Carmen_esmee.
... Là où ils nont pas pris rendez-vous.
- [Rouen - Janvier 1464]
Une nouvelle année, de nouveaux projets, un départ et peut-être une arrivée, qui sait. La brune veille tard une fois de plus penchée sur une missive, tandis qu'une pile de courrier en attente lui fait de l'ombre. Un point final tâche le vélin, le corps s'incline et s'étire longuement, la dextre vient masser la nuque tandis que la senestre saisit la chandelle, elle croise au bas des escaliers, les malles et effets personnel de Matthias. Carmen secoue la tête déçue de le voir la quitter après deux belles années de service. Il parait que la nuit porte conseil, elle ne lui apporta que soucis supplémentaires.
Au matin c'est Ronan qui vient abattre son poing contre le bois de la porte de la chambre de la jeune femme, elle ronchonne, le corps ensevelis sous les couvertures et fourrures. Mais ce jour, point de caprice, Carmen se lève afin de dire au revoir à celui qui est devenu l'ami.
Les braies ont été revêtues, la chemise immaculée passée, le gilet bordeaux finement brodé enfilé, elle rejoint ses gens d'armes au rez de chaussé, tout en relevant ses cheveux dans un fouillis de boucles, qui se veut être un élégant chignon... ou pas. Elle s'appuie contre la rambarde de l'escalier et glisse ses jambes dans les bottes en soupirant quand le mollet tarde à épouser le cuir.
"Carmen ? Êtes vous prête ?
- A vous voir me quitter Matthias ? Non je ne peux m'y résoudre, mais je sais que vous aviez un engagement qu'envers mon époux et non.. envers moi.. Votre départ est légitime, pour autant je ne l'accepte pas."
Les mots sont mal choisis, elle est même un peu dur, mais la déception est telle.. elle les rejoint à table, et rompt le pain, dans un froncement de sourcil.
"Ce n'est pas aujourd'hui que vous rencontrez mon potentiel remplaçant ?
- Si, nous avons rendez vous en forêt, ainsi je verrai s'il est à la hauteur de l'emploi.
- Vous devriez lui confier Hanna, s'il survit une journée, alors il méritera votre confiance"
Carmen se mit à rire, en regardant son petit monstre qui dans les bras de Ronan, semblait sage comme une image, le regard concentré, un nouveau plan machiavélique étant en élaboration dans la tête de la toute jeune de La Serna.
"Je ne tiens pas a ce qu'il prenne peur, voyons ce qu'il vaut à la chasse, ensuite nous aviserons pour ses talents de nourrice."
La moue moqueuse, elle arque un sourcil, essayant d'imaginer le jeune homme rencontré quelques jours plus tôt s'occuper de sa douce enfant. Rien est impossible pour qui veut apprendre mais elle savait qu'Hanna était un défi de tout temps, la fillette ponctue la pensée maternelle d'un "Non" bruyant et fort lorsque Ronan, lui propose un croûton de pain. Un échange de regard avec Matthias, il est temps..
Elle se lève, une paire de bras accueille la frêle et la serre bien plus fort que la bienséance l'exige, mais elle s'en moque, la joue contre le torse de Matthias, elle renifle bruyamment et l'écarte d'elle.
"Allons vous allez me faire pleurer", elle fixe les poutres de la bâtisse, et laisse ses larmes se tarirent, la brune pousse un long soupire et lui tend sa main, un ultime baise main, un ultime au revoir.
"Prenez soin de vous, et écrivez moi, c'est un ordre..." Un dernier regard sévère assombrit les émeraudes, et elle le regarde prendre bagage et départ.. Carmen lui emboîte le pas, saisit carquois et arc, embrasse le front de la fillette, qui restera au bons soins de Ronan. Dans son sillage, Areia et Luschka, ses chiennes, la suivent.
A la lisière de la Forêt de Rouen, le séant trouve place sur une souche, elle affûte son couteau de chasse en rêvassant, mille questions la taraudent. Les gants sont posés sur les jambes croisées, elle patiente, espérant avoir donné les bonnes indications au jeune homme. Les chiennes tournent en rond, réclame quelques caresses et finissent par se coucher non loin. Le froid vient mordre la nuque de l'hispanico-irlandaise, qui remonte son col jusqu'aux taches de rousseurs de son nez. Engourdie d'attendre dans le froid, elle prend le pas d'avancer à l'orée du bois, restant visible pour qui arriverait sans tarder.
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