Esteban.
La journée avait si bien commencée. Toute la famille ou presque avait décidé d'aller au match de soule que leur père arbitrait, seule Patience avait refusé. Pourtant Linor avait essayé de la convaincre de venir pour étudier ou pour lire dans les gradins et lui il avait essayé de lui expliquer une nouvelle fois, les valeurs de la soule. Mais rien n'y avait fait. Elle était bornée parfois. Lui, ne comprenait pas qu'on ne puisse pas aimer la soule. Leur père avait accepté de la laisser à la maison et c'est donc en charrette que lui, Georges et Linor étaient partis, alors que leur père les accompagnait sur son cheval. Il avait choisi de leur laisser la charrette pour le cas, où ils souhaitaient rester à la fête plus tard que lui. Il faut avouer qu'il avait sacrément insisté pour cela et que son regard d'Inuki avait fait le reste. Il aimait bien faire ce regard là qui faisait rire son père quand il voyait son dernier fils faire comme le vieux chien de la famille. Il faut dire que le jeune garçon, rêveur, passait beaucoup de temps avec les trois chiens. Et il avait remarqué qu'ils tournaient la tête d'une certaine façon pour quémander quelque chose. Et ça marchait le plus souvent, surtout lorsqu'ils regardaient la tête baissée mais les yeux levés. Esteban était un expert à ce jeu là.
Le match avait été super. Il était déçu de ne pas pouvoir faire comme son cousin et participer sur le terrain, mais son père lui avait dit qu'il fallait faire parti soit de la Prévôté soit de la COBA. Et comme, il n'était pas membre d'une de ses deux corporations, ce n'était pas possible. Il n'avait pas compris non plus pourquoi, on l'avait radié de l'équipe de Clermont, sans le prévenir. Il avait été très déçu de cela mais une autre chose le travaillait beaucoup, c'était l'attitude de leur père. Quand il commentait les matchs d'habitude, il était très expressif dans ses mimiques et dans ses commentaires, à tel point qu'il rendait le match plus vivant. Et là, aujourd'hui, Esteban l'avait surpris plusieurs fois prendre à boire dans le tonneau. Il en avait discrétement averti Linor qui était à côté de lui et elle avait été l'aider à finir le commentaire. Le jeune garçon avait bien compris que depuis plusieurs semaines, il se passait quelque chose mais il n'avait pas réussi à savoir quoi et ni Linor, ni Patience et encore moins Georges n'avaient pu l'aider dans sa quête de la vérité.
Le match était fini et le temps de participer un peu à la fête que leur père avait disparu de son estrade. Mais bon, cela n'étonnait pas le garçon puisqu'il leur avait dit qu'il partirait avant eux. Et là, alors que la fête se terminait, ils étaient rentrés. Linor semblait un brin inquiète mais elle ne partagea pas ses peurs avec eux. A peine la charrette arrivée, qu'elle sauta à terre pour monter quatre à quatre les marches. Une jument était accrochée vers l'étable, signe que la famille avait de la visite. Esteban se demandait qui cela pouvait être. Avec Georges, il s'occupa de la mule et de la carriole avant de pouvoir satisfaire leur curiosité.
Ils avaient à peine fini que Linor redescendit pour leur dire
Demi tour les garçons ! On retourne atteler la mule et on part à la recherche de Papa. Carmen va nous aider à le trouver.
Regard interrogatif de la part des deux frères mais ils avaient compris depuis belle lurette que la rouquine ne se laissait pas faire et qu'elle avait pris depuis longtemps déjà, le rôle de mère de famille. Elle était beaucoup plus sûre d'elle que ne l'était pas Patience. Si au physique, c'étaient deux copies identiques, au caractère c'était la nuit et le jour. Il sourit en se disant qu'il venait de répondre à sa première énigme, à savoir la visite surprise c'était celle de leur cousine Carmen. Mais pas le temps de la saluer vraiment car à son tour, elle donnait des ordres
Georges, Linor et Esteban sur la charrette. Pacy avec moi, sur Zingara.
Et pendant que Patience éclairait la route, Linor avait charge de montrer le chemin qu'ils venaient de faire dans l'autre sens. Esteban sentait que quelque chose ne tournait pas vraiment rond mais il était à mille lieux de penser à ce qui se tramait à quelques lieues de là. Et puis, il était doux et rêveur et sans les cris de Patience, il n'aurait peut-être pas réussi à sortir de sa torpeur soulesque. Lui, il était tranquille assis derrière dans la carriole pendant que Georges conduisait et que Linor dirigeait. Il revoyait les différentes actions du match et surtout le talent de Legowen. Il n'avait pas réussi à la voir après la fin du match mais elle avait été tout simplement magique. Il espérait que son équipe l'avait porté en triomphe jusqu'aux vestiaires à la fin.
Mais pourquoi tu dis ça, POURQUOI ? Ca t'amuse de me faire peur ? Papa, il ne peut pas lui arriver malheur, alors dis lui que c'est pas vrai ! Dis lui !
Il releva la tête brusquement pour comprendre ce qui se passait. Pourquoi, Patience criait et pleurer en même temps ? Linor avait-elle fait quelque chose de mal ? Et pendant que Pacy se serrer dans les bras de la cousine, Esteban se tourna vers son autre soeur
Il s'est passé quoi Linor et Georges ? Pourquoi Pacy elle pleure ? Tu lui as dit quelque chose de méchant ?
Il savait que les deux soeurs aimaient se faire enrager l'une et l'autre quand ce n'était pas lui leur victime. Il savait aussi que Patience en rajoutait toujours un peu trop et avait peur souvent. Il savait que Linor faisait tout pour l'endurcir mais que leur soeur ne prenait pas cela comme une leçon de vie mais comme une punition. Il attendait la réponse de sa soeur quand l'autre jumelle cria
Alexandre ! Alexandre !
Il n'écouta même pas la fin de la phrase et sauta à bas de la cariole pour se diriger vers son cousin. Cela faisait une paye qu'il ne l'avait pas vu et il allait pouvoir lui raconter le match de son point de vue. C'était cool. Mais quelque chose dans l'attitude du garçon le freina. Il semblait si triste et un brin boudeur. Que lui arrivait-il ? Il s'était fait mal à la soule ? Lui aussi avait perdu son chemin ? Il se rapprocha de lui et lui mit la main sur l'épaule
Et Alex, ça va ? Tu t'es fait mal quelque part ? Tu es tombé de ton cheval ?
Il regarda autour de lui pour voir s'il voyait quelque chose de suspect. Au pire, le soldat et Carmen pourraient les aider.
Waouh, il est trop beau ton maillot de soule !