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[RP] Le discret berceau

Aimbaud
Citation:



    J'enverrai six hommes. Souillez mon renom, vous en serez dix fois éclaboussée. Faites, faites, les places ne manquent pas au couvent.

    PS : Que mon fils soit mi-maure et baragouine le gitan est un fait avéré, que l'on ne peut nier. Cela ne m'empêche pas de l'aimer. Je vous défends de me traiter de menteur. Vous êtes folle, ma parole. Allez vous-même au diable.


      Aimbaud de Josselinière


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Axelle
Citation:
Kachina,

Aujourd'hui, c'est moi qui viens vers vous les bras chargés d'une bien lourde requête. Une requête que je ne veux demander qu'à vous car je sais que vous pourrez la comprendre sans me poser de questions auxquelles j'aurai bien du mal à répondre. Si nous ne nous connaissons encore que peu vous savez déjà sur moi ce que personne ne sait et ce que nous avons traversé quand IL était là est un trait d'union que sans le savoir, IL a tiré entre nous.

Vous avez perdu un enfant, j'ai perdu deux filles. Oh, elles ne sont pas mortes, du moins je ne le pense pas. Je crois que sinon, je l'aurai senti dans ma chair. Leur père m'a chassée en les gardant avec lui. De la plus jeune, je ne sais pas même son visage. Que ses pleurs quand elle est sortie de mon ventre.

Après cette misérable déchirure, je m'étais promis de ne jamais plus aimer. Aussi, malgré que ma vie soit peuplée d'hommes, ceux qui ne passent qu'une nuit dans mon lit, sans que je ne sache seulement leur nom pour que leur visage s'égare dans ma mémoire le matin venu, sont finalement ceux que je préfère. Raison pour laquelle vous m'avez trouvé en si mauvaise posture l'autre nuit.

Malgré tout, à nouveau, je suis tombée dans le piège de cette torture que certains disent si douce et qui n'est pourtant pour moi que vouée à l'échec et à une souffrance bien plus large que deux mains écrasées sur mon cou. L'Amour.

J'ai aimé à nouveau. Farouchement. Secrètement. Les carnages auraient pu s'arrêter à deux êtres soi-disant doués de discernement et de raison, mais à cet homme j'ai donné un fils. Un fils que je vais perdre si je n'agis pas au plus vite.

Kachina, je sais que ce que je m'apprête à vous demander est terriblement lourd, mais pouvez-vous le cacher le temps que son géniteur ait des affaires plus importantes à traiter qu'un marmot dont le sang gitan qui coule dans ses veines le salit?

A vous.

A. C.

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Kachina
    - Foutre Dieu !

Le juron avait fusé des lèvres pleines alors qu’elle terminait la missive reçue précédemment. Dehors, on s’activait sans relâche aux regains. Et une enivrante odeur de foins coupés venait jusque dans cette chambre d’auberge où elle avait fait halte. La chaleur engourdissait les sens et les esprits pesant sur toute la ville comme une chape de plomb, les privant d’air et la Brune enroula en un chignon mal fait sa lourde tresse pour offrir à sa nuque un peu de fraicheur. Sa frimousse au front perlé de sueur affichait une mine songeuse.

Un enfant...Alors que chaque nuit les voyait affronter les dangers des chemins inconnus qu’ils empruntaient souvent au hasard, au gré du vent ou d’un caprice d’un des leurs. Un enfant à protéger, cacher et bon sang peut-être à langer.
Elle n’était pas prête à ça.
Des enfants, elle en avait porté deux en son ventre. Deux fils. Le premier serait à jamais sa blessure inguérissable, le second son manque infini. Le premier avait disparu peu après la mort de son père, alors qu’elle le croyait à l’abri, le second vivait de couvents en couvents au gré des errances de sa mère. Jamais très loin et sous bonne escorte, mais rarement au creux de ses bras. Elle s’échappait chaque fois qu’elle pouvait, en catimini comme l’aurait fait une voleuse pour le rejoindre et passer quelques heures avec lui. Elle avait enlevé l’enfant à son père en quittant la Savoie et craignait toujours qu’on ne lui reprenne. Elle en parlait rarement, éludait le sujet quand on l’interrogeait sur d’éventuels enfants ou dirigeait les insistants, les trop curieux sur de fausses pistes.

Se charger de l’enfant d’une autre était assurément une bien lourde charge.
Mais ce n’était pas le mioche de n’importe quelle autre, il s’agissait d’Axelle. La vie était ainsi faite qu’elle avait réuni ces deux-là par le sang et la mort. Kachi pour une raison qui lui échappait n’aurait sous aucun prétexte voulu décevoir la belle gitane. Aussi, sans plus réfléchir à tout ce que cela impliquait, elle s’installa devant l’écritoire, et la plume d’oie vint noircir un parchemin en réponse :




Axelle,
Je crois que je vous préférais aux prises avec un amant retors plutôt qu’en mère en détresse. Malgré tout, savoir que vous avez pensé à moi pour veiller sur ce qui est surement à vos yeux, l’être le plus précieux au monde, m’est des plus agréables. Bon sang, Axelle, je voyage et à tout moment, nous pouvons croiser une armée belliqueuse, vous rendez vous compte de ça ?

Quel âge a ce marmot ? Est-ce une fille, un garçon ? A-t-il encore besoin d’une nourrice ? Braille-t-il toutes les nuits à en briser les tympans ? Pensez-vous que je fasse une mère de substitution convenable ? Craignez-vous qu’on vous le prenne ? Pour combien de temps devrai je m’en charger ? Et où êtes-vous ?

Bien sûr que je vais vous aider. J’ai lu derrière chacun de vos mots, le désarroi et je me doute que vous n’auriez pas pris cette décision de vous séparer de lui, si l’affaire n’était pas suffisamment grave. Convenez d’un lieu de rendez-vous, je m’arrangerai pour y être. Parlez-moi aussi de ce géniteur que vous craignez que je sache de qui me méfier si besoin.

Mais foutre dieu, Axelle, j’ai des champs de blé à moissonner, un château à prendre et des rêves à retrouver.
Pourquoi fallait-il que vous me refiliez un petiot en prime ?

J’attends vos instructions. Mais de grâce, choisissez mieux vos amants, ou prenez du daucus carauta dans les 8 heures suivant l’exposition à la semence.

Bien à vous

Kachi

PS / Vous m’emmerdez Axelle, vous savez ça ?

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(Merci à Jd Axelle pour la bannière)
Axelle
Les yeux noirs avaient glissé sur les mots de la brune au regard de forêt, rapides, fébriles, tout le long de la lecture, avant que le post-scriptum ne lui arrache un sourire qui en disait long et dont les murs se seraient régalés s'ils avaient eu la bonne idée d'avoir des yeux. Mais ils n'avaient que des oreilles, oreilles bien mises à mal quand plus un son ne semblait vouloir troubler le silence de sa chambre. Plus de rires. Plus de pleurs. Plus de cris ou de joyeuses exclamations. La maison se taisait, nostalgique de voir les visages enfantins s'éloigner.

Mais le temps était à l'empressement et non aux soupirs attristés. Aussi, la plume gitane gratta le vélin, vive et sèche.


Citation:
Kachina,

À l'heure où je vous écris, je pourrais noircir ma page de mercis, en plein, en délié, de droite à gauche et de gauche à droite, et même en escargot pour faire joli, mais ça ne vous éclairerait pas sur vos interrogations bien légitimes. Vous serez une mère de substitution parfaite Kachina, c'est bien cette certitude qui m'a conduite à vous demander cette faveur.

Il s'appelle Arnoul. Arnoul Casas. Son nom, son visage et même jusqu'à son existence ne sont connus que d'une poignée. Comme si le secret était à ce point contagieux que nul ne m'a questionné à son sujet quand nom ventre a dégonflé. Et c'est une bonne chose. Malgré tout, cet enfant de huit mois ne semble guère apprécier le secret qui plane sur sa vie et le fait savoir de ses cris et pleurs. Je ne vous mentirai pas, c'est un enfant difficile. Mais rassurez-vous, sa nourrice, Clarisse, sait le calmer et je vous l'envoie avec le paquet. Tous deux seront en outre accompagnés de Firmin. Cet homme a la carrure d'une bête mais le regard d'un bon chien ou , plus juste, plein de la naïveté d'un enfant. Il a toute ma confiance et ordre lui est donné de vous obéir au doigt et à l’œil. Il peut vous aider aux champs ou autre ou, s'il vous encombre, renvoyez le moi.

Je ne peux pour ma part me joindre au voyage. Le géniteur me promet une visite de six de ses hommes pour prendre mon fils, je me dois donc de les accueillir, et surtout, il ne m'est pas possible, ni même envisageable, de laisser mes gens de Savenès seuls avec un risque planant au-dessus de leurs têtes que je suis incapable de mesurer. Arnoul et sa petite cours sont déjà partis. Ils sont à Bordeaux. Le Mans vous conviendrait-il comme point de rendez-vous ? J'y ai un appartement rue de la Fossetterie.

Le géniteur quant à lui est Aimbaud de Josselinière, Marquis de Nemours. Vous avez raison, qu'ils soient des miracles ou de haute noblesse, je ne sais pas choisir mes amants. Pourtant voyez l'éventail que je m'accorde. Mais baste. Hors le Prince de Clichy et maintenant vous, personne ne sait qu'il est le père. Et pour tout vous dire, personne même ne sait que nous nous connaissons. Cette honte que je lui fais avec ma peau trop sombre et mes origines des plus douteuses me blesse plus que je ne saurais le dire, raison de cette querelle qui nous amène à de telles extrémités. Mais pourtant, je ne le hais pas encore assez pour dévoiler au grand jour la vérité. Ou peut-être suis-je trop fière et orgueilleuse pour croire que je peux le salir autant qu'il l'affirme.

Bref, il va gesticuler dans tous les sens durant un, peut-être deux mois, avant d'être rattrapé par ses parties de chasses, son confesseur, la gestion de ses terres, la recherche d'une princesse à épouser ou je ne sais quoi, et tout pourra rentrer dans l'ordre.

Ne craignez pas qu'il puisse remonter votre piste. Si nous avons un enfant, il est ignorant de mes amis.

Bien à vous.

A.C.

PS : Je crois que je préfère vous emmerder plutôt que vous vous emmerdiez d'ennui dès lors que je ramène ma tronche devant vos jolies mirettes...

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Kachina
Le vin italien qu'on sert à l'auberge de Gabriele, ressemble aux hommes de ce pays. Il s'enroule en velours sur votre langue,pour mieux vous embraser les reins. Une gorgée en appelle une autre, comme un encore qu'on quémande au cours d'une étreinte torride.

C'est à tout ça qu'elle songe à cet instant la Brune, alors que le soleil la force à cligner des yeux quand elle observe par la fenêtre ouverte de sa chambre, la ruelle proche.
Entre ses doigts un chope d'argent contenant le précieux breuvage. Un vin pareil ne se boit pas dans de la terre cuite. Elle n'a pas les façons d'une duchesse née entre les murs d'un riche castel, mais elle cède depuis longtemps à l'attrait des hanaps d'argent et des chandeliers. Raffinement qu'elle s'accorde comme une boutade à sa condition d'éternelle errante.

Alors qu'elle laisse échapper un soupir ravi à cette nouvelle rasade qui vient caresser sa gorge, elle détache son regard clair de la foule qui se presse entre les murs de cette venelle, pour venir le poser sur la missive d'Axelle.

Lui répondre, avant que le vin ne lui tourne définitivement la tête. L'image d'une silhouette féminine vêtue de rouge, traverse celle de deux grands yeux sombres qu'elle imagine plein d'incertitudes et d'inquiétude.

Alors, à nouveau la plume du canard de Saumur, soigneusement taillée en biseau vient griffer le parchemin pour répondre à l'Amie. Et tant pis si le vin se réchauffe à l'air ambiant...




Axelle,

Une mère de substitution, c’est moche comme nom. Je me refuse à ça.

Si je me charge du mioche et je vais le faire comme promis, sachez que je jouerai mon rôle à part entière.
Autrement dit, il sera bercé au son des meilleures paillardes du moment, je tremperai mon doigt dans les vins les plus fous, pour lui faire téter et lui apprendre le péché de gourmandise. Il arpentera les sentiers de chèvres accroché à mon dos, à l’abri d’une cotonnade solide et vive.
Par contre, si j’ai bien compris, vous me refilez en prime une brute un peu simple et une nourrice.
Jolie j’espère la nourrice. Je voyage avec des amis qui ont grand besoin de gouter aux charmes d’une fille. Et pitié pas une sainte nitouche, ni une vilaine qui jugera de bon ton de roter ou péter pour prouver qu’elle vient des bas-fonds. Envoyez moi une fille normale, quoi. Sinon, je l’attache au fond du chariot et je ne la libère que pour qu’elle se vide les seins dans la bouche gourmande de votre marmot que vous décrivez chiant à souhait.
Pour la brute, Pochtron s'en chargera. Il trouvera peut-être un compagnon de beuverie à son goût pour courir la gueuse et prendre du bon temps. Et puis, il nous sera utile quand la chariote s'enfoncera dans une ornière.

Mais bon sang, Axelle...Arnoul….Franchement, c’est un nom à coucher dehors. Bon, à vous je peux avouer, mon fils s’appelle Edouard-Royce. C’était ça ou Boul, et croyez moi j’ai négocié fermement pour donner au petit les prénoms de ses grands pères. Enfin bref….Je devrai lui trouver un autre nom à votre enfant, c'est plus prudent. Si vous avez des idées je prends. Sinon, c’est à vos risques et périls, ma belle gitane, je choisirai moi-même.

Pour ce qui est de vos amants, je me garderai de porter un quelconque jugement cette fois.
J’ai tenu dans mes bras, enserré entre mes cuisses les plus beaux. Je les ai tous perdus un jour. Pourtant, je crois que je referais tout à une ou deux exceptions près.
Mais sachez pour amener sur votre jolie frimousse un sourire, que je n’ai jamais joui sous les assauts d’un Marquis. J’ai un faible pour les sauvageons, les fils du vent et autres mauvais garçons. Mais nous n’en sommes pas à vous raconter mes amours. Et si je plaisante et glisse vers la batifole, c’est en réalité parce que vous me filez une frousse bleue à me confier ainsi la chair de votre chair.

Trois mois au maximum. Je vous accorde trois mois. Le temps de perdre patience aux braillements incessants du cadeau à venir. Pour la Noël, vous devrez avoir retrouvé votre enfant Roy. Et puis vous viendra très vite le manque de lui, ce qui vous fera rappliquer plus vite à ma rencontre. C’est au moins ça.

Va pour le lieu de rendez-vous. Je m’arrangerai pour récupérer le petiot.
Quand à votre Aimbaud, j’espère qu’il en valait le coup. Je songe sérieusement à lui envoyer quelques boyaux de porc en anonyme pour ses frasques à venir. Je plaisante hein….Je vois déjà se crisper vos lippes en une moue étranglée à la lecture de mes mots.
Je suis d’humeur badine ce jour. La faute à cet été qui refuse de céder la place à l’automne, et puis aussi à ce vin italien qu’on sert ici et qui vous enflamme le cœur et le corps.

Que tout ce verbiage insolent ne nous fasse pas douter de ma faculté à protéger l’enfançon. On m’a pris un jour un fils. Il avait le regard gris qu’avait son père. Je vous jure sur ma vie qu’on ne vous prendra pas le vôtre, marquis ou pas, je m’en contrefiche.
Souhaitons pour nous deux que votre nobliaud d’amant, gesticule assez vite…et qu’une princesse enlève le prince charmant pas si charmant que ça au final.

Bien à vous.

Kachi

PS/ Votre peau sombre en affolerait plus d’un. Ces nobles n’assument jamais rien. Ils sont coincés dans leur bienséance. Je pense qu’il valait rien comme amant. Oubliez-moi ce gredin, que diantre.


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(Merci à Jd Axelle pour la bannière)
Axelle
Le temps passait, dans cette grande demeure à présent si vide. Il passait, trop rapide et bien trop lent. Qu'ils viennent donc à présent, ces six hommes et qu'on en finisse. Voilà la seule ritournelle qui ne cessait de tourner entre les tempes de la gitane dont les pas tournaient en rond, incapables même qu'étaient les vergers aux branches encore lourdes de fruits de retrouver la douce nonchalance qui, d'ordinaire, savait si bien l'apaiser. Il fallut bien une lettre de Kachina pour qu'un sourire se décide enfin à égayer ses lèvres.

Cette femme aux yeux si incroyablement verts avait, avec une simplicité déconcertante, accompli un prodige. Être l'amie. Celle dont la disparition laisserait démunie, vide, creuse, et terriblement seule. Prodige, oui, car aucune femme jusqu'alors, n'avait su se glisser si profondément au creux de l'âme gitane. Le service demandé était énorme et la manouche, pour en avoir pleinement conscience, le rendrait au centuple, déposant aux pieds de cette douce amie, toute sa loyauté et sa confiance, sans la moindre crainte.

En bonne camarade, la Casas aurait souhaité répondre d'un ton léger, apte à décrocher un sourire en retour du sien, mais la plume crissait lourdement sur le vélin et ainsi en serait-il tant qu'Arnoul ne serait pas en sécurité entre les bras de Kachina.


Citation:
Kachina,

Mère de substitution, le mot est laid, vous avez raison. Alors, durant ces quelques mois, vous serez son Ange, et le mien. Pouvez-vous seulement imaginer combien cela me touche, qu'outre d'accepter de vous embarrasser de ses cris, vous vouliez lui offrir la chaleur de votre giron ? Jamais, je ne pourrai assez vous remercier pour cette générosité sans borne dont vous faites preuve, vous, qu'aujourd'hui, sans la moindre crainte, j'ose appeler mon amie. Et croyez-moi, considérant l'amitié bien plus précieuse et fragile que l'amour, ce mot est bien lourd dans ma bouche.

Vous avez bien compris, je vous refourgue nourrice et mastodonte simplet. Si vous estimez qu'ils risquent de vous encombrer, ils reprendront le chemin de Savenès sans moufter. Je crois même que cette chère Clarisse en sera ravie tant, même s'en jamais s'en plaindre, bien discrète qu'elle est, les pleurs de ma magnifique création doivent l'épuiser. Quant à savoir si elle est jolie, je dirais appétissante, ses joues roses respirent la santé et son visage encadré par les deux bandeaux de ses cheveux lisses est plutôt bien fait. Ses formes sont généreuses et douillettes, comme il se doit pour une nourrice. Je n'ai guère pris le temps de m'attarder sur ses appétits, mais je la pense assez gironde pour ouvrir celui de quelques mâles en mal de peau laiteuse. Et sainte-nitouche, pour que ses seins se gorgent ainsi de lait, elle ne doit pas être, même si je ne sais rien de la cause qui a pu lui ouvrir la bouche de mon fils sinon que de mari, elle n'a pas.

Quant à mon grand benêt, si votre Pochtron peut lui apprendre les plaisirs de la vie, alors, amen !

Pour le prénom, fichtre dieu, je n'ai jamais été bien douée pour ce genre de chose, je dois bien l'avouer. Et encore, je trouve m'en sortir pas trop mal. Puisque le temps des confidences semble venir, il me faut vous faire à autre aveu. Ces deux filles, que j'ai laissées derrière moi, ont subi un sort bien pire encore. Ni moi ni leur père n'avons jamais été fichus de leur donner un nom. L’aînée, dans l'attente d'une idée, nous l’appelions Bidule. La cadette, c'est la femme à qui je l'ai confiée en attendant que son père daigne la prendre qui l'a baptisée Dolorès. Dolorès... Cette généreuse femme n'était pas bien plus douée que moi. Seul Antoine, mon fils aîné semble avoir échappé à cette malédiction. Cependant, si cela peut vous consoler sur l'accoutrement nominatif du vôtre, Edouard-Royce est néanmoins bien préférable à Boul... Me parlerez-vous de lui un jour ?

Bref, bref, je m'égare, donnez lui le nom que vous souhaitez, l'idée est fort bonne. J'aurai cependant une exigence, que ce mon, même de substitution, commence par un A. C'est un peu ridicule, mais cette simple initiale me donne parfois l'impression que je tiens mon destin entre mes mains, sans qu'il ne puisse s'échapper.

À la noël, vous serez libre, je vous en fais le serment, et en cœur, nous pourrons perdre nos amants, nos coups de cœur et nos passions. Notre seule différence étant que les miens ne sont pas toujours beaux. La beauté étant dans ma vie aussi éphémère que les quelques heures que passent entre mes draps, les hommes en étant insolemment pourvus.

Je brûle vos lettres, brûlez les miennes sur ce dernier mot. Ils sont arrivés au point de rendez-vous et m'attendent plus que vous.

Bien à vous.

Axelle.

Ps : Vous avez raison, cependant, oui, il en valait bien le coup, ce satané Marquis.

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Kachina
Le soir tombe sur Saumur.
C’est un soir d’automne semblable aux autres.
La nuit arrive bien trop vite apportant sa fraicheur, assourdissant les sons.

Saumur la belle, Saumur la maudite.
Celle qui lui prit un soir de novembre l’Essentiel…
Celle qui vit au détour d’une ruelle disparaitre un homme aux boucles sombres jamais oublié.
Ville aussi qui résonne encore de cette chanson de Niallan, moqueuse et joueuse, défiant la faim qui leur mordait les tripes au printemps dernier.

Elle ne sait toujours pas ce qu’elle éprouve pour l’Anjou en contemplant de la fenêtre ouverte de sa chambre ces hommes et ces femmes qui font résonner les pavés de leurs souliers. Celui-là rentre harassé des champs, sa pioche sur le dos. Celle-ci descend d'un riche attelage, escortée de son chaperon, dissimulée sous une lourde cape, à la recherche de plaisirs défendus. Et ces compagnons qui poussent la porte d'une taverne bruyante en chantant déjà...

Saumur vit.
Cette terre l’irrite à abriter tant d’âmes sombres qui en font beaucoup trop pour paraitre plus féroces encore.
Et parfois, elle se surprend à l’aimer.

Le soir tombe sur Saumur. Elle est là, à observer le ciel virer du mauve au sombre.
Avec dans ses bras l’enfant.
Gestes retrouvés, gestes de femme…
Corps se faisant liane, se balançant pour bercer ce mioche qui n’est pas d’elle.
Tout en fredonnant une vieille ritournelle, elle caresse la joue au teint bien trop pâle, cherche dans le regard sombre qu’il pose sur elle, le reflet de la Gitane.
Ce bougre-là lutte contre le sommeil, bien qu’il soit repu et gavé du lait de sa nourrice. Et quand il finit par céder, elle le garde encore contre elle un instant, savourant ce petit corps chaud blotti contre elle, abandonné. Si fragile.
Ses gestes sont tendres quand elle le repose dans le panier en osier qui lui sert de berceau. Moïse sauvé non pas des eaux, mais de son père.

Il est temps alors de donner des nouvelles.





Axelle,

Le petit paquet est bien arrivé et j’ai découvert une vérité première. Les couches d’un gosse de marquis quand elles sont souillées empestent autant que celle d’un gamin du premier gueux venu. En gros qu’on soit fils de riche ou de pauvre, quand on est dans la mouise, ça sent pas la rose.

Mais vous n’avez pas vraiment envie de lire tout ça.
Vous voulez que je vous parle de lui. Que je vous rassure.

Il dort non loin de moi, d’un sommeil paisible, je l’imagine à rêver de vous. Je ne lui chante pas de paillarde, mais un chant gitan qui me vient d’une vieille bohémienne. Je préfère le voir en futur ténébreux grattant une guiterne qu’en triste enfariné dansant la pavane, un balai dans le séant.
Il va bien.

Je ne lui ai pas donné de nom. A quoi bon. Il est selon les heures, un pitchounet, un sale mioche braillard, un ange ou un démon. Quand je me sens obligée de le présenter, je le nomme A. Le petit A. Et ça lui va bien.

Il m’attendrit, enfant éloigné de sa mère. Orphelin sans l'être vraiment. Mais j'imagine déjà vos doigts se crispant sur le parchemin à ces mots là. Il rit beaucoup hein, il a même une petite fossette qui me fait craquer.

Parfois quand nous passons un poste de douane, aux premières lueurs du jour, je le cache entre les sacs de maïs et les pots de purée de châtaigne. S’il tient une auberge plus tard et se met aux fourneaux vous saurez pourquoi.

Je veille sur lui. Mais bon sang, ce qu’il est chieur à brailler à plein poumons alors que je viens de donner congé à la nourrice et que je sors du baquet. J’ai juste envie à ce moment-là de le balancer par la fenêtre, alors que mes pieds mouillés laissent des marques sur le plancher, et que mes cheveux gouttent en une rigole désagréable au creux de mes reins. Bon sang il a de la voix ce gosse-là. Peut-être haranguera t-il les foules juché sur une charrette, appelant à la révolte plus tard contre le château de son père, imaginez ?

Il est chieur. Mais je tuerai quiconque tentera de lui faire du mal.
Il va bien, je lui parle de vous.
Dites, vous venez le chercher quand ?

Prenez bien soin de vous.

Kachi

Ps / La nourrice et le mastodonte simplet se portent bien. On ne les a pas encore fait rôtir à la broche.
Ps 2 / Dites moi que vous n'êtes pas en danger...

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(Merci à Jd Axelle pour la bannière)
Axelle
Ce pavillon de chasse où la manouche s'était installée, elle le connaissait sur le bout des doigts pour y avoir longuement logé, avant que les murs de Savenès ne se fassent plus douillets. Longtemps, la lourde bâtisse à créneaux lui avait paru trop grande, trop haute trop fastueuse pour ses pieds nus de romanichelle. Elle s'y sentait alors intruse, indigne de la diriger, de la posséder et, quand elle en arpentait les couloirs, c'était toujours sur la pointe des pieds, comme pour ne pas troubler la tranquillité de ces vieilles pierres pleines de noblesse.

Oui, il lui avait fallu bien du temps avant que la demeure ne parvienne enfin à l'apprivoiser de ses larges cheminées où il faisait si bon somnoler quand l'hiver grondait au dehors. Ne parvienne à la séduire par le discour de ses massifs parquets de bois fleurant bon la cire sous la plante de ses pieds, comme pour lui souhaiter la bienvenue. Oui, il avait fallu bien des mois avant qu'elle ne réalise pleinement les implications d'un « oui ». Et en ce jour, même si le fantôme d'Alphonse planait dans le papillon, c'était la moindre de ses préoccupations, dès lors qu'elle savait la sécurité de ses gens mise en péril.

Ses doigts bruns s'accrochaient à la lettre de Kachina. Savait-elle, cette amie tombée du ciel, combien ses mots, ses attentions, sa sincérité la soutenaient en cet instant où, rompant la ronde creusant le plancher, la gitane prit sa plume ?

Citation:

Kachina,

Que votre lettre me réconforte au moment où je les devine si proches, eux dont je ne sais encore rien sauf des ravages qu'ils pourraient faire. Ils arrivent, oui, je les aurais sentis sans même que les éclaireurs que j'ai envoyés surveiller les alentours de Savenès ne se pressent de m'annoncer leur avancée.

Comment vous dire le réconfort de savoir le petit A bien au chaud entre vos bras, j'en viendrais même à jalouser sa chance. Pourtant, ici, tout est prêt, sauf moi peut-être. Antoine, mon aîné, est à Clichy, le Marquis n'osera jamais y mettre un pied, j'en mets ma main à couper. Envoyer ses hommes sur Savenès, face à une femme est une chose, se hasarder sur les terres de Sancte en est une autre.

Vous allez me dire, pourquoi ne pas y avoir déposé le petit A aussi, plutôt que de vous affubler de ce petit chieur ? Car la cachette était trop évidente. Les enfants et les femmes de Savenès sont partis pour Bazens. Une chance que mes terres soient si proches l'une de l'autre. Je voulais que les hommes partent aussi, mais nombre d'entre eux ont refusé. Ainsi je ne suis pas seule, mais je crois que je préférais, car j'ai peur pour ceux que je dois protéger. Alors, je prie pour qu'ils restent cachés ainsi que je leur ai demandé.

Je ne crois pas être en danger. Je ne pense pas que, malgré tout, le Marquis accepte que l'on fasse du mal. Mais j'ai peur Kachina. Je crève de trouille.

Ne n'écrivez plus pour l'heure, je crains à présent bien trop que vos lettres ne soient interceptées. Je vous écrirais au plus vite, dès que le danger sera éloigné de moi.

Mes pensées sont avec vous deux, embrassez le pour moi, murmurez lui à l'oreille que je l'aime, qu'il grandira près de moi. Et à vous, je murmure, Kachina, tu es mon autre. Jusqu'au bout.

Axelle.


Suite ici

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Aimbaud
Citation:




    Axelle,

    Plaise à Dieu que tu ne brûles pas cette lettre avant de la décacheter. Je veux te parler. J'aimerais beaucoup te dire ces mots de vive voix. Il semble impossible de le faire puisque tu te gardes de moi. J'aimerais parer à cela. Réponds à mes questions. Je vis comme une injustice que tu te sépares de moi. Je ne le tolère pas. Pourquoi t'en être allée si brutalement ? Pourquoi cacher cet enfant de mes yeux ? Pourquoi me chercher querelle ? Ne t'ai-je pas toujours bien traitée ? Ne t'ai-je pas servi, même, de toutes les manières que je le pouvais ? Entends-tu réellement te marier ? Le dois-tu ? N'aimerais-tu pas que nous continuions comme nous le faisions ?

    Je ne veux pas de toi comme ennemie. Je ne peux mener une guerre contre toi. Ça n'a pas de sens. Écoute. Je me suis emporté. Tu me portes parfois des coups trop violents. De ces coups qui m'aveuglent à toute solution, ne me font plus voir que l'injure qui m'est faite. Cela me transporte hors de ma conscience. Je t'aime allons. Reviens-moi. Je suis dans la nécessité de t'avoir près de moi. Je m'y trouve bien complet.

    Sois à mes côtés. Je souffre que tu te frottes à n'importe qui d'autre. Je n'ai pas le projet de me remarier. Je pourrais faire de toi ma vassale, et t'avoir toujours sur mes terres. Arnoul serait plus heureux ici. Reviens-moi, alors je te ferai une paix immense. C'est mon seul désir. Nous ne saurions rester longtemps dans la querelle. Tu me manques très puissamment.



      A.J.



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Axelle
Citation:
Aimbaud,

Dieu aurait certainement été plus clément de laisser mes mains brûler ta lettre plutôt que de la laisser me brûler les yeux.

Tu as envoyé des hommes. Chez moi. Des hommes pour me menacer. Menacer mes gens. Des hommes pour m'arracher mon fils. Tu es le seul coupable. Ne t'avais-je pas écrit que malgré qu'il soit placé en une famille aimante, tu le verrais comme bon te semble ? Si. Mais tu n'as pas voulu m'écouter, toi qui ne veux entendre que mes soupirs bercés par tes mains. Tu ne m'as pas laissé le choix. Tu es le seul fautif de notre déchirement.

Je t'aurai tout donné Aimbaud. Je t'avais tout donné, durant tous ces mois où avec patience, j'attendais que tu m'aimes assez pour que tu oublies la honte de moi. Pour que les draps sales dans lesquels je suis née ne soient plus que broutilles. Idiote que j'ai été. J'ai attendu, d'être aimée en plein jour, sans concession ni conditions et non à l'abri, bien cachée derrière une porte close, un œil posé sur moi, le second scrutant dans mon dos, de crainte qu'un témoin ne te prenne en faute. J'ai attendu. J'ai espéré. Mais tu as failli.

Ta vassale dis-tu ? Crois-tu que je serai alors moins sale à tes yeux ? Qu'importe ta réponse, je ne peux ni ne veux. De Suzerain j'ai déjà, flamboyant d'avoir compris si vite que c'est ainsi qu'il gagnerait ma fidélité. Ma vie durant, Clichy sera mon seul Suzerain. Lui, Prince, qui sait me respecter et me voir au-delà de ma détestable naissance. Celui-là même qui m'a fait comprendre que me remarier pour t'ennuyer était une bêtise dès lors qu'outre le besoin d'afficher au tout venant une image plus lisse de moi, l'éternelle gitane voleuse de poules, ta précédente lettre a ouvert en moi un gouffre d'amertume et de revanche. Gouffre qui pourtant, en te lisant ce matin, s'étiole et se ratatine comme une vieille pomme. Comme j'aimerais garder mon fiel, mais j'en reste incapable tant tes mots, malgré moi, résonnent dans ma tête.

Promets-moi de ne jamais plus chercher à m'enlever Arnoul. Promets-moi de ne jamais en faire un cureton idiot, rougissant dès que ses yeux se posent sur une femme. Jure-le-moi, sur ce que tu as de plus cher, et tu le verras, tant que tu le veux. Mais tu dois m'en faire le serment avant.

Quant à moi, Aimbaud, je ne serai plus cette maîtresse cachée, grappillant quelques heures de ta vie. Même si le souvenir de ton rire, de tes doigts curieux sur le bout de mes seins, de ta bouche vibrante déposée sur mon cou au plus fort de l'étreinte suffisent à me dérouter et me laisser désespérée de toi. Mais je parviendrai à surmonter le manque lancinant de toi, en t'imaginant te réveiller en sueur chaque nuit, agité par l'envie et le besoin de moi. Pour que tu ne m'en aimes que plus. Alors Marquis, si tu parviens à poser un genou devant moi, gueuse que je suis, je pourrai te pardonner de l'injure que tu me fais.

A.C





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Aimbaud
Citation:




    Axelle,

    Si cela peut rassasier ton orgueil, je souillerai jusqu'à mes deux genoux dans la terre. Ne t'ai-je pas déjà honorée de la sorte ? N'ai-je pas, agenouillé à tes pieds, baisé ton ventre insatiable ? Ne t'ai-je offert bien souvent mes bras pour ceinture ? Ne t'ai-je donné ma tête à flatter, à couper, à écheveler ? Quelles preuves nouvelles de ma passion veux-tu observer ? Faut-il aussi me coucher sur le sol ? Manger une poignée de terre ? Explique-moi le fond de ta pensée, ô douce chérie. Mon âme de pécheur concupiscent brûle de s'humilier pour satisfaire à tes souhaits. Maltraite ma qualité. Abaisse-moi. Fais-moi sentir la condition de sous-homme. Quelle plus saine façon de prendre du plaisir auprès d'une femme ? Nous voilà bien engagés sur le chemin des réconciliations.

    Tu ne seras plus maîtresse cachée ? Me diras-tu ce que tu exiges alors ? J'espère que tu es dans la pleine conscience de l'audace dont tu fais preuve en m'imposant tes conditions. Je n'ai pas coutume de traiter comme aux tribunaux pour une part de loisir. Ton ingratitude m'écorche véritablement.

    T'enlever ton fils, dis-tu ? Tu es une bête sauvage, toi ! T'enlever ton fils ? Mais c'est toi qui l'a retiré de ma vue ! C'est toi qui l'a caché dans le Tarn, mis aux mains de paysans, qui l'a même dissimulé de ta vue propre, afin de passer pour vierge auprès de tes prétendants ! Te l'enlever ? Ma maison est ouverte à sa venue ! Je ne fais pas un diacre d'un enfant au berceau. Qu'avais-tu besoin de l'écarter de moi ? Malice et vanité auront motivé ton geste. Je le sais comme tu le sais, et toujours tu maquilles les défauts de ton âme sous un épais plâtre de fierté pour ton sang de mauresque. Je méprise ton arrogance bête. Elle te conforte dans toutes sortes de travers. Tes racines de Bohême ne te confèrent pas toutes les libertés, mon amour, et ne t'absolvent pas d'un certain tête-à-tête avec ta conscience.

    Donc tu ris de m'imaginer dans le manque. Je marche dans tes plans. Je veux bien y marcher plus avant. Je sais déjà le dégoût de moi qui te saisit à la lecture des vérités que je développe sur ton compte. Mais je n'ai cure de te les dire, car je les pense profondément et souhaite te les faire admettre. Je connais tes vices comme tes vertus, et je les aime tous. Je les aime quand même. Je t'aime. Ma belle de Montauban. Toujours ! Toujours veux te baiser les lèvres et l'entrecuisse. Toujours entends t'étouffer de mes embrassades. Toujours désire jouir de toi, toujours, tout le jour, tous les jours, dès ce jour. Que tu cesses tout caprice, toute escapade, toute rébellion. Que tu me rendes paix pour paix, contentement pour contentement, entente pour entente. Mais toi le veux-tu aussi, ou m'as-tu déjà remplacé ?

    C'est d'accord, bien sûr, je m'agenouille et je jure. Où et quand seulement ?



      A.J.



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Axelle
Citation:
Aimbaud,

Ma main brûle de te gifler. Pour te faire taire. Tu connais bien trop mes travers. Tu sais trop combien tes mots savent me faire avaler tout. Même l'aigre. M'assagir. Me rendre docile sous ta main. Me rompre l'échine d'excuses, de pleurs, de contrition. Ma main brûle de te gifler quand je sais bien que face à toi, c'est d'un seul baiser ridicule dont je saurai punir ton arrogance à refuser de m'écouter. À balayer d'un revers de la main ce qui me grignote. Ce « ce » que tu tais à présent. Mais tu n'es pas devant moi. Le papier se révèle un bouclier dont je refuse de me défaire. Ajoute lâche à la série de mes défauts. Mais tu ne vaincras pas si facilement. A coup de mots trop doux. De serments trop fervents. Cesse de vouloir me tourner la tête, j'ai déjà mal au cœur, et réponds à la question, comment t'aimer encore quand je lis l'opprobre dans tes yeux ?

Te remplacer ? Un autre homme ? Mais Aimbaud, tu sais qu'il y a toujours un autre homme. Tu sais qu'il y aura toujours un autre homme. Par égard pour lui, je ne devrais même plus t'écrire. Pour lui, je devrais t'oublier, te mépriser, rayer ton nom et le laisser se perdre au plus profond de ma mémoire. Lui qui ne veut rien cacher, et surtout pas moi. Et pourtant me voilà encore à tacher mes doigts d'encre. Y risquant mon sourire. Le bonheur qui me tend les bras.

Tu veux Arnoul ?
Alors, mon tyrannique amour, reconnaît ton fils et donne-lui ton nom. Et nul besoin ne sera plus de le cacher à ton regard ni au mien, car tous pourront le voir. Peut-être braillera-t-il moins, mais pour sûr, connaîtra tes terres vertes de Bourgogne et balbutiera ses premiers mots ailleurs que confiné dans un appartement parisien pour y croiser son père.

Tu me veux-moi ?
Alors mon impérieux chéri, tu devras y mettre les formes et le prix. Si tu m'aimes comme tu le dis, prends-moi à ton bras aux prochaines joutes, avance la tête haute, que ta bouche s'étire à prononcer mon nom, que ton regard brille de la fierté que tu me voles de m'avoir à tes côtés. Tel est le genou que je veux de toi, et la nuit durant, tu perdras ton souffle dans ma bouche. Sans quoi, mon souvenir te hantera dans le regard de notre fils.

A.C.





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Aimbaud
Citation:




    Jamais. Une nuit n'apaiserait pas la honte que j'en concevrais. Ni toutes les nuits d'une vie. Je me retire. Va sans peur de me trouver sur ta route, je m'arrangerai pour avancer sur celles où tu n'es pas. Tu me connais bien, toi aussi. Je vous aime, tous deux. Adieu.



      A.J.



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Axelle
Citation:
N'aies crainte, lâche, pleutre, menteur, toi que j'ai aimé à en perdre le souffle et la raison, ton fils saura qui était son père.


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Axelle
Citation:
Kachina,

Voilà, c'est fini.

Je viens récupérer mon petit brailleur qui n'en finira certainement jamais de crier de révolte. J'ai pondu deux filles sans mère. J'ai à présent deux fils sans père. Certainement, le Très Haut, s'il savait être un peu plus lucide, aurait dû me faire stérile plutôt que de me laisser engendrer ces pauvres mômes dont le regard restera entaché du manque. Peut-être bien corrigera-t-il son erreur en laissant une lame fendre mon ventre au bon endroit, tant malgré tout, je reste incapable de repousser les hommes et leur foutre fécond.

Dis-moi où vous êtes nichés, que je vienne vous retrouver au plus vite. Je veux le serrer dans mes bras tant que je peux avant qu'il ne soit en âge de comprendre. Avant que je ne doive lui dire.

Dis-moi vite, que je te retrouve et que ta présence m'apaise. Je veux bouffer de la confiture à même le pot, sans cuillère, juste avec le doigt, et tant pis si je m'en fous partout. Je veux entendre ton rire quand je serai si saoule que je ne saurai même plus comment je m'appelle. Et après je veux dormir deux jour durant, sans rêver à rien.

Voilà, c'est fini. Donne-moi trois jours, que toi et moi nous oublions tout.

A.

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