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[RP] “Colombe mal gardée du loup est tôt happée.”

Carmen_esmee.
[Marché de Rouen]


Carmen continuait de savourer son vin de Bordeaux, en négociant d’une main de fer le prix d’un tonnelet. Elle termine son verre, une langue rouge s’échappe de leur écrin pour venir lisser les lèvres des quelques perles du nectar.

« Non, votre prix n’est pas honnête, faîtes un effort… il me faut de quoi fêter mon retour en Normandie, n’est-ce pas ? »

Le vieil homme affiche un léger rictus et finalement cède à un papillonnement de cils de la brune. Elle dévoile ses dents dans un sourire et lui tend son verre pour qu’il le remplisse, elle n’est pas sure d’avoir bien goûté… Oui la brune ne s’accorde qu’un seul péché, celui de la gourmandise.

« Carmen !!! »

La brune tourne la tête de tous côtés, elle ne reconnait pas cette voix, mais l’accent oui, et quel accent ! Ce ne pouvait être Aedan pourtant… Elle porte le verre à ses lèvres et continue de balayer le marché du regard.

« Mon Dieu Carmen !!! Je suis tellement heureux de te voir… et rassuré !... »

Voilà que son passé lui sauta aux yeux, son cœur se mit à battre et sa vue se brouilla un instant, ce peut-il qu’elle ait bu autant ? Par mesure de précaution, elle détourne le regard du mirage et pose son verre. Elle revient au mirage, il est toujours là, fièrement campé sur ses jambes, elle le regarde de pieds en cap. Un sourire aigre chargé d’une nostalgie douloureuse et d’une profonde amertume étire quelques peu les commissures de la brune. Le regard d’émeraudes glisse sur son visage, elle n’ose y croire. Elle est obligé de clore les yeux un court instant pour se souvenir de ce qu’il a dit.


*Heureux de te voir et … rassuré ? Comment cela rassuré ? *

Le voile des paupières se lèvent à nouveau et les émeraudes s’accrochent aux azurites dans un froncement de sourcils bruns. Elle ne comprend pas, la mâchoire pourrait s’en décrocher tant elle est sous le choc. Mais de grâce, la bouche n’est qu’entrouverte, alors qu’elle vient de s’abreuver de vin, la gorge est sèche, les mots se bousculent mais ne sortent pas. Son talon se soulève, elle a un mouvement de recul, méfiante de ce que sa présence peut vouloir dire, paranoïa quand tu nous tiens... Son instinct commande son corps. Soudain c’est l’euphorie dans sa tête. William Mac Kinley, son William, ici…

L’euphorie l’emporte sur la peur, les pieds dansent et avancent dans la poussière, elle bondit telle un chat, fondant sur lui, ses bras s’agrippe à son cou, adieu pudeur, adieu convenance, elle a remonté le temps, elle a de nouveau quinze innocents printemps. Elle se fiche de ce que pourront penser et dire les passants. Cet instant est à eux, Adieu le monde, Adieu la Dame.. Elle n’est que Carmen, la jeune Carmen, heureuse de retrouver son ami d’enfance.


« Dios Mio* Will ! »

Le visage irradie de bonheur, elle ne se pose plus de question pour l’heure, elle profite du contact de son corps contre le sien, il est réel, elle inspire dans son cou, il sent les chemins et la mer mais qu’importe. Elle se laisse glisser, s’écarte de lui, le pauvre ne devait pas s’attendre à un tel accueil, froid et méfiant puis si chaleureux, au bord de l’indécence, elle déçoit, elle ravie, ainsi est la vie près de Carmen...

Elle le regarde enfin, elle le regarde vraiment, elle plonge dans ses yeux bleus comme elle pourrait plonger dans leurs souvenirs… Elle y cherche des réponses, puis son regard se porte sur ses lèvres scellées, que va-t-il lui apprendre ? Que veut dire sa venue ici, pourquoi ses traits traduisent-ils tant d’inquiétudes ? Elle le dévisage comme il la détaille à son tour, à quel point ont-ils changé ? A quel point ont-ils vieillis en sept années sans aucune nouvelle, jamais. Réceptive, elle guette tous ses mouvements, même les plus imperceptibles, tel le froissement de sa chemise lorsqu’il expire doucement. Il n’est plus garçon mais Homme…

« Pourquoi ? »

Un maigre mot, une voix bien faible… l’inquiétude revient au galop. Une drôle de question, pourquoi quoi ? Et pourtant ce mot, ce simple mot pour mille réponse.
Pourquoi est-il rassuré, quel danger devra-t-elle éviter ? Pourquoi est-il ici ? Pourquoi l’a-t-il oublié ? Pourquoi n’a-t-il jamais écrit…


*Pourquoi Will ? Pourquoi reviens-tu aujourd’hui…*



Mon Dieu *
Un très léger accent hispanique quand elle prononce ces mots.
William_mackinley
-"Pourquoi?" tels étaient les derniers mots de Carmen...
William s'attendait plutôt à un " mais qu'est-ce qui t'amène ici"... ou bien encore "Moi aussi je suis si heureuse de te voir..." ou peut-être les deux... Il était d'autant plus abasourdi que Carmen l'avait pris dans ses bras... Wouah!

Quel trouble! Que répondre? Qu'est-ce qu'il avait pu bien dire pour induire cette question "Pourquoi... mais pourquoi quoi???" Ah oui c'est vrai "pourquoi était-il rassuré"!
William se reprit et regarda Carmen avec le plus rassurant des regards en serrant la petite main de Carmen dans la sienne.


- Oui mais tu n'as plus rien à craindre Carmen. Je suis là. Ton père m'a chargé de te protéger! Elywood avait l'intention de te prendre en otage. Ton père lui doit de l'argent. Du moins, c'est ce qu'il pense. Cet abruti d'Ely avait failli faire échouer une embuscade sur un convoi, enfin du temps ou ton père était ouvertement le plus vil des malfrats. Du coup Elywood avait été privé de sa part du butin. Et visiblement il l'a toujours en travers de la gorge! Il avait prévu de t'enlever et de te restituer à ton père contre rançon. Mais tu n'as plus rien à craindre je suis là! Il ne peut plus rien t'arriver. Je m'occuperai de lui...

Un instant sécoula. William venait de se rendre compte qu'a travers tous les mots qu'il venait de prononcer il se substituait au rôle de celui qui aurait du protéger son amie d'enfance à savoir son propre mari. A si seulement elle l'avait choisi lui!
D'ailleurs ou etait-il cet abruti de Duncan! William essaya de paraître le plus distant possible. Il lacha la main de sa belle amie avec delicatesse et reprit:


- "Hum...Tu es seule? Heu... Je veux dire il me semble que tu as épousé Duncan... heu..". Comment se fait-il qu'il ne soit pas avec sa belle épouse? termina William avec un beau sourire.

La solitude de son amie, un signe divin? peut-être n'était-elle plus mariée? Peut-être que tous les espoirs étaient encore permis pour William?...
Carmen_esmee.
La brune navigue sur les azurites du brun, cela peut paraître romantique, mais elle est si proche qu’elle ne peut regarder qu’un œil à la fois, sinon elle va loucher… Elle sourit à cette pensée ainsi qu’au contact de ses longs doigts autour de sa dextre, elle le laisse caresser l’exécutrice de son remord... Oui car sa deuxième pensée en le voyant fut qu’il l’avait abandonné, elle s’est retint toute fois de lui offrir la gifle de sa vie. Préférant les explications avant les heurts. Il l’observe, il essaye de percer ses pensées… Elle secoue doucement la tête, comme pour lui dire « non ». Les mots s’échappent, il lui débite tout ce qu’il sait, tout… Ce « tout » est une bourrasque pour Carmen qui se sent obligée de reculer. Comme par le passé, William avait pressentie qu’elle ferait cela, il relâche sa main avec grâce.

Les doigts de la dextre se referme, elle porte son poing à ses lèvres, tel un bouclier, elle se protège, elle le protège du flot de mots qu’elle s’apprête à déverser, mais avant il lui faut comprendre… Aaron, son père. Elywood, un frère pour elle... Et Will, qui campé sur ses jambes ne la quitte pas des yeux. Elle exprime toute sa nervosité dans de petits gestes reflexes, du glissage de mèche folle derrière l’oreille à la trituration du bracelet de cuir, frappé d’un « L » des Lupin. Soudain elle lève les mains, pour elle-même car Will a cessé de parler déjà, elle n’arrive pas à mettre de l’ordre dans le chaos de ses pensées.

« Elywood ne ferait jamais ça… Je suis comme une sœur pour vous deux… Nous étions inséparables, rappelle-toi, Comment aurait-il pu céder à un aussi bas instinct ? L’appât du gain ? Je pensais que Aaron vous formez à plus… de dignité et d’honneur. Tu ne t’occuperas pas de lui, non, je refuse que l’on tue pour moi. C’est fini tout ça ! Je ne veux plus revivre cette culpabilité ! Tu n’es pas en Eire, ici, on ne prend pas la vie comme on cueille des fleurs. »

Elle refait un pas vers lui, elle tente comme lui de lire dans ses yeux, un art dans lequel, elle n’excelle pas. Elle n’a jamais oublié la beauté et la pureté de ses yeux bleus. Will et Ely étaient différents des autres hommes de son père, ils n’avaient pas peur d’elle. Être la fille de Lupin… n’avait aucun avantage si ce n’est d’être constamment crainte… Hors Will et Ely avaient vu en elle, une jeune fille qui avait soif d’apprendre. Ils avaient été de vrais grands frères pour elle contrairement à Aedan, son demi-frère de huit ans son aîné, qui courrait la gueuse plus qu’il ne se présentait aux entraînements. Will avait dix-sept ans, elle quinze et Ely, in the middle, en avait seize.

« Promets-moi que tu ne lui feras aucun mal. William. Je veux le voir, je veux entendre sa version des faits. C’est notre frère, n’est-ce pas ? Aaron nous manipule j’en suis sure. »

Elle soupire doucement en pensant à son père. Il est capable du meilleur comme du pire. Et la paranoïa de la brune s’est considérablement développée depuis qu’on lui a pris son époux pendant une année entière et la maternité l’a considérable changé. Et s’il avait raison et que… Ely était capable de s’en prendre à elle. Sept ans… C’est long. Les gens changent. Ne s’est-elle pas mariée ? Alors qu’elle avait promis de n’embrasser que la foi… Les pensées des deux amis sont alignées, il plait soudain à Will de lui parler de son époux, Duncan.

« Je ne suis pas seule, non, j’ai deux hommes de mains, l’un érudit et l’autre épéiste. J’ai toujours su m’entourer, il parait. »

L’art d’enjoliver, Carmen qualifiait l’ennuyeux philosophe d’érudit et le beau bretteur, d’épéiste… Mais dans quel monde vit elle ? Elle sait que son mariage n’a pas ravie tout le monde, épouser un écossais quand on est hispanico-irlandaise… Mais cela aurait pu être pire, elle aurait pu épouser un anglois… Ou un français… Elle avait trébuché dans les bras de Duncan, et s’y plaisait. Ce choix n’avait pas été le sien, mais celui d’Aedan, qui pensait que pour maitriser le caractère d’une femme, il faut qu’elle prenne époux. Duncan aurait surement mille anecdotes à raconter sur le caractère particulier de la brune….

« Duncan Mac Campbell, Duncan est en chemin, il a été retardé, sa sœur, Isabelle, est désemparée, donc il veille sur elle. Aedan nous a quitté. Il avait épousé Isabelle. Mais il s’est volatilisé. »

La brune n’est qu’amertume pour le souvenir d’Aedan. Elle le chasse rapidement de ses pensées et balaye la place du marché du regard… Tout ce temps, elle avait oublié qu’ils étaient au milieu de la foule composée des badauds et des marchands qui négociaient. Elle prend place à son côté, enchevêtre son bras au sien et l’entraine hors du marché. Enfin l’entraîne… Elle le guide et c’est lui qui l’entraîne. Il la surplombe, il a une telle assurance, alors qu’il vient de débarquer à Rouen, c’est comme s’il avait toujours vécu ici. Elle remarque les regards des jeunes femmes qui la jalousent d’être à son bras, elle sourit en coin, amusée.

William Mac Kinley a de l’allure, belle carrure athlétique, jolie minois, sourire à tomber, une silhouette très dessinée… et une voix qui vous chatouille jusque dans vos entrailles tant elle est grave et profonde. Il aiguise ce beau profil d’un esprit affuté. Oui… Être à son bras, pouvait procurer bien de la fierté. Ils s’arrêtent devant la porte de l’appartement. Elle glisse la clé dans la serrure, et ajoute :


« Ne fais pas de bruits. »

Après cette drôle de requête maternelle, elle passe la porte, retire ses bottes qu’elle abandonne au bas des escaliers, les pieds nus grimpent à l’étage avec hâte. Carmen abandonne William avec Ronan qui le nez dans un livre relève les yeux vers lui. Etourdie, elle ne fait pas les présentations.

« Bonjour, Vous êtes ? Je suis Ronan… » Et s’en suivi un monologue sur les origines de son prénom et de sa famille, la brune arrive avant que le brun ne perde patience et sa courtoisie légendaire avec un étrange et beau colis dans les bras.

« C’est William » puis elle se sentit obligé de préciser le nom quand elle vit la tronche que tirait Ronan, son confident… « William Mac Kinley ! Pas Auditore*… »

Ronan regarda l’homme d’un nouvel œil, qu’avait bien pu raconter la brune sur le fameux William Mac Kinley ? Carmen rejoint Will, sans le regarder, les émeraudes posées sur son Ange, humant les petites boucles brunes. Puis elle caresse les perles azurs de son ami.

« Je te présente Hanna, de La Serna, Campbell, ma fille. »




* Une tentative échouée d'accent italien pour le premier amour de la brune.
William_mackinley
William écoutait la réaction de Carmen au sujet d'Elywood ...
"Elywood ne ferait jamais ça… Je suis comme une sœur pour vous deux… "

Il pensait au fond de lui: "Si seulement tu savais à quel point les gens peuvent se révéler superficiels quand il s'agit d'argent..." Il souriait intérieurement de la naïveté de sa belle amie... Il trouvait çà charmant.

"Tu ne t’occuperas pas de lui, non, je refuse que l’on tue pour moi."
William s'aperçut que ses mots avaient peut-être dépassés sa pensée et choqués la belle. Il essaie de prendre son regard le plus rassurant possible. Mais il était certain que si Elywood portait la main sur Carmen, William serait implacable...

"Je veux le voir, je veux entendre sa version des faits. C’est notre frère, n’est-ce pas ? Aaron nous manipule j’en suis sure."

Ca Aaron savait manipuler les gens mais il tenait à sa fille... Et ça c'était incontestable. Carmen changea alors de sujet, et à la question "Tu es seule?" Carmen répondit: "Je ne suis pas seule, non, j’ai deux hommes de mains, l’un érudit et l’autre épéiste. J’ai toujours su m’entourer, il parait. [...] Duncan est en chemin, il a été retardé, sa sœur, Isabelle, est désemparée, donc il veille sur elle. Aedan nous a quittés. Il avait épousé Isabelle. Mais il s’est volatilisé."

Et bien que de rebondissements... Mais pourquoi Carmen n'était-elle pas avec son mari. Qu'y avait-il de si urgent qui la poussa à arriver avec sa petite escorte à Rouen mais sans son mari et sa belle-sœur? Décidément cette famille est vraiment mystérieuse! Il n'allait pas tarder à comprendre...
Carmen pris son bras et l'amena à travers les rues de Rouen vers la taverne, il s arrivèrent là ou séjournait Carmen. William fut présenté à la personne qui se trouvait dans la pièce un certain Ronan et Carmen fila à l'étage.
William s'était un instant demandé pourquoi tant de hâte et il comprit tout quand sa belle amie redescendit l'escalier un enfant dans ses bras. Enfin plutôt une enfant...


« Je te présente Hanna, de La Serna, Campbell, ma fille. »

William posa alternativement le regard sur la petite fille et Carmen. Son cœur le serrait. Il essayait de ne rien faire paraître, il laissa échapper un sourire. Non seulement elle était toujours avec Duncan mais en plus ils avaient maintenant une petite fille. Le cœur de William se desserra un peu. Très bien, pensa-t-il, je m'incline. William était résigné. Il ne voulait pas se rendre malheureux. Il resterait l'éternel ami de sa Carmen: son frère comme elle aimait à le dire.

William remit une petite mèche de cheveux derrière l'oreille de la petite fille avec gentillesse et il dit doucement en souriant :
Bonjour Hanna! Je suis heureux de connaître! Je suis un ami de ta maman de l'Eire! Je m'appelle William!

William sourit alors à Carmen et lui dit:

Et bien j'ai vu qu'il y avait beaucoup d'activités dans les rues de Rouen. Pourquoi n'irions-nous pas nous amuser tous ensemble en ville avant d'aller dormir?

Carmen semblait d'accord. William prit Hanna dans ses bras et ils partirent ainsi flâner dans les rues.

Ils s’arrêtèrent au stand de tartes pour en manger une. Le stand de tir à l'arc eut du succès également. William et Carmen se livrèrent à un petit concours. William laissa gagner Carmen. Ce spectacle semblait ravir Hanna elle était tout sourire et riaient à toutes les grimaces auxquelles William se livrait en visant. Il en faisait un cirque! Carmen aussi était rayonnante. Ils s'amusèrent ainsi jusqu'à ce que les petits yeux d’Hanna se ferment. La fatigue l'avait gagnée il était temps de rentrer à la taverne et d'aller dormir.

Carmen coucha la petite et s'en alla se préparer pour dormir tandis que William avait retiré sa veste de voyage et s'était couché sur le sol emmitouflé dans sa couverture. Les bougies furent mouchées et tout le monde allait tomber dans les bras de Morphée.

Bonne nuit Carmen, bonne nuit Hanna!
Carmen_esmee.
« Je te présente Hanna, de La Serna, Campbell, ma fille. »

La voix de la brune est plein de fierté, cette belle enfant est sa plus grande fierté. Rien au monde ne la comble plus que la présence d'Hanna. Elle guette les réactions de William, il semble dubitatif comparant sans doute la mère et l'enfant, Carmen hausse une épaule doucement, ne sachant quoi faire du mutisme de William depuis qu'elle lui a présenté sa fille. Puis soudain, un geste, simple, mais rassurant pour la brune, elle regarde les longs doigts de William effectuer un geste tendre pour la petite Hanna, elle ne peut s’empêcher de sourire, elle pourrait presque sentir les doigts de William sur sa tempe... Elle reconnait là, la tendresse de son ami. En Eire, il avait toujours un geste tendre pour elle, les doigts s’entrelaçaient naturellement, une boucle rebelle retrouvait sa place grâce à lui derrière son oreille, une main dans son dos pour la guider à travers le dédale de couloirs de la forteresse, en tout amitié bien sûr.

Enfin Will quitte son mutisme et se présente à la fillette qui agite ses petites mains avant de nicher son visage dans le cou maternelle, il a l’air de lui plaire. Carmen échange un sourire avec William et hoche la tête à son invitation, prendre l’air ne fera pas de mal à Hanna. Cette dernière passera une grande partie de la fin de journée dans les bras de Will. Il est rare que la brune la confie, mais elle peut avoir toute confiance en William. Ses bras sont surs, elle pense cela en connaissance de cause. Elle répond à chaque sourire de son ami, ce fut une fabuleuse après-midi, Will lui fait oublier les raisons de sa venue pendant ce laps de temps. La petite Hanna se blottit dans les bras de Will, les signes caractéristiques de la fatigue chez la fillette pointent le bout de leur nez, alors que la frimousse se niche dans le cou masculin.

Alors qu’ils prennent le chemin des appartements de la brune, William lui redonne sa petite chérie, les lèvres souffle un « merci », un sourire sincère fend son visage alors qu’elle le quitte pour aller coucher Hanna dans son berceau et se préparer pour la nuit. Elle ne peut lui proposer guère mieux que le fauteuil près du lit, ou le plancher… Il refusa qu’elle lui offre la nuit dans une chambre. La brune se passe de l’eau sur le visage, alors qu’elle se questionne sur cette histoire de rançon, d’Elywood, qui tournerait mal… Elle regarde son pâle reflet dans le miroir d’argent, hausse les épaules, souffle sur les chandelles et rejoint la chambre. Elle se hisse sur la pointe des pieds pour ne pas perturber le silence, dans sa longue chainse blanche, et les cheveux tressés, elle ressemble à une jeune fille. Couchée, ses émeraudes se posent sur le berceau avant de glisser vers la silhouette étendue sur le parquet, les lèvres s’entrouvrent… Et finalement gardant ses mots pour elle, elle se redresse sur son coude et souffle la dernière bougie.



[Dans les souvenirs de Carmen… Remontons le temps - Quelques jours après le départ d'Eire]


Quelle Ironie ! Maintenant qu’elle est sure de ne jamais les revoir, ses pensées se tournent immédiatement vers son bourreau de père, mais aussi vers Elywood et Will… Pourquoi n’a-t-elle écris qu’à ce dernier ? Elle ne sait pas elle-même. Elle ramène ses genoux contre sa poitrine et bascule la tête en arrière, jusqu’à rencontrer le lambris de la cabine.

« A quoi penses-tu ?

- A Will et Ely, ils vont me manquer. »

Aedan s’appuie contre le chambranle de la porte de la cabine et regarde sa sœur avec tendresse, puis se retire de la cabine. Comme à son habitude, Aedan ne trouve pas les mots, et préfère se taire, ce n’est sans doute pas plus mal. Ses pensées se portent immédiatement vers Will, maintenant qu’elle est si loin des côtes de Waterford, son ami lui manque terriblement. Que fait-il ? Il a dû lire sa lettre, peut-être qu’ils viendront à son baptême ? Qu’ils viendront vivre en Royaume de France avec elle et Aedan. Ces questions ne trouvèrent jamais réponse, ils ne vinrent jamais… Mais aujourd’hui, il est là, à la demande d’Aaron, pas de son fait… Que doit t-elle en penser ?



[Aube]


Le brun se retourne sur le plancher, tandis qu’elle glisse hors du lit. Un regard oblique pour la fillette qui dort encore. A l’abri des regards, la brune se change et revêt sa tenue de chasse. Elle a beaucoup trop songé cette nuit. Un peu de solitude, l’aidera à faire le tri dans ses pensées. Duncan n’est toujours pas arrivé, elle n’a aucune nouvelle, cela fait partie des habitudes des Mac Campbell. Elle se refuse de penser à son époux… Il n’y a aucune raison de s’inquiéter, c’est un guerrier après tout… Elle fixe cette pensée et enfilant arc et carquois autour de son buste, elle siffle sa chienne, et prend la direction de la forêt de Rouen.

La chaleur est infernale dès l’aube, la brune n’aime pas l’été… Elle préfère l’automne et le printemps, temps frais et pluvieux… La nostalgie de l’Eire peut-être ? Carmen surveille Luschka, sa chienne, qui part devant comme à son habitude. Un fracas, celui d’une branche qui cède sous le poids d’un invité. Proie ou Chasseur ? La brune arme son arc, fléchit son genou, en fente avant, elle se stabilise, la respiration est retenue quand soudain une biche avance à sa portée de tire, elle clos un œil… Prête… Le coude s’abaisse… Un faon apparaît à son tour. La brune les regarde, elle se détend et observe la scène qui se joue sous ses yeux. Un présage ? Et si elle était la biche… condamnée à vivre seule avec son enfant. Elle secoue la tête ce qui fait fuir les deux animaux. Seule, elle l’est depuis la fin de sa grossesse, à peine a-t-elle retrouvé son époux, qu’elle le perd à nouveau… C’est ainsi que sera sa vie… Un voile humide emplie son champ de vision, elle serre les dents, hors de question qu’elle verse encore une larme pour les absents ! Elle essuie ses yeux et cherche du regard sa chienne, à la fourrure blanche.

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Elywoodofnowhere
Sir ! Sir ! Vlà des jours que je tente d’vous r’trouver ! Je l’ai surveillé v’te convoi même qu’il y a une espèce de brune qu’a les yeux qui crient charrette d’dans voyez c’que je veux dire ?!

Le crâne embourbé par le calva de la veille Elywood, avait un peu de mal à décrypter le charabia du jeune homme. Il avait d’ailleurs un peu de mal tout court à comprendre ce qu’il faisait toujours dans l’auberge alors même que plusieurs jours c’étaient écoulés… Sûrement avait-il eu la main un peu lourde sur le calva, s’empêchant ainsi par maladresse de repartir dès le lendemain… A moins que l’infâme piquette du tavernier ait contenu autre chose que le précieux liquide ? En tous les cas, c’est une chance qu’il ait pensé à envoyer quelqu’un surveillé le convoi… C’était encore plus heureux que l’homme ne soit pas parti avec l’argent sans demander son reste.

Et où est ce qu’il est ce précieux convoi ? demanda notre jeune Irlandais avec la voix rauque de l’homme qui n’a pas totalement cuvé son vin…

C’qu’y’m prendrait pas un peu pour un drôl’ ? D’abord l’argent ensuite vot’ réponse !
Soit , le mot était prononcé à l’ancienne, en insistant sur le « t » ça me paraît un arrangement équitable… 1…2…3… la lame fixé en bas de son dos, dissimulé par le haut avec lequel il dormait, fut tiré… 4…5…6… posé sur la gorge du vulgaire idiot, elle fut… La maladresse, même maladive n’empêche pas d’acquérir quelques habitudes et un certain nombre de réflexes avec l’habitude…. La voix se fit plus lourde pour prononcer les quelques phrases qui suivirent :
Tu as maintenant deux choix : tu peux te taire, dans ce cas je ne pourrais te laisser sans avoir ma réponse. Le moment ne sera agréable ni pour toi, ni pour moi, néanmoins ce ne sera que triste nécessité. Ou tu peux parler, et je laisserais tes genoux et tes doigts intacts. Que préfères-tu ? Je peux me montrer très arrangeant, sais-tu ?
A Rouen, elle est à Rouen… Je l’ai vu partir ce matin, très tôt, elle était partie chasser dans la forêt à côté de la ville, si tu fais vite tu pourrais la trouver. Je suppose que c’est elle qui t’intéresse
Un poil trop intelligent l’idiot… Pour avoir deviné à ce point les intentions de l’irlandais. En ce cas, il n’existait réellement qu’une seule solution. D’un geste nette et précis, l’irlandais frappa le normand sur le dessus de la tête de manière suffisamment forte pour l’assommer sans trop lui briser le crâne… Tout du moins en tentant de ne pas le tuer. L’art et la manière de frapper le crâne d’un inconnu sans le tuer n’est pas une science exacte, il s’agit de garder cette chose à l’esprit…
Quelques instants plus tard, Elywood quitta la chambre et la ferma à clé, prenant soin d’aller la rendre au tenancier dans l’espoir de ne pas attirer l’attention sur lui, d’autant plus que la chambre était payée d’avance. L’opération, pour une fois, ce déroula sans accroc. De toute manière dans quelques heures, l’homme assommé dans la chambre se réveillerait attaché et bâillonné avec ce que l’irlandais avait trouvé dans la pièce et devrait commencer à faire du bruit. Celui-ci ne tardera plus alors à courir annonçant par tout, avec un art que seule la campagne connaît, qu’un étranger avait enfermé un idiot dans la chambre d’une taverne… Il en serait alors fini de la discrétion.
Il paraissait dès lors plus que souhaitable qu’Elywood ait attrapé la Carmen avant.


[Plus tard dans la forêt de Rouen]

L’Irlandais était tapi dans les herbes hautes à quelques centaines de mètres de l’entrée de la forêt, il avait réussi à retrouver la trace de la Carmen et de son chien… C’était d’ailleurs tout juste s’il n’avait pas failli se trahir en craquant une branche, fort heureusement un faon avait surgi rattrapant le coup et lui permettant de conserver le secret de sa présence.
La capture n’était donc pas compromise, mais d’autres problèmes se posaient à Elywood : maintenant qu’il était en face de la jeune fille, il n’était pas bien sûr d’avoir toujours bien envie de la capturer… Sacrée ironie qu’au moment où il réussit enfin à la retrouver, après avoir fait autant de route, il ne trouve finalement plus ni le courage ni l’envie d’achever son acte.
Toutefois ce n’était plus guère le moment de trainer ou de prendre le temps de se poser des questions… Il avait réussi à poser discrètement un collet entre lui et la brune, si jamais le chien se décidait à charger la situation resterait sous contrôle.
Pour la brune, il allait devoir se montrer un peu plus violent, mais après tout leur histoire avait toujours donné lieu à un certain nombre de confrontation physique… Que leurs retrouvailles aient été pacifiques aurait été quelque peu décevant.
Se saisissant enfin de son courage, il se leva dans un grand bruit :


- Carmen…
Carmen_esmee.
Un bruit, cette fois pas de doute, elle n'est pas seule, l'arc est armé à nouveau dans la direction du bruit. Son genou droit épouse un tapis de feuille, elle est en chevalier servant au milieu de la forêt de Rouen, stable, un œil clos, elle est prête à lâcher sa sanglante, mais elle s'arrête, baisse son coude suffisant pour ne plus viser le thorax mais la cuisse de sa "proie".

« Ely ? »

L'Empennage en plume d'oie, lui chatouille les lèvres, alors qu'elle maintien l'encoche, elle le regarde de pied en cap, il n'a pas changé... enfin pas tout à fait, elle lit dans son allure un gain de maturité, ce n'est plus un garçon mais un homme... Tout comme Will. Elle repense aux mots de ce dernier.

* Ton père m'a chargé de te protéger ! Elywood avait l'intention de te prendre en otage. Ton père lui doit de l'argent. Il avait prévu de t'enlever et de te restituer à ton père contre rançon. Mais tu n'as plus rien à craindre je suis là! Il ne peut plus rien t'arriver. Je m'occuperai de lui...*

« Ely ! »

La brune se lève, l’encoche quitte peu à peu sa place, les sourcils se froncent, parfaitement immobile, les émeraudes figées, accroché au regard de son frère d’arme, elle fait preuve d’une concentration absolue.

*Que fais-tu ici Ely ? Tu viens pour moi ?*


La brune incline doucement la tête sur le côté, elle le jauge, à quel point a-t-il put changer ? Est-ce que Will a raison, est ce qu’elle doit se méfier de celui qu’elle considère comme son frère ? Ce ne serai pas la première fois… même son frère de sang a essayé de la tuer. Elle secoue la tête, les lèvres s’animent d’un demi-sourire, la voix se fait douce.

« Mais que fais-tu ici ? Pourquoi n’es-tu pas en Eire ? »

Plantée devant lui, ses doigts triture le bracelet de cuir marqué du « L » des Lupin, son sauf conduit, une main passe ensuite dans ses cheveux, elle lisse les mèches folles qui s’égarent de sa tresse, elle tire sur ses manches, puis sur son gilet… Elle ne tient pas en place, elle nage entre deux eaux, doit-elle fuir ou l’embrasser ? Elle ne sait toujours pas masquer son anticipation, elle pose son regard sur le manche de sa dague, qui dépasse du revers de sa cuissarde droite… Elle revient vite au regard d’Ely.

« Will est ici, à Rouen. »

Qui ne tente rien n’a rien, cette phrase anodine, peut ressembler à une mise en garde comme à une simple information. Elle s’approche, l’arc quitte la dextre, un frisson lui parcourt l’échine, elle fait un pas de plus, la pulpe de son index cherche a tâtons le contact rassurant de sa dague, toujours aussi discrète.. Elle s’approche encore, qui des deux est le chasseur ? Il est plus fort et plus expérimenté qu’elle. Mais elle connait la forêt Normande, c’est son terrain pas le sien.. A-t-elle pour autant une chance de s’en sortir si Will a raison sur les intentions de leur ami ? Aucune bien sûr, elle en a conscience, mais c’est Ely, il ne lui ferait pas de mal, tout cela est un malentendu… Faire l’innocente est ce qu’il y a de mieux a faire.

« Qu’est ce qui t’amène ? Ici en Normandie. »

La brune retient un « chez moi », elle doit rester évasive… Même si elle refuse de croire Ely capable de ce que Will avance, elle est de nature prudente. Le timbre de la voix est calme, trop calme, mais appuyé, comme une incitation à le détourner de son but. Elle est assez près à présent… les narines sont chatouillées par un parfum acre celui de la sueur et de l’alcool, le nez se plisse… Carmen le regarde à nouveau dans les yeux, quelques taches de sang dans le blanc de la sclère trahissent les activités du blond ses derniers jours.

« Cela fait un bail… Sept ans je crois… Tu m’as manqué… »

Elle retient sa senestre de venir toucher le corps de l’ami, l’index de la dextre caresse l’ambre du manche de sa dague, dessinant le contour de la pierre, contact froid mais si rassurant pour l’hispano-irlandaise.
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Elywood
La voilà donc en face de lui… Des mois qu’il la cherche dans l’espoir dans l’enlever, dans l’espoir de récupérer son dû de force auprès du vieux. Et maintenant qu’il se tient devant elle, plus près qu’il ne l’a été depuis bien trop longtemps, il se met à douter, hésitant sur la conduite à tenir. Son plan est logique, implacable… Mais quand même, il la connaît la fille… Il l’a entrainé la brune, lui a pris à se défendre et à survivre, il a passé de nombreuses semaines à ses côtés et a subi de nombreux combats pour la protéger… Tout ceci pour être finalement celui par qui le malheur arriverait…

Bien sûr leur relation, leurs liens n’avaient jamais été de la même nature que ceux l’unissant à William. Il ne l’avait jamais considérée de cette manière de toute façon… Ne voyant en elle, au départ, que la fille du chef à protéger, elle était une amie, puis une sœur.

La retrouver aujourd’hui en ces circonstances était d’une grande tristesse. Son corps n’avait pas vu une goutte d’eau depuis plusieurs semaines, son odeur devait être un mélange de flagrance d’alcool et de sang, ses vêtements étaient sales… Toutefois tout ceci n’avait guère d’importance, peu importait son état… Seuls ses prochains actes allaient déterminés la suite. Il était sûr qu’elle lui en voudrait, que les choses ne serait plus jamais pareilles par la suite, m’enfin on ne lui laissait guère le choix.

Il n’avait pas entendu les premiers mots de la jeune femme, son esprit avait reconnecté quand elle avait abordé le sujet de Will… Il était donc arrivé avant lui et l’avait vu… Ce n’était guère étonnant après tout : pour protéger sa fille, le vieux avait envoyé son meilleur homme, le plus fidèle et probablement le plus intéressé par elle. Il était sûr au moins que le travail serait correctement fait.

Enfin de toutes les manières le précieux William n’était pas dans la forêt à l’instant présent la voie était libre… Non que ça n’aurait été un grand obstacle plutôt un imprévu, à tout bien y réfléchir il aurait juste été un simple retard sur un programme qui n’était pas fixé à la minute après tout…


« Qu’est ce qui t’amène ici en Normandie ? »

Peut-être devrait-il être sincère ? Lui dire que son père l’avait roulé et omis de le payer pour son dernier travail. Bien sûr l’idée était idiote… Jamais elle ne le suivrait dans son plan. Il observa la jeune femme, visiblement elle se méfiait son pas était lent, presque hésitant. Surtout, elle croyait être discrète en allant chercher sa dague. C’était bien vite oublié qui d’entre les deux donnait des leçons à l’autre.

Sa méfiance serait bien entendu un élément perturbateur du reste du plan… M’enfin encore faudrait-il avoir une idée exacte de la suite du plan. Lui sauter dessus et l’assommer ? Ce serait prendre le risque de l’abimer un peu… Surtout elle était un peu trop près de sa dague pour que l’opération soit sans danger. La faire se prendre dans le collet normalement réservé au chien ? Dans la théorie ça paraissait une bonne solution, mais la mise en pratique n’était pas évidente. La distraire peut-être ? C’était ce qui restait le plus à sa portée, la connaissant elle céderait facilement pour peu qu’il y mette les formes… Une fois près d’elle, il réussirait à l’assommer ou l’étouffer d’une manière ou d’une autre…


« Je viens te retrouver, ton père m’a trahit… toujours coller à la vérité, le plus possible, l’irlandais n’avait aucune idée de ce qu’elle savait ou non de la situation, pour ne pas trop éveiller les soupçons, il lui fallait donc y aller doucement. J’ai décidé de passer à autre chose, de ne plus le servir. L’âge et ton départ ne l’ont pas arrangé, tu sais ? Et ce n’était plus tout à fait pareil sans toi… une petite pique à l’égard de l’ennemi commun, doublait d’un peu de flatterie sans tomber dans la complaisance, toujours utile…Et puis après tant d’années à son service… Il ne laisse guère de place à une vie en dehors de ses activités, même pour ses hommes… Ce n’est pas à toi que je vais l’apprendre.nouvelle pique pour l’ainé… un poil de lamentation personnelle au passage, ce n’était pas courant chez lui, mais elle le croirait. C’était suffisamment proche de la vérité pour être plausible… En fait c’était la vérité… Notre jeune homme senti le doute et la tristesse à l’idée de ce qui allait suivre, lui lacérer le cœur… Elle ne lui pardonnerait jamais… Il ne se pardonnerait jamais…Alors je m’étais dit, que peut-être je pourrais te rejoindre et reconstruire quelque chose à tes côtés ? J’ai su que tu avais une vie ici, loin de l’Eire, loin de tout… Je t’envie un peu, tu sais…il n’était plus vraiment dans le mensonge, il était franc à ce moment-là… Son discours aurait pu être vérité, s’il n’avait pas été aussi bête et borné… Cette version aurait même été plus agréable, plus simple, plus douce… Mais cette version-là, n’était pas la réalité… Et ne le deviendrait probablement jamais… Il ne se tiendrait jamais à ses côtés comme avant, en ami… Cette vie, il allait tirer un trait dessus à l’instant.

Au fur et à mesure de son discours, il c’était approché d’elle, écartant les mains de son corps… Il n’y avait quasiment plus de distance entre eux. Les bras du jeune homme étaient un peu écarté de son corps, comme un appel à venir se réfugier entre eux et à l’enlacer. Si elle marchait c’était gagné… Il pourrait la capture sans trop lui faire du mal. Dans le cas contraire, ne resterait plus que la violence…
Carmen_esmee.
Son cœur balance tout comme son corps d’ailleurs, elle porte son poids d’un pied sur l’autre, hésitante, que faire ? Les bras se croisent par reflexe, ainsi ses mains ne la trahissent plus quant à ses intentions, elle pose son regard sur lui. Puis elle se ravise, s’il attaque, elle aura l’air maline les bras croisés.. Elle prend une posture moins fermée, droite mais campée, elle pose un poing sur sa hanche, faussement détendue et nonchalante…
William l’a prévenu quant au possible enlèvement… Mais c’est Ely… On parle de celui qui l’a prise sous son aile, lui a enseigné tout ce qu’il savait ou presque malgré sa naissance et son sexe.. Oui car entraîner une novice, unique fille du vieux loup, c’est prendre le risque de la blesser. Fort heureusement Carmen n’était pas du genre à se plaindre à son père, bien au contraire.





[Il y a sept ans - Waterford]



La jeune fille dissimule un bâillement derrière sa main, elle en clos les yeux tant l’effort est grand..

« Je t’ennui Carmen ? »

Elle se redresse dans l’instant et se remet en garde, ses cuisses lui font affreusement mal, elle garde pour elle ses grimaces et ouvre grand les yeux.

« Non… Pardon.

- Sinon dis-le, et on arrête là.

- Non non ! J’ai dis que je m’excusais… On continue »


Attaque, esquive, pare, attaque, touche, parade… botte secrète et la brune tombe à terre, désarmée et blessée dans son ego… Une main offerte, mais refusée, elle se redresse seule, époussette un brin et récupère son épée et se remet en garde,

« Encore

- Non ça suffit pour aujourd’hui, tu n’en as pas mare de perdre ?

- Je ne perds pas, j’apprends et j’ai dit encore ! »,

Du geste à la parole, elle l’attaque et s’en suit un autre enchainement, mais la même issue, le séant de la brune épouse la terre battue dans un nuage de poussière..




[Ce jour, Eté 1463 – Rouen ou plutôt dans la tête de Carmen]



« Je viens te retrouver, ton père m’a trahit… J’ai décidé de passer à autre chose, de ne plus le servir. L’âge et ton départ ne l’ont pas arrangé, tu sais ? Et ce n’était plus tout à fait pareil sans toi… »

* Il dit vrai, c’est bien ce que m’a dit William *

« Et puis après tant d’années à son service… Il ne laisse guère de place à une vie en dehors de ses activités, même pour ses hommes… Ce n’est pas à toi que je vais l’apprendre. »

* Non en effet… Tu ne m’apprends rien.. Aucun des hommes de Waterford n’a de famille.. Plus simple pour les missions… Rien ne les retient.*

« Alors je m’étais dit, que peut-être je pourrais te rejoindre et reconstruire quelque chose à tes côtés ? J’ai su que tu avais une vie ici, loin de l’Eire, loin de tout…
Je t’envie un peu, tu sais… »

* M’envier ? Une vie passée sur les routes, chaperonnée par mon cousin… Marchandée pour mon mariage par mon frère… Et par-dessus le marché, j’élève ma fille seule… M’envier… Tu n’étais pas là quand Hanna est née ! D’ailleurs, sait-il pour Hanna ? Sans doute que non… William paraissait surpris quand il la vit.*

La brune incline la tête de côté, elle l’observe, elle ne sait quoi en penser, elle est certaine d’une chose, Aaron tire les ficelles et manipule William, c’est l’évidence même ! Ely ne lui ferai jamais de mal, c’est son ami, son frère.. Bien plus qu’Aedan ne le fut. On ne choisit pas sa famille, parait-il, Carmen aurait choisi Ely, si cela avait été possible. Elle lui offre un doux sourire et vient se nicher dans ses bras, elle sent les bras l’envelopper.

« Tu peux rester en Normandie, je suis sure que tu t’y plairas, il n’y a pas plus beau Duché, dans tout le Royaume, tu peux me croire, j’en ai fait le tour. »

Elle s’écarte de l’étreinte et passe devant lui,

« Viens, je vais prévenir William de ton arrivée, tout va s’arranger et pour mon père.. On avisera plus tard. »

La brune parle vite, elle cherche sa chienne du regard, en vain, elle siffle l’animal.

« Luschka ! »

Soudain elle se fige et fait demi-tour, un sourire aux lèvres, elle ramasse son arc et son carquois s’appuyant sur un tronc pour se pencher en avant.

« J’allais l’oublier… »
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Elywood
La brune dans ses bras, et le revoilà quelques années auparavant en Eire à chevaucher le long d’une route avec elle et l’autre échalas… Son torse contre le sien, et il retourne dans cette cour, à lui apprendre à se tenir pour parer une attaque : la relever, la faire chuter, la relever, et encore la faire chuter… l’odeur de ses cheveux dans ses narines, et il redevient un vieil adolescent entrainant une jeune fille…

Juste un moment, juste un instant et puis s’en va… Elle s’écarte de lui et aussitôt c’est le Elywood d’aujourd’hui qui ressurgit, l’homme qui a murît, le vieil adolescent qui est devenu un jeune homme. Toujours aussi vigoureux, mais moins naïf, plus impitoyable et dominé par la colère et la rancœur… Au point de ne pas en voir l’essentiel, l’évidence, il n’a pas envie d’enlever cette jeune femme, ni de lui faire du mal.

Pour autant, il le fera… Il le fera pour la vengeance, pour obtenir un paiement qu’il estime lui être dû et cela au détriment de tout le reste. Oh bien, sûr il a conscience de tout ceci… Il sait qu’il est bête et égoïste, il sait qu’il se comporte comme un enfant refusant de raisonner et de passer à autre chose et que cela lui coûtera tout.

Mais c’est dans cet élan de colère à l’encontre du vieux et à l’encontre de sa bêtise à lui jeune blanc bec prétentieux qu’il se décide à commettre l’impardonnable et la charge… Elle est adossée contre un arbre, sa vigilance relâchée. L’arc en main certes, mais avec beaucoup trop peu d’espace et de temps pour réagir. Alors, il n’hésite plus et d’un coup sur le crâne l’assomme, la regardant dans les yeux, regardant son visage changer d’expression le temps qu’elle réalise la trahison.

Et voilà, c’est fait, elle ne se réveillera pas de suite… Quand ce sera le cas, elle ne sera de toute façon plus au même endroit et totalement désarmée. C’est la première des tâches qu’il accomplit, il la fouille entièrement, méthodiquement, lui retirant chacune de ses lames et les jetant un peu plus loin au sol. Il fait de même, bien sûr, avec l’arc et le carquois.

La deuxième étape, est encore plus simple, il lui attache les poignets puis les chevilles. Les mains bien sûr sont libres de bouger, mais à moins d’une souplesse hors norme, elle ne risque pas de se détacher.

Désarmée, attachée… Il était maintenant temps de partir, rapidement, et en évitant de repasser par Rouen. Elywood avait repéré un abri potentiel, abandonné sur la route entre l’auberge et la ville mais enfoncé à quelques dizaines dans les bois. Ça lui permettrait de la garder quelques temps… Mais le plan n’avait pas vocation à durer de toute manière.

Il la porta pour la sortir du bois et rejoindre la route et le cheval qu’il avait laissé à l’entrée de la forêt, à cette matinale il avait peu de chance de croiser quelqu’un… Il aurait de toute manière peu de chance, s’il croisait quelqu’un que celui-ci ose intervenir dans ce qui avait sérieusement l’air d’un enlèvement. Enfin dans ce qui était un enlèvement.

Bientôt il fut arrivé dans son abri… D’un geste souple il trancha une mèche de cheveux de la Paloma et sortit, la laissant là au sol, solidement attachée… Elle attendrait son retour.
Carmen_esmee.
La brune était couchée sur le flanc, à même le sol d'un drôle d'abri, elle gémissait dans son sommeil. Lorsqu'elle s'éveilla, elle n'ouvrit pas les yeux dans l'instant, elle voulut se passer les mains sur ses tempes, mais ses poignets émettaient une résistance. Elle ouvrit vivement les yeux, presque dans la pénombre, elle n'y voyait pour le moment peu de chose, un voile humide floutait sa vue... elle secoua la tête, ce qui la fit gémir inévitablement. Elle porta ses poignets à son regard, ils étaient entravés, solidement.. Elle essaya tout de même de tirer dessus. En vain évidemment ! Les genoux se plièrent et se déplièrent, mais les chevilles restèrent soudées.

"Ely !", hurla-t-elle de rage.

Elle parvint à se redresser, elle s'adossa au mur en planches, sa tête heurta avec rage le bois, ce qui la fit gémir de nouveau. La brune avait l'impression qu'un troupeau de chevaux lui martelaient le crâne, elle passa sa dextre non sans mal sur la vilaine bosse qui déjà s'était installée... Un léger filer de sang avait dû s'échapper, elle pouvait sentir le liquide visqueux et collant qui avait séché dans son épaisse chevelure. Des filets de lumière se glissèrent dans l’abri, quelle heure pouvait-il être ? Puis la nuit tomba, répondant à sa question. Le bruissement des insectes commença, elle se trouvait non loin de la forêt, elle en était presque sûr, de toute façon Ely n’aurait pu la transporter hors de la capitale Normande.

Des bruits de pas, la brune hésite, faire semblant de dormir ou l’affronter, la brune clos les yeux mais quand il la rejoint, elle ne résiste pas à l’envie de l’observer, Ses yeux brillaient d’un éclat humide, épuisée et déçue, elle le fixe, mâchoire contractée contenant sa colère !

« Ely… Pourquoi ? »

Soudain le regard change, il n’est plus enragé mais abattu. Il avait commis l’irréparable à ses yeux, la trahison, le point de non-retour où il basculait du statut de frère d’arme et fidèle ami à celui de traître haï et maudit !

« Tu disais que tu voulais une nouvelle vie, ici, avec moi… et tu t’abaisses à pareille perfidie ! C’est pour Aaron c’est ça ? Mais pauvre idiot ! Il ne te donnera rien sans preuve de ma capture et quand bien même ! Il est plus cupide qu’un régnant, il ne te donnera rien, l’or est tout pour lui ! »

Carmen feule en tirant sur ses liens,
«William est ici et il ne tardera pas à te retrouver sois en sûr ! Rends-toi ! Je t’en prie ! »

La brune n’avait cessé de penser à sa fille Hanna, et à William.. Lui seul pouvait la retrouver, elle se surprit à ne pas avoir songé à son époux… Lui qui ne savait rien de la vie de sa femme ses dernières semaines… Revoir William n’avait rien arrangé, au contraire. Will fit naître un maelstrom dans sa vie.. en une journée la brune remet en question toute son existence… Les émeraudes se font de nouveau sévères, elle jauge Ely, pourquoi en arriver là… Pourquoi lui faire ça ?

« C’est de l’argent que tu veux ? J’en ai… Si c’est ça et seulement ça qui t’intéresse ? »
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