Pepin_lavergne
[Last Friday night
Yeah we danced on tabletops
And we took too many shots]
Ils venaient juste de rentrer de leur affrontement amical. Tout le monde s'était pris quelques coups, mais tout le monde avait aussi bien rigolé. Et c'était ça l'essentiel. Personne n'avait cherché à faire mal, le but étant de s'amuser. Et c'était bien ce qui s'était passé.
La nuit tomberait dans quelques heures. Une ou deux, pas davantage. L'heure idéale pour faire ce qu'ils avaient à faire en ce début de soirée du 29 mai de l'an 1463. A savoir, préparer une fête. Pas une fête pour le plaisir de faire la fête, bien que ce soit le cas, quelque part. Non, cette fête-là, c'était en l'honneur de Kachina qu'ils la faisaient. Kachina qui, pour faire les choses bien, n'était pas au courant. Parce que Pépin avait décidé de faire les choses en grand, en immense, en majestueux. Mais il n'avait pas beaucoup d'argent. Alors ce serait du majestueux sauce auvergnate.
Pépin s'était arrangé pour que Kachina soit occupée ailleurs. Il avait demandé à Néo de se charger de sa cousine, de l'éloigner de la plage. Et il profitait de l'absence de la Louve pour préparer les lieux. Ce n'était pas grand-chose, en vérité. Une table à tréteaux, plantée dans le sable, couverte de plats. Il y avait des pâtés en croûte, des pâtés de faisans et d'autres de perdrix, des sardines grillées et des maquereaux, de la truite en gelée et des crevettes à l'aïoli, en souvenir de Bibus et son histoire d'amour compliquée. Il y avait aussi des radis, des fraises bien rouges, et des petits pains aux herbes.
Ce n'était pas tout, Il y avait des tonneaux, déjà mis en perce. Bière moussue et vin rouge en quantité raisonnable pour une vingtaine de personnes. De quoi tenir, normalement, toute la soirée, jusqu'à une certaine partie de la nuit.
Question décoration, Pépin avait opté pour une profusion de lanternes. Suspendues aux branches des pins environnants, ou posées simplement par terre, la lueur des chandelles dansait dans l'air crépusculaire. La table à tréteaux était couverte d'une nappe blanche, très simple, qui voletait, agitée par la brise marine. Le tout créait une ambiance des plus charmantes. C'était tout à fait bucolique. Bucolico-maritime, pour être exact.
Tout était donc fin prêt. Ou presque. Les poings plantés sur les hanches, Pépin regardait les deux costauds chargés de dresser la banderole. Accrochée à deux épais poteaux de bois, le drap découpé depuis peu portait l'inscription « Vive notre Kachina », peint sur le tissu en vert, comme ses yeux.
Les deux bonhommes parvinrent enfin à faire tenir le tout, et Pépin les remercia, leur proposant à boire. Maintenant, c'était terminé. Il ne manquait plus que Kachina, bien sûr. Mais également tous les amis que l'Auvergnat avait invité à la fête. Toutes les connaissances de sa cousine avaient reçu une invitation, à peu près la même pour chacun d'entre eux. Voilà, surtout, le véritable cadeau qu'il faisait à Kachina. Réunir autour d'elle tous ceux qu'elle aimait.
Tandis que les musiciens, engagés tout spécialement pour l'occasion, se réunissaient dans un coin, Pépin tira sur le gilet en laine tissée, bleu foncé, qu'il portait ce soir-là par-dessus sa chemise blanche. Il était propre comme un sou neuf, avec ses braies lavées de frais et ses bottes cirées, quoi qu'elles soient déjà salies par le sable. Quant à ses cheveux Il avait vaguement essayé de les coiffer, ne serait-ce qu'un peu. En vain, bien sûr. Il pouvait autant discipliner ses épis en bataille que changer l'Auvergne de place. Ses cheveux bruns partaient donc, comme de coutume, dans tous les sens, comme s'il s'était pris un coup de vent particulièrement violent en pleine figure. Mais ce n'était pas si grave, et de toute façon, Hélona les aimait comme ça, alors
L'Auvergnat vérifia que son carnet était toujours coincé à sa ceinture. Il y avait inscrit le discours qu'il voulait déclamer devant tout le monde, à l'instant où Kachina apparaîtrait. Ce qui ne serait pas tout de suite. Il fallait déjà que les invités arrivent, avant d'aller la chercher. Pourvu, songea le jeune homme, qu'ils se radinent vite fait. Manquerait plus que Kachinette surgisse, et que personne ne soit là. Il aurait l'air fin, le Pépin.
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Yeah we danced on tabletops
And we took too many shots]
- Marseille, vendredi 29 mai 1463
Ils venaient juste de rentrer de leur affrontement amical. Tout le monde s'était pris quelques coups, mais tout le monde avait aussi bien rigolé. Et c'était ça l'essentiel. Personne n'avait cherché à faire mal, le but étant de s'amuser. Et c'était bien ce qui s'était passé.
La nuit tomberait dans quelques heures. Une ou deux, pas davantage. L'heure idéale pour faire ce qu'ils avaient à faire en ce début de soirée du 29 mai de l'an 1463. A savoir, préparer une fête. Pas une fête pour le plaisir de faire la fête, bien que ce soit le cas, quelque part. Non, cette fête-là, c'était en l'honneur de Kachina qu'ils la faisaient. Kachina qui, pour faire les choses bien, n'était pas au courant. Parce que Pépin avait décidé de faire les choses en grand, en immense, en majestueux. Mais il n'avait pas beaucoup d'argent. Alors ce serait du majestueux sauce auvergnate.
Pépin s'était arrangé pour que Kachina soit occupée ailleurs. Il avait demandé à Néo de se charger de sa cousine, de l'éloigner de la plage. Et il profitait de l'absence de la Louve pour préparer les lieux. Ce n'était pas grand-chose, en vérité. Une table à tréteaux, plantée dans le sable, couverte de plats. Il y avait des pâtés en croûte, des pâtés de faisans et d'autres de perdrix, des sardines grillées et des maquereaux, de la truite en gelée et des crevettes à l'aïoli, en souvenir de Bibus et son histoire d'amour compliquée. Il y avait aussi des radis, des fraises bien rouges, et des petits pains aux herbes.
Ce n'était pas tout, Il y avait des tonneaux, déjà mis en perce. Bière moussue et vin rouge en quantité raisonnable pour une vingtaine de personnes. De quoi tenir, normalement, toute la soirée, jusqu'à une certaine partie de la nuit.
Question décoration, Pépin avait opté pour une profusion de lanternes. Suspendues aux branches des pins environnants, ou posées simplement par terre, la lueur des chandelles dansait dans l'air crépusculaire. La table à tréteaux était couverte d'une nappe blanche, très simple, qui voletait, agitée par la brise marine. Le tout créait une ambiance des plus charmantes. C'était tout à fait bucolique. Bucolico-maritime, pour être exact.
Tout était donc fin prêt. Ou presque. Les poings plantés sur les hanches, Pépin regardait les deux costauds chargés de dresser la banderole. Accrochée à deux épais poteaux de bois, le drap découpé depuis peu portait l'inscription « Vive notre Kachina », peint sur le tissu en vert, comme ses yeux.
Les deux bonhommes parvinrent enfin à faire tenir le tout, et Pépin les remercia, leur proposant à boire. Maintenant, c'était terminé. Il ne manquait plus que Kachina, bien sûr. Mais également tous les amis que l'Auvergnat avait invité à la fête. Toutes les connaissances de sa cousine avaient reçu une invitation, à peu près la même pour chacun d'entre eux. Voilà, surtout, le véritable cadeau qu'il faisait à Kachina. Réunir autour d'elle tous ceux qu'elle aimait.
Tandis que les musiciens, engagés tout spécialement pour l'occasion, se réunissaient dans un coin, Pépin tira sur le gilet en laine tissée, bleu foncé, qu'il portait ce soir-là par-dessus sa chemise blanche. Il était propre comme un sou neuf, avec ses braies lavées de frais et ses bottes cirées, quoi qu'elles soient déjà salies par le sable. Quant à ses cheveux Il avait vaguement essayé de les coiffer, ne serait-ce qu'un peu. En vain, bien sûr. Il pouvait autant discipliner ses épis en bataille que changer l'Auvergne de place. Ses cheveux bruns partaient donc, comme de coutume, dans tous les sens, comme s'il s'était pris un coup de vent particulièrement violent en pleine figure. Mais ce n'était pas si grave, et de toute façon, Hélona les aimait comme ça, alors
L'Auvergnat vérifia que son carnet était toujours coincé à sa ceinture. Il y avait inscrit le discours qu'il voulait déclamer devant tout le monde, à l'instant où Kachina apparaîtrait. Ce qui ne serait pas tout de suite. Il fallait déjà que les invités arrivent, avant d'aller la chercher. Pourvu, songea le jeune homme, qu'ils se radinent vite fait. Manquerait plus que Kachinette surgisse, et que personne ne soit là. Il aurait l'air fin, le Pépin.
Last friday night, Katy Perry
Vendredi soir dernier
Ouais, on a dansé sur les tables
Et nous avons bu trop de coups
Vendredi soir dernier
Ouais, on a dansé sur les tables
Et nous avons bu trop de coups
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