Lililith
Une ville. Peu importe où, finalement, puisque la mini-Corleone est partout ; puisquelles se ressemblent toutes, avec leurs rues étroites, leurs places, leurs puits. Elle est hier dans le sud, aujourdhui dans le nord. Libre comme lair, sans réelle attache puisque sa Famille bouge tout le temps, elle virevolte de cité en cité, se moquant des gardes, se moquant des remparts, grimpant comme le lierre envahit les murs écroulés dune masure.
Elle va et vient, chapardant ici et là, assurant ses arrières avec le grand molosse qui ne la quitte pas des yeux mais reste dans lombre ; il est là, il est son soutien, il la rassure et la protège : ce quAzurine souhaite.
Aujourdhui, cest jour de marché, et la gamine louvoie entre les étals, curieuse de tout ce qui se présente à elle, humant avec délices les odeurs de pains, de viandes, puis là-bas, plus loin, les fleurs séchées de la saison précédente. Elle sapproche du marchand et tend déjà la main pour frotter les pétales :
-« Hélà, gamine. Viens pas mchercher misère sinon tauras des problèmes.
Calmement, elle pose son regard ambré sur le barbichu et lui adresse un sourire plein dinnocence.
- Cdu jasmin ?
-« Heu... Oui
Elle a un sourire alors que le commerçant la regarde dun air étonné ; elle délaisse la fleur et élève légèrement ses doigts vers elle. Elle ferme les yeux, dessine sur ses paupières closes le dessin de Flaminia et ses lippes se déforment en un sourire de contentement tandis quelle voit cette mère apparaître. Giuliana ; en cet instant elle est Giuliana Marionno et se revoit à quatre ans, en train de danser avec sa mère.
Mais Giuliana revient à elle, et cède sa place à Lili ; elle cligne deux ou trois fois des cils pour réaliser quelle est à nouveau dans ce marché perdu au beau milieu de la France et pas à Venise.
Elle rappelle le marchand qui sétait détourné pour servir une noble, et pointe de lindex la fleur de sa convoitise.
- Cest combien ?
Il hausse un sourcil, la regarde, considère le jasmin alors que la gamine a le cur battant. Elle na aucune idée du prix que ça peut avoir, elle sait parfaitement que lodeur est en train de disparaître, mais cela lui permettra dattendre le moment de léclosion de la fleur ; ainsi pourra-t-elle patienter le temps de revoir Flaminia.
Le parfum se fait plus fort et assaille son nez tandis que, pleine despoir, elle regarde lhomme qui na toujours pas donné de réponse.
-« Cent écus.
Elle fait la moue. Elle ignore sil lentube, sil lui fait une fleur ou sil donne le prix exact. Ce nest pas la saison, ce nest pas le moment, et habituellement elle sait toujours reconnaître quand on se moque delle. Mais aujourdhui, Lili na soudainement plus quune idée en tête qui annihile tout le reste : ne pas quitter cette ville sans ce jasmin. Elle aurait pu demander à Gabriele, ou à Esmée, ou à nimporte qui, mais elle veut se débrouiller toute seule.
-« Alors, tu prends ?
Il simpatiente. LÉtoile a un sourire dexcuse et commence déjà à fouiller ses poches. Elle sait quelle doit avoir largent sur elle. Reste à le trouver
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Elle va et vient, chapardant ici et là, assurant ses arrières avec le grand molosse qui ne la quitte pas des yeux mais reste dans lombre ; il est là, il est son soutien, il la rassure et la protège : ce quAzurine souhaite.
Aujourdhui, cest jour de marché, et la gamine louvoie entre les étals, curieuse de tout ce qui se présente à elle, humant avec délices les odeurs de pains, de viandes, puis là-bas, plus loin, les fleurs séchées de la saison précédente. Elle sapproche du marchand et tend déjà la main pour frotter les pétales :
-« Hélà, gamine. Viens pas mchercher misère sinon tauras des problèmes.
Calmement, elle pose son regard ambré sur le barbichu et lui adresse un sourire plein dinnocence.
- Cdu jasmin ?
-« Heu... Oui
Elle a un sourire alors que le commerçant la regarde dun air étonné ; elle délaisse la fleur et élève légèrement ses doigts vers elle. Elle ferme les yeux, dessine sur ses paupières closes le dessin de Flaminia et ses lippes se déforment en un sourire de contentement tandis quelle voit cette mère apparaître. Giuliana ; en cet instant elle est Giuliana Marionno et se revoit à quatre ans, en train de danser avec sa mère.
Mais Giuliana revient à elle, et cède sa place à Lili ; elle cligne deux ou trois fois des cils pour réaliser quelle est à nouveau dans ce marché perdu au beau milieu de la France et pas à Venise.
Elle rappelle le marchand qui sétait détourné pour servir une noble, et pointe de lindex la fleur de sa convoitise.
- Cest combien ?
Il hausse un sourcil, la regarde, considère le jasmin alors que la gamine a le cur battant. Elle na aucune idée du prix que ça peut avoir, elle sait parfaitement que lodeur est en train de disparaître, mais cela lui permettra dattendre le moment de léclosion de la fleur ; ainsi pourra-t-elle patienter le temps de revoir Flaminia.
Le parfum se fait plus fort et assaille son nez tandis que, pleine despoir, elle regarde lhomme qui na toujours pas donné de réponse.
-« Cent écus.
Elle fait la moue. Elle ignore sil lentube, sil lui fait une fleur ou sil donne le prix exact. Ce nest pas la saison, ce nest pas le moment, et habituellement elle sait toujours reconnaître quand on se moque delle. Mais aujourdhui, Lili na soudainement plus quune idée en tête qui annihile tout le reste : ne pas quitter cette ville sans ce jasmin. Elle aurait pu demander à Gabriele, ou à Esmée, ou à nimporte qui, mais elle veut se débrouiller toute seule.
-« Alors, tu prends ?
Il simpatiente. LÉtoile a un sourire dexcuse et commence déjà à fouiller ses poches. Elle sait quelle doit avoir largent sur elle. Reste à le trouver
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