Tout ne se passait pas vraiment comme Matpel l'avait prévu, avouons le.
Et d'une, il ne s'attendait absolument pas à être convié à l'intérieur des appartements du Roy. Il avait escorté Elayne icelieu, et comptait bien attendre au dehors pour guetter l'arrivée du Comte Valnor qu'il savait imminente. Ce qui se passerait alors à l'intérieur de la pièce relèverait alors de ses seuls beaux parents.
Imminente, c'était le mot, le Pair n'était d'ailleurs qu'à quelques pas.
- Ma Dame, je vous présente mon gendre, Messire Matilin Llewelyn Pellean, dict Matpel, qui a eu la délicatesse de m'escorter en l'absence de mon époux le Comte d'Aubeterre. Messire Matpel est en outre le mari d'une des filles de mon époux, Dame Mahaut de Nabinaud à qui vous aviez envoyé une invitation. J'ose espérer que vous ne refuserez pas l'entrée à mon noble gendre et protecteur dont je me porte totalement garante.
- Messire Matpel fait donc lui aussi partie de la grande famille royale.
Houlà.
Elayne l'entrainait avec elle à l'intérieur des appartements. Protester ? Allons, on ne proteste pas face à Elayne. Matpel eut simplement le temps de jeter un regard de détresse et d'incompréhension à Valnor, qu'il aurait voulu saluer plus longuement d'ailleurs, mais n'eut d'autre choix que d'obtempérer.
La honte envahit Matpel. Il se présentait au Roy en simple roturier, déchu pour abus de retraite spirituelle de sa Vicomté de Verteuil et de sa ô combien chère Baronnie de Barbezieux. HAN ! Et des poules qui allaient avec *snif*. Il ne put s'empêcher d'avoir une pensée pour sa marraine, Méline Deschain, Elle qui fut jadis Hérault du Périgord Angoumois, devait se retourner dans sa tombe...
Moultes fois Matpel avait dû se rendre en territoire ennemi pour parlementer. Il avait aussi été amené à négocier avec des Ducs, des Comtes, des Evêques, des Chanceliers. Pourtant, jamais il ne s'était senti aussi démuni qu'à cet instant. Comme sonné, il n'entendit même pas que l'on annonçait sa présence et se contenta de suivre ses illustres beaux parents jusqu'au Roy.
Ce dernier leur lança.
Valnor, Matpel, le bonjour, c'est une surprise de vous voir également.
Matpel comprit seulement que sa présence n'était pas attendue. Donc pas nécessairement souhaitée. La honte à son sommet.
Le Roy avait beau se présenter sous des traits familiers, Matpel faisait la part des choses entre l'homme et l'institution qu'il incarnait. Et malgré les désagréments de la situation, l'honneur d'être en présence du Roy balaya tout autre sentiment.
Laissant tomber un genou au sol et baissant la tête, il dit :
Votre Majesté, mes hommages.
Même le Roy Lévan ne l'avait jamais reçu alors que Matpel était à son service, laissant la princesse Armoria s'en charger à chaque occasion. Finalement, Méline ne lui en voudrait peut-être pas tant. Ce n'est pas tous les jours que l'on est reçu par le Roy, et après tout, il ne s'était pas fait jeter dehors par les huissiers, donc sa présence était tolérée.
Ce point étant pour l'instant réglé, vint le moment de dévisager les deux pestes qui ne lâchaient plus leur oncle - oui on a du mal à s'y faire - d'une semelle. Matpel n'avait pas à intervenir, ce n'était pas à lui régler la situation. D'autant qu'Elayne semblait garder la situation sous contrôle. Forcément, comment pouvait il en être autrement ?
Le Roy poursuivit
Voici mon fils Hector, ma belle fille Constance, ma fille adoptive Lilly, mon petit fils Imbault, lui même fils d'Arthur qui nous a malheureusement quitté. Et enfin Aurianne, notre cousine du côté Nanteuil
Matpel salua bien bas chacun des membres qui lui avait été présenté. Un sourire courtois accompagné d'un
Enchanté.
Mais les mondanités furent vite brisées ...
-A vrai dire, tont... Majesté, mon regretté époux Matpel est mort il y a fort longtemps. Nous le savons tous, n'est-ce pas ? Bon, peut-être pas, mais ça se tentait. Je ne sais qui est cette personne tenant à se faire passer pour lui, mais je trouve la plaisanterie fort douteuse. N'ayez crainte, si cet homme essaye de s'en prendre à vous à travers cet honteux stratagème, je vous défendrai de ma vie !
La pique était assénée et la brune qui se dressait désormais devant lui d'un air menaçant quoique fuyant... était bien mignonne, ma foi. Le toupet d'un roquet, très attendrissant. Et pour une fois, ses choix vestimentaires n'étaient pas de trop mauvais goût.
Leurs retrouvailles avaient été ... oui ben ratées, disons le, il n'y a pas d'autre mot. Au point que l'un et l'autre n'envisagent que leur conjoint fût remplacé par un imposteur. Mais à cette distance, Matpel put sentir l'odeur de Mahaut. Et bien malin celui ou celle qui peut tricher sur ce point.
Sûr de l'identité de sa femme - mais non moins inquiet pour le Roy, du coup - il esquissa simplement un sourire et répondit
As tu reçu mon pouème ?