Bastian_hoggendaffen
[En avant! Et en arrière... - Armée "Les Crocs du Basilic II"]
Au début, il était un peu perdu, plongé avant l'âge dans le tumulte et l'horreur d'un carnage sans nom. Tout semblait si chaotique autour de lui. Un peu effrayé aussi, imprégné de cette crainte diffuse qui le transcende, qui maintient ses sens en alerte, et le fait se sentir pleinement vivant. Par trois fois, le jeune combattant est parti à l'assaut, sans faillir, sans hésiter. Pourtant, avant d'entamer le combat, le fils d'ancien stratège savait pertinemment que la situation n'était pas à leur avantage, et qu'ils ne pourraient pas la renverser ainsi. Il l'a d'ailleurs mentionné dans une récente correspondance. Implacable logique mathématique, ils ne sont pas assez nombreux pour submerger les défenseurs bien préparés, surtout quand ceux-ci peuvent recevoir des renforts réguliers en provenance de la toute proche Angers. Et même si certains en face naviguaient en plein fantasme en les imaginant débarquer à trois cents, armés jusqu'aux dents -ben tiens, c'est ça de faire compter un aveugle!
Un temps indécise, et d'une rare violence à son point culminant, la bataille a donc tourné de la manière dont on pouvait s'y attendre. Bastian n'est finalement ni surpris, ni catastrophé. Pas même amère ou rancunier, et bien loin des considérations haineuses qui habitent une majorité de participants des deux camps. Lui est venu se battre, se tester dans un sens, apprendre aussi, et confirmer certaines choses. Pas encore assez fort pour dézinguer ses adversaires à la chaine, son agilité et ses réflexes lui ont permis de s'en sortir sans une égratignure. A moins que tout ceci ne soit le résultat que d'un monumentale coup d'bol, comme il en a le secret depuis quelques temps. Les flèches sont passées à un cheveu de son crâne, la mitraille incandescente lui a frôlé la nuque, il a paré et esquivé sans relâche les lames ennemies. Ces maudits angevins ont tenté de l'occire de bien des manières, toutes plus horribles les unes que les autres, mais le brun bondissant est resté insaisissable. Il n'a pas été l'auteur d'exploits retentissants l'arme à la main cela dit. Pas d'extravagance. Après tout, il a promis qu'il ferait gaffe.
Il est encore là, aux derniers instants de la bagarre qui tourne à la déroute, occupé à préserver ses miches, et à récupérer tous les blessés tombés au champ d'honneur -il parait qu'il y a aussi un roi dans l'tas-, tandis qu'une partie de la troupe reforme un semblant de ligne pour couvrir leur repli. Personne ne sera abandonné sur place, même si les rescapés doivent restés exposés un peu plus longtemps. Le chef de l'armée est toujours debout, l'oriflamme vert sert de point de ralliement, et le mouvement de retraite peut s'effectuer en bon ordre, bien que les opposants ivres de sang mettent une pression certaine.
Le jeune Hoggendaffen s'apprête à s'en sortir comme une fleur. Il a connu un avant-goût d'enfer, mais rien ne semble avoir profondément changé pour lui. Demain il arborera encore vraisemblablement ce demi-sourire assez indéfinissable, et cherchera d'autres moyens de vivre de nouvelles aventures en mettant son existence en jeu. Il aurait peut-être mieux valu que quelques pouces d'acier enfoncés dans les chairs lui mettent un peu de plomb dans la tête. Là, la question peut se poser, finalement, est-il venu tuer le petit monstre qui grandit en lui? Ou bien le nourrir?
En aidant à relever le dernier estropié de la bande de volontaires, le garçon, promu vétéran avant ses quinze ans, laisse trainer une dernière fois son regard d'or et d'émeraude sur le champ de bataille, théâtre de sa première véritable expérience militaire. Les odeurs de sang et de poudre lui emplissent les narines, jusqu'à l'écurement, alors que le fracas et la fureur des combats s'estompent avec le retrait des troupes royalistes.
- Quelle drôle de guerre.
A présent il est temps de plier les gaules et de remballer tout ça. Peut-être aussi de réfléchir sérieusement à la suite de son engagement.
____________
★ Le saviez-vous ? ★
La guerre, c'est moche!
Au début, il était un peu perdu, plongé avant l'âge dans le tumulte et l'horreur d'un carnage sans nom. Tout semblait si chaotique autour de lui. Un peu effrayé aussi, imprégné de cette crainte diffuse qui le transcende, qui maintient ses sens en alerte, et le fait se sentir pleinement vivant. Par trois fois, le jeune combattant est parti à l'assaut, sans faillir, sans hésiter. Pourtant, avant d'entamer le combat, le fils d'ancien stratège savait pertinemment que la situation n'était pas à leur avantage, et qu'ils ne pourraient pas la renverser ainsi. Il l'a d'ailleurs mentionné dans une récente correspondance. Implacable logique mathématique, ils ne sont pas assez nombreux pour submerger les défenseurs bien préparés, surtout quand ceux-ci peuvent recevoir des renforts réguliers en provenance de la toute proche Angers. Et même si certains en face naviguaient en plein fantasme en les imaginant débarquer à trois cents, armés jusqu'aux dents -ben tiens, c'est ça de faire compter un aveugle!
Un temps indécise, et d'une rare violence à son point culminant, la bataille a donc tourné de la manière dont on pouvait s'y attendre. Bastian n'est finalement ni surpris, ni catastrophé. Pas même amère ou rancunier, et bien loin des considérations haineuses qui habitent une majorité de participants des deux camps. Lui est venu se battre, se tester dans un sens, apprendre aussi, et confirmer certaines choses. Pas encore assez fort pour dézinguer ses adversaires à la chaine, son agilité et ses réflexes lui ont permis de s'en sortir sans une égratignure. A moins que tout ceci ne soit le résultat que d'un monumentale coup d'bol, comme il en a le secret depuis quelques temps. Les flèches sont passées à un cheveu de son crâne, la mitraille incandescente lui a frôlé la nuque, il a paré et esquivé sans relâche les lames ennemies. Ces maudits angevins ont tenté de l'occire de bien des manières, toutes plus horribles les unes que les autres, mais le brun bondissant est resté insaisissable. Il n'a pas été l'auteur d'exploits retentissants l'arme à la main cela dit. Pas d'extravagance. Après tout, il a promis qu'il ferait gaffe.
Il est encore là, aux derniers instants de la bagarre qui tourne à la déroute, occupé à préserver ses miches, et à récupérer tous les blessés tombés au champ d'honneur -il parait qu'il y a aussi un roi dans l'tas-, tandis qu'une partie de la troupe reforme un semblant de ligne pour couvrir leur repli. Personne ne sera abandonné sur place, même si les rescapés doivent restés exposés un peu plus longtemps. Le chef de l'armée est toujours debout, l'oriflamme vert sert de point de ralliement, et le mouvement de retraite peut s'effectuer en bon ordre, bien que les opposants ivres de sang mettent une pression certaine.
Le jeune Hoggendaffen s'apprête à s'en sortir comme une fleur. Il a connu un avant-goût d'enfer, mais rien ne semble avoir profondément changé pour lui. Demain il arborera encore vraisemblablement ce demi-sourire assez indéfinissable, et cherchera d'autres moyens de vivre de nouvelles aventures en mettant son existence en jeu. Il aurait peut-être mieux valu que quelques pouces d'acier enfoncés dans les chairs lui mettent un peu de plomb dans la tête. Là, la question peut se poser, finalement, est-il venu tuer le petit monstre qui grandit en lui? Ou bien le nourrir?
En aidant à relever le dernier estropié de la bande de volontaires, le garçon, promu vétéran avant ses quinze ans, laisse trainer une dernière fois son regard d'or et d'émeraude sur le champ de bataille, théâtre de sa première véritable expérience militaire. Les odeurs de sang et de poudre lui emplissent les narines, jusqu'à l'écurement, alors que le fracas et la fureur des combats s'estompent avec le retrait des troupes royalistes.
- Quelle drôle de guerre.
A présent il est temps de plier les gaules et de remballer tout ça. Peut-être aussi de réfléchir sérieusement à la suite de son engagement.
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★ Le saviez-vous ? ★
La guerre, c'est moche!