Les monts, les vallées, les collines
Il leur faut dire Adieu à tout cela. Point besoin de mot, un regard suffit, pour garder en mémoire le paysage, pour lemmener avec soi. La brune ondule au rythme du pas de Zingara, sa jument. Elle ne peut partir, pas sans avoir dit au revoir
Elle doit lui dire
[Le cottage]
Carmen pose ses émeraudes sur leur banc, le couple sest souvent confié sur ses planches, que de soupirs de bonheur dans ce jardin, ses mains caresse ses bras, doucement, elle chasse le frisson qui hérisse son duvet. Au loin, dans la maisonnée, Duncan joue avec leur fille, Hanna. Les hommes de mains, quant à eux chargent les montures du nécessaire pour le voyage. Et remplisse la charrette. Tous ne partiront pas en même temps, tant mieux, Carmen préfère les voyages en comité restreint.
Il fera bientôt nuit, elle rejoint son époux, ils se regardent un instant, il incline la tête devant le voile de mélancolie de sa femme. Et lui désigne la porte du menton. Il sait, il a compris, elle ne peut pas boucler ses bagages sans lever le silence entre elle et son cousin. Les mains viennent encadrer le visage de son amant, elle lui vole un baiser et court aux écuries.
Cest au galop quelle se rend jusquà la chaumière des de La Serna-Harispe. Le chignon se détache, le ruban de velours noir senvole en vent, elle nen a que faire, elle est décidée. Les émeraudes doivent lutter contre les ténèbres nocturnes que donne lombre de la forêt, les lueurs des flambeaux de la demeure de son cousin, la rassure, la guide.
[Chaumière de Rick et sa famille]
Pied à terre, Zingara attachée au portail, elle époussète ses braies, vêtue de noir, des cuissardes au col. Elle toque à la porte, elle croise les bras, campée sur ses jambes, elle réfléchit, par quoi commencer.
*Bonsoir Rick, désolée de te déranger, je ne pouvais pas partir sans te dire au revoir et sans te dire la vérité sur les raisons de mon mutisme qui dura une année entière
Hanna
Jai donné la vie
elle est.. Non dabord je dois le serrer dans mes bras, oui, je veux une étreinte, qui sait quand je reviendrai ici
Oh et les filles, mince jaurai du amener un présent, quelle sotte, je viens ici, les mains vides
*
Elle déplace son poids dune jambe sur lautre, débitant son discours dans sa tête, long monologue... qu'elle aura vite oublié quand elle le verra, elle se balance, elle songe, elle a peur quil lui claque la porte au nez, qui sait, lui aussi sest enfermé dans un mutisme. Le regard dans le vague se pose sur le pavé et le pas de la porte, qui sentrebâille, le visage se redresse pour fixer lhôte.