Axelle
S'il avait voulu la mettre sens dessus dessous, le Marquis n'aurait pas pu faire mieux. Savait-il effet dévastateur de ses mains roulant sur elle tout en lui parlant d'aimer avec... La tête, évoquant la possibilité de ne plus la toucher ? Cette équivoque la consumait comme un feu de paille sèche, la laissant se débattre avec la pointe de ses seins dressée quémandant la douceur de cette bouche occupée à énoncer des théories que son esprit, soumis à un engourdissement poisseux, peinait à comprendre.
Pourtant, tel un chapelet de petites perles rondes, il déposait au creux de la paume manouche tout ce qui aurait fait d'elle la plus heureuse des femmes. Sur le fil de sa voix, il brodait son désir du bout de ses doigts savants et ourlait son amour de baisers aussi délicats que ravageurs. Sous la frange de ses cils attentifs, il offrait son âme. Il aurait juste suffit à la gitane de refermer la main. De tout prendre et d'étancher sa soif de lui, tout entier, jusqu'à l'ivresse. Juste refermer sa main, dénouer les cordons de soie et chuter sous l'ordre impérieux du froissement du velours s'éparpillant au sol. Comme il aurait facile, comme il aurait doux, de rejeter d'un haussement d'épaules ce vieux barbu tout juste bon à lembarrasser. Comme il aurait été douillet de refuser de voir l'accablement navigant dans les prunelles nobiliaires. Oui, qu'il aurait été simple d'être seulement avide.
Mais l'Amour, dans son cortège, trimballait une perfidie digne des maléfices les plus obscurs. Ô, qu'elle en aurait ri, si le Marquis lui laissait la chance d'être cette gitane indifférente, provocante et sensuellement libertaire. Mais de quelques mots, de sa seule présence, il la sculptait à l'image de ces donzelles au cur éclatant et idiot, bondissant à chaque illade. Il la modelait en ces romantiques indécrottables et l'Amour, perfidement, l'épluchait de son égoïsme pourtant si protecteur, la prenant au piège de ne trouver son bonheur que dans le reflet de celui qui mettait à sac toutes ses belles certitudes licencieuses. Au point qu'une ligne de conduite, si impensable qu'elle s'en trouvait irréelle, sinuait doucement jusqu'au tempes manouches, lui coupant furtivement la respiration sous l'implacable violence qu'elle traînait avec elle. Pas encore. Pas de suite. La gitane la retint encore, s'accordant, le temps d'une hésitation, le droit d'une ultime question.
Les doigts bruns accrochés plus fort encore au riche habit, d'un élan aussi désespéré que sauvage, ses lèvres assaillirent celles tant aimées, longtemps, aveuglement, jusqu'à ce sa vie entière semble rassemblée à l'ombre de leur seule saveur. Puis le regard baissé sur les bottes cirées, elle recula d'un pas laissant la voix rauque et basse égrainer doucement.
Mon irruption dans votre vie vous apporte-t-elle plus de tourment que de joie ? Elle remonta les yeux pour les accrocher à cette bouche encore luisante du baiser, de laquelle coulerait le verdict.
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Pourtant, tel un chapelet de petites perles rondes, il déposait au creux de la paume manouche tout ce qui aurait fait d'elle la plus heureuse des femmes. Sur le fil de sa voix, il brodait son désir du bout de ses doigts savants et ourlait son amour de baisers aussi délicats que ravageurs. Sous la frange de ses cils attentifs, il offrait son âme. Il aurait juste suffit à la gitane de refermer la main. De tout prendre et d'étancher sa soif de lui, tout entier, jusqu'à l'ivresse. Juste refermer sa main, dénouer les cordons de soie et chuter sous l'ordre impérieux du froissement du velours s'éparpillant au sol. Comme il aurait facile, comme il aurait doux, de rejeter d'un haussement d'épaules ce vieux barbu tout juste bon à lembarrasser. Comme il aurait été douillet de refuser de voir l'accablement navigant dans les prunelles nobiliaires. Oui, qu'il aurait été simple d'être seulement avide.
Mais l'Amour, dans son cortège, trimballait une perfidie digne des maléfices les plus obscurs. Ô, qu'elle en aurait ri, si le Marquis lui laissait la chance d'être cette gitane indifférente, provocante et sensuellement libertaire. Mais de quelques mots, de sa seule présence, il la sculptait à l'image de ces donzelles au cur éclatant et idiot, bondissant à chaque illade. Il la modelait en ces romantiques indécrottables et l'Amour, perfidement, l'épluchait de son égoïsme pourtant si protecteur, la prenant au piège de ne trouver son bonheur que dans le reflet de celui qui mettait à sac toutes ses belles certitudes licencieuses. Au point qu'une ligne de conduite, si impensable qu'elle s'en trouvait irréelle, sinuait doucement jusqu'au tempes manouches, lui coupant furtivement la respiration sous l'implacable violence qu'elle traînait avec elle. Pas encore. Pas de suite. La gitane la retint encore, s'accordant, le temps d'une hésitation, le droit d'une ultime question.
Les doigts bruns accrochés plus fort encore au riche habit, d'un élan aussi désespéré que sauvage, ses lèvres assaillirent celles tant aimées, longtemps, aveuglement, jusqu'à ce sa vie entière semble rassemblée à l'ombre de leur seule saveur. Puis le regard baissé sur les bottes cirées, elle recula d'un pas laissant la voix rauque et basse égrainer doucement.
Mon irruption dans votre vie vous apporte-t-elle plus de tourment que de joie ? Elle remonta les yeux pour les accrocher à cette bouche encore luisante du baiser, de laquelle coulerait le verdict.
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