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[RP] “Le chasseur rencontre le gibier...

Carmen_esmee.
... Là où ils n’ont pas pris rendez-vous.”


      [Rouen - Janvier 1464]

    Une nouvelle année, de nouveaux projets, un départ et peut-être une arrivée, qui sait. La brune veille tard une fois de plus penchée sur une missive, tandis qu'une pile de courrier en attente lui fait de l'ombre. Un point final tâche le vélin, le corps s'incline et s'étire longuement, la dextre vient masser la nuque tandis que la senestre saisit la chandelle, elle croise au bas des escaliers, les malles et effets personnel de Matthias. Carmen secoue la tête déçue de le voir la quitter après deux belles années de service. Il parait que la nuit porte conseil, elle ne lui apporta que soucis supplémentaires.
    Au matin c'est Ronan qui vient abattre son poing contre le bois de la porte de la chambre de la jeune femme, elle ronchonne, le corps ensevelis sous les couvertures et fourrures. Mais ce jour, point de caprice, Carmen se lève afin de dire au revoir à celui qui est devenu l'ami.

    Les braies ont été revêtues, la chemise immaculée passée, le gilet bordeaux finement brodé enfilé, elle rejoint ses gens d'armes au rez de chaussé, tout en relevant ses cheveux dans un fouillis de boucles, qui se veut être un élégant chignon... ou pas. Elle s'appuie contre la rambarde de l'escalier et glisse ses jambes dans les bottes en soupirant quand le mollet tarde à épouser le cuir.


    "Carmen ? Êtes vous prête ?

    - A vous voir me quitter Matthias ? Non je ne peux m'y résoudre, mais je sais que vous aviez un engagement qu'envers mon époux et non.. envers moi.. Votre départ est légitime, pour autant je ne l'accepte pas."

    Les mots sont mal choisis, elle est même un peu dur, mais la déception est telle.. elle les rejoint à table, et rompt le pain, dans un froncement de sourcil.

    "Ce n'est pas aujourd'hui que vous rencontrez mon potentiel remplaçant ?

    - Si, nous avons rendez vous en forêt, ainsi je verrai s'il est à la hauteur de l'emploi.

    - Vous devriez lui confier Hanna, s'il survit une journée, alors il méritera votre confiance"


    Carmen se mit à rire, en regardant son petit monstre qui dans les bras de Ronan, semblait sage comme une image, le regard concentré, un nouveau plan machiavélique étant en élaboration dans la tête de la toute jeune de La Serna.

    "Je ne tiens pas a ce qu'il prenne peur, voyons ce qu'il vaut à la chasse, ensuite nous aviserons pour ses talents de nourrice."

    La moue moqueuse, elle arque un sourcil, essayant d'imaginer le jeune homme rencontré quelques jours plus tôt s'occuper de sa douce enfant. Rien est impossible pour qui veut apprendre mais elle savait qu'Hanna était un défi de tout temps, la fillette ponctue la pensée maternelle d'un "Non" bruyant et fort lorsque Ronan, lui propose un croûton de pain. Un échange de regard avec Matthias, il est temps..

    Elle se lève, une paire de bras accueille la frêle et la serre bien plus fort que la bienséance l'exige, mais elle s'en moque, la joue contre le torse de Matthias, elle renifle bruyamment et l'écarte d'elle.

    "Allons vous allez me faire pleurer", elle fixe les poutres de la bâtisse, et laisse ses larmes se tarirent, la brune pousse un long soupire et lui tend sa main, un ultime baise main, un ultime au revoir.

    "Prenez soin de vous, et écrivez moi, c'est un ordre..."
    Un dernier regard sévère assombrit les émeraudes, et elle le regarde prendre bagage et départ.. Carmen lui emboîte le pas, saisit carquois et arc, embrasse le front de la fillette, qui restera au bons soins de Ronan. Dans son sillage, Areia et Luschka, ses chiennes, la suivent.

    A la lisière de la Forêt de Rouen, le séant trouve place sur une souche, elle affûte son couteau de chasse en rêvassant, mille questions la taraudent. Les gants sont posés sur les jambes croisées, elle patiente, espérant avoir donné les bonnes indications au jeune homme. Les chiennes tournent en rond, réclame quelques caresses et finissent par se coucher non loin. Le froid vient mordre la nuque de l'hispanico-irlandaise, qui remonte son col jusqu'aux taches de rousseurs de son nez. Engourdie d'attendre dans le froid, elle prend le pas d'avancer à l'orée du bois, restant visible pour qui arriverait sans tarder.

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Zigzag
Depuis son arrivée à Rouen, il se sentait un peu perdu, un peu seul aussi. Depuis qu’il avait des souvenirs, jamais il n’avait eu à se séparer longtemps de sa famille, mais maintenant, il savait qu’un retour en arrière n’était pas possible, qu’il devait faire sa vie tout seul, à son grand désarroi.

Sa vie jusqu’à maintenant avait été faite au service de sa famille. Le hasard avait voulu qu’il naisse en second et le second fils n’était jamais destiné à de grandes choses, de génération en génération, la terre et ses fruits étaient destinés à l’ainé, et tout était investi pour en faire un être fort, important et incontournable. Les autres, surtout les garçons, n’étaient que la main-d’œuvre bon marché qui servait les intérêts supérieurs de la famille, avec une hiérarchie bien établie : le père, le fils ainé, la mère… et ensuite les autres... Chacun avait ses responsabilités, chacun sa tâche. Finalement, la maisonnée n’était qu’un petit royaume où le père était le roi et le fils ainé, le prince héritier.

Il avait défié l'autorité une seule fois. À l’âge de 11 ans, il avait osé contrarier son grand frère d’un coup de pied bien placé dans l’entrejambe et il l’avait payé cher. Dans la famille de Zigzag, on savait comment mater les rébellions de la piétaille : ce n’est pas le coupable qui subissait la punition, mais un membre aléatoire de la fratrie. Dans ce cas-ci, la sévère fessée avait été pour sa jeune sœur qui grimaça les jours suivants à chaque fois qu’elle s’asseyait. On s’en souvenait, des punitions, et surtout, on ne voulait plus jamais répéter un moment de révolte qui châtiait son propre clan.

Le Père-Roi était sévère et régnait sur son petit royaume en dictat, mais il était aussi juste et bon. Si on accomplissait nos tâches et notre service de façon compétente et capable, on était récompensé d’un regard bienveillant. Toute sa vie, le petit Zig avait cherché désespérément cette félicité dans l’œil de son père et, pour lui, il n’y avait rien de mieux sur cette terre que le contentement et la satisfaction des membres de sa tribu, et, bien sûr, en priorité absolue, celle de son père.

En le chassant de sa maison, son père avait l’œil triste, mais, avait-il dit :
« La vie est implacable, mon petit Zig! Chacun doit accomplir son destin, et le tien, il n’est plus ici! » Sa mère avait été autorisée à lui donner quelques pains, quelques sous aussi afin de se débrouiller les premiers jours, mais, même toutes les supplications polies de Zigzag n’avaient pas réussi à attendrir ni le cœur de la mère, ni celui du père.

Après avoir fait ses adieux à sa mère, à ses frères et soeurs, son père, l’accompagna un moment sur la route, vers la grande ville, et lui donna un dernier conseil :

« Mon fils… »

Jamais il n’appelait Zigzag « mon fils », alors l’instant d’un moment, il pensa que son père fléchirait et le reprendrait, mais l’espoir mourut l’instant suivant.

« Mon fils… lorsque tu seras au village, cherche un noble, et offre tes services. Sois humble et compétent, comme je te l’ai appris, et tu auras de quoi vivre. Et si tu as de la chance, ton employeur sera un homme bien, et tu seras content de l’avenir que tu auras. »

Ensuite, il me serra la main. À ma grande honte, à ce moment-là, j’ai eu un instant de désespoir, et j’ai pensé me jeter à genoux pour le supplier de me garder près de lui, mais j’ai vu que mon sort était jeté, qu’il n’y avait rien à faire, et qu’il ne changerait pas d’avis… Puisqu’il ne changeait jamais d’avis, de toute façon.

Alors, moi, avec ma peine et mon baluchon comme fardeau, j’ai fait la route jusqu’à la capitale. Et, j’ai eu de la chance, pour une fois. Une première vraie discussion avec une jeune noble, en taverne, et voilà une offre d’embauche possible. Il s’agissait d’être compétent, et il aurait un emploi à la clef, un toit, et plus important encore, une maîtresse à satisfaire.

Oh, le jeune blond devinait qu’elle n’avait rien en commun avec ce père exigeant qu’il avait eu comme « maître », mais, dans les deux cas, la récompense serait sans doute la même et c’est ce qu’il cherchait après tout : un regard reconnaissant des services qu’il rendait. Il sentait qu’ainsi, il serait moins perdu, moins seul aussi, pour affronter le vaste monde.

Et, cette fois-ci, contrairement à ce qu’avait suggéré son père, il avait choisi de se mettre au service d’une femme. C’était une jeune fille écervelée qui l’avait fait chasser de son petit royaume familial, ce serait donc une Dame qui l’introduirait dans le vaste royaume, et dans sa tête de jeune blondinet, ce n’était que justice, pensait-il.

Elle lui avait donné rendez-vous à l’orée de la forêt pour chasser et sans doute, pour le mettre à l’épreuve. Il connaissait la chasse et la forêt, donc, il n’était pas trop inquiet. Souvent, durant les mois d’hiver, il allait chasser avec son père et ses frères pour nourrir la famille. Enfin, il ne chassait pas lui-même puisque son rôle était plutôt de rabattre les proies vers son père et son frère, de relever les pièges, de préparer le camp et de cuisiner, mais il connaissait bien son rôle et les tâches qu’il devait exécuter, donc, c'est avec confiance qu'il entreprenait sa nouvelle tâche.

Il prit le chemin, à l’heure convenue, d’un pas rapide, mi-marchant, mi-courant, de manière à chasser le froid mordant de l’hiver qui s’invitait sous son manteau.

À son grand désarroi, elle était déjà là, qui attendait, sa grande silhouette qui luttait contre le froid. Ça commençait mal ! Normalement, ça devrait être lui qui attend, pas l’inverse ! Alors, au pas de course, il va la rejoindre, en remarquant les chiens au passage qui s’agitent en apercevant le coureur qui vient vers leur maîtresse.
À quelques pas d’elle, il mit ensuite un genou sur le sol gelé, regarda le sol humblement en reprenant son souffle :

Pardon, Dame Carmen…. Je suis en retard… Pardonnez-moi de vous avoir fait attendre!

Son souffle rapide et nerveux créait de petites volutes de fumée dans l’air froid qu’il s’efforçait de mieux contrôler en essayant de regagner son calme.

Avez-vous froid, ma Dame ? Voulez-vous que je prépare un feu pour vous réchauffer ?

Il osa la regarder, se demandant si sa mise à l’épreuve durerait plus que 2 minutes…
Carmen_esmee.
    La brune s'occupe comme elle peut avec ses chiens, elle leur lance un fragment de branche morte et feint de temps à autre pour le plaisir du jeu.. Elle en oublierai presque la recommandation qu'elle s'est donnée, paraître en tout temps tyrannique et dure. Dans le seul but qu'il pense que l'on ne peut abuser de sa gentillesse. Elle soupire inlassablement, un peu nerveuse. Elle a tenu à arriver la première pour avoir le temps de réfléchir à ce qu'elle va lui dire, lui faire faire... Et pour lui donner l'impression qu'il est déjà en retard, en tort donc. C'est petit, presque mauvais... Mais c'est une femme et si elle veut être respectée, un certain degrés de crainte est a adopter et le plus tôt sera le mieux.. C'est loin mais alors loin d'être gagné...

    L'Hiver s'est installé en Normandie, depuis près de deux mois, une épaisse couche de neige recouvre le tapis de feuilles mortes de l'automne, en contre bas, un bras de la seine.. Paris.. Si y a bien un truc qui ne lui manque pas c'est Paris... Une branche craque derrière elle, elle se retourne brièvement, le regarde de pied en cap, relance la branche pour les chiens, et s'approche du jeune homme. Contre toute attente, il ploie devant elle, elle s'approche d'avantage pour lui ordonner de se lever. Mais elle admire la beauté du geste, il semble tout à fait sérieux.. et soumis à sa volonté ?

    *Dios Mio, il fait ça bien !*

    Et pour couronner le tout, il la prie de lui accorder son pardon pour son retard, alors qu'il est à l'heure et elle en avance, elle se mord la joue pour ne pas rire, levant les yeux aux cieux. Il est irrésistible. Elle hésite, il nourrit l'hésitation en lui proposant d'améliorer le confort des lieux avec un feu. Elle sourit avec tendresse et s'accroupie face à lui, tandis qu'il la regarde enfin. Elle navigue d'une iris à l'autre, le jaugeant, puis se redresse et du plat de la main l'invite à en faire autant.


    Allons marcher plutôt,
    elle cligne de l’œil malgré elle... Bon pour le tyran c'est foutu pour foutu !

    Carmen connait cette forêt par son cœur, ce n'est pas pour autant qu'elle ne reste pas sur ses gardes. Elle fait de grandes enjambées, sautant parfois d'un talus à un autre, elle ralenti la cadence pour se caler sur celle du jeune homme, il apprendra bien assez tôt à la suivre.

    Je dois cerner - maintenant - vos ambitions, afin de savoir si je suis en mesure de répondre à vos souhaits. Bien que la révérence était appréciable, vous n'avez pas a en user avec moi. Je suis bourgeoise, et de noble famille, mais les terres que je possède sont celles que le père de ma fille a acheter.

    Elle ponctue sa phrase d'un index vers la direction à prendre.

    Je vous logerai, vous vêtirai, et vous nourrirai, et vous verserai une solde pour que vous puissiez subvenir à vos besoins annexes, comme des études, et à ceux qui dépendent de vous. Avez vous une famille ?

    Carmen s'arrête de marcher un cours instant, main en visière, elle fixe un point au loin et ajoute,

    Parlez moi de vous, de celui que vous êtes, et de celui que vous voulez devenir.

    Elle réajuste son col, lui offre un regard, et pense qu'une pause est nécessaire pour ce genre de sujet, si les réponses conviennent, ils continueront, sinon, il fera demi tour, et elle poursuivra seule jusqu'à la rivière, en contre bas.

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Zigzag
Il faudra s'adapter à ce Nouveau Monde, il n'y avait pas à douter!

Déjà qu'elle s'accroupisse pour chercher ses yeux, c'était déjà assez exceptionnel, mais qu'elle lui sourit, ça, c'était carrément révolutionnaire! Il fallait s'adapter, vite et bien, sans trop réfléchir à ce qui était bien ou mal. Alors, pour une fois dans sa vie, son regard ne fuyait pas devant sa nouvelle maîtresse, mais le soutenait. Ah ce qu'il était tenter de fuir ce regard trop perçant, les vieilles habitudes sont tenaces et il n'avait rien à cacher, mais il se sentait inconfortable, comme si lui, pauvre insecte rampant osait regarder et soutenir dans son œil l'éclat du soleil. Mais il tint bon, parce qu'il avait l'instinct que ce ne serait pas bon pour son emploi s'il fuyait devant son regard insistant.

Avec soulagement, elle lui fit signe de se lever et marcha avec elle. Il restait toujours un pas derrière elle, comme on lui avait appris à le faire, mais elle se préoccupait de lui, l'attendait pour marcher côte à côte, mais peu à peu, ses réflexes le faisait ralentir pour lui laisser les devants à nouveau. Un observateur trouverait sans doute que ces deux-là entamaient une drôle de danse, s'éloignant, puis se rapprochant, sautillant parmi les obstacles de la forêt, à grandes enjambées ou à petits pas.

Au fur et à mesure de la danse improvisée, elle tâchait d'en savoir un peu plus sur lui. S'il s'attendait à répondre à des questions de sa provenance et ce qu'il pouvait faire comme tâches, il n'envisageait pas à répondre à des questions plus existentielles comme "qui êtes-vous?" et "que voulez-vous devenir?" Il ne s'attendait pas à ce qu'un maître ou une maîtresse s'inquiète du sort des petites gens à leur service, mais puisqu'il le fallait, autant répondre le plus honnêtement possible, se disait-il.


"Ma famille? Je suis le second fils de Guillaume de Preaux. Mon père possède une petite ferme à quelques lieux de Rouen et j'y vivais avec mes frères et sœurs jusqu'à ce que.... enfin, jusqu'à y a quelques jours... Je connais parfaitement tous les travaux de la ferme, bien sûr, mais bien d'autres choses aussi. Je suis vaillant, vous verrez, ma Dame, et je sais lire et écrire, aussi."

Il avait éludé la question de son départ de la ferme familiale en se mordant la lèvre, mais bon, s'il fallait, et même s'il en avait un peu honte, il raconterait son histoire.

"Pour ce qui est du logement, des vêtements et tout ça, je me contente de peu, vous savez. Je peux très bien dormir à l'écurie ou ailleurs, à l'endroit que vous m'indiquerez... et pour les vêtements, je sais que je ne suis pas convenablement vêtu pour vous accompagner sans vous faire honte, mais je ferai en sorte de me procurer de plus beaux vêtements... Et pour ma famille, ils se débrouillent très bien sans moi, alors je n'ai que moi à me préoccuper... et de vous, bien entendu."

Elle s'arrêta et le regarda en lui posant la question "de ce qu'il voulait devenir", le jaugeant, l'évaluant. Il s'agissait de répondre correctement à celle-là, son avenir en dépendait, il le sentait. Elle réajustait son col, lui masquant une partie de son visage à sa vue. Dans ses circonstances, il lui était plus difficile de lire l'expression de son visage, ne lui restaient que ces yeux qui le fixaient pour évaluer si ces réponses pouvaient être adéquates, ou non.

Le froid de l'air lui avait rosi les joues déjà, mais il sentait la chaleur de l'embarras lui gagner les joues et les rougir.


"Ma Dame, je ne suis qu'un pauvre jeune homme, un peu perdu, je l'avoue... Je n'ai que l'ambition de bien vous servir, et si je peux vous rendre heureuse et contente, je serai moi-même heureux et content, qu'importe si j'ai de beaux vêtements ou que je dors à l'écurie, mon bonheur est lié au vôtre."

Il rougit un peu plus en se rendant compte de ce qu'il venait de dire. Il avait assisté une seule fois à un mariage et les vœux qu'avaient échangés les mariés ressemblaient beaucoup à ce qu'il avait osé dire, et il se rendait compte que les mots qui venaient de sortir de sa bouche étaient malhabiles.

Il continua, essayant de rattraper les mots, bafouillant:


"Enfin... vous... vous...comprenez ce que je veux dire ?"

Désespéré par son cafouillage maladroit, il réussit enfin à conclure, baissant les yeux, un peu honteux:

"Je crois que vous êtes une bonne personne et ce serait un honneur, pour moi, de vous servir".

Ahhhhh, cette fois, c'était beaucoup mieux! Il risqua un petit sourire content et satisfait en relevant ces yeux sur elle.
Carmen_esmee.
    Carmen a conscience que ce qu'elle demande n'est pas simple d'entrée de jeu mais autant commencer par les essentiels afin de voir si une collaboration est possible. Carmen a déjà eu, une jeune femme à son service, et cela n'a pas été très probant, elle était trop sèche, trop brutale et elle avait un goût douteux pour les robes bouffantes... Elle préfère de loin s'occuper d'elle seule, mais elle ne sait tenir une maison et depuis qu'elle est mère, elle est bien moins intrépide sur les routes. C'est d'hommes dont elle a besoin, car malgré les préjugés, ils peuvent être multitâches, et précautionneux pour les travaux dits féminins, comme s'occuper d'un enfant ou serrer le corset d'une dame.

    Elle sent que sa question déroute Zig, il va jusqu'à embrayer sur un autre sujet, intéressantes compétences mais elle se questionne sur ce qui a déclenché la coupure avec sa famille, elle hoche doucement de la tête, portant son regard sur la rivière en contrebas, les chiens connaissent le chemin et ont pris un peu d'avance. Peut-être que c'est trop tôt, trop frais pour Zig et qu'il en parlera plus tard. Elle écoute et graille chaque information.

    *Fermier - Vaillant - Lettré - Humble, Très Humble - Timide ? Ou est ce un respect profond ? *

    Les émeraudes le guettent à la dérober, elle le juge sur ses réponses, c'était le but de cet entretien. Quand il cherche son approbation du regard, elle répond avec un petit sourire, il ne peut voir ses lèvres s'étirer, mais ses yeux ne sont pas pour autant inexpressifs et elle ponctue d'un hochement de tête quand il reprend sa respiration. Elle veut le laisser parler qu'il aille au bout de sa pensée, il semble même regretter l'impulsivité de ses mots, il se reprend à plusieurs reprises, Carmen s'en amuse, elle se reconnaît un peu en lui, à son âge. Et voilà les bafouilles, un serment bien trop solennel ! Mais la brune pose sa main gantée sur l'épaule de Zig et dégage le bas de son visage de son col pour le rassurer.

    "Je comprends parfaitement, mais je vous impressionne à ce point ?"

    Elle lui sourit et comprend qu'elle est aller un peu loin, elle presse doucement son épaule avec un sourire,

    "Détendez vous, vous n'avez pas à répondre à cela. Venez, ce n'est pas fini."

    Elle pose son regard sur la rivière et entame la descente, satisfaite de ses réponses, la pente est dure, et il est préférable de descendre en pas chassés pour ne pas chuter, elle se penche de temps à autre pour se saisir d'une racine et se laisse glisser. Elle a volontairement choisi le chemin le plus escarpé, pour mettre son endurance et sa réactivité à l'épreuve.

    "D'aucune façon vous seriez capable de me faire honte sur un habit, quel qu'il soit." Elle fait un vaste signe vers elle, "Regardez-moi, on ne peut pas dire que je fasse honneur à ma famille, ainsi vêtue, mais ne serais-je pas plus ridicule en robe, si je tombais. Nous avons le droit de tomber, de faire une erreur, mais la dignité est chose essentielle. Gardez-le à l'esprit et cela guidera vos actes et vous maintiendra debout."

    Les yeux sont rieurs, elle se souvint des scandales qu'elle provoqua, volontairement, à chaque mariage de ses cousines, remontant la nef en braies, sous les yeux du chef de famille qui officiait pour chaque événement. Elle fait une pause sur un palier que la nature leur offre. Elle l'attend car une fois de plus, il a pris le parti de rester derrière elle.

    "Autre chose, je n'ai pas d'élevage à entretenir, juste des champs de blé, trois chevaux dont un de trait, une ânesse et deux chiens, mais votre tâche ne sera pas ces dernières, je préfère embaucher de façon ponctuelle, mais si vous aimez vous occuper de la terre, nous nous arrangerons, votre tâche sera principalement de m'accompagner dans mes déplacements, de veiller sur ma famille, qui se compose de ma fille et de moi, il sera à votre charge de prendre soin de vous également. Si vous êtes souffrant, ne me le cachez pas, je ne pardonnerai pas et vous serez renvoyé."

    Elle le regarde un court instant, un regard qui en dit long sur la peur et la culpabilité qu'elle peut inspirer quand elle est déçue. Elle prend la décision de reprendre la descente, mais cette fois elle sourit quand il attend un peu derrière elle.

    "Zig, mettez-vous toujours à côté de moi, ou devant moi, derrière, vous êtes galant, mais absent à mon regard et je veux vous voir, je veux voir que vous êtes là et que je peux compter sur vous", Elle rit presque et l'attend pour qu'il la rejoigne, "A moins que vous soyez lent ?"

    Toucher à l'ego d'un homme était parfois utile pour en faire sortir le meilleur, comme le pire, mais Zig semblait profondément bon et honnête, elle avait eu le nez creux en lui proposant cet entretien. Elle l'imaginait sans peine à ses côtés pour son prochain voyage à Honfleur et le suivant s'il survit, en Auvergne.

    "Quel métier serait fait pour vous, en parallèle de notre collaboration ? Plutôt manuel comme ... posséder un atelier, ou plutôt intellectuel, en devenant érudit comme votre futur collègue ? D'ailleurs, votre chambre sera près de la sienne."

    Ainsi la décision était presque prise, la première impression était la bonne, il n'avait pas besoin d'être parfait escrimeur, archer de talent, bon danseur ou que sais-je encore. Il était jeune, peut-être trop, mais cela pouvait-être un avantage, il sera formé et instruit, et comme avec Matthias, elle se sentira déchirée de le voir accomplie et sur le départ.

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Zigzag
Elle n’était pas beaucoup plus âgée que lui, mais Zig sentait bien l’immense écart qui séparait leurs deux mondes. C’était une dame importante, qui avait eu un mari, qui avait eu une petite fille, qui occupait des postes importants et qui avait vu le monde. Et lui, il n’avait rien vécu et rien vu! Bien sûr qu’il était impressionné par elle! On sentait, à la voir, à sa manière de bouger et parler, une femme accomplie, qui savait où elle en était, où elle allait… tout au contraire de lui.

Il avait une jeune sœur qui avait cette même confiance en elle, qui dégageait une assurance captivante qui attirait les jeunes hommes qui l’entouraient d’attention, qui bourdonnait autour d’elle, sans cesse. Ah bien sûr, elle était aussi jolie, ce qui ne gâchait rien de sa superbe, mais l’instinct de Zig lui disait que c’était surtout sa personnalité qui aguichait les garçons.

Quant à Dame Carmen, il devinait chez elle le même charme que sa sœur, mieux assumée, sans doute, avec l’âge et l’expérience. Il se doutait que les hommes ne devaient pas rester insensibles devant elle, que certains d’entre eux seraient prêts aux pires folies pour entendre son rire ou pour un sourire tendre. Le jeune blond n’était pas aveugle, lui non plus, mais jamais, au grand jamais il n’oserait jeter un regard équivoque envers celle qui l’employait, de toute façon, la maintenant, il pensait surtout à ne pas s’étaler de tout son long ou pire, à dévaler la pente en roulant.
Il la suivait, un pas derrière elle, empruntant sa voie. Il avait bien remarqué, juste à côté, une pente moins abrupte et moins encombrée par les broussailles, mais il la suivrait, qu’importe où ses pieds se poseraient.


« Ma Dame, je suis heureux de voir que les erreurs ne comptent pas beaucoup à vos yeux, parce que oui, je suis un peu maladroit, parfois. Eh oui, j’essaierai de me montrer digne, pour vous faire honneur. »

Il la regarde, elle a les gestes précis, de celle qui connait les chemins difficiles et qui n’a pas peur de se salir quand c’est nécessaire et ici, dans cette pente les pieds et les mains sont essentiels pour dévaler la pente avec prudence.

« Pour mes tâches, cela me convient ma Dame. Je ne vous ai pas dit encore, mais j’ai de petites sœurs qui étaient de véritables petites pestes. Parfois, je m’en occupais aussi, alors, je connais, un peu. »

À sa demande, il passe devant. Il aime entendre son rire, ce qu’elle fait presque en lui lançant une boutade, un défi. Elle est joyeuse, ce qui est bon signe pour lui, alors, lui aussi est plutôt de joyeuse humeur et la tension de « bien faire à tout prix « disparait. Les yeux rieurs, il ne relève pas son « A moins que vous soyez lent? », et passe devant elle en souriant.

Ses pieds et ses mains sont agiles sur les pierres et les racines qui bordent leur chemin. Il accélère la descente, se retourne souvent pour lui indiquer le chemin à suivre, lui tend le bras ou les mains pour l’aider du mieux qu’il peut. Peu à peu, il bifurque de la voie qu’elle avait empruntée et la guide vers un chemin moins abrupt et moins dangereux, parallèle au leur.


« Un métier? »

Il réfléchit un instant, lui tendant la main pour franchir un autre obstacle sur leur route.

« J’aime les belles choses, en particulier, celle que les forgerons fabriquent, le feu et le métal, les choses qu’ils réussissent semblent magiques, irréelles, vous ne trouvez pas? »

Perdu dans ses pensées, il en oubliait presque l’endroit inconfortable, sûrement pas l’endroit idéal pour parler de métier, ou d’avenir, mais, il poursuivait, quand même :

« Mais j’aime aussi les livres, j’adore les histoires. D’ailleurs, j’en inventais pour ma petite sœur. C’était d’ailleurs le seul moyen que j’avais trouvé pour l’empêcher de jacasser pendant un moment. »

Il repensait à ces moments, avec un sourire aux lèvres, nostalgiques. L’instant d’après, il se rendait compte qu’il ne la reverrait sans doute jamais, cette sœur qu’il avait aimée, et son sourire s’évanouit aussi vite qu’il était apparu. Il chassa ces idées noires et repris pied dans la réalité, regarda Carmen, les yeux interrogateurs.

« Mais qui est ce collègue? Vous avez déjà un domestique chez vous? »
Carmen_esmee.
    Zig finit par passer devant, elle ne dissimule pas son sourire, de temps à autre, il se retourne vers elle, l'attend, la guide, lui tend son bras ou sa main pour l'aider à descendre, avant de le toucher, elle prend soin de déganter sa senestre, d'enfouir le gant dans le revers de sa botte et de se saisir de la main ou du bras tendu, de sa main immaculée. Elle conserve son gant droit, pour prendre de temps en temps appuie à un arbre ou à s'accrocher à une racine. Il prend l'initiative de prendre un autre chemin, coupant la côte et rejoignant le sentier, elle sourit en coin, et lui concède cette décision, le chemin, sera plus adéquat à la discussion qu'ils partagent.

    "A mon humble avis, ma fille appréciera votre imagination et moi votre expérience des enfants."

    Elle retire son dernier gant, et le frappe contre ses braies, pour en faire s'envoler la terre et la poussière. Elle se redresse et lui sourit, avant d'enfouir le gant avec son jumeau dans la fourrure de sa botte droite. La pulpe de ses doigts effleure la lame.. elle en oublierai presque le principal.

    "Les forgerons.. Oui, un travail des plus nobles, qui a tout mon respect, ils maîtrisent les quatre éléments, le saviez vous ? La roche, leur fourni la matière, le feu, permet à leur main de donner corps à leur imagination, L'air et l'eau immortalise l'art. Pardon.. je m'emporte, tout ce qui n'entre pas dans mes capacités me fascinent."

    Carmen doute un instant, il semblait rieur, et soudain, une ombre passe sur le visage du garçon et lui vole son sourire. Sa famille lui manque c'est une évidence. Elle comprend cette peine, mais celle de Zig est différente, comme s'il y avait quelque chose d’irréversible. Elle se demande si elle aura le bras assez long pour en apprendre plus sur l'histoire de Zig; il a dit que la ferme de son père, était tout près de Rouen. Mais elle secoue la tête, ce n'est pas une façon de faire, elle patientera, oui elle attendra qu'il soit prêt. Elle se souvint que Matthias n'était pas des plus bavards, elle apprit qu'il avait une famille récemment, la raison de son départ précipité pour les Highlands. Elle songe à Duncan et soudain, Zig la ramène à l'instant présent, la questionnant sur Ronan.

    "Ronan est un érudit, point un domestique, il est au service de ma famille depuis maintenant trois ans, depuis mon mariage à vrai dire, ses tâches sont vastes, elles vont de l'élaboration des repas à me conseiller sur des choix importants. Au fil des années et des absences de mon époux, il est devenu mon confident."

    Elle reprend la marche avec Zig, elle réajuste le carquois sur son épaule, et tapote le cuir de ses braies pour rappeler les chiennes, puis du plat de la main, elle indique le chemin à Zig, afin qu'il n'est pas à se caler sur elle mais poser, comme elle, son regard au loin.

    "Vous ne serez pas un domestique, bon de temps à autre gouvernante.. sans le "e" mais le sens est plus équivoque au féminin. Et enfin, vous entrerez dans la famille en tant que gens d'armes. J'ai besoin d'un minimum de deux hommes, pour veiller sur ma famille, Nous vous enseignerons ce qu'il faut."

    Sans vraiment s'en rendre compte, ils sont arrivés à la seconde étape de l'entretien. Elle se défait du carquois, le pose entre ses pieds et les jambes servent de support à ce dernier. Elle fait passer l'arc par dessus sa tête et le lui tend.

    "Maniez vous les armes, et à défaut savez vous chasser avec ceci. Je n'enlève rien à l'utilité des collets mais sur les chemins, un arc peut faire reculer un assaillant."

    Elle se passe les mains dans les cheveux, les tirant en arrière afin de dégager son visage, elle saisit une flèche, vérifie que son bracelet de cuir est correctement positionné, et tend sa main vers lui, pour reprendre l'arc et lui confier en échange le carquois. Carmen se place en fente avant, elle fragmente chaque mouvement. Qui sait observer, apprend. Stable sur ses appuis, enracinée dans le sol, elle resserre la corde, installe la flèche, elle choisi une cible naturelle, elle prend ancrage à ses lèvres, vise, son bras se recule, elle sent son omoplate se mouvoir et rejoindre l'échine, un nouveau point d'appui, elle tracte davantage, et elle libère la flèche dans un soupire. Elle se plante a quelques centimètres de la cible, elle n'en est pas pour autant mécontente, et lui tend à nouveau l'arc et sort une flèche du carquois pour lui, passant d'ores et déjà son avant bras sous la sangle de ce dernier pour l'en débarrasser.

    "A vous, si vous voulez bien."

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Zigzag
Certains mâles seraient sans doute offusqués de se faire appeler « gouvernante », surtout si on était un jeune homme dont la virilité serait encore à faire, mais pas Zig. Il était encore jeune et frêle, et il avait conscience que vis-à-vis des hommes poilus et tout en muscle, il avait l’air d’un moucheron, et pourtant, il ne se sentait pas diminué où humilier, qu’importe les tâches qu’elle lui demanderait.

Restait l’épreuve du tir à l’arc.

Si, peu à peu la nervosité avait été chassée au fil de l’entrevue, elle revint au galop pour hanter le moindre de ses gestes.


« Oui, je veux bien essayer, Dame Carmen, mais s’est bien la première fois que je prends un arc dans mes mains. Mon père et mon frère en possédaient un, mais ce n’était pas dans mes fonctions d’apprendre ce genre de chose. »

Malgré tout, il prend l’arc qu’on lui tend, le traite comme un objet fragile et précieux en le prenant du bout des doigts. Il se surprend lui-même en admirant l’objet qu’il tient dans les mains, apprécie la douceur du bois courbée, inspectant la corde en l’effleurant du bout des doigts. L’espace d’un instant, il oublie que Carmen l’observe, et contemple, admiratif, la conception de l’arc. Il rêvasse, s’imagine, élégant archer au geste parfait, visant chaque fois sa cible en plein centre. Il en a toujours rêvé, mais son père et son frère n’auraient pas permis qu’on touche à leurs armes. Il retombe vite sur terre, en croisant son regard avec celui de sa nouvelle maîtresse.

« Hum ! Oui! Pardon ! Il faut que je tire une flèche maintenant hein ! Je vais faire de mon mieux… même si les résultats ne sont pas garantis… »

Il prend une flèche, l’encoche sur la corde tendue, essaie d’imiter, tant bien que mal, ce qu’il a observé. Plante ses pieds au sol, les jambes écartées, tend l’arc au bout de son bras gauche, vers la cible, et tire sur la corde avec l’index et le majeur, la flèche entre ses doigts. L’appui de la flèche flanche et maladroitement, il perd la flèche qui tombe au sol. Un coup d’œil embarrassé à sa maîtresse et il se penche pour reprendre la flèche, et reprend position. Avec précaution, il remet l’encoche sur la corde: la flèche, cette fois, est en meilleur appui sur sa main gauche qui tient l’arc. En direction de la cible, il tire doucement sur la corde, puis se rend compte de la résistance et tire plus fort. Ses doigts crispés lui font mal, mais il continue de tirer vers lui, tant bien que mal. Malgré toute la bonne volonté qu’il y met, ces maigrichons de bras n’arrivent pas à tirer et l’arc refuse de fléchir. Rapidement, il sue à grosse goutte à force d’essayer, ses bras protestent et commencent à trembler sous le trop grand effort qui est demandé.

A bout de force, et la corde bien loin de ses lèvres, il lâche la flèche qui vole…
…Et meurt bien loin du pied de la cible…

Ses doigts lui font mal, et les petits muscles de ses bras, aussi ! Il aurait envie de crier sa frustration, un grand cri animal qui ferait fuir sur des lieux à la ronde tous les animaux vivants, mais, il n’oublie pas qu’il est observé et ne réussit qu’à dire :

« Moui, bon, désolé, je ne suis pas un bon archer…. J’suis même pitoyable…J’suis désolé de vous décevoir… »

Il rougissait, serrait les dents, tend l’arc à sa Dame et va courir ramasser sa pauvre flèche qui git au sol. Il veut faire disparaitre rapidement cet essai humiliant, et il espère que sa honte sera amoindrie s’il efface les preuves de sa faiblesse. Il poursuit sa course jusqu’à la flèche de Dame Carmen, prend grand soin de ne pas l’abimer en la reprenant, et revient vers elle.

« Je vais m’y mettre, et je deviendrai un meilleur archer, je vous le promets… Enfin, si vous m’en donnez l’occasion… »
Carmen_esmee.
    Carmen se doutait que cette discipline ne serait pas la sienne, pour le moment du moins, elle le regarde faire, impassible, ne voulant ajouter à son trouble. Il est soucieux de bien faire, il essaye, une première fois encore. Elle note mentalement toutes les erreurs de positionnement et la détresse qu'elle semble lire dans ses yeux, lui brise le cœur.
    La brune vérifie l'état des flèches qu'il lui tend et les glisse dans le carquois. Elle reste silencieuse, elle cherche ses mots. Elle fixe son regard sur l'environnement, sur les chiennes, elle ne peut savoir s'il sera doué un jour ou non. Ce qu'elle sait, c'est qu'il est déjà empreint d'une certaine servitude, elle le sent loyal et le croit quand il dit vouloir lui être utile.

    Les émeraudes s'arrête enfin sur lui, elle porte ses mains à ses lèvres, et souffle doucement dessus, les frottes et saisit ses gants dans le revers de sa bottes. Lui reviennent les mots de son cousin.


        * Si un jour, tu ne savais quoi dire mais que l'on attend de toi que tu parles, parles du temps *

      "Il fait froid, vous ne trouvez pas ? Nous devrions rentrer Zig, Je peux vous appeler Zig ?"


    Elle enfile ses gants et se range à son côté, elle glisse son bras libre autour du sien. Sa décision est prise, mais une étape l'attend encore... Elle siffle les chiens, qui les rejoignent rapidement.

      "Luschka, est la chienne de montagne au poil gris fer et abondant. Areia, la chienne couleur sable. Elles dissuadent par leur seule présence. Comme vous. Votre présence sera un réconfort pour moi. Si vous ne savez magner une épée le moment venu, mettre à l'abri ma famille restera cependant à votre charge. "


    La chienne massive, se fait dépasser par le lévrier, dans les hautes herbes.



    [Rouen - Propriété de Duncan - Carmen]

    Un large pré, où paissent les chevaux et l’ânesse, la maison à colombages, monte sur deux étages, un atelier et un fournil y sont accolés, Carmen se détache de son bras et le guide à l'intérieur.


      "Ici la pièce ou nous échangeons les programmes de la journée, il communique avec le fournil, ainsi Ronan surveille le pain tout en préparant les repas. "

    Elle désigne l'escalier, où sont accrochés une tripotée de bottes et de chausses, retenues par des clous... et grimace... Il doit les prendre pour des fous.

      "Hanna, croque tout ce qui traîne, le cuir est sa matière préférée, mais elle a un penchant pour toutes les sortent de .. peaux, prenez donc garde à vos doigts.."

        *Et orteils !*


    Elle l'invite à la suivre, la galanterie dicterai que l'homme passe devant dans les escaliers, mais elle est la maîtresse de maison, ainsi elle commence par la gauche, elle pose son oreille contre la porte, pas un bruit, mais elle sait que la petite est là.

      "La chambre du Monstre Sernesque, Hanna, au bout du couloir, ma chambre, Ronan vous dira ce qu'il y a à savoir. D'ailleurs, sa chambre est ici."

    La main toque trois coups puis deux, elle entend du bruit derrière la porte. Ronan se lève, elle profite de cet instant pour ouvrir la porte a côté de celle de Ronan. Une chambre de taille moyenne, un lit, un bureau, une commode, une aiguière dans sa vasque.

      "C'est ici que vous dormirez."

    Ronan ouvre la porte, un échange de sourire, une main tendue au jeune Zig et Carmen s’éclipse, sans un mot.

      " Tu dois être le nouveau"
      , Il attend que la porte du rez de chaussée claque.

      "Comment ça s'est passé ? Je veux dire t'es encore là, donc euh félicitations !"


    Il lui donne une accolade fraternelle et se met à rire. Ronan est un jeune homme svelte, âgé de 25 ans, qui passe le plus clair de son temps dans les livres, les marmites et les langes d'Hanna. Il est brun et ses origines écossaises ne se remarquent que peu, si ce n'est qu'il est grand avec ce léger accent.

      "Allons dans ta chambre, nous devons prendre tes mesures pour les habits qu'elle te fournira, et euh, tu sais lire ?"

    Il lui tend un vélin, long, comme le bras, et attend réponse positive avant de lui céder la liste.

      "Apprends là par coeur et ensuite, brûle la, elle ne doit pas voir ça."



    Citation:

    ¤ Du sommeil :


                    - Ne la réveiller que si elle en a fait la demande la veille.
                    - Ne la réveiller que si tu es mourant ou en danger réel.
                    - Ne la réveiller que si un incendie atteint l'étage.
                    - Ne la réveiller que si Hanna, la réclame.






    ¤ De l'appétit


                    - Toujours prévoir un met sucré et un autre salé à table.
                    - Toujours commandé du poiré en avance.
                    - Toujours lui laisser croire qu'elle ne boit pas plus que cela, et noyer sa liqueur avec du jus de prune.
                    - Toujours vérifier que le garde manger peut tenir un siège, ou une réception entre dames.






    ¤ Des courriers :

                    - Plus de trois courriers, prévoir un bain pour sa lecture.
                    - Moins de trois courriers, prévoir une collation dans le bureau.
                    - Ne jamais lui donner une lettre d'Aaron - Alphonse - M.Lupin avant d'avoir mangé.






    ¤ D'Hanna :


                    - Toujours la garder hors de porter du soleil, préférer l'ombre.
                    - Eviter de la mouiller, sauf pour le bain.
                    - Ne jamais la nourrir après minuit.
                    - Ne rien laisser à sa portée, pas même vos orteils.






    ¤ De Carmen : [C comme Cheval]

                    - Rester un maximum dans son champ de vision.
                    - Ne pas marcher derrière elle.
                    - Ne pas lui sauter dessus, sens propre et figuré.
                    - Ne jamais toucher ou regarder son dos.





    Ronan cherche de quoi prendre et noter les mesures pour la tisserande.

      "Vous avez des questions ? Pour le reste on fonctionne normalement."

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Zigzag
Tout était parfait ! Enfin, presque !

Oh, lui, il n’avait pas été parfait, mais il était encore là, et ça, c’était bon signe. La chambre était parfaite, évidemment, ça la changerait de celle qu’il partageait avec son frère, chez lui… enfin, son ancien chez lui. Et la maison était immense par rapport à ce qu’il avait connu, donc, ouais, tout était parfait !

Restait à rencontrer la petite Hanna, et ce serait dans la poche ?

Et il y avait cette liste, qu’il avait relue plusieurs fois afin de bien tout retenir, tel que Ronan le lui avait dit. Une drôle de liste, et évidemment, il avait des questions…Il sentait qu’il pouvait tout demander, sans gêne, à cet homme.

« Si je comprends bien, il faut avoir une très bonne raison pour troubler son sommeil, c’est bien ça ? Bon, et si un incendie se déclare, je vais avoir de la difficulté à la laisser dormir, même si le feu n’est pas dans sa chambre ! Mais j’userai de mon jugement, et ça devrait aller… »

La suite de la liste le laissait perplexe.

« Qu’est-ce que le poiré ? C’est une boisson ? Et…. Dame Carmen, elle supporte mal l’alcool ? Assez pour s’en soucier ? Assez pour oublier ce qu’elle a fait la veille, un soir arrosé ? Mon père avait ce problème, parfois, et il fallait couvrir ses bêtises… ce sera un peu ça, aussi, avec Dame Carmen ?»

Il était embarrassé de poser ces questions, mais il se disait qu’un Zig averti valait mieux qu’un Zig prit par surprise.

« Pour le bain à courrier, je dois préparer le bain et ensuite lui donner son courrier? Et Aaron, Alphonse et messire Lupin sont trois personnes différentes? Comment reconnaître que le courrier vient d’eux… ou de lui? »

Il avait lu la liste concernant Hanna plusieurs fois et cela demeurait une énigme pour lui, même à la dixième relecture. Ne pas la nourrir après minuit, ne pas la mouiller, ne rien laisser à sa portée, ça sonnait vraiment comme un peu… terrifiant… mais il se disait que c’était seulement son imagination, rien de plus, que Ronan était toujours vivant après tout et que lui aussi serait capable de survivre.

Alors, il évita cette partie de la liste et sauta à la suivante, évaluant que les énigmes sont faites parfois pour être découvertes par soi-même.

« Ne pas marcher derrière elle? Et moi qui m’efforçais de rester toujours un pas derrière elle, comme on me l’avait appris! Et puis, jamais je n’oserais lui sauter dessus, ou même la toucher, sans qu’elle-même en prenne l’initiative, que ce soit son dos, sa main ou son bras. »

Zig regardait Ronan, perplexe.

« Comment pourrais-je lui sauter dessus, au sens figuré? Je ne comprends pas… Au sens que je ne dois pas la brusquer, la choquer, dans la précipitation? »

Il avait retenu ce que contenait la liste, aussi, il enroula le vélin et à l’aide d’une chandelle, il y mit le feu, le regardant brulé entre ces doigts. Il déposa les restes dans l’âtre afin d'achever la disparition des preuves compromettantes.
Ronan.



Virga à la main, Ronan mesure, Zig, en large, en long, point en travers, et note sur un vélin, chaque norme, écoutant les interrogations légitimes du jeune homme.

Son sommeil,
ricanement du brun, il est en seconde place après sa fille, dans la liste des choses qui lui sont primordiales. Avec Matthias, ton prédécesseur, nous tirions à la courte paille pour qui la réveillait le matin. Il te faudra de bons réflexes, et t'armer de patience, ce n'est pas une mince affaire.

Il le regarde tout à fait sérieux, Comme tu es le petit nouveau, je te laisse deviner qui n'aura pas a s'occuper de cette tâche le mois à venir. Bon courage ! Il ponctue d'une petite tape sur l'épaule, et lui fait écarter les bras, poursuivant la prise de mesure.

Le Poiré, c'est du cidre mais à la poire en somme, l'on ne sombre dans l'ivresse avec cela. Carmen, enfin Dame Carmen tient l'alcool comme une Dame, juste assez pour sombrer dans le sommeil si elle en abuse. Cela n'arrive que lorsqu'elle reçoit une missive de son ..? Ronan le jauge, hésite, Bon à toi, je peux le dire.. Les trois hommes cités, sont la même personne, son père. Mais elle ne l'appelle point comme ça, elle ne lui donne pas de nom, il sera "Lui" si elle en parle. Tu reconnaîtras ses lettres au "L" du sceau qu'elles comportent.

Ronan réprime une grimace et dessine la marque d'Aaron sur le vélin, il connaît ce sceau par son cœur, car il orne la chair de leur maîtresse. Il échange un regard avec Zig, doit-il lui dire ou non ? En étant subtil ?

Aaron a une haute tolérance de l'alcool, mais il ne le plonge pas dans l'inconscience complète, simplement dans un état de violente transe.

Il change immédiatement de sujet et se met à genoux pour prendre la mesure des pieds du jeune blondinet.

Pour le bain, toujours avant de lui donner son courrier, et si elle n'en a envie, il sera pour toi ou pour moi, à celui qui court le plus vite. Tu devras le parfumer au dernier moment de ce fait, sinon tu fleureras bon le lys !

Cette note d'humour fait redescendre le sérieux de la conversation. Ronan se lève et tire d'un tiroir des frusques plus épaisses que celles que porte Zig, et les lui lance.

Elles seront sans doute un peu grandes, Matthias était plus épais que toi mais cela fera l'affaire le temps que la tisserande honore ta commande ou que tu te remplumes.
Il lui sourit et va s'asseoir sur le lit, finissant de noter toutes les normes.

Avec Carmen, les surprises... C'est rarement bien accueillie, bonnes ou mauvaises, le sens figuré était pour cela, pour l'autre sens, son père aura eu raison de sa capacité à se laisser toucher, je suppose.


Cette fois, le message est un brin plus clair, Aaron a violenté sa fille, les gestes emportés par l'ivresse et l'esprit brouillé par la ressemblance de Carmen avec la mère de celle-ci.
Il roule le vélin contenant un zig fait de chiffres, tandis que ce dernier, brûle le sien.


Viens, Je crois que quelqu'un est impatient de te goûter, enfin de faire ta connaissance,
Ronan part de son rire et guide le jeune homme de l'autre côté du couloir, où la petite Serna babille dans son berceau. Assise, elle les regarde entrer, elle se hisse à l'aide des barreaux et passe ses bras par-dessus, ouvrant et fermant les menottes dans leur direction pour qu'il la sorte de sa cage. Les yeux sont immenses, l'on ne peut s'en détacher.
Zigzag
Zig écoute attentivement toutes les explications de Ronan. Il retient l’essentiel :

- S’arranger pour rester en vie, au petit matin, après avoir réveillé la Dame Ours qui dort
- S’arranger pour être loin lorsqu’elle recevra des lettres de ce père
- S’arranger pour laisser gagner Ronan « à la course du bain ». Il a l’air d’apprécier ce petit plaisir et , un allié de plus, c’est toujours le bienvenu
- S’arranger pour ne jamais surprendre Carmen
- S’arranger pour être là, comme un pot de colle, si un jour ce père vient visiter sa fille.

Restait à découvrir la reine de l’endroit, celle dont toujours, il avait entendu parler, sans jamais la voir. Il avait hâte, il avait peur, enfin, tout s’embrouillait dans sa petite tête blonde, mais son cœur battait fort dans sa poitrine, comme à un premier rendez-vous amoureux. Enfin, c’est ce qu’il imaginait, puisqu’il n’y avait eu aucun rendez-vous amoureux dans sa jeune vie, Zig pensait que ce serait semblable à ce moment… ou enfin, ça lui ressemblerait, en moins terrifiant, peut-être?

Il allait enfin la rencontrer, celle qui était déjà légendaire à ses yeux. Le Monstre à dents, la plus terrifiante des monarques, celle qui marque de son sceau buccal tous ces sujets. Elle était là, si près! Angoissé, il suivit Ronan et pour la première fois, il posa les yeux sur elle.
Il ne croyait pas au coup de foudre. Tout ça, ce n’était que chimère, disait-il, mais là, maintenant, devant cette petite fille, cette petite chose avec de grands yeux, il tombait, foudroyé par ce regard.

Ignorant Ronan, il alla vers elle, et, sans rien demander, il la prit dans ses bras, la soutirant de son berceau, passa son bras sous le fessier royal, l’appuyant sur sa hanche. Les yeux dans les yeux, il lui souriait, sans rien dire, mais la position n’était pas confortable pour faire vraiment connaissance, alors, lentement, délicatement, il la posa par terre, bien assis sur son petit popotin. Et lui, a son tour, fait de même, s’assoit par terre, face à elle, en souriant.


« Je suis Zigzag, dame Hanna, pour vous servir. Enchanté de faire votre connaissance! »

Ah oui, c’était un monstre! Elle allait le dévorer, faire de lui son esclave! Mais lui, il restait face à elle, un sourire béat étampé sur ses lèvres.

Délicatement , il prit sa petite main entre les siennes et se pencha vers elle, et, à genou devant elle, déposa un petit baiser sur le revers de sa petite main, comme les grandes dames, qui parfois, recevaient des baise-mains de monsieur galant.
Hanna_de_la_serna


    J'entends du bruit dans les escaliers, je m'assieds dans mon berceau et je regarde entre les barreaux, je réfléchis à la moue que je dois adopter selon si c'est maman ou si c'est Ronan. Avec maman il suffit que mon petit menton tremble et c'est gagné ! Avec Ronan, tout aussi facile, je baisse la tête et je lève de grands yeux vers lui.. Meow ! C'est gagné !

    Maman n'est pas là, c'est Ronan qui ouvre la porte avec un nouvel humain, il a les cheveux blonds, je n'en ai jamais vu d'aussi clairs ! Je veux l'essayer ! Je tends mes mains vers lui, après m'être mise debout et miracle il approche et me porte. Je le regarde, fascinée, et touche sa joue. Il a l'air chouette, il pique pas.
    Il me pose, et s'assied à son tour, en face de moi, je souris, il est rigolo.

      « Je suis Zigzag, dame Hanna, pour vous servir. Enchanté de faire votre connaissance! »

    Il attrape ma petite main et y dépose un bisou, ça chatouille alors je ris, je crois que je l'aime bien, je regarde Ronan, qui lui aussi nous regarde, il rit avec moi. Et riant davantage, je me mets à quatre pattes puis me mets debout, ce n'est pas une mince affaire quand on a de petits bras incapables de vous soutenir mais je me redresse comme une grande, je regarde le nouvel humain et je lui dis..


    "Ravie moi aussi de faire votre connaissance, j'espère que vous céderai a ce que ma chère mère appelle des caprices. Vous êtes embauché !"

    Bon ça.. c'est dans ma tête, en vrai...

      "A Nana !"

    Et je viens me jeter dans ses bras pour qu'il me fasse sortir de ma tour, et m'emmène dans l'antre de mon château ! La Cuisine !


    Ronan ajoute en donnant une petite tape dans le dos de Zig,

      "Tu es officiellement adopté."


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