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[RP] Et il tape tape tape c'est sa façon d'aimer...

Lililith
Comment s’est-elle retrouvée dehors à courir comme une dératée ? Elle vient juste de sortir de la taverne, et elle s’est arrêtée au bout de la rue. Elle n’a pas vu où allait Stain, mais elle sait comment faire pour le retrouver. Elle se fige, elle calme sa respiration sifflante, et elle lève les yeux vers la lune. Sa manière à elle d’écouter le silence. Elle reprend sa course une fois qu’elle est sûre d’avoir perçu le pas lent de l’homme ivre qu’elle poursuit.

Pour comprendre pourquoi elle poursuit un adulte qui fait quatre fois sa taille et au moins dix fois son poids, il faut revenir en arrière. De peu.

Stain est rentré dans la taverne où Maï et Lili étaient. « Ave Saoul ». Nom qui fait râler Lili, mécontente de n’en avoir pas eu l’idée. Elle est comme ça : ça la fait rire intérieurement, mais devant les autres elle présente sa façade ronchonne. Stain est rentré, donc, une nouvelle fois. La première fois, ‘Sène et Gab’ étaient là, et il était venu présenter Moera. Présentation qui ne s’était pas bien passé, mais la Luciole était incapable de se rappeler pourquoi. Ils avaient tous été eux-mêmes et Moera avait pris la mouche. Pourquoi ? Si la blondine savait… Du coup, elle avait préféré envoyer Maï voir la femme. Parce qu’en plus elle n’était pas sûre de trouver les mots justes.

Ceci dit, pour Stain non plus. Mais elle préférait courir après lui. Alors elle bondit, elle vole presque par-dessus les pavés.


- Stain !

L’Étoile le rattrape enfin, arrive à sa hauteur sans être essoufflée. Elle se calque sur son rythme.

- J’suis là.

« Pas de conneries, hein, Stain ? » Lili n’est plus une enfant, elle en a trop vu que pour se considérer encore comme ça. Elle est une adulte qui a une enveloppe charnelle trop petite pour son esprit qui s’y retrouve trop souvent prisonnier. D’un mouvement doux, elle glisse sa main dans celle de l’adulte. Elle n’a pas peur ; qu’il la frappe elle aussi s’il le veut, elle s’en moque bien ; mais qu’il parle et surtout, qu’il ne reste pas seul. Parce qu’elle a peur, dans son état, qu’il fasse autre chose qu’il regrette par après. Elle le tient, fermement, et a l’impression que rien ne peut l’arrêter. Elle se tait, laisse le silence venir les entourer et s’élever comme un toit au-dessus d’eux ; qu’il parle, qu’il ne dise rien, mais la Minusculissime est sûre d’une chose : ce soir, elle ne le laissera pas seule, et est prête à sacrifier ses heures de sommeil pour s’en assurer.

Pardon pour le titre, j’ai pas pu m’empêcher - Inspiration évidente.
_________________
Mai.
    Je détestais avoir peur.
    Cette anxiété qui me bouleverse, qui me ronge peu à peu le ventre jusqu'à serrer ma gorge. Mes pas ne s'arrêtent pas, même si mon souffle se fait secoué, irrégulier, témoignant de mon manque d'exercice. J'avais beau être maigre, mes petits muscles se tendaient sous l'effort de la course, cherchant de l'oxygène que ma bouche encore ouverte de stupeur peinait à fournir. Tout s'était déroulé trop vite pour que je comprenne. Juste le temps d'assimiler l'idée que Moera était là, quelque part, blessée, peut-être évanouie. Sûrement énervée. Le temps d'un bref regard avec Lili, les rôles avaient été définis dans l'urgence. L'Etoile, qui habituellement m'impressionnait de son regard froid, paraissait plus humaine, les traits marqués par l'inquiétude. Et puis, la porte, et puis, le froid. Et une course effrénée vers un point inconnu. Une voix déchirait le froid de la nuit, scandant régulièrement le même mot.

    Moeraaaaaaa ! Moeraaaaaaaaa !

    C'était ma voix, et je peinais à la reconnaître tant le ton était saccadé. Que pouvais-je faire sinon hurler désespérément ? Que pouvais-je faire sinon m'inquiéter pour cette femme que je connais à peine, et que je refuse pourtant d'abandonner ? Je n'avais pas été élevée Corleone, je l'étais devenue sur un coup de tête, une mort subite, un signe du destin. Je n'avais pas les tripes, je n'avais que la gueule. La fierté sans les muscles, les mots sans le vécu. Je n'avais jamais fait face à des types pareils, des pirates, des assassins, des voleurs. Des gens que je me plaisais à faire tourner en bourrique, et qui m'auraient déjà giflée si je n'avais été surveillée de près par le géant paternel. L'image de mon père me traversa l'esprit, une seconde, rien qu'une. Lili m'avait demandé d'aller le trouver, en cas de problèmes. Je savais très bien où il était, je savais qu'il ne m'aurait pas refusé une aide. Et pourtant, mes pas reprirent. De plus en plus vite, comme pour chasser cette option de mon esprit. C'était à moi de régler cette histoire, seule. C'était à moi de lui prouver que j'en étais capable.

    Une silhouette féminine finit par se dessiner, devant moi. Je priais pour que ce soit elle, intérieurement, suppliant un Dieu en lequel je ne croyais que partiellement. Il fallait que ce soit elle, il fallait qu'elle aille bien. L'inquiétude tordait désormais mon visage, plissant mon front pâle. Une dernière fois, je prononçais son prénom, espérant voir son visage se tourner vers moi. Espérant entendre sa voix m'envoyer une réplique piquante comme elle sait les tourner. Ce soir, j'étais prête à encaisser.

    Moera ? C'est toi ?
Stain.
Mais qu’avait-il fait ?
Stain regarda un instant sa main.
Un haut le cœur le saisit. Tapis derrière un buisson le contenu de son estomac se vida.
Il était devenu un monstre. Un Connard de la pire espèce. Un de ceux qui agissent la tête froide. Les pires de tous. Il n’était même plus fâché lorsqu’il l’avait fait. Il s’était calmé. Au début de leur altercation sa main l’avait démangé. Mais il avait était fort. Il s’était retenu. Il s’était calmé.
Mais alors pourquoi ?
Le bruit de la gifle résonna dans sa tête.
Il l’aimait tellement il faut dire. Et elle délirait, elle disait vouloir partir… Elle disait qu’il ne l’aimait pas.
Et la gifle était partit.
Il avait cassé Moera. Elle ne fonctionnait plus pareil. Les yeux dans le vide elle ne semblait plus la même.
C’était ce regard vide, qui faisait le plus mal à Stain.
Les regrets lui enserraient le cœur mais il ne s’était même pas excuser.
A quoi bon ? Il était impardonnable.
Il en avait déjà trop fait. La piraterie, le meurtre, les filles d’un soir, les enfants, tous cela elle l’avait accepté. Mais à présent il sentait qu’il avait franchi une ligne.
Une ligne de non retour.
Il l'avait regardé partir.
Sa main s’était agripper a une bouteille et il ne l’avait lâché qu’une fois vide…
Ce n’était qu’à la fin de sa troisième bouteille qu’il avait croisé les deux gamines.

Mais ce n’était pas ce genre de soutient qu’il recherchait.
Il était ressortit aussi vite qu’il était entrée, provoquant ainsi l’inquiétude des deux enfants.

Son estomac vidé de son contenu, il reprit sa route en titubant, bientôt rattrapé par la petite Lili.


Stain ! J’suis là.

Ouais moi aussi j’suis là.

Il partit dans un rire grave empli de désespoir et de haine.
Haine pour ce qu’il était.
Haine pour toutes les promesses qu’il avait brisées.
Haine pour le mal qu’il faisait à Moera.


Tu sais Lili…. J’ai…Je …J’suis qu’un… hips… moins que rien Lili… Reste loin d’moi… hips.

Trébuchant sur un paves mal enfoncé il s’écroula dans la fange et ne pris même pas la peine de se retenir avec les mains. Il resta là. Sans même tenté de se relevée.
Moera allait partir.
En voulant éviter cela il l’avait pousser à le fuir.
Moera ne tolérais pas sa dernière bavure.
Il n’avait plus aucune raisons de vivre à présent.
Alors autant crevé la dans la merde comme le vulgaire rats qu’il était…

_________________
Moera
Bon ... bah ... j'y vais alors.

Et la porte se ferme. Et dans la rue, on retrouve une Moera qui ne sait plus où elle en est. Elle vient de laisser son mari en train de s'enivrer dans une taverne au milieu de nulle part. Le regard dans le vide, le coeur brisé, la mâchoire endolorie, elle marche lentement sans but précis. Elle ne l'avait pas vue arriver cette gifle.

Remettons nous dans le contexte.

Quinze ans auparavant, Moera et Stain se rencontrèrent sur un quai.
Coup de foudre. Promesse d'amour éternel.
Quelques semaines après mariage.
Veille du mariage, Stain tue un mec.
On ne juge pas, chacun enterre sa vie de garçon comme il l'entend.
Jour du mariage, il se fait embarquer et va en prison.
Elle le croit parti avec une autre.
Il la croit mariée à son père.
Quinze ans plus tard, il se retrouvent sur un quai.
Ils s'aiment toujours.
Ils ont changé.
Elle est devenue froide, ne pensant plus jamais aimer.
Il est là, amoureux mais entouré d'anciennes maîtresses, de bâtards, de brigands, de pirates.
Elle a toujours eu une vie droite et honnête.
Fidèle jusqu'au bout.
Elle doit se faire une place dans la vie dissolue de son époux.
Elle accepte tout.

Sauf que Moera n'a jamais connu la vie de voyous de grands chemins. Et on a beau idéalisé toute sa vie, les retrouvailles avec son unique amour, elle n'aurait jamais imaginé devoir tant accepter. Mais elle accepte. Sauf qu'elle doit faire ses preuves. Auprès de personnes qui ne daignent même pas lui dire bonjour. Quand ils lui parlent, ils parlent à son époux. Comme si elle n'était pas là, comme si elle était la dernière des débiles. Et quand ils la regardent, c'est pour déposer des yeux dédaigneux sur elle. Sauf Gabriele et sa fille tellement adorable. Alors oui, la dernière fois fut la fois de trop. Elle a tout envoyé péter et engueule Stain de lui faire subir ça. C'est injuste de sa part car il fait au mieux pour s'accomoder lui aussi de la situation. Il est presque parfait. Gentil, aimant, attentionné comme au premier jour. Tout serait idéal si elle n'avait pas l'impression que son groupe passait avant elle. Est-ce qu'elle exagère ? Peut-être ... Mais qui aimerait passer son temps avec les anciennes maîtresses de son époux tandis que les autres te dévisagent comme si tu avais mis tes jupons sur ta tête ? Elle a vécu seule durant dix ans, sur les routes, à sa recherche. Elle connait beaucoup trop de la vie. Et ils ne daignent même pas lui parler directement. Elle a vraiment l'impression d'être la dernière des demeurées. Depuis quand être brigand empêchait d'avoir un minimum de savoir-vivre ? Tu dis bonjour, on te dit bonjour.

Tout est parti en vrille quand elle a dit ce qu'elle en pensait. Bien entendu, Stain pensait qu'elle en faisait trop, qu'elle se plaçait en victime, qu'elle n'était qu'une déception car elle était devenue une femme faible. Alors que c'est tout le contraire. Elle s'est affaiblie en trois jours. Trois jours à vouloir revivre son adolescence auprès de lui. Elle aurait rencontré le groupe à un autre moment, elle aurait répondu sur le même ton qu'ils lui parlent et aurait passé son chemin. Reproches de la part de Moera, réponses cinglantes de Stain, les cris fusent, les esprits s'échauffent. Elle voit pour la première fois l'homme qu'est vraiment devenu son mari. Il la regarde comme les autres la regardent. Avec mépris et dédain. Elle se place devant lui, le toise, le défie de lever la main sur elle vu qu'elle n'est rien. La main se lève puis attrape ses hanches pour l'embrasser. Un baiser mêlant le desespoir d'une situation qu'aucun des deux n'aurait voulu connaitre et la haine des derniers mots échangés. Elle se radoucit mais il dit le mot de trop.


Je suis une lâche ?
Tu sais quoi ? On en reste là, reste sur ton idée que j'ai épousé ton père.
Vaut mieux une catin plutôt qu'une lâche !


Et c'est là que la gifle tombe. Tranchante et retentissante.
Et ça casse une ambiance, une gifle.

Moera le regarde longuement. Pétrifiée. Elle ne comprend pas. Elle se rend juste compte que quelque chose de mauvais vient d'arriver. Pour le moment, elle est comme sonnée. Comme le jour de leur mariage, quand elle a appris que ça ne se ferait pas. Elle se connait, il va falloir un peu de temps avant de mettre des mots sur ses maux. Il lui ordonne presque de rentrer se coucher. Toujours dans une autre dimension, elle lui demande s'il vient.


Non.

Alors, elle sort.
Elle se laisse comme porter par le vent.
Elle ne sait pas où aller.
Elle dormait dans la chambre qu'il avait pris.
Elle ne sait pas si elle a encore droit d'y aller.
Tant qu'elle ne sortira pas de cette torpeur salvatrice, elle ne réagira à rien.
Elle se protège pour ne pas prendre de plein fouet les conséquences de cette gifle.
Pas de colère. Aucun sentiment en fait.
Comme morte.
Alors elle marche. Sans but. Sans comprendre pourquoi elle pleure en fait.
Elle arrive près de l'église et se poste devant.
Les larmes coulent sans cesse et elle regarde les vitraux.
Stoïque.
Mains croisées sur le ventre.
Droite et digne.


Moera ? C'est toi ?

La petite voix inquiète la sortit de sa torpeur. Un peu en tout cas.
Elle reprend conscience du monde qui l'entoure. Du froid de l'hiver qui glace ses membres. Elle est sortie sans se couvrir, pas d'écharpe, ni manteau.
Elle reconnut la voix de la fille de Gabriele, elle adorait cette enfant. Ses mains essuyèrent maladroitement ses yeux et ses joues trempés avant de se retourner. Elle se retourna vers elle et s'approcha en lui souriant sincèrement. Elle se mit alors à sa hauteur et lui demanda d'une voix calme, presque blanche, posant ses yeux vides sur elle :


Tu fais quoi, là toute seule ? Tu as un souci ?
Lililith
Tu sais Lili…. J’ai…Je …J’suis qu’un… hips… moins que rien Lili… Reste loin d’moi… hips.

Sa main le retient : non, elle ne partira pas. Puis il se vautre à terre. Et elle, au lieu de ricaner comme elle l’aurait fait d’habitude, elle l’a laissé rire et déverser sa haine sur le pavé. L’Étoile le regarde, non pas avec mépris comme elle pourrait le faire, mais elle hésite, puis se penche pour l’aider à se relever. Il a bu, il n’a plus de dignité, mais elle ne le laissera pas seul.

- Va lui dire qu’tu l’aimes.

Elle a du mal, parce que ce n’est qu’une enfant, mais elle se sait forte parce qu’elle s’entraîne, et elle passe le bras presque mort de Stain autour de ses frêles épaules. Tout est contrasté en elle ; sa vigueur ne correspond pas à son corps, son corps ne correspond pas à son esprit ; comment peut-elle le conseiller sur quelque chose qu’elle n’a pas vécu et qu’elle ne veut jamais vivre ? À travers Gabriele, Azu’, Rodrielle, Flaminia et maintenant Stain, elle a observé des histoires d’amour qui ne se passaient jamais bien. Elle ne veut pas les vivre : elle les évitera comme elle a pour l’instant toujours évité la mort. Elle ne crachera pas sur l’amour, ne le méprisera pas, mais n’en veut pas, jamais.

- Va lui dire qu’tu veux qu’elle reste.

Elle ne connaît rien. Ce n’est qu’une enfant.

Mais alors qu’elle s’est tue, elle a observé ; et de ce temps révolu puisqu’elle babille désormais comme tous les hommes, elle a gardé son œil acéré qui comprend à demi-mots ce qu’on aimerait bien lui cacher. Pourtant elle fait des erreurs et s’en mord les doigts…


- T’es pas l’Stain de d’habitude. T’iras t’excuser. D’la façon qu’tu veux, mais qu’elle comprenne.

Un homme capable de se mettre minable ainsi parce qu’il a frappé une femme, c’est qu’il l’aime et qu’il refuse d’assister à sa propre déchéance en tant qu’ordure. Elle, elle est là, et elle s’en moque. Gamine, elle l’est encore, mais elle encaisse les coups physiques et moraux sans rien dire. Le seul qui voit mais ne dit rien, c’est Pandou. C’est pour ça qu’elle s’est infligée ces blessures, qu’elle s’est arraché les ongles, qu’elle s’est coupé les cheveux. Parce qu’elle venait de perdre le seul qui Savait.

Elle ne laissera pas Stain sans soutien ; même si là dans l’immédiat elle a du mal, parce qu’il pèse son poids, l’animal. Elle lève les yeux vers lui et le fixe, plongeant dans son regard :


- Promets-moi qu’t’iras la voir.

Elle n’a pas de pitié pour lui ; mais en a-t-elle seulement pour quiconque ? Elle ne le lâchera pas, pas tant qu’il n’a pas promis, et pas tant qu’elle sera sûre qu’il ne fera pas de bêtise.
La gamine le pose contre un mur tant bien que mal, lui fait face. Elle le laisse un peu respirer et s’abstient de faire un commentaire désobligeant : ce n’est ni le moment, ni le lieu.

Elle espère que Maï a trouvé Moera et qu’elles vont bien. Elle se souvient de la douleur de la trahison de l’être aimé, et se souvient aussi que cela fait trop mal que pour qu’on puisse passer outre ainsi ; elle se souvient qu’elle a eu si mal qu’elle a voulu s’infliger ce qu’elle venait d’infliger à l’Autre. Elle passe, mal à l’aise, furtivement la main sur son flanc droit. Œil pour œil, dent pour dent, sang pour sang. Peut-on lui reprocher d’appliquer le modèle qu’elle a toujours connu ?

Violence, revanche, silence.

_________________
Mai.
    La silhouette devant moi remue, et je la devine. Je devine ses larmes, non parce que j'avais une vue de lynx, mais parce que je connais ce mouvement par cœur. Je l'ai vu, et revu, dans la même position. De dos, c'est la chevelure rousse que je revois, le temps d’un instant. Les membres fragiles, le même empressement dans l'action. Dissimuler sa peine, surtout ne rien montrer à une enfant. Les sanglots qui s'étouffent dans une respiration exagérée, les manches humides. Déjà, le souvenir se fait plus flou, et les mèches rayonnantes s’évanouissent. La réalité s’impose, comme toujours, avec son lot de responsabilités, effaçant mes rêveries cauchemardesques. C’est Moera, face à moi, j’en suis désormais certaine. Sa voix qui s’élève conforte mon intuition, et je m’attends au pire. Il faut dire qu’un type qui annonce à deux enfants qu’il a frappé sa femme, alors qu’il s’attache désespérément à une bouteille vide, ça ne sent pas bon.

    Elle pivote et son visage me rassure. Mes ébènes examinent son visage, à la recherche de traces. Rien à voir avec ce que mon esprit tordu imaginait. Pas de sang, les deux yeux à leur place, un nez toujours aussi droit. Aussitôt, le soulèvement de ma petite cage thoracique reprend un rythme plus raisonnable, et c’est d’une voix secouée par la course que je lui réponds.

    Je... J'ai eu peur, très peur.

    Une peur qui se lit encore sur mon visage, dont les traits sont encore bien plus tendus qu'à l'accoutumée. Un long soupire, comme pour me convaincre moi-même que mon angoisse avait été excessive, et de nouvelles questions traversent ma caboche secouée.

    T'as mal quelque part ?

    Après tout, Stain était resté très vague. Maman m'avait toujours répété combien les peines du cœur étaient fortes. L'avait-il frappé au cœur ? Une pensée s'égara vers Lili, craignant désormais de la savoir seule avec le pirate.
Moera
Parfois, les rôles s'inversent. Le dominé devient dominant. Le faible, le fort. L'adulte, l'enfant. Pourtant, Moera savait au plus profond d'elle qu'elle devait se ressaisir, reprendre le dessus, ramener la petite chez elle. Mais, là, elle s'en sentait incapable. Ce n'était pas comme si elle n'avait jamais reçu de gifle. Petite, elle courait partout, criait, sautait, dormait peu, faisait des bêtises, jusqu'à en rendre fou son père qui était pourtant d'une patience d'ange. Et la baffe partait. Et il s'en voulait. Cela se voyait dans ses yeux. Et Moera lui tenait tête. Poings sur les hanches, elle lui disait "même pas mal !". Tout à fait, le genre de gamine pénible à qui on voulait mettre une seconde calotte pour son insolence.

Mais Stain n'est pas son père. Il ne doit pas l'élever, l'éduquer. Il est là pour l'aimer, la protéger, faire sa vie avec, rire des petits bonheurs, pleurer dans les grands malheurs. Ils sont deux être égaux ... Cet équilibre s'est brisé dans l'écho de la gifle. Et elle se retrouve là devant une enfant, minable, désemparée. Tout ce qu'elle n'a jamais été. Voyager seule durant dix ans, avec tous les dangers qu'on connait sur les chemins, travailler auprès des plus riches, descendre sous terre pour aller s'user dans les mines, repousser de vieux libidineux. Elle avait déjà tellement vécu alors pourquoi une simple gifle pouvait la bouleverser ?

Parce qu'il était tout pour elle.
Sa vie.
Son souffle.
Sa raison de se lever ce matin, ces quinze dernières années.
C'est mièvre et il est le seul à totalement la changer juste en posant ses yeux sur elle.

Mais là, elle a besoin de réconfort. Alors elle prend la petite Maï dans ses bras et la serre fort contre elle. Les larmes reprennent de plus belle, en silence, dans les cheveux de l'enfant. Et à ce moment-là, c'est elle la gamine. Celle qui a besoin qu'on s'occupe d'elle, qu'on sèche ses larmes, qu'on la prenne en charge. Elle la serre si fort qu'elle pourrait l'étouffer. L'enfant est crasseuse mais ça ne dérange pas Moera. Elle ne sent que ce petit corps chaud contre elle. Ce corps d'enfant qu'elle n'a jamais pu serrer car son mari ne lui en a jamais fait. Elle n'avouera jamais à Stain combien elle lui en veut de ne pas lui en avoir fait. Et elle continue de la serrer contre son coeur comme si c'était la dernière fois qu'elle a une personne entre ses bras. Le petit coeur de l'enfant bat encore un peu vite d'avoir couru. Elle s'est inquiétée ... ça fait du bien. Du bien de voir qu'elle compte encore même pour une petite fille qu'elle connait à peine.

Est-ce qu'elle a mal ? Oui. A la mâchoire car il n'a pas mesuré la force du coup. Mais surtout au coeur. Comme si on le lui arrachait de la poitrine lentement. Moera sort doucement de sa torpeur mais ne dit toujours rien, ne lâche pas la petite. Elle repense à ce que Stain lui a dit. Il a raison. Elle a choisi de vivre sa vie à travers lui, en sa mémoire. Elle ne pouvait pas le lui reprocher. Elle devait enfin vivre pour elle maintenant qu'elle l'avait retrouvé. C'est tellement difficile de ...


Pourquoi veux-tu que j'ai mal quelque part ?

Parce qu'après tout, pourquoi Maï serait au courant de ce qu'il s'était passé avec Stain. Après tout, ce n'était ... rien ? Elle ne sait pas quoi en penser. Et surtout, Moera espérait qu'il n'avait pas été raconter tout cela à une enfant. Mais déjà, il était ivre quand elle est sortie de la taverne. Qu'avait-il pu faire ensuite ?
Elle se recule doucement, repousse quelques mèches sur le visage de la petite et lui sourit en caressant sa joue.


Qu'est-ce que tu fais là, toute seule, la nuit ?
Pourquoi tu as eu peur ?
Ton papa sait que tu es là ?
Tout va bien ?
Y a un souci ?


Reprendre sa place d'adulte.
Elle devait reprendre sa place d'adulte.
Stain.
Lili.
Stain leva les yeux vers l’enfant. Elle l’avait toujours déranger. Perturbé. Elle n’était pas comme les autres de son âge. Il n’avait jamais vraiment sut si il devait lui parler comme à un adulte ou une enfant. Elle paraissait si jeune, mais se comporter comme une adulte.
La gamine essaya de le relever. Stain la laissa faire, il n’était qu’un pantin après tout. Un pantin sans volonté, sans raison de vivre, et sans personne aux commandes.
Elle lui disait d’aller la voir.
De lui dire qu’il l’aimait.
D’aller s’excuser.
Mais le pardonnerais-t-elle cette fois si encore ?
Stain était persuader que non et c’est pourquoi il s’était mis dans un état pareil.
Appuyer contre le mur il regarde la gamine comme si c’était la première fois qu’il la voyait.


T’es pas dans l’bon corps Lili. Tu vois l’tout puissant il s’est trompé avec toi. Et Moera, c’est comme toi, l’tout puissant il s’est trompé, elle n’aime pas la bonne personne.

Ces paroles n’ont aucun sens, ces mots sont décousu, et ses pensées s’éparpillent. La présence de la gamine, l’apaise, le rassure. Pourquoi ? Ce n’est qu’une enfant, une à qui il ne parle pas beaucoup en plus. Mais il y a quelque chose d’adulte en elle. Il a l’impression qu’elle est son égale. Juste coincé dans un corps trop petit.
Il plonge à son tour son regard dans le sien. Ne lui épargnant ainsi nullement la tristesse et le d’espoir qu’on pouvait lire dans ces yeux.


Tu crois vraiment qu’elle m’pardonnera ?
J’suis qu’un connard.


S’appuyant sur la tête de la mioche il essaya de se relever, ses jambes chancelant sous son poids et sous l’alcool. Une fois debout il grommela.

Faut qu’j’disparaisse.

Sa décision était prise. Il était le pire mari au monde. Il allait la rendre plus malheureuse encore que c’est qu’elle était. Il devait disparaitre. La laisser seule. Lui rendre sa liberté, son bonheur. Lui ça le tuera, mais ça c’est un autre problème.
Sans attendre la môme il s’enfonça dans les ruelle sombre d’un pas décider bien qu’ivre sans vraiment savoir où il allait.
Avant de s’arrêter net.
Elle était là, au loin, avec Mai.
Stain s’accroupie rapidement et se mit à ramper.
Il voulait écouter. Il voulait savoir.
Il faisait des Chuuutttt pour la gamine qui, il le savait, ne tarderait pas à la rejoindre.
La discrétion quand on a bu c’est comme la musique pour un sourd. Ça ne colle pas.

_________________
Lililith
Qu’est-ce qu’elle fait là ?

Elle est l’Étoile. Elle doit être là ; parce que c’est la mission que la Rodrielle morte lui a en quelques sortes confiée. Mission qui, avouons-le, a volé en éclat avec le retour de la Tatouée dans la vie blondinienne.


T’es pas dans l’bon corps Lili. Tu vois l’tout puissant il s’est trompé avec toi. Et Moera, c’est comme toi, l’tout puissant il s’est trompé, elle n’aime pas la bonne personne.

Elle n’y croit pas à ces histoires de Très-Haut. Il y a une vie humaine qui vaut la peine d’être vécue, elle en profite à fond, parce qu’après son enveloppe charnelle sera sans mouvement et tombera dans l’oubli.

Il lui demande si Moera lui pardonnera. L’enfant peut-elle répondre sincèrement à cette question ? À chaque fois qu’elle pense avoir percé les secrets des adultes, ils la surprennent en faisant quelque chose d’inattendu.


Faut qu’j’disparaisse.
- Hors d’question.

Sa voix est ferme et son regard décidé : il ne disparaîtra pas, pas tant qu’elle est là. Alors quand il part, elle lui emboîte le pas en silence ; ombre muette qui assurera ses arrières s’il a un souci.
Elle le suit et se précipite quand il s’accroupit : est-ce qu’il va vomir ? Est-ce qu’il a besoin d’aide ? La gamine ne sait pas vraiment mais se fige quand il lui fait signe de se taire. Pourquoi les gens bourrés sont toujours ceux qui réclament à cor et à cri le silence quand ce sont eux qui font le plus de bruit ?

Puis elle les voit et a un soupir de soulagement : Moera va bien, et Maï aussi. L’enfant est soulagée, parce qu’en tant que brigande, elle s’était imaginée les pires trucs concernant la jeune femme. Mais rien de grave finalement, sinon un ego brisé ici et là, et pour celui qui rampe devant elle un amour-propre qui s’est fait la malle.

La Corleone reste donc plantée là sans trop savoir quoi faire : devant elle, le spectacle d’une femme qui souffre ; à ses pieds, la vue d’un homme qui souffre. Ces deux-là s’aiment, c’est évident.

Comment alors ont-ils pu arriver à se faire tant de mal l’un à l’autre ?

Elle panique puis se ressaisit au plus vite : c’est trop tard, elles les ont vus. La Luciole s’avance donc vers Stain, lui tend la main et se penche finalement pour l’aider à se relever : qu’au moins il soit digne pour lui faire face.

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Mai.
    L’innocence est un mythe. Elle n’a jamais existé, et n’existera jamais. Du haut de mes sept ans, j’en faisais désormais l’expérience. L’amour n’avait rien d’innocent. Cette idée ne m’avait jamais quitté, n’ayant vu de l’amour que les baisers écœurants de la tante Georgette et de l’oncle Pierre. Maman n’était jamais tombée amoureuse, ou du moins pas à ma connaissance, et n’avait voué sa vie qu’aux autres, et particulièrement aux autres êtres de sexe féminin. Une vie qu’on dira louable ou gâchée, peu importait désormais. Ne restait que cette absence de connaissance des choses de l’amour, cette ignorance plutôt qu’innocence dans mon regard. Ainsi, pleurer pour un homme m’apparaissait si lointain, si étranger. Les bras de Moera m’enveloppèrent, et je n’exécutais aucun mouvement de recul, ni même de surprise. Les gens malheureux font des câlins, c’était tout-à-fait légitime. Le câlin est une solution à presque tout. Je sentis perler ses larmes, mais aucun mot ne me vint. Qu’aurais-je pu lui dire, moi, une enfant parmi tant d’autres ? Qu’aurais-je pu lui conseiller, sans même savoir ce qu’était un chagrin d’amour ? Doucement, je la pressais contre moi, gardant le silence. C’était certainement la meilleure chose à faire. Se taire. Être là. Ca n’était pas rien, d’être là, finalement. Que demande-t-on de plus, dans ces moments, qu’une présence ? Mes questions se perdirent rapidement dans un coin de mon esprit, rejoignant tant d’autres interrogations oubliées. Sa voix me rappelle à la situation, et je tente d’expliquer cette soirée dont j’ignore encore certains détails.

    J’te cherchais. J’pensais… Stain nous a dit qu’il t’avait blessée. Lili est partie l’chercher. P’pa n’sait rien. Mais si t’as mal, j’vais l’chercher.

    Ma voix tente de se poser, et je suis si concentrée sur mon interlocuteur pour réaliser la proximité de l'Etoile et de la Cigogne.

    J’voulais pas t’laisser seule.

    Bientôt, elle ne serait plus seule. Bientôt, les amoureux seraient réunis.

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@venellah.
Moera
Sag mir, wie weit willst du geh'n
Willst du ihn am Boden seh'n - Ja
Willst du, daß er vor dir kniet
Willst du, daß er um Gnade fleht


Rammstein - Meine Wut will nicht sterben



J’te cherchais. J’pensais… Stain nous a dit qu’il t’avait blessée. Lili est partie l’chercher. P’pa n’sait rien. Mais si t’as mal, j’vais l’chercher.

Déclic. Stain est un con.
Il frappe sa femme.
Il boit comme un trou car il n'assume pas.
Et il raconte tout à des enfants.
L'évidence se fait dans l'esprit de Moera.
Elle reprend peu à peu le dessus.
Tout va vite.
Tout change.
Elle doit arrêter de se reposer sur lui.
Puisque son mari est un ...
CON !


Ne t'inquiète pas, Maï ! Papà me donnait des claques bien pires que celle-ci et j'en suis pas morte, tu vois !

Elle avait dit le mot "papà" avec son accent italien.
C'est fou comme une femme de trente ans redevient une enfant quand elle parle de son père. Cet homme était son tout. Bien avant que Stain entre dans sa vie. Après tout, elle était tombée amoureuse de lui car il ressemblait énormément à son père. Un homme fondamentalement bon, toujours prêt à rendre service, protecteur et fier, travailleur et intelligent, drôle et gentil. Stain était tout ça et seule leur origine différait. Mais jamais Papà n'avait frappé sa mère. C'était une femme forte et douce à la fois qu'il mettait sur un piédestal. Et jamais sa mère n'aurait accepté cela. Moera aurait aimé que son couple soit à l'image de celui de ses parents mais la vie les avait séparés et Stain était devenu un autre. Si elle n'était pas persuadée qu'il restait en lui celui qu'elle avait aimé, elle serait déjà partie. Mais elle n'allait pas pour autant lui pardonner aussi rapidement.

Une femme bafouée devient perfide. Oh, cela ne durera pas longtemps mais elle va jouer un peu avec Stain. D'ici quelques heures, cela sera derrière eux mais elle va s'amuser un peu. Petite vengeance bien méritée.


Elle s'accroupit de nouveau devant Maï.


Dis-moi, ça te dirait qu'on fasse une bonne blague à Stain pour lui apprendre qu'on tape pas les filles ? On va aller le chercher et on va faire croire qu'il m'a cassée. Je vais faire comme si j'étais devenue une poupée sans vie et tu vas me guider à lui. Je parlerai tout doucement et je répèterai en boucle toujours les mêmes choses. Je regarderai au loin comme si je ne voyais plus rien. Et je lui ferai croire que je vais dormir dehors à la merci des loups ou des vieux vicieux. Tu vas voir, il va être trop trop mal !

Puis ajouta tout bas sur un ton de confidence :


Quand tu seras rentrée avec Lili, tu pourras le lui dire mais juste à elle, hein !


Moera se releva et prit la main de l'enfant.


On va bien rigoler !




Dis moi jusqu'où tu veux aller
Veux-tu le voir sur le sol - oui
Veux-tu qu'il s'agenouille devant toi
Veux-tu qu'il implore pour sa grâce
Stain.
    Ici c'est un drôle de désert
    J'entends juste mon cœur qui bat
    Tout seul comme un piteux hiver
    Et je comprends qu'on n'en veuille pas...*


La petite essaie de le relevé, mais Stain reste persuadé que personne ne la vue et continue dans ces « Chuuuutttttt » typique des hommes trop penché sur la bouteille.
Tirant sur le bras de la gamine il essaie de la faire allonger près de lui. Sa tignasse claire attirant trop l’œil dans la nuit.


Elles nous ont pas vue, chuuuttt, fait pas d’bruit, on va faire le tour vient !

Stain se redresse légèrement et s’avance à pas de loup, courbé.
Il fait un bruit d’enfer, ses pieds claquant bruyamment sur le pavé.
Il longe les murs, se fondant dans l’obscurité.
La lucidité l’atteignit soudainement, comme une flèche dans sa cible.
Le voilà qui agit comme un voleur, un lâche.
Mais bordel Stain ressaisit toi ! Ramasse tes couilles, comme dirait l’autre.
La petite avait raison, bien que jeune, elle est bien plus perspicace que lui.
Rien ne sert de se cacher. Il doit s’excuser.
Il se redresse. Arrête sa course titubante dans la ville.
Regard vers la gamine, léger sourire attristé sur les lèvres.


Tu as raison Mädel, faut qu’j’m’excuse. Faut qu’j’arrete d’être con. Même si perdre une habitude vieille de vingt ans c’pas facile….

Passant sa mains dans ces cheveux qu’il avait mi long et se grattant la joue comme à son habitude il demanda d’un air benêt a la gamine si il était présentable et si elle pouvait l’aider à retrouver son chemin jusqu’à Moera…

* Les dix commandements
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Lililith
Elles nous ont pas vue, chuuuttt, fait pas d’bruit, on va faire le tour vient !

Elle résiste à l’envie passagère de le planter là et d’aller directement chercher les filles. Mais il se débrouille tout seul pour faire comme les enfants et les bourrés : il ne se rend pas compte qu’il fait un boucan d’enfer et qu’il risque de réveiller tout le monde. Comme les enfants qui se cachent les yeux et se disent que puisqu’eux ne voient plus, ils sont invisibles pour le monde. Elle sourirait presque si la situation n’était pas triste. Elle le suit pourtant, ombre muette, toujours prête à le ramasser s’il s’effondre.

Et lorsqu’il se tourne vers lui, elle s’abstient de justesse de se précipiter dans ses pattes pour lui faire un câlin. Elle n’aime pas la tristesse, elle n’aime pas la souffrance et si elle pouvait, elle arrangerait tout d’une baguette magique. Les fées existent, c’est un adulenfant qui lui a dit un jour où elle était blessée, et la gamine y croit dur comme fer ; mais elle ne les a jamais vues.


Tu as raison Mädel, faut qu’j’m’excuse. Faut qu’j’arrete d’être con. Même si perdre une habitude vieille de vingt ans c’pas facile…. qu’il a dit.

Elle ne dit rien, elle attend qu’il se refasse une beauté, Luciole impassible qui a hâte de voir un dénouement heureux.
Elle opine : de toutes façons, il a bu, et être plus présentable que cela, c’est impossible sauf s’il va se reposer, mais c’est hors de question pour l’instant. Elle le pense lucide sur ce qu’il pense, sinon elle n’accepterait pas de le mener à celle qu’il aime.


- Moera, heu… J’sais pas si tu t’souviens d’moi. Lili ? Lili Corleone.

Il est tard, la gamine ne dort plus vraiment, elle bafouille, elle veut aller se coucher, mais certainement pas tant que ce n’est pas réglé ; qu’ils aient au moins parlé.

- J’crois que Stain veut t’dire un truc. T’acceptes d’l’écouter ?

Elle lâche la main masculine après l’avoir fait avancer d’un pas vers elle, puis se recule pour les laisser tranquille. Elle reste pas loin, à portée de voix et d’action, mais cela ne la concerne plus.

L’Étoile luit faiblement ce soir alors qu’elle bâille, mais elle demeure debout, yeux grands ouverts, prête à réagir s’il le faut.

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Mai.
    Et je me perds, entre toutes ses expressions, toutes ces émotions. Après l'angoisse, l'apaisement. Mes yeux se perdent un instant dans l'examen de Moera, pour constater que tout va finalement mieux que nous l'avions imaginé, avec Lili. Puis elle s'accroupit à nouveau, me faisant face. L'idée d'une blague est vite arrivée. Faire une blague à la Cigogne ? C'était presque devenu un métier, pour moi, depuis le temps. Mais l'achever ainsi, en avais-je la force d'esprit ? Je m'arrêtais toujours avant que cela ne chauffe trop pour lui. A chaque perche tendue pour qu'il se prenne un gnon par le Corleone, je trouvais une excuse bidon au pirate pour qu'on lui épargne sa carcasse. Au fond, je crois même que je l'apprécie. Moera se redresse, et m'attrape la menotte. Que faire alors ? Mon cerveau s'emballe à nouveau, décidément pas très à l'aise avec les choix.

    Mais 'faut pas lui faire trop peur, hein.

    Je murmure. De peur que ma gentillesse instantanée ne s'ébruite. Mais déjà les visages se multiplient, et apparaissent Lili et le principal concerné. Alors ma présence se fait discrète, s'efface pour laisser aux grands l'art de régler les affaires que je comprends à peine. Je suis là, sans l'être, muette, contre Moera. Un regard est jeté à Lili, un regard presque obéissant. C'est elle la grande, désormais.

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@venellah.
Moera
Moera passa son bras autour des épaules de Mai et la poussa doucement, sans la brusquer vers Lili. Elle se pencha vers elle en souriant et lui dit tout bas comme dans une confidence :

Tu peux la ramener à son père ? Elle ne devrait pas être dehors à cette heure-ci. Elle t'expliquera ...

Clin d'oeil complice et rassurant à la petite Mai et elle les laisse s'éloigner.
Peut-être, épieront-elles le spectacle pour qu'elles puissent gentiment se moquer de son grand benêt d'époux.
Avant de se relever, elle perdit son sourire et tenta de ne pas prendre un visage colérique. Car si elle n'avait pas décidé de se jouer de lui, elle l'aurait giflé à son tour et certainement mis à tour pour le battre jusqu'à ce qu'il supplie qu'elle arrête.
Vu son état déplorable, cela serait assez simple quand on y pense.
Mais non, Moera n'osera pas lever la main sur lui.
Elle, elle le respecte.
Trop malheureusement.

Alors, elle se mit droite, très lentement.
Juste en face de son époux.

Et ... ACTION !

Yeux dans le vide cherchant l'horizon au-dessus de l'épaule de Stain, traits tirés et air abattu comme si tout le malheur du monde venait de lui tomber sur les épaules. Même si elle jouait un rôle, son coeur avait été réellement brisé car par cette gifle, il choisit encore ce groupe de malfaisants. Ne valait-elle pas mieux qu'un homme volage et violent ? Cet acte marquerait-il le début de la fin de leur amour ? Elle était pourtant si lucide sur ce qu'il était devenu. Mais est-ce que cela lui ouvrirait enfin les yeux ? Personne ne pouvait le dire maintenant.

Peut-être que demain, tout irait mieux.
Peut-être qu'après-demain, elle partirait.

Pour le moment, elle était là.


Que puis-je pour vous, mon époux ?

Allez, vouvoiement dans tes dents, vilain pirate !
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