un devoir autant qu'un plaisir.


Les facéties du destin... charmante litote, c'était ainsi que Blanche appelait pudiquement les choses qui semblaient échapper à toute force logique. Cependant, un héraut berrichon, à défaut d'un Héraut du Berry, semblait donner de bonnes indications quant au retour du Duché dans le giron chaleureux de la Couronne. Un inexorable dénouement, puisque telle était la volonté divine.
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June
Fort urbain ? Elle aurait dit qu'il était fort en pomme, il aurait mieux compris. Fort urbain... Genre, un gars de la ville ? Norf, il n'y avait rien à y comprendre, à ce vocabulaire royalo-limousin, si ça venait bien de là. Il ne put s'empêcher de se fendre d'une grimace non dissimulée lorsqu'elle évoqua une possible union entre les Malemort et les Sidjéno. Déjà qu'il y avait eu union charnelle... Par chance, l'enfant était un bâtard et il espérait qu'il le resterait. Qu'Elisa reste dans ses retranchements, June se dévouerait pour lui rappeler feu Rotule de temps en temps, si c'était ce souvenir qui la démotivait à s'unir de nouveau. Héhéhé. Il était parfaitement diabolique, et il aurait fait partie d'un réseau social moderne, il aurait mis "J'aime" à son propre statut. Si si. La classe à Las Vegas et à Dallas. Même s'il n'avait aucune idée d'où c'était.

"Ah non, mais il ne s'agit pas de dignité. Voyez, j'ai peu envie que ma maison mélange de trop son sang avec celui des descendants de celle qui fut mon bourreau. Comprenez mon inimitié avec ce genre de pratiques. M'enfin, par chance, mon père n'est pas de la branche héritière des Sidjéno, grand Dieu... J'apprécie les histoires d'amour, mais il y a des limites au déshonneur."

Il fallait bien lui dire qu'il n'était pas d'accord avec son point de vue, car si elle continuait de croire qu'ils étaient sur la même longueur d'onde et qu'elle poursuivait cette conversation sur le mariage et l'union et tout ce qu'il s'en suivait, il allait finir par gerber. Et ce serait dommage de lui vomir sur les pompes quand on sait, avec l'expérience de tisserand, combien vaut une telle paire de chausses. Enfin, au moins, elle changeait de sujet. Soit ! Alors, de quoi allons-nous parler ? ... Ah.

"Mh... Disons que... Comment expliquer ? Ah, oui : parfois, il arrive d'avoir un parent un peu malade, dément, qui raconte n'importe quoi, qui se met en danger mais que vous aimez bien quand même. Du coup, vous continuez à vous en occuper, à en prendre soin autant que vous pouvez pour ne pas qu'il parte trop vite dans le néant. Mais en parallèle, hélas, il faut bien continuer de vivre, et vivre parmi les valides. Ca ira ?"

C'était assez flou pour l'embrouiller et assez explicite pour la désembrouiller. Quant aux inimitiés sur place, les berrichons étaient bien trop occupés à de futiles choses comme la tenue d'une hérauderie indépendante ou de nouvelles règles de dictature pour avancer dans la vie.
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Blanche_de_malemort
Bourreau ? Le terme fait tressaillir l'héritière. Ce n'est jamais chose agréable de rencontrer ceux qui avaient approché "Sa Majesté Maman"... pendant des années, Blanche avait eut des crampes au ventre à chaque fois qu'elle énonçait son identité, sachant que rarement son nom laisserait indifférent. Soit elle entendrait des louanges la faisant se sentir bien insignifiante et indigne, soit elle serait face à des gens hostiles, reportant sur elle une guerre dont l'armistice reposait à Saint Denis, dans un tombeau de marbre. Ou encore, c'était peut être le pire, elle croiserait un ancien amant, réel ou fantasmé. Comment une fille peut elle saluer un ancien amant de sa mère ? Blanche avait opté pour "vous auriez put être mon père alors ?" la chose mettait souvent dans l'embarras l'interlocuteur et la Princesse pouvait passer son chemin vivement. Enfin là, quoi qu'il en soit, ce n'était pas le scénario, ce doit Blanche était reconnaissante au Très Haut, pour autant, elle ne pouvait laisser passer le terme sans le relever. C'eut été lâche et Blanche ne pouvait se le permettre.


Ne pensez vous pas que vous exagérez, Messire ? Sans vous faire subir le laïus sur le sang bleu, le sang royal et tout ce qui va avec, je ne crois pas que ma mère fut jamais le bourreau de personne. Elle avait trop d'honneur pour cela ! Ma mère était une pacifiste, et la guerre contre Feu le Ponant, une nécessité qui s'imposait.... mais certainement pas par la faute de la Couronne de France.


Le reste du discours lui paraissait un imbroglio dépourvu de sens, il eut cependant l'heur d'arracher un sourire à la Princesse qui y voyait un dialecte local, une sorte de patois berrichon, le "Norf" rendu célèbre, au fil du temps, par tous les troubadours. En résumé, la Princesse y compris que le héraut avait charge de famille, devant prendre soin d'un parent âgé et sénile et que sa charge royale devait lui permettre de l'entretenir. Certainement grâce aux rentes qu'elle prodiguait. La chose était fort noble et méritant.


Je comprend votre position, c'est admirable, ce que vous faites pour votre parent. J'espère que votre charge vous procure quand même un plaisir compensant son poids.
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June
Il avait réussi à l'embrouiller assez avec l'histoire de papy Berry et ça lui allait bien. Si elle pouvait éviter de trop poser de questions sur le fait d'être à la fois Président du parti indépendantiste berrichon FIER et Héraut d'Armes Royal, ça l'arrangerait bien. Surtout qu'elle devait être l'une des seules à se poser la question.

"Je prends plaisir à la vie quand même, ne vous inquiétez pas pour moi... La guerre est parfois nécessaire, parfois de trop, mais ce qu'il s'y passe dans les détails relève bien de ceux qui dirigent. Pour revenir sur votre maternelle, elle m'a laissé un sympathique souvenir qui me permet de vous affirmer que le passe-temps de bourreau, du moins de commander des choses qu'un bourreau aime faire, était assez important à ses yeux. Je n'en suis pas mort, c'est sûr, mais j'ai une envie indescriptible de vengeance. Je pense que l'honneur, hélas, n'était pas sa principale qualité."

C'était tout ce qu'il avait à dire. Il évita de préciser que, comme Nebisa était morte et enterrée, sa vengeance se reportait sur ses descendants. Mais, curieusement, il n'avait - pour l'instant - pas nécessairement envie de tuer Blanche ; sa compagnie était tout au plus divertissante en cette nuit de manque de sommeil, et ça lui allait bien comme cela.
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Blanche_de_malemort
Silencieusement, la Princesse s'interroge, ainsi que cela lui arrive parfois. Avec profondeur, elle tâche de statuer sur le point qui avait éveillé son intérêt. Était il sain d'entretenir de la rancoeur vis à vis de quelqu'un que la mort rendait éternellement inatteignable ? Et, dés lors qu'une vengeance ne se pouvait assouvir, comment ne pas se consumer dans un besoin impossible à satisfaire ? La chose était absolument intense, malsaine et vaine et ce manque de logique ébranlait les certitudes de Blanche qui, elle, n'avait encore jamais connu ni la haine, ni le désir de vengeance. Ce sentiment là, elle n'en connaissait que la définition, la description, elle s'en imaginait le gout, la force et saveur.


Ma nature filiale ne peut souscrire à vos paroles, cependant, par soucis de respecter vos vues, je crois qu'il serait vain d'argument, en retour, sur l'honneur de celle que je n'ai jamais vue autrement que comme la mère que je chérissais follement. Autant dire que je ne la voyais que dans les moments ou elle cessait d'être la Reyne de France et, avant cela, le Grand Chambellan, Pair et Maréchal d'armes héraldiques de la Couronne... Cependant, il me semble évident que vos propos recèlent une vilaine menterie.

Comment pourriez vous nourrir l'idée de vous venger de quelqu'un que la mort rend absolument et éternellement hors de votre portée ? Quand bien même auriez vous nourrit l'idée de parvenir à attenter au Salut de la Reyne de France, de son vivant et,en admettant que votre désir soit légitime.



Bien sur, toute à son innocence et la pureté de son amour filial... Blanche de Malemort, ayant hérité du prédicat d'Altesse Royale, Première Princesse de France, chef de famille et prodigieusement riche du fait des rentes de ses nombreuses terres et fiefs avait aussi à l'esprit cet héritage secret et que nul ne pouvait deviner. Ce savoir ancien, dangereux et dévastateur pour lequel elle s'était prise d'une froide passion et qui, jadis, avait valut à celle qui n'était encore qu'une gueuse païenne quelques démêlées avec l'Inquisition.... Le recueil des enseignements sur les simples et leurs usages, rédigé par Nebisa au fil de son existence était un codex particulièrement pédagogique. Blanche y avait appris nombre de recettes d'onguent pour entretenir l'éclat de la peau et la jeunesse du teint ainsi que moultes recettes d’élixir et de cataplasmes pour lutter contre les fièvres et les infections mais c'était la partie sur les poisons, sous toutes leurs formes et dans une gamme d'usage prodigieusement diversifiées qui avaient particulièrement éduqué Blanche sur ce pan, méconnu, par chance, de ce qu'impliquait l'héritage Malemortien... Oh oui, s'en prendre à Nebisa de Malemort ne fut jamais chose aisée, qu'elle fut sur le Trône ou à ses pieds. Et cette leçon là, la mère était parvenue à l'enseigner à son héritière...

Omnia vincit Malemort.... Malemort triomphe de tout.

Même d'une haine posthume. Telle était la conclusion qu'en faisait Blanche, non sans détailler les traits du visage du seigneur berrichon afin d'en percer les mystères, de saisir les nuances de son cheminement de pensées et de savoir s'il pourrait devenir, ou pas, une menace potentielle, moins pour elle même, elle se pensait intouchable, que pour les siens.

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June
Il l'écoute parler d'un air très calme. Elle avait raison, en un sens : à présent, Nebisa était hors de portée, et dévaliser son tombeau ne lui ferait pas grand dommage. Mais c'était le symbole qui l'intéressait. Après tout, Nebisa n'avait été qu'une femme comme les autres ; mais c'en était une à qui l'on avait donné bien trop de pouvoir qu'elle ne savait en gérer. Et si quelqu'un dans le coin croyait assez fort au fait que l'on a en soi une partie de bien et une partie de mal, c'était bien June. Ainsi, si l'on poussait un peu l'explication, l'ancienne Reyne s'était laissé déborder et était passée du côté obscur, un côté qui, finalement, lui allait et lui plaisait bien.

"Vous savez, l'ambition et la vengeance ont toujours faim, dit-on. C'est une sorte de sentiment qui pousse à aller plus loin, toujours plus loin. Aussi, si effectivement je ne puis plus me venger de quoi que ce soit concernant votre mère, qui vous dit que je ne pourrais pas vous assassiner vous, là, maintenant ? J'aurais très bien pu vous suivre, vous contourner, vous précéder dans cette clairière et faire semblant de vous adresser la parole tel un insomniaque comme les autres. Ne trouvez-vous pas étrange que votre sœur Elisa voue un amour indéfectible à un homme qui n'est autre que mon père ? Saviez-vous que votre jeune sœur Mélissandre était venue me visiter jusque chez moi, est montée jusque dans les plus lointains couloirs de ma Maison ? Vous savez, il y a bien des choses où l'on pourrait trouver des coïncidences troublantes dans vos histoires et les miennes."

Une pause. Et il reprit :

"Après tout, à défaut d'avoir la mère, ma soif de vengeance ne pourrait-elle pas se rassasier de quatre de ses enfants, parmi ceux en qui elle croyait le plus ? Une Malemort ou une autre, après tout... C'est son sang qui coule dans vos veines. Quelle différence ?"

Et tout ça déclamé d'un air très calme, trop peut-être, du moins impassible. Il pose ses yeux bleus sur elle, l'observe.
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Blanche_de_malemort
Était-ce cela le danger ? Inclinant légèrement la tête sur le coté, Blanche réfléchit, analyse. Elle ne se sent pas effrayer, son souffle ne s'est pas accéléré et elle ne ressent aucune douleur. Elle n'a donc pas peur. Son existence serait-elle menacée ? Ridicule, il n'y a point de péril imminent et ce ne sont pas quelques allusions qui feront naitre l'effroi dans son cœur. Messire Kye fendrait en deux le premier qui oserait menacer Elisa, point besoin d'être devin pour le savoir. Quant à Mélissandre, son maladif besoin d'être, en permanence, le centre d'attention, l'héroïne, la victime, celle qui l'on plaint, défend ou dont on panse les plaies après les avoir looonguement énumérées, il n'était que facile de l'attirer là ou n'importe quelle personne intelligente ne se serait jamais aventuré.


La différence, Messire, c'est que lorsque je convoite un saphir, je n'ai aucune envie de me satisfaire d'une citrine. Alors soit votre désir de vengeance est réel, concret et profond, auquel, il ne sera jamais satisfait et vous condamne à la frustration. Soit, il n'est qu'une excuse pour vous accrocher sciemment à un état d'esprit que, pour des raisons qui ne concernent que vous, vous refusez d'abandonner. Et là, effectivement, vous pouvez décider, arbitrairement, qu'une cible en vaut une autre, hors, nous savons tous les deux que tel n'est pas le cas. Il ne s'agira pas de vengeance, mais d'homicide, donc de veulerie.


Avec un sourire mutin, la Princesse de par le sang fixe un instant l'ancien Ponantais, incarnation vivante, à son corps défendant, de la plus éclatante des victoires de sa mère, légitimation de son règne et de tout ce en quoi elle avait cru, ce pour quoi elle s'était battue... Mais ces considérations là sont presque trop politique pour Blanche dont le rôle dans l'existence se limite à être une riche héritière, insouciante et délivrée de l’inquiétude des vicissitudes matérielles.


Vous vous trompez, cependant, ma mère était une femme unique, aucune de ses descendantes ne l'égalera jamais, quand bien même elle tenterait de l'imiter. Nous ne pouvons, tout au plus, qu'espérer nous montrer digne de son exemple et faire notres les valeurs qui furent siennes. Bien que je doute de plus en plus que l'attrait des plaisirs superficiels de ce monde ne soit un obstacle rédhibitoire au regard du peu d'attrait que l'Honneur et l'Abnégation peuvent avoir pour les esprits les moins bien constitués. Encore que, tout ceci ne compte guère, pour les gens du commun, un Malemort se substituera toujours à une autre et notre nom ne s'éteindra jamais. C'est tout ce qui importe. Notre insignifiance individuelle est éclipsé par l'immortalité de notre nom.
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