Drahomir
[Rouen, mâtines, un peu en dehors de la ville.]
La cahute que l'Ogre occupait lors de ses virées à Rouen était située en dehors de l'enceinte de la ville. A l'orée des bois, le Vadikra avait fait monter alors qu'il était duc de Normandie un petite maison de pierre, d'une seule pièce, dans laquelle il pouvait venir se reposer avant de partir chasser. C'était alors l'un de ses sports favoris.
Depuis sa "résurrection" soudaine, il avait laissé cette activité à d'autres. Il s'astreignait à un régime sévère et à beaucoup d'exercice, néanmoins celui qui consistait à tuer un animal n'en faisait plus parti. Les médicastres avaient été clairs: Moins de viande, plus d'exercice. Il fallait qu'il se bouge si il ne voulait pas mourir des affres de son accident d'alors.
Le changement se voyait dans sa silhouette. L'Ogre était toujours aussi impressionnant, il avait néanmoins fondu. Sa mine restait austère et fermée, ses traits étaient toujours aussi taillés à la serpe, une certaine bestialité se dégageait de ses gestes. Pourtant il semblait avoir un peu rajeunit, et une vie au grand air, à garder les remparts la nuits à s'occuper la journée semblait le revigorer.
Sous la froidure de l'hiver, en simple chemise, laquelle il a remonté les manches jusqu'à mi-biceps, il coupe du bois. La chute des températures a été soudaine et il s'est laissé surprendre. Alors, inlassablement, la hache s'abat. Un nouvelle buche fendue de part en part s'échoue dans la neige et lui se redresse, pose une main au creux de son dos et fait rouler ses muscles sous sa chemise trempée de sueur. Il en a bien assez fait. Il se baisse, ramasse ce qu'il lui faut et pénètre dans la maisonnette.
L'aménagement est spartiate. Là une simple table de bois, plus loin un baquet, vide, dans un coin un feu brûle qu'il revigore. Et enfin, à l'opposé, un couche spartiate, couverte de fourrures. Il laisse tomber le bois dans un coin et va s'installer sur un siège, rigide, pour reprendre son souffle.
Le regard est lointain. Si depuis le milieu de la nuit il s'astreint à ainsi s'occuper l'esprit c'est pour se sortir de la tête les trois ou quatre derniers jours qui ont été plus qu'étranges. Un engourdissement perpétuel, et une poitrine prête à exploser sous la course de son palpitant. L'Ogre n'est pas vraiment ce monstre mythique quand elle est là. Bien au contraire, il a parfois l'impression d'avoir de nouveau 15 ans et d'être ce grand dadais qui ne savait pas comment s'adresser à une femme. Tant de temps passé avec elle, à lui parler, à se raconter leurs histoires respectives lui ont permis de surmonter cette niaiserie, il n'en reste pas moins que plus le temps passe, moins il supporte d'être éloigné d'elle.
Ca ne serait pas facile, loin de là. Mais il était prêt à tout lâcher. Tout, la Normandie, la politique, ses idées, juste pour la suivre. Et il se connaissait, il le ferait aussi surement qu'il s'appelait Drahomir.
C'était réconfortant de savoir que l'on avait encore un coeur malgré toutes les épreuves que l'on pouvait rencontrer. Réconfortant et effrayant car on ne contrôlait alors plus rien. Mais il s'en accommoderait.
Un parchemin et un peu d'encre, il prend la plume:
La cahute que l'Ogre occupait lors de ses virées à Rouen était située en dehors de l'enceinte de la ville. A l'orée des bois, le Vadikra avait fait monter alors qu'il était duc de Normandie un petite maison de pierre, d'une seule pièce, dans laquelle il pouvait venir se reposer avant de partir chasser. C'était alors l'un de ses sports favoris.
Depuis sa "résurrection" soudaine, il avait laissé cette activité à d'autres. Il s'astreignait à un régime sévère et à beaucoup d'exercice, néanmoins celui qui consistait à tuer un animal n'en faisait plus parti. Les médicastres avaient été clairs: Moins de viande, plus d'exercice. Il fallait qu'il se bouge si il ne voulait pas mourir des affres de son accident d'alors.
Le changement se voyait dans sa silhouette. L'Ogre était toujours aussi impressionnant, il avait néanmoins fondu. Sa mine restait austère et fermée, ses traits étaient toujours aussi taillés à la serpe, une certaine bestialité se dégageait de ses gestes. Pourtant il semblait avoir un peu rajeunit, et une vie au grand air, à garder les remparts la nuits à s'occuper la journée semblait le revigorer.
Sous la froidure de l'hiver, en simple chemise, laquelle il a remonté les manches jusqu'à mi-biceps, il coupe du bois. La chute des températures a été soudaine et il s'est laissé surprendre. Alors, inlassablement, la hache s'abat. Un nouvelle buche fendue de part en part s'échoue dans la neige et lui se redresse, pose une main au creux de son dos et fait rouler ses muscles sous sa chemise trempée de sueur. Il en a bien assez fait. Il se baisse, ramasse ce qu'il lui faut et pénètre dans la maisonnette.
L'aménagement est spartiate. Là une simple table de bois, plus loin un baquet, vide, dans un coin un feu brûle qu'il revigore. Et enfin, à l'opposé, un couche spartiate, couverte de fourrures. Il laisse tomber le bois dans un coin et va s'installer sur un siège, rigide, pour reprendre son souffle.
Le regard est lointain. Si depuis le milieu de la nuit il s'astreint à ainsi s'occuper l'esprit c'est pour se sortir de la tête les trois ou quatre derniers jours qui ont été plus qu'étranges. Un engourdissement perpétuel, et une poitrine prête à exploser sous la course de son palpitant. L'Ogre n'est pas vraiment ce monstre mythique quand elle est là. Bien au contraire, il a parfois l'impression d'avoir de nouveau 15 ans et d'être ce grand dadais qui ne savait pas comment s'adresser à une femme. Tant de temps passé avec elle, à lui parler, à se raconter leurs histoires respectives lui ont permis de surmonter cette niaiserie, il n'en reste pas moins que plus le temps passe, moins il supporte d'être éloigné d'elle.
Ca ne serait pas facile, loin de là. Mais il était prêt à tout lâcher. Tout, la Normandie, la politique, ses idées, juste pour la suivre. Et il se connaissait, il le ferait aussi surement qu'il s'appelait Drahomir.
C'était réconfortant de savoir que l'on avait encore un coeur malgré toutes les épreuves que l'on pouvait rencontrer. Réconfortant et effrayant car on ne contrôlait alors plus rien. Mais il s'en accommoderait.
Un parchemin et un peu d'encre, il prend la plume:
Citation:
Merci,
D.
- Merci pour cette soirée et ces longs moments que nous vivons depuis quelques jours. Merci pour ses petites lettres, ces petits échanges, qui ponctuent merveilleusement mes journées. Merci, par ce que grâce à vous je comprend que les choses importantes ne se résument pas à une fonction, à un bureau, et à un travail. Non, elles se définissent par un sourire -le votre, une posture, un geste amical ou tendre. Très sincèrement merci de m'apporter ce qu'il me manquait jusqu'alors.
Je n'irai pas au conseil ce jour, j'ai trop peu dormi. J'ai trop la tête en vrac et le coeur à sac. Ou c'est l'inverse peut être.
Néanmoins, j'ai besoin de vous voir. C'est plus fort que moi. Si vous le voulez aussi, rejoignez moi.
J'espère que vous le voulez.
D.
Après une toilette et avoir passé des frusques convenables, il irait en ville afin de faire déposer la lettre et un plan à la jeune femme puis s'en retournerait jusqu'à sa garçonnière. Là, il attendrait, il n'espérait pas en vain, qu'elle le rejoigne. Tout était entre ses mains, à elle.
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