Sebastian.
" Je t'aime, je suis fou, je n'en peux plus, c'est trop;
Ton nom est dans mon coeur comme dans un grelot,
Et comme tout le temps, Roxanne, je frissonne
Tout le temps le grelot s'agite et le nom sonne ! "
- Cyrano de Bergerac, Acte III, Scène 7 .
Ton nom est dans mon coeur comme dans un grelot,
Et comme tout le temps, Roxanne, je frissonne
Tout le temps le grelot s'agite et le nom sonne ! "
- Cyrano de Bergerac, Acte III, Scène 7 .
Tremblement de terre, tonnerre, tempête, déluge dans son cur . Il manque un battement, manque un souffle, son regard se détourne d'elle .
Il manque de céder à la tristesse, mais se rebiffe contre lui même, elle se penche vers lui, l'enlace, lui dépose un baiser au coin des lèvres, mais le mal est fait, il n'a plus d'espoir. Certes ce fut court, mais intense, une passion née d'un regard, d'un échange, d'un bonsoir . Il lui avait promis énormément de choses, et tenait promesse, étant là pour elle, pour ses proches, faisant tout pour elle. Il savait qu'elle était orpheline, qu'il ne pouvait pas demander sa main à un quelconque père, il l'avait donc demandé à elle, grande personne, qui se targue d'être forte. Et pourtant avant de l'enlacer elle essuyait une larme, ne sachant trop pourquoi, il l'avait regardé faire, sans mot dire, pleurait elle de peur de le perdre, pleurait elle de tristesse car elle n'osait pas lui avouer un éventuel secret qui l'obligerait à dire Non. Non, trois lettres une syllabe, elle brisait le silence, elle n'était pas prête, elle brisait un rêve, brisait ses espoirs . Le blond ne sait pas comment réagir, si il doit mal le prendre, ou faire preuve de plus de patience.
Une partie de lui plaide la compassion et l'empathie, une autre le rejet et l'impatience. Si tout va vite dans ce Royaume, les vies et les destins s'écoulent encore plus vite, et il n'avait jamais en huit ans rencontré cela .
Elle tente d'argumenter son choix, le statut, l'âge, le côté récent de leur relation, puis elle se dévalorise à nouveau, parle de ses défauts. Le blond décide après quelques secondes de ne pas répondre pour le moment, il ne saurait être lui même en ce moment précis, et ne souhaitait pas tout gâcher .
Puis, après l'avoir traîné dans la boue, l'avoir ridiculisé, rejeté, émasculé, elle tente de nouveau de se justifier, logique, raison, décisions... Il l'écoute silencieusement avant de répondre à ce florilège de bonnes raisons pour ne pas l'épouser Lui.
Mh.
Puis vient une question plus surprenante, en dehors du sujet, sujet d'ailleurs dont il ne savait rien, que s'était il passé, avait il changé ? Puis il se souvient du pain d'épice, vil met du sans nom, il l'avait trahit ! Sébastian avait tout fait pour chasser le dégout, mais la paranoïa d'Aryanna l'avait amenée à détailler le blond au point de percer le secret . Il souffla doucement, détourna le regard puis...
Je n'aime pas le pain d'épice, mais je ne voulais pas vous vexer, alors je l'ai mangé. Après réflexion c'était stupide de vous le cacher, mais je voulais faire bonne impression .
Il continuait de fixer le regard sur le flot de l'Agout, si son coeur avait cessé de vivre, la rivière Castraise, elle, continuait de suivre son méandre éternel. Il soupira, que faut il y répondre, que faut il faire, la connaissant il ne faut pas insister, mais d'autre part il ne faut pas tout planter là et rentrer sans elle .
Il pèse le pour et le contre, la laisser prendre de l'air, ou en remettre une couche, mauvaises solutions en soit, le juste milieu serait le plus favorable à une issue positive à tout ça .
Le soleil occitan avançait vers l'Ouest, il n'avait pas d'idée de l'heure qu'il était, tant le temps s'était accéléré puis arrêté dans la clairière . Il réfléchissait encore et encore, reprenant le dessus avec un esprit aiguisé et pragmatique. Sébastian se desserra doucement de l'étreinte d'Aryanna pour se relever, sans mot dire, avant de s'épousseter les feuilles et la neige sur les habits . Il avait trouvé, depuis le début elle l'assénait de questions, c'est elle qui dirigeait le bal entre guillemet, et il n'avait pas vraiment eu l'occasion hormis à cet instant précis de la mettre au pied du mur, la forcer à s'ouvrir, la forcer à échanger . Il avait trouvé, quitte à ce qu'elle dise non, au moins s'assurer de la sincerité de ses sentiments, après tout dire je t'aime est une chose, le prouver en est une autre . Elle le faisait, loin de lui l'envie de faire croire le contraire, mais pour une fois c'est elle qui aurait les cartes en main sur l'avenir de leur relation .
Prouvez moi que vous m'aimez Aryanna, les paroles sont une chose, les actes en sont une autre. Je ne demande pas à ce que vous disiez oui pour le prouver, mais je vous laisse le choix . Je vous redis simplement, par contre, que jamais le statut ou la naissance ne m'a porté à croire quoi que ce soit de vous ou de quiconque .
A vous de dire si lorsque tout se passera bien et que vous serez rassurée sur vous même, plutôt que sur moi, vous accepterez. Ou alors dites moi tout de suite si vous resterez éternellement fermée, craintive de ces choses et introvertie. Auquel cas vous ne pourrez jamais me faire confiance et avoir confiance en nous, et ainsi donc je partirai, loin.
Il la fixait, de tout son haut, attendant la réponse, sans trop en espérer, tant elle l'avait blessé. Partir vivre ailleurs était chose aisé, il devrait donc revenir sur sa parole de devenir maire, mais si c'était mieux pour lui, c'était mieux ainsi, il ne pourrait pas la croiser tout les jours au Capitole, encore moins tout les jours à Castres si la maréchaussée venait à l'y affecter .
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