Lanceline
La Balafrée s'était mise en retrait, laissant le médecin opérer. Elle n'avait simplement pas lâché la main d'Alvira quand celle-ci était revenue de sa petite commission, dernier contact qui la maintenait sur terre alors qu'elle observait d'un air absent ce médecin verreux.
Elle était brusquement transportée bien des années en arrière, avec le vieux Tobie, tout aussi pervers que celui-ci. Au départ, elle avait laissé faire, parce qu'elle croyait encore, la pauvre innocente, que tous les médecins étaient consciencieux et que leur unique but était de soulager leurs patients. Las ! Elle n'avait pas tarder à comprendre que les seules choses qu'ils voulaient soulager, c'étaient leurs vices tendancieux qu'ils ne cherchaient même pas à dissimuler. Tobie, donc. Celui-ci opérait différemment, et la Blonde se prit à espérer qu'il ne pousserait pas l'examen jusqu'au bout, et que ce qu'il découvrait -ou peut-être seulement inventait- suffirait.
Ca va, je m'attendais à moins de fermeté, c'est bon signe. Vos tétins sont bien gonflés, bien lourd et bien gras. Vous les portez bien, c'est signe d'un petit mâle, ça. Va falloir que je descende d'un étage pour confirmer...
Si la Blonde n'était que présente physiquement, son regard dur et noir ne lâchait pas le véreux médicastre. Elle les détestait tous, tous, de l'avoir fait tant souffrir, d'abord par ce foutu Tobie qui lui avait menti allègrement, puis par ceux qui avaient saigné Arnaut encore et encore et l'avaient ainsi tué, puis ceux qui avaient profité de sa faiblesse lorsqu'elle avait perdu un enfant pour la première fois, l'enfonçant dans l'oubli et la folie pour mieux l'achever.
Elle ne réalisa qu'Alvi attendait une réponse, parce qu'elle s'était tournée vers elle. Lanceline eut le temps de lire sur son visage la panique et la peur.
Elle se détesta pour ce qu'elle allait faire. Parce que pour une future mère, elle ne serait rassurée que lorsque tous ces soi-disant tests obligatoires seraient passés.
L'horreur refaisait surface, mais elle sut garder un masque impassible tandis qu'elle fermait les yeux et hochait brièvement la tête en signe d'assentiment. De toutes façons, elle était là pour en coller une au libidineux charlatan s'il outrepassait ses droits. Peut-être en fait qu'elle aurait déjà dû le mettre dehors. Mais elle-même à l'époque n'aurait pas laissé passer la moindre chance d'être sûre du sexe de l'enfant.
Oh, comme elle se détestait ! C'est pourquoi elle s'obligea à rajouter fermement.
- Tu n'es pas obligée si tu ne le veux pas.
Toujours dans la demie-mesure, Line était, avec ses opinions tranchées, une sorte de provocatrice, en somme.
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Elle était brusquement transportée bien des années en arrière, avec le vieux Tobie, tout aussi pervers que celui-ci. Au départ, elle avait laissé faire, parce qu'elle croyait encore, la pauvre innocente, que tous les médecins étaient consciencieux et que leur unique but était de soulager leurs patients. Las ! Elle n'avait pas tarder à comprendre que les seules choses qu'ils voulaient soulager, c'étaient leurs vices tendancieux qu'ils ne cherchaient même pas à dissimuler. Tobie, donc. Celui-ci opérait différemment, et la Blonde se prit à espérer qu'il ne pousserait pas l'examen jusqu'au bout, et que ce qu'il découvrait -ou peut-être seulement inventait- suffirait.
Ca va, je m'attendais à moins de fermeté, c'est bon signe. Vos tétins sont bien gonflés, bien lourd et bien gras. Vous les portez bien, c'est signe d'un petit mâle, ça. Va falloir que je descende d'un étage pour confirmer...
Si la Blonde n'était que présente physiquement, son regard dur et noir ne lâchait pas le véreux médicastre. Elle les détestait tous, tous, de l'avoir fait tant souffrir, d'abord par ce foutu Tobie qui lui avait menti allègrement, puis par ceux qui avaient saigné Arnaut encore et encore et l'avaient ainsi tué, puis ceux qui avaient profité de sa faiblesse lorsqu'elle avait perdu un enfant pour la première fois, l'enfonçant dans l'oubli et la folie pour mieux l'achever.
Elle ne réalisa qu'Alvi attendait une réponse, parce qu'elle s'était tournée vers elle. Lanceline eut le temps de lire sur son visage la panique et la peur.
Elle se détesta pour ce qu'elle allait faire. Parce que pour une future mère, elle ne serait rassurée que lorsque tous ces soi-disant tests obligatoires seraient passés.
L'horreur refaisait surface, mais elle sut garder un masque impassible tandis qu'elle fermait les yeux et hochait brièvement la tête en signe d'assentiment. De toutes façons, elle était là pour en coller une au libidineux charlatan s'il outrepassait ses droits. Peut-être en fait qu'elle aurait déjà dû le mettre dehors. Mais elle-même à l'époque n'aurait pas laissé passer la moindre chance d'être sûre du sexe de l'enfant.
Oh, comme elle se détestait ! C'est pourquoi elle s'obligea à rajouter fermement.
- Tu n'es pas obligée si tu ne le veux pas.
Toujours dans la demie-mesure, Line était, avec ses opinions tranchées, une sorte de provocatrice, en somme.
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