--_mahaut.
[Angers, salon de perforation pedestre gratuit, porte Toussaint]
Une jolie ville, Angers. Elle en ramènerait volontiers des enluminures pour faire râler les gens en taverne quand elle s'éterniserait à raconter "et là, on voit pas, mais juste derrière, y'a un type qui fait des galettes de maïs pas chères du tout" dans ses vieux jours. Pour l'instant, elle était juste coincée dedans, et entourée d'angevins. Plutôt armés mais charmants.
- Quel pays d'huîtres.
Oui ! Mais oui ! Mais mille fois oui ! Et encore, pas fraîches ! A vrai dire, la Guyenne n'avait jamais rien fait à Mahaut ni aux poneys. Sauf si on considère qu'exister à la frontière du Périgord (mais pas de l'Angoumois) était suffisant comme affront, ce que le Périgord entier (à l'exception de l'Angoumois, qui s'en foutait et voulait juste son indépendance, s'adresser à Myrmillmze pour de plus amples informations) s'accordait à penser. (suivez, un peu). D'ailleurs, le guyenno-breton avait un comportement étrange, à secouer la tête et les pieds en la regardant. Sans doute une forme de sénilité précoce, due au manque de foie gras dans leur alimentation.
Mahaut hocha donc la tête d'un air convaincu et profondément attristé vers l'Archipaillette. Et encore, ils n'avaient pas encore parlé du Limousin.
« Ne vous excusez pas, Gligor est champennois »
Curieuse, elle releva la tête pour regarder ledit Gligor. Fianchtre. On aurait dit un Anatole, mais voûté. Sur l'instant, elle ressentit tout le manque créé par l'absence de son écrivain particulier. Plus personne pour écrire à sa place. Plus personne à ridiculiser. Plus personne pour s'occuper des menus détails (noooon, non elle n'avait pas le charisme nécessaire pour vider les pot de chambre, non). Plus personne pour s'occuper de ses poules. Plus de poules, d'ailleurs ! Plus... plus d'argent, non plus. Non mais quelle idée elle avait eu de le faire légataire de tout son fric en Bretagne, hein ? Sur le coup, ça lui avait paru bien. Du genre "HA HA ! En fait chuis trop sympa, personne s'y attendait". Mais une fois admis qu'elle n'avait aucune intention de mourir, comment faire pour récupérer son fric, hein ? Bref, Katina avait tout ce qu'elle n'avait pas, ou plus. Un titre qui claque, un souffre-douleur et... ouais, une armée avec elle. L'ailffe iz eu bitche.
- Pasmahaut n'a pas tort, votre Archiduchesse. On peut pas laisser notre sucrétaire dans cet état en plein milieu du chemin. C'est que ça fait un peu désordre, on va finir par croire que c'est un royaliste. Heu... Ehéhéhé !
- Ha ben non, quand même, il est pas assez bien habillé !
Non mais c'était vrai quand même, fallait pas mélanger les torchons et les serviettes. Myrmillmze n'était pas vraiment royaliste, il était juste Myrmillmziste à tendance poneysque. Ce qui n'avait rien à voir ! Mais rien ! Pourtant, personne n'avait l'air de vouloir entrer dans ce débat et l'archiduchesse les entraina dans la ville.
Jolie ville, Angers, non vraiment. Plein de gens aux fenêtres, armés jusqu'aux dents et les regardant bizarrement, des cris au loin à base de "pendez-leeee", des cuisines rutilantes avec des servantes armées de hâchoirs à viande,... non, vraiment, pittoresque.
Enfermés dans les cuisines, le beauf' fut déposé sur une table en geignant. Inquiète, l'archichouquette se tourna vers eux :
-Comment va-t-il ?
Et là, j'ai envie de dire, il y a deux sortes de gens. Ceux qui pensent à eux, sous prétexte qu'ils ont un trou dans le pied, et les autres. Qui pensent à eux, mais parce que c'est une habitude. Mahaut comprit donc instinctivement qu'on lui parlait, à elle.
A moitié frigorifiée à cause de sa tenue (charmante, une fois de plus, mais ô combien légère en ces temps de mi-saison casse bonbons), constatant qu'elle avait cooooomplètement oublié son manchon en vison, et mortifiée par sa besace qui jurait avec son collier, elle décida de montrer néanmoins un bon côté de sa personnalité.
-Ca va, il a tenu le coup, merci... dit-elle en tapotant son brushing.
Ben oui, avec toute cette marche, plus les gouttes, c'était pas gagné. Mais ses vagues curly étaient encore là derrière sa coque crêpée. Elle avait fait du beau boulot.
Mais évidemment, il fallait toujours que Myrmillmze la ramène. Et vas-y que j'ai mal, et vas-y que j'ai un trou dans le pied, et gnagnagni et gnagnagna...
- Maaaallll...
Le... Le Grand-Truc a fini par m'avoir...
Je... Je sens la vie me fuir par le pied...
Dites à Mahaut de ramener ce qu'il restera de mon corps à Angoulême. Je veux reposer parmi les miens...
Et dites à... Oui. Dites à ma femme que j'ai pensé à elle. Enfin quelques secondes. J'ai pas que ça à faire non plus.
Ah non, hein ! Pas Angoulême ! J'y remettrai pas les pieds ! Chuis Sainte Boulasse mais quand même, j'ai mes limites hein ! Pis Orka... tu lui diras toi-même, chuis sûre qu'elle dira rien si tu reviens de la guerre avec un seul pied. Pourrait-on garder celui avec le trou et l'empailler ? Vous faites ça ici ? C'est très sympa en décoration, pis personne aura le même comme ça.
Voilà, c'était sorti comme ça. Un cri du coeur, quoi. Un cri du coeur qui trahissait son appartenance royaliste, en plein milieu des cuisines du château d'Angers, face à l'Archiduchesse.
- Oh.
Elle tapota ses lèvres distraitement.
- J'ai gaffé, non ? C'est tout moi, ça, on cause on cause et j'oublie... Bon, ce que je propose, c'est un deal gagnant-gagnant. Vous lui coupez le pied, je rends le nécessaire à daim à sa propriétaire et on vous laisse en famille. Je vois bien que vous avez une fête à préparer, on voudrait pas déranger. On peut même vous débarrasser des ragondins sur le chemin, hein, Jean-Carottanou ? Non parce que c'est très dangereux pour les bords de rivière, les ragondins, ça creuse pis on le voit pas et on se tord les chevilles et ça serait bête de se tordre une cheville à la guerre, hein ? Du coup on rendrait service et ce serait bien. Voilà.
Une jolie ville, Angers. Elle en ramènerait volontiers des enluminures pour faire râler les gens en taverne quand elle s'éterniserait à raconter "et là, on voit pas, mais juste derrière, y'a un type qui fait des galettes de maïs pas chères du tout" dans ses vieux jours. Pour l'instant, elle était juste coincée dedans, et entourée d'angevins. Plutôt armés mais charmants.
- Quel pays d'huîtres.
Oui ! Mais oui ! Mais mille fois oui ! Et encore, pas fraîches ! A vrai dire, la Guyenne n'avait jamais rien fait à Mahaut ni aux poneys. Sauf si on considère qu'exister à la frontière du Périgord (mais pas de l'Angoumois) était suffisant comme affront, ce que le Périgord entier (à l'exception de l'Angoumois, qui s'en foutait et voulait juste son indépendance, s'adresser à Myrmillmze pour de plus amples informations) s'accordait à penser. (suivez, un peu). D'ailleurs, le guyenno-breton avait un comportement étrange, à secouer la tête et les pieds en la regardant. Sans doute une forme de sénilité précoce, due au manque de foie gras dans leur alimentation.
Mahaut hocha donc la tête d'un air convaincu et profondément attristé vers l'Archipaillette. Et encore, ils n'avaient pas encore parlé du Limousin.
« Ne vous excusez pas, Gligor est champennois »
Curieuse, elle releva la tête pour regarder ledit Gligor. Fianchtre. On aurait dit un Anatole, mais voûté. Sur l'instant, elle ressentit tout le manque créé par l'absence de son écrivain particulier. Plus personne pour écrire à sa place. Plus personne à ridiculiser. Plus personne pour s'occuper des menus détails (noooon, non elle n'avait pas le charisme nécessaire pour vider les pot de chambre, non). Plus personne pour s'occuper de ses poules. Plus de poules, d'ailleurs ! Plus... plus d'argent, non plus. Non mais quelle idée elle avait eu de le faire légataire de tout son fric en Bretagne, hein ? Sur le coup, ça lui avait paru bien. Du genre "HA HA ! En fait chuis trop sympa, personne s'y attendait". Mais une fois admis qu'elle n'avait aucune intention de mourir, comment faire pour récupérer son fric, hein ? Bref, Katina avait tout ce qu'elle n'avait pas, ou plus. Un titre qui claque, un souffre-douleur et... ouais, une armée avec elle. L'ailffe iz eu bitche.
- Pasmahaut n'a pas tort, votre Archiduchesse. On peut pas laisser notre sucrétaire dans cet état en plein milieu du chemin. C'est que ça fait un peu désordre, on va finir par croire que c'est un royaliste. Heu... Ehéhéhé !
- Ha ben non, quand même, il est pas assez bien habillé !
Non mais c'était vrai quand même, fallait pas mélanger les torchons et les serviettes. Myrmillmze n'était pas vraiment royaliste, il était juste Myrmillmziste à tendance poneysque. Ce qui n'avait rien à voir ! Mais rien ! Pourtant, personne n'avait l'air de vouloir entrer dans ce débat et l'archiduchesse les entraina dans la ville.
Jolie ville, Angers, non vraiment. Plein de gens aux fenêtres, armés jusqu'aux dents et les regardant bizarrement, des cris au loin à base de "pendez-leeee", des cuisines rutilantes avec des servantes armées de hâchoirs à viande,... non, vraiment, pittoresque.
Enfermés dans les cuisines, le beauf' fut déposé sur une table en geignant. Inquiète, l'archichouquette se tourna vers eux :
-Comment va-t-il ?
Et là, j'ai envie de dire, il y a deux sortes de gens. Ceux qui pensent à eux, sous prétexte qu'ils ont un trou dans le pied, et les autres. Qui pensent à eux, mais parce que c'est une habitude. Mahaut comprit donc instinctivement qu'on lui parlait, à elle.
A moitié frigorifiée à cause de sa tenue (charmante, une fois de plus, mais ô combien légère en ces temps de mi-saison casse bonbons), constatant qu'elle avait cooooomplètement oublié son manchon en vison, et mortifiée par sa besace qui jurait avec son collier, elle décida de montrer néanmoins un bon côté de sa personnalité.
-Ca va, il a tenu le coup, merci... dit-elle en tapotant son brushing.
Ben oui, avec toute cette marche, plus les gouttes, c'était pas gagné. Mais ses vagues curly étaient encore là derrière sa coque crêpée. Elle avait fait du beau boulot.
Mais évidemment, il fallait toujours que Myrmillmze la ramène. Et vas-y que j'ai mal, et vas-y que j'ai un trou dans le pied, et gnagnagni et gnagnagna...
- Maaaallll...
Le... Le Grand-Truc a fini par m'avoir...
Je... Je sens la vie me fuir par le pied...
Dites à Mahaut de ramener ce qu'il restera de mon corps à Angoulême. Je veux reposer parmi les miens...
Et dites à... Oui. Dites à ma femme que j'ai pensé à elle. Enfin quelques secondes. J'ai pas que ça à faire non plus.
Ah non, hein ! Pas Angoulême ! J'y remettrai pas les pieds ! Chuis Sainte Boulasse mais quand même, j'ai mes limites hein ! Pis Orka... tu lui diras toi-même, chuis sûre qu'elle dira rien si tu reviens de la guerre avec un seul pied. Pourrait-on garder celui avec le trou et l'empailler ? Vous faites ça ici ? C'est très sympa en décoration, pis personne aura le même comme ça.
Voilà, c'était sorti comme ça. Un cri du coeur, quoi. Un cri du coeur qui trahissait son appartenance royaliste, en plein milieu des cuisines du château d'Angers, face à l'Archiduchesse.
- Oh.
Elle tapota ses lèvres distraitement.
- J'ai gaffé, non ? C'est tout moi, ça, on cause on cause et j'oublie... Bon, ce que je propose, c'est un deal gagnant-gagnant. Vous lui coupez le pied, je rends le nécessaire à daim à sa propriétaire et on vous laisse en famille. Je vois bien que vous avez une fête à préparer, on voudrait pas déranger. On peut même vous débarrasser des ragondins sur le chemin, hein, Jean-Carottanou ? Non parce que c'est très dangereux pour les bords de rivière, les ragondins, ça creuse pis on le voit pas et on se tord les chevilles et ça serait bête de se tordre une cheville à la guerre, hein ? Du coup on rendrait service et ce serait bien. Voilà.