Afficher le menu
Information and comments (0)
<<   1, 2   >   >>

Info:
Unfortunately no additional information has been added for this RP.

[RP] “Colombe mal gardée du loup est tôt happée.”

--Aaron..




[Port de Waterford - Irlande]


La citadelle se dressait sur son promontoire rocheux, surplombant l'océan, un des joyaux de l'Eire. De hautes falaises semblables aux côtes Normandes. Mais la vue, ici, est splendide, inquiétante aussi par la brume qui passe telle un voile sur Waterford.

Aujourd'hui, Aaron est inquiet, les nouvelles du royaume de France ne lui plaisent guère.
Il descendit de la passerelle du navire d’un pas leste et contrarié. Il s’arrêta sur le quai et observa les badauds, commerçant, artisans, courtisans et simple quidams inclinèrent la tête à sa venue. Il aimait le respect qu’il respirait… bien que cela puait un peu plus la crainte qu’autre chose. Il avait changé de vie, il l’a dit pourtant. Mais personne ne voulait y croire. M.Lupin faisait partie du passé. Aaron le gentil grand père venait de naître.

Sa fille et sa belle petite famille était passé il y a peu de temps, il avait réunis ses deux enfants. Il était encore très fier de cela, mais l’affection de Carmen n’était pas facile à acheter, elle lui en voulait encore et toujours. Il ouvrit sa flasque et se donna une petite rasade. Ses émeraudes se posèrent sur un tonneau de vin, un tonneau de vin de Bordeaux, son préféré. Il apostropha le garde près de la cargaison.


« Hé toi ! Tu en feras monter un à la citadelle, pour Aaron Lupin
- Ces tonneaux sont destinés à l’Angleterre, navré.
- Tu vas m’en monter un… et mes hommes t’aideront »


Il pose sa main sur sa ceinture, tâtant le pommeau de son épée. Deux hommes derrière lui en font autant, le soldat acquiesce et cède sa place à l’un des hommes de main.


[Forteresse]

Aaron reprend son chemin vers la Citadelle, il s’arrête dans la cour d’entrainement et interpelle le maître d’arme, le borgne s’approche en distribuant quelques coups de bâton aux recrues dans la position laisse à désirer.

« Sais-tu où se cache William ?
- Il vient de rentrer de mission, pourquoi ?
- Parce que je m’en vais lui en confier une autre.
- Han, Aaron, le gosse vient de rentrer, laisse le souffler merde ! »


Aaron le regarde dans le blanc de l’œil, ben oui l’est cyclope le maître d’arme,

« Rappelle-moi qui donne les ordres ici ?
- Je vais te le chercher mais ça intérêt d’être important sinon… »

Aaron le coupe en prenant le chemin de l’escalier du déambulatoire, « C’est au sujet de La Paloma, je vais lui écrire, envoie moi un messager dans un quart d’heure dans mon bureau, quelqu’un de sûr pas un branquignol »




[Quelques minutes plus tard, Bureau d’Aaron]


Aaron remet le pli cacheté d'une gueule de loup au messager qui file le remettre a qui de droit dans le village voisin.



A vous : William MacKinley
De Nous : Aaron Lupin

Will,

Je n’ai pas l’habitude d’écrire moi-même mes plis mais je vais faire une exception, tu sais que tu es un de mes meilleurs hommes, si ce n’est pas le meilleur après mon fils. Je t’ai toujours considéré comme tel, donc ne me déçois pas.

Je te félicite pour la réussite de ta dernière mission, et je te remercie en t’en confiant une de la plus haute importance. Comme tu le sais, la Paloma vit quelque part dans le Royaume de France. Elle va faire son nid avec sa famille en Normandie. Seulement voilà, j’ai bien peur que ce soit la pire décision qu’elle est prise. On m’a prévenu ce jour qu’Elywood était de retour. Je pense que tu comprends mon angoisse de le savoir si près d’elle.

Je t’invite sur le champ, pour ne pas écrire que je t’ordonne, de me rejoindre dans mon bureau pour régler les derniers détails concernant ton départ.

Lupin.



Le vieux loup attendait la venue de William, il rédigeait des missives, dont une pour son fils aîné Aedan, qu'il savait très occupé depuis son retour. Il ne voulait pas l'inquiéter toutefois, il se devait de le prévenir du danger.
William_mackinley
[Petit village aux environs du Port de Waterford, Maison de William MacKinley - Irlande]

William était allongé sur son lit et se reposait de la dernière mission effectuée! Aaron l'avait choisi pour son intelligence, sa ruse et son habileté au combat. Du reste son physique peu rebutant inspirait confiance et ses études lui garantissaient de se glisser dans la peau de n'importe qui sans éveiller les soupçons.
Son rôle préféré: jouer le gentil gens d'arme de Waterford! C'était officiellement le rôle que Aaron de Waterford lui avait assigné. Malin comme un singe celui-là! Il a avait été l'escroc de la pire espèce pendant des années et pour cette mission il avait confié a William la sale besogne de retrouver l'un des bandits qui avait eu l'audace de s'en aller avec tout le magot.

Quelle course! C'était un coriace celui-là! pensa William. Il avait fallu monter jusqu'en Angleterre pour le retrouver. L'escroc ne s'était pas montré très collaboratif pour révéler la cachette du butin... Il avait fallu user de quelques méthodes un peu musclées... William détestait çà! Il s'était endurci grâce aux mauvais traitements du vieux maître d'armes borgne de la citadelle... Mais à chaque fois qu'il devait utiliser la violence il pensait à sa douce amie Carmen... Elle si douce, elle si pure, elle si belle... Mais elle si loin!!!! Avec cet abruti de Duncan!
William poussa un soupir et s'assoupit... Il revait maintenant de son visage ... de ses mains qu'il avait si souvent tenues entre les siennes... Quand soudain on frappa à la porte!

- M'sieur Will! une lettre pour vous!!!d'la part du Loup!
- Heu oui! cria Will, j'arrive... puis dans sa barbe, qu'est-ce qu'il me veut encore ce vieux débris!!! Il va me reprocher de pas être allé le voir directement! Quel rapace!

William ouvrit la porte.

- Merci! dit William en récupérant le pli et en glissant une piecette dans la main du coursier.
- Merci M'sieur Will! Vous êtes bien généreux pas comme... euh ...

Un regard échangé... ils s'étaient compris... William sourit un instant au coursier qui lui renvoya le sourire en se grattant la tête d'un air innocent. La porte se referma.

William ouvrit le pli, se servit un verre de rouge. Aaron lui accordait le droit d'en prendre une bonne cruche à chacun de ses passages à Waterford.
Il en but une gorgée et claqua sa langue contre son palet.

- Qu'est-ce qu'il a bon gout pour le vin quand même! Ca on peut pas lui retirer!

William commença à lire la courte missive...

- Will, Je n’ai pas l’habitude d’écrire moi-même mes plis mais je vais faire une exception, tu sais que tu es un de mes meilleurs hommes, ... oui je sais pensa Will... si ce n’est pas le meilleur,... hum évidement se gaussa t-il... après mon fils. ... Quoi?!!! cette espèce de bon à rien!... hurla-t-il, Heureusement que j'étais là pour lui sauver la vie à plusieurs reprises!!! Bon bref... Je t’ai toujours considéré comme tel, ...blabla... donc ne me déçois pas. ...Nia nia...
Je te félicite pour la réussite de ta dernière mission, et je te remercie en t’en confiant une de la plus haute importance... Quoi encore une mission! nan mais il va falloir qu'il augmente le tarif. A ce rythme là je vais mourir sans héritier! Bon de quoi s'agit-il!


... William continua la lecture de la lettre et plus il avançait plus son regard s'assombrissait. William était inquiet... très inquiet...

*Paloma... pensa-t-il, cet ordure d'Elywood va s'en servir comme monnaie d'échange pour récupérer l'argent qu'Aaron ne lui a pas payé...*

William mit sa cape et sortit en trombe de sa maison, il enfourcha sa monture et partit au triple galop en direction de la citadelle de Waterford. Toujours aussi sinistre! Autant que l'homme qui la dirigeait...
Il croisa le vieux borgne dans la cour. *Toujours en train de martyriser les nouvelles recrues?* pensa-t-il, mais il était trop inquiet pour faire une quelconque remarque ou boutade et le borgne le savait bien.

- Va vite Will'! Il t'attend! dit le borgne

William le salua de la tête et monta les marches qui menaient au bureau de ce vieil Aaron. Il frappa et attendit un instant l'ordre d'entrer...
--Aaron..





[Waterford - Bureau du Vieux Loup]

Cette histoire sentait le souffre.. Ses hommes envoyés dans le royaume de France étaient fiables mais Elywood était comme eux avant, loyal et respectueux de son maître. Cette vieille histoire remontait, et ce sale chien osait le faire chanter !? Lui qui lui avait tout appris, tout donné ! Il osait menacer la vie de sa fille. Cela ne se passera pas comme ça. Il faudra lui passer sur le corps pour récupérer ne serait-ce qu’un denier !

Le vieux loup enrage dans son bureau, sa plume s’épuise sur les vélins, tous écris de sa main, cela devrait suffire pour montrer l’importance de l’affaire. Heureusement il avait le meilleur sous ses ordres. William, *ah ce jeune homme*, on le lui avait confié un peu jeune pour tenir une épée mais il savait déjà tenir un arc et viser juste pour son âge. Aedan et lui s’entendirent gamins, bien que la compétition les ait toujours guidé, sans cesse, Aaron assistait à des défis de plus en plus fous, de plus en plus dangereux. La jeunesse se fit, et la sagesse vint pour au moins l’un d’eux, Aedan se rangea, épousant une jeune héritière promise à un beau destin. Fort heureusement William resta en Eire, sous le contrôle du loup qui le fit rentrer dans les meilleures écoles, faisant de lui un soldat érudit.

Cette gentillesse n’était pas sans arrière-pensée, Aaron avait des yeux, il avait vu comment William tournait autour de la Paloma. Une belle amitié qui aurait pu se mouvoir en plus. Mais il en était hors de question. Sa fille ne devait pas rester en Eire, toutes attaches à cette terre étaient proscrites. Après le départ de sa fille pour son baptême avec Aedan, il confia à ce dernier de lui trouver un époux capable de gouverner son cœur et de l’établir pour toujours loin de Waterford et de William. De cela, seuls père et fils savaient. Le vieux loup, un brin cruel se servait aujourd’hui des sentiments de Will pour l’envoyer à la rescousse de sa chère enfant.

On toqua à la porte, un coup franc, c’était lui, le vieux loup lâcha sa plume et sa pierre de lecture. Il se faisait vieux et lire de près devenait une véritable épreuve, il se pinça l’arête du nez, le mal de tête n’allait pas tarder. Il se leva et ouvrit la porte sur William, il embrassa celui qu’il considère comme son fils, lui donna l’accolade.

« Ah William, Bravo mon petit ! Un beau travail m’a-t-on rapporté, mais j’attends toujours ton rapport. »

Aaron fonctionnait ainsi une caresse sous le menton et une tape derrière la tête, il ne perdait pas ses réflexes.

« Si tu acceptes mon ordre aujourd’hui, je te priverai de cette affreuse paperasse, un de tes camarades me relatera tes exploits, non ? »

Le vieille homme revient s’asseoir derrière son bureau, il désigne le siège libre en face, du revers de la main. Il n’aime pas qu’un homme reste debout quand lui est assis, une histoire d’égalité..

« Assieds-toi, et sert nous du vin, tu veux. »

Il replonge sa plume dans l’encre sous le regard azur de William,

« J’écrivais à Aedan, dommage que tu ne l’es pas beaucoup vu. Enfin il est à nouveau près de ma Bru. Mais tu n’es pas venu ici pour que je te parle de ton frère d’arme. Alors venons-en au fait. »

Il pose sa plume, cachète la lettre en retirant sa chevalière avant de la noyer dans la cire chaude.

« Carmen est heureuse semble-t-il avec son époux et sa petite fille. Qui est délicieuse d’ailleurs grâce à cette petite, je peux imaginer de quoi ma fille avait l’air bébé. » Le père se perdrait presque dans un discours de vieux gâteux parlant de joues et de petits pieds… Il se reprend en affichant un rictus, « Elywood veut me faire chanter, il va s’en prendre à ma famille. Il sait que Carmen représente ce que j’ai de plus cher au monde. Je compte sur toi, je sais tes sentiments pour elle. J’espère que je ne rouvre pas de vieilles blessures. Ce départ sans un mot pour toi. »

* C’est pas beau de mentir…* Il avait la lettre, les lettres de Carmen, elle avait fini par cesser de lui écrire, il y a 2 ans quand elle se maria. Intercepter les courriers c’était sa spécialité, il s’en usait les yeux d’ailleurs.

« Quand peux-tu partir, mon grand ? J’ai apprêté un bateau, il sera prêt dans une heure, tu devras réunir l’équipage, je te laisse le choix des hommes. »

Le vieux loup saisit le verre servit par Will et le vide d’un trait en attendant sa réponse, qu’il espère positive hmm pardon qu’il sait positive, on ne dit pas non au vieux loup.
William_mackinley
[Waterford - Bureau du Vieux Loup]

Aaron... cette vieille canaille! William trouvait qu'il en faisait toujours trop avec ses "mon petit", ses accolades... Mais après tout il l'avait recueilli et s'en était occupé comme son propre fils...
Cependant William avait toujours été mal à l'aise avec Aaron... Il doutait de l'honnêteté du vieil homme. Il avait le sentiment d'être manipulé comme une marionnette néanmoins cette comédie lui plaisait lui offrant la vie aventureuse dont il avait toujours révé et lui permettant de vivre honorablement enfin disons de ne pas mourir de faim...

« Ah William, Bravo mon petit ! Un beau travail m’a-t-on rapporté, mais j’attends toujours ton rapport. »
Oui dis plutôt que tu attends le butin vieil peau! pensa William sans lui montrer évidemment.


- J'ai mieux qu'un rapport concernant ma mission Monsieur. Voici le mandat de dépot qui a été fait a votre banque. Votre bien est en sécurité et le bandit hors d'état de nuire. J'ai la joie de vous annoncer que vos biens vous ont été restitués avec quelques beaux intérêts.

Un sourire diabolique se dessina sur le visage de William lorsqu'il servit du vin à Aaron. Il s'en servit a lui-même également, il ne pouvait résister à quelques gorgées de ce doux nectar, puis il écouta Aaron parler...

Oui c'est vrai il n'avait pas beaucoup vu Aedan à sa dernière visite... Il était comme son frère... Ils avaient été élevés ensemble...
Quant au bonheur de Carmen, William ne voulait pas y croire... Pourtant il n'avait eu aucune nouvelle d'elle... Elle l'avait donc surement oublié... Il était tant qu'il se manifeste. C'était l'occasion!
La demande de Aaron le conforta dans l'idée qu'il se faisait de l'homme qu'elle avait choisi! Duncan! Mais qu'est-ce qu'elle lui avait trouvé! Ce bandit raté! Qui n'était même pas capable de la protéger!

Lui, William saura la protéger de cette ordure d'Elywood! Bien sûr qu'il allait partir!!! Encore une fois le vieux avait touché la corde sensible... Encore une fois William allait lui obéir sans broncher... Car il s'agissait de Carmen!

William regarda Aaron avec son air le plus sérieux. Ses yeux d'ordinaire si bleus étaient devenus gris dans l'obscurité et lui donnait un air tout aussi sinistre que son maitre...


- Bien sûr que je pars! Par contre j'opte pour un voyage en solitaire pour ne pas éveiller la méfiance des français! Un équipage marchand devrait suffire pour m'amener jusqu'aux cotes françaises. Je m'occuperai d'Elywood seul! Je l'ai toujours dominé en combat et surpassé en intelligence! Il ne fait pas le poids!

William se leva avec assurance.

- Au revoir Monsieur. Je vais me diriger vers Rouen rapidement. De là-bas j'en saurai plus sur l'arrivée de Carmen et les déplacements de Elywood. Je vous écrirai quand je me serai débarrasser de lui!
--Aaron..




Le vieux regarde le mandat, un sourire au coin des lèvres, la somme était devenue très rondelette avec le temps. William ne tarderait pas à le quitter pour mener sa propre barque s'il ne savait quelles étaient les ambitions de William pour l'avenir. Les tenir voilà le secret. Chaque homme à son service avait à gagner en restant loyal, des titres, des terres, de l'or, la gloire, des femmes... chacun y trouvait son compte. Mais pour Will, c’était différent, il n’avait jamais fait de demande extravagante, il se contentait de sa commission et d’un prime à la hauteur des risques qu’il prenait.

« Bien sûr que je pars! Par contre j'opte pour un voyage en solitaire pour ne pas éveiller la méfiance des français! Un équipage marchand devrait suffire pour m'amener jusqu'aux côtes françaises. Je m'occuperai d'Elywood seul! Je l'ai toujours dominé en combat et surpassé en intelligence! Il ne fait pas le poids! »

William se leva avec assurance, Aaron en fit autant, un grand sourire aux lèvres. Toujours cette compétition, Will avait en effet était le meilleur de ses recrues cette dernière décennie, c’est bien pour cela qu’il l’avait gardé, il ne faut pas gâcher le talent. Il aurait voulu en faire autant pour Elywood. Un autre gentil garçon mais il ne l’avait jamais cerné, n’avait pas su deviner ses ambitions à temps.

« Au revoir Monsieur. Je vais me diriger vers Rouen rapidement. De là-bas j'en saurai plus sur l'arrivée de Carmen et les déplacements de Elywood. Je vous écrirai quand je me serai débarrassé de lui ! »
Aaron sort de sa torpeur et lui lance avant qu’il ne sorte : « Tapadh leat* Fiston, je savais que je pouvais compter sur toi. Je te laisse faire à ton aise, mes hommes sont les tiens, si tu changes d'avis »

Il lui donna une tape dans le dos, le laissant filer.

« Prend la Merrow**, et fait raisonner la légende ! »

Ah la jeunesse, Le vieux loup ferme son bureau à double tour, plis en poche et rejoint le déambulatoire de la cour d’entrainement, il regarde les hommes s’entrainer, parer, attaquer. Il pose ses coudes sur la balustrade et agite les plis pour que le maître d’arme comprenne, mais celui-ci n’a d’yeux que pour les combats.
« Roderick ! » Le borgne cherche autour de lui d’où provient l’appel, Aaron, agacé, se frotte le front. « Hann… Ici Rick ! ». L’attention gagnée, Roderick comprend ce qu’il doit faire sans avoir besoin d’échanger un mot avec Aaron, il lui envoie l’un des meilleurs cavaliers comme messager.

[Dans la soirée]

Le Vieux loup, assis dans son fauteuil repense à sa fille et à Elywood… Il tient dans sa main, une petite chaussure en cuir et une lettre, il aimerait dire que Carmen a perdu la petite chaussure d’Hanna, mais c’est lui qui l’a dérobé. Il n’avait pas eu l’occasion de vraiment profiter de sa petite fille. Il pensait avoir une deuxième chance avec cette enfant, qu’il la verrait grandir… Mais non, sa garce de fille lui refuse ce privilège, ce droit. Il relit la lettre qu’on lui a remis il y a un peu plus d’un an, une fois encore…



                À Vous : Aaron Lupin, dict. Alphonse, dict. M.Lupin.
                De Nous, Votre fille, Carmen Esmée de La Serna Mac Campbell

                    Aaron, Alphonse.. Vous,


                  C’est de Paris, Royaume de France, ce vingtième jour de Juin de l’an mil quatre cent
                  soixante-deux, que je vous écris pour vous donner des nouvelles de notre famille. Il y a
                  bien longtemps que je ne vous ai pas écrit. Peut-être puis-je incomber la faute à vos
                  silences en réponse à mes questions sur mon bien aimé frère, ou bien à mon
                  considérable mépris pour votre personne.


                  Je vous annonce en ce jour que vous ne serez jamais grand-père de ma lignée. Que mon
                  bien aimé mari s’est retiré dans les Highlands pour convalescence. Que votre petit fils
                  est mort-né. Que votre fille a rejoint sa mère, et son fils dans le paradis solaire. Là où
                  nul ne peut plus nous faire du mal même pas vous.


                  Ne perdez point votre temps à vous accabler sur votre sort, vous qui de notre vivant ne
                  vous êtes jamais investi dans cette famille.


                      Que Dieu vous garde, toujours loin de moi comme il en fut.

                            Feue Votre fille


Il aimerait chiffonner ce tissu de mensonge… Mais il ne peut s’y résoudre. Il replie soigneusement la lettre et la range dans son bureau. Il regarde la porte de son bureau et repense au jour où il a envoyé Elywood en mission… Le garçon avait fait ses preuves et comme les autres ils voulaient montrer de quoi il était capable en solo... Le vieux loup replonge dans ses souvenirs bercé par le craquement de la bûche incandescente dans l'âtre.




[Sept ans auparavant - Waterford]

Carmen a quinze ans et c’est une vraie peste, Aedan presque vingt-trois, il commande sous ses ordres et William a quant à lui, dix sept printemps. Il en fait déjà un peu plus sauf quand il regarde Carmen… Là il a bien son âge. Aaron doit garder les deux jeunes sous bon œil. Il est temps d’éloigner William, une école sera un bon moyen de le faire.
Encore une nuit, un peu trop arrosée, il se souvient de ce qu’il a fait la veille… il a dépassé les bornes, son ivresse lui a permis de revoir sa douce Elda, mais quand le voile de l’ivresse se leva, c’est le corps inanimé de son enfant sur la tapis de son bureau qu’il découvrit. Les reins marqués par le sceau du Lupin… Aedan est arrivé trop tard, mais il promet de prendre soin d’elle... Il la prit dans ses bras, l’enlevant a jamais des griffes du vieux loup.


« J'accepte, demain je pars avec elle, j'assisterai en ton nom à son baptême mais je ne sais pas si je reviendrai. Ton obsession pourrait lui coûter la vie

- Mac, mon fils ... Je regrette.»


Le jour du départ, Aaron ne sait quoi faire, devant la porte de la chambre de Carmen, il fait les cent pas, il décide de frapper mais aucune réponse ne vient, alors il ouvre la porte et découvre que les malles ont déjà disparu, rien, il ne reste rien de Carmen, si ce n’est une lettre. Heureux il pense que la lettre lui est destiné, il l’ouvre sans attendre.





                    Mon cher William,


                  C’est du phare de Waterford que je t’écris ces quelques mots, j’ai toujours aimé cet endroit,
                  bien que sans toi, le lieu perd considérablement de son charme.
                  Tu me connais, je n’aime pas dire Adieu, cette lettre va manquer d’originalité mais au moins
                  c’est l’adieu le plus intime que je puisse te faire.
                  Pardonne-moi mais je ne peux pas rester avec Lui, même si cela implique que je ne te reverrai
                  sans doute jamais. Sa folie dépasse de loin le grain, et nous savons tous les deux qu’il finira
                  par me faire du mal.
                  Il ne me voit pas, il ne voit que ma mère en moi. Je ne veux pas être un reflet, je veux être
                  moi, Carmen, seulement Carmen.

                  Je te demande de bien vouloir m’oublier, efface mon souvenir et parcours les flots de ta
                  nouvelle vie.
                  Tu seras bientôt promis à un nouveau poste, Aedan m’accompagne en Bourbonnais Auvergne,
                  tu n’es donc plus second, mais capitaine.


                        Sache le, tu vas me manquer.

                      Prend soin de toi, et ne fais rien que je ne ferai.

                          Carmen Esmée


Le Vieux Loup enrage, il chiffonne le pli et le serre dans son poing, jaloux... Jamais William ne saura ! Il se le promit.




Merci*
Une sirène gaélique annonciatrice de malheurs…**
Elywood.
[Dans un endroit perdu de Normandie]

L’air était chargé d’humidité, l’odeur du bois se mêlait à celle de la terre alors que notre homme tentait difficilement d’émerger de sa nuit au milieu de la forêt Normande…

Voilà plusieurs jours qu’il était en route pour Rouen courant après la fille de son ancien employeur… Un quasi-fantôme que cette boireannach, ou du moins c’est ce qu’il en était venu à penser après plusieurs mois à lui courir après…
Faut dire qu’elle avait raison de se cacher, vu le passé de son paternel… Lui-même ne la cherchait pas pour lui faire du bien à la jeune fille. Mais bon, le vieux ne lui laissait guère de choix non plus à refuser de le payer, il devait bien se douter que le retour de bâton finirait pas arriver. On ne se fait pas brigand de grand chemin pour se nourrir d’amour et d’eau fraîche ou pour le don de soi.

Il est vrai aussi que notre grand blond avait bien failli faire échouer toute l’opération en omettant de commencer la coupe de l’arbre devant servir de barrage, avant l’arrivée du convoi sur les lieux… M’enfin, ils avaient quand même réussi à dérober à ces nobles de passages tout leur bien ! Ce satané Aaron n’avait donc aucune raison de le priver de sa part de butin ! Aucune !!

Pour forcer les choses Elywood n’avait vu qu’une seule solution… L’exil de l’Eire vers le royaume de France et le duché de Normandie à la recherche de la fille du patron, La Paloma, une fois celle-ci capturée, le vieux paierait ou enverrait des hommes de mains… Peut-être même enverrait-il son précieux William ? A moins que ce ne soit déjà fait.

Comme ravivé à cette pensée, Ely se leva enfin et reprit la route marmonnant :
« Dans ce cas la partie n’en sera que plus intéressante… »
Carmen_esmee.
[Normandie - Entre Avranches et Bayeux]



Des chevaux hennissent à une lieue des portes de Bayeux, des sabots martèlent les pavés suivis de près par un fiacre. Un cavalier semble guider ce dernier, car il le précède. Les voyageurs prirent un chemin escamoté qui les mènerait aux berges de l’Aure. Le chemin est droit sur presqu’une demie lieue, le cavalier s’en aperçoit et décide de prendre de l’avance, laissant croître la distance qui le sépare du fiacre. Sa cape doublée de fourrure d’hermine ondule au gré du vent et de l’allure du cheval, un lipizzan, reconnaissable à la couleur caractéristique de sa robe blanche tachetée de gris.

Le cavalier qui est en fait une cavalière trotte, le rythme du cheval est semblable aux battements du cœur de la jeune femme, impatients, excités, rapides… Sa Normandie, cette terre qui la vue naître, cette terre qu’elle aimait tant et qui a tellement à lui apprendre sur sa mère. Peut-être est-ce cela, ce qui lui manquait toutes ces années ? Ce vide au fond d’elle que rien ne comble… La Normandie.

La brune monte à cru, son corps suit les mouvements du cheval en souplesse, cela lui permet une plus fine relation avec l'animal, ses jambes épousent étroitement les flancs de Zingara et agissent efficacement. Une légère pression de ses mollets, signe à la jument qu'elle doit s'arrêter. Carmen se redresse et hume les douces odeurs des verts pâturages normands. L’air change au cours de la journée, à cette heure tardive il se charge d'humidité. Son regard se pose sur le ciel... sombre comme son humeur... Quelques nuances d'ocres et de roses percent au loin, un signe du Très Haut ? Elle doit garder espoir...

Elle caresse l’encolure de sa jument, tandis que le fiacre s’arrête à sa hauteur, elle sourit à la nourrice d’Hanna qui berce dans ses bras, la jeune enfant endormie. Puis s’adresse aux deux cochers.


« Nous nous arrêterons un peu plus loin, pour établir le campement, peut-être serons-nous rejoints par le reste de notre famille.
Donnez-moi mon arc et mon carquois s’il vous plait. »


Carmen ôte la fibule qui maintient sa cape d’hermine pour la tendre à l’un de ses hommes et ceint son thorax du carquois et de l’arc. La brune file vers la forêt, espérant attraper un ou deux lapins. Elle porte une paire de braies sombres, des cuissardes abîmées par le temps et les voyages. Sa chemise blanche est maintenue par un corsage pourpre aux fines broderies. Elle se laisse bientôt glisser de sa monture qu’elle attache à l’orée de la forêt, pose un ou deux collets et poursuit sa balade dans les bois. Elle ressent le besoin de s’isoler un peu. Les voyages en famille sont agréables mais la brune ressent souvent le besoin d’être seule.
Ces derniers temps ses choix de fréquentations ont souvent étaient jugés, elle hait qu’on la bride même pour son bien. Cela lui donnait l’impression que l’on avait que peu confiance en elle et en ces décisions. Un peu d’amertume pour ces derniers jours, son frère aîné qui pense bien faire en lui confiant combien, Isabelle, sa femme est parfaite et que Duncan n’a que peu de chance de l’avoir… Elle se remet en question chaque jour depuis que son époux est rentré des Highlands.

Lasse, elle finit par s’asseoir dans les hautes herbes au bord de l’Aure qui scintille grâce aux derniers rayons de soleil. Elle songe, les yeux posés sur cette terre qui lui a tant manqué, les yeux se closent et elle se concentre sur les bruits de clapotis de la rivière, elle s’endormirait presque. Son teint halé laisse deviner qu'elle a des origines d'un pays ou le soleil les inonde de leur chaleur et pourtant quelques perles dorées au-dessus de son corsage et sur son nez pourraient laisser penser qu'elle vient d'Eire... Surprenant mélange...

Le soleil se couche tandis que le vent se lève doucement, il vient caresser sa peau et soulever les boucles brunes qui a cause du voyage retombent légèrement en cascade de son chignon, encadrant son visage. Visage qui paraît plus pâle que d'habitude... Ses émeraudes sont dilatées et brillantes sous le rideau humide de ses larmes. Ses pommettes sont rosées mordues par le froid ou par les remords…

« Ma Dame ! Ma Dame ! »

Vite ! Elle essuie ses larmes d’un revers de manche, se lève vivement et affiche une petite moue quand elle voit Ronan s’approcher en zigzagant dans les hautes herbes, il lève les genoux tellement haut que s’en est ridicule.

« Qu’avez-vous a crié ainsi ? »

La jeune femme le rejoint, Ronan est un jeune homme cultivé, il connait l’histoire et la philosophie mais aussi les différentes langues parlé dans ce royaume. Il est vif et curieux mais peu à l’aise avec les désagréments des voyages. Elle pose sa main sur son bras et l’encourage à la ramener au campement.

« Rien Dame Carmen, C’est juste que je m’inquiétais, votre époux n’aimerait pas que vous promeniez seule.

- Je sais Ronan, je sais. Mais quand Duncan n’est pas là, je commande et s’il me plait de me balader alors…

- Oui, je comprends mais…

- Mais quoi ? »
Elle le regarde, elle lui sourit, elle se veut rassurante, elle n’a pas l’habitude de gronder mais il en doute encore.


« Je m’inquiétais, vous avez votre air.

- Mon air ? Mais enfin quel air ?

- Je ne saurai dire, c’est comme si une ombre passait sur vous et tout d’un coup vous êtes triste. »


La brune se contente de hocher la tête, cette phrase, cette simple phrase aura eu l’effet d’une gifle sur elle. Mais elle se contient, il ne serait pas bienvenue de pleurer maintenant, le pauvre Ronan se retrouverait dans une situation inconfortable et pour le moins gênante.

Un lapin seulement fut pris au piège, elle l’acheva avant qu’il ne meurt d’épuisement ou d’asphyxie, lui tordant le cou et laissa Ronan récupérer la bête.
« C’est un peu maigre pour quatre…

- Matt en a posé aussi, alors cela dev..

- Vous avez laissé Hanna, seule ?

- Non, Norah est… »
Ronan comprend son erreur, et court avec Carmen vers le campement.



[Au campement]


Carmen court vers sa fille qui jouait sous bonne surveillance. Elle ne peut s’empêcher d’admirer la nourrice à la chevelure flamboyante, une perle écossaise et pour le moins très séduisante, d’ailleurs Matt ne semble pas insensible au charme de la rouquine, les collets sont encore dans sa main.
Hanna vient d’avoir un an, c’est la plus belle réussite de Carmen. Elle serre son enfant contre elle en tournant doucement sur elle-même, elle se surprendrait presque à rire de joie. Elle embrasse le dessus de la tête de la fillette et fait quelques pas avec elle, près du campement.


« Nous voilà en Normandie Mija* »
, elle frotte son nez contre celui d’Hanna, la petite est le portrait de sa mère, brune, les yeux verts et curieux, quelques tâches de rousseurs encadre son regard. « Nous aurons peut-être quelques personnes à qui te présenter », elle dépose un baiser sur le petit nez de l’enfant avant de confier la petite à Norah. La nourrice et l’enfant avaient le privilège de dormir dans le fiacre, Carmen et les hommes se relayeront et dormiront chacun leur tour.

Quand vint la fin du tour de garde de Carmen, elle donna un petit coup de pied dans les bottes de Matthias pour qu’il lui cède la couchette près du feu et rejoigne Ronan pour le maintenir éveillé. Elle tomba dans un sommeil profond, l’avantage de voyager avec un philosophe féru d’histoire c’est que l’on n’a aucun mal à rejoindre les bras de Morphée. Les bras de ce dernier ne sont toutefois pas assez fermes pour contenir les cauchemars de la brune, elle semble se débattre dans son sommeil. Ronan approche et pose sa dextre sur son épaule et sa senestre sur son front, il est moite et brulant. Si près d’elle, il entendit des brides de son rêve, elle tient des propos abscons. Ronan la secoue un peu, en vain, elle ne s’éveille pas et semble retomber dans un sommeil sans rêve. Il tire sa cape et recouvre le corps frêle de la jeune femme avec.






Contraction de Mi Hija* : Ma fille
William_mackinley
[Quelque part en mer entre l'Irlande et la France]

William était rentré dans sa chaumière pour enfiler sa tenue de voyage et était reparti vers le ports au plus vite. Il détestait les voyages en mer... mais il fallait protéger Carmen!

La Merrow... Bien belle nef que celle-ci, elle en avait bravé des tempêtes! Le navire marchand voguait bon an mal an vers les côtes françaises. Destination: Fécamps! De là il n'aurait pas de mal à rejoindre Rouen ou il espérait retrouver Carmen.

Le navire était résistant mais les aménagements pour les voyageurs et les marins étaient très inconfortables... Ceux qui avaient pu glisser quelques pots de vin au capitaine bénéficiaient d'une petite cabine dans un des fortins.... Les autres s'entassaient en cale ou bien sur le pont principal... Quant à la nourriture soit les voyageurs prenaient la leur, soit ils devaient la payer...
William n'avait pas besoin de pots de vin pour bénéficier de nourriture et d'une couchette au sec. Le capitaine du Merrow le connaissait bien pour l'avoir conduit vers diverses missions.


- Ah tiens, monsieur William, vous voilà en route pour de nouvelles aventures ???!!! Lui avait-il dit à sa montée dans le navire, puis s'adressant à un matelot. Va préparer la cabine habituelle pour monsieur William et préviens le cuisinier que Monsieur partagera ses repas avec moi!

En effet, nul besoin de pots de vin pour lui un des protégés du maître de Waterford. William bénéficiait d'une petite cabine attenante à celle du capitaine et qui servait aux voyageurs de marque. Bien que le mobilier fut simple: un lit, une paillasse, une bassine pour les ablutions et un sceau en guise de lieu d'aisance, William était tout de même mieux installé que les autres voyageurs. Une petite lucarne lui permettait même de respirer l'air de la mer.

William n'avait pas le pied marin et il espérait contrer les désagréments qui lui venaient naturellement dès qu'il mettait les pieds sur un navire en passant la plus grande partie de son temps soit à respirer l'air depuis la maigre lucarne de sa cabine soit en se plaçant sur une des ponts supérieurs du navire... De là il était à l'abri du spectacle des voyageurs qui se vidaient au-dessus des rambardes et de ceux qui se disputaient pour le bol de soupe et le quignon de pain accordé chaque jour... Heureusement le voyage ne durerait que quelques jours pour se rendre en Normandie...

Ce jour-là William se sentait vraiment très mal. Appuyé sur le garde-corps du pont supérieur, il regardait l'horizon en respirant profondément pour tenter de calmer les nausées. Le soleil était en train de se coucher, des lumières orangées succédaient au brillant soleil de l'après-midi annonçant une belle journée pour le lendemain. Cette vision aurait pu être paradisiaque s'elle n'avait pas été interrompue par ces hauts le cœur... Il en avait assez! Il voulait retrouver Carmen au plus vite, avant Elywood! Et aussi, accessoirement, il voulait que ces maudites nausées cessent!!!



- J'ai été doté d'un certain nombre de qualités, pensait William, mais alors le bateau çà ne me réussit vraiment pas!!!

William était blanc comme un linceul et penché au-dessus de la rambarde quand il entendit qu'on l'interpellait. C'était le capitaine.

- Oh! Et bien Monsieur William, on peut dire que vous auriez fait un piètre marin!! Hahaha
- Ne m'en parlez pas,
répondit William qui s'était redressé avec un sourire mi-amusé, mi-dégouté, je suis bien plus à l'aise sur la terre ferme!
- Ne vous inquiétez pas mon grand! Nous arriverons à destination demain matin. Si vous vous débrouillez bien et avec un bon coursier vous serez à Rouen demain soir!


William avait envie d'exploser de joie à cette nouvelle mais une remontée acide inattendue l'en empêcha l'obligeant rebasculer par-dessus la rambarde.

Une fois les nausées calmées, William redescendit dans sa cabine et fatigué de cette journée, il s'endormit sans demander son reste. Demain serait une autre journée...
Elywood.
Il l’avait trouvé… après trois mois à lui courir après, enfin il lui mettait la main dessus. Enfin, ce n’était pas encore fait, tapis à l’orée du bois Elywood observait la fille assise dans l’herbe, elle n’avait pas changée, toujours aussi fine et élégante même en tenue de voyage. Pour autant à l’instant présent, le visage de la jeune femme donné l’impression d’être chargé d’émotion…

Le jeune homme l’observant s’apprêtait à passer à l’action, finement, délicatement… D’abord se lever, sans bruit et sans troubler les feuilles qui l’entouraient. Puis s’avancer, subtilement, toujours dans le plus grand silence, prenant garde à marcher de la pointe du pied au talon afin d’étouffer les bruits. Enfin à une distance raisonnable, saisir Carmen, lui portait un coup sur le crâne, avant de repartir aussi sec, la jeune femme sur les épaules.

Et cela, ce serait sans nul doute déroulait comme ceci, si seulement un autre homme n’avait pas débarqué au moment même où Ely se redressait…
« Foutu imbécile, il ne pouvait pas attendre avant de se pointer ! » laissa-t-il échapper dans un marmonnement, se rallongeant dans le même temps.

Tout juste, notre brigand avait-il entendu :
« Vous avez laissé Hanna toute seule ? » que la brune et son compagnon repartaient vers le campement au pas de course. Les rumeurs étaient donc vraies, la fille du vieux avait enfanté, pensant à William notre jeune homme marmonna :« En vlà un, qui va s’en suicider en voyant que sa brune c’est fait engrosser par un de ses porcs de français, plutôt que de préférer son bod de maighdean Irlandais… enfin après tout ça nous fera un soucis en moins »

Toujours est-il que le fait que la Carmen ait une gamine changeait considérablement la donne, enlevait la fille d’Aaron c’était une chose, mais s’en prendre à une enfant c’était une autre… En réfléchissant à la question, Elywood ne pouvait s’empêcher de repenser aux nombreux moments partagés avec Carmen en Eire alors qu’ils étaient à l’entrainement. Ce n’était pas la première fois qu’il se laissait aller à une telle nostalgie au cours de ses longs mois à courir après la jeune fille… Chaque fois sa détermination bien que vacillante, ne cédait pas après tout c’était le moyen le plus rapide de récupérer l’intégralité de la conséquente somme que lui devait le vieux… Et pis Carmen comprendrait… Elle savait très bien qu’avec un père pareil ce genre de choses devaient finir par arriver. Mais bon la petite fille quand même… Elle ne devait pas être vieille en plus…

« Cela suffira pour ce soir… Ils ne bougeront pas d’ici demain matin… », sa volonté avait cédé, il préférait reculer plutôt que de passer à l’action, à cet instant le poids des remords lui paraissait trop important à porter pour que son enlèvement vaille le coût. Il préférait reculer et revenir demain à l’aube, en attendant il était passé à côté d’une taverne sur la route, elle devait se situer une vingtaine de minute de marche et elle ferait parfaitement l’affaire pour passer la nuit, il trouverait bien quelqu’un là-bas à la bourse suffisamment vide pour accepter contre quelques écus de venir faire le guet à sa place.

S’arrachant délicatement du sol, il prit soin de reculer lentement d’abord puis plus rapidement au fur et à mesure qu’il s’éloignait de son point d’observation. Quand, il eut ainsi fait quelques mètres, il se retourna, marqua une pause pour écouter le bruit de la forêt alentour, avant de repartir d’un pas plus franc à travers les bois.

« Au Trou Normand, en vlà un nom pour une taverne tiens… », remarqua Ely en arrivant devant la taverne encore animée en ce début de nuit. Passant la porte, il alla s’adosser au bar au fond de la salle. « Lui faut qu’qu’chose au sir ? », l’Irlandais mit un peu de temps à comprendre que cette bouillie informe que le tenancier avait laissé échapper de sa bouche lui était destiné, supposant qu’on lui demandait ce qu’il voulait boire, il répondit « Un Whiskey et sec ! Vous avisez pas de verser cette chose verdâtre que vous osez appeler eau dans ma pinte », il eut tôt fait de ce faire dire, toujours dans la même bouillie « Ici, c’est Calva, cidr’, ou eau ».

- « Dans quel endroit de ce monde n’a-t-on pas de Whiskey ? Calva alors ! Et alignez les pintes... J’ai pas l’intention de repartir tout de suite ».
La première gorgée avalait, notre homme se retourna pour trouver un vaillant pigeon à envoyer guetter dans la nuit que sa marchandise ne se carapate pas, ou pire… Lâchant son dévolu sur un jeune homme, tout juste sorti de l’adolescence, il alla aussitôt lui proposer l’arrangement suivant :

« Ecoute-moi bien jeune idiot, j’ai ici une quinzaine d’écus qui sont tout à toi dès maintenant, si tu es disposé à aller surveiller le convoi qui campe à une vingtaine de minute de marche vers le sud. Tu auras le double demain matin, quand je serais venu te retrouver ou si tu viens m’avertir de la direction vers laquelle il reparte. » En ces temps troublés, ils étaient rares les jeunes gens à refuser une demi centaine d’écus pour une nuit dans le froid…
Carmen_esmee.
[Taverne « Aux Mille Plaisirs de l’Ivresse » - Bayeux]



« C’est ma tournée ! »

Carmen se laissa glisser de cheval, elle avait passé la moitié de la journée, allongée sur le dos de Zingara prenant son compte d’heure de sommeil. La nuit avait été difficile et le réveil encore plus. Ils passèrent les portes de Bayeux, elle mourait d’envie de se rendre dans la taverne de feue sa mère mais il ne restait rien, la taverne avait laissé place à une échoppe de tisserand. Ils se rendirent donc à l’auberge.

« Tavernier ! Bonjour, une tournée pour mes hommes, je vous prie. »

L’homme les dévisagea, les voyageurs étaient recouverts de poussière, leurs vêtements leur collaient à la peau, à cause de la sueur sans doute.

« Vous nous venez d’où comme ça ?

- Du Bourbonnais-Auvergne. Il nous faudra trois chambres,

- Qui dort, dîne ! »


Ronan et Matthias rétribuent l’Aubergiste d’une poignée d’écus sonnant payant d’avance quelques généreuses tournées de cidre, Norah se dirige vers une chambre avec la petite Hanna, tandis que Carmen, trop excitée d’être dans la ville où elle est née, où sa mère a vécu, elle prend le chemin de la rivière. Elle traverse une enfilade de ruelles, se perd par deux fois avant d’entendre les Voix de l’Aure. Enfin. Elle reconnait le petit chemin de terre bordé de pierre et de galet. Elle en pleurerait tant elle est heureuse d’être ici. Elle remonte ses manches et vient baigner ses avant-bras, les débarrassant de l’épaisse poussière des chemins. Elle s’arrose ensuite le visage, la fraîcheur de l’eau douce est vivifiante. Elle se défait de sa ceinture et de son épée afin de se laisser glisser contre le tronc d’un Saule. Elle admire la finesse de sa lame, le pommeau représentant une tête d’oiseau, une colombe… elle clos les yeux, profitant d’un instant de solitude pour laisser son esprit vagabonder dans le passé.




[Waterford - Il y a sept années]

Carmen décida de profiter des jours qui lui restaient à Waterford, pour poursuivre son entrainement avec son frère, mais Aedan mit rapidement fin à son cours d’escrime pour d’autres projets avec une donzelle rencontrée la veille. Après avoir quitté son cours de maintien et de protocole, elle se rendit dans la cour d’entrainement. En cette fin d’après-midi, elle était déserte, tous les soldats étaient au réfectoire ou aux bains. Elle s’amusa avec son épée, un cadeau de Will, il avait taillé lui-même le pommeau, elle effectua quelques moulinets avant de répéter un enchaînement de coups, l’épée fendait l’air, elle aimait cette puissance, cette force que lui donnait sa lame, le prolongement de son bras.

Trop concentrée, elle n’entendit pas William et Elywood derrière elle, ce n’est que quand elle se retourna vivement dans un enchaînement trop compliqué pour elle visiblement qu’elle les aperçus, elle s’empourpra.

William était adossé contre la rambarde de l’escalier du déambulatoire et Elywood avait trouvé sa place sur un tonneau de vin de Bordeaux, le préféré d’Aaron Lupin.

« C’est pas encore ça », lança Elywood à l’intention de Carmen.

William, comme à son habitude, prit sa défense.« Je trouve qu’elle a progressé en un an »,

« Oui, mais elle a encore des lacunes à l’épée, et le combat à mains nues on en parle ? » Les deux hommes se mirent à rire, il est vrai que Carmen était plus à l’aise avec un arc ou une arbalète, à distance de ses assaillants…

Donc le plus loin possible ! Elle afficha une moue boudeuse,


« Bon vous m’aidez ou vous continuez de vous moquez de moi ?

- Vas y Will, attaque la et je vous corrige. Et après on jouera à deux contre elle »
Le blond se saisit du manche du borgne.

Carmen écarquille les yeux en regardant le manche, elle se souvient des quelques coups de bâton qu’elle a reçu la veille avec le maître d'armes, son séant s’en souvient encore…

« A Deux contre moi, mais c’est déloyale !

- Pourquoi parce que t’es une fille ? »
, ricana Ely

« Non parce que vous êtes deux soldats entraînés !

- Les combats ne sont jamais loyaux Paloma… Aller en garde ! »


William dégaina son épée, orné d’une tête d’aigle et se mit en garde, elle en fit autant, il entama le combat par des coups de taille et d’estoc portés à une vitesse phénoménale, elle fut rapidement mise en difficulté par son manque de technique, elle parait tant bien que mal ses coups. Elle tente une botte mais William anticipe car ses yeux la trahissent, et à son tour il lui fait une feinte et la pointe de son épée termine sur la clavicule de Carmen. Elle pose ses émeraudes sur la lame de son ami et le regarde en rougissant.

« Tu te précipites trop Carmen, en relâchant la pression sur sa gorge, il faut étudier les coups de l’adversaire, jauger sa valeur, évaluer ses failles éventuelles, tu comprends ?

- Comment puis-je gagner contre toi, tu connais toutes mes bottes et je te soupçonne de lire dans mes pensées !

- Juste dans tes yeux.»
William_mackinley
[Fécamp]

Enfin ils étaient arrivés à Fécamp…
Toc toc toc
Une voix se fit entendre derrière la porte de la cabine de William.
- Monsieur William ! On est arrivé !
William ouvrit les paupières. Pouah… quelle halène…. Faut dire que les nausées çà aide pas… C’était pas le bon moment pour aller courir la gueuse !
- Oui Capitaine ! J’arrive, cria-t-il.

William se leva difficilement, quelque peu courbaturé, le lit était loin d’être confortable… William se pencha sur la bassine à ablutions et se jeta de l’eau sur la tête pour se réveiller. Il rinça sa bouche malodorante et enfila sa chemise et son pourpoint de voyage. Il se ceignit de son ceinturon auquel pendait sa dague et mit son baudrier au dos dans lequel se trouvait son épée avec ce pommeau si particulier en forme d’aigle. A chaque fois qu’il empoignait cette épée il pensait à celle de Carmen… Celle de sa belle amie avait un pommeau en forme de colombe. Il ramassa le reste de ces affaires et sortit de sa cabine…

Il salua le capitaine du navire :

- Merci Capitaine pour votre euh… hospitalité ?
- Mais de rien Monsieur William, vous êtes ici chez vous !
dit le capitaine en désignant son navire.
Chez moi ? , se dit William, faut pas exagérer non plus… Moins je suis en mer mieux je me porte !
William sourit au capitaine et lui serra la main :
Au revoir capitaine !
- Au revoir Monsieur William ! Puis se ravisant aussitôt, Oh attendez, je suis impardonnable !! Il beugla sur un jeune matelot. Robin ! Vas chercher de quoi manger et boire à Monsieur William pour son voyage !
Le petit Robin revint avec une sacoche qu’il tendit à William.
- Merci Robin, merci Capitaine ! dit William en souriant. Il est temps pour moi de prendre congé ! A bientôt !

William partit à la recherche du premier relais de poste venu pour y prendre un coursier rapide afin de se rendre à Rouen au plus vite.
Une fois le relais de poste trouvé, William paya le gérant pour récupérer un bel étalon à la robe noire.

Il grimpa sur sa monture et s’élança au galop sur la route qui mène à Rouen ! Il était si près d’elle ! Il le sentait ! Ils allaient se retrouver bientôt ! William l’attendrait à Rouen…
Carmen_esmee.
[Honfleur – Le Cimetière]


Après un voyage sans encombre, le petit groupe arriva à Honfleur, un petit village qui se dressait en bordure de mer, sans doute le village le plus ravissant du royaume selon Carmen. Plutôt que d’aller à la taverne, elle guida ses hommes jusqu’au Cimetière.
L’Eglise d’Honfleur n’était pas dénuée de charme, bien plus petite que Notre Dame de Rouen mais tellement plus chaleureuse, elle contourna la bâtisse avec Ronan et Hanna.
Hanna marchait, une petite main dans celle de sa mère et l’autre dans celle de Ronan, Carmen suivait le rythme des pas de la fillette, en cherchant la tombe de sa grand-mère. Elle reconnut le monticule de pierre et de galet, l’inscription sur la croix aristotélicienne confirma qu’elle était au bon endroit.



Citation:
    Esmée de La Serna

    Ethan de La Serna

    Eldarwenn de La Serna


Ronan semblait aux anges, « Cet endroit respire la quiétude, votre enfance dut-être baignée de bonheur.

- Oui, je suppose, je dois vous avouer que je ne me souviens que peu de chose de la Normandie. J'ai oublié jusqu'au visage de ma mère... »


Le brun écoute la mélancolie dans les propos de Carmen, elle tentait de maîtriser son émotion et ses larmes et il n’y aidait pas. La jeune femme le regarda et prit la parole pour chasser le malaise.

« Il s’agit de ma grand-mère, Esmée, c’est d’elle dont je tiens mon second prénom, Ethan était mon oncle et Eldarwenn, bien que le corps de ma mère ne soit ici, j’ai pensé que c’est à Honfleur qu’elle aurait aimé être. »

Un pâle sourire se dessine sur les lèvres de la brune, elle tire sur la chaîne qui ceint son cou, remontant de son corsage, une chevalière, le blason des de La Serna, elle la porte à ses lèvres.
Cette chevalière appartenait à Ethan, sa mère la lui a laissé pour qu’elle n’oublie jamais le sacrifice qu’elle fit pour Carmen, en ôtant la vie d’Ethan, en protégeant sa fille… Des lèvres pleines s’échappèrent un filet de voix…

« Valor y sacrificios para que el secreto permanece… »

A ces mots, elle remet la chevalière près de son cœur, à l’abri des regards et dépose un bouquet de lupins bleus et roses, légèrement amusée, elle est sure que sa mère aurait compris et aimé la référence.



[Fécamp – Les Falaises]


« Dame Carmen ! Carmen !

- Mais Enfin quoi encore !?

- Je vous en conjure, reculez ! »


La brune se tenait sur un rocher, les bras écartés, elle profitait de la vue, et des sensations, les embruns qui remontaient le long des falaises, cet air chargé en iode, il n’y a pas meilleur air ! Matthias venait de gâcher cet instant. Les poings sur les hanches, elle le jauge en riant.

« Sinon quoi ?

- Je vous en prie, reculez… doucement. »


Carmen l’observe attentivement, il est pâle comme un linge, soit il est vraiment inquiet pour sa Dame, soit il a peur du vide. Elle a envie de savoir, la peste, elle fléchit rapidement les genoux comme si elle glissait, il s’étrangle dans un cri mais ne se précipite pas vers elle. La peur du vide donc… Quelle déception !
Elle ne peut s’empêcher de rire en regardant l’homme, sa main droite sur le cœur, haletant, tendant son bras gauche vers elle. Elle incline la tête de côté et trottine jusqu’à lui. Elle s’en voudrait presque… presque seulement ! Elle dépose un baiser sur sa joue en guise d’excuse et rejoint Zingara, elle n’attend pas le fiacre et galope vers le port de pêche.

La brune fit un crochet par le marché, il n’aurait pas le temps de chasser aujourd’hui alors autant se faire plaisir. Des marins débarquaient leurs poissons, les écailles luisaient au soleil tel un métal précieux. Il faisait chaud en ce début d’après-midi. Elle épongea à l’aide de son mouchoir, son front et sa gorge avant de tendre une vingtaine d’écus au marchant… Dieu que les fruits de la pêche étaient chers…


[Le soir - Une Auberge de Fécamp]


La jeune maman, danse avec sa fille dans ses bras sur le rythme endiablé des luths et des vièles d’Eire, visiblement tout un équipage irlandais venait d'accoster à Fécamp. Elle trouva cette coïncidence pour le moins amusante.
Epuisée et étourdie d’avoir tant dansé, elle rejoint sa table.

« Où allons-nous maintenant ?

- Des nouvelles de ma famille ?

- Aucune, les pigeons sont tous revenus, mais ce n’est pas étonnant, sur les routes les correspondances sont impossibles…

- Que recommandez-vous Ronan ?

- Allons à Rouen, nous y enverrons des messagers, et une escorte, ils ont peut-être eu des difficultés à quitter la Bretagne. »


Carmen hésita, mais l’inquiétude l’emporta
, « Bien, alors se sera Rouen. Je m’en remets à vous Ronan ».
William_mackinley
[Rouen]

Enfin !!! Il était arrivé à Rouen. Il avait laissé son cheval au relais de la ville et repéré le taudis où il passerait sans doute quelques nuits... Cela lui changerait de sa masure irlandaise… Mais bon c’était mieux que rien et c’était gratuit !

William regardait de toute part à la recherche de Carmen… Mais rien à faire il ne voyait pas la belle brune. Qui plus est la ville semblait très animée, impossible de trouver quelqu’un dans pareille foule…

William préta l’oreille aux différents ragots… Elections royales… Poste de fonctionnaire vaccant… Tournoi de tir à l’arc… Quelle effervescence !

Han, intéressant ! Un tournoi de tir à l’arc ! se dit William, je vais peut-être aller y faire un tour…

William aimait beaucoup le tir à l’arc il était d’ordinaire assez doué dans cet art… Dommage ! Il avait raté les sélections des concurrents. Il y aurait bien participé…

Il se dirigea vers le terrain de tir… Plus il s’avançait plus les badauds étaient nombreux et les clameurs retentissaient…
Carmen_esmee.
[Rouen - Forêt puis Auberge]


Une légère brise faisait danser les feuillages, sur le doux rythme du chant des oiseaux. La fraîcheur du matin ne s’était pas encore évaporée, et des rayons de soleil venaient réchauffer nos chasseurs. La brune aimait ces moments de calme, loin des discussions frénétiques et des gloussements des tavernes. Carmen avait revêtu sa tenue de chasse, une chemise noire surmontée d'un gilet bordeaux, ses braies de cuir ainsi que ses cuissardes épousaient la courbe de ses longues jambes. Son carquois repose sur son épaule, sa dague qui fait office de couteau de chasse, tient grâce à un lacet autour de sa cuisse droite. Elle fouille dans sa besace, un brin énervée d’avoir fait moins de prise que son partenaire, tandis que Matt s’évertue à bander l’arc de sa Dame, un sourire aux lèvres, l’ego gonflé à bloc !

La jeune femme s'est dépensée dans la forêt de Rouen toute la matinée avec lui. Elle se dirige vers l’auberge, elle tend les perdrix à Matthias pour qu’il en tire un bon prix au marché, quant à elle, estime qu’elle a mérité du repos avant le déjeuner.

La brune rejoint la chambre de l’Auberge rouennaise, rêvant d’un bon bain pour se défaire de la sueur qui lui collait à la peau. Heureuse surprise, Norah et Ronan avait disposé au milieu de la chambre un baquet en bois rempli d’eau fumante. Tout en les bénissant intérieurement d’avoir anticipé ses désirs, elle disposa une chaise près du baquet. Elle se défit de ses vêtements, un à un. Elle délace avec agilité et rapidité, le corset. Ce dernier rejoint la chaise dans un soupire d’aise, La jeune femme est ravie de respirer enfin à plein poumons. La cavalière a besoin de s'asseoir pour retirer ses cuissardes, elle les retire dans un grognement presque animal. Les braies sont enjambées avec les restes de ses vêtements. Elle se glissa avec délice dans l’eau tiède, elle ferme les yeux et s’y abandonne jusqu’à ce qu’elle se réveille dans un frisson.

Le soleil est haut dans le ciel, il ne doit pas être loin de midi. Elle sort de son bain, s’enroulant dans un linge, elle reste un moment en tenue d’Eve sous ce drap, elle dompte sa crinière, peignant ses cheveux avec ses doigts, elle les relève avec un peigne, et revêt finalement une houppelande sombre, son épée rejoint la malle, elle n’en aura plus besoin le temps de son séjour à Rouen… Elle remonte ses jupons pour glisser sa dague dans sa botte droite, on est jamais trop prudente quand on est une jeune femme.



[Cathédrale puis Marché de Rouen]


Élégamment vêtue, elle ne va pas n’importe où, toujours aussi pieuse, elle se rend à la Cathédrale Notre Dame de Rouen, cette dernière est presque vide quand elle passe les portes, peu étonnant, midi a passé, les gens se sont retirés pour aller se restaurer. Carmen se sustentera de quelques psaumes du livre des vertus. Le métal de son pendentif fait danser des lueurs sur la dalle de la Cathédrale, Carmen se pare des reflets des vitraux, mille couleurs l’assaillent et la caressent, elle tend sa dextre vers la pluie de lumière, selon la qualité des rayons du soleil, les couleurs se font plus vives, les nuages font danser ce jeu de lumière. Elle se souvient de son mariage… Mariage invalidé car sous le règne d’Eusaias… Elle ferme son poing sur les lueurs insaisissables comme pour les retenir dans l’écrin de sa paume.. en vain. Souvenir brisé par l’amertume que ce jour lui rappelle… Elle l’avait promis, aucun des enfants qu’elle enfanterait ne naîtraient bâtards… Hanna, sa belle petite, devra certainement comme sa mère avant elle, porter une brisure sur son blason… La honte la suivra…Pour l’amour de Deos, pourquoi s’acharne-t-il sur cette famille qui ne connait que drame et déceptions !
Genou à terre, elle se signe rapidement, embrassant sa médaille de baptême, elle remonte la nef d’un pas décidé mais qui se veut léger pour ne point perturber les prieurs. Le claquement de ses bottes résonnent malgré elle, enfonçant un peu son long cou dans ses épaules en guise d’excuse, elle se mord négligemment la lèvre inférieure, plissant les yeux à chaque pas qu’elle fait. Vite, elle va s’asseoir, sur la droite, près d’une solide colonne.
Sa besace rejoint la dalle, et ses mains jointes rejoignent ses lèvres, ainsi seul le Très Haut peut entendre ses maux… ses mots…


« Pourquoi… Pourquoi sommes-nous capable d’aimer comme tu nous aimes, Ô Seigneur, pourquoi alors que nous ne pouvons le ressentir… Pourquoi me laisses tu désirer des choses alors que de toutes évidences, elles ne me sont pas destinées… Je déraisonne, pardonne moi, mais je touche du bout des doigts tant souvent le bonheur sans jamais le saisir. Est-ce parce que je ne suis qu’une femme, que je brûle d’obtenir ce qui est défendu. Je ne demande qu’une chose, une vie qui m’est propre, de réussir ce que j’entreprends…»

Elle pose sa main sur son ventre, le voyage, la chevauchée ou le destin tout simplement mis fin à un rêve, celui de donner un héritier à son époux… Il parait que Deos met à l’épreuve ceux qu’il aime… Carmen doit être aimée de lui ! Elle termine sa venue par la prière du matin.


« Dieu Créateur de toutes choses, nous te remettons cette journée !
Guide-nous dans nos actes, nos pensées les plus intimes,
Toi qui sais tout, purifies-les afin qu'ils soient conformes à Ta volonté.
Toi le Très Haut, qui a tout prévu, mais nous laisse libre de notre destin,
Inspire ceux qui s’écartent de ta parole Divine,
Pour qu’ils nous aident à préserver le monde.»



Ses bottes foulent le sol, écartant d’épars nuages poussiéreux, Elle marche droit devant elle, quittant le parvis de la Cathédrale, les émeraudes restent figées sur le sol, elle regarde la poussière caresser sa robe, avant de s’envoler à nouveau dans un froissement de tissus langoureux. Sa marche faiblit peu à peu jusqu’à se stopper devant l’étal d’un orfèvre, les petites choses qui brillent, attirent la brune.
Elle époussete sa robe et tend sa main au marchant, lui indiquant de l’index le bijou qu’elle veut voir. Il s’agit d’une fibule, ornée d’un loup hurlant. Elle veut le toucher, imprimer dans sa peau le contact du métal froid si joliment taillé. La vente conclue, elle avance vers un tout autre genre d’étal, des tonneaux de vin de Bordeaux… Hmm Bordeaux, elle y serait bien allée la brune, peut-être ira-t-elle pour les vendanges ?

On la frôle d’un peu trop près lorsqu’elle avance vers le délicieux nectar, instinctivement sa dextre se pose sur la courbe de sa cuisse, afin de vérifier son aumônière dira-t-on mais c’est sa dague qu’elle effleure à travers sa robe. Devant l’étale on lui propose de goûter le vin, comment refuser. Le calice trouve la pulpe de ses lèvres, elle prend le temps, elle hume, elle goutte, sa langue claque sur son palais. Un léger soupire de contentement lui échappe alors que ses yeux se ferment pour savourer le nectar. Elle fait rouler le verre entamé entre ses doigts négociant avec le marchand.
William_mackinley
[Marché de Rouen]

Les concurrents du tournoi de tir à l’arc avaient fait une pause suite à l’annonce des résultats… William en avait profité aller flâner un instant dans les rues de Rouen… toujours autant de monde et quelques clameurs s’élevaient maintenant :
- Il est frais mon poisson !!
- Ils sont beaux mes légumes !!


William s’était bien rassasié au buffet du tournoi, il n’avait plus faim. Il continuait à déambuler à travers les étals des marchands. Vendeurs d’étoffe, de pain, d’armes se succédaient… Son attention fut soudain attirée par un étal ou se trouvaient quelques tonneaux.

- Oh un vendeur de vin ! S’il est aussi bon que celui qu’on sert à Waterford, j’en prendrais bien une p’tite bouteille !
William se dirigeait donc vers l’étal ou le vendeur était en train de servir une jeune femme brune qu’il ne voyait que de dos… Etrange… Cette silhouette lui semblait familière… La femme se tourna légèrement en dégustant le verre de vin… William voyait donc plus précisément le charmant profil de cette belle brune… Aucun doute n’était permis ! C’était sa douce amie Carmen ! William se précipita alors vers son amie en criant.

- Carmen !!!
- Oh pardon ! s’excusa William qui avait manqué de renverser un étal de viande.
- Non mais faites un peu attention que diantre !! Ma belle viande !! hurla le vendeur. Ralala ces jeunes !!! Puis regardant la jeune fille vers laquelle William se dirigeait… Ah benh oui j' comprends mieux ! Y a d'quoi êt' perturbé !!!

William s’arrêta de courir à quelques pas de son amie.
- Mon Dieu Carmen !!! je suis tellement heureux de te voir… et rassuré !...

William n’osa pas la prendre dans ses bras, malgré leur grande amitié, la pudeur de William lui interdisait ce genre d’attitude. Peut-être était-ce pour cela d’ailleurs que Carmen ignorait ses sentiments et qu’elle était maintenant mariée… William attendait une quelconque réaction de son amie, il profitait de cet instant pour admirer la belle brune. Toujours aussi magnifique, sa chevelure brune, sa taille fine, son fier port (elle devait tenir cela de sa mère)… William l’observait de ses grands yeux bleus souriant béatement … Il n’attendait qu’une chose qu’elle daigne lui parler de sa douce voix pour être tout à fait sous le charme. William était serein Elywood arriverait trop tard! Maintenant le blondinet allait devoir lui passer sur le corps si il voulait s'emparer de Carmen!
See the RP information <<   1, 2   >   >>
Copyright © JDWorks, Corbeaunoir & Elissa Ka | Update notes | Support us | 2008 - 2024
Special thanks to our amazing translators : Dunpeal (EN, PT), Eriti (IT), Azureus (FI)