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[RP] Le discret berceau

Axelle
Il traînait un air de repentir dans cette chambre malade encombrée de jouets abandonnés. De repentir, ou de tristes regrets que rien, pourtant, n'aurait pu éviter. Et elle comprit, enfin, au bout de tant d'années, que ce qui ne pourrait jamais changer n'était pas elle, ni lui, mais leur incapacité à se comprendre. À dire les mots, qu'il fallait. À écouter. Baissant la tête sur le petit corps, elle ne sut que soupirer doucement. Non pas d'agacement, mais de résignation. Elle avouait le besoin de reconnaissance et la douleur de ne récolter que la honte, il réaffirmait sa supériorité. Ce gouffre incontournable entre eux qui les avait séparés peut-être autant que réunis. C'en était terrifiant. Elle aurait pu griffer encore, pleurer, s'émouvoir de l'injure renouvelée. Elle n'en fit rien, pourtant. Le linceul de leur passion les enveloppait et c'était aussi triste que finalement apaisant.

Il parlait de désir, elle parlait d'amour. Il n'était pour elle rien d'autre à comprendre, finalement.


Nous sommes coupables. Tous deux. Coupables de nous être vus et revus. Coupables de nous être entêtés. Coupables d'avoir voulu y croire. Il en récolte les blessures. Et malgré tout, je ne regrette pas.

Ni moi. La vie avait meilleur goût avec toi... J'y pense trop souvent.

L'aveu était difficile et semblait lui appuyer un peu plus sur les épaules. La culpabilité et le mal-être dessinaient sur sa figure des traits compliqués. Lui qui n'aspirait qu'à la paix de l'âme, n'avait jamais su pleinement faire pénitence pour les concupiscentes heures passées en la compagnie de cette maîtresse. La culpabilité et le désir, comme un poison et son remède tout aussi amer, lui restaient intacts. Il coupa court à ce fil d'idée mélancolique.


Nos petites personnes se sont assez satisfaites et mises en pièces...

Mise en pièce au sens propre, pour lui. Rappelons tout de même qu'un duelliste professionnel était venu lui démonter la figure pour sauver l'honneur de la belle.

Tâchons de nous accorder pour ce qu'il reste. Qu'adviendra-t'il de lui, s'il vit ?

"Ni moi. La vie avait meilleur goût avec toi... J'y pense trop souvent." 

Combien de fois les avait-elle espéré ces mots ? Combien de fois les avait-elle imaginés ? Tant et tant qu'elle ne pouvait les compter. Elle aurait dû exploser d'une joie enfin victorieuse de les entendre, ces fichues paroles. Enfin. Et laisser fuser de ses lèvres un rire mauvaise et revanchard. Pleine du pouvoir qu'il lui remettait entre les mains. Et rien pourtant. Pas la moindre trace de sourire, pas la moindre jubilation au creux des prunelles, mais les épaules un peu plus lourdes encore de tristesse devant tout ce gâchis étalé là, à même leurs pieds, qu'ils ne pouvaient que regarder, misérablement impuissants.


Il vivra. Quant à ce qu'il adviendra de lui. Si seulement je savais. Peut-être que si on réussi a être raisonnables, on ne le gâchera pas trop.

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Aimbaud
Ils s'entendirent au chevet d'Arnoul, puis sur le pas de sa porte.

Quelques expressions d'accord tacite entourèrent leurs gestes silencieux, de leurs regards terriblement conscients, au baiser de paix qu'Aimbaud déposa sur le front cuivré de la jeune-femme. Il n'y avait rien de plus à dire. Ils n'étaient plus en droit de se haïr ni d'espérer rien de l'autre. Ce qui n'eût jamais du commencer, finissait finalement, entre les quatre murs de cette piteuse maison.

Ils ne se côtoieraient désormais plus qu'à travers ce troisième être, qui portait sur sa figure un air de famille.

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