Axelle
La voix du Maquis flottait dans la pièce comme un voile sédatif. Depuis bien longtemps elle ne s'était pas sentie si paisible. Il pouvait bien dire ce qu'il voulait, faire les gros yeux ou arrondir sa bouche d'un sourire doux, sa voix, sa présence, avaient ce don particulier de la calmer. Ils avaient beau ruer dans les brancards à intervalles réguliers, ces chamailleries étaient grade fou aux yeux de la gitane. Comme si les moments de paix étaient trop dangereux pour être autorisés à s'allonger trop longtemps, bordés qu'ils étaient par un impossible patient duquel il fallait régulièrement se reculer pour ne pas tomber en se cassant le cou, la tête et le cur en mille éclats irréparables. Et pourtant, c'était bien toujours le même sentiment qui la tenaillait quand il était là. Celui de ne plus rien craindre, comme si un bout qui lui manquait venait semboîter à elle.
C'était ridicule vu la nébulosité des mois, voire de minutes à venir, mais c'était ainsi.
Un fin sourire se dessinait à sa bouche amusée en imaginant le Marquis en culotte courte, tête de mule tel qu'elle le connaissait, tapant du pied et le sourcil froissé pour un oui ou pour un non.
Rassurée, elle le fut. Point de magie noire du Très Haut dans cette affaire. Juste le fils de son père dans toute sa splendeur. Ainsi soit-il, donc. Que l'enfant braille de tout son saoul s'il marquait ainsi sa filiation cachée. Et si lhérédité coulait dans les veines du minuscule monstre, la gitane ne pouvait cependant qu'espérer qu'Aimbaud, lui, ne marche pas trop dans les traces de son père, tant ce qu'il lui avait raconté à son sujet, lui laissait un goût bien trop sévère dans la bouche.
Le visage brun s'approchait déjà du pâle, sans même y penser, poussé par le désir de nouer à même ces lèvres l'acceptation de ce travers qu'il avait transmis à son bâtard, quand d'un regard et d'une question nobiliaires, le plancher lui croqua les mollets d'un coup sec.
D'un sursaut, son visage recula, alors que dans ses mirettes noires, la tendresse fut chassée violemment par une profonde lueur cruelle. De nouveau à ses tympans, la peau des joues du roi fou craquait sous sa lame comme un ritournelle inoubliable et ses mains se couvraient de la chaleur poisseuse du sang sous le regard fantasmé du vieux Casas. Les secondes durèrent des minutes, alors que ses espoirs se réduisaient en cendres.
Non, il ne faut pas que le tempérament se transmette par le sang, égraina-t-elle d'une voix difficile, plus pour se convaincre elle-même que pour répondre à Aimbaud, quand la cruauté qu'elle avait commise en était que la preuve la plus évidente.
Reprenant ses esprits, elle balaya l'air d'une pichenette, ce qui réveilla latavisme d'Arnoul, qui à nouveau s'agita, ouvrant une bouche annonciatrice des pleurs à venir.
C'est rien. Un duel. Tenta-t-elle d'éluder avant de faire trois pas en arrière. Nous devrions confier Monsieur votre fils à la nourrice si nous voulons entériner notre contrat le concernant, conclut-elle dans une grimace, tant l'idée d'un contrat aux termes notariaux entre eux l'écorchait.
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C'était ridicule vu la nébulosité des mois, voire de minutes à venir, mais c'était ainsi.
Un fin sourire se dessinait à sa bouche amusée en imaginant le Marquis en culotte courte, tête de mule tel qu'elle le connaissait, tapant du pied et le sourcil froissé pour un oui ou pour un non.
Rassurée, elle le fut. Point de magie noire du Très Haut dans cette affaire. Juste le fils de son père dans toute sa splendeur. Ainsi soit-il, donc. Que l'enfant braille de tout son saoul s'il marquait ainsi sa filiation cachée. Et si lhérédité coulait dans les veines du minuscule monstre, la gitane ne pouvait cependant qu'espérer qu'Aimbaud, lui, ne marche pas trop dans les traces de son père, tant ce qu'il lui avait raconté à son sujet, lui laissait un goût bien trop sévère dans la bouche.
Le visage brun s'approchait déjà du pâle, sans même y penser, poussé par le désir de nouer à même ces lèvres l'acceptation de ce travers qu'il avait transmis à son bâtard, quand d'un regard et d'une question nobiliaires, le plancher lui croqua les mollets d'un coup sec.
D'un sursaut, son visage recula, alors que dans ses mirettes noires, la tendresse fut chassée violemment par une profonde lueur cruelle. De nouveau à ses tympans, la peau des joues du roi fou craquait sous sa lame comme un ritournelle inoubliable et ses mains se couvraient de la chaleur poisseuse du sang sous le regard fantasmé du vieux Casas. Les secondes durèrent des minutes, alors que ses espoirs se réduisaient en cendres.
Non, il ne faut pas que le tempérament se transmette par le sang, égraina-t-elle d'une voix difficile, plus pour se convaincre elle-même que pour répondre à Aimbaud, quand la cruauté qu'elle avait commise en était que la preuve la plus évidente.
Reprenant ses esprits, elle balaya l'air d'une pichenette, ce qui réveilla latavisme d'Arnoul, qui à nouveau s'agita, ouvrant une bouche annonciatrice des pleurs à venir.
C'est rien. Un duel. Tenta-t-elle d'éluder avant de faire trois pas en arrière. Nous devrions confier Monsieur votre fils à la nourrice si nous voulons entériner notre contrat le concernant, conclut-elle dans une grimace, tant l'idée d'un contrat aux termes notariaux entre eux l'écorchait.
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