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[RP] Tout commence par des courriers, et..

Carmen_esmee.
    Adossée contre la porte d'entrée, l'attention de Carmen navigue toujours de lui aux escaliers, des escaliers à lui... Le moindre bruit suspect et Ronan bondira, suivi par Zig. Le sang bat davantage dans ses tempes et déverse une goutte de carmin sur les pommettes. Elle se congratule d'avoir prévenu les garçons qu'elle travaillerait tard et qu'ils ne se préoccupent d'elle cette nuit.

    Les bras dans le dos, posture nonchalante d'attente Sernienne, les doigts pianotent sur le bois au rythme de leurs cœurs malmenés avant de s'agacer elle-même du bruit produit, elle ferme les poings qu'elle écrase davantage dans son dos. Elle s'est ainsi entravée, les bras dans le dos, pour s'empêcher de le toucher. Ses doigts la brûlent d'envie, elle rêve d'effleurer le grain de la peau, que les phalanges se perdent dans la crinière brune et argent, de l'attirer à elle, de respirer et partager chaque souffle, goûter à ses lèvres... Comme l'on mord dans un fruit mûr. Encore..

    Cette nuit, il porte des vêtements sombres, il s'est changé, un choix délibéré pour être discret certainement. Qu'a-t-il en tête ? L'enlever en pleine nuit ? Hmm Non, il ne se serait pas annoncé de la sorte.. Quoique, elle sait qu'il faut s'attendre à tout venant de lui.
    Elle pose son regard sur la pomme d'Adam qui ne cesse de s'agiter dans la gorge du brun. Les émeraudes remontent sur sa mâchoire carrée, sa bouche habituellement impassible est pincée, il réfléchit, il hésite ? Elle rejoint ses yeux, mais il semble contempler autre chose que son visage, il la dévore du regard.. Elle roule des yeux et croise les bras, barrant sa poitrine, un regard qui en dit long de la part des pensées de la brune lorsqu'il revient à d'autres sphères, plus chastes.

        * Tes yeux sont-ils comblés très cher ? *

    Les regards s'accrochent, il ose dire qu'il ne se passe rien, mais il vient au beau milieu de la nuit, il est si silencieux que cela ne fait que nourrir l'angoisse de la brune, il s'approche, elle doit cambrer légèrement l'échine contre les lames de bois de la porte pour lui rendre son regard dans la pénombre. Il va la faire devenir folle s'il conserve son mutisme !

    *Il y a ... « Des règles et principes que je ne supporte pas, alors ça suffit main - te - nant », oh oui, la grosse voix..
    Il y a ... « Une veine sur votre front qui s'agite entre vos sourcils froncés », Une vérité, je la sens...
    Il y a ... « Tant de choses qui me déplaisent chez vous », Et c'est : Une seconde vérité !
    Il y a ... « Tant de choses que je dois vous dire », Moui.. ben accouche..
    Il y a ... « Une autre femme », Aïe... Dios mio Et Si ?*



    Il s'approche, il la rejoint, les mains masculines se referment sur sa senestre. il embrasse sa main à deux reprises, Carmen chasse la dernière de ses pensées dans l'instant et s'en veut d'avoir douté de lui, même une seconde.

        *Il y a ... « Deux chats qui grelottent de froid devant chez vous », reste la fin la plus probable..*


    Elle le détaille, l'observe faire, le contact de ses lèvres sur sa paume est un délice. Elle clôt les yeux et il libère sa main, elle retient un "encore" comprimant les charnues l'une contre l'autre. Il dit quelque chose mais elle songe encore à l'effet qu'il lui fait.


        * Bureau de la Frustration, Bonjour... - Oui c'est encore moi..*



    « Il y a que je veux t'épouser... Et que je ne pouvais pas attendre pour te le dire. »

      "¿ Qué ?"

    Elle regarde l'annulaire de sa senestre, son pouce vient faire tourner l'anneau machinalement, elle ne l'a pas senti faire, aveuglée par ses baisers sur ladite main, le métal échauffé a tout simplement glissé sur sa peau. Les sourcils sont froncés, les lèvres entrouvertes, et les yeux s'écarquillent de plus en plus. Mouvement rapide de la tête, elle le fixe, il la regarde toujours, les agates s'assombrissent, il la regarde encore, il attend, il est curieux et épie chaque expression du minois féminin. C'est un nouveau regard, celui qui lui donne l'impression d'être unique, adorée, salvatrice..
    La dextre vient remettre en place une mèche folle derrière l'arrondie de l'oreille, elle digère l'information, car oui c'est une information, point une question. Doit-elle répondre l’évidence ? Son cœur se met à battre à tout rompre, s'était-il arrêté ? Fait-elle une attaque ? Un afflux de sang bouillant envahit ses joues et sa gorge, elle se sent fondre, le sol s'est ouvert sous ses pieds ou défaille-t-elle ? Non... Son corps avance et amenuise encore le faible espace qui persistait encore entre eux. D'infimes mouvements de la frêle contre le géant, et réduit à néant la distance. Ses pieds la soulèvent assez pour qu'elle effleure de son nez celui de Drahomir, si près, sa poitrine repose sur le torse masculin, si près, qu'elle peut compter ses cils, elle a déjà commencé à le faire bien entendu.. Les mains se posent, sur les larges épaules, encore une fois, elle admire la promesse cernant son doigt. Elle ne le quitte pas des yeux, quand elle effleure ses lèvres des siennes et souffle,

      "Me laisses-tu donner mon accord ou est ce déjà résolu ?"

    Elle lui sourit taquine et ferme les yeux, pleinement consciente que cet instant précis va changer sa vie à jamais. Elle lui vole un baiser ardent, le contact de ses lèvres merveilleuses, lui avait tant manqué, ses lèvres sont fermes et douces, a l'image de l'homme, le couple prend et donne avec générosité chaque baiser.

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Drahomir
Il l'épie. Il contemple chacun de ses traits avec concentration. Il tente de deviner ses pensées. Il tente de devancer un éventuel refus. Pour s'échapper comme un lâche avec un "Ah ah, je blaguais."
Le cheminement qui se fait dans la charmante caboche semble pourtant positif. La promiscuité qu'elle vient chercher près de lui est encourageante. Son coeur manque un battement quand elle vient coller son visage au sien. Il ferme un instant les yeux et son front se joint au sien. Nouvel échange. Nouveau baiser.

C'est un oui? Elle accepte? Il ne s'emballe pas? Il semblerait car leurs lèvres entrent en collision avec ferveur. Le baiser est long et est ponctué de nombreux autres. Ils sont nombreux. Ils sont heureux. Ils semblent les combler. Et quand l'Ogre parvient à se détacher, il recule légèrement la trombine. Un légère sourire l'illumine. Il fronce un instant le nez et lui répond.


Je ne te laisse pas vraiment le choix..

Il la serre un peu plus contre lui. L'entoure de ses bras puissants. Il affiche une expression sûre de lui et assène, la voix taquine:

J'hésite encore à te jeter sur mon épaule et à te conduire à l'église la plus proche...

Il la laisse imaginer la scène. Ca lui ressemble aussi. Il se voit bien s'accroupir, la saisir par la taille et la glisser sur son épaule. Il se voit bien poser une de ses grosses pattes sur son fessier pour la maintenir en l'air, et il se voit bien rire alors qu'elle lui tambourine le dos de ses poings. Un vrai barbare. Un vrai Vadikra.
Il pourrait le faire. Néanmoins il gâcherait cette magie qui semble naitre entre eux. Non, il préfère faire les choses correctement. De l'index il trace la pommette Sernienne puis sa paume épouse sa joue avec tendresse.


Mais je préférerai que tu m'épouse de ton plein gré.

Il glisse ses doigts dans les siens. Confiant. Bientôt, elle l'emmènera à l'étage. Ils ne feront rien de défendu par la morale. Ils se contenteront de se coucher l'un contre l'autre, et de parler, très tard dans la nuit. Jusqu'à ce que le soleil transperce la nuit. Jusqu'à ce que Carmen s'endorme contre l'épaule de Drahomir et qu'il réalise qu'il est le plus comblé des hommes.

[Quelques jours plus tard. Demeure du Vadikra]

Debout devant l'âtre, le Vadikra admire à la lumière des flammes sa main meurtrie. Pour décharger sa colère, il a frappé contre un mur. Ce dernier à gagné. Il y a un eu craquement qui lui a semblé suspect et ses jointures sont déchirés et sanguinolentes
Ce coup raté l'a néanmoins calmé. Un peu.

Ce qui risque de redéclencher son ire, c'est la furie brune qui vient de pénétrer chez lui. Elle l'a suivit car il est parti au milieu de la discussion, préférant passer ses nerfs ailleurs. Il est sanglant, il ne se résoudra jamais à lever la main ni même à insulter la femme qu'il aime. Alors il préfère se défouler ailleurs. Néanmoins, la savoir là, derrière lui, à le regarder avec son regard accusateur, lui donne bien envie d'écharper sa morale.


Carmen... Sors de chez moi! Je n'ai pas envie de te parler.

Il a grondé. Il se retourne et lui lance un regard meurtrier. Un bien sanglant qui ferait chier dans ses braies n'importe quel maraud. Mais pas Carmen. Par ce que vu son petit air, elle a l'air bien énervée aussi. En fait, il en vient même à se demander si il a bien fait de s'emporter.
Non, il n'a pas les pétoches. Il s'agit de Drahomir.


J'ai compris. Tu ne portes pas la bague, tu ne veux pas te fiancer. Tu ne veux pas te fiancer, tu ne m'aimes pas. Tu ne m'aimes pas, je... D'accord, j'ai compris, je ferai avec, et tant pis si je dois en souffrir toute ma vie.!

Raaaah, ce qu'elle peut l'énerver. Et ce qu'il est théâtrale. Il cache sa main ensanglantée dans son dos et la fixe, peu aimablement. Mais attentif. Une propulsion d'objet volant non identifié est vite arrivée. Elle a le sang chaud.
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Carmen_esmee.
    Un regard sur la senestre vierge de Carmen, et voilà le Vadikra qui enrage, il n'attend aucune explication et fuit devant elle, la porte de la maisonnée claque avec violence. Les bras de la brune sont tendus le long de son corps, elle serre les poings, et hurle de rage le prénom de l'homme en frappant la neige boueuse du talon de sa botte. Elle reste un instant dehors, pensant naïvement qu'il va faire demi-tour et la rejoindre pour qu'elle lui expose ses arguments. Bien sur que non ! C'est une tête de mule ! Elle lui emboîte le pas, ouvre la porte sans prendre le temps de frapper, claque la porte à son tour avec violence, si bien que la serrure ne semble pas apprécier tant de passion de la part du couple.

      "¡ Perdone, señor Vadikra... Lo gi-li-poll-a que es ! ¡ Puedes ser absolutamente sincero y completamente falso* !",

          *Euh... bien que se soit jouissif de crier ainsi... pas sur que cela est un grand intérêt pour lui s'il ne comprend pas...*

      puis elle reprend son souffle dans un langage plus commun au brun,

      "Mon amour pour toi n'est pas un mensonge ! Excuse-moi de ne pas avoir envie de partager cela avec tout le monde ! Tu es un hypocrite Vadikra !"

    Oui le nom de famille, a souvent plus d'impact dans une conversation lorsque l'on veut marquer l'interlocuteur. Elle lui rend son regard fulminant et lui lance le premier objet qui lui passe sous la main, une petite cruche lui semble t-il. La céramique explose contre le bandeau supérieur de la cheminée. Elle sursaute elle même, mais n'est pas moins furieuse pour autant

      "Je ne t'appartiens pas ! Je suis avec toi, toi même tu as souligné cette nuance ! Vous êtes tous les mêmes ! "


    Chaque phrase est ponctuée du fracas d'un objet dans la direction de l'homme, la pièce est débarrassée de tout ce qui traînait... en un rien de temps. Point assez défoulée, elle renverse une chaise en s'approchant de lui.

      "C'est très simple soit je suis ton alliée dans l'adversité - Soit je suis ton adversaire la plus dure ! Choisis !"

    Elle s'approche de lui, et frappe de son index accusateur le torse masculin puis elle tire sur la chaînette autour de son cou, elle fait ainsi remonter la chevalière d'Ethan mais également l'anneau d'argent de Drahomir. Et la lui glisse sous le nez.

      "Je la porte sur mon cœur ! Tu l'as déposé sur ma main, je l'ai acheminé ici ! Qu'est ce que tu veux ! Une annonce ?!"


    Elle plante son regard furibond dans le sien, les sourcils sont froncés à l'extrême, ce qui n'est pas évident à maintenir quand on doit basculer la tête un peu en arrière pour trouver le regard du géant.


        *Drahomir si tu commences à régenter ma vie alors que je n'ai pas prêté serment crois moi, ta vie sera un enfer !*



Pardon Messire Vadikra, Mais quel c****** tu fais ! Tu peux être absolument sincère et complètement Hypocrite !*

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Drahomir
Et dieu créa la femme. Elle même inventa le déluge.
Il pleuvait. Sous les toits. Dans la demeure du Vadikra. Une pluie qui ne mouille pas. Une pluie qui ne permettra pas non plus aux récoltes de pousser. Une pluie qui n'a rien de revigorante.
Non, c'est une pluie de vaisselles, de poteries et d'autres objets du même genre. Une pluie rageuse et incontrôlée. Une pluie douloureuse et fracassante. Derrière elle, l'orage gronde et la tempête éclate.
De ses gouffres noirs nimbés de vert, les éclairs jaillissent et le fusillent. Le cyclone Carmen s'approche et autour d'elle les meubles gravitent. Ils tombent, s'abiment.

Mais il ne cille pas. L'Ogre reste immobile et continue à la toiser, la mine austère. Dans sa tête, se joue un combat titanesque entre la colère et la crainte.
La colère de la voir briser ainsi tout ce qui lui appartient. La colère de la voir s'adresser à lui aussi véhémente et aussi fulminante. La colère encore, de ne pas voir l'anneau à sa main, peu importe son excuse.
Et la crainte. La crainte de prendre un vase dans la tronche. La crainte de la voir encore briser trop de chose. La crainte de réaliser qu'elle ne l'aime pas. La crainte de la perdre.

Et son doigt accusateur vient lui taper le torse, il grogne légèrement et suit le cheminement de sa main alors qu'elle soulève sa chaine. L'anneau est là. Elle assène sa dernière intervention avec une sorte de hargne qui termine de l'achever. Il baisse légèrement la tête.


Alors tu m'aimes, vraiment?

Le Vadikra malgré son flegme affiché, cette assurance naturelle, est un grand stressé dans le domaine des sentiments. La Serna l'a complétement ensorcelé. Il aime chacune de ses mimiques. Il aime la contempler mordre sa lèvre inférieur quand elle réfléchit. Il aime sa voix chaude et envoutante qu'il rêve d'entendre toute sa vie. Il sait que cela peut lui être retiré n'importe quand, sans son consentement, alors il en profite. Il est mort de trouille. Elle ne lui appartient pas.

Non.. Je ne veux pas d'annonce.

Même si c'est une excellente idée. Il ne veut pas non plus qu'elle devienne son ennemie. Bien au contraire. Il veut qu'elle soit son alliée, rien d'autre. Il ne veut qu'elle.

Je ne choisie pas. J'ai déjà tranché. Tu seras mon alliée... Et ma femme.

Il s'approche doucement, comme un homme devant un fauve. Ses gestes sont précautionneux. Il saisit doucement la chaine qui retient son anneau et une chevalière. Il garde le silence quelques secondes.

Porte le où tu veux... Je suis désolé... Par contre..

Il plante son regard expressif dans celui de sa compagne. Son faciès est toujours fermé et s'approche doucement de celui de l'italienne?

Réinsulte moi dans ton dialecte de barbare et je te considérerai comme telle.

Ses yeux sont taquins et un fin sourire ourle ses lèvres. Il est sûr qu'elle sait parfaitement ce que cela veut dire pour lui. Une femme jetée comme un sac sur une épaule, mariée et consommée dans l'heure. Avec ou sans son consentement.
Puis de nouveau son attention est attirée par la chevalière voisine de l'anneau de fiançailles.


Et ça, c'est de qui?

C'est bien une note de jalousie qui suinte de ses mots. Suicidaire, le tchèque.
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Carmen_esmee.
L'Adrénaline se répand dans ses veines lorsqu'il ose lui demander si elle l'aime, pourquoi les hommes s'entêtent-ils a poser des questions, où les mots n'ont aucune valeur, seuls les actes comptent. Le provoquer l'amuse toujours d'ordinaire, une sorte de préliminaire pour le couple se resservant pour la nuit de noces, mais sa question des plus sérieuses, fait monter en elle, une bouffée d'irritation, mais la colère, elle, se dissipe instantanément. Il doute, il a peur, et aucun mot ne sera assez fort pour le rassurer, non... Elle doit agir, prendre les choses en main et.. Commencer à planifier le mariage ? Cela sera t-il seulement suffisant ?

Il lui lance un regard de glace avant de lui sourire, lançant une ultime menace, un mariage à la Vadikra, cela se fait à trois, un officiant, l'Ogre et la Proie ? Elle réprime un grognement, et hoche la tête, bien malgré elle. L'irritation lui donne la chair de poule, à moins que cela soit la voix rauque de Drahomir, ou encore ses yeux qui semble s'éclaircir, son sourire goguenard... Son désir la submerge, oui finalement nous avons trouvé la cause de l'hérissement féminin. Cela la frappe, une fois de plus, elle l'aime follement.

      *Ne le regarde pas ! Concentre-toi sur autre chose - Vite ! Maintenant ! *

Coup de chance, il désigne la chevalière d'Ethan, elle baisse les yeux et fait passer machinalement son index dans l'anneau, bien trop large pour ses fins doigts, elle fixe le bijou en se mordillant la lèvre, comment expliquer ce qu'il représente.. Elle s'humecte les lèvres et d'une petite voix..

    "C'est la Chevalière de mon oncle, ma mère me l'a donné enfant, pour que je n'oublie pas le sacrifice qu'il a fait pour moi. Il est mort pour moi..."

      *Oui, c'est bien plus joliment dit que de dire, "maman a tué son frère, parce que je suis une bâtarde et que ... ça plaisait pas au chef de famille de l'époque..."
      Il faudra pourtant lui dire un jour si tu l'épouse - Je vais l'épouser ! - Mais gardons ce genre d'anecdote pour un autre soir..*


    "Non.."


Elle lui offre un regard, emplie de tendresse, elle se fige quand il lui rend la pareille, elle se sent comme électrisée, figée, l'onde vient engourdir tout son corps. Une fois n'est pas coutume, le cerveau et le corps ne sont point en phase, l'un veut parler, l'autre pense que les mots sont inutiles et que les lèvres trouveront de toute façon mieux à faire. Aucun mot ne franchit la barrière des lippes, les gestes sont fiévreux, elle impose sa main sur le sternum, elle sent le cœur battre contre sa paume, elle chemine doucement jusqu'au col, et vient s'agripper à son cou, ses yeux se posent sur l'ourlet des lèvres du brun, elle en prend possession avec fougue, joue avec elles, la sensation des dents qui viennent taquiner la lippe, désespérément sienne. Les yeux se ferment, elle se perd dans ses gémissements. Soudain la panique monte en elle, son expression change, chaque émotion, chaque pensée se lit avec aisance dans son regard... Oui, elle l'aime... Elle navigue d'une agate à l'autre et s'éloigne suffisamment pour le regarder.

    "C'est moi qui te demande pardon. Je la porterai quand je t'aurai présenté Hanna. Demain"

Elle conserve ses paumes sur la poitrine du géant, son corps se relâche légèrement, elle le détaille. Elle inspire profondément, retire ses mains, car elle doit restée concentrée, elle s'éloigne de lui,

    "Je suis perfectionniste, tu es exigeant, Je suis têtue, Tu es.. non tu essaye d'être dominateur. Aucun autre couple ne survivrait plus de deux jours à ce rythme, bien entendu cela ne sera pas toujours une partie de plaisir, il nous faudra un stock de vaisselle renouvelable.. Mais tu es toujours là, je suis toujours là, ne réalises tu pas, que c'est tout à fait sérieux ?"





      [Le lendemain - Propriété de Carmen]


Il s'agit de la chose la plus intelligente ou la plus stupide que de présenter ces deux là, soit ils s'adorent, soit il se détestent... Une autre épreuve pour Drahomir, celle de la rencontre avec le monstre Sernesque, les yeux sont ensorcelants, elle obtiendra tout de n'importe qu'elle humain, surtout si l'humain en question veut plaire à la mère. Treize dents ornent fièrement le sourire, pas une de moins et pas une de plus, la fillette âgée de dix-neuf mois, passe la pointe de sa langue sur sa nouvelle dent, les canines sortent enfin pour le plus grand malheur de l'avant bras de Zig et des mollets de la jeune mère.

    "Ma plume ? Hanna ?"

Carmen file a quatre pattes sous le bureau et découvre la fillette qui mordille la lanière en cuir d'une besace.

    "Non Hanna ! Lâche ! Non !"

C'est avec une volonté de fer que Carmen libère la lanière en chatouillant le monstre, elle soupire exaspérée, et angoissée à l'idée que cette rencontre soit un fiasco.
Les de La Serna se préparèrent, se rendirent présentables et attendirent la visite du fiancé et ... Père de substitution ? Dans la cuisine, pensant qu'un repas permettrait d'amadouer l'ogre et le monstre réciproquement ?

      *Dios Mio...*

_________________
Drahomir
[Rencontre Titanesque. Jour de stress.]

Devant le domaine de la brune, le Vadikra hésite. Il se prépare à une rencontre qui risque de ne pas être de tout repos.
Il ne sait pas vraiment sur quel pied danser. Il n'a jamais eu de vraie relation avec des enfants. Pour tout dire, il ne sait pas comment se comporter en leur compagnie. Un enfant est imprévisible, un enfant est colérique, un enfant est parfois surprenant. Un enfant ne calcule pas et exprime ses sentiments, qu'ils soient positifs ou négatifs, sans filtres.
Un enfant, en fait, c'est un peu comme un Drahomir, sans la barbe, sans la taille, sans la hargne. Et en plus mignon. Et c'est sans doute de là que vient son malaise.

Dans son dos se tient un adolescent à l'acné prononcée. Les oreilles légèrement décollées, mais le sourire convivial. Grand et maigre, il à l'air dégingandé dans les vêtement trop amples que lui a dégotté l'ogre. Ce sont pourtant ses plus petits.
Il s'agit de Gurwan, jeune homme croisé un peu par hasard dans les venelles de la capitale.

[Entracte, à Rouen, quelques jours plus tôt.]

Le géant se baladait dans les rues les moins bien fréquentées de Rouen. Ca ne l'inquiétait pas outre mesure. Il avait toujours été un poil téméraire, et les petites frappes qui sévissaient à Rouen ne l'impressionnaient pas vraiment. Il avait connu la cour des miracles de Paris, avait du y intervenir à de nombreuses reprises dans son passé de mercenaire puis de soldat. Et soyons honnête, sa carrure gargantuesque éloignait naturellement les ennuis, même si il n'était plus aussi vif que dans le passé.
La trombine avait du vécu, elle imposait un certain respect et une certaine soif de vie. On s'en tenait donc éloigné. Sauf si l'on avait des tendances suicidaires. Ou si l'on manquait de jugement.
L'adolescent ne souhaitait pas mourir, mais il ne savait pas juger les gens. Il prit donc le barbare pour une proie facile. Voleur patenté, il avait la main vive et rapide. Il excellait dans ce domaine, celui du vol de bourse à la sauvette. Il n'avait pas vraiment le choix si il voulait survivre. Orphelin de père et de mère, c'était un simple gamin des rues, pauvre et affamé.
Mais pas suffisamment malin. C'est l'idée qui germe dans son esprit quand sa main se fait la prisonnière de l'étau ogresque. Un regard terrifié pour la trogne patibulaire qui éclate de rire.


Bien joué gamin.

Mais pas suffisamment pour l'avoir. Après d'âpres négociation, d'âpres larmoiement adolescents, il consent à le libérer. Et à payer un repas chaud au gamin, pour son audace.

Tout du long dudit repas, une idée chemine dans la tête de l'homme. Il est seul. Il n'est plus tout jeune. Il a de l'argent, des terres, et peu de temps. Il a aussi Carmen. Et pour elle il doit se préserver. Et surtout, depuis son accident où il faillit disparaitre, il a des périodes d'extrêmes faiblesse. Et de nombreuses douleurs à la poitrine.
Il n'a pas de fils. Du moins il n'est pas assez âgé pour aider au quotidien son patriarche et veiller sur lui. Un marché s'impose. Et il se conclut.
Une éducation, un gite, un couvert pour Gurwan en échange d'une fidélité sans faille et un oeil sur la vieille carcasse..


[Retour à Rouen, devant la porte.]


Il sent sur son épaule le regard goguenard de Gurwan. Ce dernier restera dehors le temps de la rencontre. L'Ogre pour l'occasion s'est rendu présentable. Il a tressé sa barbe à plusieurs endroits. Il a attachés ses cheveux. Sa tenue est plus colorée qu'à l'accoutumée. Elle est d'un bleu nuit brodé d'argent qui rehausse parfaitement l'acier de son regard. Son pourpoint épouse sa silhouette. Ses épaules sont mise en valeur. Sa silhouette est affiné et il a presque l'air civilisé.
Dans sa main une poupée de cuire. Ce dernier a été renforcé. Il se sait pas si c'est fort à propos, mais l'adolescent lui a assuré que cela risquait de plaire au mini monstre.

Le poing s'abat sur la porte.
Il prie.

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Hanna_de_la_serna





      [Royaume D'Hanna - Un peu avant la rencontre]



    Maman n'arrête pas de courir, d'habitude cela m'amuse de la voir s'agiter dans tous les sens et de crier en espagnol, mais là, je suis dans ses bras alors, j'en ai un peu marre d'être secouée, particulièrement dans les escaliers, parfois je lui échappe un peu grâce à mon super pouvoir "Je suis molle !" et elle relance avec "serrage-davantage" et me recale sur sa hanche. Je désespère... Elle pose plein de choses sur la table, mais ne s'y arrête pas. Je me dis qu'il est temps de lui faire comprendre, donc je profite que l'étole de maman glisse et plante mes petites dents, jusqu'à ce qu'elle dise "Aïe" et me pose par terre.

    Ouuui ! Libérée ! Affamée ! Je vais pouvoir man - ger !

    Une odeur de compote de pommes, vient me chatouiller le nez, je souris de toutes mes dents et je marche vite vers Ronan mais tout à coup le sol n'est plus palpable, maman m'a attrapé !

    Noooon ! Capturée ! Affamée ! Je vais en cre - ver !

    Je repousse maman de toutes mes forces et tends les bras vers Ronan, et je crie mon malheur, je hurle un mot que je connais bien !


      "Naaaaaaaaaaaaan !"

    Et c'est partie pour le Protocole Chouineries !

        Etape 1 : Les commissures des lèvres qui tombent,
        Etape 2 : Porter mes mains à mes joues d'un air outré,
        Etape 3 : Petit menton qui tremble,
        Etape 4 : Penser a quelque chose de triste et hop les larmes suivront...


    J'ai Faim... Et je suis tellement triste ! Et voila qu'on frappe à la porte. Maman me confie à Ronan, puis finalement me reprend, puis me redonne à Ronan... et puis en fait non, me reprend dans ses bras et vient ouvrir la porte.

    Je me frotte les yeux et je chouine encore, oui parce que même si tout le monde s'en fout, moi j'ai faim !

    Quand j'ouvre les yeux, je vois un grand humain, il est très très grand, il me fait de l'ombre, j'incline la tête de côté et je le regarde, mes petites larmes s'arrêtent tout de suite de couler, maman dépose un baiser sur mon front. Il a des cheveux noirs comme moi, avec un peu de gris dedans, et plein de poils autour de la bouche, maman s'approche et lui fait un bisou sur cette dernière, j'écarquille mes yeux vert sombre et je regarde encore plus le grand humain, pourquoi maman lui fait des bisous d'abord ?
    Dans sa barbe, il y a des tresses, je suis tout près de lui mais je ne peux pas attraper les tresses. Je regarde ce que je vois de lui, et je remarque quelque chose dans sa main, je fixe sa main puis lui.

    J'ai toujours faim alors je mets mes petites mains dans ma bouche et je murmure.


      "Nana. Pain !"



Carmen_esmee.
    [Rouen - Jour J]


    Le début de la Faim ? La fin des Déboires ?



    Un petit effort pour ce jour spécial, celui de la rencontre entre la prunelle de ses yeux et son nouvel amour. Carmen a enfilé avec l'aide de Ronan une robe sombre, rehaussée d'arabesques bleues foncées, les épaules sont dégagée par la coupe de la robe, mais une étole est venue épouser les frêles épaules en compensation. Le corset est serré mais moins qu'à l’accoutumée, la chevalière de son oncle est restée sur sa table de travail et l'anneau d'argent orne l'annulaire de la senestre. Le soleil ne tardera pas à se coucher. Elle se pince les joues pour se donner bonne mine, mais elle comprendra très vite que cela ne servira a rien, ses joues s’échaufferont d'elles-mêmes à force de s'agiter pour que tout soit prêt et parfait pour l'arrivée de Drahomir.

    Lorsqu'elle ouvre la porte, son chignon drôlement échafaudé, et retombé sur le côté dans un flou de boucles brunes, le carmin a teinté les pommettes, les lippes sont rouges et gonflées a force d'être mordues d'inquiétude, et une jolie marque de dent a creusé l'arrondie de l'épaule. Elle se hisse sur la pointe des pieds et dépose un baiser sur les charnues du brun. Elle prend ensuite le temps de l'admirer, lui aussi, semble avoir pris le temps de se pomponner pour cette rencontre. Elle n'en est que plus ravie, pour elle, cela signifie qu'il prend cela très au sérieux.

    Elle essuie les joues de la pauvre enfant dans ses bras qui crie famine, s'écarte afin de laisser le géant entrer, et rehausse Hanna, un peu dans ses bras pour qu'ils puissent faire un peu connaissance. Elle échange un regard avec Ronan, qui finit de dresser la table et rejoint aussitôt l'étage.


      "Bonsoir et bienvenue."

    Elle sourit bien évidemment car ce n'est pas la première fois qu'il vient lui rendre visite, mais seuls eux le savent, et c'est la première fois qu'il vient avant la tombée de la nuit et pas seulement pour bécoter Carmen pour lui souhaiter une bonne nuit, non là ils vont partager un repas et faire plus ample connaissance avec Hanna. Elle s'apprête a fermer la porte lorsqu'elle aperçoit un jeune garçon, elle arque un sourcil.

      "Euh, Bonsoir", à Drahomir, "Hmm tu as oublié ceci dehors ?"


    Puis elle croit comprendre, et sourit doucement,

      "Si c'est un goûteur pour les plats, ce n'est pas nécessaire, je ne t'empoisonnerai pas ce soir, je n'ai absolument rien préparé."


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Drahomir
Elle est belle. Elle a enfilé une robe et ses épaules soyeuses accrochent son regard.
Le métal épouse la silhouette déliée, sublimée par l'élégance du vêtement qui épouse harmonieusement les courbes féminines.
Elle porte une robe. Pour lui. Ce détail est important. Il sait comme elle se sent empotée dans ce genre de frusque. Il se rappelle une soirée à en disserter avec Saint Jean dans une taverne Rouennaise. Il commençait seulement à la courtiser à l'époque, mais l'épouse Giffard avait su avant tout le monde déceler les intentions de l'Ogre. Carmen avait longuement épilogué sur l'inconfort de ce style d'habits. Et pourtant aujourd'hui, pour ce moment, elle avait décidé d'en porter une.
Il la trouve sublime. Belle a en couper le souffle. Il détaille le feu qui empourpre ses joues et réprime l'envie de venir les mordiller. Il admire ses boucles brunes et ce chignon savamment désordonné. Il répond naturellement au léger baiser qu'elle lui vole et contemple le petit monstre dans les bras maternels. Pendant quelques instants les deux regards s'accrochent jusqu'à ce que Carmen l'invite à entrer.
L'Ogre fait mine de ne pas connaître les lieux. Il n'est pas très bon comédien, alors, il ajoute après elle, la voix légèrement surfaite.

Oh, c'est mignon chez toi!

Et comme il sait qu'il ne doit pas être très convaincant, il préfère de nouveau regarder l'infante qui s'agite.

Elle est adorable.

En fait pas tellement, là maintenant qu'elle chouine morte de faim, mais elle l'est surement quand elle est rassasiée.

Ca doit venir de son côté paternel.

Un brin taquin, il ne peut dissimuler le sourire qui perle à ses lèvres. Il tend la poupée à la môme. Elle n'est pas spécialement jolie. Elle a une vague forme humanoïde, mais elle est solide. Le bourrelier chez qui il l'a commandé est reconnu pour la solidité de ses harnais et de ses selles. Il a bien était un peu surpris par la commande du barbare, il s'est néanmoins exécuté contre écus sonnants et trébuchants et à même assuré qu'elle durerait longtemps. Alors, il la tends à Hanna et en profite pour se présenter:

Bonjour Hanna...

Il tente d'adoucir sa voix habituellement rauque, mais elle reste assez impressionnante. Il ne tente pas le sourire non plus qui pourrait être interprété comme carnassier et trop plein de dents.

Je suis Drahomir...

Mais encore? Drahomir le nouveau mec de ta mère? Ton nouveau père? Draho l'incruste? Sors les rames petit Vadikra.

Et je suis heureux de faire ta connaissance..

Malin. Mais l'infante est encore jeune. Néanmoins il n'arrive pas à se résoudre à utiliser un vocabulaire infantile et une voix complétement niaise pour s'adresser à elle. Il s'est toujours moqué de ceux qui se sentent obligés d'être ridicules quand ils s'adressent à un tout jeune enfant. Le bras toujours tendu, il ajoute, histoire que l'information entre bien dans la caboche enfantine.

C'est pour toi.

De la laisser s'en saisir tandis qu'il cherche l'approbation de la mère. Il n'est pas sûr de lui et esquisse un léger sourire gêné. Le temps fera certainement son œuvre.
D'ailleurs, elle salue Gurwan. Il avait oublié ce dernier qui s'approche, certainement trop content de pouvoir profiter d'un repas chaud. Il a d'ailleurs la bouche grande ouverte. C'est du à la prestance et à la beauté de la jeune femme. Il n'a jamais eu l'occasion d'en croiser d'aussi jolies, là où il vient. L'estime qu'il a pour son nouveau maître ne fait que grimper alors. Didju, c'est qu'il s'embête pas le patron!


Non non... Je ne l'ai pas oublié. Gurwan va aller s'occuper de Kouros, n'est-ce pas?

Grands hochements de tête. Il y court, il y vole même. Et vaut mieux accélérer le pas vu la tronche peu amène de Drahomir. Et à ce dernier de se tourner vers son aimée avec un léger rictus. Il ne sait pas ce qu'il craint le plus en sa présence. L'empoisonnement ou la castration. Dans le doute, il préfère ce montrer insolent:

Pas de gouteur. La seule chose que je veux gouter m'est interdite jusqu'au mariage, il parait.

C'est dit sans frustration. Il savait dans quoi il s'embarquait dès le début. Et l'abstinence jusqu'aux noces faisait parti du jeu. C'était dur, dans tous les sens du terme, mais c'était la règle. Alors, pour effacer ses pensées impures, il reporte son attention sur les deux générations de Serna qui lui font face.

Je me demande en fait si je n'aurai pas du demander à Gurwan de rester avec nous. Etre seul avec une de Serna est déjà dangereux. Alors deux...
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Carmen_esmee.
    La main sur la clenche, Carmen tient la porte et se retient de rire, et note mentalement que comme elle, il lui est difficile de jouer la comédie sur ce qui se déroule ici quand la nuit les recouvre de son manteau. Les mots partagés sur l'oreiller, les projets auvergnats murmurés, et les vœux de douce nuit scellés par un baiser. D'autres fois, Drahomir vient chercher le sommeil sur le tard, alors que la brune est dans l'inconscience, il l'enveloppe de ses bras et expire ses soupirs contre la nuque tressée, sombrant à son tour dans un sommeil sans rêve, lové contre son aimée.
    Ils apprécient ces instants volés où enfin ils sont seuls et eux-mêmes, enfin ... Presque, une version abstinente d'eux est exigée et respectée en tout temps.

    La brune accueille avec un sourire les compliments faits à sa fille, qui ne quitte des yeux le géant, interrogative et curieuse, elle semble éplucher chaque mimique de Drahomir, et par mimétisme ou conquête, la fillette répond au sourire. Et davantage quand il lui tend le présent, qu'elle triture déjà entre ses doigts, alors que Drahomir ne la lui cède pas, pas tout de suite du moins.
    Carmen quant à elle, retrouve un semblant de sourire, après le commentaire sur le caractère paternel, ce dernier s’était estompé pour laisser place à une humeur maussade. Elle n'aime pas parler du père d'Hanna, tout simplement car tous les souvenirs liés à Duncan sont un encombrement de déceptions dans la caboche maternelle. Elle acquiesce néanmoins au propos de Drahomir et laisse un sourire passer sur ses lèvres pour assentir au présent, choisi avec goût. Du moins au goût du monstre Sernesque qui apprécie particulièrement la sensation du cuir qui s'attendrit sous ses quenottes, en témoigneront les chausses, gants, besaces et mantels de tout habitant de la demeure.


    Elle pose son regard sur le jeune ami de Drahomir, qui décampe sous le regard de ce dernier, si vite que Carmen s'en amuse et pousse la porte.

      "Je courais, il me semble, plus vite que cela, devant toi",

    Un sourire en coin pour ce souvenir commun mais Drahomir relance d'une pique sur la sobriété charnelle qu'elle lui impose, elle roule des yeux et fini de fermer la porte, d'un coup de hanche. Sur son homologue, elle réajuste la petite Hanna en soupirant.


      "Tu vas me fendre le cœur...Bien que je pense qu'aux yeux du Très Haut, tu n'as jamais eu à te plaindre sur ce point. Disons que c'est ton Carême."


    Elle lui désigne du plat de la main, la table. Et s'assied avec sa fille sur les genoux en bout de table.


      "Un jeûne, sera récompenser par la longévité du premier repas, si le Très Haut le permet."


    Bien que les mots vertueux soient cités, son visage est brûlant, le sang palpite dans ses artères, et dans ses veines, dans son cœur qui bat trop vite, elle doit se concentrer pour alimenter ses poumons en oxygène. Oui... car les mots ont été versés avec aisance, mais les pensées, elles remontent le courant..



      [Après le repas]


    La fillette se frotte les yeux, repue et éreintée d'avoir essayé en vain d'attraper tout ce qui était à sa portée sur la table. Elle fut confiée au regard et aux bras de l'Ogre, le temps que la mère tenta de faire partir une tâche de liqueur de prune sur l'étole, fruit d'une collision entre le poing d'Hanna et le verre maternel, avant que celle-ci n'est le temps de le porter à ses lèvres.

    Elle les rejoint, lève les yeux sur lui, il la dévisage avec une expression mystérieuse, Carmen aimerait qu'il soit moins séduisant que dans son souvenir, mais il dépasse de loin son imagination. Elle admire la tenue choisie avec soin, caresse l’étoffe du regard. Avec un enfant dans les bras, sa fille, il n'en est que plus désirable et attirant. Elle soutient son regard, son expression est nerveuse et pleine d'espoir.


        *S'entendent-ils ? Est-ce que la Cohabitation sera aisée ? Sera-t-il un père bienveillant pour Hanna ?*

    Elle baisse les yeux, ignorant la chaleur qui monte dans son ventre, ce même ventre qui se tord sous l'effet de la culpabilité. Maelstrom d'émotion.. prend place, s'installe, s'étire...

        *Que se passera-t-il si Duncan revient ? Reviendra-t-il ? Je dois penser à Hanna avant tout.*

    Les bras croisés négligemment sur la poitrine, l'ongle de l'index est mordu, l'esprit bouillonne, les contradictions s'entassent, ce qui est bon pour elle, l'est-il pour sa fille ? Ce qui est mauvais pour elle, l'est-il pour Hanna ? Est-ce que l'amour de Drahomir sera assez grand pour elles-deux ? Est-ce que le fait que Duncan soit un mauvais époux fait de lui un mauvais père ? Elle se remémore la dernière lettre, les mots de Korydwen, celle qui fut pour elle une mère, lui offrant famille, amour, toit, éducation.. confiance en elle.

    Citation:
    Chère Carmen,

    Concernant Duncan, n'ait pas peur, nous sommes là, tous et tiendrons cet être et sa famille loin de toi. A mes yeux il est autant le père d'Hanna que moi je suis la Reine des Anglois. La conception d'un enfant ne fait pas de nous des "parents", c'est après, nous nous devons de les accompagner sur la route de la vie, les tenant par la main, puis en les laissant s'éloigner, mais jamais trop loin pour pouvoir les ramasser et les relever. Duncan n'aura pas fait cela pour Hanna, il se sera contenté de fuir et de disparaître. Tu dois avancer sur le chemin de ta vie, de ton existence avec des alliés à tes côté et je désire m'assurer que ce Messire Vadikra en sera un bon.


      "De son père, elle ne connaît que le dos"

    Les mots ont franchi le rempart des lippes sans conscience. Elle saisit le calice et boit d'un trait sur ses mots, une gorgée de liqueur de prune.
    Légèrement étourdie, elle n'arrive pas à se détacher des deux visages qui pourraient composer Sa famille,
    Puis elle se concentre sur Drahomir, cette bouche qu'elle a embrassé maintes fois, elle s'humecte les lèvres, celles qu'il souhaite embrasser tout autant. Ses yeux qui la contemplent si attentivement et cette tendresse dans le regard alors qu'il admire Hanna. Elle pense également à Gabriel, le jeune Vadikra qui aura plaisir prochain à rencontrer son père.


      "Tu veux bien.. La coucher avec moi ?"

    Un regard sur l'escalier, sur la robe, sur Hanna, la combinaison des trois éléments est trop audacieuse pour la maladresse réputée de Carmen en robe. Elle lui intime de la suivre, prenant le pas, de passer devant lui, robe remontée jusqu'aux genoux, elle n'en a cure, de dos, le pauvre homme ne pourra se rincer l’œil. A l'étage, elle ouvre sur la gauche la porte du cocon d'Hanna. Les voilages du berceau sont écartés. Les poings se referment et se posent sur les hanches, Oui, Carmen l'observe faire, voyons comment il s'y prendra pour coucher, bercer et endormir le monstre Sernesque. Puis elle songe, que la tâche lui sera sans doute plus facile si elle les laisse seuls. Elle embrasse le front et le petit cou de sa fille chérie dans les bras de l'homme et lui offre un sourire que seules les mères connaissent.

    "Noche dulce Miha, Sé buena con él..." *


    Elle sort de la pièce encore nimbée de rose, nuance offerte par le coucher de soleil, et referme ce qu'il faut de la porte pour leur accorder un instant complice, mais elle ne peut se résoudre à s'éloigner, elle s'adosse contre le mur adjacent et tend l'oreille.

    Douce nuit ma fille, sois gentille avec lui.*

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Drahomir
Rien ne valait ce genre de moment. Le bonheur se résumait à cela. Un bon repas, un peu d'alcool, un peu d'amour et de la joie. Voilà, c'était ca, tout simplement. Juste ca. Ce petit moment sans prétention, sans chichi, sans pression. Ce petit moment de rien et pourtant de tout.
Il n'avait jamais gouté à ca. Il n'avait jamais ne serait-ce qu'effleuré ce genre de petite scène de vie. Il apprenait à en apprécier la simplicité. Il s'emplissait de ce moment, de cette image, jusqu'à la lie.
L'ogre ne se lasse pas de les contempler. Elles sont belles. Il s'extasie devant le bagout de l'infante, il retombe amoureux de la mère en action. Il n'a de cesse que de les contempler. Il ne sait pas ce qu'il a mangé. Il ne sait pas ce qu'il a bu. Il a tout fait machinalement, comme un automate. Sa nourriture a été spirituelle. Et elle l'a rassasié.

Le barbu est un estropié de la vie. Il n'a jamais pleinement était satisfait. Il y a toujours eu un contraste, une ombre au tableau pour venir ternir l'oeuvre de sa vie. Et en cette soirée il se soigne. Les deux filles le couvrent de baumes, le bande d'amour.
Sa vie pourrait être ca.
Il le désire.
Ardemment.

Il rit quand Hanna renverse sur sa matriarche l'alcool. Il accepte gaiement de prendre la môme le temps qu'elle se débarbouille. Il est gaie. Presque euphorique, et c'est avec plaisir qu'il accueille la minuscule poupée dans ses bras.
Il hume ses cheveux. C'est une odeur nouvelle, celle des bébés, celle que l'on ne se lasse jamais de renifler. Que l'on rêve de porter. Il l'adore. Il esquisse un léger rire quand la menotte se glisse dans sa barbe pour attraper une tresse. Il s'assure que Carmen est bien témoin de cette interlude et lève les yeux vers elle. Il capte son regard. Ils s'accrochent.
Il n'a pas relevé l'affirmation sur le père de la carnassière. Il n'a rien à en dire. Cela fait parti du passé de Carmen. Cela a fait d'elle cette femme qu'il admire. Il n'a pas à juger de l'absence de l'homme, il n'a jamais été un père très présent.

Mais il va se rattraper. Il va se prouver et lui prouver à elle qu'il est quelqu'un de confiance. Qu'il y a de la place dans son cœur pour elles deux.

"Tu veux bien.. La coucher avec moi ?"

Il fronce le nez. Il contemple la bouille enfantine qui le fixe de ses grands yeux et forcément.


Avec joie.

Et il la suit. Tout à son bonheur il ne pense même pas à se rincer l'oeil alors qu'ils gagnent la chambre. Là, il s'approche du berceau. Machinalement il allonge la silhouette dans ses grands bras et la berce précautionneusement. Il laisse la mère embrasser son enfant et remarque à peine son départ tellement il semble être absorbé par la progéniture.
Un deux trois, un deux trois. Le mouvement est régulier et censément soporifique. Mais inutile. Le regard mutin reste obstinément ouvert. Et un sourire laisse apparaître les petites quenottes.


Allez, petite fille, il est l'heure de dormir.

Il fait mine de l'approcher du berceau. Néanmoins la petite à le même défaut que sa mère. Elle adore le contredire.
"Carmen, on se met nus et ont fait des folies de notre corps?" "Non!" est la réponse Sernienne.
"Hanna, tu vas être une gentille fille et aller faire dodo?" "Naann!" sera aussi son refrain.
Et il est percutant.


"Naaaaaan!!"

Il fronce les sourcils. Il n'aime pas qu'on lui dise non. Il ne l'accepte pas. Que l'on ait une bouille à bisous ne change rien à la donne. Sauf quand elle commence à pleurnicher dans ses bras. Un éclair de panique.

Chutchuttchttt..

Elle se calme et coquine s'amuse à tirer ses poils de barbes. Il plisse les yeux, regarde autour de lui pour s'assurer qu'il est bien seul et pousse un faux grognement. Elle hurle de rire alors qu'il fait mine de lui dévorer le ventre.

PROUT!!!!

Personne n'a lâché de caisse. Il l'imite sur le ventre de la môme. Il revoit sa copie, être puérile avec les gosse parfois est plutôt sympa. D'autant plus quand cela leur tire un rire enchanteur qu'il ne se lasse pas d'entendre.
Le temps passe et au bout du compte la morveuse semble encore moins disposée à dormir qu'au début. Il ne sait pas vraiment quoi faire, alors il sort son joker:


Carmen!!! Euh... Elle ne veut pas dormir!

Et puis soyons clairs, il vient de bien se marrer avec elle, c'est pas lui qui va jouer le méchant en la couchant. Ca c'est le rôle de la maman.
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Carmen_esmee.
    La mère est là, attentive au moindre bruit venant du cocon de son enfant. Jusque-là patiente, adossée au mur, elle se laisse finalement glisser contre ce dernier, et s'assied sur le palier de l'escalier. Les jambes sont fléchies, l'arrière de sa tête se cale entre les deux premiers barreaux de la rambarde, elle fixe l'anneau à son annulaire. La brune le fait tourner inlassablement, en songeant à cette soirée. Elle se remémore et rejoue un souvenir dans sa tête... La patte blanche du monstre Sernesque se perd dans la barbe de Drahomir, pour en saisir une tresse. Et c'est là, à cet instant précis qu'il a levé les yeux vers elle. Elle baissa les siens furtivement, confuse d'avoir épié cet instant, mais le regard masculin est bienveillant et l'encourage, il l'invite a graver cet instant tout comme lui. L'onde d'un frisson remonta le long de l'échine maternelle alors qu'elle frotte l'étole maculée de liqueur de prune.

    Carmen clôt les yeux, enivrée du simple regard de Drahomir sur elle ce soir, elle étend ses jambes dans un froissement d’étoffe, elle meurt d'envie de se changer, elle pense à se lever et à le faire lorsqu'elle entend sa fille crier son mot préféré, "Naaaaaan !", puis vient un couplet de Chouineries calmées rapidement par Drahomir, un refrain d'éclat de rire, et pour finir une complainte de l'homme qui l'appelle à l'aide.
    La jeune femme se lève aussi silencieusement que possible, lisse sa robe et les rejoint.


      "Tu renonces déjà ? Ou est-ce que tu as déjà choisi le bon rôle que tu voulais jouer dans cette mascarade du coucher ?"

    Elle plonge son regard dans le sien, et souffle ces quelques mots en le frôlant, elle est assez proche de lui, pour l'embrasser mais elle n'en fait rien, n'offrant que son souffle chaud et sucré sur les lèvres du brun. Un sourire étire les lèvres et creuse les fossettes lorsqu'elle ajoute,

      "Hmm les deux, évidemment."

    Elle dispose ses bras entre les siens, pour saisir l'enfant. Le visage de d'Hanna se niche dans le cou maternel, pendant que la mère attrape une couverture afin de l'emmailloter sommairement dans ses bras.

      "Mija, il faut dormir, maintenant"

    Les bras maternels entourèrent l'enfant avec habitude, la bercent tout en marchant en long et en large dans la petite chambre, le pavillon infantile épouse la gorge maternelle au plus près du son enchanteur du cœur, elle caresse la tempe de l'enfant, hume les boucles brunes, la paume de la main, passe sur les paupières, un fredonnement dépasse les lippes, puis la mélodie s'élèvent dans la chambre.

    "Duérmete mi niña, que tengo que hacer
    Lavar los pañales, darte de comer.

    Duérmete mi niña que tengo que hacer
    Lavar los pañales y darte de beber.

    Esa niña quiere que lo duerma yo
    Que lo duerma la madre que lo parió...

    Esa niña quiere que lo duerma yo.."


    Hanna a fermé les yeux, à l'ombre de la paume de sa mère, Carmen tourne autour du berceau qui recueillera bientôt l'enfant endormie. Un petit soupire d'aise de l'enfant, signal de l'endormissement, la mère se penche au-dessus de l'écrin et y dépose son plus beau bijou. Elle l'embrasse une dernière fois en achevant la berceuse.

      "Que lo duerma la madre que lo ... parió.."

    De son corsage, elle sort un ruban de soie bleu, qu'elle dépose près de la main de la fillette. Carmen, soucieuse de perdre un jour l'amour exclusif de sa fille, ne confie sa garde qu'à des hommes. Et puis pensez-y.. les nurses masculines sont tellement plus agréables à mat.. côtoyer..
    Et depuis qu'elle a prit la résolution de ne plus dormir avec Hanna chaque nuit, elle lui laisse un vêtement qu'elle a porté tout le jour, imprégné de l'odeur maternelle, ce qui rassure certainement plus la mère que l'enfant.

    Elle ne quitte pas son enfant du regard et recule sur la pointe des pieds, elle saisit la main de Drahomir et l'entraîne dans son sillage, l'index barre les charnues pour lui ordonner le silence. C'est seulement quand il ferme la porte de la chambre qu'elle le regarde. Il a été le spectateur d'une des scènes les plus intimes qui se joue ici, chaque soir, elle le regarde, l'émeraude maternelle de ses iris s'efface, l'encre noire des pupilles se renverse à nouveau.
    Le long couloir, semble devenir étroit, trop étroit, sous l'effet de la tension, de la force d'attraction qu'elle ressent et ne peut ignorer. Elle prend une grande inspiration et descend l'escalier sans oser le regarder, ni lui, ni sa propre chambre. Il est hors de question de rester à l'étage et de flirter avec ses limites.

    La brune débarrasse la table machinalement, elle le dévore du regard dès qu'elle en a l'occasion, sans réussir à être discrète, elle le voit sourire, il sait qu'elle le détaille. Mais ne dit mot..

    Elle empile la vaisselle, lorsqu'il vient, dans son dos, nouer ses bras autour d'elle, son souffle se faufile entre les boucles éparses du chignon pour caresser chaleureusement la nuque. Elle se cambre imperceptiblement contre lui puis se fige frustrée car il s'éloigne. La chaleur la quitte avec lui, elle se retourne et l'observe, d'un revers de la main, il fait place nette sur la table, de la vaisselle explose, les couverts ripent et tournent sur le plancher. Il l'attire à lui, ses lèvres capturent les siennes, le baiser devient fougueux, ils ne jouent plus, ne se câlinent plus, il la soulève en la serrant dans ses bras, le séant trouve sa juste place sur la table, la senestre cambre les reins de la jeune femme, tandis que la dextre vient se poser sur le sternum, guidant et allongeant Carmen sur le bois dur et froid de la table, elle a d'ores et déjà mal au dos, mais elle s'en fiche éperdument ! Les mains masculines vagabondent sous le velours et la soie de la robe. Elle le regarde faire, en appuie sur un coude, il est un brin brutal et tout à fait primaire, il lui fait délicieusement peur, et... une corbeille de fruits se renverse et elle "s'éveille" dans un sursaut.
    Tout ceci n’était qu'une vision fantasmagorique.
    Carmen maugrée en se frottant les yeux, l'avoir invité le soir était une mauvaise idée, elle meurt d'envie de le toucher.. de le déshabiller.


        *Dios Mio..*

    Elle s'essuie les mains, faisant fi du vermeil de ses joues et relâche enfin la charnue qu'elle a mordu sans relâche pendant qu'elle.. se liquéfiait ? Euh songeait... et s'accoude à un bahut, essayant de prendre une posture nonchalante, échec...

      "Hanna ne tardera pas à t'adopter, si ce n'est déjà fait."

    Son amour pour lui est vrai, il est vivant, il est fou, il est angoissant, et elle s'aperçoit qu'elle est affamée.. Elle se rapproche, et naturellement elle vient se blottir dans ses bras, ses mains tremblent sur le torse masculin. Le front repose sur une épaule, son sang bat dans ses tempes sous l'effet de la panique. Elle le désire si intensément qu'elle sait a quel point il serait facile de la convaincre,

      Tu devrais y aller.

        *Non reste !*

          *Non pars !*


    La brune a peur de tourner la tête, de le voir et que toutes ses résolutions s'envolent. Elle reste immobile dans la chaleur de ses bras, et fixe la carotide battante de son aimé.


    Dors ma petite, car j'ai à faire
    Laver les langes, te donner à manger.
    Dors ma petite, car j'ai à faire
    Laver les langes et te donner à boire
    Cette petite fille veut que ce soit moi qui l'endorme,
    Que l'endorme la mère qui l'a porté
    Cette petite fille veut que ce soit moi qui l'endorme,
    Que l'endorme la mère qui l'a porté...

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Drahomir
Il la regarde. Elle semble troublée. Sa feinte nonchalance ne le trompe pas. Le mimétisme entre les deux individus est flagrant. Ils reproduisent les mêmes postures, les mêmes mimique, et la même soif de l'autre.
Tous les deux brûlent de se toucher, de s'enivrer de caresses et de baisers. Tous les deux souhaitent s'unir de manière plus intense. L'amour les unit. La frustration aussi.

Il l'accueille contre lui. Ses bras entourent sa silhouette avec facilité. Le corps de la jeune femme est fait pour épouser le sien. Leurs deux carcasses se frôlent. Elles sont brûlantes et le désir ne met pas longtemps à saisir l'ogre. Malheureusement, c'est un homme, et il est bien plus perceptible que chez la femme. Alors, il tente de reculer légèrement la taille afin qu'elle ne remarque rien. Elle l'embrasse et passe ses mains sur sa nuque. Elle effleure la naissance des cheveux Vadikrien. Un frisson le saisit, et le désir s'amplifie. Il en est presque douloureux. L'étau de ses braies est insupportable. Elles semblent trop étroites pour lui tout à coup. Il ne rêve que de les retirer et de se montrer incontrôlable, là, maintenant. De la saisir par la taille, de la coller à lui, de l'allonger à même le sol et de la prendre, inlassablement. A cette pensée impure une pulsation le saisit.

Il doit se calmer.

Senestre et dextre se posent sur les épaules Sernienne. Il la fait reculer légèrement de quelques pas.


Cal... Calmons nous.

Il plie le genoux, cela camoufle un peu la protubérance honteuse. Il tente de prendre un expression naturelle. En vain. Alors, gêné, il tourne le dos à la jeune femme et se dirige vers la table. Là, il exécute une sorte de gymnastique afin de s'installer sur un siège, sous le giron protecteur de la table. Et il capte le regard de sa compagne. Il est légèrement moqueur. Elle n'est pas dupe. Et elle affiche une moue un peu trop mutine à son goût. Il se racle la gorge. Fait mine d'avaler un verre. Tente de penser à autre chose. Mais rien n'y fait, la pression ne semble pas vouloir descendre et sa masculinité bat au rythme de ses pulsations cardiaques. Le feu brûle sur ses joues, il tente de se redonner contenance, et dit à Carmen qui affiche un sourire amusé:

Rah! Ca va! Cesses de te moquer.

Il baisse les yeux un instant, et se sent obligé d'ajouter.

Tu as la preuve irréfutable de mon désir.

Et si tu as un seau d'eau froide qui traine quelque part, il est preneur.
Toutefois, il n'a pas relevé sa demande de départ. Il n'en a pas très envie et ne souhaite que partager le lit conjugal. Mais il n'en fera rien. Elle a raison, il vaut mieux qu'il parte, qu'il s'éloigne d'elle. Il faut qu'il arrive à se contrôler. Il doit attendre de l'épouser, de convoler en justes noces.
Ca va être terriblement long. Il ne va pas tenir. Il risque de devenir fou. Mais ce sera une folie douce et insipide, qui disparaîtra après l'échange de consentement.
Les festivités ce jour là seraient très brèves. Et la nuit très longue.

Il ne s'est pas vraiment calmé mais ne voit plus l'intérêt de le cacher, alors il se lève. Il laisse quelques pas entre lui et la tentation. Sa lourde cape est attrapée et passée sur ses larges épaules. Il croise les mains devant lui.


Je.. Tu as raison. Je vais partir.

Il franchit la distance qui les sépare. Dépose un baiser ardent sur ses lèvres et sort.
Demain, ils n'auraient plus le temps de penser l'un à l'autre. Demain la menace Angevine serait déclarée et eux trop occupés à voyager pour se consacrer l'un à l'autre.

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Carmen_esmee.
      [Menace Angevine en Normandie]


    Carmen empaquette mentalement ses affaires et songe à celles de sa fille, les voyages au jour le jour, c'est bel et bien fini ! Maintenant c'est trois bagages minimums, des langes en veux-tu en voilà... Heureusement pour elle, C'est Ronan et Zig, le petit nouveau qui s'occupent de tout cela. Elle a donc de longues heures devant elle pour penser à autre chose.. Mais à quoi va-t-elle bien pouvoir penser .. Drahomir ? Très mauvaise idée... Elle a littéralement fantasmé en sa présence alors qu'elle était éveillée !
    Non, la seule chose qui calme encore ses ardeurs pour le Vadikra c'est l'écriture, elle quitte son lit et rejoint sa table de travail. Le cachet d'une missive a retenu son attention, celle de sa bien-aimée Marraine, et substitue maternel pour la brune depuis presque une décennie. Elle se cale au fond de son siège, fait sauter le cachet à l'aide de la pointe de sa dague et commence sa lecture.



    Citation:
        A Carmen-Esmée de la Serna, future mariée,
        De Korydwen de la Serna-Marigny, chef de famille,

      D'une branche d'arbre Serna à l'autre.

        Ma chère fille.

      Plus le temps passe et plus je me réjouis de te revoir. Même si peu à peu l'idée de ton mariage s'installe en moi, j'appréhende ma rencontre avec Messire de Vadikra. L'appréhension d'une mère de cœur qui va donner la main et l'avenir de sa fille à un homme, en le jugeant sur l'instant "T". De quel origine est-il ? Je n'ai de souvenir jamais entendu un nom de cette consonance en notre bon royaume de France. Ainsi je n'arriverai pas totalement en terre inconnu et je ne le ferai pas fuir en lui faisant croire que je ne me suis guère intéressée à lui.

      Je te fais confiance, ton instinct et cœur de mère étant les meilleurs juges pour tes actes et ils grandiront avec Hanna. Prenez votre temps en voyage, assurez-vous d'avoir assez de distance entre le conflit et vous-même. Prenez soin de vous tous. Je serai ravie de vous accueillir à la maison, car il est hors de question de faire dormir tout ce petit monde dans une quelconque auberge. J'ai suffisamment de terres, d'appartements, de maisons et d'hostels en Bourbonnais-Auvergne.

      Au moment où je t'écris ces quelques mots, la rencontre aura sans doute eu lieu et elle aura scellé en partie ton avis sur ton futur mariage je n'en doute pas. On ne devient pas père par un claquement de doigt et il est souvent difficile pour un homme de sentir concerné par la naissance d'un enfant. Certains fuis. Certains ont peur et veulent se jeter d'une falaise en apprenant qu'ils vont devenir père. Je pense notamment à Rick et à sa crise d'angoisse quand il a appris la grossesse de Tiadriel. Là aussi j'ai du recoller les morceaux. Je vais finir par réellement croire que je suis cette passerelle entre les Serna. N'uses pas trop vite ton tapis, si il t'aime il ne pourra qu'accepter Hanna.

      Voilà un jeu bien typiquement masculin que de vouloir faire rougir sa compagne, l'embarras, le rouge aux joues. Je connais bien, Althiof s'amusait et s'amuse toujours à faire de la sorte. La hâte, le coeur battant, difficile d'attendre parfois. Mais le temps sait faire son oeuvre.

      Je pense que les réponses à ma missive viendront oralement quand nous nous retrouverons à Paris sur le parvis de la cathédrale. D'ici là porte toi bien et ne fais pas de pelotes de tes neurones. Ne te tracasse pas de trop.

          Je t'embrasse.
          Korydwen


    Les jambes sont ramenées contre la poitrine, les bras les encerclent, elle pose son menton sur ses genoux et glisse son regard vers la peau bovine, qu'elle a usé a force de milliers de pas soucieux et indécis.. les poils, par endroits n'a pas survécu par trop de passage. Sa mère ne la connaît que trop bien. Sa vie a débuté véritablement en Auvergne au cœur de l'arbre maternel lorsqu'elle avait quinze printemps, dans une branche proche de la sienne, puisque Korydwen n'est autre que la cousine de sa propre mère, Eldarwenn. Leurs prénoms sont si proches, les femmes furent toutes deux, des modèles pour la jeune Carmen, néanmoins Korydwen fut une mère dans la durée. Elle soupire doucement et bascule sa tête en arrière, il lui faut quitter sa chainse de nuit et revêtir une tenue cavalière et prendre le départ pour Fécamp.

    Quand aura-t-elle le temps pour Paris ? Ce n'est qu'à un jour de Rouen, combien en faudra-t-il pour Korydwen pour venir ?




      [Fécamp - Le Surlendemain]


    La beauté sauvage des lieux frapperait n'importe qui, mais son regard ne sait apprécier. Le chaos du vent siffle dans ses oreilles, mais elle n'entend que son cœur battre avec force dans sa poitrine. Les embruns l'embaument mais elle ne les inhale qu'involontairement... Le souffle court. Elle déglutit, renifle et sa vision se trouble alors qu'elle est juchée sur la plus haute falaise de Normandie, La Côte d'Albâtre.

      "Carmen ! Je vous en conjure ! Reculez !"


    La brune passe ses mains sur ses joues pour en chasser l'humidité des larmes qui sont étalées sur ses joues par la force du vent. Les boucles brunes balayent le visage lorsqu'elle tourne la tête vers la voix du bienveillant Ronan, le frêle mais adroit Écossais. Elle fronce les sourcils, mais il ne peut le voir sous le rideau d'ébène qui ondule sur l'expression contrariée et interrogative de la maîtresse.

    Il s'approche à grands pas, mais semble peu sur de lui, comme s'il marchait sur un fil, la moue féminine est presque moqueuse, une fois encore, il ne peut le voir, il la rejoint et saisit la brune et l'éloigne du bord en la soulevant par la taille, d'une manière si peu convenable que surprise elle reste coite. Lorsqu'il la repose près du sentier, elle balaye ses cheveux en arrière pour affronter son regard. Il est pâle comme un linge, la sueur a perlé sur ses arcades sourcilières.


      "Mais enfin, qu'est-ce qu'il te prend !?

      - Vous .. Vous alliez sauter !

      - Mais pas du tout !

      - Ah.. ben j'ai cru.. que ... et enfin.. j'ai le vertige... si j'avais su..."


    Carmen interrompt le bégaiement en se mettant à rire, pas son rire habituel, un rire nerveux parce qu'elle est au bord de la crise de nerfs et cela se propage au pauvre jeune homme.

      "Je vous cherchais... Nous avons des nouvelles de votre fiancé.

      - Quelles sont-elles ?

      - Rentrons... Une missive vous attend et Hanna vous a réclamé."


    Ronan pense savoir ce que contient la lettre, il a faussé l'esprit maternel en y glissant l'image de sa fille se lamentant afin qu'elle le suive sans heurts. Elle rejoint l'Auberge des " Deux-Mâts". Zig est là, il prend soin d'Hanna, si bien que l'enfant ne remarque qu'à peine l'entrée de la mère. Carmen se saisit du pli, elle s'arrête net et hurle,


      "Chandelle je vous prie ! On y voit comme à travers une pelle ici !"

    La vérité est qu'elle est incapable de lire la lettre, la calligraphie est illisible ! Ronan s'approche, tend la main, et guette l'assentiment de Carmen pour lui prendre la missive et lui en faire la lecture. Elle se résigne et se saisit quant à elle de son regard, le pressant et le suppliant de mettre fin à son inquiétude.


      "Dame Carmen. Vous, avec un S, pardonnerez, E-Z, mon mauvais, A-I-S français. Ah celui-ci est bien orthographié."

      - Ronan ! Je ne te demande pas de la corriger mais de la lire !

      - Pardonnez-moi l'habi..."


    L'encre noire abyssale des iris de Carmen, obligera Ronan à taire ses explications et à reprendre le déchiffrage.

      "C'est Drahomir, qui m'apprend à écrire, Je fuis avec lui.. Euh non je suis avec lui. Nous sommes en forêt ! On est seuls, au milieu des .. euh Bois. Il a eu une sorte de crise. Il va mieux, Mais nous ne bougerons pas demain, le temps qu'il se remette. Ne vous inquiétez pas, je vaille.. Je veille sur lui, Respectueusement, Gurwan, page de maître Drahomir."


    Le palpitant s'est fait discret, elle écoute, elle boit chaque mot, hoquette pour le "je fuis".. Puis la main vient barrer son souffle lorsque le mot crise est émis... Elle se tient la taille de sa main libre, un point de côté vient de la saisir.. Elle se sent mal, terriblement mal. Elle recule lorsque Ronan veut lui donner la lettre. Carmen fait volte-face, et rejoint la chambre qui sera encore sienne ce soir. La bouteille de liqueur est éventée avec les ivoires Sernienne qui arrachent au cou de la bouteille, sa tête de liège. Le liquide emplit la gorge sans être savouré.. Un vice dont elle pensait se débarrasser grâce à Lui, à son amour, à sa présence, peut-être que la pomme Normande, n'est pas tombée si loin de l'arbre immoral paternel. Elle a ses failles, l'alcool les comble parfois, mais elle a conscience que ce colmatage éthylique ne dure que l'ivresse amnésique qu'il procure. Elle est debout, face à la fenêtre, elle regarde l'horizon maritime, le ciel et la mer vont bientôt se confondre, et ne devenir que noirceur, le verre agit comme un miroir, lui offrant un reflet insatisfaisant... Le cadavre de réconfort liquide éclate contre le mur adjacent..
    Quand a-t-elle commencé ? Quand elle a compris que Duncan ne reviendrait jamais ? Quand elle a compris qu'elle élèverait seule Hanna... Quand elle a coupé les ponts avec son père ? Cette habitude s'est installée progressivement, comme toutes les mauvaises habitudes.. L'inquiétude la ronge, elle ne veut pas le perdre Lui..

    Elle se hâte, elle sort vélin, encre et plume et rédige emprise à l'ivresse, à l'inquiétude, cette courte missive.


    Citation:

          Gurwan,


      Pardonnez-moi, mais je n'ai jamais, ô grand jamais entendu parler de vous. Admettons que vous êtes ce que vous prétendez, s'il arrive malheur à mon fiancé, je vous éviscérerais moi-même.

      Quel genre de crise, a-t-il fait, est-ce son cœur ? De quoi se plaint-il, n'omettez aucun détail.
      Et ne lui faites point prendre la route pour Fécamp, dès que possible faites le porter à la capitale,
      Je ne puis prendre la route cette nuit, mon état ne me le permet, mais demain à la première heure, sans faute, je ferai route vers Rouen. Dites-lui bien que ce Lundi, nous serons réunis à Rouen et que s'il meurt, je le tue !


      Carmen.





    [Plus tard - Dans l'intimité de la chambre des "Deux-Mâts"]



*Ô Dieu ! Toi en Qui je crois, Toi qui guides mes pas,
Donne-moi la force de professer la grandeur de Ton Nom,
Ainsi que l'amour et l'adoration que j'y porte.
Envoie-moi Ton Archange, Raphaëlle,
Pour qu'elle chemine à mes côtés,
Que je ne sois plus seule face à l'ennemi de ma foi
Et de ma conviction. Que mes actes obéissent à mon cœur
Et que même ma main gauche suive les commandements de ma droite.
Que mon cœur te craigne. Et que j'annonce Ton Saint Nom.
Dieu, daigne lever ta main, que raphaëlle descende et me vienne en aide.

Ô Seigneur Si tu daignes le protéger,
Je promets de l'aimer d'un amour sans faille. Donne moi le temps seigneur.

Ainsi soit-il... *


A genoux, près de sa couche, les mains jointes, la pieuse prie... Les lèvres embrassent les mains, qui enserrent elles-mêmes, la médaille de baptême. Une pensée pour Rick qui versa sur elle l'eau du baptême en la chapelle du château de Cournon. Les larmes se sont taries, mais elle renifle encore comme une enfant, lorsqu'elle se couche. Elle se replie sur elle-même, il lui semble qu'elle pourrait mourir de froid, mourir de son absence. Est ce possible qu'elle l'aime à ce point ? Un sourire nerveux se dessine sur les lèvres, avant de fondre à nouveau en larmes. Elle le hait ! Il est la cause de tous ses maux !
_________________
























































Drahomir, incarné par Jason_ludgaresvissac


[Rouen.]



Il n'est pas parti le premier soir. Aucun oublis de départ. Non, une simple douleur, diffuse, à la poitrine.
Il ne s'agit pas d'un coeur brisé. Le sien a toute son intégrité. Au contraire, il bat très fort depuis qu'il est avec elle. Trop fort peut-être?
Suffisamment en tout cas pour lui être douloureux.

Il est dans sa cahute de Rouen. Le torse est nu. La fraîcheur de la nuit lui donne la chaire de poule. Il regarde dans un miroir la large boursouflure qui lui barre le pectoral gauche. Elle est moche et irrégulière. Elle semble saine. Cela fait longtemps qu'aucune humeur n'en sort. Souvent elle le démange. Souvent elle lui fait mal. Un fourmillement douloureux vient parfois s'inviter sur son bras. Il engourdit sa main. Il respire alors. Il serre le poing, puis le desserre, machinalement. Et cela se calme.

C'est pour ca qu'il a pris Gurwan sous son aile. Pour qu'il garde un oeil sur lui.
Dans son dos, l'adolescent le regarde. Il attends près des valises. Une nouvelle secousse saisit l'ogre. Il grimace et déjà le jeune est à côté de lui.


Paix, gamin. Paix. Ca va.

Pas rassuré, l'interpellé recule d'un pas. Dame Carmen va s'inquiéter.
Et pour cause, le maître des lieux vient de prendre une décision. Une main sur la poitrine, l'autre tatillonne jusqu'au dossier d'un siège sur lequel il s'assoit.


Nous allons rester.. Cette nuit. Nous partirons demain. A l'aube.

[Le lendemain, avant les premières lueurs du jour]

Le soleil ne pointait même pas encore ses premiers rayons qu'ils étaient sur la route. L'Ogre sur Kouros, l'ancien poulain royal devenu un étalon magnifique, Gurwan sur un cheval de trait immense mais paisible, qui ne mettra pas à mal ses maigres compétences en équitation.
La nuit a été affreusement courte. Et pourtant dans son paroxysme, étrangement longue. Le Vadikra ne supporte plus d'être éloigné, ne serait-ce qu'une nuit, de la présence réconfortante Sernienne. Il dort mal, n'a de cesse de se retourner et de tâter de sa pogne l'emplacement vide à côté de lui.
Cela a été d'autant plus difficile qu'il a souffert toute la nuit. Il s'est tordu dans son lit, recroquevillé sur lui même. Une boule de douleur, pantelante.

Il chevauche, les yeux sont caves, le teint terreux. L'homme n'a franchement pas bonne mine, mais il a un objectif, rejoindre sa brune morte d'inquiétude. Il lui a envoyé un courrier pour l'informer. Il ne s'est pas montré expansif pour ne pas l'inquiéter. Il a raté le départ. Point.
Elle le connait, elle sait comme il peut être tête en l'air. Elle le comprendra.

Les deux hommes avancent à une allure soutenue. Cette chevauchée libère la douleur, la fait disparaitre un instant. Il prend plaisir à galoper. Il aime cette sensation de vitesse qui lui procure un plaisir indicible. Cette liberté qu'il ne s'autorise que rarement. Les fermes autours de Rouen défilent à une vitesse faramineuse, puis ce sont les champs et les près. Et enfin les bois.
Gurwan a du mal à suivre, le frison que monte Drahomir est exceptionnel et n'a pas d'égal. Alors il ralentit l'allure pour l'attendre. Un léger claquement de langue et la bête se calme. Elle avance maintenant au pas. Sa respiration est haletante et ses flancs se lèvent en rythme sous ses cuisses.
Un éclaire lui traverse le corps. Il grimace. La main se recroqueville sur son torse. L'animal parfaitement dressé ne bouge pas alors que son maître quitte ses étriers et s'écroule au sol.

Noir.


[Le soir. Même jour.]

Le feu crépite. Le jeu d'ombre est mystifiant. Il ouvre les yeux. Les bruits nocturnes l'entourent de leur cacophonie oppressante. Près de lui un adolescent terrifié le dévisage de ses grands yeux.
L'Ogre ouvre la bouche. Elle est pâteuse et le goût métallique du sang l'assaille. Il tente de se redresser mais ses bras tremblants supportent à peine son poids. Alors Gurwan lui maintient la tête et l'oblige a avaler une gorgée d'eau.
Il tousse, manque d'en cracher la moitié, rage, mais finit par remercier le jeune homme. Et une première question pointe entre ses lèves desséchées tel un croassement.


...Car...Carmen?

Gurwan lui sourit de toutes ses dents, fier de lui.

J'lui ai écris m'sieur. Pas d'soucis.

Il craint le pire, mais est trop faible pour protester. D'ailleurs, le mioche lui tends la réponse Sernienne qui vient d'arriver. Il la lit plusieurs fois. Ses sourcils se froncent. Il ne sait pas comment réagir. Il croit manquer d'air et craint une nouvelle crise. Mais elle passe. Il doit la rejoindre. Coûte que coûte. Peu importe les protestations ou les recommandations féminines. Il doit la rassurer. S'assurer qu'elle va bien. Qu'elle ne s'inquiète pas. Qu'elle ne souffre pas de le savoir mal en point. Il repousse la couverture qui recouvrait sa large carcasse et se lève en ahanant. La tête lui tourne et il prend appuis sur son acolyte pour ne pas tomber. Il sent la sueur aigre et la maladie. En frissonnant il passe des vêtements plus propre et se dirige déjà vers son cheval, prêt au départ.

Nous partons.

Il tremble et met une éternité à grimper en selle. Une fois chose faite il est de nouveau en nage. Néanmoins il reste implacable envers son page qui proteste.

Maintenant.

Pour Carmen. Par ce qu'elle a besoin de lui. Par ce qu'il a besoin d'elle. Par ce qu'elle n'est qu'une partie de lui même et qu'il se sent amputé quand elle ne se tient pas à ses côtés.
Alors il part, à une vitesse effrayante. Le vent frais lui fais du bien et bientôt les murailles de Fécamp sont visibles. Il est seul. Gurwan le rattrapera. Il a encore mal mais cache cette douleur derrière une façade sereine. Bientôt il ira mieux. Bientôt il sera avec elle.

Il passe les portes de la ville à toute allure et son cheval manque de glisser sur les pavés quand il négocie abruptement un virage. Il sait où elle dort. La bourgade n'a pas trente auberges capables d'accueillir la maisonnée.
Il voit sa certitude confirmée quand arrivé devant les "deux mats" il aperçoit la charriote où sont entassés toutes leurs affaires. Kouros est laissé libre, et lui se rue dans l'auberge, manquant de fracasser la porte. Son arrivée réveille toute la maison et le tenancier ensommeillé tente de lui barrer le passage.


CAR-MEN!!!

L'homme est renversé. Ce n'est pas de la méchanceté. Il ne l'a pas vraiment vu. Il monte bille en tête et continue d'hurler le nom de sa promise jusqu'à l'ouverture d'une porte et que son visage défait par les larmes paraisse. Là, la voix légèrement vrillé, il lui dit:

Je.. Vais... Bien..

Il s'approche pantelant, jusqu'à elle. Il saisit son visage avec une douceur exagérée. Il tremble et sa tête lui tourne. Il est brûlant. De fièvre.

Je suis désolé.

Désolé d'être en retard... Mais ca n'arrivera plus. Il la relâche et s'appuie contre le mur. Ses yeux se ferment quelques secondes. Il se tient pour ne pas tomber. Il va aller mieux, maintenant, il en est certain.
Il est avec elle. Et un sourire défait nait sur ses traits.


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