Benjen
-
De se déchirer
- Laissez-moi, j'ai pas l'moral ce soir,
J'veux pas entendre parler d'quoi qu'ce soit,
J'bade j'ai froid, j'ai soif je crois,
Soit, j'te raconte pas dans quoi l'espoir se noie,
Il fait noir et ça fait quelques mois,
Pas d'belle phases faites de soie,
J'm'en fous c'est de moi,
Le jour, j'escorte une ombre *
Le soir où « jai su », la journée avait été belle, la semaine avait été belle, le mois même ! Avait été beau. Tout allait bien jusquà quelques heures avant le départ
Nous discutions poignard et récurage, jexprimais à gestes éloquents la manière dont jaimerais utiliser mon poignard pour quon se mette à récurer sec. Vous comprenez donc quon samusait comme des petits fous et que lambiance était au beau fixe !
Cétait sans compter sur larrivé de la « Môman » de Niki. Javais un profond respect pour Carrie, même si elle passait son temps à se payer ma tête quand elle me croisait, ou à ne tout simplement pas être dune grande éloquence en ma seule présence. Mais elle mavait défendu, ou du moins défendu Niki -donc moi par conséquent- quand lOncle avait découvert le pot aux roses Mais ce soir-là ! Je lui aurais bien fait bouffer sa crinière rousse flamboyante. Il a fallu quelle exige davoir avec nous pour le voyage, lêtre que jexècre le plus au monde, Arcane. Sous quel prétexte ? Lui fallait des bras ! Des bras ! Elle a fait le tour du royaume pendant trois mois -environ-, je lai déjà entendue dire quelle connaissait un tas de monde, mais non, elle navait pas une connaissance pas loin plutôt que de minfliger ça Forcement, le ton est monté, jai fait ma crise de jalousie, parce que honnêtement ? Nimporte quel homme normalement constitué senflammerait en sachant quil va trimballer un prédateur sexuel qui a déjà sévit dans son entourage Surtout ceux constitués dun sens aigu de la propriété et de 99,999999 % de jalousie. -Cest moiiiiiii ! \0/-
Du coup, jai posé un ultimatum. Ou cétait lui, ou cétait moi. La blonde sest alors tirée en ronchonnant dans sa langue -adieu la séance de récurage- et la rousse en a conclu que je nétais quun con. Et moi, je suis resté là, jai picolé pour faire redescendre ma rage, mais forcement, quand tu te retrouves tout seul tu réfléchis Les routes cest dangereux, et outre mes vexations personnelles de mâle blessé dans son égo, javais une responsabilité désormais. Je me devais de protéger le petit être qui grandissait dans le ventre de la blonde, fruit de notre amours -Oui bon, avec tout ce que jai expliqué juste avant on pourrait pas croire Mais on saime ! Parole !-
- -Elle minerveeeeeee ! Rah !
Je balançais mon verre au loin, tant pis, je rangerais au retour, et je prenais la porte. Je rentrais rapidement pour me changer et récupérer quelques affaires, en ronchonnant, forcement. Avant de gagner lécurie pour déposer le tout dans la charrette, avant de me faire surprendre par la blonde Je vous le donne dans le mille, on sest encore prit la tête sévère, mais à voix basse, fallait pas réveiller le morveux qui dormait dans la charrette.
Jai fini par tenter dy mettre fin en méloignant pour attendre contre un pilier. Les ambres habitées par une lueur colérique furent dirigées contre leur gré sur la Blonde qui nentendait pas lâcher laffaire
- -Je t'ai dis quelque chose ? C'est toi qu'a ouvert ta gueule quand je suis arrivé, pas moi. J'viens parce que j'ai quelque chose à protéger, toi t'en as peut-être rien à foutre mais moi j'y tiens.
-j'ai ouvert ma gueule ouais, et? ça te défrise ? quant à protéger quelque chose, tu m'diras ce qu'est si important pour que tu subisse une raclure !
Je fronçais les sourcils, elle ne comprendrait donc jamais Levant la main, je piquais son front laiteux de mon doigt, puis son ventre
- -Toi et ça. Mais ça te dépasse, et t'intègre pas non plus.
Oui parce quapparemment il ny avait pas que moi qui avait du mal à intégrer des choses ! Elle non plus elle ne comprenait pas que je laimais à en crever et cest ce qui faisait que mes réactions étaient toujours disproportionnées. Mais juste après ça, elle sest laissée tomber à genoux devant moi, lattitude frondeuse laissant place à une infinie tristesse quelle tentait de masquer en fixant le sol
- -Benjy... je... Il n'y a plus de... ça ...
Jai dabord cru quelle tentait de me mettre en rogne pour que je me tire réellement, mais elle me confirma la chose une deuxième fois, se recroquevillant au sol en une pâle imitation de tortue, tandis que je tombais à genoux à côté delle, la bouche entrouverte -Le concours était totalement improvisé, je nai pas fait exprès de faire la carpe- alors que jencaissais le chose. Le cur serré jusquà ce quil se brise, et je passais par de multiples états, laccablant, alors que jaurais dû la réconforter. Je ne me rendis compte à quel point je lavais blessée que lorsquelle se leva, retrouvant son minois impassible habituel et quelle sen allait vers sa jument, me traitant dordure au passage, bon Je lavais un peu mérité quand même.
Il y eut un temps de latence, et jarrivais enfin à me redresser à la hâte pour la rejoindre, lempêchant de monter pour lattirer au creux de mes bras. Je serrais son corps gracile contre moi, calais sa tête contre mon torse, les larmes aux yeux, je me confondais en excuse dune voix un brin sanglotant. Bien sûr, je ne sais pas pourquoi elle en a ressenti le besoin, elle a tenté de me faire fuir en reniant mavoir aimé, arguant quelle lavait dit et pensé. Mais moi, je ne voulais pas y croire, je lui clouais le bec durement, abattant ses défenses bien trop facilement pour quelle en paraisse crédible
- -Pourquoi tu m'déteste pas Benjy... tu t'souviens quand je t'ai dit que m'aimer t'ferais souffrir...
-On choisit pas qui on aime ... T'as oublié que j'ai dit que je ne t'abandonnerai jamais ? Je peux te haïr Niki' ... J'peux te détester ... Mais jamais je ne pourrais choisir de ne plus t'aimer ... Aussi immonde puisses-tu être avec moi.
On pourrait se demander comment je pouvais encore la suivre pas à pas après le nombre incalculable de crasses quon sétait faites. Parce que le soulagement que je lisais dans ses yeux à cet instant me confirmait que je ne métais pas trompé pour une fois dans ma vie Javais trouvé la personne qui maimait sans condition, et le baiser fébrile quelle me volait ensuite ne faisait que le confirmer.
- -Merci.
- Ouvre tes oreilles,
Y'a des mots qui valent tous les trésors du monde *
_________________